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Sociologie politique

Tumultes N° 56, mai 2021 : Maurice Merleau-Ponty. La politique au coeur de l'oeuvre et des mondes

Issu d'une journée d'étude organisée par Marc Crépon, Emmanuel de Saint-Aubert et Jérôme Melançon, ce numéro interroge l'oeuvre du philosophe pour en retrouver le sens tant historique que contemporain en faisant retour sur des moments parfois négligés de l'oeuvre de Merleau-Ponty : ses écrits, à la fin de la guerre, sur la relation entre la morale et la politique ; ses références marxistes spécifiques dans la seconde moitié des années 1940 ; la signification politique contemporaine de la Note sur Machiavel ; la critique faite des Aventures de la dialectique ; enfin, sa position politique précise à la fin des années 1950, c'est-à-dire l'idée toujours pertinente d'un nouveau socialisme et d'un nouveau libéralisme. Les contributions réunies dans une première partie procèdent à une relecture de certains textes politiques de Merleau-Ponty afin d'en faire ressortir de nouveaux motifs. C'est ainsi que Cl. Dodeman présente les leçons et le réalisme anti-moraliste que le philosophe tire de la guerre et de l'occupation allemande, qu'A Feron montre comment sa relation de plus en plus critique au marxisme inclut néanmoins un retour à l'idée de dialectique qui prendra un nouveau sens, tandis que D. Belot voit dans Les aventures de la dialectique l'occasion pour Merleau-Ponty d'une redéfinition de son intention philosophique face aux nombreuses lectures critiques qui en ont été faites. J. Melançon exhibe pour sa part le travail politique effectué par le philosophe dans l'accompagnement critique des milieux mendésistes au moment où il s'agira de commencer à imaginer un régime au-delà du socialisme et du libéralisme. Une seconde partie s'inspire de la phénoménologie merleau-pontienne pour interpréter des situations contemporaines. Les luttes de femmes contre le développement hydroélectrique en Turquie (Ö. Yaka), celles des paysans qui se réapproprient des terres au Brésil (D. Furukawa Marques), ou encore les suites d'un conflit armé interne au Pérou (K. I. Mansilla Torres) gagnent ainsi une nouvelle intelligibilité et présentent la violence et le conflit à travers des récits personnels. Enfin, de nouvelles interprétations des thèmes de l'intersubjectivité et de la chair permettent une réévaluation et une réélaboration des idées politiques en Afrique (A. B. Lendja Ngnemzué) et au Japon (S. Matsuba). Ce numéro se veut donc avant tout une contribution à la philosophie politique contemporaine, qui puise à l'oeuvre de Merleau-Ponty pour faire sens du monde et d'une pluralité de rapports au monde.

06/2021

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Littérature étrangère

Quinte. Ou la version Landru

«Ciel vieux rose et garance, arbres de Judée et fuchsias en fleur, mûriers, puis le gris sage des oliviers après Valence.» C'est sur cette belle image de la Provence au printemps que s'ouvre Quinte, le cinquième et dernier volet du «Quintette d'Avignon» qui, à travers Monsieur, Livia, Constance et Sebastian, présente au lecteur une vue panoramique de la civilisation occidentale du vingtième siècle, d'un monde malade du judéo-christianisme et soumis aux agissements de Monsieur, le Prince des Ténèbres. Dans Quinte, personnages et événements s'ordonnent autour de la notion de quinconce, ce schéma sacré des gnostiques, dont Lord Galen et les autres rescapés de la tourmente vont tenter frénétiquement de percer le secret pour s'approprier le trésor caché jadis par les Templiers dans un quinconce de grottes proche du pont du Gard. C'est sur cette toile de fond que se détachent les autres motifs narratifs : l'aventure de Julio, le poète gitan, et de ses jambes, l'histoire de Sabine, l'Anglaise juive devenue bohémienne, la fin de la liaison de Constance avec Sylvie, la belle schizophrène, et sa réunion avec Blanford «après le long détour de leur passé». Car le moment est venu de nouer les fils de l'intrigue et les destins des personnages. Mais rien n'est fixé pour autant, nous prévient l'auteur, car, comme le dit Blanford, «c'est alors que se produisit l'imprévisible». Au moment où s'achève l'immense fresque de plus de quinze cents pages que constitue le «Quintette d'Avignon» Lawrence Durrell, plus que jamais, oppose aux tensions et aux angoisses du moi occidental boursouflé et omniprésent la sagesse de Bouddha qu'il décrit en ces termes : «Purifiée, sa vision du sublime était dégagée de toute contingence. Il entrevoyait l'essence même des choses et de la nature.» Ne serait-ce pas là le message du vieux sage de Sommières, la grande leçon du «Quintette» ? Ici, plus encore qu'ailleurs peut-être, la beauté sensuelle de la langue se mêle à la rigueur de la réflexion esthétique et métaphysique en une poétique tendue à la limite, parfois, de l'énigmatique, d'où jaillissent, au détour d'une page, tantôt une somptueuse évocation de la Provence ou de l'Egypte, tantôt une scène poignante ou cocasse. Quinte, un roman profond et drôle, bouquet final d'un long feu d'artifice dont la charge idéologique et poétique séduit à la fois et les sens et l'esprit.

