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Accessoire de mode

The Adidas Archive. The Footwear Collection, Edition français-anglais-allemand

Il y a plus de 100 ans, les frères Dassler, Adolf ("Adi") et Rudolf Dassler créaient leur première paire de chaussures. Des centaines de modèles révolutionnaires, de moments épiques et de collaborations prestigieuses plus tard, ce livre présente un bilan en images des chaussures Adidas, à travers presque 200 modèles. Pour poursuivre leur développement et adapter ses produits aux besoins spécifiques des athlètes, Dassler leur a demandé de lui retourner leurs chaussures après les avoir utilisées, et toutes les chaussures ont finalement terminé dans son grenier (aujourd'hui encore, de nombreux athlètes retournent leurs chaussures à Adidas, en guise de remerciement après avoir gagné un titre ou battu un record). Cette collection constitue désormais les Adidas archive, l'une des plus grandes, si ce n'est la plus grande collection de tous les fabricants d'équipements de sport-que les photographes Christian Habermeier et Sebastian Jäger ont documenté dans les moindres détails pendant des années. Utilisant les meilleures techniques de reproduction, ces images révèlent les plus fins détails autant que les taches, les déchirures, les réparations, les traces d'herbe, les autographes estompés par le temps. Tout est là, immuable et photographié en très haute résolution-et, à travers les images, ce sont les histoires personnelles de chacune des personnes qui ont porté ces chaussures qui sont mises en lumière. On rencontre les chaussures portées par l'équipe de football d'Allemagne de l'Ouest durant la "miraculeuse" coupe du monde de 1954 et celles portées par Kathrine Switzer lors du marathon de Boston en 1967, avant que les femmes ne soient officiellement autorisées à y participer ; des collaborations avec des stars comme Madonna, Raf Simons, Stella McCartney ou Yohji Yamamoto ; de même que des techniques et matériaux innovants de la marque. Accompagnée de textes d'experts, chaque image nous explique le pourquoi et le comment, mais exprime aussi la puissance d'Adidas. Ce que l'on découvre va plus loin que le pur design-au final, ce sont juste des chaussures portées par ceux qui les ont aimées-, elles sont aussi les premiers témoins de nos sports, du design et de notre histoire culturelle, des débuts des frères Dassler et la création d'Adidas à nos jours. A propos de la collection TASCHEN fête ses 40 ans ? ! Depuis ses débuts en 1980 comme dénicheur de trésors culturels, TASCHEN a toujours été synonyme d'éditeur accessible permettant aux dévoreurs de livres du monde entier d'imaginer leur propre bibliothèque dédiée à l'art, à l'anthropologie et à l'érotisme pour un prix imbattable. Nous fêtons aujourd'hui 40 ans de livres incroyables en restant fidèles au credo de la maison. La collection 40th Anniversary Edition présente de nouvelles éditions de quelques-unes des stars de notre catalogue : plus compacte, à petit prix, mais toujours réalisée avec la même garantie d'une qualité irréprochable.

05/2023

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Cosmologie - Histoire

NASA archives

Le 1er octobre 1958, la première agence spatiale civile mondiale est fondée pour riposter en urgence contre le lancement de Spoutnik par l'Union soviétique un an plus tôt. En 10 ans, la National Aeronautics and Space Administration, universellement connue sous l'acronyme NASA, est passée d'un modeste groupe de chercheurs, menant des expériences avec de petites fusées converties, à l'une des plus importantes entreprises technologiques et managériales jamais créée, capable d'envoyer des humains sur la Lune à bord d'énormes fusées et de disperser des robots explorateurs sur Vénus, Mars et plus loin encore. Malgré les quelques revers tragiques qui ont jalonné l'histoire de la NASA, le projet d'alunissage Apollo demeure emblématique de l'ingéniosité américaine ; ses navettes spatiales ailées ont été le fer de lance de la station spatiale internationale et son stupéfiant arsenal de satellites astronomiques, d'atterrisseurs robotiques et de programmes d'observation de la Terre ont transformé notre compréhension du cosmos, et de la place qu'y occupe la planète fragile que nous habitons. Au fil des 60 années d'existence de la NASA, les images ont joué un rôle crucial. Qui, aujourd'hui, n'a jamais été fasciné par les prises de vues de l'univers réalisées par le télescope spatial Hubble, ou les panoramas de Mars, d'une netteté extraordinaire, collectés par les rovers de surface de la NASA ? Qui a oublié les clichés des hommes marchant sur la Lune ? Ce volume compact est dérivé de notre édition format XXL, qui a été réalisée en collaboration avec la NASA, et réunit des centaines de photos historiques et des schémas de conception, scannés et remasterisés grâce aux techniques les plus perfectionnées. Les textes signés du journaliste scientifique Piers Bizony, de l'ancien historien en chef de la NASA Roger Launius et de l'auteur à succès et spécialiste d'Apollo Andrew Chaikin, accompagnés d'une liste détaillée des principales missions spatiales humaines et robotiques, complètent cette exploration exhaustive de la NASA, de ses premières heures aux nouveaux systèmes spatiaux qu'elle élabore aujourd'hui pour l'avenir. Les Archives de la NASA est bien plus qu'une captivante histoire illustrée du programme spatial américain. C'est aussi une méditation profonde sur les raisons pour lesquelles nous explorons l'espace et la direction que nous donnerons à cette aventure sans égal dans les années à venir. A propos de la collection TASCHEN fête ses 40 ans ? ! Depuis ses débuts en 1980 comme dénicheur de trésors culturels, TASCHEN a toujours été synonyme d'éditeur accessible permettant aux dévoreurs de livres du monde entier d'imaginer leur propre bibliothèque dédiée à l'art, à l'anthropologie et à l'érotisme pour un prix imbattable. Nous fêtons aujourd'hui 40 ans de livres incroyables en restant fidèles au credo de la maison. La collection 40th Anniversary Edition présente de nouvelles éditions de quelques-unes des stars de notre catalogue : plus compacte, à petit prix, mais toujours réalisée avec la même garantie d'une qualité irréprochable.

01/2023

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Histoire de France

Images du Dahomey. Edmond Fortier et le colonialisme français dans la terre des voduns

Le photographe Edmond Fortier est né dans les Vosges (France) en 1862, mais s'est installé à Dakar, dans la colonie française du Sénégal, en Afrique occidentale, au cours de la dernière décennie du XIXe siècle. Il nous a laissé un corpus de plus de 4 000 images, publiées pour la plupart sous forme de cartes postales. Les négatifs originaux n'ayant pas été retrouvés pour l'instant, l'étude de sa production implique la collecte et la mise en ordre d'objets dispersés, depuis plus de cent ans, sous forme de correspondance. Ce livre s'en tient à une sélection bien précise : les clichés pris en 1908 et 1909 dans ce qui était alors la colonie française du Dahomey. Fortier, qui avait quarante-six ans, était alors un photographe expérimenté. Il avait beaucoup voyagé en Afrique de l'Ouest, visitant même la cité reculée de Tombouctou, aux confins du désert du Sahara, en 1906. Professionnel indépendant, éditeur et petit entrepreneur, il a produit ses cartes postales en France et les a vendues dans sa papeterie à Dakar aux touristes des navires transatlantiques faisant escale en ville et aux Européens vivant en Afrique. En 1908 et en 1909, Edmond Fortier a effectué deux voyages en Afrique de l'Ouest, dans la colonie du Dahomey, aujourd'hui république du Bénin. Accompagnant les autorités coloniales françaises, il quitte la capitale sénégalaise Dakar, où il réside, et se met à photographier la rencontre de la délégation avec les populations du Dahomey, y compris des rois et des ministres ; il enregistre des cérémonies, des célébrations et des scènes de la vie quotidienne. La compilation de ces images, diffusées à l'origine sous forme de cartes postales, se justifie par leur valeur documentaire, du point de vue historique et ethnographique. Bien que Fortier soit un étranger qui n'a passé que quelques jours au Dahomey, ses photographies - encore peu étudiées - contribuent à élargir notre connaissance de l'histoire du Bénin au début du XXe siècle. Il s'est probablement souvent immiscé dans les situations représentées, créant des jeux de rôle, car, détenteur d'une technologie de pointe à même de cataloguer et de classer "l'autre" , il était un représentant emblématique de la domination coloniale. D'autre part, à l'inverse, intentionnellement ou non, sa façon de travailler a eu pour effet de permettre de documenter les expressions de la culture et de la religiosité africaines, contribuant ainsi à la mémoire collective des habitants de cette région. Comme nous le verrons, grâce à des circonstances favorables, Fortier a pu photographier d'importantes cérémonies du culte vodun. En outre, il fournit des vues de divers endroits comme Cotonou, Uidá, Aladá, Abomé et Sakété. Quant à la vie quotidienne de la population, il a visité de près le marché de Porto-Novo et a documenté le passage d'embarcations traversant le lac Nokué.

10/2020

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Beaux arts

Crépuscules arctiques. Pastels du Groenland à la Sibérie, jusqu'en Tchoukotka

Jean Malaurie, un monument qui incarne à lui seul la défense et l'amour des peuples arctiques ! Ses Derniers rois de Thulé ont fait le bonheur de centaines de milliers de lecteurs, comme sa collection Terre humaine. Il dévoile enfin ses Pastels arctiques, témoignages inédits d'un homme inspiré, chamanique, habité par les forces cosmiques. C'est l'un des plus grands explorateurs, le premier français à avoir atteint le pôle géomagnétique Nord, le 29 mai 1951, en traineau à chiens. Il a révélé au monde le peuple des Inuits, vécu de longs mois avec eux. Mais c'est aussi un immense scientifique, directeur d'études à l'Ecole des hautes études en sciences sociales, un ethnologue, anthropologue, un éditeur et directeur de collection célèbre. Terre humaine, c'est lui, et il peut s'enorgueillir d'avoir " lancé " Claude Lévi-Strauss avec Tristes tropiques. Aujourd'hui, à 98 ans, dans une forme toujours éblouissante, Jean Malaurie accumule les titres de gloire. A la vérité, il s'en moque. Jean Malaurie n'a qu'une idée en tête, résister, comme ce rebelle dans l'âme l'a toujours fait. Résister contre l'implantation d'une base militaire secrète américaine au coeur du Groenland, en 1951, résister en faveur des peuples premiers et des minorités de l'Arctique, sa grande mission et la passion d'une vie. De ces années au pôle Nord, il a rapporté la matière de livres indispensables, dont Les derniers rois de Thulé, qui ont fait le bonheur de centaines de milliers de lecteurs. On aurait pu croire que tout était dit mais cela aurait été mal connaître Jean Malaurie. Oser, résister , publié l'année dernière, a été salué par la presse et les lecteurs. Et puis maintenant, plus surprenant encore, ces Crépuscules arctiques, Pastel, du Groenland à la Sibérie Tchoukotka Comment, par des températures extrêmes, un homme a-t-il pu réaliser des pastels ? Comment l'idée lui est-elle venue, quel besoin, quelle " folie " le poussait d'apporter ses craies, son papier, pour dessiner au coeur d'un monde de glace ? Il lui fallait saisir, explique Jean Malaurie, ce moment mystérieux où le ciel polaire lutte entre la lumière et l'obscurité, pour sombrer peu à peu dans le noir. Ce moment où des forces qui dépassent les hommes, et presque l'imagination, entrent en jeu. Rendre compte de ce mystère absolu. Voici donc ces oeuvres d'art raffinées qui sont aussi des témoignages d'une pensée devenue quasi " primitive ", en communion profonde avec la nature et l'espace. Car Jean Malaurie, grand homme de science, est aussi un homme habité, sensible aux forces telluriques et cosmiques, un véritable animiste et presque un chaman. Cette quarantaine de pastels de la nuit polaire nous invite à découvrir ce visage inédit et ce témoignage unique, de toute beauté, explicité par un très important texte de présentation de Jean Malaurie lui-même.

