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Littérature étrangère

Enfants des fleurs

Voici le roman passionnant, émouvant, honnête et souvent choquant d'une relation mère-fille dans la Chine post-maoïste. Ce récit personnel, très largement autobiographique qui succède à Une fille de la faim, fait le pont entre la Chine pré-1979 et celle post-socialiste grignotée par la fièvre consumériste. Différemment de Brothers, le chef-d'oeuvre de Yu Hua qui abordait cette question sous l'angle de la rupture, L'Enfant des fleurs souligne la continuité politico-historique entre ces deux ères et les traumatismes vivaces. Rares sont les romans chinois contemporains aussi dérangeants et impudiques, et aussi révélateurs des contradictions de la Chine d'aujourd'hui. Le livre s'ouvre de nos jours, par la mort de Mère et les rites funéraires auxquels participent tous les membres de la famille. La narratrice, romancière installée en Grande-Bretagne, est de retour chez elle après une longue absence. Elle ne s'explique pas la fin de vie de sa mère, acculée à la misère, et à qui elle a dissimulé un douloureux secret. Elle remonte dans le passé, revisite l'existence tumultueuse de Mère, s'intéresse aux relations sentimentales tourmentées de sa nièce, à la cupidité de ses proches, à l'obsession de la Quatrième Soeur pour un professeur de littérature dénommé Xiao Tang, et évoque largement ses propres amours et liaisons. Cette mise à nu vise à mieux comprendre le destin de Mère, son sens du sacrifice, et les dangers qu'elle a courus par amour. Mais elle amène également peu à peu à mieux comprendre le mystère intime de la narratrice. Un poème chinois compare l'amour au fil qu'une mère utilise pour coudre les vêtements de ses enfants, fil que rien ne peut rompre, ni le temps ni l'espace. La narratrice n'en mesurera la vérité que trop tard. Puissant, sans détour, lyrique et cru, ce texte aussi personnel qu'allégorique impose Hong Ying comme l'une des voix les plus étonnantes de la Chine d'aujourd'hui.

10/2013

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Critique littéraire

LETHE. Art et critique de l'oubli

Nul n'est à l'abri de l'oubli. Mais quelles sont ses incidences sur notre vie, sur nos sentiments, sur nos connaissances ? Jusqu'où les exigences de la morale et du droit nous permettent-elles d'oublier ? Dans notre société d'information où la mémoire électronique soutient et menace à la fois la mémoire humaine, où le rêve d'un savoir universel est en train de tourner au cauchemar, la sagesse ne consiste-t-elle pas précisément à savoir abandonner ce qui est superflu ? Les Grecs se représentaient l'oubli sous la forme d'un fleuve, le Léthé, qui était aussi une divinité puissante. C'est eux qui inventèrent un " art de l'oubli " tout en élaborant un art de la mémoire. Depuis Homère, le thème de l'oubli a nourri la culture de l'Occident, inspirant poètes, romanciers, philosophes. A travers leurs écrits se dessinent, plus ou moins explicitement, différentes conceptions de l'oubli : source de péché pour saint Augustin qui se reprochait son criminel " oubli de Dieu ", règle d'hygiène mentale pour Rabelais comme pour Montaigne, règle de vie amoureuse selon Casanova, condition de l'intelligence pour les hommes des Lumières... " Laissons le passé être passé ", implore le Faust de Goethe, tandis que Nietzsche s'écrie " bienheureux les oublieux ". Et les psychanalystes se sont à leur tour intéressés aux " dispositions secrètes de celui qui oublie ". Toute théorie de l'oubli implique sa critique. Car l'oubli, à côté de sa dimension privée, comporte une dimension publique et politique. L'amnistie et l'oubli miséricordieux que les chrétiens associent au pardon peuvent apporter la paix. Mais l'homme doit se battre contre le danger d'amnésie des génocides, et en premier lieu celui de l'Holocauste. Nos ordinateurs comportent une touche " efface ". Mais que faut-il " effacer " ? Ce livre, qui parcourt les méandres du Léthé à travers les siècles, nous propose une profonde réflexion à ce sujet.

09/1999

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Poches Littérature internation

Catherine Morland

" Alors que vers la fin du XVIIIe siècle le roman noir semait ses naïves terreurs dans les foyers anglais, Jane Austen, née en 1775 et qui écrit depuis l'âge de douze ans, ne s'intéresse ni à l'histoire, ni à la politique, ni aux fantômes. Elle n'a de goût que pour la vie - la vie telle qu'un œil acéré peut en surprendre les manèges dans un salon, voire une salle de bal où les jeunes gens dansent tandis que leurs parents évaluent rentes et dots. Comme on le voit dans ce roman - le troisième, écrit entre sa vingtième et sa vingt-troisième année, après Raisons et sentiments et Orgueil et préjugés - où une jeune provinciale de bonne famille est envoyée à Bath, prendre les eaux, pour faire son apprentissage du monde et des intermittences du cœur. Dans ce chef-d'œuvre, qu'elle a remanié en 1815, deux ans avant sa mort, Jane Austen, sans doute l'un des esprits les plus implacablement satiriques de toute la littérature, traite sa protagoniste non comme une créature de chair et d'os, à l'instar de tous les romanciers, mais bel et bien comme une héroïne de roman égarée au milieu de conjonctures qui, par rapport aux habitudes du genre, la rabaissent, à chaque instant, aux yeux du lecteur. Et c'est avec une allégresse féroce que Jane Austen nous la montre se comportant, à la moindre occasion, en référence à son livre de chevet, Les mystères d'Udolphe, de Mrs Radcliffe, publié en 1794, juste avant qu'elle-même ne commence cette Catherine Morland (Northanger Abbey). Ainsi parodiait-elle le roman gothique et ses candides lecteurs, promis aux mêmes déboires que Don Quichotte intoxiqué par les ouvrages à la gloire de la chevalerie. Et ainsi du même coup, annonçait-elle et énonçait-elle l'idée qui serait plus tard au cœur de la modernité, et selon laquelle la vie finit toujours par imiter l'art ". Hector Bianciotti.

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Sciences historiques

Morales en révolutions. France, 1789-1940

Quel est le rôle de la religion, des révolutions dans la définition des morales révolutionnaires et contre-révolutionnaires du XIXe siècle français ? Les éloges contre-révolutionnaires servent-ils l'alliance du trône et de l'autel sous la Restauration ? Les libéraux s'accordent-ils sur le courage civil, vertu des temps censitaires ? Militants néo-jacobins, disciples de Fourier, conspirateurs de l'ombre, communards, exilés politiques. poètes et romanciers romantiques, mouchards distinguent-ils morale privée et morale publique ? Sont-ils les prophètes d'une régénération morale de la société française ? C'est à ces questions que tente de répondre cet excursus. Les morales s'affranchissent ou non des Eglises et de l'Etat et, surtout, sont d'abord, au-delà du sentiment diffus de préceptes à suivre, définies par des acteurs, individuels et collectifs, et s'expriment à travers une multiplicité de lieux, publics et privés, et de supports. Porte-paroles de la régénération morale, ces acteurs s'inscrivent aussi dans des stratégies de promotion individuelle, professionnelle, collective, posant la question du lien entre morales particulières et morale générale. Pour reprendre les ternies de Philippe Boutre, qui introduit le présent volume, les révolutions apparaissent contrite le révélateur d'une ululation de l'éthique .politique et un formidable accélérateur des processus d'exculturation des anciennes morales du Décalogue de la sphère publique à l'âge de la démocratie et du suffrage universel. Les diverses contributions réunies ici, fruits d'une recherche collective menée au Centre d'Histoire du XIXe siècle, éclairent ainsi la plasticité des morales de la Révolution française à la IIIe République niais aussi la nécessité d'une interprétation incluant la dimension morale et la prise en compte d'une histoire faite par les acteurs, avec leurs indécisions leurs itinéraires, leurs contradictions. Comme l'écrit Michel de Certeau dans L'Ecriture de l'histoire (1975), à propos de l'étatisation et de la laïcisation à l’oeuvre aux XVIIe et XVIIIe siècles, «chaque fois que les références normatives d'une société fléchissent la moralité reflue vers l'acte individuel.

