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Emile Desjardins

Extraits

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Histoire de France

Napoléon à Sainte-Hélène

Sur le confiné le plus célèbre du monde, une vue à couper le souffle. L'épopée napoléonienne ne s'est pas terminée à Paris avec l'abdication du 22 juin 1815. Dans un tout autre cadre, un rocher au milieu de l'Atlantique-Sud, et dans un registre intime, celui du confinement de quelques Français dans une demeure humide, elle s'est poursuivie pendant six années, dont Las Cases, dans le Mémorial de Sainte-Hélène, n'a donné qu'un aperçu biaisé sur les premiers mois. Ce ne fut pas une extinction lente et passive. Jusqu'à sa mort le 5 mai 1821, Napoléon mena un combat rude et solitaire contre la fatalité. Jamais, placé dans des circonstances exceptionnelles, il ne renonça à l'espérance et à la gloire, qui l'avaient animé toute sa vie. En dépit de la paranoia de ses geôliers et des petitesses de son entourage, il ne renonça à rien, et suscita aussi des complicités inattendues, au point que sa captivité aurait pu tourner autrement. L'empereur n'aimait pas les histoires écrites d'avance. Sans doute est-ce pour cela aussi qu'il continue de fasciner. A partir de sources ignorées ou inédites, Pierre Branda traite des différents aspects matériels, politiques et moraux, de l'existence de l'illustre exilé et de ce qui s'y rattache. Tous les acteurs du drame, des compagnons les plus proches aux témoins les plus humbles, des gouvernants aux anonymes, prennent consistance et mouvement, à Sainte-Hélène mais aussi à Londres, à Paris, et partout où le sort de Napoléon obsède, inquiète ou apitoie. Toutes les situations, tous les incidents, sont passés au peigne fin et rendus à leur signification véritable. Il en ressort des éclairages insolites, des portraits toujours justes et parfois sévères, des remises en perspective et, au fil de jours parfois interminables, un récit saisissant, comme si le lecteur n'en connaissait pas la fin.

01/2021

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Littérature française

Choses vues. Souvenirs, journaux, cahiers, 1830-1885

Choses vues, entendues, notées sur le vif en forme de brèves, de caricatures ou de longs portraits, de récits bouleversants, d'enquêtes, de grands moments qui appartiennent désormais à l'histoire nationale, mais aussi de mots d'esprit d'expressions glanées dans la rue - voici le siècle de Hugo. Cet extraordinaire recueil, constitué après la mort de Victor Hugo et sur sa recommandation, est fait de pièces et de morceaux recousus à partir de ses Carnets, de son Journal, de ses livres de comptes, de ce qu'il appelait lui-même " Pierres précieuses tombées de la tribune " - autant de lapsus qui plongent l'Assemblée dans le fou rire -, de Feuilles volantes, de Souvenirs personnels, de " Faits contemporains " que les éditeurs successifs se sont employés à classer, ici dans l'ordre chronologique. Dans ce livre, le XIXe siècle court de 1830 à 1885, sous l'œil acéré et sans complaisance du chroniqueur. Une traversée du siècle politique et littéraire, cocasse ou bouleversante, mais qui laisse souvent la place à l'homme intime, père passionné, déchiré en amour, plus tard vieux monsieur d'une sensualité débridée, lutteur infatigable contre la peine de mort, exilé irréductible aux séductions de l'Empire - Victor Hugo y apparaît comme un grand homme politique à la popularité inégalée... Des pages où le pétillement de l'esprit se mêle sans cesse aux plus terribles tragédies. " J'aime la proscription, j'aime l'exil, j'aime mon galetas de la grande place, j'aime la pauvreté, j'aime l'adversité, j'aime tout ce que je souffre pour la liberté, pour la patrie et pour le droit ; j'ai la conscience joyeuse ; mais c'est toujours une chose douloureuse de marcher sur la terre étrangère. Hier un chien qui m'aime ici était sauté sur mes genoux ; il y était mal à l'aise, pourtant il voulait y rester Je disais : le cœur est content, mais les pattes sont malheureuses. Telle est ma situation en exil. " VICTOR HUGO, 22 janvier 1852.

01/2002

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Poésie

Chemins perdus

Maurice Bonnet réunit ici l'intégralité de son oeuvre poétique, dont la qualité d'écriture et l'ironie charment d'emblée par l'humour, l'insolence et l'élégance du style. Tout écrivain finit par apprendre qu'on ne peut jamais aller que de soi à soi, quels que soient les chemins qu'on emprunte. Et en poésie, l'évidence en est éclatante : pour le poète, les chemins perdus constituent l'itinéraire le plus sûr pour se retrouver. C'est ce que pense Maurice Bonnet qui a toujours écrit pour lui-même et un petit cercle d'amis depuis ses années de jeunesse, des chroniques, des nouvelles, des essais. Poète ? Ce livre prouve qu'il l'est, mais il considère ne s'y être consacré que par accès. Parfois, après de longs silences, la poésie s'empare de lui, le submerge irrésistiblement et il ne peut que lui céder car la Muse est impérieuse. Il s'emploie à la satisfaire, entrant, c'est selon, dans la confidence ou le délire. Toute une vie de secrets à demi dévoilés et d'aveux plus ou moins déguisés au service d'une intime vérité. Le premier livre des Chemins perdus et le suivant des Chemins retrouvés couvrent plusieurs décennies. Le Livre de Paul est un parcours initiatique. Juvenis erotica est pour l'essentiel composé de poèmes d'une jeunesse inspirée de chair et de sang. Enfin, l'Ode à ma ville est l'hommage d'un vieil exilé à sa ville natale, telle qu'elle apparaît toujours en sa mémoire malgré de grands changements. Pour Mon petit testament, c'est un hommage à François Villon, poète préféré de l'auteur qui, pour finir, chante l'oubli dans une ballade émouvante. Aujourd'hui, il semble bien que la plupart des Français prennent la fuite au seul mot de poésie. Quel dommage ! Qu'on ouvre seulement ce livre, on y trouvera d'aimables ou de troublants échos.

06/2012

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Littérature étrangère

Demain à Santa Cecilia

A 45 ans, Blanca Perea s'est construit une existence qu'elle croit solide : un mariage qui dure depuis plus de vingt-cinq ans et une carrière universitaire honorable. Lorsque son mari la quitte pour une femme plus jeune, elle ne sait plus quel sens donner à sa vie. Dévastée, Blanca décide de partir le plus loin possible, et accepte un emploi d'archiviste à Santa Cecilia, une modeste université de Californie. Elle devra classer les papiers légués à la fac par Andrès Fontana, un professeur mort depuis trente ans. Heureuse surprise : le travail n'est pas du tout fastidieux. À travers les souvenirs du professeur exilé du franquisme, Blanca, bouleversée, apprend à connaître l'Espagne des années 1930, mais aussi l'Espagne rêvée des écrivains de la diaspora. La vie du campus se révèle aussi intéressante, agitée par un mouvement de lutte contre le projet de construction d'un immense centre commercial. Et Blanca fait la connaissance du très séduisant Daniel Carter, professeur de renom et ancien élève de Fontana, qui manifeste un vif intérêt pour ses recherches... Peu à peu, Blanca constate que les écrits de Fontana s'éloignent de la littérature de l'exil pour se focaliser sur les missions espagnoles franciscaines du Camino Real en Californie. Pourquoi ce revirement de la part de Fontana ? Elle s'interroge également sur l'intérêt soudain de l'Université pour ces archives enfouies et abandonnées jusqu'alors. La concomitance entre sa mission et le mouvement contre les travaux de construction du centre commercial, dans lequel Carter semble très impliqué, est-elle une simple coïncidence ? En se penchant sur le passé, Blanca espère découvrir les secrets qui ébranlent le présent. Un roman sur la seconde chance et la possibilité de se reconstruire. Héroïne contemporaine, Blanca, après une trahison qui la laisse exsangue, refuse le rôle de victime passive et s'ouvre à l'inconnu.

