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Littérature étrangère

L'Automne du patriarche

Depuis trente ans, plusieurs grands romans latino-américains nous ont décrit par le menu le monde hallucinant de la dictature "à l'américaine" : délation, exactions de tous ordres, assassinats, extermination même, bestialité, cupidité, abus sexuels, protections étrangères, soif maladive de pouvoir que finalement la solitude transforme en frustration. Cette réalité tragique, nous la retrouvons tout au long du dernier roman de Garcia Marquez, mais sous la plume de l'auteur de {Cent ans de solitude} elle prend une dimension burlesque incomparable. Le patriarche est ici un dictateur dans la grande tradition de l'Amérique latine. C'est un vieux général qui a "entre 107 et 232 ans". Tyran méfiant et délirant, les structures minables de son pays arriéré le vouent à des aventures cauchemardesques que l'imagination non moins délirante de Gabriel Garcia Marquez transforme en folles équipées drolatiques. Un jour les charognards s'abattent sur les balcons du palais présidentiel, détruisant à coups de bec le grillage des fenêtres, et les assiégeants du palais se décident alors à investir la forteresse. Surprise : les portes blindées sautent hors de leurs gonds dès la première poussée et le peuple en révolte découvre avec stupeur le mystère de la résidence où se retranche depuis un temps immémorial le dictateur : armes à l'abandon dans les cours, puanteur des latrines, linge pourri au soleil devant les baraques des servantes concubines, carcasses de vaches rongées par les vers dans les salons et vaches vivantes sur les balcons... Plus loin, "allongé sur le sol, à plat ventre, le bras droit replié sous la tête pour lui servir d'oreiller, tel qu'il avait dormi nuit après nuit toutes les nuits de sa très longue vie de tyran solitaire", le cadavre du dictateur. Cocasserie, jaillissement incessant de trouvailles, ruissellements de mots qui brillent comme d'insolites pierres précieuses, on retrouve dans {l'Automne du Patriarche} toute la magie de {Cent ans de solitude}.

01/1977

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Littérature française

Et la mer se fâcha

Dans le café de Ménekché, village de pêcheurs proche d'Istanbul, le jeune Zeynel tue à bout portant Ihsan le maquereau. Sélime lui crache alors au visage, mais il ne le dénoncera pas à la police. Désormais les destins de ces deux hommes, si différents, seront indissolublement liés, dans une lente progression qui les conduira inéluctablement l'un vers l'autre, jusqu'à la fin tragique. Cependant Zeynel, qui a peur de Sélime, fuit à Istanbul où se déroule une chasse à l'homme, à mesure que grandit sa légende, alimentée par les journaux, par les rumeurs les plus invraisemblables et par les photos de faux assassins, tandis que Sélime, le Pêcheur au cour pur, poursuit sur sa barque un rêve d'amour qu'accompagne la tristesse d'avoir vu massacrer ses amis les dauphins dont on dépèce les corps sur la plage pour les brûler et recueillir leur huile. Ce roman qui met en scène de nombreux personnages, tels Moustafa le Borgne, Hassan le Boiteux, la belle Zuhré assassinée par son mari, le petit Doursoune Kémal qui adore Zeynel, Husséyine l'indicateur et Véziroglou le gangster milliardaire, souvent agités par des sentiments contradictoires, à la fois généreux et cupides, lâches et téméraires, tendres et cruels, se déroule dans un décor d'une beauté saisissante, où les jeux de lumière, sur la mer et dans les îles, s'opposent à l'agitation et aux bruits du port, des marchés, des embouteillages d'Istanbul, ville «corrompue, divisée en mille factions, puante, menteuse, mauvaise, qui a perdu son âme...». Une beauté qui rachète toutes les horreurs et tous les crimes, il suffit, pour la voir, d'ouvrir les yeux. Pour la première fois, dans ce livre, Yachar Kemal aborde, avec le thème d'Istanbul, la période agitée des années 1970, où ses héros, des gens du peuple, se trouvent entraînés avec leurs passions dans des conflits qui les dépassent et dont ils ne perçoivent pas les enjeux.

10/1985

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Economie

La grande régression. La Grèce et l'avenir de l'Europe

La Grèce connaît depuis 2008 un effondrement économique et une récession humaine sans équivalent dans l'histoire sociale européenne depuis les années 1930. Victime d'une secousse systémique du capitalisme mondial financiarisé, prise dans les filets de dépendance créés par la monnaie commune européenne et soumise à la volonté d'institutions transnationales qui la dominent, elle connaît à nouveau la misère, et le spectre de la violence d'extrême droite ressurgit comme au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Cette tragédie résulte de la conjonction de la déficience de son Etat et des politiques européennes d'austérité menées avec obstination en dépit de leur faillite prévisible. La Grèce, qui avait cru sortir définitivement du sous-développement et du cycle de violence de la guerre et de l'après-guerre en s'arrimant à l'Europe, connaît aujourd'hui un recul tragique. Comme le montre cet ouvrage, elle a été le laboratoire d'une reconfiguration des politiques économiques et sociales européennes préfigurant la remise en cause généralisée de l'Etat social - une construction centenaire qui avait fondé les progrès de la démocratie et de la civilisation en Europe. On le constate notamment dans tous les pays dits périphériques de l'Union qui, de l'Espagne à l'Irlande, en passant par le Portugal et l'Italie, connaissent des régressions sociales importantes. Mais elle a aussi servi de levier à la "nouvelle gouvernance" autoritaire de l'Union européenne. Situant la crise actuelle du pays dans son contexte historique, ce livre propose une analyse approfondie de ses conséquences et engage une réflexion sur la violence, la santé publique, le système politique et la mise en question de la démocratie. Miroir dans lequel on peut lire les contradictions de la construction européenne, la Grèce pose aujourd'hui la question de la pérennité et de la viabilité du projet démocratique et social que l'Europe a longtemps voulu incarner.

02/2014

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Cinéma

Fictions nationales. Cinéma, empire et nation en Ouzbékistan (1919-1937)

L’Union des républiques socialistes soviétiques formait-elle un empire ? Comment les États-nations d’Asie centrale – et l’Ouzbékistan en particulier – ont-ils émergé et comment se sont-ils consolidés à la veille de la Seconde Guerre mondiale ? Comment se traduit la violence stalinienne dans la région ? C’est en étudiant le cinéma de fiction produit dans l’entre-deux-guerres en Ouzbékistan que Cloé Drieu répond à ces questions et expose précisément les mécanismes d’assujettissement, tant institutionnels que symboliques, de la périphérie ouzbèque au centre moscovite. En effet, le film, parce qu’il est au coeur d’enjeux politiques et économiques, mais aussi parce qu’il relève de la construction d’imaginaires, tant nationaux qu’impériaux, est un fil conducteur singulier. De 1924, date de naissance politique (création de l’Ouzbékistan soviétique) et cinématographique (réalisation du premier film de fiction), à 1937, date de la terreur stalinienne mais aussi du passage au cinéma parlant, le film suit les circonvolutions de l’histoire tragique des premières élites nationales dans le premier tiers du XXe siècle. Comment les cinéastes ouzbeks se sont-ils emparés de la caméra ? Quels regards ont-ils porté sur l’aventure révolutionnaire ? Comment l’ont-ils traduite cinématographiquement ? Et, finalement, comment ont-ils perdu, temporairement, l’usage de la « parole cinématographique » ? Fruit d’une dizaine d’années de recherches sur des documents filmiques et administratifs consultés dans les archives nationales ouzbèques ou dans divers sites archivistiques à Moscou, cet ouvrage offre un regard neuf sur l’histoire du cinéma soviétique, en s’intéressant à un cinéma national inconnu jusqu’alors. Mais surtout, en privilégiant un regard décentré pour donner la priorité à la périphérie, il permet de saisir la constitution des grandes matrices idéologiques, encore majoritairement à l’oeuvre aujourd’hui. En abordant les questions de domination, d’hégémonie et de violence, d’empire et de nation, de résistance et de consentement, il s’insère pleinement dans les débats actuels des sciences sociales.