05/1986

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Ecrits sur l'art

L'art qui guérit la mémoire

" Je me souviens mieux quand je peins. " Ainsi s'exprime l'artiste Hilgos qui a souhaité se remettre à la peinture à la fin de sa vie, alors qu'elle souffrait de la maladie d'Alzheimer, ce qui lui a permis d'en ralentir les effets, de préserver son identité fragilisée et son élan vital. Son expérience témoigne des vertus thérapeutiques des activités artistiques, des ateliers-mémoire, des visites de musées, qui parviennent à freiner les effets dévastateurs des maladies de la mémoire et favorisent une existence plus heureuse. Ces formidables pouvoirs de l'art sont bénéfiques à tous, que nous soyons ou non artistes, car toute connexion avec la beauté d'une oeuvre développe et enrichit notre mémoire. Dès ses origines, l'art témoigne du désir de se souvenir, en particulier des belles choses, qui sont souvent par essence éphémères. Par leur virtuosité et leur génie, les artistes explorent nos émotions et stimulent notre mémoire. Ils nous aident à mieux comprendre ce qui nous entoure et élargissent notre vision du monde, améliorant ainsi nos facultés de mémorisation. Cet ouvrage se propose d'explorer et d'analyser les pouvoirs de l'art sur notre mémoire : comment nous permet-il d'en prendre soin et de la développer ? comment parvient-il à frapper notre imagination pour imprimer les souvenirs dans notre esprit ? comment nous aide-t-il à mieux apprendre et à penser, à réorganiser notre passé pour prévoir l'avenir ? Ces liens étroits qui unissent art et mémoire sont observés dès l'Egypte antique, mais aussi à Stonehenge ou chez les bâtisseurs de cathédrales ; des liens connus de Dante, de Giotto, de Botticelli, de Michel-Ange, de Shakespeare, mais aussi de Vermeer ou encore de Dalí. Dans toutes les cultures du monde, les artistes témoignent du fait que l'art est indissociable de la mémoire. Magnifiques manuscrits enluminés du Moyen Age, fascinants motifs géométriques de l'art islamique, lignes mystérieuses de Nazca au Pérou, étonnantes peintures rupestres du canyon de Mesa Verde aux Etats-Unis : ces exemples universels attestent l'exceptionnel pouvoir de l'art sur la préservation de la mémoire. Grâce aux développements récents des neurosciences, nous en connaissons aujourd'hui les mécanismes. Nous savons que grâce à l'interaction avec la beauté des oeuvres, grâce aux émotions qu'elles suscitent, notre mémoire va se trouver stimulée et enrichie. Et plus encore lorsque la maladie nous touche, il est désormais acquis que l'art soutient et soigne nos mémoires défaillantes. Et n'est-ce pas là l'une des fonctions essentielles de notre cerveau que de se souvenir, de préserver notre mémoire mais aussi celle de l'humanité ?

