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XXe siècle

Au loin, quelques chevaux, deux plumes...

Edward Curtis est le héros malgré lui de cette histoire portée par le souffle des récits du Grand Ouest américain. Grâce à la force de son écriture, le scénariste Jean-Louis Milesi donne vie à une aventure qui ouvrira le regard du grand photographe sur les Indiens et leur disparition programmée. Ce jour de juillet 1900, Edward Sheriff Curtis aurait dû mourir égorgé par Henry, bandit de grand chemin. Mais c'est ce même homme qui lui sauve la vie. Un Henry qui s'appelle en réalité Mika Ohiteka, en sioux " féroce raton laveur ". Il a dix ans en 1862 lorsque, après une nouvelle guerre perdue contre les Blancs, les Sioux sont déportés hors du Minnesota. Alors que leur convoi traverse une ville, une foule haineuse l'attaque. Mika se retrouve isolé des siens. Perdu en plein hiver. Remontant la rivière, il survit et arrive à Mankato. Accoutré en Blanc, le jeune Indien se fond dans la foule venue assister à une pendaison collective. Les condamnés à mort : trente-huit guerriers sioux. Parmi lesquels son grand frère, Hdainyanka. Curtis, trente-huit ans plus tard. Il a été dépouillé de son chariot, son matériel photographique, son revolver par les bandits... Sans Henry, il n'aurait pas survécu à la chaleur, la faim, la soif. Un long périple conduit les deux hommes jusqu'à une réserve, dans le Dakota du Sud, où le photographe découvre les misérables conditions de vie des Indiens. Et où il comprend qui est Henry, devenu son ami. Il ignore encore qu'il passera les trente prochaines années de sa vie à témoigner de la beauté et de la grandeur de cette " race qui disparaît ". Milesi maîtrise une écriture très personnelle pour caractériser cet univers, et raconter la naissance d'une vocation à une période mythique, avec l'un des derniers grands combats des Indiens contre les Blancs ; les conditions de vie dans des réserves misérables sur des territoires déshérités ; un orphelinat catholique pour les filles, arrachées à leurs familles et soumises à des traitements implacables. Et au coeur de cette histoire, Edward Curtis, dont l'oeuvre photographique et mémorielle est universellement connue.

01/2023

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Littérature française

Un voyage en italique. Suivi de Entretien

Jean Seberg, égérie de la " nouvelle vague )), s'attacha durant toute son existence à la plus profonde sincérité dans son jeu comme dans sa vie. Propulsée sous les feux de la rampe à l'âge de dix-sept ans par le cinéaste Otto Preminger, elle va épouser en premier mariage François Moreuil, puis Romain Gary, aviateur engagé dans les Forces Françaises Libres pendant la seconde guerre mondiale, diplomate et romancier Prix Goncourt 1956 (futur deuxième Prix Goncourt 1975 sous le pseudonyme de Emile Ajar) et enfin Dennis Berry, cinéaste, fils du réalisateur et acteur américain John Berry. Jean Seberg quitta tragiquement la Vie le 30 août 1979 à Paris après avoir voué son existence entière à la sincérité et à l'engagement, à la scène comme dans sa vie de femme, mais encore soutenant les minorités depuis son adolescence dans sa petite ville natale de Marshalltown en Iowa. Devenue star internationale, elle consacrera sa notoriété, ses relations et ses moyens financiers au soutien inconditionnel de la cause noire américaine alors éprouvée, s'attirant les foudres du F.B.I. et de la C.I.A. qui ne cesseront de la harceler pour son engagement politique sans concession, notamment à l'apogée de sa carrière dans les années 1968-1969. Elle aura cependant eu le temps de tourner Bonjour Tristesse avec Preminger, A bout de souffle avec Godard, La ligne de démarcation avec Chabrol et bien sur Les oiseaux vont mourir au Pérou de et avec Romain Gary, sans oublier Lilith avec Robert Rossen... pour les plus importants. Spontanée et attachante, sincère et infiniment séduisante, brillante, elle traversa la Vie comme une comète avec une innocence et une fraîcheur de cœur et d'esprit jamais démentis. Elle repose de nos jours dans la plus grande modestie au cimetière du Montparnasse... Philippe Legouis, dans un roman/biographique qui débute par une rencontre avec & ce qui pourrait être a le double de Romain Gary, donne vie à une Jean Seberg superbe et fragile, peu après sa rupture avec l'écrivain-aviateur. L'auteur n'en est pas à sa première tentative d' " habiter " ses personnages féminins, après avoir suivi les traces de Virginia Woolf, publié fin 2006.

06/2009

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Critique littéraire

Valeurs et autres écrits historiques, politiques et critiques, 1923-1948. Volume 2

" L'idée de succès me donne à rire... On me lira en 1969 ou en l'an 2000. " André Suarès (1868-1948) ne croyait pas si bien dire : cette prophétie des années 1930 est en train de se réaliser, comme se sont réalisées d'autres de ses prophéties. Dès 1932, il avait alerté ses compatriotes sur le danger du nazisme, s'était engagé contre la barbarie montante, prévoyant la guerre, la défaite, le génocide. Persécuté par la Gestapo et la Milice, il s'était caché dans le Midi, pour mourir quelques années après la Libération dans une indifférence quasi totale. Il laissait derrière lui près d'une centaine d'ouvrages publiés, d'innombrables articles donnés à quelque deux cents périodiques et des milliers de pages manuscrites dont certaines sont révélées ici pour la première fois, comme Valeurs II et Le Paraclet. Seuls avaient émergé Le Voyage du Condottière et Vues sur l'Europe. La plupart des autres livres - dont Malraux, Unamuno ou Stefan Zweig étaient pourtant de fervents admirateurs - étaient tombés dans l'oubli. La présente édition offre un choix représentatif de l'immense œuvre de Suarès. On pourra ainsi suivre l'auteur de ses premières réflexions sur le pouvoir politique (à propos de Napoléon) jusqu'à ses dernières dénonciations de la dictature (qu'elle soit rouge ou brune), de son combat pour Dreyfus à celui contre Hitler, de ses essais sur Baudelaire et Wagner jusqu'à ses portraits de Cézanne et de Mallarmé. Polémiste, essayiste, critique littéraire et musical, philosophe politique et moraliste, Suarès a été, avant tout, un visionnaire en quête d'avenir. Il est devenu un auteur pour notre temps. ROBERT KOPP. Cette édition comporte deux volumes, le premier contient les rubriques et les titres suivants : Le Mythe napoléonien, Alphonse Daudet (inédit), Autour de l'affaire Dreyfus, Voici l'homme, Sur la vie, Venezia, Baudelaire, Tolstoï vivant, Idées et Visions, Péguy, Cervantès, Shakespeare, Dostoïevski, Debussy, Ravel, Xénies. Le deuxième : Puissances de Pascal, Présences, Autour du livre, Vues sur la musique et les musiciens, Variables, Bourdelle, Vues sur Paris, Portraits sans modèles, Valeurs, Valeurs II (inédit), Le Paraclet (inédit). Les textes ont été établis, préfacés et annotés par Robert Parienté, auteur d'une biographie sur André Suarès qui fait autorité.

02/2002

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Poésie

Les Contes du Sire de Baradel, suivi de: Divers d'hiver & d'autres en corps

Ce livre n'est pas en dépit du titre, "Les Contes du Sire du Baradel", une suite aux "Dits du Sire de Baradel" (édités par Jehan Mayoux en 1968 à l'enseigne des éditions Péralta et illustrés par Jorge Camacho) et ne vaut d'autre part que pour la première moitié de l'ouvrage : celle des textes en prose. Les contes sont indépendants les uns des autres, même s'ils témoignent parfois de "préoccupations communes" . La première partie comporte des textes relativement suivis écrits en 2005, plus le dernier datant de janvier 2006. Les textes de "Au menu des mois de menus émois en menus propos", qui composent le deuxième versant des "Contes", écrits de 2006 à 2018, plus dispersés, peuvent paraître plus circonstanciés, mais tout aussi surprenants : Voici le ciel nouveau, et les serments sont inutiles, à moins de les convertir en baisers, d'y mordre et d'y mourir enfin. La deuxième partie du livre, "Divers d'hiver & d'autres en corps", comporte des poèmes écrits entre 2016 et 2018 et animés par la mort et tout ce qui touche à elle, la femme, rituel et sacré, quelques détestations classiques, refus de ces institutions et des valeurs traditionnelles, érigées pas la société et puis cette hantise, cette interrogation : les mots. A la fois volcanique et sensuel, le poète agite ses mots comme des rasoirs qui tranchent la gorge d'un réel souvent imbuvable. Ciselé dans le silex de l'inconscient et de l'émotion, le lyrisme de Delabarre n'est pas une fuite ; il introduit le rêve dans la réalité, sans jamais rien omettre de dire, et sans jamais se résigner. Automatisme ou pas, écrire avec ou sans pantalon est-il à l'ordre du nécessaire ? Et si l'automatisme nous apprenait à savourer un vers. Au barman de nous renseigner. Une paire de bretelles, c'est là notre abécédaire, mais l'automatisme n'y est pour rien, il se prend tout juste à rêver. Automatiquement votre, cela ne veut rien dire, me dit-elle, avant de savourer un zeste de citron accroché à un bout de lèvre. Christophe DAUPHIN