04/2015

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Critique littéraire

Les écrivains polonais sous trois dictatures 1918-1953

Les écrivains polonais sous trois dictatures porte à la connaissance du public français plus d'une vingtaine d'auteurs. Si quatre d'entre eux, Witold Gombrowicz, Ignacy Witkiewicz, Czeslaw Milosz, Bruno Schulz, nous sont familiers, de nombreux poètes et romanciers importants dans le monde des lettres polonaises restent inconnus ou méconnus ici. En Pologne, durant les deux décennies de l'entre-deux-guerres, le poète Julian Tuwim occupe l'une des premières places. Ses poèmes enivrés de vie, dont certains inspirés de Rimbaud, provoquent des scandales dans les milieux conservateurs. Dans le ghetto de Drohobycz en 1942, la tragédie est à son comble le jour d'une course à la tuerie de cibles vivantes. Bruno Schulz est abattu par un Waffen SS d'une balle tirée à bout portant. Zofia Nalkowska conserve l'image de grande dame des lettres polonaises, tandis qu'une poétesse inconnue, modeste, est sortie de l'ombre par les fins limiers suédois qui offrent la distinction suprême en littérature à Wislawa Szymborska. Catholique libéral, Czeslaw Milosz déjoue la dictature en se faisant nommer en poste à l'ambassade de Pologne à Paris. Il peut ainsi publier ses oeuvres en toute liberté et sera auréolé du prix Nobel de littérature en 1980. Cet ouvrage clôt une étude approfondie et documentée en six volumes sur les écrivains confrontés aux dictatures nazie, fasciste, stalinienne, franquiste, vichyste. Il s'inscrit dans la même perspective et la même volonté de rendre hommage et justice aux talents littéraires que l'histoire a marginalisés, méconnus ou effacés de notre culture et de notre mémoire. Remettre leurs oeuvres et leur vie à leur juste place, rappeler les écrits et les auteurs qui ont collaboré avec les régimes totalitaires, mis leurs talents au service des persécuteurs dont certains sont aujourd'hui honorés, enseignés en toute méconnaissance ou négation de leur rôle, tels sont les objectifs auxquels l'auteur se consacre.

12/2017

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Critique littéraire

La littérature de l'anarchisme. Anarchistes de lettres et lettrés face à l'anarchisme

Cet ouvrage tente de restituer une image globale des rapports entre l'anarchisme et les milieux littéraires de 1848 jusqu'à la fin des années 1930. Au-delà de la période de la fin du siècle, marquée par les attentats à la bombe qui ont inscrit une image souvent stéréotypée du mouvement dans la conscience du grand public, et au-delà des rapports avec le symbolisme et les avant-gardes poétiques, auxquels on a souvent réduit l'influence de l'anarchisme dans la sphère littéraire, ce livre vise à offrir un tour d'horizon des productions variées des auteurs qui ont mis leur plume au service du drapeau noir. A travers nombre de sources inédites et avec une attention particulière à la création et aux débats littéraires véhiculés par les nombreux journaux et périodiques de la presse militante, sont ainsi examinés les rapports des anarchistes avec les grands mouvements littéraires de l'époque (romantisme, réalisme, naturalisme, symbolisme) et la conception anarchiste de la culture et de l'éducation. Une série de monographies et d'études d'oeuvres sont ensuite consacrées à des auteurs appartenant au monde la culture officielle qui ont mis en scène des anarchistes dans leurs oeuvres - dont notamment, Anatole France, Montherlant, Ernest Psichari, Villiers de l'Isle-Adam, Roland Dorgelès - et à la découverte de romanciers et littérateurs proches de l'anarchisme ou actifs dans le mouvement. Parmi eux figurent plusieurs ayant joui en leur époque d'une certaine notoriété - Han Ryner, J. H. Rosny aîné, Jules Lermina, Jehan Rictus -, alors que d'autres - Brutus Mercereau, Fernand Kolney, Henri Rainaldy, K.X. e nombre de nouvellistes - sont demeurés dans l'essentiel presque totalement inconnus en dehors des circuits du mouvement libertaire. Une conclusion vient clore ce tour d'horizon et souligner la richesse et la diversité de la création anarchiste en littérature, sur un arc temporel bien plus long que celui à l'intérieur duquel on a généralement tendance à la limiter.

09/2014

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Sociologie

Jeunesse d'ici et d'ailleurs transculturelle & digitale. Refus d'assignation à résidence

"Les moins de 30 ans ont de quoi s'indigner", alerte, ajuste titre, Jean-Michel Bezat, éditorialiste au journal Le Monde, dans un texte paru le 25 septembre 2017. La jeunesse du XXI siècle, d'ici et d'ailleurs, se retrouve face à des systèmes sociaux, sanitaires, économiques et culturels qui explosent. Selon l'Unesco, les moins de 30 ans représentent 50,5 % des 7,5 milliards d'êtres humains. L'institution précise que 89,7 % des moins de 30 ans vivent dans les pays émergents et en voie de développement, notamment au Moyen-Orient et en Afrique. Par ailleurs, la planète dénombre au moins 100 millions d'enfants des rues, dont environ 18 millions pour la seule Inde, qui en compte le plus. L'Asie enregistre, elle, le plus de jeunes individus : 754 millions. Ce nombre a presque triplé depuis 1950. Les pays d'Afrique subsaharien ne ont la plus grande proportion des moins de 30 ans au monde (70 %). Le présent ouvrage, fruit de l'expérience d'acteurs de terrain engagés (éducatrice spécialisée-styliste-mère de famille, photographes, directeurs de centre d'accueil et d'accompagnement, ethno-psychologues, juriste, journaliste et médecin), est un document unique. L'approche pluridisciplinaire met en lumière des réflexions, des faits, des gestes, des coups de gueule mais surtout un refus de silence. La jeunesse agit, manifeste ou se tait. Toutefois, elle a un impératif : repenser le monde. L'éducation est au coeur de son projet de société sur fond d'actes de collaboration intergénérationnels permettant de dessiner de nouveaux contours et contenus du vivre-ensemble. Le confinement lié au coronavirus est une alerte mondiale : "Aimons-nous vivants." Il va falloir semer de bonnes graines et leur laisser le temps de germer avant de planifier la récolte. La ligne de partage des responsabilités est à écrire avec une obligation commune : privilégier le bien-être commun, sans perdre de vue que e la jeunesse est l'espoir des lendemains, comme l'affirme la romancière Sophia Sherine Hutt.