10/2020

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Poésie

Mémoire vocale. 200 poèmes allemands du huitième au vingtième siècle stockés et modérés par Thomas Kling, Edition

En 2001, l'éditeur DuMont Verlag pose à Thomas Kling la question suivante : "De quels poèmes en langue allemande avons-nous besoin en ce début de siècle ? " C'est en tant que réponse à cette question qu'il faut lire le choix présenté ici : une sélection de poèmes indispensables pour le poète qu'est Thomas Kling, non une anthologie de plus. Mémoire vocale a valeur de programme poétologique : des formules magiques de Mersebourg aux poètes et poétesses d'aujourd'hui, sont présentés ici des textes destinés à mettre en valeur toutes les ressources qu'offre l'allemand sur une dizaine de siècles, dans la diversité de ses registres : langue incantatoire, jargons et hybridations telles que le rotwelsch, l'argot des classes marginalisées, mêlé d'allemand, de néerlandais et de yiddish et parlé surtout dans l'ouest de l'Allemagne, qui a toujours fasciné le Rhénan qu'était Kling. Si la plupart des noms attendus sont présents (Bachmann, Brecht, Celan, Goethe, Hölderlin, Jandl, Nietzsche, Novalis, Rilke...) Il s'agit là d'un choix singulier, à contre-pied du canon littéraire, notamment par la place limitée faite à la tradition classique et romantique, mais qui offre une part belle à la poésie du Moyen Age, aux audaces de la poésie "baroque" , à la diversité inventive des écritures modernes et contemporaines. Celui pour qui le poème est "instrument optique et acoustique de précision qui provient et se met au service de la perception, la perception exacte de la langue" assume ici la subjectivité d'un choix moins de poètes que de textes admirés, ce qui peut expliquer les surprises que réserve Mémoire vocale : la poétesse d'origine juive Gertrud Kolmar, morte en déportation, est placée dans l'immédiat voisinage de Josef Weinheber, un poète autrichien controversé en raison de sa collaboration avec le régime nazi ; Hans-Magnus Enzensberger, dont Thomas Kling n'a jamais fait mystère du peu d'intérêt qu'il portait à sa poésie de "gardien de musée" , est représenté, alors que Nelly Sachs, lauréate du Prix Nobel de littérature en 1966, ne l'est pas. De même l'Autrichien Hugo von Hofmannsthal, qui a été un représentant important du symbolisme allemand, est absent de cette anthologie, Kling lui préférant son ami Rudolf Borchardt, un strict formaliste, théoricien d'une "Restauration créatrice" nourrie d'Antiquité et de classicisme. Si "mémoire vocale" n'échappe pas au statut de "haie hégémonique" propre à toute anthologie, en ce qu'elle fixe et valorise un corpus par délimitation d'un jardin clos dans lequel s'épanouit un choix de fleurs, il importe de replacer ce florilège dans le contexte de la poétique de Kling qui considère que "la poésie procède du flux de données, elle est - si elle réussit, si elle fonctionne -, un flux dirigé de données et déclenche un tel flux chez le lecteur" . C'est à la reconfiguration d'un tel flux dynamique que travaille mémoire vocale.

02/2023

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Histoire des idées politiques

L'aiguille et la plume. Jules Gay, Désirée Véret, 1807-1897

Grand spécialiste du bouillonnant XIXe siècle, Thomas Bouchet questionne ici l'écriture biographique. Il propose un " pas de deux ", nous faisant approcher au plus près de ses " personnages " (l'ouvrière de l'aiguille Désirée Véret et l'éditeur Jules Gay), de leurs engagements politiques et sociaux, des " paysages changeants " qui colorent les vies - les leurs, les nôtres. Il naît trois ans avant elle et elle meurt dix ans après lui. Les longues existences respectives des socialistes Jules Gay (1807-1887) et Désirée Véret (1810-1897) entre leurs naissances à Paris et leurs morts à Bruxelles invitent à se demander, à hauteur d'expériences souvent fragmentaires, ce que pouvait signifier vivre, vivre à deux, vivre en société, être socialiste au XIXe siècle. Leurs engagements sont en effet multiples, tant dans leurs milieux respectifs (l'artisanat du textile pour elle, la petite bourgeoisie lettrée pour lui) qu'au-delà : émancipation des femmes et des enfants, communisme, owénisme, fouriérisme et saint-simonisme, anticléricalisme, pacifisme, internationalisme. Si certaines facettes de la vie de Désirée sont connues des historiennes, le souvenir de Jules s'est en revanche davantage effacé. L'Aiguille et la Plume tente de (re)faire leur connaissance à la lumière de sources inédites, de saisir certaines conditions concrètes de leurs parcours, qui les mena de Paris à Bruxelles, en passant par Londres, Châtillon-sous-Bagneux, Genève ou Turin, d'analyser leurs prises de position dans plusieurs de certains des plus âpres combats de l'époque. Mariés pendant cinquante ans, Désirée et Jules ont eu au moins en commun la soif de changer la vie en société et d'être heureux. Placer en regard et en dialogue leurs parcours respectifs, montrer des proximités et des dissemblances dans leurs pensées, leurs écrits et leurs agissements, observer aussi d'aussi près que possible la nature et l'évolution de leurs relations avec nombre de leurs contemporaines, est une façon de faire osciller le genre biographique entre le solo, le duo et le un foisonnant pluriel, de s'essayer à écrire une-deux-plusieurs vies. De la sorte, Thomas Bouchet ne trace pas un récit en ligne droite entre la naissance de Jules à la mort de Désirée. Il se garde des effets de lissage et d'uniformisation trompeurs de l'écriture biographique, Il préfère un dispositif plus hétérogène, en " morceaux ". Il tisse ensemble son récit, les voix de Désirée et Jules, d'autres voix qui s'expriment sur elle, sur lui, sur leur duo. Et ce sont bien des " éclats de vie " qui ressortent, une fois que l'on a cheminé avec Désirée ou Jules, avec Désirée et Jules. " Par mes oeuvres on saura mon nom ", écrivait Désirée Véret en 1832 dans La Femme nouvelle. Apostolat des femmes ; par L'Aiguille et la Plume, on sait en effet son nom, celui de Jules Gay, et bien davantage.

04/2024

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ouvrages généraux

TF 677 - Journal de prison. Suivi de Ombres en centrale, roman inachevé et inédit

Préface, mis en forme et commentaire de Francis Bergeron Né en 1885, issu d'un milieu modeste, Henri Béraud (1885-1958) va connaître, par son seul talent, un début de notoriété à partir de 1903, notoriété locale, d'abord, puis nationale, après la guerre, en tant que reporter. Le succès va venir grâce au prix Goncourt qui le distingue, en 1922. Ce succès ne fera que s'amplifier dans les années d'avant-guerre et pendant la guerre, par ses talents de polémiste, qui s'exercent en "une" de l'hebdomadaire Gringoire, ceci jusqu'à l'invasion de la Zone Libre qui, mettant un terme à l'autonomie, certes relative, de Vichy, conduisit son éditeur et ami, Horace de Carbuccia, et beaucoup de ses proches du monde intellectuel et littéraire, à évoluer dans leur vision géopolitique. Béraud, lui, continue à proclamer sa fidélité à l'Etat français, et ne met pas en sourdine son anglophobie, une hostilité qui datait de sa jeunesse, le souvenir des incidents de Fachoda, la rivalité franco-britannique en Afrique, et réaffirmée après un reportage qui l'avait conduit en Irlande, pendant la grande répression des nationalistes catholiques par le gouvernement britannique. Les colonnes de Gringoire lui sont désormais fermées. Béraud tempête, et publie une diatribe contre cette censure exercée à son encontre : Les raisons d'un silence. Lors de la libération de Paris, Béraud ne s'enfuit pas ni ne se cache. Il habite avenue Niel à Paris. Le 23 août, alors qu'il dîne avec un ami, Jean Herbert, le futur directeur du "Théâtre des deux ânes" , il est arrêté par des hommes se revendiquant de la Résistance, emprisonné et jugé parmi les premiers intellectuels présumés collaborateurs. Le procès va se dérouler en deux jours, la première journée étant consacrée, pour l'essentiel, aux articles de Béraud publiés pendant le Front populaire, et à sa responsabilité supposée dans le suicide du ministre socialiste Roger Salengro. Un témoin, l'amiral Muselier, et des jurés, réclament sa mort, en cours d'audience, ce qui n'est pas banal. Il sera en effet condamné à mort. La sentence sidère tous les autres détenus politiques de l'Epuration, en attente de jugement. Si Béraud, qui n'avait eu aucun contact avec l'armée et les autorités d'occupation, dont le crime supposé était d'avoir continué à écrire ce qu'il écrivait avant-guerre, qui ne cachait pas sa germanophobie, et plus globalement sa xénophobie, est condamné à mort, quel sort attend donc les vrais collaborateurs ? Pendant 15 jours, Béraud va porter les chaînes du condamné à mort, avant que Charles De Gaulle le gracie, sur intervention de François Mauriac. Interné à Poissy, puis au bagne de l'île de Ré, il sera libéré en 1950, et passera les dernières années de sa vie à Saint-Clément des Baleines, aux "Trois bicoques" , tout au nord de cette île qu'il avait contribué à mettre à la mode.