11/2023

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Beaux arts

L'imaginaire des grottes dans les jardins européens

Dès l'Antiquité, puis de la Renaissance à nos jours, les grottes artificielles constituent un topos incontournable dans la création des jardins de toute l'Europe, soumis à d'infinies variations de formes, au gré des changements de goût, de l'excentricité des mécènes et de la fantaisie des concepteurs. Ce sont des milliers de grottes qui furent aménagées au cours des cinq derniers siècles selon des échelles extraordinairement variées allant de la simple niche abritant une petite fontaine à l'immense chaos naturel transformé en paysage sublime. Beaucoup ont disparu, en raison de l'extrême fragilité de ces décors précieux, mais d'admirables réalisations témoignent encore de cet engouement jamais démenti, notamment en Allemagne, en France, en Italie ou au Royaume-Uni, au Portugal et en Russie, en Finlande et Ukraine. En rendant compte sans volonté d'exhaustivité à travers plus d'une centaine d'exemples illustrés grâce à des prises de vue actuelles d'excellente qualité de la richesse de ce patrimoine relativement méconnu, l'ouvrage vise à explorer les enjeux de cette fascination ininterrompue pour les grottes de jardin et à mettre en lumière l'inventivité formelle et technique à laquelle elles ont donné lieu. Il ne s'agit pas d'aborder les grottes en tant que motifs autonomes et isolés, mais bien de les inscrire tant dans leur contexte spatial et culturel, en considérant le rôle qu'elles tiennent dans la composition et la poésie du jardin, l'écriture du relief et des eaux miroitantes ou jaillissantes, la narration de la statuaire, et la manière dont elles révèlent les aspirations de chaque époque ou de chaque individu. Une centaine de documents iconographiques illustrations encyclopédiques, peintures allégoriques, portraits, décors de théâtre, etc, permettent d'évoquer leur arrière-plan à la fois artistique, littéraire, scientifique, technique, religieux, philosophique ou encore anthropologique. Si le jardin opère comme microcosme, la grotte constitue à son tour un monde en réduction, une cristallisation de l'imaginaire s'incarnant dans des formes sensibles qui puisent à la réalité des lieux et poussent le vocabulaire ornemental à son paroxysme, qu'il relève du rustique, du grotesque ou encore de la rocaille. L'accumulation des matériaux et l'intensité des effets sonores et lumineux produisent des fantasmagories théâtrales ; la pénombre, les anfractuosités favorisent une intimité qui renvoie aux origines. Dépassant le simple catalogue par pays ou par périodes, les douze chapitres diachroniques de ce livre embrassent une série de catégories littéraires, esthétiques ou anthropologiques, qui, du primordial au profane en passant par le tellurique, le merveilleux et le diluvien, déclinent la poétique profonde des éléments et des émotions à l'œuvre dans la grotte.

10/2014

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Religion

Le catholicisme à l'épreuve de la démocratie

La démocratie est la seule base valable d'une vie commune dans une société humaine digne de ce nom. La démocratie est un cadre institutionnel dans lequel divers courants de pensée ou familles politiques introduisent en fait des contenus sensiblement différents. Aussi n'a-t-on pas fini de s'expliquer sur le sens et les exigences d'une authentique démocratie. L'Église catholique aujourd'hui ne fait pas exception : elle approuve et défend, comme étant le plus conforme à la dignité de l'homme citoyen, le modèle démocratique. Beaucoup pensent qu'elle a mis bien du temps à s'y rallier. Et certains iraient jusqu'à dire qu'elle l'a fait à son corps défendant. Il n'est pas contestable qu'en France, surtout, l'avènement de la démocratie a été, pour le catholicisme, une épreuve. Mais ce fut et c'est encore une épreuve de vérité. C'est ce que ces pages veulent montrer. Au prix d'inévitables raccourcis, cet ouvrage s'efforce d'indiquer où se situent exactement les malentendus que l'atmosphère polémique de la "guerre des deux France" a longtemps exacerbés. Le but est aussi et surtout de mettre en lumière la démarche qui, dans la fidélité au message évangélique et à la Tradition vivante de l'Eglise, permet de surmonter ces malentendus et d'envisager l'avenir. La société de cette fin de siècle ne pourra refaire ce socle de valeurs communes dont elle a un pressant besoin que moyennant une démocratie de participation vivante et active. L'Eglise catholique devrait pouvoir y contribuer, à condition qu'elle-même instaure en son sein, sans infidélité à sa vocation propre, la participation que réclame l'appellation de "peuple de Dieu". Une société de débats, une Eglise où le débat ait sa juste place : les temps que nous vivons ne nous permettront plus d'échapper à cette double exigence. S'il est une originalité de ce livre, c'est d'abord d'essayer, références à l'appui, de montrer la genèse et les motifs de la résistance de l'Eglise catholique à une certaine présentation de l'idéal démocratique. C'est aussi de mettre en relief ce qui, à l'étape présente, fait encore difficulté, tout en indiquant quelque issue possible à ce qui se présente comme une impasse; c'est enfin de tenter une esquisse d'une meilleure articulation de l'Eglise dans l'originalité de sa vie interne et du modèle démocratique accepté non par mode de concession, mais comme exigence de responsabilité.