05/2014

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Science-fiction

Bifrost n°109 - dossier Valerio Evangelisti. 109 La revue des mondes imaginaires 2023

Né en 1952 à Bologne, Valerio Evangelisti mène une carrière universitaire qu'il alterne avec une activité de fonctionnaire au ministère des finances italien. Ses premiers livres parus sont des essais historiques, mais il se lance dans la fiction avec Nicolas Eymerich, inquisiteur : ce premier roman, distingué par le prix Urania en 1993, inaugure une série qu'Evangelisti poursuivra le restant de sa vie. Basé sur le véritable Nicolas Eymerich, inquisiteur dominicain né en 1320 et mort en 1399, le cycle d'Eymerich se déploie sur 12 volumes mêlant avec brio et inventivité événements historiques et science-fiction. Si ce cycle est l'oeuvre maîtresse de son auteur, Evangelisti a publié quantité d'autres romans, dont une bonne part a franchi la barrière des Alpes : dans un genre historico-fantastique, citons les trois volets du "Roman de Nostradamus" ou le "Cycle des Pirates" - l'auteur y fait des forbans les agents de l'introduction du capitalisme sur le continent américain. Passionné par l'histoire des Amériques, il y situe deux séries, l'une aux USA, l'autre au Mexique... Plusieurs récompenses viennent couronner ses oeuvres - le Grand Prix de l'Imaginaire (1998) et le Prix Tour Eiffel (1999) en France, le Prix Italia (2000) pour ses fictions radiophoniques. Il reste actif dans ce domaine, rédige des scénarios pour la radio, le cinéma, la télévision et les BD. Après avoir été rédacteur en chef de la revue Progetto Memoria pendant une décennie, il sera aussi le directeur éditorial de Carmilla, une revue littéraire initialement publiée sur papier avant de devenir uniquement virtuelle. Valerio Evangelisti décède à Bologne le 18 avril 2022. Bifrost consacre ce grand nom de l'imaginaire italien au travers d'un entretien-carrière mené par Richard Comballot. Un article consacré au cycle d'Eymerich, un traditionnel guide de lecture, des hommage de Serge Quaduppani et Doug Headline, divers articles d'Evangelisti en personne, une bibliographie exhaustive par Alain Sprauel. Outre Evangelisit, des récits inédit d'Elly Bangs, Christian Léourier, Emilie Querbalec et Ray Nayler complète ce très riche sommaire.

01/2023

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Linguistique

La représentation dans la recherche en langues et cultures étrangères. Regarder autrement, regarder ailleurs

Bien que la représentation ait pu être qualifiée parfois de "concept flou" , que sa supposée faillite dans le champ politique soit vigoureusement dénoncée, et qu'elle soit régulièrement déclarée en crise depuis Platon, elle n'en reste pas moins une notion d'une grande vitalité et d'une stimulante complexité. La persistance et la fréquence des usages de ce terme dans le champ des Humanités disent bien l'importance de ce mode spécifique de rapport au réel. Se représenter, c'est "regarder autrement" (Guenancia, 2009) : face à l'expérience immédiate, la représentation instaure un type de relation alternatif, reposant sur une activité de mise à distance du monde, qui permet de s'en dégager et de le rendre intelligible. Ce détachement du vécu ordinaire, ce positionnement de spectateur, font écho à la position singulière des chercheurs en langues et cultures étrangères, qui conjuguent l'expérience intime des langues et cultures qu'ils étudient avec le point de vue de l'étranger ou de l'exilé, et qui font du "penser ailleurs" (Lapierre, 2006) le coeur de leur activité. Cet ouvrage témoigne de la richesse de ce "regarder autrement, regarder ailleurs" , appliqué aux trois objets - mémoire, identité et territoire. Par-delà les questionnements théoriques sur le concept de représentation, le recueil fait émerger les multiples facettes de cette notion, en donne à voir la complexité et les implications variées. Le volume met également en avant la diversité des aires linguistico-culturelles (aires hispanophone, lusophone et arabophone, mondes germanique et chinois) et des axes disciplinaires (littérature, histoire, science politique, analyse du discours, linguistique, arts de l'image) représentés au sein de l'équipe ; écartant les logiques de structuration plus ou moins convenues, par discipline ou par aire géographique, elle procède par glissements thématiques, pour mieux faire apparaître le dense réseau d'échanges, de correspondances et de mises en contraste qui s'établit entre les contributions, reflet de la réflexion scientifique telle qu'elle est menée dans un laboratoire de recherche interdisciplinaire et interlangues.

10/2022

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Science-fiction

84K

Théo Miller connaît la valeur de la vie humaine - jusqu'au dernier centime. Au Bureau d'audit des crimes, son rôle consiste à évaluer chaque dossier qui lui est confié et à s'assurer que les criminels paient intégralement leur dette à la société. Mais lorsque son amour d'enfance est assassinée, tout change. Cette mort est la seule qui ne peut se résumer à une ligne de plus dans un bilan annuel. Car si les puissants de ce monde peuvent tuer en toute impunité, il arrive parfois que le compte n'y soit pas. " Un roman extraordinaire qui côtoie le meilleur du genre, rappelant La Servante écarlate. " Cory Doctorow, auteur du Grand Abandon " Un chef-d'oeuvre de la dystopie, d'une crédibilité troublante, aussi poignant que brillant. " Emily St. John Mandel, autrice de Station Eleven " Claire North ne cesse de monter en puissance... Un récit chargé de tension, bouleversant. " The Guardian " La dystopie sombre, méticuleusement construite et dangereusement crédible crée par Claire North décrit notre monde, à quelques années d'aujourd'hui. " NPR " Un roman captivant, par l'une des romancières les plus stimulantes parmi les auteurs mêlant thriller et science-fiction. " Booklist " Absolument époustouflant... " SciFi Magazine " Un hymne dystopique pour le militant moderne... non seulement un livre important, mais aussi un thriller génial. Tout simplement l'un des meilleurs romans de Claire North. " Starburst " Le talent de Claire North ne cesse de briller. " Sunday Times " Claire North est une autrice très originale, pour ne pas dire éblouissante. " Kirkus Reviews " Tout le monde doit lire ce livre : une fiction aussi réfléchie doit être défendue. Claire North mérite toute votre attention. " The Eloquent Page " Un cadre terrifiant qui semble ancré dans le présent... une histoire imprégnée d'une menace pressante, poussant les personnages à prendre des décisions d'une crédibilité inconfortable. " RT Books Reviews " Un livre survolté qui s'avère extrêmement intelligent... son énergie est contagieuse, et ses idées férocement provocatrices. " SciFi Now " L'un des romans de SF les plus marquants et les plus captivants de l'année. " Toronto Star

09/2021

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Romance et érotique LGBT

Jackson et Leland Tome 3 : Comment resserrer les liens sans se faire tirer dessus quand on est un tueur à gages

