Recherche

Véronique Brient

Extraits

ActuaLitté

Sciences historiques

Ouverture, société, pouvoir . De l'Edit de Nantes à la chute du communisme

Le passé de l'Europe offre des alternances de systèmes politiques bloqués et repliés sur eux-mêmes, incapables d'évoluer, et de moments où les portes s'ouvrent sous l'effet de l'audace ou de l'imagination de certains individus. Mise en lumière par des philosophes et sociologues (Henri Bergson, Karl Popper...), l'idée d'ouverture s'incarne ainsi dans l'histoire avec Henri IV signant l'édit de Nantes ou avec Philippe d'Orléans renversant les alliances de la France ; plus tard, les initiatives d'un Khrouchtchev ou d'un Gorbatchev auront un impact évident sur la marche du temps. Chacune à sa manière, d'autres figures, par exemple celles du protestant bâlois Thomas Platter au XVIe siècle, de l'écrivain et voyageur Robert Challe et du pape Benoît XIV au XVIIe siècle, celle du roi Louis XVIII et, au XXe, celles des grands résistants, de Jean Monnet ou d'anciens communistes comme Annie Kriegel ou Auguste Lecoeur brisent un carcan et affrontent le grand large - ce que des hommes aussi divers que Henri II, Charles X et dans un tout autre genre Thorez ou même Kanapa ne veulent ou ne peuvent pas faire. L'esprit de tolérance (religieuse, politique, intellectuelle, diplomatique), l'acceptation d'univers mentaux différents ou minoritaires, le souci également de la croissance économique et de la richesse des nations, voilà ce qui attire à des degrés variables les personnalités d'" ouverture ", qu'elles aient ou non des responsabilités politiques. L'examen, par d'excellents spécialistes, de quelques moments clefs auquel Emmanuel Le Roy Ladurie invite son lecteur à l'aide de cet outil d'investigation neuf se révèle très éclairant. A côté de la recherche sur les tendances lourdes et le temps long (par exemple le climat) qu'il affectionne par ailleurs, le grand historien donne ici, lui aussi, une nouvelle preuve d'ouverture, d'audace et d'imagination.

04/2005

ActuaLitté

Religion

Les égarés. Le wahhabisme est-il un contre Islam ? 4e édition

Dans l'Orient proche et lointain, une guerre, violente et sourde à la fois, se déroule sous les yeux d'un Occident frappé de cécité. Une idéologie nouvelle, quoique âgée de deux siècles et demi, monte en puissance et tend désormais à s'imposer comme la nouvelle orthodoxie musulmane, le wahhabisme. Un rigorisme radical qui entend se substituer à l'Islam traditionnel sous couvert d'un retour à la pureté originelle de la révélation coranique. " Idéologie " et non religion puisqu'il est ici question de l'islam politique ou, autrement dit, de l'islamisme, lequel revêt aujourd'hui de multiples visages selon les lieux et les circonstances que ce soit celui des Frères musulmans, celui de la prédication salafiste ou encore du djihadisme sanguinaire. Idéologie, " nihiliste foncièrement hostile aux valeurs traditionnelles et à tous les musulmans ",promue et diffusée au sein et hors de la Communauté des Croyants, en Terre d'Islam, mais aussi Europe, notamment par ces deux " faux amis " de l'Occident que sont le Qatar et l'Arabie. Un schisme dévorant s'est ainsi installé au coeur de l'Islam, exacerbant le vieil antagonisme séparant sunnites et chiites. Rien cependant n'explique au XXIe siècle la haine apparemment irrationnelle que le wahhabisme voue au chiisme en général et aux chiites en particulier, hormis la finalité cachée du dogme wahhabite. Celui-ci vise en effet au monopole eschatologique, universel et ultime, après son triomphe sur les ruines de toutes les autres constructions théologiques et métaphysiques de l'espace islamique, voire post-chrétien. Finalement, si les intérêts occidentalistes ne sont pas exactement les mêmes que ceux des monarchies wahhabites, ces intérêts se recoupent largement au plan géostratégique, géoénergétique ou encore sur celui de la mondialisation financière. Pire, ils convergent dans la diffusion d'un islam désincarné participant d'un monothéisme sans âme, à savoir la religion d'un monde globalisé, porteuse de toutes les dérives peu ou prou totalitaires.

09/2013

ActuaLitté

Histoire de France

Nos guerres oubliées

Saint Cyrien, Loïc Corbel a eu la chance et l'honneur de servir pendant dix-sept ans à la Légion étrangère où il recueillera huit citations et quatre blessures. Avec cette troupe d'élite il prendra part à la campagne d'Indochine et subira la grande déception d'un premier échec, fatal résultat d'une politique d'abandon. Il participera ensuite à la guerre d'Algérie et, à travers les propos du Chef de l'Etat, comprendra qu'il allait être témoin d'un nouvel abandon. Il choisit alors de s'éloigner de ce théâtre d'opérations pour servir à Madagascar et à Djibouti. Rentré en France en juillet 62 il est affecté dans divers centres d'instruction de la Légion, apportant aux jeunes engagés et à leur encadrement le bénéfice de sa vaste expérience. Les perspectives opérationnelles devenant très réduites, il décide avec regret de quitter l'armée et, pour le compte de grandes entreprises françaises, s'investira dans la commercialisation d'équipements militaires. Il interviendra avec succès au Proche- et Moyen-Orient, en Afrique, à Chypre et jusque dans le Pacifique où un contrat sera signé avec le Sultan de Brunei. Il prend sa retraite en 1987, conscient d'avoir "de son mieux" et parfois à grands risques, servi son pays pendant 38 ans. Saint Cyrien, Philippe de Parseval a servi dans l'armée puis s'est reconverti dans le commerce extérieur et notamment dans l'exportation de systèmes d'armement. A travers la biographie du colonel Loïc Corbel, l'auteur analyse les évènements de politique intérieure et extérieure ayant entraîné la chute du vaste empire colonial français qui faisait la gloire de notre pays et excitait la convoitise de nombreuses puissances mondiales. Puis, sur les traces de cet officier, il nous entraîne dans le monde particulier des ventes d'armement et nous fait bénéficier de sa propre expérience dans ce domaine très fermé.

09/2017

ActuaLitté

Histoire internationale

Histoire du monde contemporain. 1945-1999, Edition 1999

Depuis 1945, l'histoire du monde domine celle des nations : anciennes et nouvelles, elles doivent s'intégrer, bon gré mal gré, aux ensembles économiques et stratégiques qui font évoluer la planète. Que la population mondiale ait doublé en un demi-siècle donne la mesure des pulsions sociales qui affectent certaines zones, failles sanglantes de l'écorce terrestre : le Proche et le Moyen-Orient, le Sud-Est asiatique, l'Afrique, la mer des Caraïbes. Dans ces régions s'affrontent les nouveaux empires par l'intermédiaire de petites nations à la démographie galopante. En un récit continu, précis, passionnant, Pierre Miquel situe les régions de conflit dans l'évolution des ensembles, rendant compréhensibles les crises du quotidien, trop souvent mal perçues - comme la guerre dans les Balkans - parce qu'elles ne sont pas reliées à un demi-siècle d'évolution. Depuis 1989, la boussole de l'Histoire semble perdre le nord : la chute du Mur de Berlin sonne le glas de l'empire des nouveaux tsars, ouvrant sur le territoire de l'ex-URSS une zone de tempêtes, la guerre du Golfe semble amorcer la reconstitution du " monde un " dont rêvait Roosevelt sous la houlette puritaine de Washington. Mais la guerre économique se poursuit entre l'Amérique du Nord, l'Europe et l'Asie du Sud-Est, et les nations du " quart monde " sont plus que jamais offertes aux trois plaies de la guerre, des épidémies et de la famine. Auteur d'une Histoire de France que tous les Français ont lue, Pierre Miquel s'efforce dans ce livre de marquer la place de la France dans cette aventure contemporaine de la planète. Une France plus que jamais située au carrefour des axes Sud-Nord et Est-Ouest, au cœur du nouveau cyclone qui commence à se former en Europe, annonçant le fracassant retour de l'Histoire sur le continent qui l'a vu naître.