07/2013

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Littérature française

Les jalons du temps

Ce livre original plonge dans l'heuristique, dieu, l'amour de la vie, les grands philosophes, Chomsky, Nietzsche, Platon et Spinoza. L'auteur assoit son propos sur une multitude de sujets, notamment le problème du temps, de l'Europe, de l'origine de la langue, de la musique de Schumann, du Maréchal Ney, du tragique d'Othello, de la joaillerie française, tout y passe. Le doute de l'esprit, l'humour des situations, la présence ou l'absence d'un dieu vaincu par lui-même, la mesure de ce qui n'est pas mesurable, la falsification de toute théorie scientifique traduit cette maïeutique en action. Nous vivons dans un siècle d'apparence, d'images manipulées, de guerre de communication, dans le champ des 1/2 mensonges face à la résurgence des nouveaux ayatollahs, les fils spirituels des Maîtres de l'Inquisition que tous les européens gardent en mémoire dans leur inconscient collectif. Ce livre est un moment thucydidéen, un rappel pour nous aider à comprendre la puissance du sens des mots et à confirmer que l'action doit être intelligente pour être morale. Puissiez-vous à la fin de cette lecture vous poser la question du sens des mots, de leur usage, de leur capacité à nous guérir ou nous réparer afin de nous rendre acceptable et heureux le relativisme de nos vérités ? La question qui vous restera à la fin de cette lecture sera évidemment celle-ci : L'auteur a-t-il réussi, vis-à-vis de son lecteur, à éviter d'imposer quel serait l'exact sens de ses mots à lui, afin d'initier cette recherche d'une métaphilosophie, d'une philosophie libre et neutre, enfin dégagé des à priori et des attendus ? La question se terminera invariablement par un point d'interrogation, la recherche de l'exactitude et de l'impartialité, grâce à l'intelligence appliquée à la compréhension du monde.

09/2014

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Policiers

L'île du serment

De mémoire d'homme, aucun meurtre n'a jamais eu lieu sur l'île d'Entrée, située dans l'archipel de La Madeleine, à l'est du Canada, et peuplée par une poignée de familles d'origine écossaise pour la plupart. Jusqu'à cette nuit de tourmente où James Cowell est poignardé à mort. Sa femme prétend qu'un assaillant s'en est pris à elle avant de tuer son mari, mais tous suspectent cette épouse d'un couple vacillant. Tous, sauf Sime Mackenzie. Seul anglophone parmi les enquêteurs envoyés sur place, il éprouve un choc en découvrant Kirsty Cowell. Le sentiment irréfutable de la connaître depuis toujours. Isolé dans une équipe où oeuvre comme spécialiste des scènes de crime son ex-femme Marie-Ange, meurtri par l'échec de son mariage, rompu par l'insomnie, Sime sombre dans un état second où la réalité se mêle à des rêves étranges, faisant ressurgir l'histoire de son aïeul, expulsé de l'île de Lewis dans les années 1850, au moment de la Famine de la pomme de terre. Avec la certitude folle que le destin de Kirsty comme le sien se sont noués là, quelque cent cinquante ans plus tôt, dans un amour interdit qui n'a cessé de brûler ni de hanter. Le face-à-face entre le détective et la suspecte sur une falaise escarpée de l'île d'Entrée se superpose à l'image sépia d'une adolescente embrassée à l'ombre des pierres levées puis perdue sur un quai de Glasgow, dans le tumulte d'un navire qui déporte des milliers de misérables vers le Nouveau Monde. Après son inoubliable trilogie de Lewis, Peter May nous ramène à son Ecosse, magnifique et persécutée. De part et d'autre de l'Atlantique, les îles balayées par les vents sont le cadre d'un serment tragique. Gus am bris an latha agus an teich na sgàilean. Jusqu'à ce que le jour se lève et que les ombres s'enfuient.

09/2014

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Romans historiques

Chucho el Roto, dandy d'honneur

Jesùs Arriaga, dit Chucho el Roto (1834-1885) demeure probablement aujourd'hui, aux yeux des Mexicains, le bandit le plus célèbre et le plus emblématique ayant jamais écumé leur pays. La série contant son incroyable épopée fut à partir de la fin des années e 1960 l'un des plus grands succès de la télévision nationale. Des pièces de théâtre, des films lui ont également été consacrés, certains peu après sa mort tragique dans l'une des plus ignobles prisons du monde, véritable Alcatraz mexicain : le bagne de San Juan de Ulua, où ce roi de l'évasion connut l'Enfer, et qui aura vu défiler tant d'autres réfractaires au régime de Porfirio Diaz. Mais qui était vraiment ce personnage de légende ? Peut on reconstituer, par bribes, l'histoire authentique de ce charpentier misérable devenu hors la loi, et dont les Mexicains se plaisent à douter, aujourd'hui encore comme pour Zapata qu'il soit bien mort et enterré ? Ses biographies écrites, quasiment inexistantes, laissent la part belle au cinéma et aux chansons populaires. Celle présentée ici, éditée anonymement en 1916 et republiée depuis à maintes reprises, a fait rêver des générations de lecteurs. Elle n'avait jamais été traduite en Français. Ecrit au coeur des tourmentes de la Révolution, l'ouvrage y jette un regard nostalgique sur rage d'or d'un banditisme presque un dandysme d'honneur, effondré depuis sous le poids sanglant de l'Histoire. De sorte que la comparaison avec un autre outlaw mythique : Francisco Pancho Villa s'impose nécessairement. Pancho choisit la Révolution. Chucho en reste à la révolte. Une révolte pure, et noble, comme l'indique le sous-titre original : braquages et vols, certes, mais sans excès de violence. Révolte contre le pouvoir des riches contre leur corruption, politique et morale. Révolte contre le monde de l'argent et toute cette litanie de bassesses qu'il représentera toujour, ici comme ailleurs.

12/2012

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Littérature étrangère

Nouvelles du pays

Il y a la femme adultère condamnée à être lapidée, le carrossier qui reçoit des foules convaincues de voir la vierge Marie sur un pare-brise, le jeune théâtreux idéaliste et paumé, la jeune fille pénétrée de convictions sociales et religieuses qui n'ont rien d'un choix, le Nigérian qui remonte vers le Nord avec de faux papiers pour passer en Europe, la jeune femme qui travaille au noir à Londres, la mère célibataire devenue experte en transport de drogue, la jeune fille au pair qui travaille pour une famille de Nigérians expatriés aux Etats-Unis, la Nigériane enceinte qui se lie d'amitié avec sa voisine américaine elle aussi enceinte, la fillette qui accompagne ses parents lors du rendez-vous où ils espèrent obtenir la green card, le garçon issu d'un milieu modeste qui hésite à entrer dans des combines illégales... Au fil de ces onze nouvelles, c'est un vaste panorama tout en nuances que compose Sefi Atta, dans lequel les dialogues imposent un rythme narratif enlevé et permettent une perception immédiate des personnages. L'humour se mêle au désespoir et au tragique, et l'on passe d'une aspérité à l'autre, d'une facette du Nigeria à l'autre, toutes plus sombres les unes que les autres mais en même temps empreintes d'une vitalité qui force l'admiration, éclairées d'un humour et d'un amour de la vie qui s'imposent avec force. Ce recueil parcourt les diverses échappatoires qui s'offrent à chacun dans ce pays : la drogue, le sexe, la corruption, les ragots, la foi envers et contre tout, le trafic de tout et de rien, la fuite à l'étranger, mais aussi les liens familiaux, la transmission de génération en génération d'une identité évolutive mais forte, les improbables solidarités qui se créent, s'éprouvent, s'effritent, la quête de valeurs humaines, le désir de s'en sortir à tout prix. Autant de thèmes qui sont ici abordés avec une remarquable sincérité et une profonde humanité.

