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Essais

Bouche bavarde oreille curieuse

Lydia Flem invite à prendre soin de soi, d'autrui et du monde. Que ce soit dans Comment j'ai vidé la maison de mes parents ou La Reine Alice, le souci de l'intime parcourt son oeuvre. On retrouve ici son choix de suivre les voies de la littérature et de l'art pour aborder des questions généralement cloisonnées dans telle ou telle autre discipline des sciences humaines. Bouche bavarde oreille curieuse : quatre mots pour dire quatre décennies de textes inspirés par la psychanalyse, le cinéma, la sociologie, l'histoire de l'art, la photographie, le théâtre et l'opéra, la littérature et l'écriture de l'histoire. Lydia Flem y aborde la puissance des stéréotypes, notamment ceux du masculin dans les westerns, ces récits mythiques nés à Hollywood, où la femme est représentée comme une menace pour les hommes. Le regard masculin semble se définir par le déni du féminin. On y retrouve une idée sous-estimée : la fragilité de l'identité virile. Comment penser l'impensable. Dans ce recueil, Lydia Flem ranime des interrogations anciennes toujours actuelles : depuis des siècles, la violence sous les toits paternels, le viol et l'inceste. On se souvient alors de Freud, si présent dans ce volume. Car si l'inconscient est porteur d'art et de créativité, il nous confronte aussi, chaque jour, aux puissances de l'irraison quand la peur et la haine distillent des rumeurs. Dans son expression brute, immédiate, sans les filtres de la raison et de la distance, les pulsions meurtrières de l'humanité, qu'on imaginait archaïques, occupent soudain des scènes qui nous sont contemporaines.

08/2022

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sociologie du genre

Libérés de la masculinité. Comment Thimothée Chalamet m'a fait croire à l'homme nouveau

" Comme des millions de personnes, je suis fan de Timothée Chalamet, et je me demande toujours pourquoi je l'aime autant et surtout pourquoi il est devenu le sex-symbol et la star d'Hollywood, car rien ne l'y destinait. Souriant, humble, charmant, c'est l'antithèse du bad boy. A l'opposé des héros virils, il est maigrichon, dénué de muscles ou de poils, fan de tenues de tapis rouge féminines, et pourtant, c'est lui qui joue le sauveur de l'humanité dans Dune, lui qui fait le plus parler lors des Oscars, et lui qui fait rougir hommes, femmes et enfants. En réalité, ce livre n'est pas sur Timothée Chalamet mais sur ce qu'il représente : l'émergence de ces hommes libérés de la masculinité toxique, et le rêve d'une nouvelle masculinité, moins violente, moins virile, plus sensible, plus libre, plus à l'écoute. Faut-il comprendre que nous en avons fini avec les bad boys ? Que notre vision des héros et des hommes sexy a changé depuis #MeToo ? Est-ce que Timothée Chalamet et les acteurs de sa génération peuvent mettre fin au patriarcat ? C'est ce que nous allons voir (mais vous emballez pas trop non plus, la réponse sera probablement non). " Dans ce livre à la première personne, entre étude d'un phénomène de la pop culture, enquête journalistique et essai personnel, Aline Laurent-Mayard interroge avec drôlerie et beaucoup d'esprit le rapport que nous entretenons avec la masculinité, les normes de genre et la binarité. Homme, femme, non-binaire, une chose est certaine : face aux injonctions sociétales, tout le monde gagnerait à se sentir plus libre.

10/2022

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Sociologie

Le premier sexe. Mutations et crise de l'identité masculine

L'Ancien Régime reposait largement sur une société patriarcale, où la suprématie des hommes était incontestée. La Révolution met fin à cet ordre ancien tandis que la Déclaration des Droits de l'Homme ouvre la voie à une société où change le statut des femmes. L'avènement du citoyen, l'égalité proclamée, la montée de la bourgeoisie, les transformations de la vie sociale vont modifier progressivement le rôle, le statut et l'image des hommes. En dépouillant journaux intimes, chroniques de vie, romans, correspondances, André Rauch étudie précisément les mutations, parfois porteuses de crises, qui affectent l'identité masculine jusqu'au début du XXe siècle. Les bouleversements ont été fondamentaux : la gloire du soldat sous l'Empire, la généralisation de la conscription, par exemple, sont autant de nouvelles expressions de la virilité. De même l'ambition sociale et la volonté de faire carrière qui imposent dorénavant la maîtrise de soi. Les hommes apprennent à se refréner et à endurer les épreuves du collège, de l'armée, du chantier et, plus généralement, de la promotion sociale. La vigueur du désir, la maturité virile que prouvait l'ardeur physique, l'impétuosité qui devait traduire la puissance sexuelle, sont autant de repères désormais brouillés. L'art de séduire évolue. Les lieux masculins changent : le cercle, le café, le cabaret sont peut-être une manière pour les hommes de s'isoler voire de se protéger. Le XXe siècle s'éclaire à la lumière de cette recomposition fondamentale de l'ordre des hommes face à la montée du pouvoir féminin. Cet essai, profondément original, inaugure une nouvelle histoire des relations entre hommes et femmes.

01/2013

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Mondes futuristes

La fille aux 100 visages

Dans un lointain futur, au coeur de Green City, ville cernée par la jungle et coupée du reste du monde, quelque part en Asie, Soo, 14 ans, est à bout. Dans cette cité, les habitants ont pris l'habitude de changer de visage chaque matin, un peu comme on change aujourd'hui d'avatar sur les réseaux ou le métavers. Grâce à des imprimantes 3D, on peut remodeler son visage en quelques minutes. Soo, cependant, ne sait plus quel visage choisir chaque jour. Elle redoute les réactions des autres. A force de changer de visage en permanence, elle ne comprend plus vraiment qui elle est. Soo rencontre Loup, 14 ans, qui demeure au coeur de la jungle. Il ne porte jamais de masque ! Soo est horrifiée et fascinée. Elle va s'appuyer sur lui, car elle doit éclaircir un mystère. Et si son père lui avait menti, si sa mère était encore en vie dans un mystérieux camp, au milieu de la jungle ? Avec Loup, elle va se lancer dans une folle aventure. L'enquête va les mener loin dans la forêt, jusqu'aux mythiques Montagnes rouges. Pour retrouver sa mère, Soo devra se débarrasser de son masque. Elle pourra compter sur l'amitié de Loup. Il lui faudra lutter contre les forces de la Vigie, la police de Green City, et de son maire Bao Gang, mais aussi affronter son propre père. Alors seulement pourra-t-elle révéler la vérité aux habitants de Green City et mettre bas les masques, tous les masques !