11/1999

ActuaLitté

Ouvrages généraux

Atlas des mondes médiévaux musulmans

Offrir un large panorama de l'histoire, politique et militaire, économique et sociale, religieuse et culturelle, des mondes musulmans médiévaux, de l'Antiquité tardive aux débuts de l'époque moderne, telle est l'ambition du présent Atlas, qui s'appuie sur près de deux cents cartes originales, à toutes les échelles, accompagnées de textes, d'extraits de sources et d'illustrations. Les conquêtes islamiques ont contribué à la formation d'un vaste ensemble de territoires où les musulmans ont détenu le pouvoir politique, dominant des peuples aux coutumes, langues et religions différentes. Il s'étendait sur trois continents - d'al-Andalus à l'ouest à l'Inde islamisée à l'est - et s'ouvrait sur deux espaces maritimes majeurs, la Méditerranée et l'océan Indien. Cet atlas explore les routes parcourues par les marchands, les pèlerins, les voyageurs, les étudiants et les savants ; il atteste de l'ampleur du phénomène urbain comme de la richesse des échanges dans l'ensemble de cette aire et rend compte de son insertion dans une économie-monde en formation. Les communautés musulmanes se sont séparées en différentes branches : les sunnites et les chiites, mais aussi en une myriade d'autres courants minoritaires qui marquent, jusqu'à nos jours, la topographie religieuse. Si les luttes fratricides furent importantes, les relations conflictuelles avec différents ennemis du dehors - conquêtes et jihad, croisades et invasions - ont remanié les équilibres internes comme les frontières extérieures. L'activité diplomatique qui se déploya, à travers toute l'Eurasie et de l'Atlantique au Pacifique, la circulation des idées et des modèles littéraires ou architecturaux, témoignent, au-delà des échanges commerciaux, de l'étendue des réseaux développés au cours des siècles. Les chercheurs qui ont réalisé cet ouvrage collectif, lancé au sein de l'équipe "? Islam médiéval ? " du laboratoire Orient & Méditerranée (CNRS), sont spécialistes de différents champs de l'histoire médiévale des mondes musulmans. Ils et elles donnent à voir et à comprendre, dans une historiographie renouvelée, une histoire globale et connectée des mondes musulmans médiévaux.

04/2022

ActuaLitté

Moyen Age classique (XIe au XI

Bérengère de Navarre (v. 1160-1230). Histoire et mémoire d'une reine d'Angleterre

Par certains aspects, la vie de la reine Bérengère de Navarre relève du genre romanesque : princesse hispanique, aînée de l'une des dynasties les plus modestes de la péninsule, elle devient l'épouse de l'un des souverains les plus célèbres d'Angleterre. Les épisodes d'une trajectoire hors norme, depuis la rencontre avec Richard à Messine, le mariage à Limassol suivi de son couronnement, enfin le séjour en Orient jusqu'à son retour en Europe, marqué par la longue captivité du roi, constituent autant de péripéties qui ont fasciné les contemporains, puis, après eux, historiens, artistes et hommes de lettres jusqu'à aujourd'hui. La mort du roi Richard la place dans la situation d'isolement dévolue aux reines veuves et sans héritier, dont le retrait au couvent constitue souvent le seul horizon. Elle choisit cependant de se démarquer en élisant une vie quelque peu en deçà du standard que pourrait espérer une souveraine d'Angleterre, mais active, assumant le gouvernement et l'administration de la ville du Mans et de ses environs. Bérengère n'a ainsi pas connu l'effacement dans l'anonymat que connaissent nombre de personnages féminins de cette époque. Tout autant que les étapes de sa vie, les étapes de la construction mémorielle du souvenir de la souveraine constituent un objet d'attention, d'abord parce que Bérengère s'est attachée elle-même à construire et organiser la perpétuation de sa mémoire, au moyen du monument mémoriel que constitue l'abbaye de l'Epau. Si elle n'est pas la seule reine à fonder un couvent destiné à abriter sa sépulture, son geste demeure atypique puisque la fondation n'est dédiée qu'à elle-même. Et le gisant qu'abrite l'abbaye est devenu le vecteur et le catalyseur d'une mémoire plurielle et bien vivante aujourd'hui, tant au Mans qu'en Navarre, à Chypre ou en Angleterre.

11/2022

ActuaLitté

Europe

Voyages Italie

Dans cette nouvelle édition entièrement revue et mise à jour, nous avons choisi de passer en grand format XXL afin de donner l'écrin que mérite un tel livre et un si joli pays. Nous avons également ajouté du contenu et des chapitres supplémentaires : - Des randonnées - Une dizaine de voyages en train à travers tout le pays - Un focus sur l'Orient-Express Paris-Venise qui a repris du service - De nouvelles bonnes adresses de restos et des bons plans supplémentaires dans plusieurs grandes villes (Turin, Gênes, Pise, Cagliari...) - De nouvelles spécialités et recettes de cuisine (Ombrie, Sardaigne, Calabre...) - Encore plus de photos pour de nombreux chapitres Le Routard vous propose avec ce beau-livre hors-norme un tour d'Italie exceptionnel ! En 5 grands thèmes (nature, patrimoine, city trips, gastronomie, expériences), et plus de 60 chapitres, cette encyclopédie foisonnante va vous embarquer pour le plus beau et le plus complet des voyages ! - Découvrir l'histoire du Spritz, en dégustant le célèbre cocktail vénitien - Faire un road trip en vespa le long de la côte Amalfitaine - Randonner à a découverte des Cinque Terre - Comprendre les règles de l'amour au temps de l'Antiquité - Dénicher la meilleure pizzeria de Naples - Barboter dans des marmites naturelles géantes au coeur des Alpes Ligures - Découvrir la belle tradition du café suspendu - Choisir entre Florence, Rome ou Milan pour son prochain city-trip - De la Dolce Vita à Il postino, les grands classiques du cinéma italien et leurs lieux de tournage - Comprendre pourquoi le chiffre 17 porte malheur en Italie - Assister à un opéra dans les mythiques Arènes de Vérone - ... Sans oublier : des cartes postales, des dossiers pratiques, des cartes, un atlas, de sublimes photos... Plus qu'un livre d'inspiration, c'est un véritable voyage à lui tout seul. Un livre pour tous les curieux et les amoureux de l'Italie. A vous la Dolce vita !

11/2022

ActuaLitté

Histoire de l'art

Collectionneuses Rothschild. Mécènes et donatrices d'exception

Du 21 octobre 2022 au 26 février 2023, le musée de La Boverie présente l'exposition "Collectionneuses Rothschild. Mécènes et donatrices d'exception". Conçue en partenariat avec le Musée du Louvre, elle emmène le visiteur dans l'univers de la famille Rothschild, et plus particulièrement dans les collections de certaines femmes de la branche familiale française. Renouvelant un partenariat initié en 2016 avec le musée du Louvre (En plein air en 2016 et Viva Roma ! en 2018), La Boverie inaugure avec cette exposition la thématique 2022-2023 sur les collections. Depuis le XIXe siècle, la famille Rothschild est légendaire dans l'histoire de nos sociétés. Cette dynastie est devenue au fil du temps synonyme de réussite dans le monde de la finance, mais aussi de richesse intellectuelle et artistique. Un nom incontournable, connu de tous. Pourtant, derrière ce nom de famille se cache des personnalités méconnues et un patrimoine insoupçonné. Proposant un point de vue nouveau et original, le livre mettra en lumière des femmes de la branche française de la famille à la personnalité singulière. Ignorées par l'histoire de l'art, ces femmes ont été des collectionneuses, bâtisseuses, mécènes et héritières, qui ont contribué d'une manière significative à l'enrichissement du patrimoine historique et des collections des musées français par leurs dons et legs considérables. Le livre retracera le goût et la personnalité de ces femmes d'exception. Parfois très indépendantes, parfois dans l'ombre de leur mari, elles ont joué un rôle important dans l'histoire de l'art, l'histoire, la société et même dans la vie des artistes de leur époque. Collectionneuses Rothschild présente des grands artistes, tels que Fragonard, Chardin, Delacroix, Cézanne, Claudel, Rodin, Klimt, Monet, mais aussi des manuscrits médiévaux, des tableaux de la Renaissance italienne, des collections de bijoux et de porcelaines, ou encore des objets d'art africain et d'Extrême-Orient. Autant d'oeuvres d'art qui témoignent de l'histoire du goût et du collectionnisme au fil des XIXe et XXe siècles.