02/2021

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Littérature française

Paris en miettes

Un essai ludique et déjanté sur la présence de Paris dans les romans de grands auteurs québécois. Un regard grinçant et amusé sur le malaise culturel que les Québécois éprouvent à l'égard de la grande culture française. Des romanciers québécois ont parfois pris le risque (mais c'est de plus en plus rare) d'emmener leurs personnages à Paris pour qu'ils essaient (désir, velléité, épreuve ? ) d'y vivre, sinon une vie parisienne, une vie ailleurs, leur imaginant une existence dans la vieille ville de Voltaire, de Vian. Yan Hamel, lisant ces romans que signèrent Anne Hébert, Marie-Claire Blais, Jacques Poulin, Michel Tremblay, Gail Scott, Jacques Godbout, Victor-Lévy Beaulieu, la Manitobaine Gabrielle Roy et l'Acadienne France Daigle, n'a pu que constater les tristes inappétences de ces émigrés romanesques, un certain malaise, un mal-être nourri d'un sourd et profond sentiment de servitude culturelle. Car les deux solitudes ne sont pas toujours celles qu'on pense, et le Canayen, le pas sortable, le forestier, pour paraphraser Gaston Miron, ne peut s'empêcher de se sentir dépaysé, gauche, empêché, quand il débarque à Paris, cette mère perverse et narcissique. Le choc culturel n'en est que plus grand et pernicieux, parce que nous portons en nous un amour inné pour la France et que nous nous berçons de l'illusion d'une " langue partagée ", qui se révèle au contraire le plus implacable de tous les instruments de division. Ce livre est un essai ludique, car au milieu d'une pénétrante analyse des textes coule un filon poétique qui joue de toutes les tonalités et de tous les accents, allant du joual à l'argot, et qui creuse tout l'inavouable du malaise qui nous gagne infailliblement quand nous foulons les trottoirs de la Ville Lumière. Devant ce constat, Yan Hamel s'emporte et se fait, en héraut tocard, le ramasse-miettes de ces agapes ratées.

03/2023

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Thèmes photo

Marie-Jo Lafontaine. Tout ange est terrible

L'une des plus importantes artistes de notre temps, Marie-Jo Lafontaine, rencontre, dans Tout ange est terrible, Véronique Bergen, écrivaine de même renom : toutes deux portées comme le vent par un certain sens de la tragédie qu'elles expérimentent du point de vue formel, politique, et, toujours, dans le bouleversement émotif du sensible. Livre d'art, récit philosophique et conte érudit, cette monographie offre un parcours moins chronologique que conceptuel dans l'oeuvre de Marie-Jo Lafontaine dont il souligne, d'abord, le décloisonnement inouï des pratiques inauguré par l'artiste. Le rapport texte-image inédit du livre en met en exergue la liberté. Car, pour Véronique Bergen, une recherche sur les ultimes contrées du visible demeure le projet de l'artiste, et, elle en décline l'importance dans le registre de la perception, de l'espace, de la couleur et de la fulgurance, extatique, des monochromes dont la philosophe donne une synthèse magistrale de l'histoire esthétique. Au fil d'inventions poétiques stellaires, l'écrivaine décrit sa fascination pour "le regard" de Marie-Jo Lafontaine. Marie-Jo Lafontaine est une artiste contemporaine belge de notoriété internationale, née en 1950 à Anvers et vivant aujourd'hui à Bruxelles. Elle est connue pour ses installations multimédia, sculptures vidéo, installations photographiques et monochromes, créations sonores, environnements urbains. Son oeuvre est d'une grande intensité plastique, esthétique et dramaturgique. Lauréate d'inombrables prix et distinctions internationales, elle a enseigné très longtemps dans plusieurs hautes écoles d'art en Allemagne et ses créations ont notamment été exposées à la Documenta de Kassel, au Musée du Jeu de Paume de Paris, à la Tate Gallery de Londres ou au LACMA de Los Angeles. Véronique Bergen est philosophe, romancière et poète. Auteur d'essais philosophiques, de romans qui donnent voix aux oubliés, aux exclus, de recueils de poèmes, de monographies sur des photographes, des peintres, elle collabore à diverses revues. Alexandre Castant est professeur des Ecoles nationales supérieures d'art, essayiste et critique d'art

02/2021

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Littérature étrangère

Les petites chaises rouges

Dès qu'il franchit le seuil de l'unique pub ouvert dans ce trou perdu d'Irlande, l'étranger suscite la fascination. Vladimir Dragan est originaire du Monténégro. Il entend s'établir comme guérisseur. On lui trouve un logement, un cabinet médical, et sa première cliente, une des quatre nonnes du lieu, sort de sa séance totalement régénérée. Rien d'étonnant à ce que Fidelma, très belle et mariée à un homme bien plus âgé qu'elle, tombe sous le charme. L'idylle s'interrompt quand Dragan est arrêté. Recherché par toutes les polices, il a vécu à Cloonoila sous un faux nom. Inculpé pour génocide, nettoyage ethnique, massacres, tortures, il est emmené à La Haye, où il rendra compte de ses crimes. Le titre choisi par Edna O'Brien s'éclaire alors, ainsi que l'introduction rappelant que 11 541 petites chaises rouges avaient été installées à Sarajevo en 2012 pour commémorer la mémoire des victimes du siège. Le vrai sujet de cet extraordinaire roman n'est pourtant pas la guerre civile de Bosnie, ni la figure de Radovan Karadzic, dont il s'inspire. Avec une infinie tendresse et une infinie compassion, la grande romancière irlandaise se penche sur le destin d'une femme ordinaire, que sa naïveté a rendue audacieuse, et dont l'existence a été ravagée pour avoir vécu, sans savoir à qui elle avait affaire, une brève histoire d'amour avec l'un des monstres les plus sanguinaires du XXe siècle. Après l'arrestation de Vlad, il est impossible pour Fidelma de rester en Irlande. Réfugiée à Londres, dans le monde souterrain des laissés-pour-compte, elle vit de petits boulots, hantée par une honte indépassable, et par la terreur. La prose d'Edna O'Brien est éblouissante : comme dans la vie, passant de la romance à l'horreur, d'un lyrisme tremblé au réalisme le plus cru, de la beauté au sentiment d'effroi le plus profond, elle nous donne, avec ce roman de la culpabilité et de la déchéance d'une femme, son absolu chef-d'oeuvre.

09/2016

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Economie (essai)

Quand l'économie nous est contée

Etienne de callataÿ et Luc Leruth ont convaincu quelques autres éminents collègues économistes de relever le pari de mettre leur discipline à l'épreuve de la littérature, et par la même occasion d'expliquer et de discuter bon nombre de notions et de concepts propres à la pensée économique la plus exigeante à travers un choix d'oeuvres de la littérature mondiale. Parmi ces conteurs sachant compter on relèvera les noms de Denis de crombrugghe, isabelle de Laminne, André de Palma, victor Ginsburgh, Georges hu ? bner, Florence Jaumotte, Danielle Meuwly, Pierre nicolas, Pierre Pestieau, Jean-Philippe Platteau, Patrick van cayseele, herman van rompuy, Luc Wathieu et serge Wibaut. Le lecteur de fiction sera parfois économiste et la résonance pourra alors porter sur une question professionnelle. c'est le propos de cet ouvrage. chaque contributeur offre une lecture économique d'une oeuvre de fiction de son choix, s'amusant de l'antériorité ou de la subtilité avec laquelle certains aspects de théories récentes sont éclairés par les personnages. ces économistes ont-ils voulu détecter dans ces écrits littéraires des apports dépassant l'intention des poètes et romanciers qui les ont rédigés ? c'est possible, et cela n'aurait rien de choquant. il s'agit là de la liberté du lecteur, miroir de celle de l'auteur. Le seul respect dû à l'écrivain est de ne pas en faire son porte-voix. L'oeuvre romanesque doit stimuler et non dicter, offrir des pistes de réflexion et non enfermer dans un carcan ou dicter une conclusion. etienne de callataÿ (université de namur, université catholique de Louvain et London school of economics) a travaillé à la Banque nationale de Belgique et au Fonds Monétaire international et est co-fondateur d'orcadia AM, une société de gestion patrimoniale. Luc Leruth (université Libre de Bruxelles) enseigne actuellement à l'iset en Géorgie après avoir enseigné à l'université d'essex et à solvay. il a travaillé au Fonds Monétaire international et est l'auteur de nombreuses publications scientifiques ainsi que de quatre romans publiés par Gallimard.