09/2021

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Photographes

End Time City. Michael Ackerman, Edition revue et augmentée

Edition revue et augmentée du fameux livre éponyme publié vingt ans plus tôt qui inscrivait Michael Ackerman parmi les figures majeures de la photographie, Plongée au coeur de Bénarès, ville la plus sacrée de l'hindouisme qui accueille des pèlerins venus mourir ici pour effacer leurs péchés et mettre un terme au cycle des renaissances, End Time City nous immerge dans un monde hallucinatoire. Michael Ackerman nous conduit dans une folle déambulation parmi les étroites rues de la cité sainte qui mènent aux ghats et aux aires de crémation. Saturées de poussière, peuplées de présences fantomatiques aux regards intenses, les images d'Ackerman restituent un monde à la limite du rêve éveillé, où la sensation de simultanéité passé-présent semble tangible. Le temps paraît encapsulé : le photographe saisit la fureur et le bruissement du monde. Ses images parlent de transformation : venus se décharger du fardeau du temps et de la mortalité, femmes et hommes se mêlent aux chiens errants, surgissent au détour d'une ruelle, nous regardent de la profondeur d'une maison. L'état fiévreux qui règne ici, empreint à la fois de lenteur et d'une folie agitée, donne à voir la vanité du monde. L'expérience intime du photographe se fait expérience de l'universel. Femmes et hommes sont unis dans un même mouvement d'errance au fil des rues. Nous sommes à la fois tout prêt de la mort comme de la vie. Le présent ouvrage offre un nouvel editing réalisé par l'artiste. Revisitant ses archives accumulées lors de ce voyage en Inde réalisé dans les années 1990, le photographe fait ici un pas de côté : le changement de format, de concept graphique et l'introduction d'images inédites offrent au lecteur un nouvel opus. Edition revue et augmentée du fameux livre éponyme publié vingt ans plus tôt qui inscrivait Michael Ackerman parmi les figures majeures de la photographie, le présent ouvrage offre un nouvel editing réalisé par l'artiste. Revisitant ses archives accumulées lors de ce voyage en Inde réalisé dans les années 1990, le photographe fait ici un pas de côté : le changement de format, de concept graphique et l'introduction d'images inédites offrent au lecteur un nouvel opus.

10/2021

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Littérature française

Tientos. Suivi de L'image la plus grave de la joie

Ínigo de Satrústegui est un écrivain rare, dont la retenue et le scrupule d'écrire semblent en ces temps obsolètes. Ses textes ne s'étendent jamais au-delà de quelques pages. Souvent d'une densité et d'une beauté fulgurante, ils procèdent très exactement de ce dont ils traitent : d'une apparition. Leur objet n'est rien moins que la fragilité de notre sentiment d'être au monde, le primordial étonnement qui tout à la fois le fonde et s'en nourrit. Et le désir de rejoindre la profusion des formes et des matières auquel sourdement il s'accorde. L'esthétique qui se dessine alors vient fondre toute réflexion en mouvements, rythmes, images. : "Le concept peut bien avoir quitté les arts, il n'y a jamais été chez lui, mais eux, qui sont ce va-et-vient pris à l'origine, détiennent les clés de toute pensée". Les courts "essais" rassemblés ici mêlent souvenirs et spéculations devant les oeuvres et devant la vie : l'art d'Hubert Duprat, la crypte de la cathédrale d'Auxerre, des frontons basques, l'enterrement d'un grand-père, des ruines aimées, un bistrot, de fantomatiques études à Salamanque, l'or des années lointaines. Devant nous, épars, ils se tiennent, dans la cadence et dans la grâce. "Représente-toi ce que cela veut dire, mourir : n'avoir jamais été". Attrapée je ne sais où, enfant, dans un livre qui ne m'était pas destiné, cette phrase m'a imprimé par viol le sceau de la Ténèbre - mais encore, et comme un contrecoup, de tout se qui vient et qui subsiste. Rien d'autre peut-être, malgré la frappe et ma jeunesse, que de très ancien et de très fruste, trop éprouvé, trop usé ; pourtant cela se condensait peu à peu sans que je fusse en mesure d'en rendre compte, avec la frayeur et la joie, dans le double sentiment, plus précis au fil des années, que toujours ce qui semblerait d'abord s'offrir à mes yeux se creuserait de soi-même, me demeurerait étranger sans recours possible et que les paroles destinées à le rapprocher comme à le soutenir se disperseraient dans je ne sais quel vide et pourraient aussi bien aller s'appliquer ailleurs. I. de S.

11/2021

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Historique

Viktor Frankl. Un héritage pour l'humanité

Viktor Frankl (1905 - 1997) est un célèbre professeur autrichien de neurologie et de psychiatrie à la faculté de Vienne en Autiche. Il est le créateur d'une nouvelle thérapie qu'il baptise : logothérapie. Dès l'âge de 15 ans, il correspond avec Freud. Très en avance sur son temps, il donne sa première conférence sur le thème : "A propos du sens de la vie" . En 1925, étudiant en médecine, il rencontre Freud tout en se rapprochant du cercle d'influence d'un autre éminent professeur Alfred Adler. Mars 1938, les troupes allemandes pénètrent en Autriche. Frankl sabote alors les ordres reçus par les nazis et refuse de livrer des malades et handicapés mentaux pour le programme d'essai d'euthanasie baptisée "Aktion T4" ayant pour projet d'assassiner les Juifs à grande échelle au moyen de chambres à gaz. Pour avoir refusé de collaborer, Viktor Frankl et toute sa famille sont envoyés dans le camp de concentration Theresienstadt, puis déportés au camp de la mort Auschwitz. Toute sa famille est assassinée. Durant sa déportation, Frankl observe minutieusement tous les déportés et se rend compte avec étonnement que les plus robustes, ceux qui sont dans l'action et qui mangent bien sont les premiers à mourir très vite, alors que les plus faibles résistent plus longtemps. "Face à l'absurde, les plus fragiles avaient développé une vie intérieure qui leur laissait une place pour garder l'espoir et questionner le sens". . A la libération en 1945, son expérience des camps lui permet de comprendre l'importance de trouver un sens à sa vie pour avoir l'envie et le courage de continuer. Il décide alors de créer sa propre conception qu'il appelle logothérapie : DONNER UN SENS A SA VIE, une forme d'analyse existentielle sur le sens de la vie. La logothérapie prend après-guerre une ampleur considérable et révolutionne la pratique thérapeutique en tant que science qui "se penche tant sur les raisons de vivre de l'homme que sur ses efforts pour les découvrir" . Viktor Frankl est l'auteur d'un best-seller vendu à plus de 16 millions dans le monde.