06/2022

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Photographie

Compétence Photo N° 73 : Noir & Blanc. Convertissez comme un pro

Le Numéro 73 de Compétence Photo fait la part belle à trois grandes thématiques photographiques : le noir et blanc, le mouvement et la photo animalière. Le premier guide de 30 pages se consacre à la maîtrise de la conversion de vos photos en noir et blanc. Ce dossier s'adresse à tous les photographes, débutants ou confirmés, issus des temps argentiques ou de la modernité technologique. Nous avons choisi de concentrer notre propos sur les fondamentaux de la conversion en noir et blanc telle que la réalisent les logiciels de développement et les éditeurs d'images. Vous trouverez pas moins de onze tutoriels pour mettre en pratique les outils et les techniques décryptées. Le second guide prise de vue vous livre vingt techniques infaillibles pour exprimer le mouvement en photographie (14 pages). Il existe en effet de nombreuses techniques (filé dynamique, vitesses lentes, zooming, bougé intentionnel de l'appareil photo, light-painting, etc.) pour jouer avec le mouvement, le plus souvent en optant pour des durées d'exposition basses, voire longues. Une façon efficace et créative de vous démarquer des autres photographes. Le troisième guide proposé dans ce numéro rassemble pas moins de cinquante astuces d'expert pour photographier les animaux (28 pages). Photographier les animaux n'est pas une tâche aisée. Qu'ils soient sauvages ou non, ils imposent au photographe une attention de tous les instants, une rigueur technique irréprochable et une patience souvent considérable. Autant de raisons pour exiger une préparation minutieuse en amont, tant sur le plan des connaissances du sujet photographié que du milieu dans lequel il évolue. Comme tous les domaines photographiques, le cadrage et la composition constituent les clés d'images réussies. Dans ce dossier, Nicolas Orillard-Demaire vous livre le fruit de sa longue expérience de photographe animalier sous la forme de cinquante situations détaillées et illustrées. Côté logiciel, nous vous avons concocté quelque vingt astuces pour aller plus loin avec l'excellent logiciel Darktable (16 pages). Côté bricolage, nous vous proposons de confectionner un support universel pour le mode connecté. Facile et peu onéreux. Egalement au sommaire : la rubrique Droit est consacrée au droit d'auteur et aux rumeurs circulant régulièrement sur internet. La rubrique Photojournalisme met le cap sur le Cachemir insoumis. Enfin, la rubrique Livres présente les trente finalistes de la première édition des Prix HiP 2019 du livre de photographie francophone. Autant d'idées cadeaux pour les fêtes de fin d'année.

02/2020

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Critique littéraire

Correspondance générale de Verlaine. Volume 1, 1857-1885

Ce premier volume (1857-1885) ébauche toute une période passionnante de la vie de Verlaine : ses débuts comme poète ; la réception de ses premiers recueils de poésie - les Poèmes saturniens, les Fêtes galantes - ; l'estime et l'indéfectible soutien de ses aînés Hugo et Sainte-Beuve et de ses pairs Coppée, Blémont et Mallarmé ; ses liens avec le Parnasse ; ses articles sur les Poètes maudits. Ces lettres dévoilent la sensibilité à fleur de peau du poète, son besoin de reconnaissance et d'amitié, son humour cabochard. A Mathilde Mauté, qu'il épouse, il adresse les vers émouvants de La Bonne Chanson. A Rimbaud, qu'il suit, il confie sa détresse : (" aime-moi, protège et donne confiance. Etant très faible j'ai très-besoin de bontés ") surtout quand Mathilde le quitte au " fatal mois de février " 1872, alors que leur fils Georges n'a que trois mois. Deux ans plus tard, Verlaine commet l'irréparable : il tire sur Rimbe et passe de longs mois en prison en Belgique. Malheureux, il demande à Hugo d'intercéder en sa faveur auprès de Mathilde : " Parlez-lui, dites-lui [...] que seule elle peut me sauver du remords, de l'angoisse, seule elle peut m'aider à refaire ma vie. " Heureusement ses liens épistolaires et la poésie le préservent : il écrit les vers de Cellulairement, et les Romances sans paroles sont publiées grâce au fidèle Lepelletier. Après ces épreuves, Verlaine se convertit : " dis que tu sais que je me porte mieux et que je me suis absolument converti à la religion catholique " et écrit Sagesse. Enseignant à Stickney, Bournemouth ou Rethel, il se préoccupe de son fils qu'il voit peu : " Et j'ai revu l'enfant unique ". Désireux de mettre en avant l'œuvre poétique de Rimbaud, il cherche inlassablement des éditeurs et de l'argent, amorce une relation paternelle avec l'un de ses anciens élèves Lucien Létinois, et renoue en 1883 avec les milieux littéraires. Cette Correspondance est d'autant plus intéressante que, pour citer Lepelletier, Verlaine " écrit à la va-comme-je-te-pousse, sans souci du tiers et du quart, ne s'adressant qu'à l'ami auquel il se confie. Il ne soupçonne guère l'imprimerie future ". Truffée d'argot, de jeux de mots de potaches, elle témoigne d'une époque et de solides amitiés. Près de 200 dessins souvent humoristiques de Verlaine et de ses comparses, Ernest Delahaye et Germain Nouveau, illustrent leurs échanges.

05/2005

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Systèmes d'informations

Microsoft Endpoint Configuration Manager. Exploitation et administration, 2e édition

Ce livre sur Microsoft Endpoint Configuration Manager (en version 2010 au moment de l'écriture), anciennement System Center Configuration Manager ou SCCM, s'adresse à toute personne qui, confrontée à l'administration de périphériques et de ressources dans son entreprise, participe à l'exploitation et l'administration quotidienne de cette solution. Le suivi des différents chapitres transmettra au lecteur la maîtrise des outils et fonctionnalités, ainsi que l'acquisition des compétences pour maintenir le produit et gérer l'ensemble des périphériques avec MECM. Microsoft Endpoint Configuration Manager Current Branch embrasse la stratégie as-a-Service de Microsoft avec des versions apportant un grand nombreux de nouveautés et d'innovations pour permettre d'apporter des réponses à la gestion, à la sécurisation et au maintien des postes Windows 10. Après une présentation de l'historique du produit et des concepts permettant la compréhension d'une architecture ConfigMgr, les auteurs détaillent les inventaires et leur exploitation, Asset Intelligence, le contrôle logiciel. Ils se servent ensuite de ces informations pour créer des requêtes, des collections et des rapports. Ils présentent le nouvel outil de requêtage en temps réel CMPivot. Le chapitre suivant présente le contrôle à distance des périphériques avec la prise en main, ou les actions à distance. Le chapitre qui suit aborde les applications et leur distribution sous toutes leurs formes (Win32, virtuelle, etc.) mais aussi la gestion de Microsoft 365 Apps ou Microsoft Edge. Un autre chapitre détaille la sécurisation des ressources avec notamment la gestion des mises à jour Microsoft ou des éditeurs tiers, les solutions Microsoft Defender (Antivirus, for Endpoint, Exploit Guard, etc.) de protection contre les attaques et les menaces, et la gestion du chiffrement BitLocker. Ensuite, la création et le déploiement des systèmes d'exploitation sont intégralement présentés. Ce chapitre aborde aussi le cycle de vie de Windows 10 dont le modèle de fonctionnement est très lié à celui de MECM. Le modèle de service, les scénarios de mise à niveau et le maintien du parc Windows 10 sont détaillés avec l'ensemble des solutions disponibles (Desktop Analytics, etc.). Enfin, le dernier chapitre fait état des fonctionnalités liées à la conformité, aux paramétrages, et à l'accès aux ressources de l'entreprise. Il contient les éléments nécessaires à la gestion des lignes de base et des éléments de configuration mais aussi des profils de configuration et de maintenance via la fonction d'exécution de scripts.

02/2021

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Religion

Penser avec le genre. Sociétés, corps, christianisme

FABRIZIO ARMERINI, VINCENT AUBIN, PASCALE BONNEMERE, MICHEL BOYANCE, CLAIRE BRUN, PIERRE GIBERT S. J. , DAVID LE BRETON, HERVE LEGRAND, O. P. , LAURENT LEMOINE O. P. , ERIK NEVEU, MARION PAOLETTI, JEAN-PHILIPPE PIERRON, YANN RAISON DU CLEUZIOU, VIOLAINE SEBILLOTE CUCHET. Depuis les polémiques sur l'introduction du genre dans les manuels de Sciences de la Vie et de la Terre en septembre 2011, puis avec "le mariage pour tous" et l'expérimentation des ABCD de l'égalité, bien des voix catholiques se sont fait entendre pour dénoncer le caractère subversif de "l'idéologie" , ou de "la théorie" du "gender" . Ces prises de position ont suscité en réaction une dénonciation de "l'obscurantisme" du catholicisme tout aussi caricaturale. Les prises de position extrêmes se sont nourries et validées mutuellement. Toute tierce position semblait impossible à tenir. Le résultat de cette polarisation fut un débat introuvable et stérile où les soupçons se substituaient à l'argumentation. C'est à bâtir cette tierce position que Confrontations, association d'intellectuels chrétiens. a voulu contribuer en choisissant une posture engagée : le genre est un concept heuristique. Plutôt que de l'ignorer, il est plus fécond, en l'utilisant, de débattre de l'opportunité de ses usages. Cet ouvrage, qui mobilise les compétences d'excellents spécialistes, propose une introduction aux études de genre et à leurs enjeux. Que ce soit en sociologie, en science politique ou en histoire, en biologie ou en épistémologie, en philosophie ou en théologie, le genre suscite des renouvellements et pose des questions capitales. Ce livre le montre tout spécialement autour de trois thématiques : la compréhension des sociétés ; les identités corporelles ; la tradition chrétienne. Penser avec le genre permet donc de se situer dans de multiples controverses. La contribution des catholiques y a toute sa place. Leur voix sera d'autant plus crédible qu'ils sauront faire eux-mêmes un usage fécond du genre pour distinguer ce qui, dans leurs représentations de l'homme ou de la femme est contingent et ce qui relève de vérités plus fondamentales. Ce livre les y invite. Editeurs scientifiques : HERVE LEGRAND, ecclésiologue et oecuméniste, Professeur émérite à l'Institut Catholique de Paris, vice-président de Confrontations et de l'Académie internationale des sciences religieuses. YANN RAISON DU CLEUZIOU, politiste, Maître de conférences à l'Université de Bordeaux, chercheur au Centre Emile Durkheim.