09/2021

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Littérature française

Nous nous aimions

Dans les années 1980, tous les étés, la scène se rejoue à l'aéroport de Moscou, escale obligatoire au retour des vacances en Géorgie : les douanières fouillent les valises, terrorisent les filles et menacent leur mère, Daredjane, de ne pas la laisser repartir à Paris, lui rappelant qu'ici, elle est toujours soviétique. Mais Daredjane tient à ce que Kessané et sa soeur gardent un lien avec leurs grands-parents et avec son pays natal, qu'elle a quitté pour s'installer en France. Son mari, Tamaz, finissait par les retrouver et la famille reprenait le cours limpide des jours, dans leur pavillon du Vésinet. Bien longtemps après, Daredjane contemple tristement le portrait de Tamaz, mort depuis dix ans déjà. Elle se sent étrangère dans la belle maison de Kessané, devenue journaliste, à qui elle reproche sa dureté. La mort du père a fait voler en éclats l'harmonie passée, les soeurs, si proches, se sont éloignées l'une de l'autre. Tout était si simple avant, et si romanesque : le coup de foudre de Tamaz pour Daredjane, venue se produire au Théâtre des Champs-Elysées avec le ballet de Géorgie ; la détermination de la belle danseuse à le rejoindre à Paris ; le premier flirt de Kessané, son aînée, avec ce jeune voisin d'Abkhasie... Elucidant les raisons de ce désamour à la clarté des souvenirs heureux, la subtile romancière excelle à suggérer les failles, à scruter les dissonances et surtout les silences : si on ne parlait pas de politique, c'est pourtant sur fond d'exil et de guerre que s'est écrite l'histoire de cette famille apparemment si ordinaire. Comme autant d'ondes de choc, les drames de leur pays d'origine viennent se mêler au drame intime que vivent ces trois femmes désormais confrontées à leur solitude. Nous nous aimions est un très beau roman sur l'empreinte ineffaçable de l'enfance.

08/2022

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Littérature anglo-saxonne

Le sang noir de la terre

Oklahoma, années 1920, réserve des Indiens osages. La découverte d'importants gisements de pétrole sur des terres appartenant aux Osages fait la fortune de quelques membres de la tribu. Hommes d'affaires et autorités locales, dont les intérêts sont en jeu, voient cela d'un mauvais oeil. Dès lors, tous les moyens, dont les meurtres, sont bons pour faire main basse sur ce sous-sol qui renferme d'inestimables richesses. C'est ce qui arrive à Grace Blanket, assassinée. La famille Graycloud, qui a recueilli sa fille Nola, est menacée. Autour d'eux, les morts suspectes et emprisonnements se multiplient. Privés de leurs revenus puis de leurs terres, les Osages sont réduits à la misère. Des lettres arrivent au FBI à Washington, dénonçant les meurtres d'Indiens impunis. Malgré des fuites dans la presse, celles-ci demeurent sans effet. Jusqu'au jour où Stace Red Hawk, un Sioux lakota devenu agent du FBI, est envoyé sur place en mission d'observation. Prenant fait et cause pour ses "frères indiens" de l'est, il suivra les Graycloud dans leur exil, renonçant à un idéal illusoire de coopération avec les Blancs. Fondé sur des faits avérés, le roman de Linda Hogan expose le conflit de deux mondes qui ne peuvent se comprendre. Derrière les images de paysages dévastés, de bidonvilles et d'exode, la cupidité dévastatrice dévore l'univers désormais éclaté des Indiens. A l'heure ou sort le fim de Martin Scorcese, Killers of the Flower Moon qui traite de cette histoire, ce roman est plus que jamais au coeur du sujet. Indienne chickasaw, Linda Hogan, poète, romancière, essayiste, a reçu un American Book Award de la fondation Before Columbus. Titulaire de nombreuses distinctions littéraires, nominée au Pulitzer, elle est professeur à l'Université du Colorado et travaille en tant que bénévole à la préservation de la faune sauvage. Deux autres de ses livres, Power et Femme-Qui-Veille-Sur-Le-Monde ont été publiés dans la présente collection.

02/2023

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Sociologie

Après la dictature. La société civile comme vecteur mémoriel

Le présent ouvrage s'inscrit dans la continuité des réflexions entamées dans le cadre de l'axe 2 du laboratoire 3L.AM des universités d'Angers et du Maine sur la thématique des "formations, déformations, et transmissions des mémoires culturelles", envisagée d'un point de vue résolument pluriel. Les textes ici présentés sont regroupés en deux parties distinctes, Stratégies mémorielles et Fictions et transmission de la mémoire. Cet ensemble permet de démontrer que, lorsque la question de la mémoire se pose, les spécificités nationales s'estompent au profit de similitudes que l'on retrouve non seulement dans la plupart des pays qui ont eu à connaître des régimes dictatoriaux ou totalitaires mais aussi dans la plupart des genres ou des modes d'expression qui s'en emparent. Qu'il s'agisse de l'archive, de la presse ou des arts, la question de la mémoire se pose et s'exprime en termes semblables quel que soit le lieu géographique concerné ou l'époque, ce qui justifie l'approche multidisciplinaire qui est proposée ici : les études portent en effet sur l'Allemagne, l'Autriche, l'Espagne, l'Italie, le Portugal, mais aussi sur l'Afrique du Sud, l'Argentine, le Chili ou Cuba. Et il est intéressant de constater que dans tous ces pays, et sous des formes diverses, les populations n'ont pas laissé le traitement de la question de la mémoire à la seule classe politique, ni même aux seuls historiens. Journalistes, romanciers, poètes et dramaturges s'en sont également emparés à un tel degré qu'il est parfois difficile de trouver la ligne de démarcation entre ce qui relève de la fiction et ce qui appartient à l'Histoire. La question est en effet hautement délicate dans des pays devenus ou redevenus démocratiques, qui ne veulent pas que leur mémoire soit confisquée par les élites au pouvoir comme leur passé l'a souvent été.

04/2012

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Beaux arts

L'Enfant obscur. Peinture, éducation, naturalisme

On connaît surtout du portrait d'enfant l'image conventionnelle d'une enfance innocente et souriante, posant sagement pour le peintre. Cette représentation, conforme au sentiment moderne de l'enfance, s'est poursuivie depuis le siècle de Reynolds jusqu'à nos propres albums photographiques. En présence du modèle enfant, la peinture devient éduquante. Elle ne se contente pas de traduire en image des conceptions pédagogiques : elle participe elle-même de l'acte éducatif en imposant à l'enfant de se tenir, de garder la pose. Tout au long du XIXe siècle, la représentation traditionnelle de l'enfant se fera l'interprète des idées pédagogiques en cours, depuis les théories " redresseuses ", jusqu'aux tendances progressistes qui misent sur un développement naturel de l'enfant. Parallèlement, certains artistes vont trahir cette mission à la fois picturale et pédagogique, pour demander au portrait de peindre, en l'enfant, ce qui résiste à la séance de pose, au rapport éducatif que la peinture instaure avec son modèle : c'est le cas de Géricault, Corot, Degas, Manet, Gauguin, Van Gogh. Chez eux, l'enfant regagne sa part de mystère et de sauvagerie, il devient cet inconnu qui fascine par son regard indéchiffrable, par la liberté de ses mouvements, par la grâce paradoxale de ses disproportions. Sous leur pinceau, l'enfant n'est plus la docile créature du portrait de famille, comme il ne l'est pas davantage sous la plume des romanciers qui, de Balzac à Zola, de Dickens à Vallès, renversent la figure de l'enfant modèle en enfant rebelle, et la naïveté enfantine en lucidité de l'enfance. En ce XIXe siècle où l'enfance suscite à foison des spécialistes, pédagogues et psychologues qui la dissèquent comme jamais, qui prétendent ne plus rien en laisser dans l'ombre, des artistes s'obstinent à peindre un enfant obscur et à trouver dans cette obscurité la raison même de leur intérêt pour lui.