11/2023

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Musique, danse

Brahms

Nul autre n'était plus qualifié que Claude Rostand, grand spécialiste de la musique allemande romantique, pour traiter un sujet qui avait été jusqu'alors complètement négligé par la littérature musicale de notre pays. C'est, en effet, le premier livre complet et exhaustif paru à ce jour en français. Cet ouvrage considérable, Claude Rostand (1912-1970) y a consacré plusieurs années de sa carrière de critique et de musicographe, rassemblant tous les documents les plus récents à l'époque, lui permettant de tracer le portrait véridique d'une des plus grandes et attachantes figures du romantisme, et de faire justice d'un certain nombre de légendes qui en faussaient souvent la vérité. A travers les correspondances, les mémoires, les récits, les articles de journaux, il a su s'introduire au plus intime de son sujet et nous faire connaître la physionomie profonde d'un homme et d'un artiste parfois étrange, souvent déroutant, mais combien attachant pour qui le connaît. La valeur toute particulière du Brahms de Claude Rostand tient à ce que l'auteur a fait tout en même temps oeuvre d'historien d'une part, et de savant d'autre part. L'ouvrage comprend un élément biographique, récit très attachant, très vivant, au long duquel nous suivons le musicien presque jour après jour durant toute sa carrière. En outre, ce récit brosse une vaste fresque de l'Europe musicale d'alors : les grandes capitales de la musique, le cénacle de Schumann à Dusseldorf, celui de Mendelssohn à Leipzig, la Rome lisztienne de Weimar, Vienne à l'époque de François-Joseph et de Johann Strauss, etc. Nous y voyons vivre ou mourir Schumann, Liszt, Berlioz, Wagner, Hugo Wolf, Bruckner. Dans ce livre vivant, varié et passionnant, Claude Rostand a intercalé un élément qui, pour technique qu'il soit dans une certaine mesure, n'en reste pas moins à la portée de l'amateur moyen : toutes les oeuvres sans exception sont analysées de façon que cet ouvrage puisse également être consulté comme un guide et un dictionnaire brahmsiens. Toutes les oeuvres sont ainsi situées dans leur ambiance historique, psychologique, poétique et sentimentale, et expliquées sommairement et clairement du point de vue strictement musical.

09/1990

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Littérature française

Derrière mes doubles (Jean-Pierre Duprey & Jacques Prevel). Chronique des poètes de l'émotion 1

La poésie est une écriture sans retour. Un gouffre sans fond. Christophe Dauphin ne craint pas de sauter dans ce vide en provoquant la rencontre de Jean-Pierre Duprey et de Jacques Prevel. Prevel né en 1915, Duprey en 1930, ne se sont vraisemblablement jamais croisés à Montparnasse où à Saint Germain-des-Prés dont ils fréquentaient pourtant les mêmes cafés. Dauphin les met face à face non comme deux combattants prêts à s'affronter sur un ring mais comme deux frères stupéfaits de se découvrir dans le regard de l'autre. Duprey et Prevel sont normands (comme Christophe Dauphin), l'un de Rouen (Duprey) l'autre de Bolbec (Prevel) et cette normandité n'est pas anecdotique. Léopold Sédar Senghor voyait les Normands comme des "métis culturels" , réalisant la symbiose entre "les apports méditerranéens, celtiques et germaniques" , traits que l'on peut découvrir chez les deux poètes. Duprey penchait du côté surréaliste, Prevel du côté du Grand Jeu. L'un et l'autre connurent un destin tragique : Duprey, suicidé à vingt-neuf ans, Prevel, mort de la tuberculose à trente-six. "Celui qui voit son double en face doit mourir" , écrivait Roger Gilbert-Lecomte, poète admiré par Prevel autant que par Duprey. Les deux hommes pourtant ne se ressemblaient pas. Leur réputation était à l'opposée l'une de l'autre. Duprey reconnu et fêté, Prevel marginalisé et abandonné. Duprey était un ange, Prevel un spectre. Ni l'un ni l'autre n'avaient véritablement de place dans la société artistique où il va de soi de faire bonne figure, d'être disert, de se montrer à son avantage, de ronronner ou d'hurler à la lune pour se mettre en exergue... . La force du livre de Christophe Dauphin, c'est de parler de Duprey et de Prevel d'homme à homme, d'égal à égal, de poète à poète ; d'éclairer sans fard leur vie et leur oeuvre. Ici, pas de bonbons sucrés de rhétorique, de sentimentalisme ni de nostalgie : des faits et du texte. De la matière dure. De la matière noire. Quelque chose d'aussi solide que les sculptures de Duprey, d'aussi tranchant et bouleversant qu'un ciel d'orage "tout pesant d'inquiétude d'anxiété et d'irréel" . Gérard MORDILLAT

10/2021

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Paranormal, Bit-lit, Science-f

Département des crimes vampiriques Tome 4 : Comment sauver un humain

River Quand je rencontre Bentley DeGray, je suis au fond du gouffre. Peu importe à quel point je me bats, mon passé ne cesse de me rattraper. Bentley me fait rire, m'intéresse et m'aime, mais quel sens attribuer à tout cela alors que je vis dans le mensonge ? Les choses se compliquent quand je découvre qu'il fait partie du Département des Crimes Vampiriques, l'organisation qui cherche des réponses aux enlèvements de vampires importants. La même organisation qui se dresse sur mon chemin. Empêtré dans ce rôle qu'on m'a forcé à jouer, le temps qui m'est imparti est compté, mais je sais que je me serais déjà noyé sans Bentley pour me soutenir. Bentley Nous devons faire face à quelque chose de si complexe que nous ne savons pas à qui nous pouvons faire confiance, même au sein du DCV. River me donne l'impression que chaque jour vaut la peine d'être vécu et apprécié, que je ne suis pas seul. Je ne peux imaginer ma vie sans lui. Mais si je veux le garder à mes côtés, je vais devoir faire tout mon possible pour l'aider afin que la flamme de notre amour ne s'éteigne pas avant d'avoir pris. Comment sauver un humain contient : une chatte qui montre son affection sans faire couler (trop) de sang, des projets artistiques un peu... sommaires, le tour en "taureau" le plus décevant qui soit, et des vampires appartenant potentiellement à la mafia. #Vampires #Mystère #MM #Romance #Humour #Détectives "Comment sauver un humain était drôle et doux, ridicule et tendre, et j'en ai adoré chaque page ! " Shannon, lectrice Goodreads "Bentley et River me font mourir de rire. J'adore l'humour d'Alice Winters et sa plume est au top dans ce roman ! " Ben Howard, lecteur Goodreads "Un autre très bon tome dans une série très sympa ! Winters réussit très bien à nous surprendre et à créer une histoire intense qui trouve très bien sa place dans cette série. Je recommande les yeux fermés ! " blog Joyfully Jay

07/2023

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Poésie

Essart

Quelle est cette terre que Gabriela Mistral cherche à essarter, à défricher ? Celle de son Chili natal, de la Cordillère des Andes, des légendes Mayas ? Ou la terre des exils et des ombres ? Essart est un livre mystérieux ; on lit ces poèmes comme on marche sur une terre ouverte, dont on embrasse les sommets du regard, cheminant au plus près d'une parole dense et profonde, rustique et mystique. Gabriela Mistral hisse ses poèmes vers la fable, au moyen d'une langue bruissante d'hommes et de dieux, de traditions et de légendes, de dialectes archaïques. Nous sommes séparés, Mistral nous rassemble dans la circulation interne d'un pouls, d'un sang à la pulsation puissante qui a le mouvement d'un fleuve. On se perd dans un "hallali de pierres roulées" , au milieu des iguanes et des tortues, des cerfs et des colombes, avec cette étrange impression d'être "toujours blessé, jamais chassé" . Essart opère une transfiguration de l'enfance en odeurs, des fantômes en brumes, des hommes en paysages, des visages en fables, des peuples en fleuves, des corps en zodiaques et des dieux en rêves, en une lumière qui mystifie tout. Dans ces poèmes où vivre et mourir, dans cette confession plus vaste que soi, des profusions de monde aux "quarante points cardinaux" tiennent dans un mot, dans une langue habitée, c'est à dire peuplée de souvenirs, de charmes, de fleuves, d'oiseaux et de fleurs, de disparitions et d'esprits, vaste comme un horizon ou un ciel étoilé. Cette voix qui nous soulève vers la liberté, nous berce entre les épiphanies et les pleurs avec "le pur rythme tranquille des vieilles étoiles" semble ne jamais vouloir interrompre son chant, ne jamais briser le sortilège et c'est ce qui nous tient, nous emmaillote à ces lignes : la crainte d'une magie dissipée, le retour brutal sur la terre vide et nue, inconsolables de la fable. Aussi nous ne quittons ni les anges, ni le rêve de cette poésie qui "regarde le monde aussi familièrement que si elle l'avait créé".