11/2022

ActuaLitté

Sociologie

Jeunesse d'ici et d'ailleurs transculturelle & digitale. Refus d'assignation à résidence

"Les moins de 30 ans ont de quoi s'indigner", alerte, ajuste titre, Jean-Michel Bezat, éditorialiste au journal Le Monde, dans un texte paru le 25 septembre 2017. La jeunesse du XXI siècle, d'ici et d'ailleurs, se retrouve face à des systèmes sociaux, sanitaires, économiques et culturels qui explosent. Selon l'Unesco, les moins de 30 ans représentent 50,5 % des 7,5 milliards d'êtres humains. L'institution précise que 89,7 % des moins de 30 ans vivent dans les pays émergents et en voie de développement, notamment au Moyen-Orient et en Afrique. Par ailleurs, la planète dénombre au moins 100 millions d'enfants des rues, dont environ 18 millions pour la seule Inde, qui en compte le plus. L'Asie enregistre, elle, le plus de jeunes individus : 754 millions. Ce nombre a presque triplé depuis 1950. Les pays d'Afrique subsaharien ne ont la plus grande proportion des moins de 30 ans au monde (70 %). Le présent ouvrage, fruit de l'expérience d'acteurs de terrain engagés (éducatrice spécialisée-styliste-mère de famille, photographes, directeurs de centre d'accueil et d'accompagnement, ethno-psychologues, juriste, journaliste et médecin), est un document unique. L'approche pluridisciplinaire met en lumière des réflexions, des faits, des gestes, des coups de gueule mais surtout un refus de silence. La jeunesse agit, manifeste ou se tait. Toutefois, elle a un impératif : repenser le monde. L'éducation est au coeur de son projet de société sur fond d'actes de collaboration intergénérationnels permettant de dessiner de nouveaux contours et contenus du vivre-ensemble. Le confinement lié au coronavirus est une alerte mondiale : "Aimons-nous vivants." Il va falloir semer de bonnes graines et leur laisser le temps de germer avant de planifier la récolte. La ligne de partage des responsabilités est à écrire avec une obligation commune : privilégier le bien-être commun, sans perdre de vue que e la jeunesse est l'espoir des lendemains, comme l'affirme la romancière Sophia Sherine Hutt.

02/2021

ActuaLitté

Autres

Le Cercle herméneutique : L'intime, la pudeur et le sacré . Anthropologie et psychopathologie phénoménologique

L'intime est une question négligée dans les sciences humaines. A peine est-il différencié du privé, de l'intériorité, du propre, du non-dit, du quant-à-soi. Cette intimité ne serait-elle qu'affective ou sexuelle ? Non. Une telle réduction appauvrirait considérablement le sens des rencontres humaines, si riche et subtil entre ce qui se dit, ce qui se préserve, se sous-entend ou se tait. Ou, tout simplement, se retient. Pourquoi la si précieuse retenue qui vise et protège ces espaces d'intimité n'a-t-elle jamais, en Occident, été conceptualisée et valorisée ? N'y-aurait-il dans les mouvements de la vie, dans les directions de sens, que celles qui dévoilent, traversent, découvrent, rendent équivalents ou transparents ? Devons-nous toujours tout exhiber pour se rencontrer et comprendre ? Tout doit-il ou peut-il se traduire, se réduire, se phénoménaliser ? La pudeur est un concept qui a été davantage travaillé par la philosophie et l'anthropologie. Ce qui est avancé ici, dans certains textes, est que cette pudeur réalise une proto-expérience du sacré ; un sacré précisément constitué de la capacité de se retirer, de s'interrompre, de faire retenue, de s'inhiber aussi, pour reconnaître, saluer quelque chose qui est précieux, immense, qui nous dépasse et dont nous voulons prendre soin. Le travail qui s'expose ici ne prétend pas seulement explorer une question anthropologique, celle des corrélations entre intime, pudeur et sacré mais veut oeuvrer à d'autres fins : à la reconnaissance des diverses formes et possibilités du sacré, à montrer que dans certaines attitudes simples de notre vie - telle la retenue, le retrait, la réserve - il y a déjà du sacré ; d'un sacré ou d'une spiritualité aussi bien avec que sans dieux (laïc). Ce travail de valorisation de la pudeur en tant que proto-expérience du sacré est nécessaire pour le dialogue entre les coutumes, les sociétés, les civilisations, notamment celles d'Orient et d'Occident ; il est nécessaire car de grandes lignes de fractures se dessinent sur ces questions.

11/2022

ActuaLitté

Romans historiques

Cycle de Gui de Clairbois Tome 3 : Les Chemins de la honte. Un vent de guerre

Peu après sa venue à Paris, en juin 1392, le jeune damoiseau du Maine Gui de Clairbois fait la connaissance d'Alix d'Apilly dont la beauté le subjugue. Le père de la jouvencelle s'opposant à leur mariage, les jeunes gens passent outre à son refus. Réfugiés à Montsurvent, près de Coutances, ils vivent dans la maison où la mère de Gui les a accueillis. Devenu l'écuyer d'Olivier de Clisson, Gui se voit confier la défense de son château, Josselin, menacé par les alliés du duc de Bretagne. Il abandonne Alix aux bons soins de sa mère et se voue à la protection de la forteresse. Après une sortie malheureuse, il tombe au pouvoir des assiégeants qui le torturent. Considéré comme mort, il s'échappe et rejoint son seigneur qui l'arme chevalier. A son retour à Montsurvent, il apprend le décès d'Alix. Recommandé par Clisson à Jean II le Meingre, dit Boucicaut, Gui rejoint ce grand batailleur qui a reçu, outre le maréchalat, le gouvernement de la cité de Tours. En compagnie d'un écuyer, Yvain d'Antigny, il assiste aux pourparlers de paix qui réunissent des députations anglaise et française dans une campagne sise entre Calais et Abbeville, où séjourne le roi : Leulinghen. Gui rencontre Marie, une pucelle qui lui inspire plus de compassion que d'amour, et c'est à Tours qu'il s'éprend d'Héloïse après l'avoir sauvée d'une noyade. Las ! Une armée doit se constituer pour marcher au-devant des Turcs qui se répandent en Europe centrale et menacent la Hongrie. Leur chef est un homme intelligent et cruel : Bayézid. Gui quitte à regret Héloïse pour accompagner Boucicaut et ses guerriers dans ce qui sera la dernière croisade. Le dimanche 30 avril 1396, à Dijon, un ost hétéroclite s'éloigne vers l'Orient. Contrairement à ses compagnons, Gui doute de cheminer vers une victoire aisée.