Leland Est-ce vraiment trop demander qu'un petit mariage tranquille ? De toute évidence oui, parce que quelqu'un essaie de tuer l'un d'entre nous... encore. En général, c'est plutôt mon truc à moi, et je me joindrais volontiers à la fête, en poussant ma chansonnette de meurtrier, si la personne derrière tout ça ne souhaitait pas la mort de Jackson. Et je ferais tout pour le garder en vie. Ces gens n'ont aucune idée de l'erreur qu'ils ont commise, en prenant mon homme pour cible, parce que je ne les lâcherai pas. Mais ce n'est que quand j'ai l'impression que tout est perdu que je commence à prendre conscience que j'ai désormais une famille prête à se tenir à mes côtés et à tout faire pour qu'on règle les choses selon nos propres termes. Jackson Quand quelqu'un me prend pour cible, je vois bien qu'il ou ils attendent quelque chose de moi. Le problème, c'est que je ne sais pas du tout quoi. Et si je ne le découvre pas rapidement, j'ai bien peur que Leland m'étouffe, en voulant me surprotéger. Le problème, c'est que le temps nous est compté et, avec ma tête mise à prix, difficile de savoir où et quand quelqu'un va tenter sa chance. Ensemble, Leland et moi devons trouver qui dit la vérité, dans ce jeu de vie ou de mort, parce que j'ai bien l'intention d'épouser l'homme de mes rêves, et personne ne m'en empêchera - surtout avec Leland à mes côtés. #Humour #MM #Enquêtes #EnemiesToLovers --- "Ce livre était hilarant et adorable tout en ayant assez de sang versé pour me rendre heureuse". - Jilly (Goodreads) "J'adore Jackson et Leland ensemble - leur sarcasme, leur amour et leurs interactions sont hilarants et amusants. Je les aime tellement". - Rachel Emily (Goodreads)

10/2022

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Esotérisme

Une vie en quête de sens

"Ervin Laszlo a mené une vie extraordinaire à tous égards, qui s'est déployée à la fois dans le temps et hors du temps ; ses choix ont rendu le monde meilleur". - Gregg Braden Dans cet ouvrage, Ervin Laszlo revient sur l'histoire de sa vie et les changements fondamentaux qui l'ont jalonnée, entre musique, recherche universitaire et activisme mondial. Non pas à seule fin récréative, comme il l'explique au lecteur, mais pour transmettre un message : la quête qui a marqué son existence est profonde et significative pour tout un chacun. Il s'agit, ni plus ni moins, de découvrir le but qui sous-tend notre existence. L'auteur apporte la preuve scientifique que la vie, loin d'être un accident dépourvu de signification, est l'expression d'un élan universel de la nature : celui de l'évolution de systèmes cohérents et complexes, et de la conscience qui s'y associe. Dans cet univers quantique fait d'interdépendances et d'interactions, la découverte d'Ervin Laszlo confère à notre vie, à chacun de nos actes, un sens et une signification suprêmes. Traduit de l'américain par Emilie Gourdet-Brard L'Auteur Ervin Laszlo est un philosophe des sciences hongrois ; théoricien des systèmes, il a exposé la théorie de la conscience quantique. Deux fois nommé pour le Prix Nobel de la paix, il est éditeur de la revue internationale World Futures : The Journal of General Evolution et chancelier de l'Université GlobalShift. Fondateur et président des think tanks internationaux du club de Budapest et du General Evolution Research Group, il est également l'auteur de 83 livres, traduits en 22 langues. "En révélant l'essence même de la sagesse, Ervin Laszlo lui rend toute sa noblesse". DEEPAK CHOPRA "Ervin Laszlo est au coeur de la création d'un nouveau paradigme et d'une nouvelle cartographie de la réalité". STANISLAV GROF "L'évolution de notre espèce progresse chaque fois qu'Ervin Laszlo se penche sur un nouveau sujet". NEALE DONALD WALSCH

02/2023

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Correspondance

Lettres à Pierre Monnier. 1948-1952

Septembre 1948 : la Providence a pour nom Pierre Monnier, caricaturiste sous le nom de Chambri, qui profite de la tournée d'un groupe folklorique auvergnat pour rencontrer Louis-Ferdinand Céline. Après dix-huit mois de prison, ce dernier vit exilé au Danemark dans une chaumière prêtée par son avocat. Menacé d'extradition, en conflit avec son éditeur Denoël, il n'a rien publié depuis Guignol's band et enrage de voir ses livres indisponibles. Pendant ce temps, le simple "ouvrier" travaille sans relâche à Féerie pour une autre fois. De retour à Paris et bien que le milieu soit exsangue depuis l'épuration, Pierre Monnier compte mettre fin par tous les moyens à ce scandale éditorial. Céline l'encourage de ses invectives : d'abord avec Charles Frémanger (l'éditeur de Jacques Laurent et d'Antoine Blondin) la republication sous le manteau de Voyage au bout de la nuit (1949), puis la création par le novice Monnier de sa propre Maison - les Editions Frédéric Chambriand - pour mettre en circulation Casse-pipe et Mort à crédit. La détestation de Céline pour les éditeurs et ses logorrhées d'homme meurtri ne l'empêchent pas d'accorder sa confiance à Pierre Monnier, qui rejoint le petit cénacle des fidèles composé de Marie Canavaggia, Jean-Gabriel Daragnès, Albert Paraz ou Marcel Aymé. L'éditeur de fortune lui sert également de courroie de transmission avec Tixier-Vignancour qui tente à Paris d'obtenir son amnistie (procès en 1950). Bien que malmené à son tour, le valeureux Monnier parvient à organiser l'arrivée de Céline chez Gallimard, qui acceptera toutes ses conditions. Une fois le non-lieu prononcé (1951), l'écrivain maudit revient discrètement en France : la saison au purgatoire est loin d'être terminée. Ce douzième volume de la "Série Céline" corrige, approfondit par des notes et complète par des inédits les 313 lettres (ici 325) que Pierre Monnier avait divulguées dans son récit Ferdinand furieux (L'Age d'homme, 1979). On trouvera également en annexe des témoignages de Pierre Monnier et une précieuse documentation sur son aventure éditoriale.

11/2015

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Traduction

Leçons sur la traduction

Les Leçons de Fortini font partie de cette catégorie de textes qui témoignent de la "réflexion sur la traduction" menée depuis des siècles par les traducteurs, les philosophes ou les écrivains, sans s'astreindre aux procédures modernes de la "théorie" proprement dite. Leur publication a été saluée en Italie comme étant d'un intérêt majeur, à la fois pour le sujet traité et pour la connaissance de Fortini. On peut ajouter qu'elles sont également extraordinairement captivantes à la lecture, le style de Fortini étant d'une fluidité et d'une subtilité plus que remarquables. Avec la sagacité d'un traducteur expérimenté, avec la perspicacité solitaire de l'exilé politique qu'il a été pendant la guerre et de l'intellectuel indépendant qu'il a toujours voulu être, avec la curiosité d'un voyageur humaniste et l'immense culture d'un Européen polyglotte, Fortini livre ici une réflexion précieuse sur la traduction, répondant à des questions devenues centrales pour nous : comment et pour qui traduire, en fonction de quoi et pour combien de temps ? En outre, c'est ici la seconde fois seulement qu'un livre de Fortini paraît en France, alors qu'il s'agit d'un auteur italien majeur dont on s'explique mal qu'il ait été encore si peu traduit en français. Le public français y trouvera non seulement un grand texte sur la traduction, mais aussi le témoignage d'une réflexion sur la littérature inscrite dans la double proximité de Roland Barthes et de Pasolini, Fortini étant en quelque sorte le chaînon manquant entre ces deux grands penseurs. Il y découvrira comment l'histoire italienne récente de la traduction (avec l'influence persistante exercée par les formulations parfois radicales de Benedetto Croce) vient s'inscrire en dialogue avec les grandes références allemandes et françaises dans la pensée d'un des plus grands intellectuels italiens de la deuxième moitié du vingtième siècle.