08/2021

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Littérature française

A coeur ouvert

Un petit soleil tournoie comme une menace vers le joueur : concentré sur le terrain de tennis, cet homme risque de mourir mais ne le sait pas. Encore une révolution, une approche jaune presque rieuse, une courbe astrophysique, et l'aorte explosera. Ainsi s'ouvre Peines de coeur : par un ralenti sublime, solaire et saudade - que nous conte, avec talent, un narrateur désormais allongé à l'hôpital. Partie remise... Sauvé à temps, ce coeur solide et passionné vivra longtemps. Mais il a fallu à Jean-Paul Enthoven passer par une expérience douloureuse et métaphysique. Huit heures d'opérations. Un coeur extrait du corps humain pendant 155 minutes, avant d'être réintégré, nettoyé, prêt à reprendre vie, amours, amitiés, livres et parties de tennis. C'est cette traversée du miroir que l'écrivain nous conte aujourd'hui avec talent. Ici tout est vrai : la nuit opératoire, la souffrance. Tout est énigmatique, à commencer par ce coeur, fragilisé par le temps et blessé par la trahison d'un fils adoré. Par quelle mystérieuse alchimie passe-t-on d'une peine de coeur à une maladie du coeur, d'un coeur blessé à un coeur opéré ? De page en page, de nuit en nuit, le narrateur est visité : par les souvenirs de l'enfance outre-mer, par un père merveilleux, prince du passé ; par un soignant silencieux ; par un grand Ponte fou de vie et de femmes ; par un amour mauvais et une compagne merveilleuse ; par des amis disparus - Michel Berger tué par son coeur en fin de partie, Françoise Sagan, éternellement facétieuse ; par un sage inconnu et un acteur gueulard dans la chambre d'à côté... . C'est le peuple de la nuit et des songes, qui frôle, touche et fait vivre et fait rire. Nulle saison en enfer, mais un moment douloureux traité avec distance et drôlerie, tant la vie prend un autre relief lorsqu'elle menace de s'éteindre . Peines de coeur est le roman vrai d'un homme dépouillé de ses masques : un rivage tendre d'où l'écrivain nous revient allégé, épuré, libre, délicieusement abandonné à la vie et à la littérature.

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Littérature française

La France goy

"Trente ans après L'Esprit de vengeance, qui évoquait mes sentiments envers mon grand-père, Jean Gosset, le temps était venu de chercher à savoir pourquoi cet homme s'était engagé dans la Résistance, qui le conduirait au camp de concentration de Neuengamme où il allait mourir. Les réponses, c'était son père qui allait me les fournir", C. D. L'enquête s'emballe quand un trésor est découvert dans les archives familiales : lettres, journaux intimes, articles de presse, manuel d'escrime, de la main d'Henri Gosset, le père de Jean. C'est l'étincelle qui fait exploser le réel, et le romanesque s'impose autour du personnage de Henri et de sa correspondance, qui nous font remonter à la fin du XIXe siècle, jusqu'aux racines de l'antisémitisme français et à son "patient zéro", Edouard Drumont. Si Henri Gosset, en arrivant à Paris, en 1892, à seize ans et demi, n'a pas rencontré l'auteur du best-seller haineux La France juive, il a en revanche très bien connu son disciple et successeur, Léon Daudet, le fils du célèbre écrivain. Léon initie Henri à l'antisémitisme et lui présente le professeur Bérillon, praticien réputé de l'hypnose, fondateur de l'Ecole de psychologie dont Henri devient un des professeurs et son trésorier. Mais les mauvaises fréquentations d'Henri ne l'empêchent pas de tomber follement amoureux d'une jeune institutrice anarchiste, Marcelle Bernard. De l'union de ces extrêmes naîtra Jean Gosset... Léon Daudet, Edouard Drumont, Charles Maurras, les leaders anarchistes Gustave Hervé et Almeyreda, Clemenceau, Caillaux, le directeur du Figaro Calmette, Dreyfus, Zola, Jules Bonnot, Jean Jaurès et tant d'autres, c'est une humanité grouillante et furieusement vivante qui habite La France goy. La fresque couvre les deux décennies qui précédent la première guerre mondiale. L'époque est féroce, avec ses scandales (Panama), ses campagnes de diffamation contre les Juifs, les capitalistes dénoncés comme espions par L'Action Française, les procès, les grèves, les attentats anarchistes, et les duels au petit matin blême... Au carrefour de tous ces complots, la presse, corrompue par la politique et inversement, la littérature, le théâtre, et même du cinéma puisque c'est de cette tourbe que naîtra le cinéaste Jean Vigo.

09/2021

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Littérature étrangère

Vie de Jésusa

La vie de Jésusa Palancares ressemble à ces retables hauts en couleur que confectionnent les Indiens du Mexique. Personnages, animaux, plantes s'y bousculent pour figurer en raccourci le vécu et le mythique, pour composer un panorama des misères, des espoirs, des errances de tout un peuple. Pauvre parmi les plus pauvres, enfant battue, puis femme stérile et toujours battue, cette métisse semble avoir vécu mille vies. Elle les raconte dans une langue truculente et imagée en se préparant à mourir dans le nid de briques et de vieux cartons qu'elle s'est fabriqué à l'abri de murs croulants. Née vers 1900, elle a connu l'une des époques les plus tourmentées de l'histoire nationale. Lorsque la révolution mexicaine éclate en 1911, son père, comme des centaines de milliers de Mexicains, part pour la guerre en emmenant toute sa famille. A peine pubère, épousée de force, elle vit dans les trains blindés de Pancho Villa et apprend à le haïr. Séquestrée, maltraitée, délaissée par son soldat, elle retrouve l'atavisme bagarreur des gens de son village. Se souvenant de la fille-garçon méchante qu'elle était, elle prend à son tour les armes et remplace son mari à la tête des troupes lorsqu'il meurt en pleine bataille. Lasse de commander les hommes, Jésusa rêve de retrouver le paysage de son enfance. Il lui faudra pourtant rester dans les bidonvilles de la capitale à faire tous les métiers, soignant les voisins, héritant des enfants des autres, ne trouvant un bonheur fugace qu'à l'occasion d'une rencontre, d'une sortie à la campagne, d'un minable cadeau. Râleuse, mal embouchée, ignorant la sentimentalité, elle est dégoûtée des combats, des hommes et même de Dieu après être devenue médium dans une secte spiritiste. Pourtant elle continue à rendre coup pour coup, avec la rude morale d'un animal tôt étrillé, dans un effort désespéré pour survivre physiquement sans perdre la dignité. Fresque hallucinante de la culture de misère qui reste le lot des Indiens et des métis mexicains, ce livre relève autant des picaresques espagnols que du roman-vérité tel que l'a pratiqué l'anthropologue américain Oscar Lewis.

02/2009

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Histoire ancienne

Monographie de la grotte Chauvet-Pont d'Arc. Volume 1, Atlas de la grotte Chauvet-Pont d'Arc

Ce premier volume de la Monographie de la grotte Chauvet-Pont d'Arc présente l'inventaire raisonné des informations contenues dans la grotte sous la forme d'un atlas. Ce type d'ouvrage peut paraître inhabituel pour présenter un site orné. Néanmoins, les dimensions de la grotte, la morphologie des salles et des galeries qui compartimentent son espace ainsi que l'inscription des oeuvres pariétales dans le paysage souterrain sont autant d'invitations à penser, travailler et structurer l'ensemble des connaissances par une approche cartographique. La première partie de l'ouvrage aborde les toutes premières représentations spatiales de la grotte : les plans topographiques puis les productions cartographiques, et enfin la mise en place du Système d'Information géographique qui a accompagné la réalisation de cet ouvrage. La deuxième partie évoque les différents contextes de l'art et de l'archéologie. L'accent est essentiellement mis sur le cadre physique, le paléo-environnement contemporain des fréquentations humaines et animales et la chronologie des événements qui ont marqué l'histoire de la grotte. La troisième partie "la grotte Chauvet-Pont d'Arc par les cartes" est conçue comme un voyage à travers les cartes. Les vingt cartes détaillées au 1/100e qui couvrent l'ensemble de la cavité, permettent de découvrir la grotte dans ses moindres recoins et d'opérer ses lectures au gré de ses propres intérêts. Les connaissances acquises au fur et à mesure du cheminement dans la grotte permettent au lecteur de couvrir la diversité et la richesse des paysages souterrains, des vestiges archéologiques et des témoins paléontologiques de la grotte - qui seront étudiés en détail dans les volumes suivants de la Monographie de la grotte Chauvet-Pont d'Arc. La quatrième partie est plus spécifiquement consacrée à la conservation de la grotte, depuis les premiers actes forts au lendemain de sa découverte pour préserver son état exceptionnel de conservation jusqu'aux études définissant les modalités de sa préservation dans un environnement extérieur soumis aux changements. Par cette approche progressive l'Atlas permet d'aborder, de la façon la plus neutre, la complexité et la richesse factuelle, souvent soulignées, de ce sanctuaire souterrain.