04/2016

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Généralités

Études Roussillonnaises - Tome XXVII. Sur les pas de Benoît XIII, édition des Actes du concile de Perpignan (15 novembre 1408-26 mars 1409)

Le titre donné à cette publication mérite quelques explications. L'élément placé en second, Edition des Actes du concile de Perpignan, indique la nature du document qui est ici publié intégralement. Mais il ne dit rien ni de son contenu ni de ce qu'il révèle : la personnalité d'un pape qui a marqué son temps, celui du Grand schisme d'Occident. Sous son enveloppe administrative, le document est en effet narratif à plus de quatre-vingt pour cent : il entraîne le lecteur Sur les pas de Benoît XIII. La convocation du concile répondait à la nécessité de faire le point après quatorze années d'un pontificat très mouvementé. Benoît XIII n'était pas le pasteur suprême d'un paisible troupeau mais l'un des deux pontifes qui se disputaient le trône de saint Pierre depuis 1378 et qui maintenaient de ce fait la chrétienté divisée en deux obédiences concurrentes. Combat de chefs à ses origines, le schisme s'était peu à peu mué en une lutte pour contraindre les belligérants à rétablir l'unité de l'Eglise. Le roi et le clergé du royaume de France, qui avaient pris l'initiative d'intervenir par la contrainte, finirent par trouver des alliés en Italie et jusque dans les rangs des deux sacrés collèges. A l'été 1408, la majorité des cardinaux des deux camps s'accorda sur la nécessité de réaliser l'unité, sans plus d'égard pour la légitimité d'un pape ou de l'autre. La convocation d'un concile général à Perpignan lancée par Benoît XIII pour la Toussaint 1408 était donc un contrefeu. L'objectif poursuivi par ce pape était d'y démontrer qu'il s'était dépensé sans compter en vue de l'union et qu'il n'était en rien responsable de l'échec des multiples tentatives de rapprochement avec son rival. Dans ce but, il avait fait préparer un long rapport historique qui fut intégralement lu aux 250 participants. Il escomptait par là obtenir d'eux un quitus et l'assurance qu'ils allaient continuer à le suivre. Comme tous les documents ecclésiastiques médiévaux, les Actes du concile de Perpignan sont rédigés en latin. En raison de leur exceptionnel intérêt, les éditeurs ont souhaité ne pas en réserver la lecture aux seuls spécialistes : une traduction partielle en français, entrecoupée de résumés, accompagne l'édition du début à la fin. Une longue introduction apporte les informations nécessaires à une bonne compréhension.

12/2022

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Actualité et médias

Cahiers éphémères et irréguliers pour saisir ce qui nous arrive et imaginer les mondes N° 1 : Par ici la sortie !

A l'heure où paraissent ces " cahiers ", trois mois sont passés depuis que la pandémie mondiale du Covid-19 s'est imposée à nous, trois mois que le monde entier a basculé dans un état de crise dont on ne voit pas l'issue et dont on ne mesure pas les effets sur les sociétés qu'il a frappées. Aux premières heures du confinement, des sentiments nombreux et contradictoires nous ont toutes et tous traversés : de la sidération à l'angoisse, de la tristesse à la colère... Et puis, très vite, les questions se sont bousculées dans nos têtes : que s'est-il donc passé ? Mais que nous arrive-t-il ? Quelles conséquences cet événement aura-t-il sur le monde et sur nos existences ? Et quelles leçons en tirer ? Il faut dire que, pour beaucoup d'entre nous, la vision d'un monde littéralement arrêté a soudain rendu évidentes, presque sensibles, les contradictions insoutenables dans lesquelles ce monde se trouvait pris depuis trop longtemps. Et si cette catastrophe était l'occasion d'empêcher qu'il retrouve sa trajectoire catastrophique antérieure ? Comme le disait magnifiquement un graffiti repéré sur un mur de Hong Kong, " we can't return to normal, because the normal that we had was precisely the problem ". Autrement dit, serons-nous capables de saisir cet événement, à la fois le comprendre et nous en emparer, afin d'imaginer et construire le monde que nous voulons, le monde dont nous rêvons ? Ces " cahiers " ne pouvaient être que collectifs, au sens fort, parce que issus d'une volonté partagée par les éditeurs et auteurs de la maison de faire sens face à l'événement. S'y engage une conception du travail intellectuel et du débat public comme espace de confrontation argumentée. Ils accueillent des textes de pensée offrant des perspectives et des analyses fortes, mais aussi des textes et propositions littéraires qui font résonner notre époque dans des formes et des formats singuliers, ainsi que des interventions graphiques. Cette crise bouleverse les cadres de pensée et d'interprétations, elle met à l'épreuve bien des certitudes et des convictions, ce qui imposait d'ouvrir un espace original de dialogue, où trouvent à s'exprimer des sensibilités intellectuelles diverses, où peuvent s'ordonner la confrontation des points de vue, les divergences de fond, les incertitudes et les interrogations.

06/2020

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Décoration

Nuit sur l'Allemagne. 107 linogravures des années 1937-1938

Né à Coblence en mars 1903 Carl Meffert passe une partie de son enfance à l'Assistance publique d'où il fugue à plusieurs reprises et s'enfuit définitivement à 16 ans. Il écope ensuite de 40 mois de prison pour délits politiques. Il se marie en 1925, tombe veuf en 1930. Entre-temps il étudie la peinture, rencontre, parmi d'autres artistes amis, Käthe Kollwitz dont il devient l'élève passionné, s'inscrivant ainsi dans ce qu'il appelle une a tradition humaniste et sociale ". Il dessine alors pour la presse ouvrière et illustre un certain nombre de livres. En 1933, l'arrivée d'Hitler au pouvoir l'oblige à s'exiler en Suisse. Ayant perdu travaux et papiers, il y entre dans l'illégalité, prend le nom de Clément Moreau, et réussit deux ans plus tard à se réfugier en Argentine où il milite dans la presse contre la propagande nazie et pour les réfugiés politiques. C'est à cette époque qu'il commence la série de linogravures Nuit sur l'Allemagne où il exprime les souffrances et les atrocités subies par son ami Mühsam et par tous les prisonniers du régime hitlérien. II se remarie en 1935. L'arrivée de Perón au pouvoir en 1943 oblige le couple à s'éloigner de Buenos Aires. Il s'installe un temps dans les Andes puis se trouve déporté en Patagonie d'où il s'échappe vers l'Uruguay. Séjour en Europe en 1961. Retour en Argentine l'année suivante où le coup d'Etat militaire le force à un ultime retour en Suisse où Clément Moreau décédera fin décembre 1988. Celui qui disait exercer le t métier d'émigrant" a laissé, outre des centaines de dessins et gravures disséminés dans la presse suisse et argentine, une quinzaine de recueils de caricatures et de linogravures d'une qualité tout à fait exceptionnelle dans l'histoire de l'illustration libertaire. Il est au moins l'égal des Kupka, des Masereel, des Vallotton, des Veber, des Lébédeff, des Jossot et autres défenseurs de la liberté et il est inconnu en France des historiens du mouvement expressionniste et des éditeurs, dont un seul, Syros, donna en 1976 une édition du livre de caricatures inspiré par Mein Kam pf. C'est donc ici le premier livre de linogravures de Clément Moreau qui est offert au public français. C'est aussi une initiation à son oeuvre.

01/2018

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Notions

 Communauté ou société. . Tönnies versus Hobbes

A Communauté ouA société. A TönniesA versusA Hobbes Jean Jacob, né en 1964, est enseignant-chercheur en science politique à l'université de Perpignan. Il a collaboré à de nombreuses revues et publié notammentA Les sources de l'écologie politique, Arléa-Corlet, 1995A ; A Histoire de l'écologie politique, Albin Michel, 1999, trad. jap. , Ryokufu Shuppan, 2005A ; A Le retour de " l'Ordre nouveauA " Les métamorphoses d'un fédéralisme européen, Librairie Droz, 2000A ; A L'Antimondialisation Aspects méconnus d'une nébuleuse, Berg International Editeurs, 2006. A A A A A A A A A A A A A A On peine aujourd'hui à imaginer à quel point l'ouvrage Communauté et sociétéA du sociologue allemand Ferdinand Tönnies a bouleversé le champ académique au début du XXème siècle. Sciences sociales et parfois sciences humaines ont décliné à foison la thématique, tandis que l'opinion publique s'en emparait, en lui donnant une couleur sombre et parfois funeste (le nazisme, Vichy), en dépit des avertissements de son auteur. Au fil du temps, la distinction académique s'est ainsi mue en lieu commun équivoque, puis trouvée marginalisée voire exclue du champ scientifique. On s'est alors empressé d'oublier que Max Weber avait affiné la distinction, qu'Emile Durkheim lui avait subtilement substitué une autre opposition conceptuelle, et que la politique comparée américaine avait avec acuité, lors de ses premiers pas maladroits, tiré utilement profit de cette oeuvre. A A A A A A A A A A A On a surtout oublié que l'oeuvre de Ferdinand Tönnies avait, comme aucune autre auparavant, sérieusement amendé la fable de Thomas Hobbes, le fameuxA Léviathan, à laquelle Tönnies reconnaissait une belle rigueur mais à laquelle il opposait aussi la persistance du fait communautaire. Car c'est bien la figure d'un individu possessif cher à Hobbes que l'on trouve omniprésente dans laA GesellschaftA dépeinte sous des traits rêches par Tönnies. Tandis que maints travaux ethnologiques (Maine, Gierke), philosophiques (Spinoza, Schopenhauer, von Stein...) lui avaient offert l'occasion de souligner que laA GemeinschaftA repose sur une entraide naturelle entre des personnes respectueuses de leurs différences. On ne peut aujourd'hui que mesurer les dégâts de cet oubli, tant la majestueuse autorité de l'Etat occidental peine sur tous les continents à se substituer durablement à maintes communautés.

03/2023

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Historique

Le fantôme d'Odessa

Mai 1939. L'écrivain Isaac Babel est incarcéré à la prison de la Loubianka. Il y sera interrogé et torturé pendant huit mois avant d'être secrètement exécuté le 27 janvier 1940 sur ordre de Staline. Pour tenir, il écrit à sa fille Nathalie, réfugiée en France avec sa mère. La lettre du condamné à mort prend la forme d'un examen de conscience. Comment ses idéaux de liberté, son refus des dogmes, son humanisme l'ont-ils écarté de cette Révolution à laquelle il a cru ? Les visions qui lui reviennent sont celles de sa jeunesse à Odessa, la ville turbulente, affranchie, éclatante de vie, de couleurs et de drames, des bandits juifs emmenés par le "Roi" Bénia Krik, qu'il a peinte dans ses premiers récits. Les images du scénario qu'il a tiré de ces contes pour S. M. Eisenstein et que le cinéaste, accaparé par son Potemkine, n'a jamais tourné, affluent à sa mémoire. Relatant les hauts faits de l'indomptable Bénia, anarchiste associé aux bolchéviques, puis trahi par eux, elles s'imposent soudain comme la parfaite prémonition de son propre destin...CAMILLE DE TOLEDO vit à Berlin. Il enseigne la création littéraire à l'ENSAV, Bruxelles. Depuis sa trilogie parue aux Editions du Seuil (Le Hêtre et le Bouleau, essai sur la tristesse européenne, Vies potentielles, Oublier, trahir, puis disparaître) jusqu'au récent Thésée, sa vie nouvelle (Verdier, 2020), il travaille sur les spectres de l'Histoire. Après Herzl, une histoire européenne (Denoël, 2018), il poursuit avec ce second roman graphique autour d'Isaac Babel son effort pour rappeler à la vie des mondes disparus. C'est aussi en ce sens qu'il oeuvre à divers projets autour de la personnalisation des éléments de la nature. ALEXANDER PAVLENKO est né en Russie en 1963. Il étudie l'histoire, le dessin et l'animation à Moscou. En 1992, il quitte son pays avec sa famille pour fuir l'antisémitisme et s'installe en Allemagne, près de Francfort. Il travaille pour des éditeurs russes et allemands, illustrant entre autres des textes de Pouchkine, Georges Bataille, Sade, Oscar Wilde... Son blog sur la culture alternative, où il a pris la défense des Pussy Riot, est suivi par de nombreux fans en Russie et dans la diaspora. Avec Herzl et ce tout nouveau Fantôme d'Odessa, il acquiert une visibilité européenne.