09/2023

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Histoire de France

Les galériens du roi (1661-1715)

L'histoire de la peine des galères se calque étroitement sur celle de la monarchie absolue. Déserteurs, faux-sauniers, faux-monnayeurs, protestants, puis voleurs, mendiants, escrocs, etc. , ils furent des dizaines de milliers qui permirent à Louis XIV de se doter à moindre frais d'une escadre de 40 galères et d'affirmer ainsi une gloire sans égale. Après le cachot où les condamnés pourrissent parfois des mois, voici l'éprouvant voyage avec la " chaîne " jusqu'à Marseille. Le châtiment commence alors véritablement. L'apprentissage de la rame n'est pas chose aisée et, pendant les campagnes, la cohabitation de plus de 400 hommes sur 300 m2 éprouve les corps et les âmes. A terre, lorsque les galères hivernent, la majorité d'entre eux travaillent pour survivre. Ils ont le " choix " entre les ateliers de l'arsenal, les échopes des artisans en ville, la " fatigue " du port ou bien les baraques où ils oeuvrent pour leur propre compte. En guise de consolation, les prostituées ou la piquette du bord... Au total, le tableau baroque d'une société qui possède sa hiérarchie, ses règlements, ses tensions et ses haines, mais aussi des relations de solidarité. Les galériens la quittent rarement. Le roi a trop besoin de rameurs _ même si les galères apparaissent vite archaïques dans le domaine militaire _ et la mort a effectué une ample moisson sur les bancs de la chiourme dès les premières années de captivité. Marc Vigié, ancien élève de l'Ecole normale supérieure de Saint-Cloud, agrégé d'histoire, est chargé de cours à l'Université de Paris X _ Nanterre.

06/1985

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Sociologie politique

Sommes-nous déjà en dictature ?. Un dictionnaire citoyen

Dictature sanitaire, violence économique, bavures policières, fichage généralisé, surveillance permanente, recul des droits des travailleurs, déni des droits des migrants, règne de la langue de bois... Insensiblement, au nom de la lutte contre le terrorisme et contre le communautarisme, contre le covid et contre l'insécurité, contre les incivilités et contre l'immigration clandestine, nos libertés, nos droits mais aussi nos espérances et nos exigences reculent. L'équilibre entre liberté et sécurité est toujours fragile en démocratie et la tâche de nos dirigeants n'est certes pas simple en cette période de menaces multiples mais il tient à chacun de nous d'être autant une vigie qu'un citoyen responsable face à ces menaces. Quand la délation est encouragée par l'Etat, quand le Défenseur des droits alerte contre des propositions législatives, quand l'exécutif est condamné par le Conseil d'Etat, par l'Organisation internationale du travail ou par la Cour européenne des droits de l'Homme, on est en droit de s'interroger. Désobéir à un ordre illégitime est une obligation morale, se soulever contre l'oppression une obligation politique, mais comment lutter contre de multiples petits coups de canif dans notre socle républicain, contre la mise en place de mécanismes qui, s'ils tombaient dans des mains mal intentionnées, permettraient de liquider la démocratie ? Sous une forme légère, ce dictionnaire traite de sujets lourds et, de "couvre-feu" à "flash-ball" en passant par "islamo-gauchiste" ou "vallée de la Roya", propose une centaine d'entrées qui mettent en abyme tous nos petits renoncements.

12/2021

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Sciences historiques

Un homme d'influence. Sir Siegmund Warburg (1902-1982)

Né avec le siècle dans une très ancienne famille de banquiers juifs, Siegmund Warburg, à l'exemple de ses plus grands ancêtres, commence sa carrière comme banquier et conseiller du Prince en Allemagne. Dans les tourbillons de Weimar qui ruinent son père, il participe aux tortueux financements des réparations allemandes. Et lorsque l'économie de la dette laisse place à l'économie de la guerre, l'avènement de Hitler l'envoie à Londres, avec son nom pour tout capital. Il y fonde une petite société financière, y invente les modes de financement des Alliés en guerre, et contribue à briser ceux de l'Allemagne au moment où Hitler détruit, avec son peuple, la banque que sa famille a mis plus de deux siècles à bâtir. Après la guerre, tout recommence. Il relève le nom de la famille, crée à Londres sa propre banque, S. G. Warburg and Co. En vingt ans, il y devient de nouveau le premier banquier de la place, conseiller du Prince, et invente les principales techniques de la finance d'aujourd'hui, des offres publiques d'achat aux euro-émissions. Mais, également avant les autres, il voit se profiler l'impuissance de l'Europe, la rébellion du tiers monde, la montée du Japon et les difficultés d'Israël. Alors, guetteur devenu lui-même signe, sans le savoir peut-être, quarante ans presque jour pour jour après son premier exil, il quitte de nouveau un monde qui a fait sa fortune mais dont il sent venir la fin. Etrange destin d'un homme presque seul, dont l'obsession unique est de relever son nom et d'en prolonger l'influence, au coeur des principaux cyclones de ce siècle. Vigile d'un temps de barbarie, jamais résigné à sa défaite. Prince de la finance, aventurier du siècle, écouté des hommes de pouvoir sans jamais en être un lui-même, il a vécu une de ces très grandes vies à l'ombre desquelles rien ne pousse. Homme d'influence : ainsi aime-t-il à se vouloir lui-même, comme le Joseph des Ecritures et celui de Thomas Mann qu'il place plus haut que tout ; c'est-à-dire homme de séduction sur ces autres hommes qui prétendent, eux, avoir du pouvoir sur les choses. J. A.

12/1992

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Critique littéraire

Fénelon. Mystique et Politique (1699-1999)

Mars 1699, une date capitale dans la vie et dans l'oeuvre de Fénelon : mettant fin à près de cinq années de vives querelles sur la question de l'amour pur et désintéressé, un bref du pape Innocent XII condamnait 23 propositions de l'Explication des maximes des saints de l'archevêque de Cambrai ; quelques jours plus tard paraissait anonymement à Paris le premier tome des Aventures de Télémaque. Réunis à Strasbourg trois siècles plus tard, en 1999, quelque trente-cinq spécialistes de Fénelon, de la littérature classique et de la pensée religieuse des XVIIe et XVIIIe siècles se sont interrogés sur la signification et les conséquences du double événement de mars 1699. Y avait-il un lien entre la condamnation des Maximes des saints et la publication hâtive du Télémaque ? Quelles conséquences eut la première sur l'évolution de la pensée théologique ? Comment interpréter le foudroyant succès du Télémaque qui deviendra pour plus de deux siècles l'oeuvre la plus souvent rééditée et traduite de la littérature française ? Signification politique d'un livre qui pouvait passer comme un manifeste d'opposition à Louis XIV ? Chef-d'oeuvre littéraire, qui avait su merveilleusement associer la passion pour l'Antiquité, pour Homère et pour Virgile, avec une modernité qui annonçait, tout en les façonnant, le goût et la sensibilité des générations suivantes ? Ainsi comment les contemporains, et les lecteurs des XVIIIe et XIXe siècles, lurent-ils ce roman, que l'on pourrait aussi appeler épopée ou poème en prose ? Autant de questions abordées dans cet ouvrage qui au-delà de la personne de Fénelon éclaire les mutations de la pensée religieuse et de l'art littéraire au temps de la crise de la conscience européenne.