10/2012

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Théâtre

Yeats dramaturge. La voix et ses masques

William Butler Yeats n'a cessé d'affirmer, dans toute son oeuvre théâtrale, la centralité de la question de la parole et de la voix. Inspiré par la matière légendaire de l'Irlande, il souscrit au mythe d'une oralité populaire dont le théâtre se doit d'être le porte-parole, avant de s'en écarter au profit de sa propre "parole écrite" de poète dramatique. Dans le contexte des mutations du drame au tournant des XIXe et XXe siècles, il défend une nouvelle dramaturgie tragique mêlant à un orchestre de voix réelles ou imaginaires la voix perturbatrice d'une figure héroïque. Plus tard, dans les Pièces pour danseurs, un choeur de musiciens est l'ordonnateur d'un teatrum mentis, du jeu de fantômes et de masques d'une psyché en quête de métamorphose. Sur cette scène de mots et de visions, lorsque du rythme des mots et de la danse surgit un instant d'épiphanie et de grâce, la question centrale que pose l'oeuvre n'est alors pas : qu'est-ce qui se passe ? Mais : qui (ou quoi) passe ? Pierre Longuenesse, chercheur passionné, traducteur subtil, mais aussi lui-même metteur en scène, maintient de bout en bout la force de cette interrogation en entrecroisant quelques éléments très simples, qui témoignent d'une connaissance intime de l'écriture et de la pratique théâtrale : l'espace scénique, la position des corps, les jeux d'ombre et de lumière, la netteté des mots ou des silences, et plus encore les incarnations de la voix. Toute la force de conviction de l'ouvrage qui nous est ici donné à lire tient à cette capacité de questionnement sur les métamorphoses du corps au regard de la présence de la voix, dans des pièces scandées, avec toujours plus d'insistance au fur et à mesure que se déploie l'oeuvre, par ce qu'il nomme lui-même des "événements-paroles".

06/2012

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Littérature française

Seule, la vie... Tome 2 : Joyeux, fais ton fourbi

Joyeux, c'est le surnom donné aux damnés qu'on laisse pourrir dans les bataillons disciplinaires d'Afrique. Joyeux, quelle ironie... Julien Blanc revient sur l'épisode le plus tragique de sa jeunesse : les années passées dans ces fameux Bat' d'Af ', réservés aux fortes têtes et aux délinquants. Julien Blanc est un écrivain d'une rare honnêteté, qui raconte cette expérience terrible sans misérabilisme, sans pathos et surtout sans fausse pudeur. Il raconte tout : les brimades dont il dénonce l'absurdité, les bizutages, la misère morale et sexuelle de ces hommes, qui les pousse vers une homosexualité souvent subie. Il se souvient de la mesquinerie et de la bassesse de certains gradés, ne valant parfois pas mieux que ceux qu'ils gardent, dans ce lieu où la loi du plus fort prime toujours. C'est un terrible réquisitoire contre la bêtise humaine. Dans un univers concentrationnaire, Julien Blanc le sait mieux que quiconque, celui qui est traité comme une bête se conduira comme une bête. Rien n'a changé depuis le Biribi de Georges Darien. Mais Blanc n'est jamais dans la démonstration, il ne fait pas oeuvre sociale ni politique. Il est acteur et témoin, aussi intransigeant envers lui-même qu'envers les autres. S'il dénonce, c'est par l'exemple, cherchant toujours à être au plus prêt de ce que sont les hommes ; il guette la plus petite parcelle d'humanité, même chez les pires de ses congénères. Et il sait garder espoir, cet espoir qu'il va chercher dans l'estime compréhensive d'un médecin militaire, dans son amour des livres, ou auprès d'amitiés indéfectibles... Joyeux, fais ton fourbi (publié pour la première fois en 1947) est le second volet de Seule la vie... la trilogie autobiographique de Julien Blanc, dont nous avons publié le premier volume, Confusion des peines, en janvier 2011. Le troisième volume, Le temps des hommes, paraîtra en janvier 2012.

01/2012

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Littérature étrangère

Le magicien de Brooklyn

Issus tous deux de familles russes immigrées à New York, Vaclav et Lena, neuf ans, sont loin d’avoir les mêmes chances pour débuter dans l’existence. Les parents de Vaclav ont soif d’intégration et poursuivent à la force du poignet le rêve américain, tandis que Lena loge chez une tante prostituée qui ne veut pas s’occuper d’elle. Lena ne maîtrise pas l’anglais comme Vaclav et peine à s’exprimer dans cette deuxième langue qui l’emprisonne. D’un naturel extraverti, elle passe pour timide et réservée. Rasia, la mère au grand cœur de Vaclav, recueille la fillette tous les soirs après l’école et Vaclav prend soin d’elle, lui fait ses devoirs et trace les grandes lignes de leur avenir qui ne peut être que commun. Être un jour un grand magicien et avoir comme charmante assistante Lena est le rêve de Vaclav : il répète tous les soirs ses tours avec elle pour pouvoir se produire sur scène à Coney Island. Mais un jour, cette relation fusionnelle vole en éclats car Lena disparaît brutalement de la vie de Vaclav, comme par un tour de passe-passe. Inconsolable, il ignore tout du tragique secret qu’a découvert sa mère et qui a amené les services de protection de l’enfance à retirer Lena à sa tante puis à la placer dans une famille d’accueil. Séparés pendant huit ans, ils se retrouvent à l’adolescence et leur amour d’enfance se mue bientôt en passion. Ils se mettent à nouveau à partager les mêmes rêves, notamment celui de partir en Russie ensemble. Lena veut aller à la recherche de ses parents et de son identité car la quête de ses origines est devenue une obsession, responsable de son mal-être. Mais la vérité, cruelle, c’est finalement à Brooklyn que Vaclav la découvrira. Il n’aura pas le cœur de révéler à Lena ce passé qu’il travestira pour permettre à celle qu’il aime de ne plus penser qu’à l’avenir.

05/2013

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Histoire internationale

Carnages. Les guerres secrètes des grandes puissances d'Afrique

Carnages. Des millions de morts dont le décompte pourrait avoisiner celui des victimes de toutes les guerres depuis 1945. Qui en parle ? Qui s'intéresse à ces " carnages incompréhensibles " ? Rwanda, Kivu, Sud-Soudan, Somalie, Darfour... Invoquer la folie des hommes ne fournit aucune clé d'interprétation ; et l'on ne peut pas se contenter de regarder l'Afrique sous le seul angle des Droits de l'homme ou de la Françafrique. Etonnamment, ces conflits majeurs n'ont jamais été appréhendés dans leur globalité. Qui ont été les soutiens, voire les promoteurs de toutes ces guerres ? Quels intérêts ont-elles servis ? À contre-courant de tout ce qui s'écrit sur l'Afrique, Pierre Péan expose les logiques stratégiques qui visent à remodeler l'Afrique, et dont les " dégâts collatéraux " ont été d'une ampleur inédite et tragique. Il nous révèle ainsi les dessous du Grand Jeu africain des puissances occidentales et les affrontements feutrés entre elles. Après la chute du mur de Berlin, les Etats-Unis, aidés notamment de la Grande-Bretagne et d'Israël, ont décidé d'étendre leurs aires d'influence sur le continent africain, en réduisant notamment le pré carré français. L'instauration du nouvel ordre mondial v a été d'autant plus profond que l'Afrique est devenue un des principaux terrains du " choc des civilisations " qui a installé, avant le 11-Septembre, l'Est africain dans l'espace conflictuel du Proche-Orient. Les regards braqués sur le Grand Moyen-Orient n'ont pas vu que le Soudan était devenu pour Israël et pour les Etats-Unis un pays potentiellement aussi dangereux que l'Iran : il fallait donc " contenir " et diviser le plus grand pays d'Afrique. Les Etats-Unis, le Royaume-Uni, Israël, la France, le Canada, la Belgique et plus récemment la Chine ont été les belligérants fantômes de ce conflit. Il est temps que l'on tire au clair les responsabilités des uns et des autres.