10/2007

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Développement personnel

Assortiment de friandises pour l'esprit ou l'art de positiver au quotidien

A de nombreuses reprises, des lecteurs et des lectrices rencontré(e)s lors de dédicaces ou de salons du livre m'ont confié avoir savouré mes romans, mes comédies, ou mes albums illustrés, comme s'ils s'étaient régalés des écrits d'une bonne copine. Aussi, dans cet ouvrage, j'ai pris le parti de vous parler comme si j'étais la vôtre. Mais entendons-nous bien : je n'ai nulle compétence (et ne prétends pas en avoir !) en terme de psy, de coach ou de conseillère quelconque. Je suis juste une romancière qui a eu envie de partager avec ceux qui lui font le plaisir de la lire des réflexions personnelles, des conseils chaleureux, des pistes d'introspection et des récits d'expérience dans un cadre ludique, divertissant et surtout créatif ! Parce que je suis l'impératrice des angoissées, j'ai fini par apprendre comment relativiser. Parce que j'aime me bombarder de dix mille questions existentielles, j'ai, au gré du temps, trouvé quelques réponses. Parce que ma gym mentale permanente est de positiver ce qui me stresse, je me suis dit que j'allais vous raconter mes techniques. Et parce qu'il est des citations qui ont marqué, galvanisé ou illuminé certains moments de ma vie, j'ai souhaité vous en faire profiter. J'ai donc enfilé ma toque de dessinatrice et noué mon tablier de cuisinière des mots, pour vous concocter un plateau de friandises positives dans lequel piocher avec gourmandise, exactement comme on le fait lorsqu'on prend un thé entre copines. Mais ne vous attendez pas à rester passif(ve) sur votre canapé, bien au contraire : après les sucreries, place aux exercices physiques des doigts ! Donc affûtez votre second degré, votre stylo noir et vos feutres de couleur, enclenchez les moteurs de votre imagination, allumez votre aptitude au rire, au bonheur et aux confidences and. let's party !

10/2014

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Littérature française

Les Aventures de Boro, reporter photographe Tome 4 : Mademoiselle Chat

Complices dans la vie, les romanciers Dan Franck et Jean Vautrin le sont devenus en littérature pour faire revivre ensemble la tradition du grand roman d'aventures. Blèmia Borowicz, dit " Boro ", reporter photographe originaire de Hongrie, est venu chercher à Paris une terre d'asile et de liberté. Il a l'insolence de la bohème et l'élégance désinvolte d'un héros fitzgeraldien d'Europe centrale. Les déraisons de l'amour, les hasards de l'action et les fureurs de l'Histoire le conduisent toujours vers un destin exceptionnel. Tout pourrait paraître simple à celui qui, comme Boro, à la suite d'une nuit passée sur la corniche d'un consulat, trouverait refuge dans le lit d'une princesse roumaine aux yeux verts. Mais il ne faudrait pas que la princesse soit une fausse baronne allemande, encore moins une espionne. Il ne faudrait pas non plus que le larcin d'une simple machine à écrire se transforme en course haletante contre la mort, sous prétexte qu'au pays des faux-semblants on ne doit pas tomber amoureux d'un démon du IIIè Reich, ni prendre Enigma (la plus fabuleuse invention du siècle en matière de décodage) pour une femme. Dérober la machine Enigma, c'est se transformer en cible et s'offrir, fût-ce en courant jusqu'au bout du monde, aux balles et aux tentatives d'assassinat de tous les services secrets. De Bombay à Mysore - en voiture, à dos d'éléphant ou à cheval -, de Karachi à Marseille, - en avion Dewoitine 388-, du Havre à New York - sur le paquebot Normandie -, de Paris à Munich en passant par la Pologne, notre héros va arpenter la planète entière et défier bien des dangers avant de retrouver, femme après femme, déserts après gratte-ciel, luxe après chevauchées, un semblant de repos, tandis qu'éclate l'inéluctable drôle de guerre, antichambre de quatre années de ténèbres.

05/1996

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Critique littéraire

L'atelier du roman N° 37 Mars 2004 : Dix ans d'atelier. Jean Giono

" L'œuvre d'Andrié nous ramène à la vérité, à nous-mêmes. Cette vérité est moins glorieuse que celle que nous servent les mégalomanes nationaux patentés avec leurs histoires sur la noblesse, la splendeur et la gloire de la cour serbe médiévale où, disait-on, on mangeaient avec des cuillères et des fourchettes en or. " Miroslav Karaulac " Ce sont les romanciers qui ont le mieux compris Giono. Je ne parle pas de quelques égarés qui imaginent imiter le maître en plantant des paysans dans la montagne de Lure, en cachant un cadavre et en distribuant larga manu les prénoms sacrés d'Angelo et de Pauline. " Paule Constant " Depuis 1958, j'ai lu ou relu tout Giono avec en arrière-plan, l'envie non de bâtir une théorie, mais de mettre en balance le positif et le négatif des êtres devant l'ennui, de comprendre aussi pourquoi les bouteilles, pour certains, seront toujours à moitié vides quoi qu'ils tentent ! " Christiane Baroche " Aussitôt, un par un, parfois à deux ou trois et se querellant entre eux et même avec lui, les personnages de sa vie imaginaire passent à travers les murs, traversent son bureau et se fondent dans la masse des livres qui composent la bibliothèque de Giono. " Michel Déon " Le panthéisme, si souvent reproché à Giono, j'affirme sans rougir qu'il m'a alors profondément remué. " Jean-Max Tixier " C'est notre cécité, cécité existentielle, qui rend le monde autour de nous si mystérieux. À sa façon discrète, Petr Kral écarte le voile. " Milan Kundera " Grégoire Samsa est un voyageur de commerce. Il n'est rien d'autre. Il ne vit dans aucun autre domaine en dehors du commerce. Kafka décrit l'univers de ce que les sociologues appellent depuis trois siècles " la société économique ". Stanko Cerovic " Le critique ne saurait trop se taire - affirme Alexandre Vialatte. Je suis comblé. " Michel Host

03/2004

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Critique littéraire

Colette ou la Force Indestructible de la Femme

La volupté, la volupté, la volupté ! On a souvent reproché à Colette de ne s'occuper que de la volupté dans son œuvre. S'il est vrai que pour l'héroïne colettienne éprouver l'amour-passion est un droit, c'est la première fois qu'une romancière ose le dire ouvertement. La franchise de Renée de L'Entrave nous renseigne sur la façon nouvelle et personnelle dont la femme de Colette envisage la volupté lors de l'étreinte amoureuse : " Je ne suis pas vaincue, je suis contente ". Il n'y a personne à vaincre, il n'y a pas de don, on ne se donne pas à un amant. Il existe un échange " démocratique " dans lequel la notion de chute n'existe pas, affirme Graciela Conte-Stirling. D'une écriture provocante et passionnée, l'auteur se propose de démontrer qu'à travers ses personnages féminins Colette attaque une certaine vision de la personne et de la mission de la femme, en façonnant, très tôt dans le XXe siècle, une héroïne qui doit faire valoir la force avec laquelle elle est née pour survivre dans le monde, loin de la tutelle de l'homme, pour pouvoir vivre en harmonie avec lui. L'approche psycho-sociologique de la première partie conduit Graciela Conte-Stirling à poser des questions plus amples sur le statut de la femme, son rôle dans la société et l'univers du travail, tout en insistant sur l'influence de l'école républicaine chez la petite Claudine, personnage colettien par excellence. La seconde partie aborde une étude comparative, abondamment documentée, qui surprend par son originalité et sa finesse en traçant des parallèles qui rapprochent Colette des grands écrivains du XXe siècle : Proust, Gide, Sarraute et Duras. Ce travail, d'un schéma extra-hexagonale, ouvre de nouvelles voies pour la compréhension de l'œuvre de Colette et du monde de la femme.

