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Histoire internationale

Intelligence de l'anticommunisme. Le Congrès pour la liberté de la culture à Paris, 1950-1975

Le Congrès pour la liberté de la culture a constitué une pièce centrale de la politique culturelle et idéologique américaine en Europe après la Seconde Guerre mondiale. Peu connu du grand public, il avait pour vocation de résister à l'attraction que le communisme et le progressisme exerçaient alors sur nombre d'écrivains et d'intellectuels. Créé peu après le lancement du Mouvement des partisans de la paix appuyé par le communisme international, il refusa de n'être qu'une organisation de contre-propagande face au mouvement adverse et choisit, à l'inverse, d'agir par influence sur les élites. Son rayonnement se fondait sur la qualité de ses informations, de ses débats, de ses réalisations artistiques ou littéraires et s'élargissait au fur et à mesure qu'il se renforçait comme réseau transnational réunissant des écrivains, des journalistes, des universitaires et des hommes politiques libéraux, sociaux-démocrates ou conservateurs. La diplomatie culturelle américaine n'a guère été analysée en France jusqu'à présent. Fondé sur des entretiens avec les acteurs et des documents d'archives, ce livre, tout à la fois récit et dossier, constitue la première tentative pour restituer la place du Congrès pour la liberté de la culture à Paris, ville où était installé son secrétariat international. Le récit se déploie sur vingt-cinq années allant de la création de cet organisme à Berlin en 1950 dans la zone d'occupation américaine jusqu'à la parution de L'Archipel du goulag et de ses effets dans la capitale française au milieu de la décennie 1970. Il s'efforce de rendre les principales inflexions du dynamisme de l'organisation dans la période chaude de la guerre froide puis dans la période de détente en circonscrivant sa position contrastée dans les milieux politiques et intellectuels parisiens. Le dossier permet au lecteur d'avoir en main toutes les pièces actuellement disponibles dans le domaine public sur les mécanismes de financement du Congrès pour la liberté de la culture, la participation de la CIA à ce financement, la crise entraînée par les révélations sur cette participation, sa reprise par la fondation Ford et enfin sur les raisons de son déclin. Cet épisode constitue une plaque sensible particulièrement précieuse pour l'étude de la résistance au communisme dans la France de l'après-guerre et sur l'appui américain apporté à cette résistance.

12/1995

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Sciences historiques

L'artillerie de Campagne de la Wehrmacht, 1939-1945

Le 1er janvier 1921, pour se conformer aux clauses du traité de Versailles, la Reichswehr ne dispose plus que de 204 pièces de 7,7 cm et 84 obusiers de 10,5 cm. A l'exception de cette maigre dotation, tout le parc d'artillerie de la Deutsche Armee existant au 11 novembre 1918 est saisi ou ferraillé. De surcroît, tout développement de nouveaux matériels est proscrit, et pour lui éviter toute tentation, son parc de machines-outils spécialisées est réduit à la portion congrue et mis sous la surveillance de commissions d'inspection particulièrement pointilleuses. A cette date, l'Allemagne n'existe plus en tant que puissance militaire. Le 1er septembre 1939, à l'ouverture des hostilités avec la Pologne, la Wehrmacht aligne près de 11 000 pièces de campagne regroupées dans 122 régiments d'artillerie. La rigueur des clauses imposées en 1919 a au moins eu deux avantages : l'Allemagne n'a pas eu à entretenir, durant l'entre-deux-guerres, une pléthore de pièces vieillissantes, comme la France ou la Grande-Bretagne, et elle a pu ainsi se constituer un parc d'artillerie moderne, à un détail près et non des moindres... un manque récurrent de tracteurs dédiés qui la contraindra à utiliser, pour l'essentiel, la traction animale jusqu'à la fin de la Seconde Guerre mondiale ! Loïc Charpentier, auteur bien connu des éditions Caraktère, nous livre le fruit de plusieurs années de recherches sur la Feldartillerie de 1939-1945 dans ce livre de 180 pages qui se propose de décrire chaque pièce utilisée par la Wehrmacht durant la Seconde Guerre mondiale. Analysés sous toutes leurs coutures à travers un historique reconstitué au moyen des archives, tous les obusiers, canons de campagne, pièces de montagne et mortiers lourds mis en service par les Allemands sont abordés avec une fiche technique détaillée, un profil couleur et de nombreuses photos ainsi que des plans. Canons de prise, différentes munitions utilisées, doctrine d'emploi, organisation des formations de combat de la batterie à la division, tracteurs semi-chenillés, unités logistiques gravitant autour de la Feldartillerie sont autant de sujets traités de façon exhaustive par l'auteur ! Un livre tout simplement indispensable, grâce auquel vous saurez absolument tout sur l'Artillerie de campagne de la Wehrmacht.

12/2018

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Histoire internationale

Traversées, histoires et mythes de Djibouti

Les textes réunis dans ce numéro ont fait l'objet de communications dans le cadre des "Journées scientifiques" de l'Université de Djibouti en février 2010. Ils ont été complétés par d'autres contributions centrées sur l'histoire de Djibouti et de la Corne de l'Afrique. Cette région est encore peu connue et beaucoup de zones d'ombre de son histoire subsistent. Tel est le cas du secteur bancaire dont les archives viennent seulement d'être ouvertes et qui fait ainsi l'objet de l'article de Colette Dubois. La contribution de Simone Imbert-Vier part de documents inédits concernant la Côte française des Somalis pour retrouver des pièces illustrant les débuts de la ville de Djibouti. La réflexion d'Adawa Hassan Ali vient en complément, pour mettre en évidence comment les groupements humains vivant sur le territoire ont influé sur la carte de l'urbanisme et se sont amplifiés au fur et à mesure du développement économique de Djiboutiville. Michel Tuchscherer invite à explorer ce qu'il considère comme le berceau de la consommation du café et aussi de la domestication du caféier. C'est là que croît à l'état naturel l'espèce coffea arabica, à l'origine de toutes les variétés de cette espèce cultivées aujourd'hui. Le café a été un vecteur essentiel dans l'intégration des pays riverains du sud de la mer Rouge et du Golfe d'Aden. La contribution de Sagal Mohamed Djama explore de son côté une pratique traditionnelle qui demeure essentielle dans la société moderne, à savoir le rôle et la fonction d'un chef traditionnel dans la représentation symbolique du monde des Somali-issa. La seconde partie des textes étudie les interactions entre l'histoire et les mythes. Le premier exemple se rapporte au mythe de Caroweelo dans la culture somali. Abdirachid Mohamed Ismaël apporte des éléments d'ordre historique, anthropologique et linguistique qui permettent de sortir ce personnage de la fantasmagorie nébuleuse dans lequel il a été enfermé pendant des générations. Hibo Moumin, quant à elle, prend le versant opposé, celui du traitement littéraire de ce personnage, en partant des textes d'Abdourahman A Waberi, d'Ali Moussa Iye et enfin d'Omar Ali Youssouf. L'article de Djama Saïd Ared qui clôt ce numéro s'étend sur la condition des femmes, telle qu'elle est rapportée dans la littérature djiboutienne d'expression française.

08/2011

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Sociologie

Au coeur du bidonville de Mathare Valley. La politique du ventre vide à Nairobi

En Afrique, la question de la pauvreté donne souvent lieu à des interprétations misérabilistes et même catastrophiques. Elle a fait l'objet de nombreux sommets internationaux où les pays, dont le Kenya, se sont engagés à l'éradiquer. Mais de quelle pauvreté s'agit-il ? Comment vivent les pauvres à qui les politiques d'aide sont destinées ? Ce sont ces premières questions qui ont guidé l'auteur dans son enquête sur les territoires de la pauvreté à Nairobi. L'ouvrage de Deyssi Rodriguez-Torres commence par un aperçu de l'histoire du bidonville de Mathare Valley à partir de données puisées dans les archives de la ville de Nairobi et de récits recueillis sur le terrain. Cette histoire met en relief le détachement des habitants par rapport aux normes sociales dites traditionnelles, ainsi que les transformations des structures familiales et l'importance donnée à la possession de la terre. L'auteur étudie l'espace de vie et le quotidien de Mathare Valley aujourd'hui. Sont ainsi décrites les différentes formes de travail formel, informel et illégal, le rapport des habitants avec les autorités et la présence des pratiques de corruption. Cinquante ans après l'indépendance du Kenya, Mathare est toujours en 2014 un bidonville où les habitants arrivent à tenir, à survivre, à manger, à se loger et à se soigner grâce à leur travail et à la débrouille. La jeunesse, largement privée de droits, fait de la politique et participe aux élections, mais son action dans celles de 2007 a été la plus violente de l'histoire locale. L'auteur montre en conclusion comment cette jeunesse exaspérée ne tient plus compte des limites tracées par la régulation locale et intervient dans l'espace public par la violence meurtrière. Issu d'un travail de sociologie politique réalisé durant les années 1990 et 2000, ce récit n'est pas sans rappeler les études publiées sur les grandes métropoles latino-américaines. Il nous offre une information de première main, riche et bien documentée, sur la périphérie d'une des grandes villes du continent africain. Deyssi Rodriguez-Torres est maître de conférences à l'Université catholique de Louvain UCL-Mons et travaille comme expert auprès d'organismes internationaux. Spécialiste de la politique comparée, africaniste et auteur de nombreuses publications, ses recherches portent sur la construction du politique et la situation des sociétés urbaines lorsque l'Etat se désinvestit.