11/2010

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Littérature française

Retour parmi les hommes

En 1916, à la mort d’Arthur, son jeune amant tué au combat, Vincent de l’Etoile, héros d’ En l’absence des hommes, s’est enfui. En Italie, d’abord, puis au Moyen Orient, en Egypte, au Soudan, en Abyssinie sur les traces de Rimbaud, en Syrie, au Liban ; errance de vagabond inconsolable, miséreux et rêveur ; puis c’est la traversée de l’Atlantique dans un bateau d’émigrants, l’Amérique, le New-York des années vingt. Après quelques années de dérive à traîner son deuil à travers le monde, Vincent retourne en France en 1923 ; c’est un peu comme s’il acceptait enfin la mort d’Arthur. Quand il retrouve sa ville natale, il ne reconnaît rien et peine à trouver sa place dans ce Paris des années folles. Son mentor, l’écrivain Marcel Proust, est mort lui aussi. Mais le hasard va le mettre en présence de Raymond Radiguet qui vient de publier Le diable au corps. C’est un très jeune homme, talentueux, brillant, charismatique qui séduit profondément Vincent. L’attrait est réciproque bien que Radiguet soit hétérosexuel. Avec cette énergie et cette joie de vivre qui est la sienne, l’écrivain en vogue, protégé de Cocteau, entraîne son nouvel ami dans les milieux intellectuels parisiens et les folles nuits de Montparnasse. Mais il existe une face sombre de Radiguet. Une fêlure chez ce garçon de vingt ans qui malgré sa gloire éclatante et brutale semble pressentir le sort tragique qui le guette et cette fièvre typhoïde qui va le tuer en décembre 1923. Déambulation hypnotique à travers le monde, qui convoque les fantômes de Kafka, Rimbaud, Nizan ou Dos Passos, voyage solitaire où le héros se perd et se dissout plus qu’il ne se reconstruit, où le déracinement demeure même une fois retrouvées ses racines, ce très beau livre à la fois grave et lumineux, est un chant d’amour déchirant à la gloire des êtres aimés à jamais disparus, un livre sur la douleur vécue comme exil intérieur.

01/2011

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Histoire internationale

Churchill. Seigneur de guerre

Pudique et féroce, tyrannique et affectueux, maladroit et héroïque, tel est resté Churchill dans la mémoire collective. On a retenu de lui son cigare, ses formules percutantes, son courage pendant le Blitz. Mais au-delà de ces images, qui était vraiment cet homme paradoxal ? Descendant du célèbre duc de Marlborough (le héros de la chanson Malbrough s'en va-t-en guerre ), rêvant d'éblouir par ses exploits un père célèbre, Winston Churchill ne dépassa jamais le grade de lieutenant colonel. Il se retrouva pourtant à la tête de la Grande-Bretagne en guerre, seul, face aux puissances de l'Axe, pour sauver la démocratie. Mais s'il devint à ce titre l'un des acteurs politiques majeurs du XXe siècle, son ambition depuis l'enfance était d'être soldat.Voici l'histoire singulière, parfois cocasse, souvent tragique, de ce chef militaire, depuis ses premières aventures à la frontière nord-ouest de l'Inde jusqu'aux deux grands conflits mondiaux, en passant par la guerre des Boers.A partir de documents encore inexploités et de témoignages inédits, Carlo D'Este éclaire d'un jour nouveau cette personnalité contradictoire et attachante. Churchill était un guerrier dans l'âme, imprégné du code d'honneur et de valeurs du XIXe siècle : telle est la thèse de cette biographie magistrale, qui éclaire, sans jamais le juger, la bravoure autant que les erreurs de son héros.Carlo D'Este, l'un des plus grands historiens actuels dans la veine de Beevor et de Keegan, déjà l'auteur de biographies remarquées (Patton, Eisenhower), nous livre ici le portrait captivant d'un Churchill méconnu, loué par la critique du monde entier. « Carlo D'Este est un maître dans l'analyse de l'histoire du XXe siècle, et ce portrait de Churchill seigneur de guerre est sans doute son meilleur livre. »Publishers WeeklyPresse: " Carlo D'Este, auteurréputé de travaux sur Patton etEisenhower, opiniâtre dénicheurd'archives, mène son récitpassionnant de bout en boutavec la fougue de son sujet."Gilles Heuré, Télérama, 18-31 Décembre 10

09/2010

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Histoire internationale

Nouvelles d'Ecosse suivies de Démonologie

Vers la fin des grandes tourmentes qui plongent l'Europe dans les querelles et guerres de religion, au moment où William Shakespeare crée un monde à son image, Jacques Stuart, sixième du nom, règne sur l'Écosse (à la mort d'Elisabeth en 1603, il devient Jacques Ier d'Angleterre et unit les deux couronnes). Ce jeune roi laisse dans la langue et la civilisation du monde anglophone une trace au moins aussi forte et qui n'a pas fini de marquer styles et esprits : il commandite une nouvelle traduction de la Bible (King James Bible) qui fait autorité pendant quatre siècles et façonne encore l'écriture et la pensée de tous ceux qui écrivent en anglais de par le monde, quelles que soient leur religion ou leur origine. Sous sa signature, le Roi laisse quelques textes, dont deux traités politiques : The Trew Law of Free Monarchies et Basilikon Doron, ce dernier écrit pour l'édification de son jeune fils Henri. Une affaire de sorcellerie ayant trait aux péripéties de son mariage, et mêlée aux sombres intrigues entourant le trône d'Ecosse comme il était de coutume, lui donne l'occasion de rédiger un traité de démonologie, dans lequel il appelle à la plus grande sévérité à l'égard du crime de sorcellerie. Ni ce traité, Da monologie, publié pour la première fois en 1597, ni le récit des faits relatifs à cette affaire ainsi qu'à sa conclusion tragique (Newes from Scotland), paru en 1591, n'avaient, à ce jour été traduits en français. C'est maintenant chose faite grâce à Jean Migrenne. Traduction et faits sont éclairés par des notes d'humeur ainsi que par leur mise en perspective dans la sphère britannique. Le tout s'appuie sur les toutes récentes études et exploitations d'archives parues en Grande-Bretagne. Un avant-propos de Pierre Kapitaniak replace les faits dans le contexte spécifique des relations entre pouvoir et sorcellerie ainsi que celui des chasses aux sorcières qui embrasent l'Europe à fin du XVIe siècle.