06/2019

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Critique littéraire

Raskar Kapac : L'anthologie Tome 2

Les premières années furent celles des horizons lointains. Rappelez-vous : Raskar Kapac, gazette artistique et inflammable, était partie sillonner les espaces les plus inaccessibles. Entre 2016 et 2017, elle est allée s'exiler sur l'île engloutie de Mû aux côtés de Corto Maltese, elle est revenue d'entre les morts en suivant les pas sanglants de Guillaumet dans les Andes, elle a traqué avec Henry de Monfreid les peuplades perdues du Yémen et de l'Ethiopie... Les deux années qui suivirent - réunies intégralement dans cette seconde Anthologie -, furent pour Raskar celles des marges. Ce fut l'époque où la momie ne fréquenta que les damnés, les caraques et les inadaptés. De Fellini à Kazantzaki, de Blaise Cendrars à Tabarly, de Drieu à Antonin Artaud ; c'est un équipage hétérodoxe qui a composé avec maestria les dix derniers numéros de Raskar Kapac. Olivier de Kersauson, Titouan Lamazou, Patrick Tabarly, Benoît Heimermann, Christiane Rancé, Sylvain Tesson, Julien Hervier, Pierre Adrian, Charles Gonzalès, Stéphane Barsacq, Frédéric Beigbeder, Gabriel Matzneff et tant d'autres plumes ont aidé à la résurrection des grands artistes et des aventuriers, authentiques phares pour notre temps. Dans ce nouveau volume, se succèdent des textes variés, des entretiens exclusifs, des photographies ainsi que de nombreux dessins inédits. Alors en route pour un ultime voyage à bord du Transsibérien ! La momie attise la locomotive et, à sa suite, cahote le fabuleux wagon des artistes et des hors-la-loi ! Les trois fondateurs, Maxime Dalle, Yves Delafoy et Archibald Ney, sont de jeunes mousquetaires de vingt-cinq ans et plus, unis par des passions singulières : l'amour des livres "brûlants" et des chairs voluptueuses, l'amitié virile, et une sympathie inextinguible pour les causes perdues.

11/2020

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Critique littéraire

Elégies. Edition bilingue français-latin

Poète érudit et féru de mythologie, Properce ne nous a pas laissé d'autres traces que ses oeuvres. Fort heureusement, celles-ci ne sont pas exemptes de renseignements biographiques. La sphragis, c'est-à-dire la signature, du livre I, nous apprend que Sextius Propertius serait né en Ombrie, non loin d'Assise. Plus tard, à Rome, il rejoint le cercle de Mécène dont il est, après des poètes aussi illustres que Virgile et Horace, le protégé. Ce n'est pourtant ni vers l'épopée, ni vers la satire que le poète se tourne, mais vers l'élégie. Celles-ci sont adressées à la belle Cynthia, dont la chevelure flamboyante et les allures de déesse enflamment le poète d'un amour aussi brûlant que déçu. De Cynthia, à la beauté parfaite et au coeur volage, nous ignorons si elle a existé. Fruits de l'expérience ou de l'imagination, les vers de Properce restent un exemple pénétrant du genre de l'élégie, encore balbutiant à cette époque de la littérature latine. Notre édition rassemble en un volume les quatre livres des Elégies de Properce. L'introduction fait le point sur les différents éléments biographiques présents dans l'oeuvre de Properce ainsi que sur les conclusions qui en ont été tirées. Les nombreuses hypothèses relatives à l'identité de Cynthia sont brièvement exposées, de même que celles concernant la date de composition du recueil. Les sources, explicites et implicites sont analysées en profondeur, tandis qu'est proposée une réflexion sur le genre élégiaque. L'histoire de la tradition manuscrite est relatée en détail et assortie d'une bibliographie récente et succincte. Le lecteur désireux d'approfondir trouvera, en fin d'ouvrage des notes éclairant, entre autres, les nombreuses allusions mythologiques, ainsi qu'un index. Texte établi, traduit et commenté par Simone Viarre.

07/2006

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Littérature étrangère

Le déclin de la lune

Le déclin de la Lune "Tout est mémoire." Après avoir retracé le destin de trois générations d'une famille ouvrière américaine, Joseph Coulson achève son roman sur ce constat désabusé. Rien n'a jamais été facile pour les Tollman : quand le père, réparateur de radios, se retrouve à la rue, victime de la grande dépression des années 1930, ils sont contraints de quitter Cleveland et d'aller vivre sous une tente en pleine campagne. Stephen, le fils cadet, évoque cette période misérable mais bucolique avec un certain bonheur, malgré la cécité naissante de la mère, la cruauté des gamins de l'école et une nature plutôt hostile dont les arbres morts sont les inquiétants vigiles. Sans doute la vitalité et l'obstination de Phil, le frère aîné, font-elles à cette époque écran à la malchance. Quand Katherine, narratrice de la deuxième partie du livre, rencontre Phil, il est devenu un ténébreux jeune homme qui chavire le cœur de la belle pianiste avant de la quitter pour s'engager dans l'armée de l'air. Nous sommes en 1939. La fatalité familiale et les épreuves de la guerre finiront par avoir raison de Phil : en 1968, c'est un père alcoolique et violent que décrit son fils James, adolescent dans l'Amérique des hippies, des Black Panthers et de la guerre du ViêtNam. Un déclin qui trouve son aboutissement dans la dernière partie du livre, lors d'une saisissante crise d'autodestruction. Bien qu'il soit le seul à ne jamais y livrer son point de vue, Philip Tollman est au cœur de ce roman polyphonique à l'écriture remarquablement modulée. Son destin brisé est emblématique de celui de sa famille en même temps qu'il nous parle d'une certaine Amérique, celle des laissés pour compte.

10/2005

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Psychologie, psychanalyse

Soi-même comme un roi. Essai sur les dérives identitaires

Le déboulonnage des statues au nom de la lutte contre le racisme déconcerte. La violence avec laquelle la détestation des hommes s'affiche au coeur du combat féministe interroge. Que s'est-il donc passé pour que les engagements émancipateurs d'autrefois, les luttes anticoloniales et féministes notamment, opèrent un tel repli sur soi ? Le phénomène d'" assignation identitaire " monte en puissance depuis une vingtaine d'années, au point d'impliquer la société tout entière. En témoignent l'évolution de la notion de genre et les métamorphoses de l'idée de race. Dans les deux cas, des instruments de pensée d'une formidable richesse - issus des oeuvres de Sartre, Beauvoir, Lacan, Césaire, Said, Fanon, Foucault, Deleuze ou Derrida - ont été réinterprétés jusqu'à l'outrance afin de conforter les idéaux d'un nouveau conformisme dont on trouve la trace autant chez certains adeptes du transgenrisme queer que du côté des Indigènes de la République et autres mouvements immergés dans la quête d'une politique racisée. Mais parallèlement, la notion d'identité nationale a fait retour dans le discours des polémistes de l'extrême droite française, habités par la terreur du " grand remplacement " de soi par une altérité diabolisée : le migrant, le musulman, mai 68, etc. Ce discours valorise ce que les identitaires de l'autre bord récusent : l'identité blanche, masculine, virile, colonialiste, occidentale. Identité contre identité, donc. Un point commun entre toutes ces dérives : l'essentialisation de la différence et de l'universel. Elisabeth Roudinesco propose, en conclusion, quelques pistes pour échapper à cet enfer. Historienne, Elisabeth Roudinesco est l'auteur de livres qui ont fait date sur l'Histoire de la psychanalyse en France, Jacques Lacan, Sigmund Freud (Prix Décembre 2014), la famille, etc. Elle est traduite dans le monde entier.