03/2020

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Histoire de l'art

Ferdinand Philippe d'Orléans. Images du prince idéal

Prenant le chef-d'oeuvre d'Ingres comme point de départ, Ferdinand-Philippe d'Orléans (1810-1842). Images du prince idéal, propose de parcourir la vie du prince à travers ses images peintes, dessinées, gravées et sculptées, de sa modeste enfance en exil jusqu'aux somptueuses funérailles, de la propagande aux caricatures. Oublié aujourd'hui dans les soubresauts de l'histoire, Ferdinand-Philippe d'Orléans, héritier du trône français entre 1830 et 1842, jouissait pourtant d'un rayonnement considérable en son siècle. C'est grâce au génie d'Ingres que son élégante silhouette hante encore notre imaginaire, non sans un sentiment funeste : ce portrait est la dernière effigie pour laquelle le prince a posé, avant de mourir dans un accident. Profondément affecté par la disparition tragique de son mécène âgé de 32 ans, Ingres n'a plus peint d'autre portrait masculin par la suite. 160 ans plus tard, le tableau entre au musée du Louvre. Prenant ce chef-d'oeuvre d'Ingres comme point de départ, cet ouvrage propose de parcourir la vie du prince à travers ses images peintes, dessinées, gravées et sculptées, de sa modeste enfance en exil jusqu'aux somptueuses funérailles, de la propagande aux caricatures. Le parcours se concentre ensuite sur son remarquable mécénat artistique : conscient de son rôle de futur souverain, Ferdinand-Philippe d'Orléans a soutenu les meilleurs peintres et sculpteurs vivants de son temps, d'Ingres à Barye en passant par Delacroix, Scheffer et Corot. Il a formé en une décennie une collection au goût moderne, fastueux et indépendant, aujourd'hui dispersée mais à laquelle l'ouvrage redonne partiellement vie. Incarnation des espoirs d'une dynastie, d'une nation mais aussi de toute la communauté artistique, Ferdinand-Philippe est resté le prince idéal, que sa mort précoce a préservé des désillusions du pouvoir. Sa disparition tragique a suscité un besoin de monuments et d'objets commémoratifs à l'aune de la vague d'émotion ressentie. Ingres se remit à l'ouvrage pour la propagation et la fixation de l'image du futur roi regretté. L'enjeu central de cet ouvrage est donc celui de la tension entre images et idéal.

07/2021

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Littérature étrangère

Palinure de Mexico

Si le Palinure de Virgile conduit Enée jusque sur les rivages de la terre promise avant de mourir tué par les Lucaniens, celui de Fernando del Paso, lui, nous guide à travers un récit d'une ébouriffante luxuriance, à l'écriture ingénieuse jusqu'au génie, à la fois drolatique et d'une beauté poétique digne du meilleur des surréalistes : roman total, rabelaisien, boulimique, avalant et restituant tous les mondes réels, possibles ou imaginaires, mettant en oeuvre et en " jeu " toute la culture du monde, dans lequel on voit un étudiant en médecine s'éprendre de sa cousine et l'aimer avec une grandiose impudeur avant de tomber sous les matraques de la police à Tlatelolco, l'été des Olympiades, lors d'une tuerie perçue comme la sinistre répétition des sacrifices aztèques et des massacres coloniaux ; roman rabelaisien encore par ses graves et canularesques méditations sur la vie _ prise à la blague ou au tragique, jamais au sérieux _ et la mort, par son humour, sa truculence et sa jubilation, doublées ici d'une tendresse, d'une pudeur qui rendent bouleversante l'expression des passions ; roman physiologique aussi, comme l'auteur le fait dire à l'un de ses multiples avatars, " aussi compliqué et magnifique que l'organisme humain " ; roman épique enfin, auquel ne manquent ni la descente aux Enfers ni le nocher Charon, gardien des cadavres disséqués, et où, poursuivi par la Mort déguisée en personnage de la commedia dell'arte, le héros nous initie aux mystères des Iles imaginaires _ et de son Mexique. Mais le héros mythique et l'épopée sont universels, et comme l'Enéide, l'Ulysse de Joyce ou celui d'Homère, le Palinure de Fernando del Paso ouvre sur le monde entier. Né en 1935 à Mexico, Fernando del Paso a fait des études de biologie et d'économie dans sa ville natale et travaillé une quinzaine d'années dans la publicité avant de s'installer à Londres, où il collabore à la BBC et à divers journaux. Il a publié un premier grand roman en 1966, José Trigo, et obtenu pour Palinure le très important prix Rómulo Gallegos (G. Garcia Marquez, M. Vargas Llosa).

12/1985

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Histoire de France

Sept ans avec les Harkis. Un idéal fraternel fracassé

Enfant de la guerre, l'auteur avoue en riant qu'il est tombé quand il était petit dans le chaudron du patriotisme mais il paraît évident qu'il n'en est jamais ressorti. Il explique d'ailleurs que cette ambiance charnelle dans laquelle il a vécu sitôt né s'est renforcée spirituellement par la lecture des récits de nos héros, de Roland à Clostermann. Enfin, il a trouvé à la lecture de Kipling des hommes issus d'une autre culture heureux de servir et mourir pour une patrie qu'ils admiraient. Le film tiré du poème épique Gunga Din, harki avant l'heure, acheva de le convaincre. A 18 ans, militaire au Maroc, il constatait ce même sentiment chez les Assés, les mokkadems et tous les supplétifs combattant dans nos rangs. A 20 ans, à Paris, il discernait à la PJ la même foi chez ses collègues musulmans . En Algérie, enfin, il notait le même élan chez les harkis du Commando de Chasse et décidait de servir dans une unité supplétive. De nos jours, le terme "harkis" est utilisé par simplification pour le public métropolitain et regroupe, outre les supplétifs, les groupes d'autodéfense, les groupes mobiles de sécurité, les moghaznis, les policiers et même les engagés. Il s'agit en fait de tous les "musulmans" ayant servi leur patrie, la France, entre 1954 et 1962. Ce récit est un ultime hommage à tous mes frères d'armes qui "de Dunkerque à Tamanrasset" ont cru en la parole d'un général-président qu'ils admiraient et en sont morts. Harkis, paraphrasant Kipling je vous le dis sans détours : "Vous étiez meilleurs que nous !" Patriote dès treize ans, l'auteur s'engage à 18 ans, sert dans la police au Maroc, puis à la Police Judiciaire de Paris. En 1959, il réintègre l'Armée comme 2e classe dans un Commando de chasse avant de servir dans une Unité de supplétifs. Après le référendum d'abandon, il quitte le service public. Il assiste à la haine organisée en France contre les Pieds-noirs et constate avec rage le rejet des Harkis, décidé par le président De Gaulle.

09/2017

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Littérature islandaise

Mon sous-marin jaune

Un écrivain qui ressemble beaucoup à Jón Kalman Stefánsson aperçoit Paul McCartney dans un parc londonien, en août 2022. L'ancien Beatles est le héros de sa jeunesse, et le narrateur rêve de lui parler. Mais il lui faut d'abord préparer cette conversation, trier ses souvenirs, mettre de l'ordre dans l'écheveau d'émotions et de récits de toute sorte qu'il aimerait partager avec son idole. C'est donc à ce voyage dans le temps que nous invite Mon sous-marin jaune. A commencer par l'histoire d'un jeune garçon quiapprend au détour d'une phrase que sa mère vient de mourir. Quelques mois plus tard, il passe l'été dans la famille de sanouvelle belle-mère. La beauté sauvage des fjords de l'Ouest seraun puissant antidote contre la solitude, le chagrin, et le silence pesant de son père. L'enseignement biblique, au contraire, le met en colère et lui fait comprendre qu'il devra chercher des réponses ailleurs. Beaucoup plus tard, ce sera grâce aux livres piochés à la bibliothèque municipale qu'il commencera à comprendre dans quelle direction il voudrait diriger sa vie... Dans un récit où les lieux et les temporalités cohabitent, entre la Mésopotamie de 5000 av. J. C. , la ville de Keflavik dans les années 1980 et Londres en 2022, nous croisons aussi un chauffeur de taxi fou, un moniteur d'auto-école au coeur fragile, ou encore Ringo Starr transformé en évêque médiéval, et c'est seulement la folie créatrice du romancier qui permet d'en faire son roman le plus audacieux et sans aucun doute aussi le plus ouvertement autobiographique. Ce nouveau roman de Stefánsson nous offre une occasion de saisir la quintessence de toute son oeuvre romanesque. Né en 1963, Jón Kalman Stefánsson est l'auteur d'une oeuvre importante traduite dans le monde entier. Son dernier roman, Ton absence n'est que ténèbres, publié en janvier 2022, a reçu le Prix du Livre étranger France Inter / Le Point 2022. Ses précédents romans, notamment Asta, Entre ciel et terre et D'ailleurs les poissons n'ont pas de pieds, repris en Folio, sont déjà des classiques.