03/2014

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Sciences politiques

Le KGB à l'assaut du tiers-monde. Agression-corruption-subversion (1945-1991)

Il serait bien naïf de croire que jadis les combats idéologiques ou de puissance se déroulaient sans que chaque protagoniste se renseigne sur l'ennemi et même qu'il cherche à jeter chez lui la discorde... Pourtant la Tchéka et ses successeurs jusqu'au KGB inclusivement (dissous en 1991) ont battu tous les records de férocité - contrôle social, goulag, etc. - et d'efficacité froide à l'encontre des " adversaires " capitalistes (saur peut-être durant l'agonie du régime) en matière d'espionnage politique, militaire ou technologique. Après la Seconde Guerre mondiale et durant toute la guerre froide, l'un de ses terrains (l'action privilégiés furent les pays du tiers-monde que les puissances coloniales durent, de gré ou de force, laisser vivre leur destin. De l'Inde émancipée en 1947 à la Chine soumise aux communistes en 1949, de l'Egypte évacuée par les Anglais à la Guinée où Sékou Touré rejeta toute association avec la France, de l'Ethiopie du Négus et de l'Angola des Portugais à l'Afrique du Sud de l'apartheid, les " mesures actives " du KGB firent ou faillirent faire basculer ces rials dans le camp soviétique. Assassinats de leaders politiques locaux, corruption de ministres ou de hauts fonctionnaires, chantage, désinformation, tout fut bon pour couper les ex-colonies de leurs anciennes métropoles. Quant à l'" arrière-cour " des Etats-Unis, l'Amérique latine, indépendante depuis plus longtemps, elle était déjà un continent particulièrement mal disposé à l'encontre des gringos. Le triomphe des guérilleros à Cuba ou l'élection de Salvador Allende au Chili auraient-ils été possibles sans le coup de pouce tout à fait décisif de Moscou (entraînant par ricochet, il est vrai, de non moins réelles turpitudes de la part de la CIA) ? Comme le premier volume consacré à l'action du KGIR dans les pays occidentaux, cet ouvrage, qui s'appuie sur une documentation totalement inédite et bien sûr jamais mise à la disposition des chercheurs, trouve sa source dans les dizaines de milliers de pages d'archives top secrètes recopiées clandestinement par Vassili Mitrokhine, officier du KGB réfugié à l'Ouest et révolté par ces pratiques, qui désirait que cette histoire on ne peut plus opaque fût connue de tous. Sans aucun doute, ce livre invite l'historien, le chercheur ou le curieux à interpréter à nouveaux frais l'histoire du monde depuis 1945.

06/2008

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Histoire de France

CRASH IN BAYEUX - The Last Flight of Sergeant Ferguson

Normandy, France, January 15, 1943. The weather is clear, the sun is shining. Two Royal Canadian Air Force aircraft fly over the Bayeux-Caen railroad. The target is a German freight train - and its locomotive. Aboard the first Spitfire, Sergeant Ferguson is aligning his gun sights on the target. It is 02 : 30 p. m. This will be his very last flight... HARASSING THE OCCUPYING FORCES TO PREPARE THE INVASION The RAF and RCAF had been flying hundreds of similar sorties over France for months, in order to weaken the German forces, particularly the Luftwaffe. The pilots of No. 401 Squadron were among those who took part in this patient work, made up of constant patrols and attacks. Among the 63 men mentioned in this book, 25 were killed in action between 1942 and 1944. A CRASH THAT AWOKE THE SPIRIT OF RESISTANCE Touched by William Ferguson's sacrifice, some French citizens decided to bury the young Canadian flier with dignity, honour and respect. The Germans took this as a provocation. A few weeks later, the Sipo-SD (the "Gestapo") arrested a dozen of them. They were sent to concentration camps - some of them later died in Büchenwald, Dachau and Mauthausen. Others did survive, including Paul Le Caër. He is the one who has supported the author and told him what happened. Today, he is signing the preface of this book. UNPUBLISHED DOCUMENTS AND TESTIMONIES Based on an in-depth analysis of unpublished documents, including the Fergusons' archives and No. 401 Squadron Operation Record Book, this work depicts the very last flight of the young Canadian pilot in detail. With a striking truthfulness, you will relive the squadron's daily life, the faith of the pilots, as well as the beginning of the sortie and "Bill" Ferguson's last minutes. FIVE YEARS OF RESEARCH AND EMOTION A young and talented historian involved in the field of remembrance in Normandy, François Oxéant has spent over five years fitting the pieces of the puzzle together. This book will help you discover all aspects of his fascinating investigation with a methodical and rigorous approach. He has met some of the last witnesses of the events and has been in touch with the pilot's family for a few years, making us share his emotion and admiration for Bill, who was barely younger than himself.

09/2014

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Histoire de France

Les corps francs de 1814 et 1815. La double agonie de l'Empire, les combattants de l'impossible

Du Moyen Âge à nos jours, des troupes irrégulières (corps francs, partisans, francs-tireurs, résistants, etc.) ont secondé les armées officielles. Interceptant vivres, armes et courriers, tendant des embuscades, attaquant les arrière-gardes, leurs actions de guérilla n'ont toujours eu qu'un objectif : inquiéter l'ennemi. On se souvient encore des corps francs du conflit franco-prussien de 1870. Suite aux décrets du 8 janvier 1814 et du 22 avril 1815, pour freiner l'invasion étrangère, Napoléon délivra des brevets de colonel à ceux qui levaient à leurs frais des corps francs, créés dans toute la France mais surtout aux frontières de l'Est, armées de bric et de broc, regroupant d'anciens militaires (dont des retraités et des invalides), des déserteurs, des civils de tous âges. Leurs effectifs s'étoffèrent avec l'arrivée de douaniers et de gardes forestiers. Indisciplinés par nature, les corps francs devaient affronter la méfiance des administrations et la réticence des populations locales qui craignaient des représailles. Leurs chefs venaient d'horizons fort divers. Des opportunistes voyant là une occasion de gagner du galon, des pillards sans foi ni loi, mais aussi de fervents bonapartistes ainsi que des patriotes voulant à tout prix repousser l'envahisseur. Les actions de ces corps francs furent à l'image de leurs chefs. La seconde Restauration chassa sans pitié ceux auxquels on reprochait d'être restés fidèles à l'Empereur. Des têtes tombèrent. Certains de ces combattants s'exilèrent pour échapper aux cours prévôtales et aux assises. D'aucuns, forts de leur expérience, offrirent leurs services aux démocraties naissantes, de la Grèce à l'Amérique du Sud. La grande épopée du Premier Empire et ses héros ont éclipsé ces soldats de l'ombre, ces résistants de la dernière heure. Même si leur action est restée limitée, il convient de rendre hommage à ces combattants de valeur, tels que Damas, Frantz, Viriot, Brice, Simon, Wolff, etc., qui eurent le courage de tenter Y impossible ! Exhumer ces délaissés de l'histoire, dresser un panorama de leur recrutement et de leur combat, tel a été l'objectif des auteurs qui, durant des années, ont conduit des recherches rendues difficiles par la rareté des archives ou des récits déformés s'apparentant à des légendes. L'aventure éphémère des corps francs appartient de plein droit à la tragédie de la fin de l'Empire.

07/2011

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Histoire de France

Mémoires d'un officier de marine négrier. Histoire des services à la mer et dans les ports de Claude-Vincent Polony (1756-1828)

" ...Leur chef parvint à les faire taire et décida que nous serions de suite, et sous bonne garde, conduits à la ville ; une partie d'entre eux s'empara donc de mon compagnon, qui était tombé à terre de faiblesse et de peur, et ils sortirent du fort ; comme ils passaient la barrière, un nègre de derrière, levant son fusil, l'ajusta ; le coup manqua, un autre voulut y suppléer par un pistolet qui rata aussi ; ses protecteurs, car il en avait dans les mulâtres surtout, menacèrent les nègres, et pendant qu'ils s'en allaient, ceux restant se querellèrent, firent avec leurs armes plusieurs gestes menaçants, prirent des tisons allumés... " C'est ainsi que Polony raconte l'arrestation qui faillit lui coûter la vie, au moment de l'insurrection des esclaves de Saint-Domingue (actuelle Haïti) en 1791. Claude-Vincent Polony (1756-1828) est l'un des derniers officiers négriers français. Originaire de Rochefort (Charente-Maritime), orphelin de peu de fortune, il entre d'abord dans la marine de guerre et participe à la guerre d'indépendance américaine. La paix revenue, le jeune officier se tourne vers un commerce alors florissant : la traite négrière. Il effectue trois campagnes de traite entre le golfe de Guinée et Saint-Domingue. Il raconte alors les dangers de la navigation, les maladies et les décès, les longues tractations avec les courtiers, une révolte d'esclaves, sa rencontre avec une princesse capturée, les difficultés de la revente, ses escales périlleuses à Saint-Domingue, en Guyane ou aux Antilles... De nouveau dans la marine militaire durant les guerres de la Révolution et de l'Empire, il mène activement la guerre de course, parcourt les côtes d'Amérique et des Caraïbes, approche de nombreux personnages célèbres (Billaud-Varenne, Carrier, Collot d'Herbois, Philippe-Egalité...), participe au camp de Boulogne décidé par Bonaparte pour envahir l'Angleterre... C'est même lui, ironie de l'histoire, qui apporte en Guyane le décret d'abolition de l'esclavage. Ecrit dans un style alerte, souvent émouvant, parfois sentimental, les mémoires de Claude-Vincent Polony constituent un témoignage rare et passionnant sur la traite négrière et sur la vie d'un officier de marine à la fin du XVIIIe siècle. Conservé aux Archives départementales de la Charente-Maritime, ce manuscrit n'avait jamais été publié.