10/2021

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Histoire de France

Le Roi Stanislas

Romantique et candide, il est élu roi de Pologne à vingt-sept ans mais il perd son trône aussi vite qu'il l'a conquis. Stanislas Leszczynski (1677-1766) entame alors une vie errante d'exilé permanent, ballotté entre les coups de chance et les catastrophes. Le destin lui fait signe en 1725, le jour où le tout-puissant roi de France, Louis XV, décide d'épouser sa fille, Marie Leszczynska. Huit ans plus tard, la chance se confirme en l'aidant à remonter sur le trône en 1733, mais le trahit de nouveau en le faisant tomber après vingt-quatre jours de règne... Réfugié en France, il a soixante ans quand son gendre lui confie, en 1736, la souveraineté sur les duchés de Lorraine et de Bar : un viager aux pouvoirs limités, en attendant le rattachement de ces territoires à la couronne de France. Mais le " pion " de Louis XV ne l'entend pas de cette oreille. Il gagne le cœur des Lorrains par sa bienfaisance et les amuse par sa passion pour les fêtes qui illuminent son château de Lunéville. La belle histoire va durer vingt-neuf années et permettre aux duchés de conquérir une place brillante dans l'Europe des Lumières. Protecteur attentif des arts, lettres et sciences, Stanislas invente une architecture festive unique en son genre. Féru d'urbanisme, il s'entoure des meilleurs architectes pour offrir à Nancy un exceptionnel ensemble monumental, digne d'une vraie capitale. Soucieux des pauvres, il crée des fondations pour venir en aide aux démunis et veille à l'éducation de ses sujets, fondant à Nancy une académie, une bibliothèque publique et donnant à son université ses lettres de noblesse. Pacifiste et réformateur, utopiste et théoricien du bonheur, il est également l'auteur de travaux littéraires qui conjuguent pragmatisme, esprit des Lumières et traditions chrétiennes. Il demeure l'une des figures éminentes les plus attachantes du XVIIIe siècle européen.

09/2000

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Littérature Allemande

Joseph Kerkhoven. L'affaire Maurizius

Le docteur Kerkhoven, spécialiste des " troubles de l'âme ", poursuit ses travaux sur la folie. Il suggère à l'écrivain Alexander Herzog, dépressif, d'écrire l'histoire de sa liaison passionnelle avec Ganna. Ultime volet de sa trilogie L'affaire Maurizius, le dernier roman de Wassermann, paru en 1934 peu après sa mort en exil. Le roman d'une quête spirituelle Ebranlé par une déception amoureuse, en quête d'une nouvelle vie, le docteur Kerkhoven, psychiatre spécialiste des " troubles de l'âme ", poursuit ses travaux sur les symptômes de la folie. C'est ainsi qu'il rencontre l'écrivain Alexander Herzog, à qui il propose d'écrire son histoire d'amour avec Ganna pour surmonter une profonde dépression. Roman dans le roman, le lecteur est convié à suivre l'histoire de Herzog, en plein " délire humain "... Grâce à de longues conversations, les troubles de Herzog finiront par se dissiper. Une thérapie qui ouvre sur les questions de caractère spirituel qui ont toujours agité Kerkhoven, athée tourmenté. C'est en Sicile, où il passe le printemps de 1932, que Jakob Wassermann commence Joseph Kerkhoven, suite d'Etzel Andergast et oeuvre testamentaire, largement inspirée de ses propres déboires (son divorce d'avec Julia, soupçonnée de folie). Roman d'un homme traqué, il paraîtra en 1934 en Hollande, et non en Allemagne, peu après la mort de l'auteur exilé en Autriche. Troisième et dernier volet d'une trilogie commencée avec L'Affaire Maurizius (1928), il présente un tableau panoramique de la société allemande, dans une volonté délibérée de rassembler dans un livre tous les problèmes et toutes les questions de son époque. " Ce roman, qui exprime toute l'amertume et tout le bonheur d'une existence humaine, est l'achèvement d'une vie littéraire. " (Joseph Roth) " Un livre qui dépasse le cadre d'un roman et possède l'authenticité d'une confession. " (Alfred Döblin)

07/2023

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Histoire internationale

Fools Crow, l'homme-médecine des Sioux

A l'instar de la rencontre en 1930 entre Black Elk, homme-médecine lakota, et John G. Neihardt, de laquelle résultat le célèbre Elan Noir parle (Black Elk Speaks), la rencontre dans les années 1970 entre Thomas E. Mails et Frank Fools Crow, chef cérémoniel lakota, procède du même "hasard" de Grand Rendez-Vous spirituel. Né en décembre 1890, année et mois du massacre de Wounded Knee, dans la réserve des Sioux oglalas de Pine Ridge, ce neveu de Nicholas Black Elk est le dernier descendant d'une grande lignée de Saints-Hommes. Outre son parcours personnel, il nous relate un monde et un mode de vie entrelacés à des valeurs morales et spirituelles consubstantielles de l'identité lakota. Au début de sa vie, Fools Crow dut vivre caché, presque exilé sur sa propre terre, pour échapper à l'école des Blancs. Longtemps il pratiqua des rites secrets interdits par le Bureau des Affaires indiennes, particulièrement la danse du Soleil. Toute sa vie au service des siens, Fools Crow a conduit aussi d'autres cérémonies des plus importantes dont celle du Yuwipi, de la Pipe Sacrée, du Hunka, de la quête de la Vision. Tenant à la fois du passé comme du présent, les propos de l'homme-médecine, à leur façon, répondent aux questions que se pose aujourd'hui un vaste public quant au devenir des Indiens d'Amérique du Nord, en l'occurrence sur l'héritage spirituel les Sioux lakotas. En cela la préface de Didier Dupont répond en partie, aujourd'hui, à certains aspects de ce questionnement. Reconnu comme un des principaux interlocuteurs de personnalités indiennes d'Amérique du Nord à l'instar de John G. Neihardt, Richard Erdoes, Harvey Arden, Thomas E. Mails (1920-2001) pasteur luthérien, a notamment publié Mystics Warriors of the Plains, Buffalo Soldiers, People Called Apache, The Hopi Survival Kit, Secret Native American Pathways, The Cherokee People.

10/2020

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Religion

Le père Fraisse (1912-2001). Les combats d'un jésuite foudroyé

En 1957, le père Fraisse est aumônier d'étudiants à Lyon. Personnalité originale, il a eu un parcours exceptionnel de résistant et de combattant en 1940 et 1944-45. Sans avoir été alerté auparavant, il est sanctionné par le Visiteur de la Compagnie de Jésus qui l'accuse de ne pas donner aux étudiants le sens de l'autorité hiérarchique. Il est exilé à Nice avec interdiction de s'occuper d'étudiants et de tout ministère à Lyon. Fin 1960, son retour à Lyon n'est qu'une demi-mesure : il ne sera jamais réhabilité et plusieurs affaires douloureuses montrent qu'il est resté suspect aux yeux de certains de ses confrères. Son cas est un exemple frappant de l'impact sur l'Eglise de France du raidissement romain à la fin du pontificat de Pie XII. En effet, une pratique "totalitaire" de l'obéissance religieuse a souvent eu de lourdes conséquences humaines. Cette autorité condamnait, souvent sur la base de dénonciations, sans possibilité pour l'accusé de connaître son dossier (secret) et donc de se défendre. L'expérience douloureuse du P. Fraisse met en lumière certains fonctionnements d'une Eglise de guerre froide qui pouvaient provoquer de graves abus. Son ami et défenseur le P. Ganne opposait la conception d'une autorité respectueuse de la justice et des droits de la conscience, conscience chère à Newman qui était une référence majeure pour le P. Fraisse. Et il prêchait aussi une Eglise ouverte au monde Aujourd'hui le cléricalisme est mis en question : la vie du P. Fraisse semble y avoir échappé. Son comportement, sa théologie mais aussi l'importance de ses amitiés avec des laïcs et leur rôle dans l'élaboration de sa pensée anticipent la période post-conciliaire. Témoins les deux premiers livres posthumes du P. Ganne qu'il a publiés, non sans difficultés : Qui dites-vous que je suis ? Leçons sur le Christ et Le don de l'Esprit : leçons sur l'Esprit saint.