01/2024

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Religion

Le grand bonheur. Vie des moines

" Venez, et voyez Fontgombault. Oh, il ne se passera rien de spectaculaire. Mais nos coeurs se réchaufferont. Une petite grâce mystérieuse soufflera. Nous regarderons la lumière traverser l'abbatiale, les arbres des vergers danser dans le vent, les moines marcher au loin, vers les coteaux. Les notes grégoriennes s'élèveront dans les hauteurs mystiques. Nous serons des enfants subjugués par les processions splendides. Nous resterons silencieux. Et nous verrons le beau, le merveilleux, le doux sourire des moines. " C'est par ces mots que Nicolas Diat ouvre Le Grand Bonheur. Ce livre est une invitation à la joie, une invitation à nous faire découvrir la vie des moines pour nous aider à comprendre la paix qui les habite. Nous pénétrons dans un monde intemporel, une cité interdite, une société idéale. Pendant une année, nous suivons les bénédictins d'un monastère perdu du Bas-Berry, de la ferme au réfectoire, des ateliers d'art aux salles de classe, de l'infirmerie à l'hôtellerie, de l'imprimerie à la bibliothèque, de l'église au cloître, de la sacristie au scriptorium. Ces existences confinées, que l'on pourrait imaginer monotones, sont en réalité extraordinairement riches. Transportés à Fontgombault par la plume évocatrice et délicate de Nicolas Diat, nous ne serons plus tout à fait les mêmes en refermant ce livre, et les portes de l'abbaye. Nicolas Diat est écrivain et éditeur. Il est l'auteur d'un livre de référence sur le pontificat de Benoît XVI, L'Homme qui ne voulait pas être pape (Albin Michel, 2014 ; Pluriel, 2018), d'Un temps pour mourir (Fayard, 2018 ; Pluriel, 2019 ; Prix du cardinal Lustiger, Grand Prix de l'Académie française), et co-auteur, avec le cardinal Robert Sarah, de Dieu ou rien (Fayard, 2015 ; Pluriel, 2016), La Force du silence (Fayard, 2016 ; Pluriel, 2017 ; Prix Spiritualités d'aujourd'hui du Centre méditerranéen de littérature) et Le soir approche et déjà le jour baisse (Fayard, 2019 ; Pluriel, 2020). Ses livres, qui ont été des succès de librairie, ont reçu un accueil critique formidable et sont traduits dans de nombreux pays.

10/2020

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Sciences historiques

La Vasconie. Tome 1

Né en 1842 à Ossas, petit village souletin, Jean de Jaurgain appartient à une famille noble du Pays Basque mais modeste. Passionné d'histoire, c'est le journalisme, la généalogie et l'héraldique qui lui donnèrent les moyens de subsister. A partir de 1864, il ne cessera pas de publier : livres, plaquettes, articles. En 1870 il s'engage dans la guerre contre la Prusse. Envoyé à Pampelune en 1875 comme journaliste pour couvrir la troisième guerre carliste, il en profite pour travailler sur les archives de Navarre. En 1885 il fera paraître une étude sur Arnaud d'Oihenart (1592-1667) et sa famille. Son ouvrage : " Troisvilles, d'Artagnan et les trois mousquetaires " (1910) fut traduit en plusieurs langues, et maintes fois réédité. Bien que profondément attaché au Pays Basque, il vécut principalement à Paris avant de se retirer à Ciboure où il finit ses jours en 1920. La Vasconie, son œuvre principale, publiée en 2 tomes (1898 et 1902) est la première partie d'une œuvre plus importante une " Histoire du Pays Basque nord " en 7 parties qu'il ne termina pas. Le sous-titre : "Etude historique sur les origines du royaume de Navarre, du duché de Gascogne, des comtés de Comminges, d'Aragon, de Foix, de Bigorre, d'Alava, et de Biscaye, de la vicomté de Béarn et des grands fiefs du duché de Gascogne " définit clairement la zone géographique analysée. Oeuvre de référence, elle s'appuie sur les textes romains les plus anciens, sur les chroniques et cartulaires médiévaux, sur les travaux des historiens XIXe siècle (dont Jean-François Bladé) et de leurs prédécesseurs (dont Pierre de Marca), mais aussi sur des documents aujourd'hui disparus pour étudier ce territoire et ceux qui le gouvernèrent durant le Moyen Age. Jaurgain s'incrit dans la suite de " Notitia Utriusque Vasconiae " d'Arnaud d'Oihenart, " une histoire des Basques ", ouvrage en latin paru en 1638. Dans cette forme d'histoire factuelle et événementielle, généalogie et filiations des élites revêtent une grande importance, et sont très détaillées dans la " Vasconie ". Livre incontournable, cet ouvrage a marqué une étape essentielle de l'historiographie basque.

03/2014

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Littérature française

Les veilleurs de chagrin

Les os sont les sujets du “royaume de la mort” que gouverne Esther Guardi. Anthropologue spécialisée en paléo-pathologie, elle se penche sur l’examen de stigmates osseux à la recherche des lignes de Harris, ces aspérités qui indiquent maladies et blessures anciennes, et tente d’en interpréter le sens. Au Kosovo, des experts mandatés par le Tribunal pénal international ont ouvert des fosses et demandent la participation de spécialistes pour procéder aux travaux d’identification des corps. Il s’agit de rendre leur nom aux victimes dissimulées sous la terre et de déterminer les circonstances de leur mort. Et ainsi de permettre à leurs proches de commencer un travail de deuil. Esther décide de rejoindre la mission et peu à peu, pour elle, l’exhumation des corps se double de l’exhumation de soi : au fur et à mesure que les ossements fragiles lui murmurent leurs secrets, Esther dessine, à travers évocations de l’enfance et récit de rêves, l’histoire de ses propres failles, familiales et affectives. Les joies, les tourments s’entrelacent avec les souvenirs enfouis et il faudra le patient travail de l’analyse pour accéder au sens et ouvrir, enfin, la porte au bonheur d’exister. La psychanalyse s’inscrit au cœur du second roman de Nicole Roland qui, après Kosaburo, 1945, continue d’explorer jusque dans ses tréfonds l’expérience de la perte, du manque et du deuil. Elle déploie l’univers réel et onirique de son héroïne avec une profonde pudeur. Celle-là même dont fait preuve Esther face aux corps qu’elle déterre des charniers des Balkans, alliant la précision du geste et des sensations à une pensée hypnotique. A l’image de ces gardiens de la mémoire des morts, Les Veilleurs de chagrin est le roman d’un monde-mémoire, composé de strates, de lignes et de failles, où l’esthétique du fragment, obéissant au principe - aussi imprévisible qu’affectif - du souvenir, trouve une singulière cohérence dans une forme de litanie mélodieuse. Comme si le ressac et la répétition étaient l’unique voie pour ne pas laisser les mots mourir dans sa gorge.