05/2019

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Correspondance

Lettres à Elsa Triolet

Une découverte merveilleuse et attendrissante : les lettres d'amour envoyées par Victor Chklovski à Elsa Triolet, issues du fonds Aragon/Triolet. L'existence de ces Lettres était connue et trois avaient fait l'objet d'une traduction, mais les 64 lettres manuscrites en russe n'avaient jamais été déchiffrées dans leur intégralité et encore moins publiées. Ils s'étaient rencontrés lorsque, en exil comme tant d'autres après la révolution en Russie, ils avaient trouvé refuge à Berlin, devenue pour un temps "la 3e capitale russe". Leur brève liaison n'eut pas de suite pour Elsa, mais laissa le pauvre Victor profondément amoureux d'elle, ne cessant de la poursuivre de ses assiduités et de l'assurer de son amour. Chklovski, déjà écrivain reconnu, écrit à Elsa des lettres passionnées auxquelles celle-ci ne donne pas suite mais qu'elle conserva toute sa vie et qu'Aragon lui-même joignit à ses archives léguées au CNRS et maintenant entreposées à la BNF. Les lettres d'Elsa Triolet à Chklovski n'ont quant à elles jamais été retrouvées, sans doute détruites par la veuve de Chklovski à la mort de celui-ci. Ce sont les lettres d'un écrivain amoureux d'un amour non réciproque, mais qui ne perd pas son sens de l'humour et sa malice , qui allaient devenir sa marque de fabrique. Ce sont aussi les lettres d'un homme auquel celle qu'il aime a enjoint de cesser de lui parler de son amour : "Cesse de m'écrire combien, combien, combien tu m'aimes, parce qu'au troisième "combien" je commence à penser à autre chose." Chklovski se plie à l'injonction, et il tirera rapidement de ses lettres un chef-d'oeuvre : Zoo ou Lettres qui ne parlent pas d'amour (réédité en parallèle dans la collection semi-poche "Petite Bibliothèque Slave".) On assiste alors à la fois à la genèse d'un chef-d'oeuvre, Zoo, et au déroulement d'un amour qui dura toute une vie. "Cher ami", écrit-il à Aragon en 1970, à la mort d'Elsa. "C'est seulement maintenant que je me décide à t'écrire. La mort d'Elsa Triolet m'a bouleversé. Tu sais combien j'ai été amoureux d'Elsa. [...] Si elle m'avait aimé, je serais devenu un génie."

07/2023

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Première guerre mondiale

La guerre des gaz (1914-1918). Les pharmaciens français dans l'action

La guerre chimique sur le front occidental de 1914 à 1918. La participation des pharmaciens à la protection des combattants et à la mise au point de nouveaux toxiques (agressifs chimiques). "La France n'a pas de chimistes, elle n'a que des pharmaciens." Telle est la célèbre phrase, assassine, qui émanerait du chimiste allemand Haber, l'instigateur de la guerre chimique allemande. Même si cette phrase n'a pas été prononcée, elle repose sur des vérités : le faible nombre des chimistes dans notre pays et la modestie de son industrie chimique. Ces deux arguments auraient influencé les décideurs allemands. La France ne devait pas pouvoir réagir efficacement une attaque chimique ! Beaucoup plus tard, remettant la cravate de la Légion d'honneur à une illustre membre du corps professoral pharmaceutique, le Grand Chancelier de l'Ordre devait s'exprimer ainsi : "On peut dire sans exagération que vous avez puissamment contribué à la victoire de 1918 : vous avez en effet sauvé notre armée d'un terrible danger, et vous lui avez fourni les moyens d'une riposte éclatante". Que s'est-il passé ? Le déclenchement de la guerre chimiques donné un nouvel essor aux activités des pharmaciens aux armées. C'est eux que l'on doit les premières identifications du toxique employé le 22 avril 1915, et les premières mesures de protection contre lui. Ils participent étroitement l'activité des laboratoires divisionnaires de toxicologie, des centres médico-légaux, et celle des organismes centraux de recherche de nouveaux moyens de protection mais aussi d'agression : les services chimiques français. Ce livre est le fruit de plus de vingt années de recherche effectuées par trois pharmaciens, en même temps historiens et spécialistes du sujet, dont deux docteurs ayant consacré leur thèse à cette thématique. Il apporte une nouvelle vision de ce qu'a été la guerre chimique, tant en France que du coté ennemi. Riche de plus de quatre cent pages et de plus de six cent illustrations issues d'archives officielles et de collections privées : beaucoup de photographies totalement inconnues, mais aussi des dessins et des cartes, il offre un panorama aussi complet et renouvelé que possible de cette "guerre dans la guerre", et se prolonge par quelques pages consacrées à la situation de l'arme chimique entre les deux guerres, et par une très riche annexe sur la protection individuelle allemande contre les gaz.

07/2021

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Littérature coréenne

Impossibles adieux

Comme un long songe d'hiver, ce nouveau roman de Han Kang nous fait voyager entre la Corée du Sud contemporaine et sa douloureuse histoire. Un matin de décembre, Gyeongha reçoit un message de son amie Inseon. Celle-ci lui annonce qu'elle est hospitalisée à Séoul et lui demande de la rejoindre sans attendre. Les deux femmes ne se sont pas vues depuis plus d'un an, lorsqu'elles avaient passé quelques jours ensemble sur l'île de Jeju. C'est là que réside Inseon et que, l'avant-veille de ces retrouvailles, elle s'est sectionné deux doigts en coupant du bois. Une voisine et son fils l'ont trouvée évanouie chez elle, ils ont organisé son rapatriement sur le continent pour qu'elle puisse être opérée de toute urgence. L'intervention s'est bien passée, son index et son majeur ont pu être recousus, mais l'oiseau d'Inseon n'a pas fait le voyage avec elle et risque de mourir si personne ne le nourrit d'ici la fin de journée. Alitée, elle demande donc à Gyeongha de lui rendre un immense service en prenant le premier avion à destination de Jeju afin de sauver l'animal. Malheureusement, une tempête de neige s'abat sur l'île à l'arrivée de Gyeongha. Elle doit à tout prix rejoindre la maison de son amie mais le vent glacé et les bourrasques de neige la ralentissent au moment où la nuit se met à tomber. Elle se demande si elle arrivera à temps pour sauver l'oiseau d'Inseon, si elle parviendra même à survivre au froid terrible qui l'enveloppe un peu plus à chacun de ses pas. Elle ne se doute pas encore qu'un cauchemar bien pire l'attend chez son amie. Compilée de manière minutieuse, l'histoire de la famille d'Inseon a envahi la bâtisse qu'elle tente de rejoindre, des archives réunies par centaines pour documenter l'un des pires massacres que la Corée ait connus - 30 000 civils assassinés entre novembre 1948 et début 1949, parce que communistes. Impossibles adieux est un hymne à l'amitié, un éloge à l'imaginaire, et surtout un puissant réquisitoire contre l'oubli. Ces pages de toute beauté forment bien plus qu'un roman, elles font éclater au grand jour une mémoire traumatique enfouie depuis des décennies. Traduit du coréen (Corée du Sud) par Kyungran Choi et Pierre Bisiou

08/2023

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Théâtre

Théâtre complet 1948-1967

Voici, enfin réunies, toutes les pièces écrites par Marcel Aymé (1902-1967). Son goût pour le théâtre s'est manifesté très tôt, car sa première œuvre, Lucienne et le boucher, date de 1930. Il lui aura toutefois fallu attendre presque une vingtaine d'années avant de la voir représenter. C'était en 1947, grâce à Douking, au Théâtre du Vieux-Colombier. Le succès considérable qu'elle rencontra fut, pour Aymé, le début d'une brillante carrière d'auteur dramatique, alors qu'il s'était jusqu'alors illustré par des romans, des contes, des nouvelles et des articles. Outre cette comédie très connue, ce volume renferme des textes célèbres comme Clérambard, La Tête des autres, Les Quatre vérités, Les Oiseaux de lune et Les Maxibules. Il contient aussi des pièces hâtivement éreintées par la critique : La Mouche bleue, Louisiane et La Convention Belzébir. Les deux premières résultent du voyage de Marcel Aymé, en 1949, aux États-Unis. Grand observateur de ses contemporains, il a très vite perçu le ridicule de la gestion capitaliste des ressources humaines outre-Atlantique et des obsessions racistes d'une partie de la population américaine. La troisième, sans doute desservie en 1967 par sa mise en scène, n'a pas obtenu toute l'attention dont elle aurait dû être l'objet. En effet, elle imagine une société dans laquelle les hommes peuvent acheter le droit de tuer leur prochain. Il va de soi que les femmes sont privées de cette possibilité, ce qui ne manque pas de créer quelques situations cocasses et ne fait surtout pas de Marcel Aymé un misogyne... A tous ces titres viennent s'ajouter de petits chefs-d'œuvre comme Consommation et, surtout, Le Minotaure, opportunément ressuscités par cette édition collective qui propose, en outre, au grand public des pièces inédites retrouvées dans les archives de l'auteur : Le Mannequin, Le Commissaire et Le Cortège, qui mériteraient incontestablement d'être portées à la scène. M. L. Ce volume contient : LUCIENNE ET LE BOUCHER - CLÉRAMBARD - VOGUE LA GALÈRE - LA TÉTE DES AUTRES (augmenté des variantes de l'acte IV) - LES QUATRE VÉRITÉS - LES OISEAUX DE LUNE - LA MOUCHE BLEUE - PATRON - LOUISIANE - LES MAXIBULES - CONSOMMATION - LE MINOTAURE - LA CONVENTION BELZÉBIR - LES GRANDES ÉTAPES - LE MANNEQUIN - LE COMMISSAIRE - LE CORTÈGE OU LES SUIVANTS.