11/2010

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Musique, danse

Dieux et divas de l'opéra

Art d'exhibition et art populaire, l'opéra est un monde fantastique et enchanteur : les décors et costumes splendides, les illusions produites par les machines soutiennent le charme puissant des voix qui, à la scène comme à la ville, provoque les passions. La diva appartient pleinement à la magie de cet univers : les applaudissements que mérite son talent sont prolongés par une adoration qui entraîne les extravagances et parfois les caprices. En retraçant la carrière de plusieurs centaines de ces interprètes illustres, Roger Blanchard et Roland de Candé, tout en laissant sa part au mythe et en relatant de nombreuses anecdotes, brossent une histoire de l'opéra : on passe ainsi des virtuoses de cour, des grands castrats et des prime donne qui fleurissent dans l'Europe baroque (Florence, Venise et Naples, Paris, Vienne, Prague, Dresde...) à l'époque reine où triomphent les divas, telles la Malibran ou la Pasta. A ce triomphe du bel canto, dominé par les Italiens (Rossini, Bellini, Donizetti...) succède un approfondissement dramatique qui, tout en exigeant des interprètes un héroïsme immense, s'attache moins au " beau chant " cultivé pour lui-même. Verdi et Wagner imposeront de nouveaux styles vocaux. Après la tragédie des deux guerres mondiales, peut-il exister encore des dieux et des divas ? Le temps des Malibran, Jenny Lind, Patti, Melba est révolu. Dans les années 1950, le mythe s'est trouvé passagèrement revivifié par la personnalité de Maria Callas : son destin tragique a fait d'elle la dernière diva. Alors que, de nos jours, la rigueur exigée fait perdre aux chanteurs leur " aura ", que le professionnalisme est la norme et que les grands chefs d'orchestre imposent leur autorité musicale aux divinités soumises, on retrouvera dans ce livre une époque révolue où les aficionados assiégeaient la loge d'une cantatrice, arrêtaient sa voiture dans la rue, provoquaient sur son passage une véritable émeute, donnaient la sérénade sous ses fenêtres...

10/2004

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Littérature étrangère

Oeuvres complètes. Coffret en 2 volumes

Salué comme un Attrape-coeurs moderne, le premier roman de Bret Easton Ellis, Moins que zéro, publié en 1983, lui a valu, à vingt ans, une consécration immédiate. Il est devenu le roman emblématique des années 1980, déclinant tous les thèmes qui continueront d'inspirer son oeuvre : le règne des apparences, l'hypocrisie, le nihilisme d'une époque consumériste, l'incommunicabilité entre les êtres, des vies factices et dépourvues de sens, dont la déréalisation suscite l'anesthésie et la violence. Portrait acide et cru d'une jeunesse désenchantée, Moins que zéro raconte les errances d'un jeune étudiant de la côte Est qui tente de dissiper son mal être dans la recherche incessante de tous les plaisirs, mais auquel ni le sexe, ni l'alcool, ni l'argent n'apportent le bonheur et la puissance escomptés. Les Lois de l'attraction raconte l'histoire de trois étudiants issus de cette même jeunesse dorée en mal d'elle-même, vaquant d'une dérive à l'autre et dont l'existence tragique se consume de rage et de désespoir, tout comme American Psycho, qui fit scandale aux Etats-Unis, par son tableau implacable d'une société américaine déshumanisée, ici incarnée par un jeune golden boy de Wall Street, obsédé par l'argent et la réussite, et serial killer performant le reste du temps. Zombies, évocation satirique d'un monde gangréné par le vice et la superficialité, Glamorama, qui reprend la même peinture désabusée de la faune branchée new-yorkaise, Lunar Park, où l'on retrouve les paradis artificiels et l'atmosphère violente et sulfureuse de ses précédents livres, ici restitués de manière plus autobiographique, enfin Suite(s) impériale(s), prolongement de Moins que zéro qui marque aussi la fin d'un cycle, illustrent le génie romanesque d'un écrivain hors normes, au style précis, glacé et incisif. Son sens de l'observation, de la dérision, de la formule qui bouscule, son humour au vitriol, en font un des narrateurs les plus originaux et les plus puissants d'aujourd'hui.

02/2016

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Sociologie

Les souffrances du jeune trentenaire

" Comment emmerder ses parents ? Voilà une question qui tourmente chacun à son heure. Pour ceux de sa génération, elle prend un tour tout à fait tragique. Sans le vouloir, sans parfois le savoir, ils emmerdent malgré eux leurs parents dans le sens où ils les ennuient. Loin des utopies, des rêves et des révoltes légitimes, ils diffusent un ennui tout entier pétri de leur conformisme et de leur docilité. Si, pourtant, certains d'entre eux tentent de s'adonner au sport plaisant de la transgression, la tâche est ardue. Du cannabis au trotskisme via l'échangisme, tout sera accueilli avec bienveillance, voire soulagement autant de preuves que les enfants sont en vie. Sa première ébauche d'insurrection avait consisté à arracher méthodiquement le portrait de Pierre Overney qui était collé sur la porte de la cuisine. Il avait pensé bien faire. C'était lors d'une de ses nombreuses tentatives de réaménagement-embourgeoisement de l'appartement. Son initiative n'avait pas été bien accueillie. Il en avait été déçu. Mais enfin, ce n'était pas de sa faute s'il n'avait pas su reconnaître un militant maoïste assassiné ! Il avait cru qu'il s'agissait là du poster d'un vieux chanteur folk passé de mode et que le temps était venu de s'en débarrasser. Ce fut son premier sacrilège. Bien involontaire. Mais tellement révélateur. Et ce n'était que le début... " Le trentenaire est un curieux animal dont on entend souvent parler. Une quantité incroyable de dossiers, d'études, de monographies lui est consacrée. De temps en temps, il s'exprime. Ou plutôt, il réagit. Parfois pour se plaindre (on ne lui a rien laissé), parfois pour étonner son monde (il a l'audace d'avouer publiquement qu'il a osé jadis sécher des cours de DEUG). Il s'exprime mais ne se raconte pas. Pourtant, son salut viendra sans doute de sa capacité à prendre au sérieux son histoire, à la conter, peut-être à l'aimer...

04/2005

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Science-fiction

Les monades urbaines

Dans un monde futuriste, en 2381, les hommes sont libérés des anciens fléaux de la famine et de la surpopulation. Cette nouvelle civilisation, où il est permis de tout faire, baigne apparemment dans le bonheur. Il y règne un pandémonium sexuel sans tabou, et un culte de la fertilité. D'un autre côté, la création, l'imagination et l'individualité sont considérés comme une dangereuse rébellion. Les hommes vivent dans des immeubles avec un millier d'étages, les "Monades", dans lesquels l'altitude détermine le niveau social. Plus on est haut, plus on est favorisé. Ces immeubles sont divisés en cités de 40 étages, baptisées aux noms des anciennes villes du XXe siècle, comme Shanghai ou Chicago. Le livre est structuré en huit nouvelles qui sont autant de tranches de vie dont les protagonistes se croisent et se recroisent. A leurs côtés, le lecteur explore les hauteurs et les profondeurs de ce monde vertical, étrange et pourtant bien familier. Tout s'accélère ou plutôt se précipite quand Siegmund, le citoyen le plus intégré qui soit (à peine 15 ans et déjà presque à l'étage Louisville, un modèle de fertilité et d'ascension sociale), connaît une " défaillance " suite à une descente dans les bas étages. Cette " Descente aux Enfers " provoque en lui une prise de conscience fatale. Bientôt, la farce vire au tragique. Le retournement de cette situation de bonheur prétendu à une vision de cauchemar se fait par le truchement des divers personnages, les uns étant des victimes évidentes du système, les autres des piliers de la société. Le thème est celui, classique, des romans d'anticipation, et l'auteur lui donne une forme littéraire achevée, maniant avec aisance les points de vue narratifs de tous ses personnages. Un petit bijou de science-fiction dans lequel Silverberg peint dans le moindre détail un monde de l'avenir, séduisant, terrifiant, et pourtant si vraisemblable.