03/2002

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Critique littéraire

Les pages immortelles de Suétone. Les Douze Césars

Rien de plus ennuyeux que Suétone et ses litanies interminables et désordonnées des tares, de la démence, des meurtres et des méfaits, de la mort enfin, toujours violente, des douze Césars dont il aligne les biographies. Si, peut-être : D.A.F. de Sade, le plus soporifique des romanciers. C'est en substance ce que déclare Roger Vailland au commencement de ce livre. Sa lecture structurale — qui s'efforce de trouver les constantes dans les variations, d'en comprendre les logiques, bref, de dégager les lignes de fond — consiste à réorganiser les douze récits selon l'analyse qu'il en fait. En dehors de cette reconstruction, opération majeure, il intervient peu, laissant toute sa place à l'oeuvre de Suétone, dont il nous donne, tout simplement, les clefs et le mode d'emploi. Ce procédé a un double avantage : il relègue au second plan l'océan fastidieux des anecdotes, des exemples et des faits dont la lecture nous étouffait ; il dégage et met au premier plan une analyse du césarisme, c'est-à-dire de la domination des princes portés au pouvoir par la démocratie, mais revêtus d'un pouvoir absolu. Voilà donc un livre utile, comprenons-nous aussitôt ! Passent dans ces pages publiées en 1962, trois ans avant la mort de Vailland, les fantômes discrets mais bien là de Joseph Staline et de Charles de Gaulle... Nous n'insisterons pas sur Staline : la cause est (fort mal, hélas) entendue. Mais de Gaulle, version moderne, soft, à la française, du césarisme, associé en passant aux tyrans sanguinaires de l'Empire romain ! De Gaulle, élu au suffrage universel par le peuple français, sous condition d'une Constitution qui donne presque tous les pouvoirs au Président de la République et plombe notre pays depuis 1958 ! De Gaulle, ne l'oublions pas, chassé dix ans plus tard par le même peuple français ! Voilà qui donne à penser. Vailland conclut : " Prudent Suétone. Il nous a quand même dit tout ce que nous devions savoir de nos futurs cauchemars ".

01/2019

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Photographie

Africa. Edition français-anglais-allemand

Sebastião Salgado est l'un des photojournalistes les plus respectés encore en activité. Sa réputation se fonde depuis des décennies sur un dévouement à l'égard des peuples déshérités et affligés dont il témoigne à travers des clichés puissants en noir et blanc, pris dans des endroits du monde où rare sont ceux qui osent s'aventurer. Bien qu'il ait sillonné l'Amérique du Sud et l'ensemble de la planète, son travail s'est largement porté sur l'Afrique qu'il photographie depuis 30 ans au cours de plus de 40 reportages. Des tribus dinkas dans le sud du Soudan et du peuple himba en Namibie aux gorilles et à la région volcanique des Grands Lacs, sans oublier les réfugiés qui hantent le continent, Salgado nous montre toutes les facettes de l'Afrique d'aujourd'hui. Qu'il témoigne des réfugiés ou des immenses paysages, Salgado sait parfaitement comment saisir l'essence d'un moment pour que, face à ses images, le spectateur y soit involontairement inclus. Ses clichés nous enseignent habilement les conséquences de la guerre, de la pauvreté, de la famine et des conditions climatiques hostiles. Les photographies prises par Salgado en Afrique et réunies dans cet ouvrage sont classées en trois parties. La première se concentre sur le sud du continent (Mozambique, Malawi, Angola, Zimbabwe, Afrique du Sud, Namibie), la deuxième sur la région des Grands Lacs (Congo, Rwanda, Burundi, Ouganda, Tanzanie, Kenya) et la troisième sur la région sub-saharienne (Burkina Faso, Mali, Soudan, Tchad, Mauritanie, Sénégal et Ethiopie). Les textes ont été écrits par la célèbre romancière Mia Couto, originaire du Mozambique. Elle décrit comment l'Afrique contemporaine illustre les effets de la colonisation et les conséquences des crises économiques, sociales et environnementales. Ce livre spectaculaire n'est pas seulement un document fondamental sur l'Afrique, il est aussi et surtout un hommage à un continent, à son histoire, ses peuples et ses phénomènes naturels.

04/2015

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Littérature française

Les Frénétiques

En mettant en scène la rencontre amoureuse entre deux femmes sur une île volcanique, Adeline Fleury nous offre un thriller saphique d'une sensualité incendiaire. Ada est une femme libre, romancière et mère célibataire, dont l'inconstance amoureuse a fini par lui laisser un goût amer. Après avoir décidé depuis un an de ne plus se laisser dominer par sa libido, elle part en vacances avec son fils de dix ans, Nino, sur une île au large de Naples. Sur le bateau qui les transporte vers leur paradis italien, le soleil et les embruns de la mer Tyrrhénienne réveillent le corps d'Ada, mis en sommeil par des mois de travail abrutissant et d'abstinence. Elle y remarque bientôt la présence d'une jeune fille rousse de vingt ans à la beauté renversante. Eva se révèle être la nièce d'autres résidents de la pension de famille où Ada et Nino séjournent. Autour de la piscine, ou sous les amandiers du jardin, à l'affût des moindres faits et gestes de la jeune fille, Ada découvre en elle des émotions inédites. Pour la première fois, elle est attirée par une femme, cette mystérieuse rousse aux faux airs de Botticelli, à la fois ange et démon, aussi troublante qu'insouciante. La sensualité de l'île et la bonne entente d'Eva et Nino invitent Ada à ne pas résister à ce désir irrépressible qui semble réciproque. Mais l'île est bientôt traversée de secousses sismiques et l'ombre d'un homme jaloux plane sur cette parenthèse idyllique. Ada et Eva auront-elles le loisir de vivre leur singulière histoire amour ? Roman d'une sensualité omniprésente, Les Frénétiques se déroule sur une île volcanique où l'exultation des corps est proportionnelle au risque permanent d'éruption. Renforçant la charge érotique du texte, la somptuosité des paysages, l'exacerbation des parfums et des saveurs conjugués nous transporte dans un univers où la raison se dissout face à l'impériosité des désirs.

03/2022

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Biographies

Je pense à votre destin. André Malraux et Josette Clotis - 1933-1944

Née dans l'euphorie de son prix Goncourt 1933 et sur un pari farfelu, pour reprendre un mot d'André Malraux, sa liaison avec Josette Clotis devient rapidement une passion - contrariée et d'autant plus flamboyante. La ravissante et jeune romancière, toute gauche qu'elle soit, est aussi une femme rebelle et tenace. Elle ne s'accommode pas de vivre à la marge du couple d'André et de Clara Malraux, laquelle la surnomme " la provinciale " . André et Josette vivent côte à côte plutôt qu'ensemble, voyagent, s'écrivent, s'aiment, ont deux enfants. La guerre ne désarme pas celle qui veut tout Malraux et tout de lui. On ne savait à peu près rien de ce Malraux amoureux. Son enrôlement en 1940 comme soldat de deuxième classe dans une unité de chars à Provins en fait un épistolier malgré lui, attentif et protecteur, pudique et spirituel, toujours tendre envers Josette. Celle-ci, qui excelle dans l'écriture de soi, remplit depuis des années des cahiers secrets, jusqu'à sa mort tragique en 1944, les jambes broyées à la suite d'une chute d'un train. Elle y a consigné les soubresauts de leur relation, mais aussi ses désirs de femme affranchie, loin de la midinette capricieuse ayant capté Malraux à quoi on a trop souvent voulu la réduire. Je pense à votre destin, fondé sur des archives inédites, fait le récit de cette passion qui n'a pas duré moins de douze ans. Il est suivi de trente-cinq lettres de Malraux largement inédites, de fragments issus des cahiers inédits et de projets de romans de Clotis où Malraux apparaît, ainsi qu'un cahier préparatoire de celui-ci, inédit lui aussi, aux Noyers de l'Altenburg, auquel il travaillait du temps de leur liaison. Tous contemporains, ces éléments racontent, chacun à sa façon, une histoire inouïe d'amour et de littérature. Rappel : La Tentation de l'Occident d'André Malraux ainsi que les mémoires de Clara Malraux, en particulier Nos vingt ans, sont disponibles dans la collection Les Cahiers rouges.