10/2002

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Europe centrale et orientale

Journal de Ponary 1941-1943. Un témoignage oculaire unique sur la destruction des Juifs de Lituanie

"Pour les Allemands, 300 Juifs représentent 300 ennemis de l'humanité. Pour les Lituaniens, 300 paires de chaussures et de pantalons" . Chronique de la Shoah à l'Est de l'Europe, rédigée en temps réel par un témoin oculaire, et pour la première fois accessible au public français, Le Journal de Ponary, constitue un document unique et "sans aucun équivalent dans les annales des témoignages sur les grands massacres par fusillades" , selon l'ex-président de Yad Vashem, Y. Arad. Dès l'arrivée des Nazis, en 1941, en Lituanie, Kazimierz Sakowicz, un journaliste polonais catholique qui venait d'emménager, en pleine nature, dans le cadre idyllique de Ponary, près de Vilnius (Wilno), se retrouve aux premières loges d'une gigantesque tuerie. De sa véranda ou caché derrière la lucarne de son grenier, il consigne scrupuleusement - jour après jour et au péril de sa vie -, les atrocités qu'il observe sous ses yeux : l'acheminement des victimes, leur déshabillage, les tortures, les charniers mal recouverts, la sophistication progressive du mode opératoire des tueurs, tous de jeunes volontaires lituaniens " âgés de 17 à 23 ans" ... L'autre intérêt majeur de ce Journal est de montrer pour la toute première fois le sordide quotidien d'un site de mise à mort, entre rapines et beuveries, et le rôle crucial des collaborateurs locaux. Celui des " tireurs " , mais aussi des riverains, que l'on ne saurait sans malhonnêteté qualifier de " témoins " . Et qui, dès les premières semaines, se livrent à un " ignoble trafic d'affaires juives " . Une noire industrie dont on découvre ici - dans la foulée des travaux de l'historien J. Tomas Gross, l'auteur des Voisins (Fayard, 2002) -, l'invraisemblable ampleur. Entre 1941 et 1944, ce sont 70 000 Juifs, hommes, femmes et enfants, qui, à Ponary, furent massacrés aux bords de sept immenses fosses, ainsi que 20 000 Polonais et 10 000 prisonniers soviétiques. Sakowicz dissimulait les feuillets de son journal dans des bouteilles de limonade qu'il enterrait au fur et à mesure dans son jardin. Il a été tué dans des circonstances troublantes juste avant la Libération. Exhumé après-guerre puis sciemment dispersé par le régime communiste dans différentes archives, la reconstitution de ce journal, miraculeusement sauvé, fut une odyssée en soi. Texte présenté, annoté et traduit du polonais par Alexandra Laignel-Lavastine

11/2021

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Ethnologie et anthropologie

VIH/sida : l'épidémie n'est pas finie

40 ans après sa découverte, le VIH circule toujours et 36 millions de personnes en sont mortes. Si les traitements antirétroviraux permettent désormais de vivre avec la maladie, on compte toujours un million de décès chaque année dans le monde. Les nouvelles contaminations ne cessent pas et la maladie reste celle des minorités et des sociétés vulnérables. En pleine pandémie de Covid-19, la réalité de l'épidémie du sida est présentée dans une exposition au Mucem, qui retrace son histoire sociale, et dont ce livre, en co-édition avec le Mucem se fait l'écho. Son apparition et sa propagation dans les sociétés contemporaines ont provoqué des bouleversements intimes et sociaux, révélé des fractures et suscité des luttes historiques. Notre société porte les héritages de ces luttes, mais aussi les persistances des disparités engendrées ou révélées par le VIH/sida. Les luttes se poursuivent, pour briser le silence, éviter les nouvelles contaminations et réduire les inégalités, notamment en termes d'accès aux traitements. L'exposition s'appuie sur le riche fonds d'objets et d'archives du Mucem, constitué dans les années 2000 par le biais d'une enquête ethnographique menée sur le thème de " l'histoire et des mémoires des luttes contre le sida " qui a permis la collecte de nombreuses traces de ces luttes, en France, en Europe et en Méditerranée. Des banderoles, tracts, affiches, revues associatives, brochures de prévention, vêtements, badges, rubans rouges, boîtes de médicaments, photographies et oeuvres d'art ont été portés à l'inventaire (soit 12 000 pièces). Le Mucem a conçu cette exposition en étroite collaboration avec des soignants, des personnes vivant avec le VIH, des chercheurs et des militants. Le catalogue de l'exposition est donc nourri du fonds iconographique dense constitué par le musée, autant que des réflexions partagées et du processus collaboratif qui a permis la conception de l'exposition " VIH/sida : l'épidémie n'est pas finie ! ". Le sommaire du catalogue de l'exposition articule une histoire subjective de l'épidémie avec plusieurs récits de la collecte, pour permettre aux lecteurs et lectrices d'entrer dans un dialogue entre le point de vue des acteurs et celui du musée. Il a l'ambition de dresser un bilan des conséquences sociales de l'épidémie et des luttes qui lui sont opposées, pour inscrire cette histoire dans un cadre patrimonial et questionner la place de son héritage

11/2021

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Littérature française

Les Bonnabel Tome 3 : Les oubliés de Monastir

Les Bonnabel est le titre d'un cycle littéraire composé d'une suite de douze ouvrages. L'odyssée débute pendant la Grande Guerre pour s'achever un siècle plus tard. L'ensemble du récit décrit la vie d'une famille huguenote originaire de la Drôme ; ses membres sont cruellement éprouvés par les conséquences guerrières, et la folie meurtrière des hommes. A partir d'archives nationales, la collection Les Bonnabel évoque avec réalisme des évènements, et des grandes figures historiques du pays, conférant à la totalité de l'oeuvre une cohérence et une véracité d'une parfaite justesse sur la dimension militaire, politique, religieuse et de science humaine et sociale. Les épisodes de la dodécalogie Les Bonnabel se composent comme suit : Tome I : Les veuves blanches. Tome II : Les sacrifiés de l'Argonne. Tome III : Les oubliés de Monastir. Tome IV : Les galopins sanglants. Tome V : Les fanatiques de L'oustacha. Tome VI : Les enfants de Mussolini. Tome VII : Les enragés de la défaite. Tome VIII : Les triangles roses. Tome IX : Les oubliés du Vercors. Tome X : Les enfants de Boches. Tome XI : Les amants de Bouillante. Tome XII : Les justiciers. Note préliminaire de l'auteur : Le front d'Orient qui retient l'essentiel des troupes austro-hongroises et leurs alliés bulgares loin des combats qui ravagent la terre de France est ignoré du gouvernement français comme du haut commandement. Le corps expéditionnaire français est venu sauver l'allié serbe d'un désastre irréparable, le rejet à la mer, et, sous le commandement de Sarrail, a méthodiquement entrepris la reconquête de la terre des Karageorgevitch. Les "poilus d'Orient" mènent des combats d'abord désespérés puis victorieux aux côtés de leurs frères d'armes de Nys ou de Belgrade. Ils gagnent les coeurs et cimentent une amitié qui ne s'effacera pas de sitôt. Mais à Paris, on méconnaît leur sacrifice et Clemenceau prend soin de ralentir leur irrésistible montée vers Vienne. Il n'aurait pas fallu que le clairon du cessez-le-feu se fasse entendre dans la capitale des Habsbourg avant que dans les plaines torturées de Champagne. Quatre ans plus tard, avec le retour des poilus d'Orient, personne ne songe plus à dissocier les mérites et les listes des morts continuent de s'allonger au gré des exhumations, des fouilles, des études minutieuses de listes. Les fruits de la victoire prennent des goûts amers.