01/2012

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Sciences politiques

Attentat Express

« Qui a tué Gilles Jacquier, journaliste de France 2, le 11 janvier 2012 à Homs, Syrie. Unis par le sort – nous étions présents lors du décès du grand reporter d’Envoyé spécial – et par ce besoin de trouver la vérité, nous avons mené l’enquête pour comprendre ce qui s’est réellement passé dans la ville symbole de la résistance au régime de Bachar Al Assad, afin de lever le voile sur le meurtre du reporter français. Le premier, malheureusement, d’une longue série. Pour nous, il est clair que la mort de Gilles est un crime d’Etat. Vicieux et machiavélique. A l’image de cette Syrie sanglante, mystérieuse et complexe, gérée de main de fer par la famille Assad. De cette Syrie à feu et à sang depuis quelques mois et qui se déchire sous le regard gêné d’une communauté internationales impuissante. » Caroline Poiron, dans ce récit à la première personne complété par les commentaires et analyses de Patrick Vallélian et Sid Hammouche, enquête sur le déroulement des faits ce fameux 11 janvier. Pourquoi leur escorte de sécurité disparaît-elle à la première explosion, et pourquoi la circulation est bloquée de 15h20 à 15h26, puis reprend comme si de rien n’était. Comment la religieuse chrétienne qui leur a facilité l’entrée en Syrie se révèle avoir de la sympathie pour le régime de Bachar El Assad et quel rôle a-t-elle joué ? Qui sont les pros Bachar qu’on les invite à filmer pour couvrir une manifestation ? Gilles Jacquier était-il visé personnellement ? Quelle arme a été utilisée ? Autant de questions qui vont trouver des réponses au cours de mois d’investigation en France, en Syrie, au Liban, en Turquie, en Egypte, au Maroc où les trois auteurs ont rencontré des hommes politiques, des experts, et des acteurs de premier plan. Ils ont recueilli les témoignages d’une vingtaine d’intervenants : des présidents Sarkozy et Hollande, au caméraman de Gilles Jacquier, de l’ambassadeur de France en Syrie au lieutenant Abdel Razzak Tlass, 1er déserteur de l’armée syrienne libre, aux commandes à Homs le jour de l’attentat, d’experts en balistique, au chauffeur.

05/2013

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Policiers

L'impasse

Danny Callaghan vient de passer huit ans en prison pour avoir tué Brendan Tucker dans une rixe qui a mal tourné. En liberté conditionnelle, il cherche à mener une vie tranquille et à éviter les problèmes. Mais à Dublin, est-ce possible ? Un soir, dans le pub de son ami Novak, deux types débarquent pour abattre Walter Bennett, un voyou de seconde zone. Callaghan s’interpose : il se retrouve à nouveau, malgré lui, pris dans un engrenage de violence. Car il va devoir payer pour s’être mis sans le savoir en travers des affaires de Mackendrick, un des parrains de Dublin. Il est ainsi « recruté » s’il refuse, son ex-femme subira les derniers outrages avant de mourir. Son job : voler les voitures qui serviront au plan de Mackendrick. Ce plan est en fait un baroud d’honneur. Trois semaines plus tôt, Frank Tucker, cousin de Brendan et étoile montante du crime organisé, a tué le bras droit de Mackendrick et proposé un marché : soit il quitte gentiment le business, soit toute sa famille y passe. Le vieux lion ne s’imagine pas rentier en Espagne et décide de faire front. Suivant les préceptes de L’Art de la guerre de Sun-Tzu, il fait semblant de céder pour mieux préparer sa contre-attaque. C’est ainsi que Callaghan se retrouve embarqué dans l’opération coup de poing visant à éliminer Frank Tucker et tous ses lieutenants. Lorsque le plan millimétré de Mackendrick déraille, Callaghan, pris dans un noeud de vengeances, de tueries et de trahisons, fait l’impossible pour protéger ses proches et s’en sortir vivant… Comme le conseille Sun-Tzu, Gene Kerrigan ne va pas là où on l’attend. Grâce à une construction habile et parfaitement maîtrisée, il fait bifurquer son intrigue, et sans en avoir l’air réussit un tour de force. On passe ainsi d’un roman noir « classique » (un type se trouve au mauvais endroit au mauvais moment, et doit faire face) à un thriller sur une guerre de pouvoir entre gangsters impitoyables et machiavéliques. En jouant savamment des archétypes pour mieux les dépasser, L’impasse est un roman noir qui vise juste.

10/2011

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Géographie

La Brousse calédonienne. Transformations et enjeux

Dans la langue française, il existe bien des termes à la fois fort usités et fort imprécis : le mot " brousse " en fait partie. La polysémie du terme tient avant tout à la multiplicité des représentations. Un des sens les plus anciens fait référence à des types particuliers de végétation, notamment à cette fameuse " brousse tigrée " d'Afrique. Du sens biogéographique à une consonance mettant en avant l'aspect " sauvage " de certains espaces, il n'y a qu'un petit pas à franchir. La brousse est alors représentée comme un domaine inculte, dans lequel un petit nombre d'hommes, tombe sous l'emprise d'une Nature dans laquelle la faune est hostile et les esprits chatouilleux. Le mot fait d'ailleurs passer un petit frisson d'aventure dans les romans où il est employé. La brousse s'oppose alors au monde " civilisé " qui constitue la norme. Dans de nombreuses acceptations du terme, la brousse apparaît d'abord comme un espace " loin de la ville " sans être synonyme de campagne, cette dernière apparaissant comme " civilisée ". En Nouvelle-Calédonie, la connotation péjorative vulgarisée en Europe (" venir de sa brousse ", voire " de sa cambrousse " n'est guère laudatif) laisse place à une revendication identitaire incarnée par le personnage haut en couleur du " broussard ". Dans ce pays et dans bien d'autres, la brousse, du fait qu'elle correspond à des espaces précis, est devenue territoire et toponyme. On l'a alors habillée d'une majuscule. Le XXe colloque CORAIL a été l'occasion de donner la parole à divers spécialistes de la brousse et de la Brousse calédonienne, issus de différentes disciplines. Ce colloque était l'aboutissement d'un programme financé par le Ministère de l'Outre Mer, consacré à " La Brousse calédonienne face au développement économique. Programme d'aide à la décision de mise en place de projets de développement ". Aujourd'hui, la Brousse n'est-elle pas en train de mourir ? N'en déplaise aux nostalgiques du passé, il s'agit là d'une transformation irrémédiable. Par contre, il semblerait important que les valeurs qui lui sont attachées ne disparaissent pas.

10/2010

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Histoire de France

Joseph Fiévée. Conseiller secret de Napoléon

De la Chronique de Paris, la feuille inspirée par Mirabeau qu'il imprimait dès 1789, au National, auquel il donnait des articles sous la Monarchie de Juillet, Fiévée fut l'un des représentants les plus typiques de ce pouvoir apparu avec la Révolution, la presse Redoutable pouvoir : il lui nuisit autant qu'il le servit. Royaliste modéré, il est brièvement incarcéré sous la Terreur ; deux ans plus tard, il doit quitter Paris pour échapper à une proscription du Directoire contre la droite. C'est à cette occasion qu'il écrit l'un des grands succès littéraires du temps, La Dot de Suzette, " tableau de moeurs " réhabilitant les valeurs de la société d'Ancien Régime face à l'arrivisme de la nouvelle bourgeoisie. Très vite rallié à Bonaparte (car il aime les pouvoirs forts), il n'en garde pas moins des liens avec la contre-révolution : il est de nouveau arrêté en 1800. Mais Napoléon, qui apprécie son indépendance d'esprit, l'appointe pour qu'il lui envoie régulièrement, en marge de tous les réseaux policiers, des notes sur l'état de l'opinion. Préfet de la Nièvre de 1813 à 1815, il devient sous Louis XVIII l'un des chefs de file intellectuels des Ultras. Emprisonné une troisième fois en 1818 pour avoir défendu la liberté de la presse, il glisse de plus en plus vers le libéralisme sous Charles X et se rallie à la Monarchie de Juillet. Avant de mourir (1839), il contribue à la naissance de la légende napoléonienne. Ami de Chateaubriand et de Mérimée, détesté par Stendhal, évoqué par Sainte-Beuve, écrivain classique au plus fort de la vague romantique, homosexuel affiché en plein ordre moral napoléonien, anticlérical impénitent quand le " parti-prêtre " était au pouvoir, ce non-conformiste avait des " principes et des moeurs très monarchiques " avec " le caractère assez républicain ". Il tenait à " l'indépendance " et à " l'influence qu'on acquiert par la persuasion ". Indépendance, influence : tout le personnage est là. Jean Tulard est le meilleur spécialiste de l'histoire de l'Empire. Il vient de publier une synthèse sur Les Révolutions, dans L'Histoire de France dirigée par Jean Favier.

12/1985

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Esotérisme

La matrice de l'âme: Le siège des antennes psychiques. Tome X. L'Ego, l'Étincelle divine revêtue du Voile de l'Esprit Solaire du Christ.- Il était une fois, à l'origine des religions.