10/2016

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Littérature étrangère

LA GLOIRE ET LA RENOMMEE. Tome 2

La Gloire et la Renommée s'inscrit dans la grande tradition du roman-fleuve et doit sans doute beaucoup à Proust et davantage à Henry James qu'à James Joyce. Avec ce roman d'envergure Iwaszkiewicz, pourtant célèbre pour ses formes coudes, a voulu rendre hommage à une Europe qui a sombré dans le cataclysme de la Seconde Guerre mondiale. Cet immense roman en deux parties débute en Ukraine avant la Première Guerre mondiale pour se terminer à Varsovie avec la Seconde. Pendant trente ans il nous promène à travers toute l'Europe des années 20 et 30. Le premier tome nous conduit de la Russie sanglante de la révolution jusqu'à la Pologne recouvrant son indépendance, du Paris des années Arts-Déco à l'Allemagne de la république de Weimar et celle d'Hitler. Les héros principaux du récit, Janusz Myszynski et son ami, le compositeur Edgar Szyller y vivent leur jeunesse " d'enfants du siècle ". Dans le présent volume nous les retrouvons mûris par les épreuves et les amours malheureux. Les destinées chaotiques d'une foule de personnages - la comtesse Bilinska et son fils, le fougueux Alo, la modeste Ola et son pâtissier de mari Golabek, la cantatrice Ela et la belle Ariadna - s'acheminent inexorablement vers la déflagration finale. Après avoir quitté l'Espagne en flammes Janusz retrouve Edgar à Rome. Nous sommes en 1937 et la guerre en Europe semble inévitable. Janusz passe par Paris en route vers sa demeure polonaise. C'est là-bas qu'il sera témoin de l'invasion allemande, de la terreur nazie, de la résistance... Les années noires de l'occupation fasciste en Pologne sont décrites à travers le sort tragique de tous les personnages qui disparaissent abattus par la soldatesque, meurent dans le ghetto, dans les camps ou sur les barricades de l'insurrection de Varsovie. Ce tableau épique d'un pays en guerre se termine en 1947 avec l'installation des communistes au pouvoir.

11/1999

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Littérature étrangère

Maurice Sachs

L'oeuvre de Maurice Sachs, c'est sa vie même. Cette oeuvre-là n'a pas les belles proportions des classiques. Elle est baroque, ou cubiste, ou fauve, ou un sale mélange des trois. Sachs, toute sa vie, fait des coups, des malversations et des saloperies. Il écrit des livres : Alias, Au temps du Bouf sur le toit, Le Sabbat, La chasse à courre. Il connaît des amours, noue et dénoue des amitiés, se marie, se convertit deux fois. Mais ces insignifiances, c'est pour meubler. D'ailleurs, les meubles, il n'y est pas attaché, surtout ceux des autres. Il les vend. Il «emprunte» et se «refait». En attendant que la vraie vie commence sous des auspices meilleurs que ceux de son enfance : un père tôt parti sans lui dire s'il est juif ou pas, une mère fantasque experte en escroqueries. Sachs, qui fut l'aventurier même dans le Paris de l'entre-deux-guerres dont il se voulut le chroniqueur, rêve d'une vie d'ordre. Il rencontre des jeunes gens passionnés de littérature, beaux et intelligents. Il aimerait à son tour jouer le rôle de Maritain, Cocteau ou Max Jacob à l'égard d'une certaine jeunesse de leur époque, qui les entoura, et les adula. Mais il aurait fallu que le nom de Sachs brillât au ciel de la gloire. Il n'en fut rien. Car sa gloire ne fut pas tardive. Elle ne fut jamais. Le départ de Sachs pour l'Allemagne en novembre 1942, comme travailleur volontaire, n'est pas celui de Rimbaud pour le Harrar : l'un a son ouvre derrière lui, l'autre devant ; l'un finit dans le négoce, l'autre à la Gestapo. Et on ne pourra pas appeler gloire posthume la réputation sulfureuse du «Juif collabo» abattu par la S S sur le bord d'une route au crépuscule du Reich. Sous l'effervescence picaresque d'une vie de drôlerie et de total amoralisme court quelque chose de tragique.

10/1988

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Littérature française

Entre hyènes et chacals. La forteresse de sable

Quelle fresque admirable ce roman dont le principal décor en est une forteresse, Kalaal, où vivent et meurent des personnages au coeur de granit, foisonnent d'autres, égrenant leurs souvenirs aux vents du désert. Métaphoriquement, elle signifie que tout se délite, même les sentiments les plus puissants. Autour de Kalaat, non loin de la table de Jugurtha, hyènes et chacals rôdent... Cette forteresse a ceci de remarquable c'est qu'elle se situe dans le temps et dans l'espace (Algérie 1942, Rome 1943, Tunis 1947, Kalaat 1954, Paris 1982) même si ses fondations majeures ont pour aire le village de Kalaat en Tunisie. Sa " châtelaine " d'aujourd'hui, Louisa, avant d'y être ancrée, connut dans sa jeunesse l'Italie du Duce et le Tunis de ses premières amours avec Youssef qui n'était pas encore le chef de guerre qu'il deviendra sous la bannière du Combattant Suprême, Habib Bourguiba. Patriote, résistant intègre, Youssef n'oubliera jamais Louisa, mariée au policier français Raymond Mignard, son " ennemi naturel ", époux peu scrupuleux et redoutable tortionnaire, tant dans son milieu professionnel que dans sa vie affective. Une lutte à l'issue fatale s'engagera entre Raymond Mignard et Louisa, soutenue par deux personnages-clefs : sa belle-mère Laurence, femme de tête, et la nounou, Fatma, qui imprime sa touche de magie. Trio féminin, puissant bastion humain. De même, le lecteur n'oubliera le visage d'Héléna, la petite espiègle, qui connaîtra une fin tragique. Angela Cimino-Creusson a su peindre cet immense polyptyque qu'est Entre Hyènes Et Chacals où les figures de l'amour et de la haine ont la vigueur de cette fantasia offerte par Youssef aux gardiens de la forteresse de Kalaat pour mieux circonvenir leur vigilance. Cette fresque est non seulement flamboyante par l'éclat des couleurs qui la révèlent, mais également par la maîtrise d'une composition intelligente autant que d'un phrasé dignes des maîtres du roman contemporain.

01/1994

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Littérature étrangère

Le Décaméron illustré par l'auteur et les peintres de son époque

Drôles, intelligentes et merveilleusement écrites, les cent nouvelles du Décaméron sont à l’origine d’une riche iconographie illustrant la profonde conviction de Boccace : « on ne doit pas accorder moins de liberté à la plume qu’au pinceau du peintre » (conclusion du Décaméron). Une fresque fascinante de plus de cinq cents œuvres d’art en couleurs vient éclairer cette émouvante comédie humaine et amoureuse : les illustrations ornant les premières éditions de l’ouvrage, les dessins -tout récemment authentifiés- à la plume et à l’aquarelle de Boccace lui-même, les magnifiques miniatures du Manuscrit du Maître de la Cité des Dames, conservé au Vatican, et du Manuscrit Ceffini, conservé à la Bibliothèque nationale de France, les scènes somptueuses réalisées sur des coffres de mariages et des plateaux d’accouchée. Et une sélection des plus belles œuvres inspirées par le Décaméron aux peintres de son époque. Disciple de Dante et grand ami de Pétrarque, Boccace s’inscrit dans la trilogie éternelle des grands auteurs italiens du Trecento. Comme Dante, Boccace choisit l’italien et non le latin pour écrire le Décaméron. Il conçoit son chef-d’œuvre entre 1349 et 1351 alors que l’humanité bouleversée médite sur « les vices humains et les valeurs » à la suite de la tragique expérience de la peste qui ravage Florence en 1348, « envoyée aux mortels par la juste colère de Dieu... en punition de nos iniquités ». D’emblée, Boccace place le Décaméron sous le signe de l’amour naturel et triomphant, en prenant le parti et la défense des femmes : « moi, que le Ciel a voulu créer pour vous aimer... » Il appuie sa narration sur une construction originale et rigoureuse : pour éviter la peste, sept nobles demoiselles et trois jeunes gens courtois se réfugient dans la campagne autour de Florence. Chacun d’entre eux raconte dix nouvelles au cours de dixjournées. Cette « comédie humaine » alterne les amours joviales et dramatiques, la sensualité exaltée ou la spiritualité religieuse, les vices les plus laids et les vertus héroïques, le réalisme et la transfiguration fabuleuse...