05/2021

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Littérature française

Le jeu continue après ta mort

Notre époque ayant autant de mémoire qu'un rhinocéros lancé au galop dans le vide, il ne nous a pas semblé vain de publier ces trois épais carnets aux pages couvertes d'une écriture enfantine, récemment trouvés au milieu d'un champ de fleurs sauvages, à l'est de la Silésie. Un jeune vagabond de vingt-neuf ans, mort d'épuisement dans son sac de couchage, les tenait serrés contre sa poitrine. Une première lecture nous a persuadé qu'il s'agissait des carnets de Thout' Nielsporte, ce chef facétieux qui, par l'entremise de son avatar aux yeux de caméléon, avait conduit les gamers du monde entier à s'affranchir des trois grands Editeurs qui tenaient entre leurs griffes l'ensemble des jeux en ligne et des univers persistants. Le "Petit Alexandre le Grand" des mondes virtuels n'avait pas encore dix-sept ans, dans les années 2029, quand il libéra les MMORPG et les unifia en un seul continent, "la Pangée Libre" , allusion au supercontinent qui devrait se former dans 250 millions d'années par la conjonction de l'Afrique, des Amériques et de l'Eurasie. Cette zone virtuelle libre, appelée aussi "Big Pizza" par ses usagers, était un immense conglomérat numérique rassemblant des jeux en ligne et des espaces 3D de toutes marques, qui n'avaient pas été conçus pour se retrouver connectés les uns aux autres. Thout' et ses guildes réussirent à créer des passerelles non prévues par les développeurs et à en prendre le contrôle. Ils entraînèrent des millions de joueurs dans un nouveau monde open source, géré directement par ses usagers, selon un système d'échange Peer-to- Peer où l'équipement informatique de chaque abonné était devenu un rouage du système global. La volatilisation soudaine de Big Pizza, le vendredi 18 février 2039 à 18 heures 09 GMT, est venue mettre fin à leur autonomie insolente, sans que les causes de ce Global Off n'aient jamais pu être clairement établies... Les trois carnets retrouvés apportent un éclairage inédit sur cet événement qui a précipité plusieurs millions de gamers professionnels dans la détresse la plus complète. Nous allions mettre sous presse ce témoignage sans attendre l'identification officielle du corps, lorsqu'est tombée la dépêche annonçant le résultat des analyses génétiques effectuées sur le cadavre. Il s'agit bien de Thout' Nielsporte, il s'agit bien de ses écrits.

03/2019

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XVIIIe siècle

Le triomphe des Lumières. L'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert

L'Encyclopédie ou le fer de lance des Lumières. Dans la conscience collective moderne, le terme " encyclopédie " véhicule l'idée d'un ouvrage de référence exposant de manière systématique des connaissances universelles ou spécialisées. Il n'en fut pas toujours ainsi. Dans l'Antiquité grecque, l'expression enkyklios paideia (" instruction circulaire ") ne désignait pas une forme concrète d'oeuvre, une encyclopédie, mais une éducation qui ferait le tour des connaissances, autrement dit une culture générale. Le mot, sinon la chose, n'a fait son apparition que tardivement, et l'usage moderne ne s'est imposé qu'avec l'Encyclopédie " de Diderot et d'Alembert ". Cette immense publication devait, dans l'esprit de ses éditeurs, présenter un tableau exact de l'état de toutes les connaissances humaines au milieu du siècle des Lumières. A une époque encore embourbée dans quantité d'archaïsmes, l'Encyclopédie se présente comme l'image d'une France moderne, à la pointe du progrès, en même temps que la somme de toutes ses compétences. Conçue par un groupe de libres-penseurs, elle était animée d'un esprit rationaliste, critique, irréligieux, et s'appuyait sur les conceptions de la nouvelle philosophie empiriste anglaise alors en plein essor. Au milieu des années 1740, une nouvelle génération de " philosophes " fait son entrée sur la scène, bien moins frileuse que ses aînés, Voltaire et Montesquieu. Au même moment, le libraire Le Breton flaire la belle affaire, la traduction française d'une encyclopédie anglaise en deux volumes, et engage le jeune et déjà célèbre homme de sciences d'Alembert afin qu'il dirige l'entreprise ; Diderot est recruté comme traducteur, mais va rapidement se hisser au même niveau que son coéquipier. L'entreprise est complètement refondée par les deux directeurs, qui la transforment en fer de lance des Lumières contre l'obscurantisme, la monarchie de droit divin et le conservatisme des élites. Attaquée par les uns, soutenue par les autres, sa publication sera menée à bien par tâtonnements et ajustements successifs. Deux fois interdit par le pouvoir royal, prohibé par le pape, l'ouvrage devait constituer dix volumes ; à son achèvement, il en atteignit vingt-huit qui contiennent plus de 74 000 articles illustrés de près de 2 600 gravures. Ces chiffres colossaux laissent imaginer le travail qu'il a fallu abattre pour mener à bien en une génération (1751-1772) la plus importante de toutes les aventures éditoriales françaises.

01/2024

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Littérature étrangère

Swamplandia

"Quand on n'est qu'au commencement de la fin, on peut très bien se croire déjà au milieu. Quand j'étais petite, je ne voyais pas ces nuances. C'est seulement après la déchéance de Swamplandia que le temps s'est mis à avoir comme un début, un milieu et une fin. En bref, je peux résumer toute l'histoire d'un seul mot : chute". Swamplandia a longtemps été le parc d'attractions le plus célèbre de toute la Floride, et sa star, Hilola Bigtree, dompteuse d'alligators de classe internationale, cuisinière exécrable et mère de trois enfants, n'y était pas pour rien. Mais à sa mort, l'entreprise sombre dans le chaos. Seule sa fille Ava, treize ans, semble en mesure de sauver les Bigtree du naufrage et de la menace du Monde de l'Obscur, leur redoutable concurrent... Sélectionné par le New York Times comme l'un des cinq meilleurs romans américains de l'année 2011, Swamplandia plonge le lecteur dans l'univers luxuriant et magique de Karen Russell, dont l'écriture inventive n'est pas la moindre des qualités. La presse "Richesse de la langue, exubérance des personnages... Une merveille ! Des écrivains de la trempe de Miss Russell, il s'en trouve un sur un million. ". . The New York Times "Une histoire excentrique, merveilleusement extravagante. Un auteur brillant, doté d'une étonnante imagination". The Times "Un vrai tour de force". Elle U. S. "D'une originalité stupéfiante". The Boston Globe "Magnifique, sombre et drôle". Rolling Stone "Chant d'amour au paradis et à l'innocence perdue, ce premier roman d'une incroyable richesse est une révélation". Library Journal "Karen Russell s'impose déjà comme une voix singulière et forte de la jeune littérature américaine". Livres Hebdo "Vaste succès public et critique aux Etats-Unis, Swamplandia est un puzzle surprenant aux multiples facettes... L'apparition d'une nouvelle voix dans le concert de la littérature américaine, une voix envoûtante où la sensibilité s'épice de vénéneux... La voix d'une auteure à suivre. Magnétique". Page "Un vrai grand huit d'émotions subtiles. Epatant". Elle (Belgique) "Une merveille de fantaisie, d'immersion dans l'enfance, de divagation poétique". Les Inrockuptibles "D'une grâce infinie". Be "Un roman délirant et fantaisiste, joli capharnaüm insensé voyant Mark Twain lorgner vers John Kennedy Toole. Une féérie azimutée très recommandable". Le Figaro Magazine "Un roman palpitant, brûlé jusqu'à l'os par le malheur et la lumière de la Floride". Biba "Un miracle de fantaisie, d'immersion dans l'enfance et de délire poétique". Les Inrockuptibles "La sensation US du moment (finaliste du prix Pulitzer). A lire fissa en attendant la future adaptation par HBO". Technikart "Une belle surprise". L'Optimum "Un imaginaire luxuriant à la Lewis Carroll, une sensibilité et une profondeur rares et un style ultra-inventif... Si ce roman foisonne d'idées et de suspense, Karen Russell éblouit aussi par son écriture imagée. Une petite merveille, un joyau. On adore ! " Le Parisien "Fantaisiste et poétique, une sublime dérive adolescente". Grazia "Bienvenue dans le monde décati de Swamplandia. Bienvenue dans la prose luxuriante de Karen Russell ! " Libération "Un premier roman qui a enchanté l'Amérique... Une fulgurante "failure story" , le récit vertigineux d'un mauvais rêve américain... Une conteuse sans doute un peu sorcière". Les Echos "Roman initiatique rude et sincère, conte exotique et réaliste, Swamplandia est un monde à lui tout seul". Elle "Amusant et mélancolique (effrayant à l'occasion), Swamplandia touche le lecteur grâce à la singularité de son univers et la poésie de sa langue particulièrement inventive". Lire "Le lecteur est projeté dans ce parc d'attractions comme dans une sorte de galerie des mystères et parfois des horreurs. Amateurs de réalisme s'abstenir. Mais les amoureux de Lewis Carroll sont priés d'aller voir. Ceux de Stephen King aussi... Comme Flannery O'Connor et Carson McCullers, Karen Russell a élagué, concentré, pour que son lecteur ne soit jamais détourné de la folle histoire des Bigtree. Et c'est une réussite". Le Monde des livres "Baroque et aussi foisonnant qu'une mangrove". 20 Minutes "Ce premier roman est une pépite. A croquer".