06/2001

ActuaLitté

Franc-maçonnerie

L'esprit du rite français. Rite de fondation de la franc-maçonnerie

La franc-maçonnerie naît en Angleterre et se structure au début du XVIIIe siècle. Très rapidement, elle s'exporte en Europe continentale en s'adaptant aux réalités sociales locales. En France, plus particulièrement, elle invente une manière de travailler, de réfléchir, de spéculer, en empruntant la symbolique et les usages des métiers de la construction, le " craft ", le métier, qui va bientôt s'imposer tout au long du XVIIIe siècle comme le rite de référence, très proche du rite originel. En ce siècle dit des " Lumières ", les philosophes de ce temps prônent l'accès au savoir pour le plus grand nombre, mettent en avant la raison pour faire face aux préjugés et aux superstitions, notamment religieuses. Prolongeant et approfondissant ainsi l'humanisme de la Renaissance, la philosophie des Lumières trace la voie vers une société plus libre, plus égalitaire, plus tolérante. Au début du XIXe siècle, alors que naît un rite concurrent, nommé Rite Ecossais Ancien et Accepté, pratiqué uniquement dans les grades post-maîtrise, le rite prend le nom de Rite Français, étant le plus ancien rite pratiqué en France. Depuis trois siècles, il a su évoluer pour assurer à la fois la modernité et la perpétuation de la tradition de la maçonnerie dite des " modernes ". C'est ainsi qu'abandonnant en 1877 la nécessité d'une croyance en un dieu révélé, il fait évoluer le paradigme maçonnique en affirmant que le bonheur est accessible à l'humain ici et maintenant, sans référence obligatoire à quelque religion. Rite originel de la franc-maçonnerie, rite fondateur de la principale obédience maçonnique française, le Grand Orient de France, le rite français est constitué d'une graduation cohérente en sept degrés à partir du degré d'apprenti, s'appuyant sur les forces de la Raison. Il constitue une base universelle de développement d'une franc-maçonnerie laïque, progressiste et progressive et contribue en cela à l'amélioration matérielle et morale, au perfectionnement intellectuel et social de l'Humanité, comme le stipule l'article premier de la Constitution du GODF.

07/2022

ActuaLitté

Littérature française (poches)

Nouvelles orientales

Orientales, toutes les créatures de Marguerite Yourcenar le sont à leur manière, subtilement. L'Hadrien des Mémoires se veut le plus grec des empereurs, comme Zénon, dans la quête de son Œuvre au Noir, paraît souvent instruit d'autres sagesses que celles de l'Occident. L'auteur elle-même, cheminant à travers le Labyrinthe du Monde, poursuit une grande médiation sur le devenir des hommes qui rejoint la pensée bouddhiste. Avec ces Nouvelles, écrites au cours des dix années qui ont précédé la guerre, la tentation de l'Orient est clairement avouée dans le décor, dans le style, dans l'esprit des textes. De la Chine à la Grèce, des Balkans au Japon, ces contes accompagnent le voyageur comme autant de clés pour une seule musique, venue d'ailleurs. Les surprenants sortilèges du peintre Wang-Fô, " qui aimait l'image des choses et non les choses elles-mêmes ", font écho à l'amertume du vieux Cornelius Berg, " touchant les objets qu'il ne peignait plus ". Marko Kralievitch, le Serbe sans peur qui sait tromper les Turcs et la mort aussi bien que les femmes, est frère du prince Genghi, sorti d'un roman japonais du XIè siècle, par l'égoïsme du séducteur aveugle à la passion vraie, comme l'amour sublime de Vania l'Albanaise ou le deuil sacrilège de la veuve Aphrodissia répondent au sacrifice de la déesse Kâli, " nénuphar de la perfection ", à qui ses malheurs apprendront enfin " l'inanité du désir... ". Légendes saisies en vol, fables ou apologues, ces Nouvelles Orientales forment un édifice à part dans l'oeuvre de Marguerite Yourcenar, précieux comme une chapelle dans un vaste palais. Le réel s'y fait changeant, le rêve et le mythe y parlent un langage à chaque fois nouveau, et si le désir, la passion y brûlent souvent d'une ardeur brutale, presque inattendue, c'est peut-être qu'ils trouvent dans l'admirable économie de ces brefs récits le contraste idéal et nécessaire à leur soudain flamboiement.

06/2006

ActuaLitté

Méditation et spiritualité

Se libérer du conformisme spirituel

Depuis la nuit des temps, il y a toujours eu deux types de spiritualité. Celle offerte à tout un chacun, assurant une fonction sociétale à travers des dogmes pour régir les interdits et les tabous ; celle-ci offre des perspectives merveilleuses et promet un mieux-être, à la portée de ceux qui adhèrent à l'institution. La seconde, plus discrète, est en dissonance avec la précédente, a comme objet l'accomplissement de l'Homme, et nécessite un long travail sur soi pour accéder à un élargissement du champ de conscience vers le Divin, le Tout, le Un, le Tao - comme chacun désirera l'interpréter. "Cela ne me concerne pas. Je suis capable de discerner le vrai du faux, la direction spirituelle de celle sociétale". , pourrions-nous penser. Bien que cela puisse être vrai, en lisant cet ouvrage, le lecteur pourrait être amené à remettre en cause ses certitudes et reconsidérer les bases de son chemin spirituel... L'auteur, après plus de quarante années passées dans les traditions initiatiques d'Occident comme d'Extrême-Orient et cinquante années dans le domaine des arts martiaux, propose à la fois son expérience des traditions spirituelles rencontrées ainsi que celles recueillies auprès d'hommes investis dans la spiritualité. Note de l'éditeur pour la version imprimée : Afin d'être plus agréable lors de la lecture, cet ouvrage est en format Beau Livre. Dans la même optique, le papier est de couleur crème, ce qui fatigue moins les yeux que le papier blanc. Toutes nos publications font l'objet d'un travail soigné tant au niveau typographique qu'au niveau du design. Note de l'éditeur pour la version Kindle : Nos publications Kindle sont soigneusement conçues, avec une table des matières, un index, des notes de bas de page et références, là où cela est applicable. Un accent a été mis sur la typographie ainsi que le design. Vos commentaires sont les bienvenus sur discoverypublisher. com/fr/ - Merci d'avoir choisi Les Editions Discovery.

09/2021

ActuaLitté

Actualité politique France

Xavier Bertrand, l'obstiné

Qui aurait imaginé, il y a encore cinq ans, que Xavier Bertrand pourrait être un candidat sérieux à l'élections présidentielle de 2022 ? Et pourtant ! Du conseil général de l'Aisne à son récent départ des Républicains, parcours hors norme d'un candidat aussi opiniâtre qu'atypique, qui n'a jamais hésité à lâcher ses mentors pour satisfaire son ambition. Portrait du candidat de la droite en 2022 ? Nul ne l'avait vu venir... L'assureur de mobylettes de Flavy-le-Martel (Aisne) ne payait pas de mine. Malgré un parcours hors des clous, loin de l'Ena, Xavier Bertrand a gravi un à un les échelons politiques jusqu'à être, aujourd'hui, un candidat crédible pour la présidentielle 2022. Cette success story débute en 1998, quand il est élu au conseil général de l'Aisne, contre la députée socialiste de la circonscription, à laquelle il ravit son siège quatre ans plus tard. En 2004, Jacques Chirac le choisit comme secrétaire d'Etat auprès de Philippe Douste-Blazy, avant de le nommer, en 2007, ministre de la Santé. Très vite, Xavier Bertrand comprend qu'en politique mieux vaut jouer cavalier seul et ne pas s'encombrer de poids morts. Soutien de Nicolas Sarkozy, il est nommé ministre du Travail en 2007, et prend la direction de l'UMP jusqu'en 2012. Mais dès la défaite du président sortant, il n'hésite pas à lâcher son mentor. Cinq ans plus tard, après la déroute de la droite en 2017, il quitte les Républicains. Et aujourd'hui, le " Petit Chose ", président des Hauts de France, apparaît comme le plus rassembleur des candidats potentiels à droite. Pour démasquer ce faux gentil, Ian Hamel s'est tourné vers les hommes politiques, mais aussi vers ses proches, frères du Grand-Orient et copains du Club 33 de Saint-Quentin. Ils soulignent ses qualités - intelligence, sens de la tactique, humour -, et sa capacité à résister aux coups. Parcours d'un homme avec lequel il faudra forcément compter.