04/2010

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BD jeunesse

Il s'appelait Ptirou. Edition de luxe

C'est une surprenante et dramatique histoire que celle qui fut contée le soir de ce Noël 1959, dans une demeure de la banlieue de Charleroi. Réunis auprès de leur oncle Paul, trois enfants impatients réclament un récit, lequel sera inspiré d'un épisode vieux de presque trente ans... La Grande Dépression fait rage à cette époque malmenée : tensions sociales, grèves et conflits sont le lot quotidien des entreprises industrielles. Celle de Henri de Sainteloi, grand patron de la Compagnie Générale Transatlantique, ne fait pas exception à la règle. Poussé par ses actionnaires à renégocier les frais de locations des quais, Monsieur de Sainteloi doit se rendre à New York et en profite pour y emmener sa fille unique, Juliette, ravissante enfant atteinte d'une grave insuffisance cardiaque. A des kilomètres de Paris, sur les rives pluvieuses de la Seine, le cirque Marcolini est en deuil : Madly, sa trapéziste vedette, est victime d'un tragique accident qui force Ptirou, son fils, à quitter les saltimbanques pour tenter sa chance en Amérique, là où dit-on tout est possible à qui poursuit ses rêves. Sur le paquebot en partance pour le Nouveau Continent, voici l'histoire d'une improbable rencontre, d'une aventure bouleversante. Laurent Verron, le digne héritier de Roba, Peyo et Franquin, et Yves Sente le scénariste aux mille visages se sont immergés dans l'atmosphère de ces années grises afin d'en restituer brillamment l'essence. Le trait enlevé de Verron magnifie ce panorama plein de caractère d'une époque en proie à la lutte des classes, sur fond d'immigration et de vastes traversées. Cette épopée transatlantique, que colorent les romans de Dickens, fait se côtoyer la grande Histoire avec la petite à travers les destinées de ses deux jeunes héros. "Il s'appelait Ptirou", ou les origines du personnage de Spirou créé par Rob-Vel, réinvente l'aventure romanesque.

01/2018

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Littérature française

Le réveil avant la dérive

Chaque mauvaise décision sur le choix d'un conjoint est souvent très lourde de conséquences : vie conjugale tragique, enfants déséquilibrés, maladies psychosomatiques, etc. Jusqu'à la fin des années 80, les marocains ont souvent dû choisir entre la peste et le choléra : supporter le climat d'une union mal assortie pour "sauver" le futur financier et psychologique des enfants nés d'une union bancale, ou se sauver vers une nouvelle vie que l'on espère meilleure avec un nouveau conjoint. La deuxième option a révélé qu'il n'était pas du tout évident de vivre heureux à l'intérieur d'une famille recomposée. Chaque enfant qui y sera réfractaire, s'acharnera à pourrir la vie de tout le reste de cette nouvelle famille. Dans la majeure partie des cas, les enfants issus de la première union ont du mal à accepter cette pièce rapportée que représente le parent de substitution. La vie de parent isolé étant très difficile, on espère trouver une personne qui nous soulagerait de cette tâche, sans imaginer à quel point ce nouvel arrivant pourrait devenir une tâche... Revenons donc sans tarder à des mariages qui durent toute une vie parce que le monde ne contient pas assez de psychologues pour soigner le mal être de tous ceux qui s'embarquent trop vite dans des plans hasardeux ou foireux, avec des personnes caractérielles ou sujettes à des problèmes mentaux qu'ils arrivent à camoufler pendant un certain temps... Le temps que leurs victimes leur fassent une confiance aveugle... Celle qui génère le plus de larmes à tous ceux qui en ont été victimes. Ceux que l'on croit être plus chanceux que nous, ne le sont pas forcément. Ils se sont réveillés bien avant la dérive, sollicitant leurs cerveaux bien plus que leurs coeurs... Envisager qu'une vie de couple est possible dans le conflit incessant, c'est accepter de se laisser mourir un peu plus tous les jours et laisser la porte du bonheur se fermer avec fracas face à nos visages décomposés par l'endurance de l'insupportable.

07/2018

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Littérature étrangère

Nouvelles

"Dans ces quatre-vingt-cinq nouvelles, Clarice Lispector révèle, avant tout, l'écrivain qu'elle est. Des promesses de l'adolescence, en passant par l'assurance de la maturité, à la désagrégation d'une artiste tandis qu'elle approche de la mort - et qu'elle la convoque - , nous découvrons la figure, plus grande que la somme de chacune ses oeuvres, qui est objet d'adoration au Brésil. [...] De la première histoire, publiée alors qu'elle avait dix-neuf ans, à la dernière, découverte sous forme de fragments disparates après sa mort, nous suivons une vie entière d'expérimentation artistique au travers d'un large éventail de styles et d'expériences. [...] Sa littérature est un art qui nous fait désirer connaître la femme ; elle est une femme qui nous fait désirer connaître son art. Le présent ouvrage offre une vision des deux à la fois : un portrait inoubliable, dans et par son art, de cette grande figure, dans toute sa tragique majesté." B.M. La présente édition rassemble pour la première fois en un seul livre l'ensemble des nouvelles écrites par Clarice Lispector au cours de sa vie, grâce au travail de son biographe Benjamin Moser qui a effectué de longues recherches au Brésil pour restituer leur chronologie et retrouver des textes demeurés jusque-là inédits. Sont rassemblées, dans ce livre, les nouvelles des recueils suivants publiés par les éditions des femmes-Antoinette Fougue : La Belle et la Bête suivi de Passion des corps, traduit par Claude Farny et Sylvie Durastanti (1984) ; Liens de famille (1989) et Corps séparés (1993), traduits par Jacques et Teresa Thiériot (1989) ; des nouvelles figurant dans La Découverte du monde, recueil de chroniques traduites par Jacques et Teresa Thiériot (1995) ; Où étais-tu pendant la nuit, traduit par Geneviève Leibrich et Nicole Biros (1985). S'y ajoutent dix nouvelles inédites traduites par Claudia Poncioni et Didier Lamaison.