07/2020

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Religion

John Knox. Réformateur écossais (v. 1513-1572)

Théoricien de la démocratie, pionnier de l'instruction obligatoire et figure majeure de la littérature écossaise, John Knox est l'instaurateur du calvinisme en Ecosse et aussi un des premiers artisans de l'union de son pays avec l'Angleterre. L'existence dramatique de ce clerc d'humble origine se déroule sous le signe de l'opposition et du combat. Il entre en scène l'épée à la main, accepte contre son gré la vocation de prédicateur dans une forteresse assiégée, passe dix-neuf mois aux galères, prêche à la soldatesque comme à la cour, échappe aux tueurs et au bûcher et, même exilé, il est encore obligé de fuir. Il se marie en dépit de la belle-famille, invente l'agit-prop depuis la France, transforme une émeute en révolution, dresse contre lui trois reines, en fait pleurer une, organise la démocratie dans l'Eglise d'Ecosse, épouse à cinquante ans une héritière de dix-sept, survit à une guerre civile, meurt et devient un mythe tantôt vénéré, tantôt détesté. Pourtant, il avait choisi l'effacement et la vie intérieure, et c'est de sa spiritualité que se nourrissent ses combats pour la réforme de l'Eglise, mais aussi contre la tyrannie, la corruption et l'ignorance. Les idoles qu'il combat ne sont pas seulement les dogmes controversés, mais les prétentions de l'orgueil et de l'égoïsme chez les grands comme chez les humbles. Maintenant qu'ont prévalu ses principes de justice et d'égalité, c'est surtout par son expérience spirituelle qu'il touche le lecteur croyant ou non et qu'il atteint à la permanence de la foi qui, selon lui, constitue l'Eglise dans son développement historique depuis Abraham et les Prophètes. Sa connaissance des hommes, son expérience de la souffrance et son courage, malgré sa faiblesse ou grâce à elle, en font un des réformateurs les plus attachants.

04/2013

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Sciences historiques

L'éducation des mères. Olympe Gevin-Cassal, inspectrice générale de l'enfance (1859-1945)

A partir des archives personnelles d'Olympe Gevin-Cassal, inspectrice générale de l'enfance, et de nombreux autres documents, la petite fille de l'inspectrice, auteure de ce livre, a cherché à retracer l'itinéraire d'une femme hors du commun. Elle était née à Bâle en 1859 d'un père quarante-huitard exilé en 1853, qui recevait hommes politiques de gauche et penseurs de tous bords. Cet environnement constitua pour la jeune femme, revenue en France au début de la Troisième République, un premier noyau de relations qui lui permit d'émerger d'une situation personnelle dramatique : chargée de quatre enfants et d'un mari malade, elle dut se battre pour faire vivre sa famille. Sans aucun diplôme, avec pour seules armes son énergie et des relations qu'elle ne cessa d'élargir, elle accéda à ce poste d'inspectrice générale. La lutte fut d'autant plus dure que l'Administration admettait difficilement la présence de femmes dans les postes à responsabilités. Olympe Gevin-Cassal a joué un rôle de pionnière dans la mise en œuvre de la politique de la petite enfance sous la Troisième République : protéger la mère et l'enfant avant la naissance, le nourrisson et le jeune enfant. Les moyens déployés ne pouvaient être efficaces que si les mères participaient au processus, et donc que si elles y étaient préparées par une formation appropriée. Tout en inspectant les crèches, les consultations de nourrissons et autres oeuvres, Olympe Gevin-Cassal s'évertua à en faire le lieu de cette formation. Les divers aspects de la personnalité d'Olympe Gevin-Cassal apparaissent au cours de l'ouvrage : on y croise l'épouse et la mère, la femme de lettres et ses chroniques sociales dans La Fronde, la républicaine, la féministe. Et aussi l'hôtesse d'un modeste grenier de banlieue où se rencontraient écrivains, artistes, journalistes, hommes politiques, hauts fonctionnaires, et amis sincères.

05/2011

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Littérature française

Le myope

Le Myope c'est Jean Dartois. Jean Dartois achève son adolescence au moment de la guerre d'Algérie. Il a rencontré dans un bistrot de banlieue Maurice Permanent qui, comme lui, aime bien le vin blanc sec. C'est un maçon communiste qui vend les journaux de son parti avec ses camarades Surfé et Cavignot. Toute une partie du roman traite donc de l'engagement politique de ce jeune bourgeois, de ses réactions devant ce qui lui plaît et le repousse dans le Parti. Apprenant que la torture se pratique en Algérie, il est scandalisé que les communistes ne s'insurgent pas plus violemment contre cette pratique qu'il considère comme le déshonneur suprême de son pays. Il s'exile. Quand il reviendra il rencontrera Dominique et le roman s'achève par la vie commençante du couple. Un tel résumé ne donne pas une idée du ton du livre. Ton, tour à tour réaliste, lyrique et plein d'une naïve tendresse. Réaliste quand il nous décrit la vie de ces militants de base qui s'expriment dans une langue populaire très savoureuse. Réaliste quand nous assistons au déjeuner dominical chez le papa Cavignot ou à la vente des journaux devant la bouche de métro, poétique comme une chanson des rues quand il nous peint l'idylle entre Brigitte, la fille des Cavignot, et Jean, idylle qui ne se transformera pas chez ce dernier en véritable amour et qui laissera la jeune fille blessée. Lyrique quand nous voyons s'éveiller dans un coeur pur et honnête comme celui de Jean la souffrance devant la guerre, la torture, les malheurs de l'homme, ou quand, dans un long retour aux sources à travers la plaine picarde, Jean va assister à l'enterrement de son oncle et médite sur le destin des siens. D'une profonde et touchante humanité enfin, quand, au terme du roman, Jean et Dominique s'essayent à constituer un couple, à se comprendre et à tenter l'aventureuse épreuve de l'amour. Bernard Privat

09/1975

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Littérature française

Les derniers jours de Charles Baudelaire

Ici, Charles Baudelaire sera le héros bien réel d'un roman aussi fidèle aux exigences de la vérité qu'à celles de l'imagination. Il sera, surtout, cet homme misérable surpris à la fin de sa vie, dans une chambre de l'hôtel du Grand-Miroir, à Bruxelles, pendant les quelques jours où, usé par la syphilis, il va perdre une partie de sa raison et l'usage de sa parole... Pour le romancier, il y avait là un pari et un mystère que s'est-il vraiment passé pendant ces jours qui virent. pour la dernière fois, le poète des Fleurs du Mal confronté à sa mémoire ? Pourquoi a-t-il choisi de s'égarer ainsi, corps puis âme, en maudissant le monde et le ciel ? C'est autour de ce Baudelaire exilé, convaincu de son échec, bientôt aphasique, que Bernard-Henri Lévy a bâti son roman. Sur un mode presque policier, qui conduira le lecteur d'un bordel belge aux cénacles post-romantiques, d'un dîner chez les Hugo aux tourments d'un prêtre défroqué, on suit une enquête dont les témoins sont méthodiquement convoqués ; de Jeanne Duval à un disciple ambigu, de Sainte-Beuve à Madame Aupick, d'une logeuse à l'éditeur Poulet-Malassis, ils vont, chacun à son tour, dans sa langue, et selon la composition à plusieurs voix qui avait déjà fait le style du Diable en tête, nous raconter cette lente agonie. Par-delà leurs récits et leurs mensonges, par-delà les péripéties d'une intrigue pathétique ou cocasse, l'auteur retrouve des thèmes qui lui sont chers : le goût du malentendu et de la gloire, l'éloge de l'artifice, l'art comme vengeance, la tragédie propre aux œuvres inachevées, les ruses de la sainteté et de la chute. Tels sont les enjeux d'un roman qui revendique toutes les libertés - et où il s'agit aussi, dans l'ombre immense de Baudelaire, d'interroger la littérature et son destin.