05/2023

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Histoire de la population

Le monde à l'envers. Femmes insoumises, femmes violentes, maris battus en Lorraine, au XVIIIe siècle

Dès les années 1970, étroitement liées à l'émergence du mouvement féministe se multiplient les analyses concernant les violences masculines perpétrées à l'encontre des femmes. En revanche, hier comme aujourd'hui, la violence infligée aux hommes par leurs compagnes est encore largement un sujet tabou ; occultée, niée, celle-ci est frappée d'un triple silence, celui des hommes victimes, celui des féministes, celui des sciences sociales. Aussi en dehors de quelques louables exceptions, jusqu'à l'aube du XXIe siècle, médiatiquement, les projecteurs n'ont-ils été braqués que sur les violences exercées par des hommes perçus comme dominants sur des femmes réputées vulnérables. Pourtant, quoique victimes millénaires de la violence des hommes, les femmes elles aussi peuvent être violentes, voire extrêmement violentes. Exhumées du silence des archives, quelques affaires lorraines datant du XVIIIe siècle témoignent de cette violence féminine qui sévit parfois au sein des foyers et livrent quelques portraits d'insoumises, loin de l'image complaisamment répandue dans les travaux des années soixante-dix d'épouses qui seraient de perpétuelles opprimées. Ici, les documents mobilisés sont pour l'essentiel produits par l'institution judiciaire, tant séculière (factums et procédures criminelles provenant des bailliages et de la Cour souveraine de Lorraine et Barrois) qu'ecclésiastique (demandes en séparations de corps et annulations de mariage déposées auprès de l'officialité de Toul). Si dans un premier temps cette violence est examinée dans sa quotidienneté et sur la longue durée grâce à deux études de cas ? celui de Catherine de Malclerc (1734-1752), une femme violente parce que violentée, et celui d'Anne Hachet (1747-1778), une virago qui maltraite sauvagement son conjoint et finit même par l'assassiner ? , dans un second temps, le champ de l'étude ayant été élargi à d'autres cas singuliers, sont explorées les logiques de confrontation entre mari et femme, les modes d'expression et les ressorts intimes de la violence féminine, une violence socialement construite, tout en s'interrogeant, chemin faisant, sur la perception qu'ont, en ce dernier siècle de l'Ancien Régime, les contemporains de ce monde que l'on dit " à l'envers ". Une histoire, au demeurant, résolument conjointe des hommes et des femmes afin de mieux saisir la dynamique des rapports de force entre les sexes.

11/2022

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Histoire internationale

Hitler, la propagande et le monde arabe

L'histoire de la rencontre du nazisme et de l'antijudaïsme arabe.   Le 28 novembre 1941, lors d'un tête-à-tête scellant une coopération déjà bien engagée, Hitler recevait le grand mufti de Jérusalem, alors en exil à Berlin. Ce que l'on sait moins, c'est qu'au cours de la Seconde Guerre mondiale, l'idéologie nazie fut diffusée à travers l'Afrique du Nord et le Moyen-Orient grâce à une puissante machine de propagande. Ce livre retrace l'histoire des idées, des institutions et des hommes engagés dans cet effort, à partir d'archives inédites ou jusque-là sous-utilisées, notamment des documents sonores retranscrits par les services secrets américains au Caire. L'ouvrage met en lumière la collaboration politique et idéologique entre les responsables du régime nazi et les Arabes pronazis, dont l'ancien chef du gouvernement irakien déposé par l'armée britannique en 1941, Kilani, et le grand mufti de Jérusalem, Amin el-Husseini. Initiés à la théorie du complot antisémite, ces derniers travaillèrent main dans la main avec les nazis à la conception d'une propagande spécifique au monde arabe. Parallèlement, et alors que le combat faisait rage sur le front nord-africain, l'Afrika Korps largua plus de trois millions de tracts sur l'Égypte, la Palestine, l'Irak, la Syrie. En outre y étaient diffusées des milliers d'heures d'émissions de radio en arabe sur ondes courtes, d'octobre 1939 à février-mars 1945. La plupart du temps, dans ces régions où le niveau de l'analphabétisme demeurait élevé, ces messages étaient écoutés en groupe, dans des cafés et autres lieux publics. L'antisémitisme radical, qui appelait à l'extermination de tous les Juifs, dans une région où résidaient 700 000 d'entre eux, demeurait un élément central de cette propagande. Devant la puissance de l'antisémitisme et l'antisionisme d'origine arabe, les États-Unis et la Grande-Bretagne prirent peur et conclurent qu'il fallait mettre en sourdine la « défense des Juifs » et la « question sioniste ». En 1944, la crainte de l'opinion arabe conduisit les dirigeants anglo-saxons à abandonner à leur sort le million de Juifs d'Europe, notamment en Hongrie, que l'on aurait pu encore sauver. Ce livre, extrêmement documenté, est avant tout un travail d'historien, qui rend compte avec rigueur de l'existence d'un antijudaïsme spécifique au monde arabe bien avant la naissance de l'État d'Israël.

10/2012

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Dessins animés

Fp-mickey mouse

Le 18 novembre 1928, la souris la plus célèbre du monde faisait sa première apparition publique. Aujourd'hui, nous célébrons les 90+ ans de Mickey avec l'une des publications illustrées les plus exhaustives consacrées à l'univers Disney. En commençant par les premiers croquis d'un personnage qui s'appelait alors Mortimer, nous retraçons la carrière de la créature la plus fameuse créée par Walt et Ub, saluée par une popularité mondiale fulgurante et durable que Charlie Chaplin était le seul à avoir connue jusqu'alors. Grâce à un accès illimité aux archives Disney et à plusieurs collections publiques et privées, les auteurs redonnent vie à la légende : esquisses, story-boards, arrière-plans, dessins d'animation et photos d'époque retracent les origines et l'évolution de grands classiques comme Steamboat Willie, La Fanfare et Le Brave Petit Tailleur. Ils suivent aussi Mickey dans la construction de son légendaire catalogue de courts-métrages d'animation, qui débute par deux longs-métrages historiques, Fantasia et Coquin de printemps. Des projets inaboutis, dont beaucoup sont présentés ici pour la première fois à travers des extraits de story-boards, dévoilent ce qu'aurait pu être Mickey. Les recherches approfondies menées pour cet ouvrage donnent un coup de projecteur inédit à des chapitres peu connus de la carrière de Mickey, comme ses émissions de radio, pionnières, les origines du Mickey Mouse Club ou son détournement comme icône patriotique pendant la Seconde Guerre mondiale. Au fil de l'histoire, on admire le travail de tous les grands artistes qui ont façonné le personnage de Mickey, à l'écran et en bande dessinée, parmi lesquels Ub Iwerks, Win Smith, Ferdinand Horvath, Freddie Moore, Floyd Gottfredson, Carl Barks, Manuel Gonzales, Paul Murry, Romano Scarpa, Giorgo Cavazzano, Byron Erickson, César Ferioli et Noel Van Horn. Mickey a laissé une marque indélébile sur la culture populaire. Comme aimait à le dire Walt Disney : "J'espère juste que nous ne perdrons jamais de vue que tout a commencé par une souris". Et la success-story ne semble pas près de s'arrêter. Aujourd'hui, à 90+ ans, Mickey est aussi aimé et populaire que jamais. Rendons hommage à cette petite créature, à sa légende et à son héritage en érigeant un monument à la souris ! Copyright © 2023 Disney Enterprises, Inc.

01/2023

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Musique, danse

Le Trio Cortot-Thibaud-Casals

Il y a quatre-vingts ans, le célèbre trio Cortot, Thibaud, Casals met un point final à l'activité qui lui a valu durant trente ans une exceptionnelle notoriété, tant en France qu'à l'étranger. Alfred Cortot, le plus illustre des pianistes français, a sillonné le monde en imposant par son style inimitable ses interprétations de Chopin, de Franck et de Debussy ; Jacques Thibaud, le violoniste bordelais, est adulé du public qui goûte le charme, la légèreté et l'irrésistible lyrisme de son jeu ; quant au Catalan Pablo Casals, il s'est distingué par son exceptionnelle maîtrise du répertoire de violoncelle auquel il a apporté sa jeune et géniale autorité. En 1905, les trois artistes décident d'unir leur talent pour consacrer une partie de leur temps à la musique de chambre. Lors de la première apparition du trio, salle Pleyel à Paris, le 25 mai 1906, Cortot débute seul par un somptueux programme de récital ; après l'entracte, Thibaud et Casals le rejoignent pour jouer un trio de Schumann. C'est un triomphe, qui se confirme au cours de leurs cent dix concerts donnés jusqu'en 1913. Mais la Grande Guerre vient interrompre les tournées du trio. Tandis que Cortot s'investit dans la diffusion de la musique française à l'étranger et dans l'OEuvre fraternelle des musiciens, Thibaud, qui a été blessé en 1915, est envoyé en 1916 aux Etats-Unis pour soutenir la cause de la nation auprès des Américains. Etabli à New York, Casals se produit dans les deux Amériques avant de rentrer à Barcelone en 1919. Les trois hommes se retrouvent en juin 1921, rejouent régulièrement ensemble, avant de se séparer définitivement en 1934. La trace sonore du trio a été immortalisée par d'illustres enregistrements réalisés à Londres pour La Voix de son maître. Beethoven, Haydn, Schubert, Mendelssohn, Schumann y sont à l'honneur. Ces disques témoignent de l'extraordinaire entente artistique des trois musiciens, champions de la théâtralisation de la musique de chambre et, par ailleurs, à l'origine d'une conception moderne de l'économie culturelle dans laquelle la publicité et l'action diplomatique ont acquis une place nouvelle. Etayée de nombreux documents d'archives et d'extraits de presse, cette biographie minutieuse du trio Cortot, Thibaud, Casals ressuscite une période bénie de la vie musicale française et européenne.