10/2017

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Musique, danse

Dans la lumière qui se retire

Hudson "Huddie" Ledbetter dit "Lead Belly" ou "Leadbelly" – Ventre de plomb : Chanteur, guitariste, éventuellement pianiste et accordéoniste, mais aussi compositeur et parolier. Légende vivante du folk. Lemmon Jefferson, dit "Blind Lemon" – L'Aveugle-à-la-peau-de-citron : Guitariste et chanteur ambulant, compositeur de toutes ses mélodies, auteur de tous ses textes. McKinley Morganfield, dit "Muddy Waters" – Le Mangeur de boue : apparaît comme le bluesman qui, mieux que tout autre, incarne à la fois l'unité et la diversité du blues de l'après-guerre. Sam Hopkins, dit "Lightnin" (Eclair) – L'Eclair : Son jeu de guitare remarquablement articulé est d'une souplesse et d'une éloquence exceptionnelles. John Lee Hooker – Mr Boom Boom : Harmoniciste occasionnel, mais surtout guitariste et chanteur, créateur d'innombrables thèmes, Aucun autre bluesman, jusqu'ici, ne s'est montré supérieur à lui. La provocante impureté de son jeu, de son chant, c'est l'essence même du blues en ce qu'elle a de plus pur, c'est-à-dire, en l'espèce, de plus trouble. Robert Leroy Johnson – Le Fils préféré du Diable : Eternel don juan, galvaudeux impénitent, héros tragique et créateur de génie. Il fut le principal ouvrier d'une transition entre le style acoustique et rural dont il était nourri et le blues électrique destiné à triompher, à partir de 1948, dans les grands centres urbains. Chester Arthur Burnett, dit "Howlin Wolf" – Le Loup hurlant : Il possédait une voix sombre et puissante, propre à glacer les sangs. Il jouait de l'harmonica, tâtait de la guitare, mais son principal instrument c'était son corps. Marion Walter Jacobs, dit "Little Walter" – Petit Walter : a réinventé l'harmonica au tournant des années 40 et 50, en explorant sans relâche et en exploitant sans contrainte les possibilités de l'amplification électrique. Il n'en demeurera pas moins l'un des visionnaires les plus et les mieux inspirés du blues de l'après-guerre.

07/2017

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Critique littéraire

Lettres à Simone Kahn. 1920-1960

A la fin du mois de juin 1920, quand André Breton rencontre Simonne Khan, il vient d'avoir vingt-quatre ans et n'est déjà plus un inconnu. Il a publié ses premiers vers en mars 1914. Son premier recueil de poèmes, Mont de piété, est paru en juin 1919. Simone Kahn est née en 1897. Elle a fréquenté l'Institut d'anglais de la Sorbonne. Eprise de littérature, visiteuse assidue de la libraire d'Adrienne Monnier, abonnée à la revue Littérature, elle assista au Festival Dada de la Salle Gaveau, le 26 mai 1920, qu'elle apprécia peu. Lors des premiers échanges avec Breton, elle lui déclara d'emblée : " Vous savez, je ne suis pas dadaïste " ce sur quoi Breton répondit " Moi non plus ". Pendant leurs huit ans de vie commune, Simone et André tentèrent de maintenir une franchise totale dans leurs échanges. Cependant les aléas de leur vie éprise d'indépendance et leurs pulsions amoureuses non réprimées eurent raison de cette volonté de transparence absolue. Les absences prolongées de Simone pour rejoindre sa cousine Denise Lévy ou pour passer des vacances avec des amis et, surtout, sa liaison non avouée avec Max Morice, furent douloureusement vécues par André. De même, la violente passion du poète pour Suzanne Musard et la parenthèse tragique liée à la rencontre de Nadja étaient difficiles à accepter même par une femme plutôt large d'esprit. En l'absence des lettres de Simone, cette correspondance pourrait s'apparenter à un Journal, si ce n'étaient les réactions ultra-sensibles ou violentes de Breton en réponse aux missives de son épouse. Pendant le temps qui va de la rencontre au Jardin du Luxembourg en 1920 jusqu'au terme d'un amour que conclut la lettre du 15 novembre 1928, se dessine une trajectoire de " liberté libre " incomparable. Ce témoignage sur les premières années, décisives, du Mouvement surréaliste sera suivi d'autres correspondances beaucoup plus maîtrisées. Dans ces pages apparaît la fragilité de Breton, alors que la légende a tendance à figer le personnage dans une dignité granitique.

06/2016

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Littérature étrangère

La trace

Le road movie mélancolique qui conduit Dale et Hoa sur les routes du désert, au Texas puis au Mexique, semble ne pas avoir de lien avec la première scène du roman, irruption anonyme d'une violence à l'état pur, où l'on assiste à l'agression dans sa salle de bains d'un homme vêtu d'un t-shirt Redskins. Dale fait des recherches sur Ambrose Bierce, l'écrivain mort mystérieusement en 1913 après avoir rejoint la révolution mexicaine. C'est sur ses traces qu'il emmène sa femme, Hoa, plongée dans une profonde dépression suite à la disparition de leur fils. L'angoisse les étouffe dans le huis clos de l'habitacle, les heures s'égrènent difficilement, à peine rythmées par quelques arrêts dans des lieux désolés. Tout va de mal en pis quand leur voiture tombe en panne, les laissant sans eau et sans aucun moyen d'appeler des secours. Sous la plume précise de Forrest Gander, la solitude de ces êtres perdus, aveuglés par leur chagrin, devient palpable. En parallèle de leurs tentatives de s'en sortir, se poursuit un autre fil narratif : le mystérieux agresseur du début fait partie d'une bande de narcotrafiquants. Leur butin est entreposé dans une grotte où Dale a fini par trouver refuge. Et le t-shirt Redskins n'est pas loin... Forrest Gander entrelace de manière fascinante les deux intrigues, rendant plus inquiétante encore, comme à leur insu, l'équipée de Dale et Hoa. Ils ne parviennent pas à déchiffrer les événements dont ils sont les témoins, ne mesurent pas le danger qu'ils courent. Le roman s'achève dans un final incendiaire - dont les protagonistes sortiront vivants, mais profondément transformés. Ce western tragique puise sa source dans la sombre beauté du territoire où il est ancré : âpre, implacable, minéral - admirablement évoqué par un poète géologue qui incarne le désert comme le personnage essentiel de son roman.

02/2016

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Histoire internationale

Les Alawites. Histoire mouvementée d'une communauté mystérieuse

Depuis quelques décennies, les Alawites retiennent l'attention des observateurs, en raison du rôle important que leur communauté hétérodoxe, longtemps haïe et méprisée par l'islam sunnite, joue dans la vie politique du Levant. La guerre civile vient remettre cette communauté au devant de la scène avec une plus grande acuité, et les chancelleries se penchent activement sur son sort et sur celui du Proche-Orient tout entier. Un siècle après la conclusion de l'arrangement que les perfides grandes puissances d'alors ont concocté en catimini, suite au dépeçage de l'Empire ottoman, les peuples du Levant devront-ils subir, à leurs dépens, un nouvel accord porté sur les fonts baptismaux par d'autres larrons ? Qui sont ces Alawites ? Où vivent-ils ? Quelles sont leurs origines doctrinales, leurs croyances ancestrales et leur histoire ? Quel rôle jouent les puissances internationales et régionales dans le conflit présent qui les opposent à leurs détracteurs et que se dessine pour eux dans la Syrie de demain ? Cet essai retrace, à grands traits, leur cheminement à travers onze siècles d'une existence mouvementée, jusqu'aux derniers soubresauts du drame tragique et meurtrier qui se déroule sous nos yeux. Qu'adviendra-t-il de cette petite peuplade le jour où la Syrie sera un Etat pacifié, ouvert à tous les vents ? Nous ne le savons pas encore. Si les Alawites sont acculés à céder le pouvoir, cela risque de se faire au profit d'un islam radical et obscurantiste qui les réduirait à un statut bien pire que celui qui leur a été réservé jusqu'à leur prise du pouvoir. Si, au contraire, ils parviennent à partager la gouvernance avec les autres composantes fondatrices de ce vieux pays - à l'histoire flamboyante et à la civilisation prestigieuse -, ils oeuvreront à construire le premier Etat démocratique et laïque de l'aire arabe. Gageons qu'ils feront le choix de la raison, de la modernité et du progrès.

03/2017