03/2023

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Littérature étrangère

Oeuvres. Au-delà des illusions, Les Paradis aveugles, Roman sans titre, Terre des oublis

Les romans de Duong Thu Huong nous font entrer dans l'intimité de son pays, le Vietnam, mais aussi dans d'étranges contrées où les hommes tentent de s'approcher, non sans crainte, des secrets de leurs errances. Née dans une famille de lettrés, enfant de la guerre et du communisme, Duong Thu Huong est devenue une nouvelliste et une romancière aimée et célébrée dans sa patrie. Parce qu'elle cherchait à connaître la vérité de son histoire, les dirigeants vietnamiens l'ont insultée et calomniée. En 1991, ils l'ont jetée en prison et soumise à un régime d'isolement dans des conditions infectes. L'épreuve n'a pas empêché Duong Thu Huong, habitée par une certaine idée de la liberté, de continuer de rêver et de croire. Aujourd'hui, cette femme indomptable vit à Paris. Les saisons et les jours de son exil français sont consacrés aux romans qu'elle s'est promis de terminer avant de rentrer chez elle. Duong Thu Huong incarne le renouveau d'un pays qui a traversé trop de souffrances. Le cœur du Vietnam bat sous chacun de ses mots, dans tous ses romans, jusqu'à son maître livre, Terre des oublis. Elle le raconte d'une prose fluide et évocatrice. Souvenirs, espérances, vallées couvertes de fleurs éphémères, collines, masures à toit de feuilles, villas somptueuses, mais aussi les hommes brûlés par des bombes, beaucoup de cadavres. Les âmes des morts ont une grande importance. "Les préoccupations politiques et morales, écrit Antoine Audouard dans sa préface, traversent son œuvre tout entière, de même que l'exploration minutieuse, parfois atroce, dont la guerre et l'histoire façonnent, cassent, broient le destin des individus dans leur intimité. " L'univers de Duong Thu Huong est celui des métamorphoses et des cicatrices, des royaumes perdus et retrouvés. L'on y croise des êtres épris d'absolu, des cœurs purs qui trébuchent, des volontés résignées, des héros qui ont raté le coche. Tous nous parlent de la formidable puissance de la vie.

04/2008

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Critique

Ecrire la nature, imaginer l'écologie. Pour Pierre Gascar

En juin 1972 Le Monde consacre un dossier spécial à "Littérature et pollution". L'occasion est fournie par la Conférence de Stockholm, qui établit les bases de la gouvernance mondiale de l'environnement. Quelques mois plus tard paraît en France le premier numéro de La Gueule ouverte. Mensuel écologique, à travers lequel Pierre Fournier, dessinateur libertaire et antinucléaire venu d'Hara Kiri, tente de sensibiliser ses amis gauchistes à l'écologie. C'est au même moment que Pierre Gascar publie Le Présage, un recueil de récits intégralement consacré aux lichens. Gascar, qui dans la décennie qui entoure 1972 fait paraître ses livres majeurs, choisit de voir dans la disparition de ces organismes extrêmement sensibles à la pollution le signe de la détérioration de l'environnement. Avec ce livre, il place l'écologie naissante au coeur de la littérature la plus exigeante. Ironiquement, c'est au moment où Gascar fait résonner ce que nous considérons aujourd'hui comme un enjeu de société majeur, qu'il va progressivement tomber dans l'oubli. L'estime de Kenzaburo Ôé, des dizaines de livres publiés chez Gallimard, un Prix Goncourt remporté en 1953 et le Grand Prix de l'Académie obtenu en 1969 n'y changeront rien, pas plus qu'un engagement social généreux qui date du Front Populaire. Gascar s'est effacé de nos mémoires, balayé par l'esthétique des Nouveaux Romanciers avec lesquels il entretenait pourtant un dialogue fertile. Ignoré par un monde littéraire longtemps indifférent à l'écologie. Cinquante ans après l'année qui constitue le moment pivot marquant la prise de conscience environnementale, il est temps de lire enfin Gascar. Son imaginaire, qui doit autant à une sensibilité pour la nature remontant à une enfance campagnarde qu'à une révolte face à la manière dont l'homme maltraite l'environnement, résonne aujourd'hui avec d'autant plus de force qu'elle est portée par une écriture des sens particulièrement apte à faire voir le monde dans sa matérialité.

05/2021

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Thrillers

Le doigt du sang

Grand chef étoilé lillois, Eric Lallot traverse une passe difficile. Son restaurant perd de l'argent, ses créanciers ne lui font pas de cadeaux et sa femme vient de lui donner un fils avec six doigts aux pieds. Quand un notaire lui propose un pacte qui effacera toutes ses dettes, il n'est pas en situation de refuser. Il accepte de cuisiner pour un peintre américain pendant dix jours dans son château installé dans la Somme. Il ignore que ce château est celui de son village natal et que son retour au pays n'est pas dû au hasard. Quel est son rapport à ce château et à ses habitants ? Qui est ce peintre mystérieux ? Et que cherche-t-il ? Entre thriller et recherche identitaire, Jean-Marc Demetz évoque la période marquante du déclin de l'empire textile du nord de la France, dans ce roman sombre et mordant ponctué de bons moments de gastronomie. Un thriller sombre et mordant. Télé Star Un style fluide, sombre, empreint de gravité. Voix du Nord Voilà un roman du meilleur niveau, méritant d'être découvert par un large lectorat. Action-Suspens L'écriture est soignée. Les dialogues sont bien vivants et tout cela s'enchaîne facilement. Un polar-collectif Jean-Marc Demetz fait partie de ces romanciers réussissant, grâce à leur ton personnel, à nous entraîner dans de passionnantes histoires. ABC Polar Jean-Marc Demetz s'est lancé dans le roman qui s'inscrit dans une vision noire du monde, mais qui reste, pour lui, toujours nimbé d'une lueur d'espoir. Pour les sept romans réalisés, il s'inspire de ses passions, voyages et rencontres et il mène des enquêtes fouillées afin de retranscrire les détails qui jettent le lecteur dans l'intrigue avec le plus grand réalisme. Le doigt du sang est son septième roman. Son actualité est à suivre sur son site : https : //www. jeanmarcdemetz. com (Lien -> https : //www. jeanmarcdemetz. com/)