09/2021

ActuaLitté

Actualité médiatique internati

J'assume. Mémoires du fondateur de Jeune Afrique

Né en 1928 à Djerba, Béchir Ben Yahmed aurait dû être épicier, comme son père. Il a été un acteur majeur de l'indépendance tunisienne, le confident et le bras droit de Habib Bourguiba, son jeune ministre de l'Information (à 28 ans). Il aurait pu ne faire que de la politique, et viser haut. Non, il sera éditeur de presse et journaliste. Béchir Ben Yahmed, "BBY" pour reprendre les initiales devenues célèbres, c'est avant tout l'homme d'une intuition improbable et révolutionnaire, le fondateur et le patron de Jeune Afrique : un "hebdo" pour tout un continent à peine sorti des nuits coloniales. BBY, c'est plus de soixante ans d'écriture et de luttes. Avec Jeune Afrique, puis, à partir de 2003, La Revue. Il sera un Africain convaincu, un militant de l'émancipation des "Sud" , un observateur lucide de la vie internationale. Et l'auteur, chaque semaine, de cet édito, le fameux "Ce que je crois" , où il ne craint pas de prévoir, souvent avec justesse, d'être tranchant, à contre-courant. D'assumer. Ces Mémoires écrits sans fausse diplomatie se révèlent un témoignage rare qui échappe au "récit dominant" . BBY fait revivre le soleil des indépendances, les espoirs et les désillusions de l'Afrique moderne, l'évolution complexe de la Tunisie, les guerres d'Orient, les convulsions du monde. Surgissent les portraits de Bourguiba, Lumumba, Che Guevara, Hô Chi Minh, Boumédiène, Senghor, Houphouët-Boigny, Foccart, Mitterrand, Bongo Ondimba, Hassan II, Alassane Ouattara, et tant d'autres. On y retrouve aussi ses propres combats, dignes d'un roman, l'autoportrait d'un professionnel exigeant qui aura influencé plusieurs générations de lecteurs. Et une réflexion émouvante sur l'identité, la spiritualité et la fin du chemin. Béchir Ben Yahmed nous a quittés le 3 mai 2021, journée mondiale de la liberté de la presse. Il avait 93 ans. Presque un siècle.

11/2021

ActuaLitté

Littérature française

Libres tropiques (1968-1980). Tome 2

Après avoir parcouru leurs années d'enfance dans une ville du nord de la France à la fin de l'ère industrielle (1947-1967), Serge Gruzinski et Corinne Vandewalle poursuivent leur saga en s'attaquant à une longue décennie qui s'ouvre en 1968 et s'achève en 1980. Comment ont-ils appris à affronter la fin des Trente Glorieuses ? Pourquoi sont-ils partis ailleurs chercher de quoi se forger de nouveaux repères ? A l'instar de toute une génération, Serge et Corinne se construisent dans un monde qui est alors autant celui de Woodstock que de Che Guevara, en un temps où les sociétés et les modes de vie commencent à se globaliser. En choisissant le Mexique, après un détour par l'Italie et l'Espagne, Serge découvre sa vocation d'historien et bâtit son existence à cheval entre deux continents. En choisissant l'Inde, Corinne répond inconsciemment à un appel profond. En quête de sens, elle se retrouve sur des chemins qui la mèneront au bord du Gange. La rencontre d'un maître hors du commun donne alors une autre dimension à sa vie. Histoire personnelle et histoire familiale, cette traversée du siècle est aussi et avant tout l'histoire d'une France dont les prémices remontent à 1914 et qui se prolongera jusqu'à l'aube du xxie siècle. Une histoire ouverte sur l'Europe et le monde, par-delà les frontières. Diplômée de l'Ecole supérieure de Commerce de Lille, Corinne Vandewalle fut emportée par le mouvement hippie. Après de nombreux séjours en Orient, au Maroc et aux Etats-Unis, elle pratique et enseigne le yoga en Vendée. Serge Gruzinski est historien, spécialiste de l'Amérique latine. Il a publié entre autres chez Fayard La Guerre des images (de Christophe Colomb à Blade Runner - 1492-2019) (1990), La Machine à remonter le temps (2018) et plus récemment Conversation avec un métis de la Nouvelle-Espagne (2021).

11/2021

ActuaLitté

Bâteaux

A bord des galères

Le nouveau rendez-vous de la collection A bord : la grande épopée des galères de l'Antiquité égyptienne au siècle des Lumières. Un voyage sur les mers et fleuves du monde, de la Méditerranée à l'Océanie, à travers plus de 80 dessins ! L'histoire des galères ne se résume pas à celle erronée et montrée dans les péplums où des galériens enchaînés à leurs bancs rament au rythme du tambour ou sous les coups de fouet. Dérivée des premières pirogues, ce bateau long sera l'un des premiers navires créés par l'homme, mu à rames mais aussi à voiles. Pendant plus de quatre millénaires, sous diverses dénominations et formes (trière, trirème, dromon, galée, etc.), il a accompagné le développement des premières civilisations méditerranéennes. On le retrouve sur toutes les eaux calmes et les grands fleuves et archipels, dans les brumes de la Baltique comme sur les côtes d'Extrême-Orient ou les îles océaniques. A partir de l'Antiquité, grâce à ce navire souvent repris sous le nom générique de galère, les hommes vont échanger idées, biens, techniques et développer le commerce. Car la galère, avant d'être un navire de peine ou de guerre, a aussi été un navire de commerce. Un navire qui n'a cessé de se transformer pour servir essentiellement des rêves de puissance et de prestige à partir de la Renaissance. De la même façon, le statut des galériens a fluctué : les chiourmes ont longtemps été constituées de volontaires contrairement aux idées reçues. Ne pouvant naviguer que par temps calme, les galères sont indissociables de leur port d'attache comme en témoignent les grands arsenaux des royaumes côtiers : Le Pirée, Carthagène, Venise, Gênes, Istanbul ou Marseille - la liste est longue et non exhaustive -, ou des plus petits comme Villefranche-sur-Mer. Et si aujourd'hui la galère appartient à l'histoire de la marine, on la retrouve encore comme reine de bien des parades navales. Pour tout savoir sur l'art de ramer en cadence, embarquez à bord de l'une d'elles !

11/2021

ActuaLitté

Théâtre

L' Impresario de Smyrne. Adapté par Agathé Mélinand

Un hôtel, à Venise aux lendemains du carnaval. Le brouillard fume sur la lagune. Lucrezia, jeune chanteuse florentine "qui ne connaît pas grand-chose à la musique" - c'est elle qui le dit - est arrivée la veille. Elle dort encore même si "l'odeur du canal la dérange" . Carluccio le castrat cherche un nouveau contrat. L'argent manque. Il y a des agents, des impresarios, des protecteurs. On apprend qu'un Turc-marchand a été convaincu par ses amis de ramener à Smyrne le mieux de ce qui se fait sur la scène vénitienne et qu'il n'y connaît rien. Qui sera engagé ? Madame Tognina, soprano d'expérience est chez elle avec le ténor, son amant. La compagnie les retrouve. Il y a un poète accommodant qui ne travaille pas dans le génie, une petite chanteuse bolognaise, l'impresario, l'agent. La Florentine et le castrat les rejoignent. Ils sont tous à fond pour le projet turc. Chaude ambiance. Qui sera la prima donna ? Le Turc méprise les castrats. Ce sont gens de sérail. Lui, il aime les filles et la musique gaie. Les artistes défilent entre exigences démentes et fausses modesties. Qui sera la Prima donna ? Au moment de signer les contrats, les artistes s'écharpent, les salaires augmentent. On prévoit de partir à soixante-dix, en Turquie. Dans la lumière froide du matin du grand départ pour l'Orient, les filles sont venues avec leur mère ou leur chien. Il y a même un perroquet. Le castrat est botté et joue de la cravache. On attend le Turc qui ne vient pas, il s'est embarqué à la première heure. Il a laissé de l'argent en dédit. La troupe l'utilisera pour autoproduire son prochain spectacle. A partir de L'Impresario de Smyrne (1759) et du Théâtre Comique (1750) de Carlo Goldoni Traduction et adaptation Agathe Mélinand Mise en scène et costumes Laurent Pelly