10/2014

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Histoire de France

La Grande Guerre au petit écran. Les imaginaires télévisuels de la Première Guerre mondiale

La guerre de 14-18 correspond à un champ télévisuel tellement familier qu’on en arriverait presque à le qualifier de "marronnier" si l’aspect mémoriel ne demeurait pas aussi fort dans l’esprit du public. Pour autant, commémoration ne sous-entend pas forcément réitération. Au fil des décennies s’est constituée une mémoire télévisuelle fondée sur la modulation complexe de thématiques et de formats pluriels, articulés ou non autour de la date emblématique du 11 novembre. L’ouvrage ici proposé entend explorer l’itinéraire selon lequel s’est en grande partie forgée la mission mémorielle de la télévision, partagée entre le patrimoine, l’émotion et la restitution historique du passé, et plus précisément la dimension très particulière du premier conflit mondial, toujours partagé entre édification héroïsante et répulsion pacifiste. C’est ce cheminement visuel collectif qui sera ici retracé, par les ruptures ou les correspondances du double corpus des fictions (diffusées toute l’année) et des ressources documentaires produites autour des 11 novembre successifs. La dimension scolaire ne sera pas oubliée. D’ores et déjà, la rareté des scènes de tranchées dans les feuilletons ou téléfilms, la relative abondance des fictions dans lesquelles la guerre est présente depuis la société civile de l’arrière comme "rumeur lointaine et invisible" du champ de bataille constitue un phénomène surprenant, à corréler avec la surreprésentation des images de tranchées dans l’offre documentaire. La plongée dans les archives permet également la redécouverte de curiosités oubliées, comme cette surprenante mise en abîme dans La Maison du passeur des frères Prévert (1966), dans laquelle un metteur en scène choisit comme lieu de tournage la maison d’un ancien combattant (Raymond Buissières), lequel s’imagine que le conflit reprend. La ou les mémoire(s) des hommes, des événements, des batailles, des symboles, des sociétés civiles seront interrogées par le traitement éditorial toujours spécifique de la télévision, afin de mettre au jour certains ressorts de la production de mémoire commune et ainsi permettre au lecteur une mise à distance critique des dispositifs passés ou à venir. Cette restitution des tensions et des enjeux liés à la commémoration de la "grande" guerre et de ses acteurs, anonymes et célèbres, permettra de décrypter certains stéréotypes et d’expliquer les principaux clivages historiographiques, obscurs aux yeux du grand public.

04/2014

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Histoire de France

Szkolnikoff, le plus grand trafiquant de l'occupation

Le 10 juin 1945, un corps calciné est découvert à proximité de Madrid. L'homme est identifié sous le nom de Mendel Szkolnikoff, un Juif d'origine russe, curieusement détenteur d'un passeport allemand. Il s'agit sans doute du plus gros trafiquant de l'Occupation, plus important que le célèbre Joanovici. Arrêté avant guerre pour diverses escroqueries, il est, depuis 1941, un agent financier des Allemands, notamment de la SS. Mais l'affaire Szkolnikoff, c'est surtout le plus grand séquestre de la Libération : 2 milliards de francs de l'époque accompagnés de 2 autres milliards d'amende. Car Szkolnikoff a bâti en très peu de temps, pour le compte de l'occupant, un immense empire immobilier et hôtelier : il détient des rues entières de l'Ouest parisien et des dizaines de "palaces", essentiellement sur la Côte d'Azur. Tous ces biens étant mis sous séquestre à la Libération, l'affaire Szkolnikoff se prolonge jusqu'à nos jours. Cet ouvrage révèle que les autorités françaises poursuivent en effet les descendants de l'affairiste au nom d'une condamnation prononcée après sa mort, ce qui est illégal ! L'hôtel Martinez à Cannes, dont les procédures sont encore en cours, soixante-dix ans après les faits, est au coeur de ce rocambolesque dossier qui n'a pas livré tous ses secrets. Pour qui Szkolnikoff travaillait-il vraiment et d'où tirait-il ses protections ? De Himmler, de Goering l'affairiste, ou de plusieurs dignitaires nazis à la fois ? Quelles sommes, apparemment énormes, a-t-il mis à l'abri dans les banques monégasques, espagnoles ou suisses avant de mourir, et que sont-elles devenues ? D'où venait le mystérieux commando qui a capturé et tué Szkolnikoff en Espagne en 1945, après l'avoir délesté des 600 millions de francs en bijoux qu'il emportait dans sa fuite ? Szkolnikoff est-il même mort en 1945 ? Personnage à tiroirs, connu jusqu'ici des seuls spécialistes, Szkolnikoff n'avait jamais fait l'objet d'une recherche fouillée. Cette enquête, menée dans plus de 6000 cartons d'archives provenant de cinq pays différents, apporte enfin des réponses étayées aux multiples fantasmes autour de cette affaire. Ancien grand reporter et journaliste d'investigation à TF1, auteur de nombreux documentaires, Pierre Abramovici, est aujourd'hui historien.

01/2014

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Théâtre

Mises en scène d'Allemagne(s)

Depuis plusieurs décennies, la scène allemande est l'objet d'une fascination sans équivalent dans le monde. En France tout particulièrement : à peine remis de l'"éblouissement" (Roland Barthes) du Berliner Ensemble, le public a pu découvrir, dès les années 1970, une nouvelle génération de metteurs en scène qui renouvelait profondément les modes de travail et les enjeux de la création théâtrale. D'autres depuis ont suivi sans discontinuer, au point que l'exceptionnelle vitalité de ce paysage artistique apparaît toujours comme un modèle et un point de référence obligé. Pourtant, on pourrait reprendre mot pour mot, aujourd'hui, le jugement formulé par Bernard Dort en 1981 : "Sans doute une des raisons du rapport ambivalent que les Français ont au théâtre allemand vient-elle de leur méconnaissance ou, du moins, de leur connaissance fragmentaire, à éclipses, de celui-ci". Trente ans plus tard, en effet, ce que nous savons de ce théâtre reste parcellaire. Bien qu'il soit toujours plus présent sur nos scènes, il n'existe aucun ouvrage d'ensemble pour mettre en perspective les oeuvres de ses metteurs en scène, éclairer leurs choix et analyser leurs conditions de production. C'est ce manque que le présent ouvrage se propose de combler, avec une traversée de plus de quarante ans de créations théâtrales majeures, choisies parmi celles qui ont renouvelé les modes de travail et marqué les mémoires. Replacés dans leur contexte de production, examinés à partir d'enquêtes minutieuses dans les archives, les spectacles, étudiés selon les principes des "Voies de la création théâtrale", font l'objet d'analyses approfondies qui restituent toute la complexité de leurs enjeux et la variété de leurs modes d'élaboration. Réalisé par une équipe de chercheurs internationale, ce volume entend tout à la fois élargir le regard porté sur les scènes d'Outre-Rhin et lui donner une plus grande précision, par le croisement d'approches globalisantes et d'examens détaillés. On y trouvera donc aussi bien l'étude du paysage économique et institutionnel, un aperçu des modes de travail, l'histoire de certains établissements ou le parcours de quelques personnalités que la focalisation sur des réalisations emblématiques. De Stein à Ostermeier, de Grüber à Marthaler, de Peymann à Richter, de Zadek à Castorf, de Schleef à Pollesch, Rimini Protokoll et bien d'autres encore, ce sont ainsi deux générations de maîtres de la mise en scène dont les productions sont ici présentées.

01/2014

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Littérature française (poches)

Pense à demain

En ce 15 août 1963, jour férié, Paris désert, Christine Lewenthal traîne au jardin du Luxembourg ; Antoine, un jeune projectionniste de ciné-club de banlieue, fonce en 2 CV sur les routes d'Ile-de-France vers la ferme de ses parents, au-dessus de laquelle se dresse la demeure ancestrale du Mesnil, une ruine perdue dans les ronces que visite à l'instant Alex, jeune historien affligé de strabisme et spécialiste des ostraca, qui a sauvé des flammes un document bouleversant. Au même moment, une étudiante allemande débarque à Paris, une autre jeune fille prépare son mariage et un pianiste de Kinvara, petit port d'Irlande, donne un concert à Prague... Ces jeunes gens, qui s'ignorent encore les uns les autres, sont de leur temps : une fois tournée la page des années noires, on construit des barres d'immeubles aux périphéries, on ouvre des supermarchés, et les paysans prennent le nom d'agriculteurs. Un mur divise l'Europe de l'Est et de l'Ouest, mais Martin Luther King marche en Alabama, Johnny Hallyday électrise ses fans place de la Nation. L'époque n'est pas romanesque, pas héroïque : elle est pragmatique, tout occupée à son présent euphorique, sa prospérité économique. Et le bidonville de Nanterre fait le plein. Dans les décombres incendiés d'un domaine, dans les ruines d'une guinguette perdue au fond d'un quartier populaire, sur les hauteurs de Zurich, dans les caves où croupissent les archives de l'infamie, apparaissent les fantômes hideux d'un passé qui ne passe pas... Mais qui "tourne la manivelle" de l'Histoire ? De quel sordide passé aux crapuleuses ramifications mêlant politique et affairisme les uns et les autres sont-ils comptables ? De quels terribles marécages - et parfois quels charniers - s'élèvent les existences ? Qui a pouvoir de désigner le visage du crime, d'absoudre sa face et d'abolir son image ? Comment naissent les histoires, sinon par leur fin, souvent ? Ainsi le présent est-il prescrit par hier, et demain, illisible, chiffré au passé, souvent très antérieur. Dernier volume d'un grand roman séculaire qui débute en 1913 avec Dans la main du diable, et se poursuit dans les années 1930 avec L'Enfant des ténèbres, Pense à demain couvre une période qui s'étend des années 1960 à septembre 2010 et clôt une trilogie romanesque d'une ampleur et d'une ambition rares dans le paysage littéraire français contemporain.