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Romans historiques

Le testament d'Ausone

Premier poète de son temps, Gallo-Romain enraciné dans la terre d'Aquitaine et amoureux de ses paysages, Ausone entonne le chant du cygne de l'Antiquité classique. Mais il est peut-être aussi, comme le laissait entendre Régine Pernoud, le premier poète de ce qui s'appellera un jour la France — le pays de Vézelay, de Ronsard et de Montaigne. Homme de grande culture, disciple nostalgique et parfois irrévérencieux de Virgile, ce professeur de rhétorique bordelais, qui sera l'auteur, entre autres, du poème de La Moselle, est appelé à être le précepteur du futur empereur Gratien, à la fin tragique. Pendant quelques années, jusqu'à son élévation au consulat, Ausone exerça une influence notable sur la politique impériale, avant de connaître la disgrâce et de se replier sur ses terres. Le Testament d'Ausone n'est pas un ouvrage historique, mais se présente comme un roman en forme de dix lettres adressées par le poète, de sa villa de Lucaniac, au milieu des vignes, à certains de ses familiers — Arborius, le grand-père dépositaire du savoir clandestin des druides, Hilaria, sa tante doctoresse, Sabina, l'épouse tendrement aimée, Bissula, son dernier amour — ou à des figures qu'il a côtoyées — Gratien, Symmaque ou son disciple Paulinus, plus tard canonisé sous le nom de saint Paulin de Nole. Riche en résonances, cette fiction est aussi une méditation sur l'Histoire : dans un empire en voie de décomposition et dont les jours sont comptés, l'honneur de l'écrivain est de maintenir, sans illusions, mais sans céder non plus à la désespérance, le souvenir vivant de la culture humaniste. Son lien avec le paysage aimé, où l'utopie arcadienne, en dépit des malheurs du siècle, semble à certains moments près de s'incarner, dessinant les contours d'un pays à naître.

01/2018

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Littérature française

La Tour ou un chien à Chinatown

Les Olympiades. C'est là, autour de la dalle de béton de cet ensemble d'immeubles du Chinatown parisien que s'est installée la famille Truong, des boat people qui ont fui le Vietnam après la chute de Saigon. Victor Truong chérit l'imparfait du subjonctif et les poésies de Vic-to-Lou-Go (Victor Hugo). Alice, sa femme, est fan de Justin Bieber mais déteste Mitterrand, ce maudit " communiste " élu président l'année où est née leur fille Anne-Maï, laquelle, après une enfance passée à rêver d'être blonde comme une vraie Française, se retrouve célibataire à 40 ans, au désespoir de ses parents. Cette tour de Babel de bric et de broc, où bruisse le murmure de mille langues, est une cour des miracles aux personnages hauts en couleurs. Voilà Ileana, la pianiste roumaine, désormais nounou exilée ; Virgile, le sans-papier sénégalais, lecteur de Proust et virtuose des fausses histoires, qui squatte le parking et gagne sa vie comme arnaqueur. On y croise aussi Clément, le sarthois obsédé du Grand Remplacement, persuadé d'être la réincarnation du chien de Michel Houellebecq, son idole. Tous ces destins se croisent, dans une fresque picaresque, faite d'amours, de deuils, de séparations et d'exils. La Vie mode d'emploi de Perec est paru en 1978, quand les Olympiades sortaient de terre. Comment Perec raconterait-il le Paris d'aujourd'hui ? Ce premier roman de Doan Bui tente d'y répondre, en se livrant lui aussi à une topographie minutieuse d'un lieu et de ses habitants. L'auteure y décrit la France d'aujourd'hui, de la coupe du Monde 98 aux attentats de 2015 dans un roman choral d'une drôlerie grinçante.

01/2022

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Critique littéraire

Tibulle et les auteurs du Corpus Tibullianum

Poète tout entier voué à l'Elégie, Tibulle a tour à tour chanté les charmes, parfois vénéneux, de Délie, Glycère, Marathus ou Némésis. Mais comme tous les coeurs trop prompts à s'enflammer, Tibulle n'eut guère de succès auprès de ceux et celles qu'il convoitait. Si le lecteur est abondamment informé des pensées sentimentales, fictionnelles ou véridiques, de l'auteur, il n'est que peu renseigné sur le reste de la vie de Tibulle : la tradition n'a conservé que peu de trace des événements qui marquèrent la vie du poète. Il semblerait que Tibulle soit né entre 69 et 47 avant J-C, dans une famille aisée, non loin de Rome. Il aurait accompagné en Orient et en Gaule son ami Calvinus, protecteur de Lygdamus et de la poétesse Sulpicia. De ces voyages, il aurait gardé des souvenirs fort âpres, notamment de la guerre. Seule la date de sa mort, par sa proximité avec celle de Virgile nous est connue : à la fin de l'année 19, quelques mois après l'auteur de l'Enéide, Tibulle s'éteignait. Notre édition recueille en un volume l'ensemble des élégies de Tibulle et du Corpus Tibullianum. L'introduction fait le point sur les connaissances relatives à l'auteur, le plus souvent issues du texte lui-même et présente le contexte historique et littéraire dans lequel évoluait le poète élégiaque. Ce bref panorama est secondé par une riche étude sur le texte et son histoire. Les principes d'édition sont justifiés de même que l'ordre choisi pour les poèmes. Chaque élégie est précédée d'une notice qui lui est propre, fournissant tous les éléments nécessaires à une bonne intelligence du texte. Des notes accompagnent la lecture. L'ouvrage est en outre enrichi d'un Index Nominum.