10/2023

ActuaLitté

Ethnologie

Le sang. Mythes, symboles et réalités

Toute définition du sang appelle son contraire. Le sang souille et purifie, il est masculin et féminin, faste ou funeste, bienfaisant ou dangereux, et le répandre peut être crime ou acte sacré. Or; devant le sang, l'humanité, en règle générale, a réagi de la même façon. Le sacrifice sanglant fut universel, et s'il disparut très tôt dans le monde judéo-chrétien, il atteignit le sommet de l'horreur chez les Aztèques. Universelles aussi furent les blessures rituelles. De même, la menstruante ou la nouvelle accouchée ont partout éveillé la crainte et ont été frappées d'interdits. Et l'on peut multiplier les rapprochements. Qu'il s'agisse de la chasse, de la vendetta et de l'alliance des gangs, ou encore des vampires, on retrouve les mêmes archétypes, les mêmes rites, les mêmes symboles dans des sociétés que le temps, l'espace et la culture pourtant séparent. Ainsi en est-il également de ces larmes de sang par lesquelles les mystiques de l'Orient comme ceux d'Occident ont exprimé leur amour pour Dieu. Car pour l'auteur, lui même chrétien, nul doute que le sang a un sens mystique. Dans un chapitre superbe, il montre comment l'Eucharistie et la Passion du Christ se placent sous le signe du sang. Les chrétiens du Moyen Age et des siècles qui suivirent ont vécu avec ardeur cette Passion du Dieu sauveur; ses saints ensanglantés en furent l'expression la plus émouvante. Enfin c'est également dans une perspective christologique que l'auteur situe la mort de Louis XVI : l'historien des religions peut la lire comme le sacrifice d'un chef, purificateur et rédempteur, qui devait engendrer le monde moderne. Ces pages écrites avec ferveur pourront surprendre, voire choquer. Le sang est, par essence, ambivalent. Il a joué et joue encore un rôle fondamental dans toutes les civilisations. Et ce livre, qui met en évidence les croyances et les comportements humains face au sang, ne laissera personne indifférent.

03/1988

ActuaLitté

Géopolitique

L'Islam d'Afrique. Au-delà du djihad

CNLAfrique – "Démarrée en 2013 avant de s'ensabler au Sahara, l'intervention de l'armée française au Sahel, d'abord au Mali, puis dans les pays voisins, a jeté une lumière crue sur la résilience de groupes djihadistes qui sont également actifs au Nigeria, au Mozambique, à la frontière de l'Ouganda et dans la Corne de l'Afrique.

La lutte contre le terrorisme a alors amené la communauté internationale à s'interroger sur la dérive d'un continent menacé par l'Etat islamique et gangrené par les idées subversives d'un salafisme d'origine saoudienne. La perception de la radicalisation et de la politisation d'un islam influencé par l'évolution de la situation au Moyen-Orient méconnaît cependant les spécificités de la religion musulmane au sud du Sahara. Historiquement, l'Afrique a connu de nombreux djihads qui n'étaient pas moins violents qu'aujourd'hui, du califat de Sokoto au Nigeria jusqu'à l'Empire toucouleur du Mali en passant par la Mahdiyya au Soudan ou l'insurrection du "mollah fou" en Somalie.

Quant aux confréries soufies, il leur est aussi arrivé de revendiquer l'application d'une charia dont le rigorisme n'avait rien à envier au puritanisme du wahhabisme de l'Arabie saoudite... Spécialiste des conflits armés de la région, Marc-Antoine Pérouse de Montclos démonte une à une, à l'aune de l'histoire et des études de terrain les plus récentes, ces idées fausses qui nous empêchent de comprendre les risques géopolitiques auxquels se trouve aujourd'hui confrontée une bonne partie de l'Afrique".

Docteur en sciences politiques, Marc-Antoine Pérouse de Montclos est directeur de recherche à l'Institut de recherche pour le développement (IRD). Il a été rédacteur en chef de la revue Afrique contemporaine et est l'auteur de nombreux livres, dont La Tragédie malienne (Vendémiaire, 2013), L'Afrique, nouvelle frontière du djihad ? (La Découverte, 2018) et Une guerre perdue. La France au Sahel (J. -C. Lattès, 2020).

08/2021

ActuaLitté

Actualité et médias

La Dernière Chance. La recherche de la paix à l'heure des périls

C'est un événement sans précédent qu'un roi au pouvoir écrive ses mémoires en abordant sans détour toutes les questions les plus explosives auxquelles il est confronté. C'est l'urgence qui a décidé Abdallah II à se livrer à un tel exercice, avec la conviction que la fenêtre ouverte pour une paix entre Israël et les Palestiniens est en train de se refermer. Depuis douze ans, il gouverne la Jordanie, pays qui est au centre des problèmes stratégiques concernant le conflit israélo-arabe, l'Irak, l'Iran et le terrorisme. Il a connu quatre guerres, depuis qu'il est monté sur le trône, mais pour lui, le moment de vérité est venu ; le Moyen-Orient menace à nouveau de basculer dans le chaos. Un livre très personnel et émouvant. Un appel passionné à prendre les décisions qui s'imposent pour garantir une paix durable avant qu'il ne soit trop tard. Pour mieux comprendre les difficultés de la paix entre Palestiniens et Israéliens, l'impact de la guerre d'Irak sur la région, le fléau que représente le terrorisme ou encore comment il convient de traiter l'Iran. Chef de la famille des Hachémites, Abdallah II de Jordanie est le quarante-troisième descendant direct du prophète Mahomet. Sa famille a gouverné la ville sainte de La Mecque pendant plus de huit cents ans et son arrière-grand-père a dirigé la révolte qui a libéré les Arabes du joug ottoman. "La Dernière Chance raconte l'histoire extraordinaire du roi Abdallah et présente sa réflexion sur les grands défis de notre temps, ainsi que sa vision humaniste de la paix dans le monde. Ce roi est un homme bon, un dirigeant avisé, profondément engagé au service de la paix et de la prospérité pour sa patrie et la région. Pourquoi, malgré les obstacles, nous avons réellement la possibilité de faire la paix aujourd'hui et pourquoi nous ne pouvons nous permettre de manquer cette chance : voilà ce que montrent ces mémoires" Bill Clinton.

04/2011

ActuaLitté

Littérature française

Kavarna

Quand Bo idar Lenz reçut la lettre du Professeur August Ruthemberg, psychothérapeute viennois, l'invitant le 24 janvier 2013 à un 'Banquet de Platon' au 'Café Central' en compagnie de sept analystes, la perplexité le hanta pendant des jours. Cette invitation baroque était étrange, voire inquiétante vu le choix de ce lieu et de cette date à un siècle de différence. En effet, il était encore habité par les fantômes de Freud, Polgar, Zweig, Kraus, Schnitzler, ainsi que des peintres emblématiques de la modernité viennoise, Klimt, Kokoschka, Schiele, sans oublier des révolutionnaires russes, Trotski, Lénine, et les dictateurs qui avaient ébranlé les fondements de notre civilisation, Staline et Hitler. Ce monde perdu l'envahissait d'une immonde nostalgie. L'Histoire de l'Empire austro-hongrois avait vu une bourgeoisie juive favoriser la naissance et le développement d'une vie culturelle, économique et scientifique exceptionnelle et donner à Vienne le statut de capitale du XXe siècle alors même que montait l'antisémitisme et se répandait un mouvement pangermaniste en Europe. Quel fil d'Ariane avait mené Ruthemberg à les réunir sous prétexte de partager des cas cliniques illustrant le combat éternel entre Eros et Thanatos ? Lenz sentait confusément que la raison de leur convocation à ce banquet était singulière et qu'il allait découvrir un secret commun, caché à leur insu pendant des générations. D'origine slovène, né en 1947 à Paris, Ferdinand Thiry se revendique "écrivain clandestin" - dissimulé sous un pseudonyme, unique moyen selon lui d'écrire en toute liberté. Il parcourt l'Europe, la Russie, l'Asie centrale, l'Extrême-Orient et l'Amérique latine. Devenu médecin et ethnologue, il disparaît durant une décennie en brousse africaine, puis on le retrouve chercheur à Berkeley en Californie. Il édite son premier roman 'La Fuite et le Partage' qui traduit les détournements d'une vie intérieure en quête d'identité. Depuis, il a publié plus de quinze livres dont deux recueils de nouvelles et un journal.