De tous temps, l'humanité s'est contemplée, comme le suggère Alexis Carrel, à travers des verres colorés par des doctrines, des croyances et des illusions. Ce sont ces notions fausses ou inexactes qu'il importe de supprimer. L'homme conscient est l'homme de ce XXIème siècle, le dernier avatar de l'espèce, ainsi que l'atteste Jacques Henri Prévost, dans son livre, Le Pèlerin d'Eternité. Mais les fonctions primitives que l'homme intègre n'ont pas disparu dans les abîmes du temps. Elles sont seulement masquées par des artéfacts qui dotent les facultés de cognition et de conscience. Les gisements de pensées, les modes de fonctionnement antécédents sont enfouis dans le corps et dans le mental, d'autant plus profondément qu'ils sont plus antiques. Ils sont d'autant plus éloignés du champ d'investigation de la conscience qu'ils sont plus archaïques. L'homme apprend, et apprendra surtout plus tard, à s'élever au-dessus de toutes les douces tyrannies des plaisirs mondains, des souffrances morales, des affres psychiques et de certaines lois religieuses et à devenir une loi par lui-même, en devenant d'abord sage par la connaissance des sottises de ses semblables, de leur ignorance d'eux-mêmes, ensuite un humble agent de la Divinité qui exprimera dans tous ses actes sa Volonté et son Amour : "Ô Dieu. Je l'accomplirai avec joie. Oui, Ta loi est en mon coeur". N'est-ce pas que pour Socrate, "les vrais philosophes s'exercent à mourir" ? Le repos en soi, la veille lucide et tranquille permettent à celui qui s'y adonne de percer le mystère de la mort. Cela à dire la Vie du Mystère des Mystères. Nos Rayons d'Or et d'Argent sortent du Foyer qu'est le Coeur du Chrétien, quand il a dominé sa personnalité, quand il a offert au Christ sa vie, son âme, ses forces et que pour servir il a tout "délaissé" par son Identité et pour elle. Ces Rayons viennent de Dieu emportant avec eux l'injure ou la haine pour laisser en échange, Humilité et Amour. En quoi la pensée de l'Amour nous interroge-t-elle sur les limites de la pensée ?

12/2014

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Musique, danse

Guide raisonné et déraisonnable de l'opérette et de la comédie musicale

L'opérette doit son net regain à ceux qui l'avaient éclipsée : le cinéma et la télévision. La chaleur humaine, le divertissement intelligent regagnent les cœurs lassés par les médias froids. Parmi les milliers d'opérettes écrites pendant trois siècles et leurs descendantes nommées comédies musicales, ce guide propose un choix des meilleures de tous les temps et pays, qu'elles soient au répertoire ou méritent de très vite y revenir. Vite composée, vite montée, l'opérette, miroir de la société, reflète aussitôt les grandes évolutions qu'elle aide à accepter par le charme et le rire. Lorsque l'opéra fait mourir ses héroïnes, les femmes de l'opérette s'émancipent et mènent les hommes par le bout du nez. Chaque œuvre présentée ici est replacée dans le contexte d'alors, qui donne la clé des allusions oubliées et en dégage la sagesse. Si la France domine dans l'opérette qu'elle a longtemps modelée et influencée, elle n'est pas le seul pays à y mettre du talent. Ce guide impertinent, à vocation européenne et internationale, accompagnera les voyageurs ouverts à toutes les cultures. Offenbach le Français a essaimé en Autriche et les opérettes viennoises nées de lui et du singspiel populaire nous sont revenues. Les États-Unis, après avoir suivi ces deux modèles, ont fait déferler sur le vieux continent le jazz irremplaçable. Notre choix offre de bonnes surprises : la délicate opérette anglaise, l'opérette soviétique et surtout la zarzuela, la capiteuse opérette à l'espagnole qui renouvelle le répertoire dans le monde entier. La joie ne va pas sans un voile de tristesse : le genre a sa part d'ombre, la grande histoire n'ayant pas épargné les auteurs d'opérettes. Mais le spectacle continue : d'Offenbach à Gershwin, de Franz Lehâr à Maurice Yvain, de Johann Strauss à Webber, l'auteur de Cats, tout ce qui fait rire et pleurer de joie, vous est offert ici dans la plus grande précision : personnages et synopsis, analyse et contexte, avec à chaque fois un clin d'œil pour sourire à l'entracte...

10/2008

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Critique littéraire

Jean-Jacques. Tome 2, Histoire d'une conscience

La matière romanesque de la vie de Jean-Jacques Rousseau est proprement extraordinaire. Cela commence comme un roman de Dostoïevski et finit comme un roman de Kafka. Ce fils de Genève, de la "nouvelle Sion", qui appartient à la "race des justes", est humilié dès sa jeunesse, obligé de "ramper" et de faire tous les métiers, au reste assez mal ; tour à tour graveur, laquais, maître à chanter, amant, précepteur, secrétaire d'ambassadeur, musicien, polygraphe. A travers les aventures, les échecs, les malheurs et les hontes, il se cherche jusqu'en 1749. Cette année-la, subitement, sur le chemin de Vincennes, après avoir lu dans le Mercure de France le sujet proposé pour le prix de l'Académie de Dijon, il "vit un autre univers et devint un autre homme". II éprouve une miraculeuse délivrance ; toutes les misères, les offenses s'abolissent dans le sentiment de sa propre valeur. Quelque chose qui avait été semé en lui dès l'enfance et qui ne pouvait pas mourir, en dépit de tout, venait enfin à la lumière. Pendant les dix années qui suivirent, Rousseau décide de se réformer. II a de la peine à devenir le Diogène du siècle. II vend sa montre, il gagne sa vie en se faisant copiste de musique, mais il se détache mal des grands. Sa vie à l'Ermitage, puis chez les Luxembourg, est confuse. Mais il compose son oeuvre contre le courant, il remet le monde à la fonte, "fait le Dieu", définit un homme nouveau. En 1762 la publication de l'Emile et du Contrat social ouvre l'histoire de ses malheurs. II est décrété de prise de corps. II fuit la France. Le voilà en Suisse, en Angleterre. II revient en France ; paitout où il va, il se sent en surveillance et proscrit. Le monde entier lui paraît ligué contre lui. Ce n'est pas un Rousseau que Jean Guéhenno a voulu écrire, mais bien un Jean-Jacques, "touché, nous dit-il, de la même et ironique tendresse avec laquelle ses contemporains firent de son prénom un refrain de chanson et que toujours sans doute on éprouve dès qu'on reconnaît un autre homme que soi-même".

10/1952

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Critique littéraire

Jean-Jacques. Histoire d'une conscience Tome 1, En marge des "Confessions" Roman et vérité

La matière romanesque de la vie de Jean-Jacques Rousseau est proprement extraordinaire. Cela commence comme un roman de Dostoïevski et finit comme un roman de Kafka. Ce fils de Genève, de la "nouvelle Sion", qui appartient à la "race des justes", est humilié dès sa jeunesse, obligé de "ramper" et de faire tous les métiers, au reste assez mal ; tour à tour graveur, laquais, maître à chanter, amant, précepteur, secrétaire d'ambassadeur, musicien, polygraphe. A travers les aventures, les échecs, les malheurs et les hontes, il se cherche jusqu'en 1749. Cette année-la, subitement, sur le chemin de Vincennes, après avoir lu dans le Mercure de France le sujet proposé pour le prix de l'Académie de Dijon, il "vit un autre univers et devint un autre homme". II éprouve une miraculeuse délivrance ; toutes les misères, les offenses s'abolissent dans le sentiment de sa propre valeur. Quelque chose qui avait été semé en lui dès l'enfance et qui ne pouvait pas mourir, en dépit de tout, venait enfin à la lumière. Pendant les dix années qui suivirent, Rousseau décide de se réformer. II a de la peine à devenir le Diogène du siècle. II vend sa montre, il gagne sa vie en se faisant copiste de musique, mais il se détache mal des grands. Sa vie à l'Ermitage, puis chez les Luxembourg, est confuse. Mais il compose son oeuvre contre le courant, il remet le monde à la fonte, "fait le Dieu", définit un homme nouveau. En 1762 la publication de l'Emile et du Contrat social ouvre l'histoire de ses malheurs. II est décrété de prise de corps. II fuit la France. Le voilà en Suisse, en Angleterre. II revient en France ; paitout où il va, il se sent en surveillance et proscrit. Le monde entier lui paraît ligué contre lui. Ce n'est pas un Rousseau que Jean Guéhenno a voulu écrire, mais bien un Jean-Jacques, "touché, nous dit-il, de la même et ironique tendresse avec laquelle ses contemporains firent de son prénom un refrain de chanson et que toujours sans doute on éprouve dès qu'on reconnaît un autre homme que soi-même".

10/1952