06/1998

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Textes médiévaux - Traductions

Des causes cachées des choses. De Abditis Rerum Causis

Le De abditis rerum causis (1548) de Jean Fernel (1497-1568) est un monument de l'humanisme philosophico-médical de la Renaissance. Précédé d'une préface qui célèbre en termes somptueux la Renaissance et pourrait rivaliser avec la célèbre lettre de Gargantua à son fils, l'ouvrage se présente comme un dialogue à trois personnages : Brutus (qui semble bien devoir son nom au Brutus des Tusculanes), voyageur exigeant, féru de philosophie grecque, et d'abord platonicienne ; Philiatre, étudiant en médecine (mais déjà très bien informé) ; et le savant Eudoxe, qui organise dans sa maison de campagne des entretiens et y reçoit les deux compagnons. Faute d'études suffisamment nombreuses sur Jean Fernel, on ne sait pas assez ce que l'humanisme doit à la médecine. Fernel, qui en est une figure de premier plan, considérait l'ouvrage ici édité et traduit comme le socle de son oeuvre médicale : il y pose les fondements philosophiques de la connaissance du corps, plus largement de la connaissance du vivant, et illustre vigoureusement cette vision panthéistique de l'univers qui est le propre ou la tentation de la Renaissance. Constamment édité et réédité pendant un siècle et demi (de 1548 à 1680, on compte au moins quarante éditions), ce passionnant dialogue a été abondamment lu, cité, utilisé et même plagié. Ecrit en un très beau latin d'inspiration cicéronienne, il mobilise une connaissance intime des oeuvres de Galien, Platon et Aristote, sans oublier Virgile, des poètes modernes comme Augurelli et des écrivains contemporains comme Marsile Ficin et Agostino Steuco. Pourtant il n'existait, de l'ouvrage, qu'une édition moderne publiée en 2005 avec une traduction en anglais. Une édition moderne bien annotée et accompagnée d'une traduction française faisait donc cruellement défaut.

03/2021

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Sciences historiques

Santé et travail à la mine XIXe-XXIe siècle

L'inscription du Bassin minier du Nord-Pas-de-Calais au patrimoine mondial de l'humanité en 2011 a fait de la mine un lieu de mémoire universel et des gueules noires les héros et martyrs d'un monde disparu. Pourtant, l'activité minière, quasiment révolue dans la Vieille Europe et les pays de la première industrialisation, est aujourd'hui en pleine expansion dans la plupart des pays émergents, au point de constituer l'une des activités économiques essentielles de la Chine, du Brésil, de l'Afrique australe et de l'Inde. Erigeant en mythe un monde ouvrier fier de ses valeurs de courage, de solidarité et de puissance virile, Zola a définitivement lié dans notre imaginaire la mine au danger et à la catastrophe. Mais le vieux Maheux de Germinal concède aussi : "Du charbon, j'en ai plein les poumons, de quoi me chauffer tout l'hiver". Loin du spectacle de la mort collective, en effet, le travail à la mine est générateur de maladie et d'agonie silencieuse : silicose, ankylostomiase, sidérose et cancers dessinent les contours d'une catastrophe de masse, bien plus meurtrière, vécue à l'échelle individuelle par ceux qui perdent leur vie à la gagner depuis deux siècles. C'est l'histoire, longtemps occultée, que ce livre raconte. Réunissant les contributions de chercheurs internationaux, dont certains pour la première fois en français, il offre une réflexion à la croisée de l'histoire du travail, de la santé, des mobilisations sociales et des politiques publiques. Voyage dans les maux de la mine de charbon, de cuivre ou d'uranium, de la France au Chili, du Japon à l'Afrique du Sud, de l'Allemagne à la Chine, de l'Ecosse à l'Espagne, de la Belgique aux Etats-Unis, ce livre apporte un regard historique neuf sur une question d'une sinistre actualité dans notre monde globalisé.

05/2014

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Littérature Allemande

Les amants de Mantoue

Lorsque les squelettes de deux jeunes gens datant du néolithique ont été mis au jour près de la ville de Mantoue en 2007, l'image a fait le tour du monde. "Enlacés depuis 6000 ans ! " ... "Roméo et Juliette à l'âge de pierre" ... , annonçaient les gros titres des journaux. Le roman de Ralph Dutli commence une dizaine d'années plus tard. Entretemps, Mantoue a été secouée par la crise puis par le "printemps maudit" , le tremblement de terre de mai 2012. Deux amis de jeunesse s'y rencontrent par hasard, le sismologue Raffa est venu étudier les conséquences du tremblement de terre, l'écrivain Manu s'intéresse au célèbre couple du néolithique. Or celui-ci a mystérieusement disparu, il n'a jamais trouvé sa place dans le musée qui devait l'accueillir. Manu est sur ses traces mais il lui-même va bientôt disparaître à son tour, enlevé et sequestré dans sa propriété par un étrange personnage, un aristocrate esthète qui rêve de fonder une nouvelle religion de l'amour substituant à l'image du crucifié celle des amants de Mantoue... A travers cette intrigue digne d'un roman d'aventure - Raffa ne déli- vrera son ami, avec l'aide de la belle Lorena, qu'après de nombreuses et invraisemblables péripéties - Ralph Dutli nous entraîne dans un monde intermédiaire entre réalité et rêve, où la Mantoue de la Renais- sance reprend vie sous nos yeux, où le peintre Mantegna doit peindre une nouvelle fois sa célèbre Chambre des Epoux, où le poète Virgile plane au-dessus de sa ville natale en observateur étonné. Avec le même bonheur que dans son Dernier Voyage de Soutine, le romancier ressasse les questions qui le hantent depuis toujours : les zones sismiques de la vie, le rêve d'une nouvelle utopie amoureuse, le statut incertain de la réalité et les pouvoirs inquiétants de l'écriture.

09/2023

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Littérature étrangère

Tumbas. Tombes de poètes et de penseurs

"Même entouré de milliers de pierres tombales, je n'ai jamais le sentiment que je rends visite à un mort. La relation que j'ai avec ces auteurs est toujours personnelle, même avec des poètes morts depuis longtemps, comme Virgile, Hölderlin ou Leopardi. Ils font partie de mon univers. Pour certains, j'ai entrepris spécialement le voyage dans le but de leur rendre visite, d'autres fois, je me suis trouvé dans les parages alors que j'étais en route pour une autre destination. Le récit de notre quête, nous l'avons appelé "Rencontres", Simone Sassen et moi-même..." Pendant trente ans, Cees Nooteboom a parcouru le monde afin de découvrir les tombes des poètes, des écrivains et des penseurs qui, depuis toujours, peuplent son univers. En compagnie de la photographe Simone Sassen, ses voyages sont devenus non seulement le motif d'un pèlerinage littéraire, mais aussi celui d'une recherche de l'être effacé derrière le monument de pierre, la plaque de marbre ou le carré de verdure. Du tombeau blanc de Stevenson, seul surie mont Vaea, à la tombe de Proust au Père-Lachaise, du cimetière pour étrangers de Rome, où reposent Keats et Shelley, à l'archipel nippon où se trouve Kawabata, le lecteur partage un singulier voyage, moins à travers le monde qu'à travers le panthéon intime d'un passionné de toutes les littératures. Emouvantes, tantôt prétentieuses, tantôt effacées, les tombes révèlent leur secret dans le bruissement d'un poème, d'un passage de l'œuvre du défunt ou des mots de Cees Nooteboom. Architecte érudit de ce livre composé tel un hommage, à la manière des "tombeaux" de notre histoire musicale, il provoque ainsi le désir de lire ou de relire l'œuvre de ses chers Immortels.