08/2012

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Sociologie urbaine

Récits de la ville malade. Essai de sociologie urbaine

Ces récits de la ville malade répondent aux discours sur la prolifération des taudis, la ghettoïsation des cités, la disparition du patrimoine, la gentrification des quartiers populaires et la dénaturation des villes, et décèlent les prémices d'un nouveau discours lié à la pandémie du Covid-19. Selon le vocabulaire international de sociologie des villes, le monde urbain contemporain s'enchante de ses Smart Cities, Green Cities, Inclusive Cities et autres Slow Cities mais qu'en est-il des Sick Cities ? Sont-elles restées dans l'angle mort de l'observation des chercheurs ? Les récits de la ville malade, rassemblés ici par le sociologue et historien Yankel Fijalkow, répondent aux discours sur la prolifération des taudis, la ghettoïsation des cités, la disparition du patrimoine, la gentrification des quartiers populaires et la dénaturation des villes. Ce livre propose trois " récits de ville " : les îlots insalubres au début du xxe siècle ; la critique du progrès dans les années 1970 ; la peur de la perte de l'authenticité dans les années 2000. Dans les textes politiques, les géographies littéraires ou les rapports d'expertise, la répétition de ces narrations s'inscrit dans une grammaire spécifique. Les îlots insalubres parisiens au début du xxe siècle, les campements, la Zone, les bidonvilles et les taudis contemporains sollicitent nos regards et nos jugements. Comme en 1950 puis en 1970, la pratique de la rénovation urbaine revient en 2000 suivant le mot d'ordre radical des politiques : démolir et reconstruire. Comme en 1930, les petites villes et les pays reviennent à l'agenda des acteurs de la ville : décideurs, élus, habitants. A chaque modernité nouvelle, les sociétés urbaines sont prises par la folie de démolir et retrouvent les accents d'une passion patrimoniale qui les conduisent à rechercher des espaces préservés et " authentiques ". Que dire de l'éternel recommencement, des discours des experts proposant de répondre à la " crise " ? Peut-on dresser la sociologie des récits de la ville malade obsédant l'histoire urbaine à la manière d'un ostinato ? Peut-on dessiner la géographie de ces lieux malheureux : marges, périphéries, centres et archipels ? Peut-on rapprocher les composants du Story Telling - du politologue William Roe Polk - sur la ville malade et la mise en scène du récit de la cité idéale ? Peut-on dépasser la rationalisation et la romantisation de l'urbain ? Yankel Fikalkow construit un discours dans le temps, un discours configuré et situé. Les représentations mettent en jeu l'imaginaire collectif de la ville, la manière dont se dessinent des intentionnalités capables de s'inscrire dans des projets comme l'a montré l'historien et géographe Marcel Roncayolo. Chaque situation de transformation urbaine apparaît comme une scène racontée par des acteurs sur des lieux et des processus spatiaux, persuadés de disposer d'un savoir légitime sur la ville. Car la formation du récit commun de la bonne ville est politique. Cette enquête interroge l'éternel scénario de la ville malade et pose un ensemble de questions face au présent de notre condition urbaine : est-il toujours porteur d'invention ? Les regards critiques sur la ville ne peuvent-ils que conduire les aménageurs à construire des Fake Cities ? Peuvent-ils les empêcher ? L'auteur, dans un chapitre ultime, propose une analyse à chaud de la pandémie du Covid-19, non pour décrire une situation clinique mais déceler les prémices d'un nouveau discours sur la ville malade. Ce chapitre développe les arguments suivants : l'oubli de l'hygiénisme et/ou sa réinterprétation partielle, imprécise et erronée ; la négligence à l'égard des sciences sociales et de la complexité des mondes sociaux urbains ; la quasi-incrimination de certains quartiers ; la méfiance renouvelée à l'égard des villes... La privation des usages publics de l'espace urbain au nom de mesures sanitaires est un problème majeur alors que l'un des maux qui frappent la ville contemporaine est le recul des espaces publics et leur transformation en espaces de marchandisation, de " mise en tourisme ", de " upgrade " au nom de l'attractivité, du confort, et, bientôt sans doute, au nom de critères environnementaux et sanitaires...

04/2021

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Psychologie, psychanalyse

L'HOMME AUX RATS. Journal d'une analyse

Le 1er octobre 1907, Freud entreprend l'analyse de l'homme aux rats, dont il tirera l'une de ses Cinq Psychanalyses. Ce manuscrit, constitué des notes prises après chaque séance, n'était pas destiné à la publication. Il fut confié par la fille de Freud à Daniel Lagache, qui en assura la publication. C'est un document de grande importance, car il révèle la façon dont Freud analysait, transcrivait, puis remaniait et réinterprétait en vue d'une publication ultérieure. Cette édition bilingue est donc un document témoignant du travail de Freud. Ernst Lanzer est obsédé par l'image d'un supplice chinois qui consiste à ligoter un homme et à l'asseoir sur un pot dans lequel se trouve un rat. La bête, affolée, n'a d'autre moyen que de rentrer dans l'homme. L'issue en est la mort pour les deux parties. On ne livrera pas ici "la solution de l'idée aux rats" pour ne pas gâcher le plaisir de la fin au lecteur. On peut simplement dire que le rat, charriant la peste comme dans la légende allemande du joueur de flûte, est pour Freud une part archaïque de la psyché d'Ernst Lanzer, qu'il combat et qui cherche à réintégrer à tout prix sa psyché. Le rat est son refoulé, son enfer quotidien, qui agglutine le plaisir à la souffrance, le châtiment à la jouissance. Freud précise à cette occasion les concepts de culpabilité et de masochisme. En parlant, Ernst Lanzer fait sortir le rat au soleil, et celui-ci, d'abord aveuglé et apeuré, finit par s'humaniser, en une métamorphose bouleversante. L'Homme aux rats est aussi l'histoire d'une guérison. Cette guérison n'est possible que par l'alliance extraordinaire entre le médecin et son malade. Nous sommes en 1909. Freud complète sa théorie de la névrose en écoutant attentivement Ernst Lanzer, cerne le concept d'ambivalence, promis à un grand avenir, comme chez Melanie Klein. Réciproquement, le médecin explique à son malade sa théorie, s'identifie à lui (écrivant à Jung "Je suis plutôt du type obsessionnel") et affine ainsi le concept du contre-transfert. Cette identification permet aussi l'identification du lecteur, qui chemine ainsi entre la théorie et la pratique de Freud, expliquée pas à pas, comme dans une bonne enquête. On sort éclairé de la lecture de ce livre. A l'une des obsessions d'Ernst Lanzer, la cure viendra répondre comme une torture libératrice. Soumis à la bienveillante question de Freud, obligé de réfléchir sur lui-même, le malade trouvera une issue inédite à sa maladie. Ce faisant, Freud permettra à Odipe d'échapper à son destin, après lui avoir fait reconnaitre la force terriblement contraigante du fatum. Ironie tragique, Ernst Lanzer, guéri, mourra quelques mois plus tard à la guerre. Qui est fou en fin de compte ? Le malade ? La société ? Freud n'en dit rien, mais on peut penser que le futur auteur de Malaise dans la civilisation, décrivant les phénomènes de psychose collective comme la guerre ou le nazisme, avait gardé Ernst Lanzer dans un coin de sa tête. Les malades ne sont pas forcément ceux qu'on croit. (D. Berthezène)

11/1996

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Littérature française

Joie

Rome, 2014, fin de l'été. Alors qu'il lisait sur sa terrasse ensoleillée, le coeur de Giangiacomo – dit Gigi – s'est arrêté. Une mort rapide, sans douleur, comme il l'avait toujours souhaitée, se souvient sa fille Elvira, appelée en urgence. Gigi venait de fêter ses soixante-dix ans. Quelques jours plus tard, sous une pile de relevés bancaires, la jeune femme tombe sur un manuscrit inachevé. Elle pense à la trame d'un film – Gigi était cinéaste –, mais, au coeur du texte, découvre une certaine Clara, une journaliste belge. Son intuition lui souffle qu'elle doit exister. Elvira comprend que le récit de Gigi correspond à sa partie d'un livre qu'ils avaient décidé d'écrire ensemble, pour se prouver leur amour. Clara y aurait répondu par sa propre version de l'histoire. S'absorbant dans les pages de Gigi, Elvira y retrouve la proximité qui la liait à lui, mais comprend aussi la matière infiniment précieuse dont était tissé son amour pour cette femme rencontrée quatre ans auparavant. Un amour de la maturité, vécu comme une nouvelle vie parallèle, qui n'enlèverait rien à leurs existences établies : Clara, elle aussi, est mariée, heureuse, mère de deux fils. Gigi écrit le bonheur des retrouvailles, dans sa maison de Sardaigne notamment, l'abandon des corps, les rires, les films des cinéastes qu'il admire, Antonioni et Rossellini, vus et revus ensemble. Clara et Gigi parlent beaucoup : elle veut tout savoir de sa vie passée, de ses années militantes, lui aime la faire rire, lui racontant d'invraisemblables anecdotes. L'histoire familiale de Gigi revient souvent dans leurs conversations, qui a marqué ses choix d'adulte. Surtout la mort de son père, tué en 1945 par des fascistes après des années de combat dans le rang des partisans. La politique est au coeur de son travail de cinéaste : sa rencontre avec Clara remonte à la sortie de son dernier film, sur Gramsci. Elle était venue à Rome pour l'interviewer. Clara écrira à son tour sa partie. Sans doute l'insistance d'Elvira, qui a retrouvé sa trace, a-telle été déterminante. Entre chagrin et révolte – Gigi n'était pas censé partir sans qu'ils aient pudiscuter ensemble de leur projet –, elle commence par imaginer ce qu'auraient été ces échanges. Des disputes de couple clandestin, l'un contestant la version de l'autre, dans un fatras d'émotions. Mais à quoi bon ? Avec qui partager un secret naguère si léger, comme s'il fallait dans la solitude expier les amours illicites ? Clara entame alors ce qu'elle appelle un diario di una mancanza, un journal d'absence – Clara s'exprime dans sa langue, en français, même si, avec Gigi, elle parlait l'italien, parfois l'anglais, dont les expressions émaillent le texte. Au fil des jours, c'est aussi à Elvira qu'elle va s'adresser. Avec pudeur, avec délicatesse, Clara évoque pour la jeune fille au seuil de sa vie sentimentale la plénitude de cet amour caché qui coexistait si bien avec sa vie au grand jour. Pure bliss, gioia, joie, avait coutume de répéter Gigi.