12/1988

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Littérature étrangère

Quand nous étions révolutionnaires

Le récit s'ouvre sur le coup d'État d'Augusto Pinochet au Chili. Opposant à la dictature, le narrateur assiste à l'arrestation, la torture, et la mort de ses compagnons de lutte. En 1974, il s'exile en Allemagne de l'Est et rejoint rapidement un réseau de jeunes communistes. C'est là qu'il rencontre la fille du fameux révolutionnaire cubain Ulysse Cienfuegos (directement inspiré de Fernando Flores Ibarra, cacique de la révolution castriste, responsable de la mort de centaines de Cubains « contre-révolutionnaires »). Éperdument amoureux d'elle, il accepte de la suivre à Cuba pour y fonder une famille et enfin vivre l'idéal communiste. Exalté par l'idée de la révolution, dirigé d'une main de maître par son terrible beau-père, le jeune homme embrasse immédiatement la devise de Castro : la patrie ou la mort. Alors que son mariage bat de l'aile, il découvre petit à petit la face cachée du régime. Les membres de la famille Cienfuegos vivent dans l'opulence, le reste de la population est soumise au rationnement. Chaque frein administratif ou bureaucratique est réglé en un clin d'oil à la seule mention du nom de son beau-père. Son amitié pour Herberto Padilla l'éclaire sur les persécutions dont les intellectuels font l'objet. Mis au ban de la société castriste par son divorce, il découvre le quotidien des habitants de La Havane, les privations, le secret, le néant des jours. Se méfier de tous, lutter pour trouver un toit, un morceau de pain, surveiller ses actes, ses paroles, jusqu'à ses pensées, à chaque instant. Une seule obsession le guide, comme Reinaldo Arenas ou Zoé Valdès avant lui, quitter l'île, chercher la liberté, encore. Avec esprit, entre mélancolie et humour, Roberto Ampuero raconte la quête d'un idéal. Très chaleureusement salué par la critique hispanophone, Nuestros años verde olivo est resté 24 mois sur la liste des best-sellers et a été salué par Mario Vargas Llosa, prix Nobel de littérature.Traduit de l'espagnol (Chili) par Anne Plantagenet

09/2013

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Philosophie

Relire "L'homme machine" de Julien de La Mettrie

L'homme ne serait donc qu'une machine ! Non seulement son corps ne serait qu'une mécanique biologique, mais son esprit lui-même ne serait qu'un phénomène d'ordre matériel... Reléguée au rang de chimère idéologique toute hypothèse d'une conscience immatérielle invitant à des considérations religieuses ou métaphysique (survie de l'âme, libre-arbitre...) ! Cette thèse courageuse et avant-gardiste , émise en 1748 par La Mettrie, médecin et philosophe français, avait a priori tout pour séduire les penseurs des Lumières, alors en pleine contestation du magistère spirituel et moral de l'Eglise et relais philosophiques de la révolution empirique et rationnelle du newtonisme. Ce fut pourtant le rejet, la condamnation et l'ostracisme général, de Voltaire aux Encyclopédistes ; et l'auteur dut s'exiler ! Pourquoi une telle attitude ? De quoi les Lumières ont-elles eu peur ? En quoi la thèse de La Mettrie contrevenaient-elles à un non-dit intime de leurs discours ? En rejetant le Dieu judéo-chrétien omniprésent dans le monde d'antan et législateur de la vie des hommes, les Lumières n'avaient-elles pas, en réalité, effectué un transfert de sacralité et de transcendance vers autre chose ? Vers l'Esprit humain, la Raison cartésienne - restant ainsi prisonniers du paradigme idéaliste de la métaphysique platonicienne ?... Marc Muller se propose, au travers d'une relecture de l'oeuvre de La Mettrie et plus particulièrement de L'Homme-Machine, de rechercher la clef de ce rejet apparemment paradoxal de la part des penseurs des Lumières et de leurs héritiers. Car, bien au-delà de la question analytique de la matérialité de l'esprit (res cogitans), La Mettrie nous invite à penser ce qui peut fonder l'être humain en tant que simple "homme-machine" et défendre une morale sociale immanente qui ne reposerait pas sur des dogmes métaphysiques et idéalistes - remise en cause du magistère moral des "intellectuels" qui s'avéra insupportable aux Penseurs des Lumières...

07/2017

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Policiers

La femme du Kilimandjaro

Une enquête qui prend racine à la source de la vie. Simon Legrand, pédiatre solitaire et mélancolique, vit exilé au Vietnam. Il est confronté à l'émergence d'une nouvelle maladie incurable apparue aux quatre coins du monde. Il est d'autant plus concerné, que sa femme Maïssa Diallo rencontrée quelques années plus tôt au Burkina Faso, en est décédée. Simon est en outre la proie d'un rêve qui le conduit à vivre et revivre un drame survenu en haute montagne lors de l'ascension d'un couloir glacé, en compagnie de son frère. Pourtant il n'a jamais eu de frère. Anna Mestrallet travaille dans un laboratoire de recherche situé dans les Alpes françaises. La vie de cette scientifique révoltée bascule lorsqu'elle découvre dans une carotte glaciaire provenant du Kilimandjaro, un fragment d'os humain datant de 11 000 ans, car l'ADN de ce fragment osseux se trouve être celui de Maïssa Diallo. La femme du Kilimandjaro est une enquête menée par Anna et Simon bien que tout les sépare et que rien ne les prédestinait à se rencontrer. La résolution de cette énigme improbable les plongera au sein des unités de recherche scientifique, au coeur des effets induits par le réchauffement climatique mais aussi dans l'univers de la division cellulaire, aux sources même de la vie. C'est une véritable quête identitaire qui les attend, autour de la question du double et de la gémellité. La haute montagne, les immensités blanches de l'Inlandsis au Groenland, les chaleurs torrides du sahel au Burkina Faso, les relents d'essence que les motos d'Hanoï crachent nuit et jour, et puis Paris, Berlin et enfin Chambéry, petite ville des Alpes, constituent le décor de cette fiction. En toile de fond, le réchauffement climatique provoque plus que jamais la fonte des glaces et ainsi l'émergence d'un secret parmi les mieux conservés.