05/2021

ActuaLitté

Beaux arts

Les arts de l'Asie centrale

A l'origine de ce livre, une conquête parmi tant d'autres : Alexandre le Grand occupait il y a 2300 ans la Bactriane, province occidentale de l'Asie centrale. Deux siècles plus tard, un envoyé chinois faisait le chemin inverse, vers l'Occident. La réalité humaine de ces régions, carrefour des routes de la Soie, fit éclore un commerce d'une richesse inouïe : ressources minérales (or, lapis-lazuli, turquoise), animales (chevaux ou moutons), vivrières, mais aussi la soie, le coton ou le thé... Marchands porteurs de denrées mais, aussi et surtout, d'idées et de spiritualités. Ce livre part à la redécouverte d'un monde aux dimensions d'un continent, de l'Iran à la Chine, entre les déserts et les steppes au nord et la barrière des Himalayas, au sud. Fébrilement et brièvement exploré au tournant du siècle, avant 1914, ce domaine était depuis lors ouvert par intermittences. L'éclatement de l'Union soviétique a fait sauter les verrous de sa partie la plus secrète : ce livre recrée l'unité d'un ensemble toujours divisé, mais désormais mieux connu. Ces civilisations charnières entre Orient et Occident sont en effet partagées entre des pays aux frontières souvent artificielles : anciennes républiques soviétiques, Afghanistan, Tibet, Mongolie ou Xinjiang chinois. Les cultures se sont succédé ou côtoyées dans ce creuset au rythme de trois grandes étapes. Antiquité où, sur fond d'affrontements et de symbiose, émergent des empires méconnus : parthe, kushan, sassanide, turco-sogdien. L'essor du bouddhisme, qui partira vers la Chine, la Corée, le Japon, marque une période de transition. Proclamé religion officielle du Tibet en 779, sous sa forme lamaïque, il est aussi adopté par la Mongolie. Enfin, la conquête arabe conduisit l'islam au cœur de l'Asie, et diffusa en retour techniques et motifs et couleurs vers Bagdad et Le Caire : ce fut l'apogée de l'Asie centrale, symbolisé par les noms magiques de Samarcande et Boukhara.

11/1999

ActuaLitté

Franc-maçonnerie

Voyages dans la symbolique maçonnique en loge bleue. 2023

Parmi les obligations d'un Maître maçon, le devoir de transmission occupe une place centrale. Transmettre, c'est d'abord ce mouvement qui porte à faire partager aux autres les fruits de ce que l'on a appris en loge, "portez parmi les autres hommes les vertus dont vous avez promis de donner l'exemple" nous dit le Rectifié. Il s'agit aussi de transmettre voire de léguer les résultats de ses propres recherches et réflexions. La transmission est au coeur de la démarche maçonnique. L'auteur, depuis 2015, a donné une centaine de conférences, la plupart du temps en loge. Elles ont réuni au total près de 6 000 soeurs et frères en France, mais aussi en Belgique, en Suisse et en Afrique. Les textes présentés ici sont largement inspirés par la pensée véhiculée par le Rite Ecossais Rectifié, telle que comprise par l'auteur, et en particulier par les rituels ses loges symboliques, tout en n'ignorant pas les autres rites. 14 thèmes sont abordés dans cet ouvrage : Les heures symboliques de Midi et de Minuit ; L'idée plurielle de Grand Architecte de l'Univers... ; La pierre cubique polie, modèle de perfection ; La symbolique du maillet en loge d'Apprenti ; La Lumière de l'Orient maçonnique ; Symbolisme et franc-maçonnerie ; La Mort Initiatique ; Le nombre et la place des éléments dans les rituels maçonniques ; Le vrai Désir ou le désir du Vrai ; Se mettre à l'ordre au signe d'apprenti ; Hiram biblique, Hiram maçonnique ; L'exclusion historique de Tubalcaïn du Rite Ecossais Rectifié ; L'énigmatique Phaleg du rite écossais rectifié ; La colonne brisée, emblème de l'homme dégradé au Rite Ecossais Rectifié. Un symbole maçonnique ne s'épuise jamais ; il conserve toujours d'autres dévoilements possibles, nouveaux, complémentaires aux premiers. Transmettre, ce n'est pas seulement communiquer, mais aussi partager, donner en toute générosité. Il y a plus de bonheur à donner qu'à recevoir. C'est aussi le but de cet ouvrage.

09/2023

ActuaLitté

Empire

Les sévères

Succédant au " siècle d'or " des Antonins, les Sévères qui gouvernèrent l'Empire romain de 193 à 235 après J. -C jouissent d'une réputation exécrable. Si le fondateur de la dynastie, Septime Sévère, dépeint comme un personnage cynique et brutal, est relativement épargné par l'historiographie, ce n'est pas le cas de Caracalla, qui passe pour un soudard tyrannique, fratricide et incestueux, Géta pour une victime indolente, Sévère Alexandre pour un prince pusillanime gouverné par les femmes, Varius Avitus Bassianus, plus connu sous les sobriquets d'Héliogabale ou d'Elagabal, pour un fanatique obsédé par le sexe. Sans nier la face obscure de ces princes, l'auteur met en exergue leur contribution à la grandeur de l'Empire : les qualités de chef d'Etat de Septime Sévère, la volonté de Caracalla de protéger son immense royaume contre les turbulentes tribus barbares, le souci de chacun d'améliorer et d'adoucir la condition de leurs sujets. Au-delà de ces portraits impériaux singuliers, Les Sévères de Pierre Forni propose aussi un voyage au coeur des provinces et des cités de l'Empire, dont il restitue le cadre et les modes de vie bruyants et colorés : les séances houleuses du Sénat, les ravages de la " peste antonine ", la correspondance des militaires en poste près du mur d'Hadrien, le ridicule des conférenciers en vogue, les rituels de la cour impériale, les blagues à la mode, les guerres picrocholines des cités d'Orient que les Romains incrédules qualifiaient de " bêtises des Grecs ", les conflits internes entre gnostiques et chrétiens orthodoxes... Ce livre étudie également les traces que ces cinq empereurs ont laissé dans l'histoire, l'art ou la littérature en privilégiant notamment, celles, innombrables, qu'inspirèrent les brèves existences de Caracalla et d'Héliogabale le " petit prince " hédoniste d'Emèse, qu'on qualifierait aisément de nos jours d'anarchiste, de martyr ou d'icône LGBT.