11/2009

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Sociologie

Afrique, la voie du cannibalisme culturel. A la recherche de la source commune identitaire de l'Afrique

L'Histoire, pour ne pas être simplement événementielle, doit avoir une longueur et une largeur longues et larges à la fois, c'est-à-dire, durée et spatialité. Or, durée et spatialité, la romanité, source commune identitaire de l'Europe, les avait suffisamment eues. L'Europe d'aujourd'hui s'alimente de sa romanité depuis la période républicaine et impériale. Et quelle est la source commune identitaire de l'Afrique identifiable au classicisme européen ? L'absence de groupes ethniques en France, malgré ses nombreux parlers régionaux, par exemple, est la conséquence de la durée et de la spatialité de l'histoire commune de ce pays. Et si "l'Afrique n'a pas d'histoire" visait de tels exemples ? Et, étant donné l'impossibilité qu'Homère et Virgile ne comportent des brins d'éléments venus des Barbares, le classicisme, source commune identitaire de l'Europe, ne peut nullement signifier le propre de l'Europe. Mais l'élite universitaire européenne a compris tout cela et proclame dignement l'inexistence du propre de l'Europe, qui ne peut être que l'appropriation de ce qui lui est étranger, et l'inexistence du non-européen également, le monde entier étant infecté de phénomènes venus d'Europe. D'où la secondarité culturelle qui invite au cannibalisme culturel. Aucune civilisation n'ayant une origine absolue, toute culture se nourrissant de celles qui l'ont précédée et toute civilisation étant également du sclérosé, qui est la fin ultime de toute culture, la disparition de l'une contient en germe la naissance de l'autre. L'Afrique a donc intérêt à être un continent contenant, comme l'Europe. Et l'échec de l'auto-déterminisme linguistique de l'Inde montre à l'Afrique qu'une langue internationale étrangère, fût-elle celle du colonisateur, peut bien faire l'affaire d'une nation en matière d'unité et de cohésion nationales.

01/2012

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Littérature française

Le Cardinal Saliège

On se souvient du livre de Jean Guitton Portrait de Monsieur Pouget, suivi des Dialogues. En 1941, Albert Camus avait écrit : "Nous avons là un portrait d'élu qui me paraît une réussite exceptionnelle dans notre littérature. Il n'y fallait pas seulement du talent, mais les puissants mobiles que sont l'admiration et la tendresse. Jean Guitton, en effet, apporte de la clarté aux idées les plus délicates, et c'est un effet du grand style. Mais il met de la chaleur dans les abstractions et de la passion à l'objectivité. C'est un effet de l'âme. Une piété virile fait le reste et donne le ton de ce beau livre". Ces qualités se retrouvent dans ce portrait du Cardinal Saliège, que l'auteur a observé avec amour pendant trente ans. Comme le Cardinal était passionné pour les problèmes du présent et du proche avenir, on ne s'étonnera pas de trouver dans ce livre toute l'actualité religieuse, depuis les "prêtres-ouvriers" jusqu'au "catéchisme", depuis l'oecuménisme jusqu'au laïcat... sans parler des problèmes posés par la science moderne, comme celui de la matière et de l'évolution. Le Cardinal a dit son mot sur tout avec une extrême originalité. Il avait l'âme d'un précurseur. Le monde entier avait le regard fixé sur lui depuis ce jour d'aout 1942 où il avait pris la défense des Juifs persécutés. Sous l'Occupation il fut le chef de la résistance spirituelle. Chacun sait qu'il était un grand paralysé, qu'il s'exprimait difficilement. Il a donné à notre époque un magnifique exemple de lucidité, de gaîté et de courage. Le livre de Jean Guitton est riche d'inédits, de textes inconnus, de menus propos du Cardinal, ce créateur de styles en toutes choses.

01/1967

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Critique littéraire

L'"Orphée" de Boèce au Moyen Age. Traductions française et commentaires (XIIe-XVe siècles)

A travers son mythe, Orphée – poète, musicien, prophète, "fin amant" – continue à nous hanter comme il a hanté tout le moyen âge. Mais pourquoi un Orphée boécien ? En fait, et à part les textes latins bien connus de Virgile, d'Ovide et de Sénèque, c'est l'Orphée du mètre xii du troisième livre de la "Consolatio philosophiae" de Boèce que les écrivains médiévaux – glossateurs, commentateurs, traducteurs – ont pris comme point de départ pour toute une série de thèmes narratifs, philosophiques et moraux. Désolé par la disparition d'Eurydice, cet Orphée, en descendant aux enfers à la recherche de sa femme, apaise Cerbère et les Furies, interrompt momentané-ment les tourments de Tantale, d'Ixion, de Tityos, et convainc finalement les dieux des enfers à lui restituer son Eurydice. Mais en se retournant il rompt la condition imposée par les dieux. Ainsi la perd-il une seconde fois. Selon Boèce, cette fable doit être lue comme un avertissement aux hommes de tenir leurs regards attachés sur le Souverain Bien qui peut seul leur offrir la vraie consolation. C'est une heureuse rencontre des intérêts d'Anna Maria Babbi et de Keith Atkinson, portant sur les traductions françaises et italiennes de la "Consolatio" au moyen âge, qui a conduit à la conception et à la réalisation de ce livre. Il semblait intéressant de réunir dans un seul volume toutes les traductions françaises médiévales de ce mètre de Boèce. La plupart de ces textes restaient inédits et peu connus. Dans un second temps, la décision a été prise d'y ajouter les textes de quelques commentateurs latins, qui ont servi, d'une manière ou d'une autre, aux traducteurs français, leurs contemporains. Aux douze traductions françaises vient ainsi s'ajouter un ensemble de six commentaires latins.

01/2000

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Histoire ancienne

Dictionnaire de l'Antiquité. Mythologie, littérature, civilisation

Destiné à tous les amateurs de la Grèce et de Rome, ce Dictionnaire fait revivre les aspects les plus variés, les plus insolites aussi, de la civilisation antique. Biographies, souvent hautes en couleurs, des grands personnages historiques, tel Alexandre, Néron, Vespasien ou Zénobie. Carrière de poètes et de philosophes, d'Euripide à Sapho et à Virgile. Evocation des sites où ces hommes et ces femmes ont vécu et que nous ne cessons de visiter : Athènes, Carthage, Delphes, Rhodes ou Thèbes. Institutions politiques, vie sociale, préoccupations quotidiennes : adultère, agora, agriculture, ambroisie. Figures mythologiques et légendaires : Andromaque, Hélène, Ulysse, Uranus. Œuvres littéraires, philosophiques, scientifiques Astronomiques de Manlius, Dialogues de Platon, Discours de Cicéron, Lettres à Lucilius de Sénèque. En quelques 3 000 articles, c'est toute l'histoire de la Grèce et de Rome qui défile, de l'époque archaïque à l'invasion des barbares, d'Asie Mineure aux îles Britanniques, des grands acteurs aux comparses. Une première version de ce Dictionnaire parut en 1937 ; l'ouvrage connut un tel succès qu'il fut réédité et remis à jour douze fois en cinquante ans. En 1989, il fut entièrement refondu afin de tenir compte des progrès de la recherche accomplis en un demi-siècle. C'est cette nouvelle version, qui en est déjà à sa deuxième édition anglaise, que nous publions aujourd'hui. Tous les textes ont été rédigés par les grands historiens, philosophes et archéologues de l'université d'Oxford, haut lieu traditionnel des études classiques. Un livre où le sérieux de l'information n'étouffe pas l'humour, où l'histoire ne méprise pas l'anecdote, où le récit peut déboucher sur le rêve. Un guide à travers le monde antique, indispensable à tous ceux qui voyagent, ne fût-ce qu'autour de leur chambre.