02/2017

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Critique Poésie

Baudelaire, la modernité mélancolique

Cet ouvrage célèbre le bicentenaire de la naissance du poète et explore son oeuvre sous l'angle de l'expérience mélancolique. Epreuves corrigées de la première édition des Fleurs du mal, manuscrit autographe de Mon coeur mis à nu, estampes de Meyron, autoportrait ou encore portraits par Nadar invitent à une immersion dans l'univers du poète. Après un essai introductif d'Antoine Compagnon portant sur Baudelaire et la modernité, le prologue, présenté par Jean-Marc Chatelain, partira du rapport privilégié que Baudelaire entretenait avec la figure d'Hamlet, son double allégorique, pour explorer la mélancolie baudelairienne jusqu'à son point le plus intime. 3 axes sont proposés : l'exil et l'errance ; le souvenir et les fantômes du passé ; la déchirure mélancolique du moi. L'exil et l'errance La première partie du catalogue est consacrée au sentiment d'exil, qui constitue la donnée initiale du destin de poète de Baudelaire, vivant mal la séparation avec sa mère et atteint de " la grande Maladie de l'horreur du Domicile ". André Guyaux évoque notamment le voyage que Baudelaire effectue en 1841 aux îles Maurice et Bourbon, auquel le contraint son beau-père, le général Aupick, qui entend l'éloigner de la capitale pour lui faire passer le goût de la littérature. Jean-Marc Chatelain retrace ensuite l'histoire éditoriale des Fleurs du mal jusqu'à leur publication en 1857, à partir des épreuves corrigées par Baudelaire (dont le recueil est conservé à la Réserve des livres rares). Les fantômes de la vie antérieure Rémi Brague, dans son essai, éclaire le rapport singulier qu'entretenait Baudelaire avec le langage de l'image, lui qui se donnait pour double tâche de glorifier " le culte des images (ma grande, mon unique, ma primitive passion) " et le " vagabondage ". L'image répond fondamentalement, chez Baudelaire, à un mode de présence spectral. Ainsi en est-il des " fantômes parisiens " à la suite des démolitions orchestrées par le préfet Haussmann. Valérie Sueur, dans son essai, montre les correspondances entre les vers de l'un (notamment les " Tableaux parisiens ") et les estampes de l'autre, tel le Stryge. La déchirure mélancolique du moi Jean-Claude Mathieu, dans l'essai de la troisième et dernière partie, revient sur tous les thèmes forts du catalogue. Dans ses poèmes, Baudelaire, attentif à la vie triviale des faubourgs boueux et des rues encombrées, prend soin des " ruines ", plus bouleversantes que le nouveau Paris, des " Petites Vieilles " chétives... Dans l'oeuvre de Baudelaire comme dans sa vie, la mélancolie prend différentes formes, celle du dandysme d'une part, qui fait l'objet de l'essai d'Andrea Schellino ; celle de l'ironie de l'autre, du rire et de la caricature, qu'expose Julien Dimerman. Dans l'épilogue " Baudelaire en son miroir ", Sylvie Aubenas présentes les principaux portraits photographiques du poète comme des images diffractées de lui-même qui témoignent à leur manière de l'impossible coïncidence avec soi-même, telle que Courbet la décrit en 1848 : " Je ne sais comment aboutir au portrait de Baudelaire, tous les jours il change de figure. "

10/2021

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Pléiades

Histoire de ma vie. Coffret en 2 volume : Tome 2 ; Tome 3

Respecter une oeuvre longtemps malmenée, et par là renouveler l'image de Casanova ; faire en sorte que l'on considère l'écrivain et non plus seulement l'aventurier, et pour cela établir enfin une édition respectueuse du manuscrit avec lequel se confond l'Histoire de ma vie : tel est le projet de cette entreprise, aujourd'hui achevée. Le texte est scrupuleusement transcrit ; la langue propre à Casanova, respectée en tout point ; les repentirs de l'écrivain, lisibles au bas des pages, comme les notes qui fournissent la "traduction" des mots ou des passages susceptibles de faire difficulté. Au texte d'Histoire de ma vie s'ajoutent d'importants appendices, qui proposent pour l'essentiel des écrits de l'auteur, mais aussi le témoignage de quelques-uns de ses contemporains, qui l'ont connu, lu, aimé, ou qu'il a marqués, durablement. Le premier volume de cette édition retraçait la jeunesse vénitienne, le "bel âge", jusqu'à l'évasion de la prison des Plombs. Voici Casanova exilé. Il a trente-deux ans. On le retrouve à Paris, "en devoir de faire fortune". Les années 1757-1763 (t. II de notre édition) sont fastes. Naviguant dans les coulisses du pouvoir, opulent, éblouissant, Casanova roule carrosse. Mais une fabrique de toiles peintes le ruine. Son goût pour la magie, la cabale, l'alchimie lui vaut des succès qui tourneront à l'aigre. Affaires, plaisirs, fuites parfois : il voyage dans l'Europe de la guerre de Sept Ans, manque être enrôlé comme soldat, se jette dans un couvent, aspire un temps à une vie retirée, puis s'élance à la poursuite d'une belle amazone. Les longues fiançailles avec Manon Balletti restent sans suite. Le mariage est "le tombeau de l'amour". Casanova commence à se déclarer "libertin". En 1763 (t. III de notre édition), il est à Londres. Une syphilis le met en danger de mort. Vient le temps des longs voyages : Allemagne, Russie, Pologne, Espagne. La politique européenne le passionne. Il tente en vain de plaire aux souverains. Déceptions, errances, dettes. Quelques jolies passions encore, mais aussi de vilaines "galanteries". A mesure que le récit avance, le passage du temps se fait plus sensible. L'heure des bilans est venue. La maturité dépossède Casanova de sa véritable nature. Il a quarante-sept ans déjà, un "âge méprisé de la fortune". Il se rapproche de Venise. L'Histoire de ma vie s'interrompt à la date de 1774, à la veille de son retour. Inachèvement accidentel, ou volonté de ne pas raconter la fin ? A Venise, désormais, Casanova est un indicateur aux services des inquisiteurs. Pouvait-il investir les années 1774-1798 (date de sa mort) d'un désir qui était lié à l'énergie et à la séduction ? Il revient sur l'ensemble de son histoire, lui donne un nouveau titre, Histoire de ma vie jusqu'à l'an 1797, mais n'en prolonge pas le récit. Dans la préface qu'il écrit alors, c'est de ses "folies de jeunesse" que le lecteur est invité à se réjouir avec lui.

05/2015

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Littérature anglo-saxonne

Romans et récits (1979-1991)

"Tu tires des récits de tes vices, tu rêves des doubles pour tes démons" : c'est ainsi que Nathan Zuckerman, la créature de papier de Philip Roth, décrit son entreprise d'écriture dans La Leçon d'anatomie. Apparu sous la plume de l'écrivain Peter Tarnopol dans Ma vie d'homme (1974), ce double assumé du fictif Tarnopol et de Roth, lequel les invente tous deux en vertu d'un processus de création fait de reflets et de répliques, prend pour ainsi dire vie dans le premier cycle romanesque qui lui est consacré, Zuckerman enchaîné. Cette série de romans - une trilogie et son épilogue - offre à Roth l'occasion d'exposer les métamorphoses de la subjectivité. Elle met en scène quatre moments-clefs de la carrière de Zuckerman : la relation de l'aspirant écrivain avec son mentor (L'Ecrivain fantôme, 1979) ; le romancier devenu une célébrité et la victime de son succès (Zuckerman délivré, 1981) ; l'homme souffrant de douleurs mystérieuses en pleine crise de la quarantaine, rattrapé à la fois par la complexité de sa vie amoureuse et sexuelle et par la mort de ses parents (La Leçon d'anatomie, 1983) ; l'homme de lettres privilégié face aux intellectuels de l'Europe de l'Est communiste (L'Orgie de Prague, 1985). On retrouvera Zuckerman dans La Contrevie (1986), un "labyrinthe de miroirs" (Philippe Jaworski), et un chef-d'oeuvre de virtuosité, qui est en quelque sorte la réponse de Roth au postmodernisme américain incarné notamment par Thomas Pynchon. Un brouillon donne à penser que le roman aurait pu être intitulé Tu dois changer ta vie ; "Tout peut arriver, et c'est précisément ce qui arrive : tout". Pendant la période de création couverte par ce volume, Roth explore la frontière poreuse entre réalité et fiction. S'il occupe le devant de la scène jusqu'en 1986, Zuckerman n'est pas l'unique alter ego de l'auteur. Emerge en effet un nouveau personnage (de fiction ? ) nommé Philip ou Philip Roth. Il dialogue avec Zuckerman dans Les Faits (1988), sous-titré "Autobiographie d'un romancier" ; avec des femmes dans Tromperie (1990), roman tout entier construit en dialogues - "la bande-son d'un roman sans images" , selon Ph. Jaworski -, tandis que Patrimoine (1991), récit de la maladie et de la mort du père (non plus celui de Zuckerman, celui de Roth), est présenté comme "Une histoire vraie" . Les faits seraient-ils enfin débarrassés de leur gangue de fiction ? A la fin de la lettre que le Roth des Faits écrit à son lecteur Zuckerman, il admet que les "faits" sont en réalité des souvenirs déjà retravaillés. Ses expériences personnelles et son passé ne prennent forme et sens qu'une fois racontés. Et c'est à un personnage de fiction, l'inévitable Zuckerman donc, que Roth confie le soin de porter un jugement sur son manuscrit "autobiographique" . L'autobiographie est sans doute "le genre le plus manipulateur dans toute la littérature" , estime Zuckerman. C'est le moins que l'on puisse dire. Toute tentative de figer la frontière entre

02/2022

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Littérature française

Voyages extraordinaires. L'Ecole des Robinsons et autres romans

Jules Verne devenu vieux a raconté son expérience de jeune Robinson. Quand sa yole fait eau puis "coule à pic" , il se réfugie sur un îlot et songe aussitôt à bâtir une cabane, à pêcher, à faire du feu. Cela ne dure que le temps d'une marée. L'îlot ne se trouve pas au milieu de l'océan, mais dans l'estuaire de la Loire. Lorsque le naufragé regagne "le continent" - la rive droite du fleuve -, l'eau ne lui arrive qu'à la cheville. L'histoire n'est peut-être que la séquelle des lectures de Verne : "Les Robinsons ont été les livres de mon enfance, et j'en ai gardé un impérissable souvenir". On y croira pourtant si, comme lui, et après avoir fait les mêmes lectures - le Robinson Crusoé de Defoe et Le Robinson suisse de Wyss -, on est fasciné par ce monde neuf, ouverture large et soudaine du champ des possibles, qu'est l'île déserte, lieu à reconnaître, aménager, exploiter, défendre - puis à quitter, grandi, changé, pour regagner le continent et y vivre d'une vie nouvelle. Le premier essai de Verne sur ce thème aux variations infinies - "il faut absolument que j'en fasse un" - s'intitulait L'Oncle Robinson. Hetzel se montra sévère (mais juste) : l'auteur remisa son manuscrit, non sans en utiliser des éléments dans L'Ile mystérieuse (1875 ; déjà disponible dans la Pléiade). Il reviendrait à trois reprises sur le sujet. Avec L'Ecole des Robinsons (1882), la fantaisie s'invite dans le drame et la fiction dans la fiction. Le duo formé du jeune Godfrey et de son professeur de maintien (! ) passe de bonne foi par toutes les étapes obligées du genre, quête d'un logis, épreuve de la faim, cueillette, chasse, pêche, jusqu'à l'accueil d'un Vendredi, l'étrange Caréfinotu. Mais le naufrage ne devait rien à la cruauté des éléments : il avait été fomenté à des fi ns de formation. L'Ecole est la déconstruction joueuse du Crusoé originel, une "métarobinsonnade" . Dans Deux ans de vacances (1888), le souvenir des textes canoniques, Defoe et Wyss, demeure présent ; le personnage nommé Service ne jure que par eux. Cette fois, les naufragés sont les élèves d'un pensionnat. Ils s'organisent, se déchirent, se retrouvent et se ressoudent face à une menace extérieure, l'arrivée de malfaiteurs qui - cela n'échappe pas à Service - sont "comme qui dirait les sauvages de Robinson" . Bien que William Golding ne l'ait jamais reconnu, Sa Majesté des mouches se souviendra de la force de ce roman. Puis Verne revient à Wyss, pour donner au Robinson suisse une continuation, Seconde patrie (1900), qu'autonomise un art consommé de la construction. Les circonstances reconduisent certains des Robinsons de Wyss dans l'île qui les avait une première fois accueillis et où les attendent de nouvelles péripéties. L'aventure y gagne ce qu'y perd la vraisemblance. Livre né d'un livre, entre héritage et invention, ce roman inactuel - c'est aussi le récit d'une