01/2012

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Histoire et Philosophiesophie

Principes et formules du calcul des probabilités pour assigner les limites des variations des événements naturels (1813). Avec 1 CD-ROM

Emmanuel-Etienne Duvillard de Durand (1755-1832), connu pour ses activités d'actuaire et l'élaboration de tables de mortalité, a été longtemps ignoré pour sa contribution à l'analyse de la mathématique sociale et en particulier à la modélisation mathématique de la mortalité. Ses tentatives pour entrer à la prestigieuse Académie des sciences et sa volonté de donner à la statistique des populations une dimension probabiliste, confirment que nous sommes en présence, non seulement d'un grand mathématicien, mais d'un véritable savant au sens le plus noble du terme, auquel cet ouvrage tente de rendre hommage. "Le traité des Principes et Formules du calcul des probabilités pour assigner les limites des variations des événements naturels" constitue en effet une synthèse de ses travaux, appréciée à l'époque par ses pairs, Lagrange, Legendre et Laplace, mais que les vicissitudes de l'histoire ont fait tomber dans l'oubli. Cet écrit, demeuré totalement inédit (l'ouvrage présenté ici en est la première transcription et édition), fut rédigé en 1813. Il traite de la mortalité, dans la lignée des travaux du mathématicien Jean-Henri Lambert, publiés en 1772. Duvillard entreprend de construire une équation qui décrirait au mieux l'extinction progressive d'une génération humaine. Ses travaux représentent donc un tournant dans l'étude des phénomènes démographiques et une première tentative d'application des principes du calcul des probabilités à la science des populations. Nous sommes en présence d'un véritable texte fondateur sur l'évaluation précise des limites à assigner à l'estimation du nombre d'une population. Rendons hommage aux éditeurs de ce traité, Giorgio Israel et Luca Dell'Aglio, véritables découvreurs de ces archives inédites, qui ont patiemment défriché, décortiqué, transcrit ce texte manuscrit, accomplissant un véritable travail de mémoire avec une volonté affichée de rendre justice à ce personnage hors normes pour lui redonner une place pleine et entière dans l'histoire des sciences. Giorgio Israel est spécialiste de l'histoire des sciences, membre de l'Académie internationale d'histoire des sciences, du comité exécutif de la Commission internationale d'Histoire des Mathématiques et directeur du centre de Recherche en méthodologie des Sciences à l'université de Rome La Sapienza. Luca Dell'Aglio est historien des sciences et enseigne notamment au département de Mathématiques de l'université de Calabre.

01/2011

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Histoire de France

Le crime d'aimer. Les enfants du STO

Combien de prisonniers et de requis du travail français, pris au piège de l'amour, furent expédiés en camp de concentration tandis que les femmes allemandes, coupable d'avoir avec eux " souillé la race ", moururent à Ravensbrück ? La France a fourni au IIIe Reich, avec la Russie et la Pologne, le plus gros contingent de travailleurs. Contraints et forcés par les lois de Vichy imposées par l'occupant, prés de deux millions de prisonniers de guerre français - les KG - et un million de requis du travail - les STO - ont travaillé dans les usines, les ateliers et les fermes du Grana Reich. Dès 1940, la Gestapo promulgua un décret selon lequel " les prisonniers de la guerre français pris à des relations sexuelles avec des jeunes femmes allemandes devaient être punis de mort, de même que les prisonniers polonais ". Les peines qui furent infligées aux KG ou aux STO équivalaient souvent à la mort. Les femmes allemandes prises en faute suite à des dénonciations et des commérages subirent de interrogatoires musclés. Parfois tondues et exhibées dans les rues sous l'oeil vigilant de la Gestapo, elles finirent souvent leurs jours en camp de concentration. Même certaines mères parvinrent à fuir ou à se cacher avec leur bébé, la majorité des enfant de ces couples infortunés furent voués à l'éducation nationale-socialiste s'ils avaient l'air " aryen ", ou discrètement éliminés. Beaucoup de jeunes requis du travail et des prisonniers français, coupés de leur patrie, astreints à des travaux épuisants et sauver dangereux ont malgré tout trouvé le réconfort auprès de femmes du pays ennemies. Leurs amours furent une autre façon de dire " non " à Hitler. Aujourd'hui, des milliers d'enfants et de petits-enfants d'anciens KG et STO vivent en Allemagne et, pour un petit nombre, en France. Comme pour son précédent livre Enfants maudits, consacré aux enfants nés de liaisons clandestines entre de jeune appelés de la Wehrmacht et des femmes françaises, Jean-Paul Picaper donne ici la parole à ces enfants d'outre-Rhin. Le Crime d'aimer raconte leur calvaire dans l'univers démentiel de la dictature hitlérienne : des tragédies, quelques petits bonheurs, mais surtout des vies dévastées. Au regard des centaines de dossiers et d'archives inédite du IIIe Reich qu'il a étudiés, l'auteur nous fait découvrir des aventures humaines bouleversantes qui balisent les lourdes pages de l'histoire de la Seconde Guerre mondial.

04/2005

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Critique littéraire

Histoire du Parnasse

Aucune histoire du Parnasse n'avait été tentée depuis 1929. Cette singulière école poétique, illustrée par Leconte de Lisle, José-Maria de Heredia, Théodore de Banville, François Coppée, Sully Prudhomme et d'autres encore, n'était pas sortie du purgatoire de la critique. Pourtant, situé au confluent des grands mouvements du XIXe siècle, le Parnasse a joué un rôle essentiel dans l'évolution littéraire. Il a renouvelé le romantisme, préparé le symbolisme, résisté au réalisme. D'une radicalité audacieuse, son esthétique, fondée sur la théorie de l'art pour l'art, a ouvert la voie à la modernité : Mallarmé, Verlaine, Villiers de l'Isle-Adam ont eu des affinités avec les Parnassiens. Il serait injuste de nier la valeur d'une doctrine à laquelle on doit Émaux et camées et les Poèmes barbares, Les Exilés et Les Trophées. Il est donc temps d'en finir avec les préjugés qui occultent la portée de l'école parnassienne. L'exploration méthodique des fonds d'archives, le dépouillement systématique des petites revues, la mise à contribution de la correspondance des Parnassiens, l'établissement d'éditions critiques de leurs oeuvres ont permis de porter un regard neuf sur le mouvement. À la fin du Second Empire, le Parnasse représentait l'avant-garde poétique. Grâce à ses recueils individuels et collectifs, ses cénacles, ses revues, ses réseaux d'influence, il était devenu un modèle pour de nombreux poètes. Mais la guerre, l'émergence d'une nouvelle génération de poètes et l'affaire du Parnasse contemporain de 1876 effritèrent l'unité du mouvement. Le déclin de l'école intervint au moment même où ses principaux membres allaient enfin connaître la consécration. À l'Académie française comme dans les salons, les revues et l'enseignement, les Parnassiens exercèrent une influence de plus en plus importante. L'apparition du symbolisme réactiva leur esprit de corps : le conflit de générations qui s'ensuivit eut le tort de masquer les liens profonds entre les jeunes poètes et leurs aînés. Le rayonnement du Parnasse a été considérable. Des poètes comme Paul Valéry ou Francis Jammes, des compositeurs comme Debussy ou Fauré, des écrivains étrangers comme Wilde ou D'Annunzio en sont les témoins. Le Parnasse a toujours suscité l'intérêt comme représentant d'un cas-limite de poésie. C'est ce mouvement méconnu et cependant central dans l'histoire de la littérature du XIXe siècle que cet ouvrage invite à redécouvrir.