11/2007

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Histoire ancienne

Enée le mal-aimé. Du roman médiéval à la bande dessinée

Les faits et gestes du héros de Virgile, ancêtre mythique d'Auguste, peinent à occuper le devant de la scène, comme si la postérité ne s'y reconnaissait pas. Les raisons d'un tel déséquilibre méritaient d'être interrogées. Traître en amour et traître à sa patrie, qu'il a livrée aux Grecs, Enée a longtemps été condamné. Même son parcours rédempteur ne suffit pas à le racheter, car il paraît trop sérieux, trop réfléchi, pour susciter l'empathie qui permettrait à des publics successifs de s'y reconnaître. Quelles conditions historiques doivent donc être remplies pour qu'une revalorisation d'Enée devienne possible, que ses aventures reprennent sens ? Au prix de quelles distorsions l'acculturation de l'épopée antique se réalise-t-elle d'une génération de lecteurs à l'autre, en Europe et ailleurs ? Les métamorphoses d'Enée au fil des siècles comportent des enjeux littéraires et culturels, mais aussi existentiels et idéologiques. Enée se prête à une lecture politique, car il est le père d'un empire et un chef de guerre ; par ses errances et ses erreurs, sa rencontre avec Didon (l'amour), puis avec son père en enfer (le devoir), il apparaît comme un individu en quête d'identité, cherchant un sens à donner à sa vie. Elève attentif de la Sibylle, curieux de l'au-delà qu'il parcourt, il fait aussi figure d'un intellectuel avide de savoir. Du roman médiéval à la bande dessinée en passant par le théâtre, l'opéra et la parodie désacralisante, chaque époque a choisi son Enée, qu'elle y trouve un modèle ou le voue aux gémonies. De Fulgence, commentateur de l'Enéide, à Christa Wolf, sa trajectoire n'a cessé de soulever des interrogations fondamentales.

09/2016

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Latin - Littérature

La confusion des genres dans la Pharsale de Lucain. Concordia discors

Baroque, macabre et envoûtant, le récit que Lucain, dans la Pharsale, fait de la guerre civile qui déchira les Romains entre partisans de César et ceux de Pompée montre l'épopée frayer avec de multiples autres genres littéraires. Epopée en dix chants de la période néronienne, la Pharsale est la seule oeuvre de Lucain qui nous soit parvenue. Jugée inclassable parce qu'elle échappe au modèle classique de l'épopée traditionnelle, elle a longtemps été déconsidérée par la critique. Depuis quelques années, elle fait l'objet d'une redécouverte par les littéraires et les historiens qui ont mis en lumière une nouvelle esthétique propre à la période néronienne, et permis de relever un tissu d'éléments historiques de première importance à propos des années 1949-1945 avant J. -C. , déterminantes pour l'histoire de Rome et de la conquête du pouvoir par Jules César. Les diverses contributions de chercheurs européens et américains réunies dans ce volume analysent le croisement des différents genres littéraires dans la Pharsale de Lucain ainsi que la mutation du genre épique tel qu'il a été consacré par Homère ou par Virgile. L'influence des autres genres poétiques, comme la tragédie, également pratiquée par Lucain, l'élégie ou encore la satire, est en effet sensible dans l'oeuvre du poète mort à 25 ans. D'autres genres littéraires en prose, comme l'historiographie dont Lucain avait une très bonne connaissance, ou les genres philosophiques pratiqués par Sénèque, l'oncle de Lucain, ont également influencé l'écriture de la Pharsale. L'intérêt de cette approche trans-générique réside ainsi dans la lumière nouvelle qu'elle jette sur l'oeuvre lucanienne, offrant une synthèse littéraire pour repenser la normativité épique.

02/2024

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Littérature érotique

La croqueuse d'hommes

Initiée aux plaisirs charnels par Virgile, son premier amour, Violaine se révèle à elle-même dans sa course effrénée à la jouissance. Elle assume tous les fantasmes que lui édicte son imaginaire, se fait un devoir -et une joie ! - de satisfaire les caprices de ses partenaires, repousse les limites de ce que son corps peut endurer... Mais au fond, que cherche-t-elle ? Cette quête ne serait-elle pas celle d'une liberté absolue, aussi bien sexuelle que sentimentale ? Et si cette lueur intense dans ses prunelles immenses cachait des secrets inavouables... Je m'autorise un verre de grand vin de Bordeaux tandis que sur la platine glisse un album de musique électro-jazz. Alanguie et bien au chaud, je pose mon verre et entreprend, entièrement nue, de ranger mes achats du jour : escarpins rouges, chaussures de ville blanc cassé, bottes de cuir à hauts talons, ensemble de lingerie haut de gamme brodé de dentelle... Je ne résiste pas et revêt le bel objet qui effleure ma peau en me donnant des frissons, contemple le résultat dans un grand miroir d'angle : plutôt pas mal... Mon pied de princesse glisse à l'intérieur des bottes, dont l'encolure vient jusqu'à l'arrière de mes cuisses. Je savoure le toucher extraordinaire de ma seconde peau, au noir luisant, au niveau de la cheville, admire sa façon de sublimer avec élégance le galbe de mes jambes... Mon front est brûlant, je sens la chaleur du désir rayonner dans mon ventre, embraser lentement tout mon corps ; je marche un peu, féline, devant le miroir et la caméra, faisant légèrement craquer la matière. J'ignore si je le dois au vin, mais oui, je suis d'humeur chasseresse... Sensuel, crû, brûlant, fantasque ou poétique, un hymne à l'amour sous toutes ses formes.