12/2020

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Critique littéraire

Courrier d'exil. Saint-John Perse et ses amis américains, 1940-1970

Ce volume retrace la conquête de l'Amérique par Alexis Leger, Secrétaire général du Quai d'Orsay, qui débarqua à New York en exilé, le 14 juillet 1940, avec deux adresses destinées à lui ouvrir toutes les portes du pays. La première était celle de Katherine Garrison Chapin Biddle, poète, critique, et épouse de Francis Biddle, ministre de la justice des Etats-Unis. L'autre était celle d'Archibald MacLeish, poète, essayiste, dramaturge et conservateur en chef de la Bibliothèque du Congrès. Ces éminentes personnalités de l'intelligentsia américaine introduisirent le Français dans les plus hauts milieux du gouvernement et des lettres, à commencer par le président Roosevelt. Pendant plus de trente ans, le poète et ses amis mécènes échangeront des lettres où défilent de nombreuses personnalités littéraires et politiques, dont le général de Gaulle. Cette correspondance enfin restituée nous offre un aperçu privilégié sur Saint-John Perse dans son pays d'adoption : à la fois hôte et frère, conseiller et solliciteur. Les lettres, faites d'observations politiques, de remarques culturelles, d'élans lyriques et de tours ludiques, révèlent une intimité surprenante à côté des préoccupations les plus pratiques concernant les besoins financiers et la carrière littéraire du poète. Au carrefour des faits et des dits, du vécu et de l'écrit, les lettres de Saint-John Perse montrent aussi qu'elles sont des textes travaillés, manifestant des traits stylistiques souvent semblables au reste de son oeuvre. Elles sont parcourues d'images inattendues, d'expressions frappées en médaille et de mots clés qui appartiennent à ses poèmes. Elles forment un récit passionnant d'amours et de hasards, Lettres réunies, traduites et présentées par Carol Rigolot, professeur à Princeton University où elle dirige le Humanities Council, centre pluridisciplinaire des arts et des lettres. Son prochain livre, Forged Genealogies : Saint-John Perse's Conversations with Culture, paraîtra en 2001 aux Presses universitaires de la Caroline du Nord. Le présent volume est le quinzième de la " Série Saint-John Perse ".

05/2001

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Science-fiction

Saga Gandorr Tome 6 : Gandorr à la Poursuite de l'Invisible Noak

Imaginatif, Dramatique et Aventure... La quête de la requête du destin est poussée à sa fin... Reconquérir l'amour amnésique est l'évidence d'une ombre d'épreuve... Telle une histoire nouvelle, tout est à reconstruire... Le but de la raison d'exister n'a de cesse que d'enflammer un essor d'enfer... Courir après le souffle de la liberté se heurte au déséquilibre des réelles possibilités... La folie choisie du coeur vide caresse de dangereuses tentations si la lumière devient néant... L'impression que la réalité bascule dans une malédiction éternelle est une hypothèse karmique... Face à l'adversité peuplée d'obscurité, l'âme de l'espoir pur ne peut pas renoncer à tout perdre définitivement... L'étincelle de la volonté idéaliste mène le combat de la dernière chance... Tant de périls à affronter avec le désir de toujours avancer... L'issue prochaine d'un présent de cause va déterminer un futur à effet positif ou négatif... Après le coup du sort imprévu survenu à la fin du Tome 5, Gandorr fait un séjour dans une prison spéciale où un plan d'évasion est nécessaire... S'ensuit une brève excursion sur la planète Voguelart traitant des traditions religieuses Yoruba... Dans la thématique d'un journal de bord qui compte les jours, un voyage s'enchaîne sur treize planètes dimensions diapositives ou des tribus amérindiennes croisent des dinosaures à la classification repensée, des loups-garous, des tarzans maléfiques, entre autres choses... L'objectif est de retrouver la planète naine Noak où se trouve potentiellement la Princesse du Héros Gandorr, Elrya renommée en Nirridith... Dans le royaume démoniaque de l'érotisme et de la perversité, la reconquête de l'amour s'annonce difficile mais non impossible... Il était une fois une belle bête succube qui a oublié son prince charmant... Lui fera tout pour redevenir son âme soeur. . Un rapprochement progressif s'opère... Mais la relation est t-elle vouée à l'échec... Les sentiments forts du couple vont-ils prendre un nouveau chemin évolutif peut-être encore plus lumineux qu'avant... SMILE

11/2020

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Littérature étrangère

Les soldats et les nonnes

Les soldats et les nonnes est un roman d'amour construit avec la plus grande rigueur. D'un côté il y a les "nonnes" : Anne Cavidge, bonne soeur défroquée, et son amie Gertrude Openshaw, riche bourgeoise londonienne dont le mari se meurt d'un cancer. De l'autre, les "soldats" : Wojciech Szczepanski, exilé polonais surnommé le Comte pour plus de facilité, et Tim Reede, peintre encore assez jeune, plein de charme et d'insouciance, sinon de talent, amant de Daisy Barrett, mal embouchée et ivrogne sur les bords mais qui, elle aussi, est dans son genre une nonne. Au milieu, "les cousins et les tantes", parents plus ou moins éloignés de Guy, le mari de Gertrude ; leur rôle est celui du choeur antique et, à l'occasion, d'empêcheurs de danser en rond. L'histoire est celle d'un intellectuel anglais d'ascendance juive, Guy Openshaw, qui, sur son lit de mort, exhorte sa femme, Gertrude, à se remarier quand lui-même aura disparu. A quelque temps de là, Anne, échappée du couvent, demande asile à Gertrude, son amie de jeunesse. Guy mort, les deux femmes jurent de finir leurs jours ensemble et de faire le bien autour d'elles. Mais les choses ne se dérouleront pas comme prévu. Gertrude se remariera, et pas avec le prétendant choisi par son mari. Anne ne retrouvera pas la paix et l'innocence qu'elle était venue chercher dans le monde. Eros va venir bouleverser les projets et les vies de la manière la plus violente. A partir de ce schéma, Iris Murdoch a construit un édifice romanesque d'une vitalité foisonnante et d'une beauté baroque, riche en suspense, en rebondissements et coups de théâtre, le tout sous-tendu par une réflexion profonde sur le Bien, le Mal, Dieu et la mort. Les soldats et les nonnes est un beau livre, profond, poignant et brillant.

03/1988

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Littérature française

La Tour Rouge. Souvenirs de Nice

A travers une suite de messages électroniques adressés à un ami d'enfance, un niçois retraité depuis peu et exilé malgré lui, évoque son enfance à Nice, dans le quartier du Port, pendant les années d'après guerre. Les personnages, inspirés en grande partie de la réalité, sont le reflet de cette époque pleine d'espoir, ils découvraient les nouveautés de la consommation de masse, la modernité et le confort de l'électroménager. Les enfants jouaient encore à des jeux bien innocents comme les billes ou le Pilou, tandis que les adolescents s'émancipaient à la plage ou sur l'Avenue, reluquant les filles et s'essayant aux plaisirs interdits... Une partie du récit concerne l'école du Port avec son cours complémentaire, sa cour de récréation et ses enseignants hauts en couleurs que tous les anciens élèves gardent à jamais dans leur mémoire. La plage de la Tour Rouge symbolise le refuge ludique des jeunes niçois apprenant à nager dans un bassin du port bien à l'abri des coups de mer et des touristes ! Aujourd'hui disparue, cette plage reste dans leur histoire intime le point d'orgue de leur enfance, une sorte de terrain d'aventure comme il ne peut plus en exister de nos jours, la modernité ayant avalé la fameuse tour rouge. A travers son héros, l'auteur nous fait vivre ou revivre, l'arrivée de la machine à laver dans la maisonnée, le charme des vieux trams et trolleys, les sorties au foot ou à l'aéroport en 4 CV, le chargement des bovins sur le bateau pour la Corse, le bal du bac. Nous visitons ou revisitons avec l'oeil de l'enfant les principales rues de Nice, les souterrains plus ou moins imaginaires sous l'école du Port, l'arrière boutique de La Sorbonne, les cinémas à toit ouvrant. Nous revoyons les passages cloutés avec de vrais clous, la glaciaire, ancêtre du réfrigérateur.