09/2005

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Critique littéraire

Correspondance 1944-1968

Rares sont les correspondances inscrites au carrefour des sphères artistique, littéraire et éditoriale. Les plus de six cents lettres qu'ont échangées, de 1944 à 1968, Jean Dubuffet et Jean Paulhan, outre qu'elles étonnent et réjouissent par la richesse, la vigueur et l'intérêt jamais démenti de leurs propos, font à ce titre figures d'exception par l'étendue du champ qu'elles embrassent jusqu'à faire d'elles un remarquable panorama saisi sur le vif de la vie intellectuelle, politique et culturelle de l'immédiat après-guerre. Cette singularité, elles la doivent d'abord à l'identité des deux correspondants. D'un côté, l'un des artistes les plus importants et controversés de la seconde moitié du XXe siècle, peintre, dessinateur, graveur, sculpteur, architecte, homme de théâtre, écrivain, musicien ; de l'autre, un écrivain, essayiste, critique d'art, éditeur, directeur de La NRF, la plus importante revue littéraire de la première moitié du XXe siècle. Si la qualité d'une correspondance tient d'abord à celle de ses auteurs, on conviendra que l'on est ici assuré d'en lire une de tout premier plan. Mais pour échapper au simple statut d'archives, fussent-elles de première main, encore faut-il qu'une écriture vienne sans cesse délivrer l'échange de son seul avenir de document. Or Paulhan et Dubuffet sont tous deux de redoutables et prolixes épistoliers. Si chaque lettre est écrite dans le souci de son destinataire, elle l'est donc aussi dans le souci des moyens dont elle use, de la langue et du style - de sorte qu'elle déborde le cadre de l'échange où elle est inévitablement prise pour offrir à chacun un plaisir de lecture qui, sur une période de plus de vingt ans, n'est jamais trahi. L'amateur aura ainsi celui de découvrir les bonheurs d'écriture de Dubuffet ; le curieux aura accès à une source précieuse d'informations sur l'invention de l'Art Brut, la création des Cahiers de la Pléiade, la genèse des textes et des œuvres de jean Dubuffet ; le connaisseur sera surpris par l'étendue et la profondeur de champ du tableau de la vie intellectuelle parisienne. Amateur, curieux ou connaisseur, le lecteur sera en tout cas sensible à une relation passionnelle et conflictuelle, à un rapport de force subtil où la sincérité et la violence du sentiment n'excluent pas le jeu des intérêts.

11/2003

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Histoire de France

CRASH A BAYEUX - La dernière mission du Sergeant Ferguson

15 janvier 1943. Le temps est clair, avec un grand soleil d'hiver. Deux avions de la RCAF (Royal Canadian Air Force) survolent la voie ferrée Bayeux-Caen. L'objectif : un train de marchandises, et surtout sa locomotive. A bord d'un des Spitfire canadiens, le Sergeant Ferguson "aligne" le convoi dans son collimateur. Il est 14h30. Ce sera sa dernière mission... HARCELER L'OCCUPANT POUR PREPARER LA LIBERATION Des missions comme celle-ci, la RAF et la RCAF en conduisent chaque jour des dizaines. Le but est d'affaiblir l'ennemi et de mobiliser ses unités, aviation et défense antiaérienne. C'est ce dangereux travail fait de patrouilles et d'attaques incessantes qu'effectuent les pilotes du No. 401 Squadron. Parmi les 63 cités dans ce livre, entre 1942 et 1944, 25 vont perdre la vie en mission. UN CRASH QUI EVEILLE L'ESPRIT DE RESISTANCE Emus par le sacrifice de William Ferguson, des Français décident d'inhumer le jeune Canadien avec honneur et respect. Ce qui ne sera pas du goût des Allemands. Quelques jours après le crash, le Sipo SD (c'est-à-dire la Gestapo) vient les arrêter. Certains seront déportés et mourront à Büchenwald, Dachau ou Mauthausen. D'autres survivront à la déportation, à l'image de Paul Le Caër. C'est lui qui encourage l'auteur et lui raconte ce qui s'est passé. Aujourd'hui, il signe la préface de ce livre attendu. DES DOCUMENTS ET DES TEMOIGNAGES INEDITS Basé sur l'analyse détaillée de documents inédits, des archives de Ferguson ou du journal du No. 401 Squadron, ce livre reconstitue avec précision l'ultime mission du jeune pilote canadien. Avec une véracité saisissante, vous revivrez la vie de l'escadrille, le devenir des pilotes, le début de la mission et les dernières minutes de "Bill" Ferguson. PLUS DE 5 ANNEES DE RECHERCHE ET D'EMOTIONS... Jeune historien de talent et acteur de mémoire en Normandie, François Oxéant a consacré plus de 5 années à réunir toutes les pièces du puzzle. Il vous fait découvrir avec méthode et rigueur tous les aspects de sa passionnante enquête. Parce qu'il a pu rencontrer des témoins du crash, et correspondre avec la famille du pilote, François Oxéant vous fait partager toute son émotion mais aussi son admiration pour Bill, à peine plus jeune que l'auteur lui-même.

05/2014

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Critique littéraire

Le dernier amour de Kafka. La vie de Dora Diamant

Dora Diamant (ou Dymant) a été la seule compagne de Franz Kafka. Ils se sont rencontrés en 1923, un an avant sa mort, sur une plage de la Baltique. Elle a vingt-cinq ans. Il en a quarante. D'une famille juive polonaise, elle fuit sa famille et se rend à Berlin, capitale de la modernité du vingtième siècle, pour y vivre en compagnie de Kafka, de petits métiers et de bénévolat au Foyer juif des Réfugiés. À Berlin en 1923, en pleine crise économique, Kafka continue à écrire et semble parvenu au bonheur. Mais son état de santé s'aggrave et l'oblige à passer les derniers mois de sa vie dans un sanatorium. Par les yeux de Dora, se découvre un Kafka intime, doté d'une extrême humanité et d'un sens de la justice, d'humour et d'un grand talent d'acteur. " Je suis la femme de Franz Kafka " affirme celle qui, après la mort de l'écrivain survenue le 3 juin 1934, construit sa vie autour des valeurs qu'il lui a léguées : l'amour des lettres et de la littérature, de l'humanisme et du judaïsme. Dora a été réfugiée toute sa vie. Elle adhéra au Parti communiste et, après l'arrivée d'Hitler au pouvoir, fuit l'Allemagne nazie pour l'Union soviétique, chercha ensuite à gagner la Suisse, avant de devoir fuir de nouveau en Angleterre où elle fut incarcérée en tant qu'Allemande. Elle partit ensuite en Palestine, dans un kibboutz, avant de revenir à Londres. A Paris, elle rencontra Jean-Louis Barrault et lui donna des conseils pour mettre en scène Le Procès, et fréquenta les milieux littéraires pour y promouvoir l'œuvre de Kafka. Elle mourut misérablement à Londres, en 1952, inhumée dans une sépulture anonyme. Ce n'est qu'en 1999, avec l'aide des chercheurs et des associations intéressées à l'œuvre de Kafka, qu'elle eut droit à une plaque funéraire sur sa tombe. Issu d'un travail de recherches monumental qui a nécessité, pendant plus de vingt ans, de voyager à travers le monde, d'interroger les archives de Berlin, de Vienne, de Prague, de Jérusalem, de Russie, le livre de Kathi Diamant a reçu le prix de la meilleure biographie de l'année à San Diego en 2004.

10/2006

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Histoire de France

Les Juifs de France durant la IIe guerre mondiale. Volume 2, La solution finale de la question juive en France. Traque, solidarité, puis vengeance : de l'été 41 à nos jours

Les archives du IIIe Reich, celles du ministère des Affaires étrangères comme celles de la police de sécurité (le RSHA, où le Sipo-SD était en charge des questions juives), les propos d'Adolf Hitler regorgent de plaintes à l'encontre du maréchal Pétain, chef de l'Etat français, de Pierre Laval, Président du Conseil des ministres, des chefs des polices françaises, singulièrement René Bousquet et Jean Leguay, pour leur opposition aux mesures antijuives. Le maréchal refusera toujours l'imposition de l'étoile jaune aux Juifs de Zone Libre (Zone Sud, à compter du 11 novembre 1942), comme il refusera la dénaturalisation en bloc des Juifs admis à la citoyenneté française depuis 1927 ou 1936 : seuls seront déchus les fuyards de mai-juin 40 et dénaturalisés ceux et celles, peu nombreux, jugés indignes après enquête des membres de la Commission de révision. Les autorités françaises ont tenté de limiter les dégâts provoqués par l'assassinat de soldats allemands désarmés à partir de l'été de 1941. Le cycle infernal attentats terroristes-fusillade d'otages fut un jeu pervers opposant le PCF clandestin à l'Occupant. En raison du grand nombre de Juifs étrangers parmi les activistes communistes, des Juifs firent partie des otages fusillés. Aucune statistique fiable n'existe permettant d'estimer le nombre des Juifs séjournant sur le sol métropolitain durant l'Occupation, ni sur le nombre des Juifs sortis vivants des camps nazis. Lorsque l'Occupant a commencé à rafler puis déporter des Juifs, les autorités françaises ont systématiquement défendu les Juifs citoyens français, les Juifs étrangers ou apatrides décorés pour faits de guerre dans l'Armée française, ainsi que les épouses juives de prisonniers de guerre français. Grâce à l'action vigoureuse de Français, autorités et citoyens charitables, le pourcentage des Juifs déportés, adultes et enfants, fut l'un des plus faibles des pays occupés. Est-il licite de sacrifier des étrangers et des apatrides pour sauver un maximum de citoyens, membres à part entière de la communauté nationale ? La réponse donnée à cette question en France, de la Libération à nos jours, est trop entachée de haine pour être satisfaisante, car, à l'évidence, un vrai chef d'Etat a pour devoir premier de protéger sa Nation. L'Etat d'Israël, de mai 1948 à nos jours, est la parfaite illustration de cet égoïsme communautaire, considéré comme essentiel à la survie de la Nation.

04/2018