07/2021

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Romans policiers

Cluses : L'affaire Prewitz

Haute-Savoie, Cluses : Le dimanche 20 août, un incendie criminel détruit une grande partie du parking de l’Hypermarché Carrefour. Quelque temps plus tard, les vigiles positionnés pour protéger les travaux de réfection, commencent à constater d’étranges manifestations, comme des jets de pierres qui parcourent des trajectoires insolites, des musiques venues de nulle part, de la vaisselle brisée. Le samedi 21décembre, Francis Magenta, le patron de « Mondial Protection » et Stanislas « Stan » Jourdan, son fidèle adjoint, sont reçus à l’Hypermarché à la demande du directeur, car les « Poltergeists » ne s’arrêtent pas. Très intéressé par tout ce qui touche aux "phénomènes inexpliqués", Francis accepte tout de suite d’enquêter et comprend très vite que ces "Poltergeists" sont des messages ! Mais de qui ? Pourquoi ? Et, surtout, à l’attention de qui ? L’incendie aurait-il déclenché quelque mécanisme infernal ? L’agression de Jonathan Prewitz, laissé pour mort dans le parking, va donner raison à Francis, d’autant plus qu’il présente dans sa chair des stigmates évidents. Une seconde tentative pour l’assassiner est évitée de justesse par Francis et Stan. Curty, un spécialiste de la Métapsychique, débarque à Cluses pour étudier ces phénomènes et parvient à la conclusion que Prewitz est la réincarnation d’une personne assassinée dans les années 1900. Qui est-il ? Un affabulateur ? Un être réincarné ? Magenta va orienter son enquête dans le passé, non seulement de cet étrange stigmatisé, mais aussi sur celui de Cluses, car le terrifiant dénominateur commun de tous ces événements, c’est… le passé et, en particulier, celui de l’une de ses familles fondatrices : les Grosjean... Qui ne sont jamais bien loin ! La vengeance est-elle intemporelle ? La réincarnation existe-t-elle ?

09/2023

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Littérature Allemande

Une jeunesse à Berlin. Bilan provisoire 1926-1950

Dans la banlieue verte de Berlin, au cours des années 1930, un garçon rêveur grandit, perdu dans ses livres. Le royaume de son imagination n'a que peu à voir avec l'environnement immédiat ou avec le régime qui se met en place. Pendant que les haut-parleurs exaltent autour de lui la force virile, l'adolescent s'éveille à l'amour et n'écoute que sa fantaisie... Puis on lui colle sur la tête un casque de soldat. Il a 17 ans. Quatre décennies plus tard, un écrivain repart sur les traces de ses vingt premières années. Il s'en est fallu de peu que l'Allemagne nationale-socialiste, en s'écroulant, n'écrase son propre corps sous les décombres. C'est un survivant qui témoigne. Commencée dans l'Allemagne divisée, publiée en 1992 dans l'Allemagne réunifiée, l'autobiographie de Günter de Bruyn connaît un immense succès au lendemain de la chute du Mur. Elle révèle un auteur majeur chez qui l'humaine fragilité s'affirme, prise entre le double feu du nazisme et du stalinisme, comme une force propre à résister à toutes les épreuves - à commencer par celle du temps. Dans la constellation des témoins de l'Allemagne hitlérienne, de S. Haffner (Histoire d'un Allemand, Actes Sud, 2003) à Th. Bernhard (L'Origine, Gallimard, 2007), de M. Reich-Ranicki (Ma vie, Grasset, 2001) à H. -M. Enzensberger (Hammerstein ou l'intransigeance ; Un bouquet d'anecdotes - Gallimard, 2008 et 2022), de Bruyn, qui fit toute sa carrière en RDA, occupe une place à part. Ine ? dit en franc ? ais Suivi d'un essai d'E ? douard Michel, Un Gu ? nter stoi ? cien (ou` il est aussi question de Gu ? nter Grass, Pelures d'oignon, Le Seuil, 2007)

01/2024

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Pape François

Sois heureux ! Le bonheur est possible, dès maintenant

Un manifeste original et convaincant pour vivre heureux ici et maintenant, par l'une des personnes les plus célèbres et respectées de la planète " Le bonheur ne s'achète pas, celui qui le vend est un imposteur. Le bonheur est le bienvenu, c'est un cadeau qui nous est fait. Le bonheur ne se garde pas, car s'il n'est pas partagé, il dépérit et meurt. Le bonheur peut trébucher, mais il ne peut pas être enlevé. Le bonheur, c'est la liberté. Il rend beau. La poursuite du bonheur nous est commune à tous, à tous les âges, sous toutes les latitudes. C'est un désir de plénitude que Dieu a placé dans nos coeurs agités et qui - loin des trop nombreuses offres éphémères à "bas prix', "conditionnées', "jetables', destinées à nous laisser encore plus vides et déçus - peut répondre en réalité à notre essence la plus authentique et la plus profonde. " Pape François Sois heureux ! est le manifeste du pape François pour le bonheur de chaque homme et de chaque femme. Dans ces pages, les paroles du pontife tracent un chemin concret, et indiquent les quinze pas vers la vraie joie, celle qui n'ignore pas les difficultés de l'existence mais les affronte, les surmonte et les sublime vers une authentique réalisation de soi. Le pape accompagne son texte d'extraits de ses auteurs préférés : Borges, Dante, Hölderlin, Saint Augustin, Novalis, Ethel Mannin, saint François d'Assise, Pasternak, Dostoïevski, saint Ignace de Loyola, Fellini, Virgile, Tolkien et bien d'autres. Le pape François n'adhère pas à une certaine tradition chrétienne qui diffère notre félicité à plus tard, lorsque nous serons au paradis, après des années de souffrance sur la terre. Sois heureux ! est un bréviaire d'amour concret, un plaidoyer pour le bonheur dès à présent, là où nous sommes. Et pour toujours.

09/2023

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Littérature française

L'homme qui rit. un roman philosophique de Victor Hugo

L'Homme qui rit est un roman philosophique de Victor Hugo publié en avril 1869 dont l'action se déroule dans l'Angleterre de la fin du xviie et du début du xviiie siècle. Il est notamment célèbre pour la figure mutilée dans un rire permanent de son héros éponyme qui a fortement inspiré le monde littéraire et cinématographique. Angleterre, fin du XVIIe. Un jeune lord est enlevé par une troupe de brigands et mutilé, la bouche fendue jusqu'aux oreilles. Abandonné durant une nuit d'hiver, l'enfant trouve refuge auprès d'un philosophe ambulant et devient saltimbanque, parcourant les routes et haranguant les foules aux côtés de son nouveau protecteur. C'est le début de quinze années d'errance pour celui qu'on surnommera, en référence à son visage défiguré, " l'Homme qui rit ". Mais, derrière ce sourire forcé, se cache une âme révoltée par l'arrogance de la noblesse... A travers la destinée extraordinaire de Gwynplaine, l'Homme qui Rit, Victor Hugo brosse un tableau épique de l'aristocratie anglaise des années 1700. A la fois roman d'aventures, exposé historique et social, drame injouable et poème visionnaire, ce roman est le plus fou de tous ceux de Hugo. C'est aussi le plus riche des obsessions de son auteur. Le bateau pris dans la tempête, le pendu servant de vigie, la cabane-théâtre des saltimbanques, les tirades philosophiques d'Ursus, les machinations du traître, la chirurgie monstrueuse, le portrait de la princesse perverse, l'or des palais et le scandale à la chambre des lords sont, plus que des morceaux de bravoure, des morceaux d'anthologie.

07/2018