09/2015

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Critique littéraire

Memoranda

Les Lettres à Trebutien, assurément l'une des plus belles corresondances du XIXe siècle, avaient été très tôt envisagées par Barbey lui-même comme devant faire l'objet d'une publication. Il n'était pas loin d'y voir son chef-d'oeuvre. Outre l'information incomparable qu'elles nous offrent sur le travail au jour le jour du critique et du romancier, ses fréquentations, ses opinions, goûts et dégoûts, ses luttes pour s'imposer, ses ambitions et ses doutes, sa vie sentimentale, ses projets, elles nous régalent d'une fête de style d'autant plus opulente que, toutes censures levées et dans le déshabillé de l'intime, l'épistolier s'ébroue en parfaite liberté. Ton, geste, Barbey à chaque phrase surgit intégral, de pied en cap, et nous "fait présence" intensément, comme disait sa chère Eugénie de Guérin. A quoi s'ajoute un fascinant document psychologique sur une amitié flamboyante, mais très complexe et vite déséquilibrée : un exilé solaire (ou se voulant tel) et conquérant se répand en protestations d'affection hyperboliques cachant mal qu'il exploite un partenaire taillable et corvéable à merci, voué à contempler de loin, avec des sentiments mêlés d'admiration sincère et d'inavouable jalousie, la trajectoire astrale à laquelle il a beaucoup contribué, tout en sachant qu'il n'existera que par les rayons qu'elle aura fait tomber sur lui. Et la postérité a confirmé ces craintes : Trebutien, dont les réponses sont perdues, n'est plus pour nous aujourd'hui que le destinataire muet des lettres de Barbey. C'est injuste assurément, car cet orientaliste et médiéviste érudit, sans parler de ses exceptionnelles qualités de dévouement, méritait d'exister par lui-même, mais tel était son destin : être le clair de lune de plus brillant que lui. Ces nouvelles lettres où sont abordés de nombreux sujets importants comme la pulbication de Madame Bovary et des Fleurs du Mal, les morts de Béranger et de Custine, ne sont pas moins intenses que celles déjà connues, mais permettent d'approfondir cette relation complexe.

01/2016

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Poésie

Absolu

Chose étrange qui n'est permise qu'aux poètes : l'Absolu n'a aucune patrie, alors il habite sa nostalgie, laquelle n'est pas une maladie de Dieu ou de l'Homme, mais une sorte d'issue pour tout exil et tout exilé, au plus haut sens de la perdition. Autrement dit : tous les chants de ce recueil ne sont qu'un moyen pour dire une "introspection" souvent négligée. Le regard du poète ne cible que son monde intérieur et les contrées obscures de son âme et de son esprit. Rien donc de gratuit dans cette descente en soi-même qui aide parfois à faire du poème une médecine naturelle ou encore une sorte de noble catharsis et de purification qui aident l'homme à vivre sa vie et non à la subir, aveuglément, stupidement. L'Absolu habite sa nostalgie, c'est aussi des mots et des paroles qui ne cessent de dénoncer les faux-pas et la fausse existence dans un monde qui a besoin d'un supplément de coeur et d'esprit. C'est pourquoi le poète ne manque pas de dire ou de redire le Mal de toute trahison et de toute lâcheté. Son unique ambition est de donner à voir et à chanter ce qui est avant tout le trésor ou le miel de l'homme, à savoir : sa liberté au coeur d'un monde qui bascule de jour en jour dans la misère et la terreur, pour ne pas dire dans le chaos de la violence. Ici, le poème est une vision, ou un tableau pour chanter le temps de l'histoire qui se reflète dans le miroir d'une éternité oubliée. C'est un exercice spirituel par lequel le poète tente d'ouvrir et de découvrir quelques évidences de l'existence. Tout est ici innocence au sens premier : un acte de présence et de dévoilement où la naïveté vécue rejoint une vision poétique en vol ou en fuite devant l'absurde.

05/2016

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Philosophie

Les épreuves de l'exil. Repenser les termes de la politique

Pourquoi s'exile-t-on ? Pour échapper à l'injustice, reconquérir une liberté menacée, fuir les violences, les persécutions, la mort, la misère ou s'arracher à la résignation. On part quand rien ne fait plus écran au risque d'anéantissement, que l'espérance devient lettre morte, alors même que la vie n'a pas été accomplie. Les épreuves qui conduisent aujourd'hui à l'exil ont leurs origines dans les déchirures du nouvel ordre mondial : la guerre économique sans merci des états de la planète ; l'incapacité à maîtriser la réalité du marché financier ; le chômage de masse ; l'exclusion des citoyens sans abri de toute participation à la vie démocratique des états ; l'aggravation de la dette qui affame et réduit au désespoir une grande part de l'humanité ; les guerres interethniques qui se multiplient, guidées par le fanatisme et les fantasmes de la communauté absolue ; les effets destructeurs des dictatures ; les pathologies de l'identité collective fondées sur l'idéalisation de la haine ; la violence naturalisée réduite à une simple gestion ; la cruauté ; le nettoyage ethnique, etc. Pour ces raisons, il est temps de faire de l'exil une catégorie politique de portée universelle et signifiante pour la modernité. Prendre en compte cette exigence permet de repenser les termes de la politique afin de sortir de la passion identitaire et de poser la seule question qui vaille : est-ce qu'on peut faire quelque chose et sous quelle forme ou est-ce qu'on ne peut rien ? L'objectif est d'esquisser une éthicosmopolitique qui se présente comme une politique de la condition humaine, un pari sur la capacité de chacun de répondre sans exception à la vulnérabilité d'autrui, un tout-autre-être-au-monde, une forme de vie qui nous lie les uns aux autres. L'enjeu est considérable. Penser politiquement l'exil, c'est chercher à comprendre ce que veut dire être-ensemble, être au monde, être sujet ; c'est ouvrir le monde à la totalité des possibilités qu'il contient.

01/2017

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Littérature Allemande

Quand j'étais jeune. roman

Le jeune Franz aide souvent ses parents lors des réceptions organisées à l'auberge familiale, dans le Tyrol. Quand une jeune femme est retrouvée morte le lendemain de son mariage, près de l'établissement, Franz est interrogé en tant que témoin, mais l'affaire restera non-élucidée. Quelques années plus tard, Franz s'exile aux Etats-Unis et devient moniteur de ski. Dans sa mémoire, la mort de cette femme - qu'il avait prise en photo - s'agrège à un autre incident qu'il ne parvient pas à oublier, car c'est au même endroit qu'il avait volé un baiser à une très jeune fille. Les saisons passent, Franz vit chichement en donnant des leçons de ski, notamment à un professeur d'origine tchèque qui revient tous les hivers dans cette station du Colorado. Lorsque ce dernier meurt lors d'un accident de ski, dans des conditions suspectes, une enquête est ouverte. Des rumeurs de scandale sexuel circulent. Franz est mal à l'aise. Une blessure au genou fait le reste : il rentre en Autriche. A peine revenu chez son frère dans le Tyrol, il découvre qu'un policier a repris l'enquête sur la mort, survenue 12 ans plus tôt, de la jeune mariée, et qu'il fait désormais partie des suspects. Sa tranquillité est tout autant perturbée par le souvenir obsédant de l'adolescente qu'il avait embrassée contre son gré ... Norbert Gstrein se sert habilement des mécanismes empruntés au polar pour amener le lecteur au coeur d'une réflexion très contemporaine et complexe sur la sexualité. Les abus commis ou subis par les différents protagonistes, la question du consentement, celle du rapport entre désir et violence - tout cela est enchâssé dans une intrigue à rebondissements multiples. Quand j'étais jeune apporte ainsi un renversement des perspectives des plus intéressants, le tout porté par une narration très maîtrisée. Traduit de l'allemand par Olivier Le Lay

04/2022