02/2024

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Littérature française

Oeuvres complètes. Tome 9, Les Tarahumaras ; LEttres de Rodez

Il n'était pas si courant, en 1936, qu'un écrivain quittât l'Europe pour aller "prospecter ce qu'il peut rester au Mexique d'un naturalisme en pleine magie, d'une sorte d'efficacité naturelle répandue çà et là dans la statuaire des temples, leurs formes, leurs hiéroglyphes, et surtout dans les sous-sols de la terre et dans les avenues encore mouvantes de l'air". Ce l'était moins encore, une fois sur place, de partir en mission pour la Sierra Tarahumara, d'en gravir les pentes à cheval plusieurs jours de suite pour y rencontrer les Indiens des hautes terres, mangeurs de peyotl, et d'être admis à participer à leurs rites. C'est pourtant ce qu'a fait Antonin Artaud, mais l'extraordinaire ne s'arrêtera pas là. De retour à Paris, en 1937, il envoie à Jean Paulhan, pour La Nouvelle Revue Française, des extraits D'un voyage au pays des Tarahumaras, mais il veut que son nom disparaisse et que sa signature soit remplacée par trois étoiles. Ceux qui le connaissent le reconnaîtront. Et, en effet, quelques-uns vont percer l'anonymat et deviner quel est l'auteur de ces pages étranges autant que belles. En 1943, il est interné à Rodez. C'est là qu'Henri Parisot se mettra en rapport avec lui pour lui proposer de reprendre ce texte en librairie. Fin 1943, Antonin Artaud écrira Le Rite du Peyotl chez les Tarahumaras, puis le Supplément au voyage. Il décrira, sept ans après, la cérémonie rituelle comme s'il y avait assisté la veille, jetant ainsi un pont sur les années de silence auxquelles l'internement l'avait condamné. Le 16 février 1948, quinze jours avant sa mort, jaillira le récit flamboyant de cet autre rite : Tutuguri. Ainsi, la composition des Tarahumaras n'aura pas duré moins de douze années. Et c'est parce que Henri Parisot lui a demandé son accord pour éditer le Voyage qu'Antonin Artaud lui envoie de Rodez des lettres si étonnantes que son correspondant pense aussitôt en publier quelques-unes. Une sorte de lien magique réunit donc le Voyage et Lettres de Rodez. A ces deux oeuvres fondamentales sont joints les premiers textes écrits à Rodez et plusieurs adaptations de textes anglais, en particulier L'Arve et l'Aume, d'après le chapitre VI de La Traversée du miroir, par Lewis Carroll.

09/1979

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Beaux arts

Arts Asiatiques N° 70 (2015)

Arts Asiatiques a repris la tâche qu'avait assurée la Revue des Arts Asiatiques, fondée en 1924 et placée à partir de 1933 sous la direction de Georges Salles. Après une interruption due à la Seconde Guerre mondiale, cette revue reprend, sous l'égide des musées Guimet et Cernuschi, son rôle d'information. En 1959, c'est Jean Filliozat qui, après Georges Salles, prend la direction des Arts Asiatiques. Depuis 1962, l'Ecole française d'Extrême-Orient en assure l'édition, avec le concours du CNRS et de la Direction générale des patrimoines, service des musées de France. En 2010, la revue se dote d'un comité scientifique assurant une importante ouverture internationale. Arts Asiatiques est la revue des principaux centres français d'études et de présentation des arts orientaux et se veut un trait d'union entre le monde de la recherche et celui des musées, en France et à l'étranger. Ses aspects sont multiples : publier les résultats de l'archéologie de terrain, éditer des documents iconographiques ou des textes explicatifs des arts plastiques, restituer le contexte culturel d'une oeuvre d'art ou en décrire la technique ou la matérialité, attirer l'attention sur une trouvaille heureuse, une exposition-phare ou sur les nouvelles acquisitions d'un musée, est toujours, pour Arts Asiatiques, l'occasion d'offrir à tous, spécialistes ou amateurs d'art, l'accès aux sources orientales les plus authentiques. Sommaire / Contents Articles NATALIA POLOS'MAK Nouvelles découvertes de tentures polychromes brodées du début de notre ère dans les tumuli no 20 et no 31 de Noin-Ula (République de Mongolie) FIONA KIDD & ELIZABETH BAKER BRITE Colour in Context : Status Indicators and Elite Dress in Pre-Islamic Central Asia LUKAS NICKEL Bricks in Ancient China and the Question of Early Cross-Asian Interaction ARNAUD BERTRAND La formation de la commanderie impériale de Dunhuang (Gansu) des Han antérieurs : l'apport des sources archéologiques ELLEN JOHNSTON LAING Chinese Pictorial Board Game Prints Activités des musées Musée national des arts asiatiques - Guimet Musée Cernuschi British Museum In Memoriam Jean-François Jarrige (1940-2014) (Henri-Paul Francfort) Notes VALERIE ZALESKI A propos d'un mandala de Dunhuang conservé au musée national des arts asiatiques - Guimet MICHEL PICARD I Gusti Nyoman Lempad : première exposition rétrospective Comptes rendus

11/2015

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Autres langues

Du loup et de la biche. Edition bilingue français-occitan

A peine arrivé en Limousin, Luc de Goustine est de plain pied avec la culture du pays. Tout simplement car il a d'apanage - dins sa biaça dirait-on ici, des trois éléments de la pensée traditionnelle : le symbole, le mythe et le rituel qui le perpétue en le réactualisant, le goût et l'intelligence. Ce texte en est la preuve éclatante qui explique sa parfaite réussite. L'auteur en dit qu'il l'a marié à ce pays. Et comme on se doute que, pour lui, le mariage, certes contrat, est avant tout sacrement, on voit jusqu'où ça nous mène... Cette histoire, née d'un couteau trouvé dans l'ancienne forge acquise et investie, qui pourrait n'être qu'un fait divers (c'en est un), il va, de par tous les registres qu'il a à sa disposition, la porter à incandescence, à l'exemplarité de la légende, fût-elle présente la sortir de l'Histoire, la soustraire à ce qui au pire eût pu être de l'ordre de la sociologie, au mieux de l'ordre de l'ethnographie et, Dieu en soit loué, ne se soucier jamais de cette psychologie qui est une des plaies de la littérature française. Ne lui manque que la langue du pays, dont il est curieux non pas usager ; il va falloir se forger un français apte à rendre tout ça. Du texte, quelques ingrédients, comme ça, pour mettre l'eau à la bouche. Le forgeron (métier à la fois au centre de la communauté et en ses marges les plus incertaines), l'âne, le petit chien blanc, lo leberon, les croix de paille, la bête à sept têtes, le sacrifice des cheveux, lo baptejadis, lo brutladis... J'oubliais ! le loup, la biche. Je n'ai rien dit. Ca pourrait s'appeler La fable de la biche et du loup, non pas fable à la façon d'Esope ou du bon La Fontaine. Ca pourrait s'appeler Du loup à la biche, comme en un cheminement d'initiation, de révélation, de rédemption. J'en ai assez dit. Quant à la version occitane qu'en donne Joan-Peire Lacomba et qui nous le fait éditer, elle était là, à portée, comme évidente, tellement chez elle avec un tel sujet, une telle écriture. Soit dit sans lui en retirer le mérite, car il fallait qu'il nous en offrît la même qualité. Que ceux qui le peuvent comparent...

12/2015

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Religion

Le christianisme syriaque en Asie centrale et en Chine

Cette série est destinée à regrouper des études thématiques faisant le point sur différents aspects de l'histoire ou de la culture syriaques, celles des communautés chrétiennes dont la langue de culture est le syriaque (maronites, syriaques catholiques et orthodoxes, assyrochaldéens, communautés du Proche-Orient et de l'Inde...). Ce volume est consacré à la présence chrétienne syriaque en Asie centrale et en Chine, que certains historiens considèrent comme un succès missionnaire majeur, ouvrant temporairement la perspective d'un immense empire chrétien au XIIIe siècle, quand les empereurs mongols se montrèrent sensibles au christianisme. Même en écartant tout le triomphalisme qui pourrait se cacher dans une telle affirmation, l'expansion de la religion chrétienne d'Antioche, ou de Mésopotamie, jusqu'en Chine est un phénomène historique remarquable et un sujet d'étude fascinant par sa dimension interethnique et interculturelle, qui se manifeste tant dans les langues et l'art, que dans la théologie et le droit. L'expansion du christianisme de tradition syriaque dans les immenses territoires de l'Asie jusqu'à la Chine dès le vue siècle est due surtout à la mission de l'Eglise d'Orient dite "nestorienne". Outre l'initiative missionnaire et le recrutement par les empereurs mongols de la Chine de nombreux hauts fonctionnaires d'Asie centrale, des facteurs tels que les déportations et les mouvements volontaires de populations suite à des conflits et des guerres, ont entraîné la présence de communautés syro-orthodoxes et melkites. La mention d'un évêque arménien dans une inscription syriaque d'Asie centrale datée de 1323 nous rappelle que les Arméniens aussi eurent leur part dans cette riche histoire. Ce volume donne une présentation générale des principaux domaines géographiques et culturels concernés, visant à offrir un tableau à jour des connaissances et des sources sur les chrétientés syriaques parmi les Turcs, les Sogdiens et en Chine. Aux deux phases de la présence chrétienne en Chine, à l'époque de la dynastie Tang (VIIe-IXe siècles) et à l'époque du gouvernement mongol des Yuan (XIIIe-XIVe siècles), sont consacrés des articles spécifiques. Les auteurs tentent aussi de répondre à des questions historiques, comme les raisons du succès dans l'évangélisation, l'attitude du pouvoir politique à l'égard des missionnaires, le statut des communautés et les causes de leur disparition. Certains articles sont consacrés aux vestiges archéologiques et à la production littéraire, en traduction ou originale, du christianisme syriaque, pour présenter un "catalogue" de ces ouvrages et des exemples significatifs de leur spécificité. Trois articles notamment traitent des nouvelles éditions de manuscrits découverts sur le site de la ville de Qara Qoto, des pierres tombales d'Asie centrale conservées au musée Guimet à Paris et de deux inscriptions découvertes en 2014 en Mongolie.

11/2015