03/2023

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Littérature française

L'Odeur d'un père

L'Odeur d'un père compte parmi les textes les plus personnels de Catherine Weinzaepflen, romancière et poète reconnue. Il lui a fallu des années pour aller au plus près d'elle-même et aborder la figure de son père, du courage pour sortir ainsi de l'artifice qu'offre la fiction et du jeu de la poésie. Suivant la trace de sa mémoire olfactive, l'autrice fait ressurgir les fragments d'une enfance tiraillée entre plusieurs pôles. A l'âge de onze ans, elle quitte Strasbourg où sa mère s'est installée avec elle après avoir soudainement quitté le foyer conjugal, et se rend en Centrafrique pour passer les vacances scolaires dans la maison que son père partage avec sa nouvelle épouse au bord d'un lac. Quoi que jouissant de prérogatives coloniales, il y mène une vie simple. L'odeur du père est celle, opiniâtre et agressive, de l'aftershave Gillette Bleu mêlé à la lotion Pantène contre la chute de cheveux ; mais aussi, plus douce, la fragrance du savon Camay rose. Livre de réconciliation autant que " Lettre au père ", ce récit à la première personne porte un regard rétrospectif humain sur le déclin d'une figure paternelle, sans en épargner les aspects les plus brutaux. A l'horizon, les vestiges du temps passé à Bangui, berceau d'une enfance africaine débordante de vitalité, à jamais présente dans la chair du souvenir. " Comment pourrais-je dormir en pleine journée ? Aujourd'hui je vis la sieste comme un luxe, à douze ans je suis tenaillée par une pulsion de mort. Alors je repousse ces siestes mortifères en écrivant. Je vois encore le grand cahier cartonné à couverture marbrée vert et noir, les pages à petits carreaux. J'ai le souvenir de poèmes et de collages, d'une sorte de journal codé, car je me sais sous surveillance. C'est néanmoins à l'heure de la sieste que je commence à écrire en Afrique, prémisses d'une activité qui déterminera ma vie. " C.W.

01/2021

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Fantasy

Les 7 mondes d'Ixorana, tome 3. Le miroir de Mandragora

Dans ce troisième tome, L'histoire reprend alors que Florimond et Lilith, égarés dans un trou noir du couloir des miroirs, trouvent une porte de sortie sur le deuxième monde. Prisonniers du machiavélique Grand Quimbois, empereur des Minotaures, ils réussissent à s'évader mais sont de nouveau faits prisonniers par le tout-puissant Larégore, Seigneur des Sauroctones. Dès cet instant, les deux amis vont être pris en tenaille entre Les royaumes de Quimboisie et de Mandragora qui se disputent la couronne de ce nouvel univers. Leurs amis chevaliers du septième monde arriveront-ils à les rejoindre ? De son côté, le roi Alix, privé de son miroir volé par le mage Abalor, parviendra-t-il à quitter le premier monde afin de partir à la recherche de Lilith et trouvera-t-il la piste qui le conduira jusqu'à son bien régalien ? Une fois de plus, le lecteur se trouve entraîné à un rythme effréné dans un univers épique envoûtant, où les personnages, à la poursuite de leur fabuleux destin, vont vivre une épopée passionnante, pleine de rebondissements, d'intrigues et de rencontres inattendues. L'auteure Renée-Claude ADOLPHE est née en Guadeloupe. Son goût pour l'écriture, ressenti dès l'enfance est récompensé en 1966 par le diplôme d'honneur des jeux Floraux de l'an XV de la Guadeloupe dans la section junior. Elle publie son premier ouvrage en 2010. Aujourd'hui retraitée, elle se consacre davantage à son statut de romancière, tant sur son île qu'en Métropole, entre écriture et rencontres avec ses lecteurs. la passion de l'auteure pour la faune, la flore, l'amour des vieilles pierres, des vestiges du passé, l'histoire des Antilles, des civilisations et tout ce qui touche au patrimoine en général ont fait naître sous sa plume cette passionnante saga qui entraîne le lecteur dans un univers Moyenâgeux où l'espérance de vie dépasse les limites du possible mais où la stérilité gagne du terrain.

01/2022

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Généralités

Christine de Suède. L'esprit n'a point de sexe

Reine, elle abdique. Luthérienne, elle se convertit. Femme, elle s'habille en homme. A partir de ces trois " étrangetés ", une historiographie - volontiers mensongère - a portraituré sa biographie au point d'en faire une caricature dénaturant complètement le personnage. On l'appelle souvent la Reine des transgressions alors qu'elle est plutôt la Reine des paradoxes. Reine à l'âge de 6 ans à la mort au combat de son père, Gustave-Adolphe le Grand, se trouve enfant à la tête d'un royaume qui devient une puissance en Europe grâce à ses mines de cuivre et de fer. Elle abdique, célibataire et sans enfant, en 1654, à 28 ans, en faveur d'un cousin. Cependant Christine ne renonce pas complètement au pouvoir : Reine sans couronne elle se lance aussitôt vers la conquête de nouveaux royaumes... Luthérienne, chef d'un pays devenu farouchement protestant, elle hésite. La guerre de Trente Ans a miné sa jeunesse. Elle aime les philosophes, reçoit Descartes à Stockholm, écrit à Gassendi, trouve dans la Culture une troisième voie, non religieuse : celle de la philosophie, seule capable d'engendrer le " vivre-ensemble ", loin des fureurs réciproques. Elle se convertit au catholicisme, mais... croit-elleà Dieu ? Née trop tôt, avec des idées trop avancées pour son temps, elle fut critiquée par les protestants, déçus de sa conversion ; par les catholiques, déçus par ses réflexions ; par les femmes, jalouses de sa liberté ; par les hommes, intimidés par son esprit. Et alors on commença à broder, voire à médire. Homosexuelle ? Lesbienne ? Pourquoi pas hermaphrodite aussi ? Folle bien sûr ! Dévoreuse d'hommes ! Boulimique ! Athée ! Meurtrière ! Débauchée ! Un fossé se creusa alors entre les témoignages tous élogieux de ses contemporains et les inventions de ses biographes, plus romanciers -férus de sensationnel- qu'historiens, passionnés d'authenticité. D'où ce livre qui tente de résoudre tous ces paradoxes et surtout de réhabiliter une femme qui fut l'honneur de son Temps.

04/2022

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Littérature française

En vérité, Alice [EDITION EN GROS CARACTERES

En vérité, Alice. Sa mère, ses amis, la médecin qu'elle consulte, personne ne la comprend : depuis cinq ans, Alice est enfermée dans la conviction qu'elle sauvera son compagnon de lui-même grâce à leur amour immense. Tout est clair dès le début de ce roman magistral : Alice vit sous emprise. Mené tambour battant, ponctué de trouées de lumière, même dans les scènes les plus sombres, ce livre nous conduit sur des chemins absolument inattendus : sommée de trouver du travail, Alice, qu'entrave une timidité maladive depuis son arrivée à Paris à dix ans, après une enfance radieuse au Guatemala, et dont le CV est inexistant, n'essuie que des refus. Elle répond pourtant à une ultime petite annonce : "L'association diocésaine de Paris recrute un(e) assistant(e) pour le promotorat des causes des saints." A sa grande surprise, l'évêque responsable l'embauche, trop heureux d'avoir enfin trouvé quelqu'un pour remettre de l'ordre dans les dossiers en attente. La voilà embarquée, et nous avec elle, dans un univers dont elle ignore tout : il s'agit, comprend-elle, d'instruire des candidatures à la canonisation, première étape d'une procédure qui doit s'achever à Rome, si elle n'est pas interrompue avant, tant les conditions suspensives sont nombreuses et complexes. Aidée par des collègues d'une bienveillance sans limites, elle découvre alors l'audace et la folie des vies de ces "serviteurs de Dieu", "vénérables" ou "bienheureux" qu'il s'agit d'évaluer et dont Tiffany Tavernier ponctue son récit, illuminant dans le même mouvement son texte et le quotidien de sa protagoniste. A la faveur d'extraordinaires rebondissements, la puissante romancière invite le monde extérieur dans la bulle de déni où s'est réfugiée Alice, l'autorisant à se frayer un chemin vers sa propre vérité. Ce n'est pas là la moindre surprise du formidable portrait de femme qu'elle nous offre, elle qui ne cesse d'interroger l'infinie capacité de l'être humain à renaître à soi et aux autres.

04/2024