11/2022

ActuaLitté

Théâtre

ÉCRITS-CRIÉE - n° 3 et 4 - La revue du Théâtre national de Marseille. CRI-CRI 3 et 4

ECRITS-CRIEE est la revue du théâtre national de Marseille. Elle publie son numéro double 3 et 4. Elle est dirigée par Macha Makeïeff, directrice de La Criée, metteure en scène, et Hervé Castanet, professeur des universités et psychanalyste. Elle fait se confronter des pratiques artistes et intellectuelles. D'article en article, cette revue a suivi ce fil : chacun des quatre numéros parus porte les traces de ces échanges, de ces savoirs, hors toute hiérarchie, qui se frottent. Elle promeut la rugosité inventive des rencontres... Elle récuse le mièvre, l'acidulé. Ô combien, nous remercions les intellectuels, les chercheurs, les artistes, les écrivains qui ont accepté des entretiens ou confié des articles longuement travaillés et inédits. Comme le dit Macha Makeïeff : Les artistes sont prophètes, leur hypersensibilité et leur charme en font des visionnaires ; ils, elles appréhendent la marche du temps et nos inquiétudes, tracent des paraboles passionnantes, élucident malheur et providence. Il y a les approches très différentes, la diversité des esthétiques, écritures documentaires et témoignages, pures fictions insolentes. Ils, elles ressentent le monde tel qu'il est, tel qu'il résonne, se défait, se recompose, approchent le malheur. Ils manient l'arme de la sensibilité, de la traduction, de la fiction plus forte que le réel. On sait la puissance de la représentation. Voyants et voyantes, les artistes ont un temps d'avance sur la marche du monde, dans l'instabilité qui nous entoure à des échelles diverses, celle de la pensée confrontée aux pires idéologies, la fragilité de nos destins face à la violence, l'injustice, le massacre des innocents, face à l'incertain. Ils nous conduisent à voir mieux et autrement. Alors qu'à l'instant l'Ukraine est sous les bombes, la Russie plongée dans la dictature et divisée, le Moyen-Orient déchiré, qu'en Afghanistan les pires oppressions se multiplient, les spectacles disent la force de l'Histoire, le choc du politique dans l'intime, sur les vies minuscules, les sagas familiales, et racontent les réponses humaines aux désordres, aux désarrois, à l'injustice.

06/2022

ActuaLitté

Empire

Pompei

Un livre destiné aux visiteurs comme aux lecteurs qui veulent découvrir les trésors de Pompéi et comprendre sa singularité : campanienne, romaine et ouverte sur l'Orient. Abondamment illustré, pourvu de multiples plans, organisé autour de 37 promenades et d'un dictionnaire de vies des Pompéiens. Il propose aussi une histoire de la ville ainsi qu'un glossaire. Grâce aux grands travaux engagés cette dernière décennie par l'Etat italien et l'Union européenne, les découvertes magnifiques et surprenantes se sont multipliées à Pompéi. Composé de plus d'une trentaine de promenades thématiques illustrées de nombreux plans, cartes, schémas et dessins, ce livre fait la synthèse des trouvailles anciennes et récentes ; il intègre de nombreux textes et documents inédits en français. Plonger dans la lecture de ce volume est pour le lecteur une immersion dans la vie quotidienne d'une Pompéi singulière, où les cultures campanienne, romaine, grecque et égyptienne se sont heureusement métissées, et qui se figea en 79, ensevelie sous la lave du Vésuve. Il déambule dans les rues de la ville, ses maisons et ses édifices publics en compagnie des ombres du passé. Il flâne avec elles dans les jardins réels ou virtuels d'une " ville verte ", découvre ses animaux, familiers ou exotiques. Il rencontre des magistrats, des affranchis et des esclaves, des médecins, des femmes indépendantes et libres. Il se détend aux thermes, applaudit les mimes au théâtre et les gladiateurs dans l'arène, croise les prostituées au lupanar et déchiffre les graffitis qui couvrent les murs de la cité et qui parlent d'amour et de désirs. Il s'initie aux secrets de la magie ou aux cérémonies d'Isis l'Egyptienne, observe dieux, héros et Pygmées sur les fresques et se laisse guider par Venus Fisica Pompeiana, la patronne de la ville. Il visite les nécropoles qui font de la cité des morts le miroir de celle des vivants. Tous ces hôtes du passé lui racontent une autre Pompéi, où l'éphémère fait signe à qui sait l'écouter.

05/2023

ActuaLitté

Critique littéraire

Poésie en ruines. La pensée et la poétique de Yûnus Emre

La langue turque est tard venue dans la littérature du Moyen-Orient et a dû faire sa place à côté des langues dominantes qu'étaient l'arabe et le persan. Elle s'impose d'un coup à travers la poésie de Yûnus Emre (1240-1320). Tout de suite très populaire, elle a subi une distorsion significative en étant interprétée selon une orientation mystique et, en même temps, en se trouvant supplémentée d'une multitude de poèmes apocryphes signés de variantes du même nom. L'édition critique n'a paru qu'en 1997, alors que les éditions populaires en turc simplifié rassemblant pêle-mêle poèmes apocryphes et authentiques étaient largement diffusées. Yûnus Emre, deux surnoms, est cet étrange poète dont le programme poétique s'offre à une trahison permanente, comme il l'annonce lui-même. Sa vie reste un mystère. Elle se réduit essentiellement à sa signature à la fin de ses poèmes et à la mention de son maître, aveugle et musicien qui divulguait un enseignement spirituel sans être affilié à une confrérie. Yûnus Emre représente, à ce titre, la tradition de l'islam anatolien, syncrétiste et hétérodoxe, dont la spiritualité, la pensée ironique et contestataire de toutes les institutions, à commencer par le soufisme, ne peut se déployer que poétiquement. Ses poèmes mettent en oeuvre le désir naïf du lecteur pour la mystique, afin de le conduire à la ruine, à ce champ de ruines qu'est la spiritualité. Le goût de ses poèmes tient à la provocation à jouer avec soi-même, à jouer du double sens du poème, à juxtaposer le sens mystique qu'il déroule longuement pour mieux abuser son lecteur jusqu'au coup fatal des derniers vers — où surgit sa signature — qui ruinent le paisible et satisfaisant paysage mystique où le lecteur s'était assis. La duplicité y est l'essence du poème qui ouvre la spiritualité de l'amour, lequel s'affranchit ainsi de son héritage métaphysique.

03/2020

ActuaLitté

Sociologie politique

Politiques de la violence. Organiser la lutte de la Colombie au Pakistan

Si les violences politiques sont parfois le fait d'individus isolés, elles sont le plus souvent des actions organisées, c'est-à-dire inspirées, parfois planifiées, prises en charge, voire produites par des organisations dont les objectifs sont politiques. Les violences d'origine étatique sont, de loin, les plus meurtrières, mais celles des groupes non-étatiques demeurent une composante essentielle des dynamiques politiques contemporaines, partout dans le monde. Cet ouvrage met, plus particulièrement, l'accent sur ce deuxième type de violences, que la théorie politique considère, par principe, comme illégitime, mais qui, du point de vue des acteurs qui la perpétuent, peut se justifier, notamment quand il s'agit de protéger le statut d'un groupe dominant ou, à l'inverse, d'imposer les revendications d'un groupe marginalisé. Les enquêtes présentées dans cet ouvrage proviennent de chercheur-e-s ayant une longue familiarité avec leur terrain, que ce soit en Afghanistan, en Algérie, au Burundi, en Colombie, en Libye, au Pakistan, en Turquie et, plus largement, au Moyen-Orient. Elles témoignent toutes qu'il ne manque pas d'individus prêts à passer à l'action violente. Cependant, la compétence individuelle dans l'exercice de la violence ne peut devenir une ressource pour l'organisation dont elle émane que si celle-ci est utilisée de manière disciplinée, relativement mesurée, et fidèle au sens que l'organisation lui confère. Le problème central des organisations qui y recourent n'est donc pas tant de produire de la violence que de la moduler, la canaliser et lui donner sens, d'où l'intérêt de se pencher sur les processus de rationalisation de son usage. Par ailleurs, les modes d'action violents produisent des effets durables et spécifiques sur les sociétés, qui compliquent souvent le retour à une expression pacifiée des conflits politiques. Cet ouvrage a été dirigé par Amin Allal (CERAPS-CNRS), Gilles Dorronmro (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne) et Olivier Grojean (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne). Ont également contribué : Valeria Alfieri, Amélie Blum, Laurens Gayer, Jacobo Grajeles, Arthur Quesnay et Nedjib Sidi Moussa.

11/2021