05/1997

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Beaux arts

Delacroix. La liberté d'être soi

Eugene Delacroix (1798-1863) fut l'un des plus grands artistes français du XIXe siècle. Sa création artistique, riche, variée, multiple, le distingue. Héros de la génération mantique des années 1820, incarnant par ses succès teintés de scandale le renouveau de la peinture, il fut aussi l'un des plus grands peintres de décors religieux ou civils, jusqu'à la fin de se vie. Travaillant seul, n'ayant fondé ni école, ni atelier, il fut pourtant reconnu comme maître et modèle par bien des artistes après lui. Coloriste talentueux, sa pratique du dessin, ignorée de son vivant, fut une des grandes révélations de la vente après son décès. Habité par le génie de la peinture, sûr dès ses plus jeunes années de son talent, il fut tente par l'écriture, qu'il pratiqua toute sa vie - journal, correspondance, essais théoriques, courtes nouvelles. Snob, dandy, il fut un solitaire. Connu pour l'aventure magique de son voyage au Maroc, il fut pourtant un casanier, n'aimant rien tant que de rester chez lui, protégé par sa fidèle gouvernante. Porté par sa passion de la peinture, cet émotif se tint à distance des amours trop ombrageuses. Ces contradictions dessinent aux yeux de nos contemporains un Delacroix difficile à saisir, impossible à étique ou à classer. Peu font le lien entre le jeune homme romantique et le décorateur de l'Assemblée nationale, le voyageur au Maroc et l'homme introverti, l'amateur intellectuel et le dandy solitaire. Incarné pour beaucoup par la seule Liberté guidant le peuple, son oeuvre s'efface et semble difficile à lire face à ce tableau magistral devenu, avec la Troisième République, le symbole de la France républicaine. Delacroix apparaît ainsi, au début du XXIe siècle, célèbre mais obscur, peintre majeur mais homme discret. L'exposition qui lui a été dédiée en 2018, à Paris et à New York, a mis en valeur le richesse de sa création. En donnant la parole à Delacroix lui-même, grâce à la publication de ses écrits, ce livre cherche à faire découvrir la puissance de son oeuvre, sa diversité comme sa cohérence. Il s'attache à révéler le processus créatif de l'artiste, à la croisée des disciplines artistiques, et à rappeler son rôle insigne dans la vie artistique de son temps. Ses oeuvres, célébrées par Adolphe Thiers, Victor Hugo, Alexandre Dumas, Charles Baudelaire ou encore Théophile Gautier, ont ouvert la voie à une modernité picturale singulière, où la liberté que Delacroix prit à devenir soi, à mener au plus haut l'idéal qu'il portait en lui, joue un rôle crucial.

11/2018

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Intelligence artificielle

Intelligence Artificielle. Impact sur les entreprises et le business, 2e édition

L'Intelligence Artificielle ou IA est au coeur de nombreux débats et est le fer de lance de beaucoup d'entreprises. Il ne se passe plus une journée sans qu'une communication ne soit faite sur une nouvelle intelligence artificielle capable d'en faire plus que la précédente. La guerre industrielle est lancée et on peut facilement imaginer qu'elle ne se terminera que par une entité artificielle égale ou supérieure à l'humain. C'est dans ce nouveau monde qui se prépare qu'apparaît la branche cognitive de l'intelligence artificielle qui s'appuie sur des domaines et outils tels que l'apprentissage et l'auto-apprentissage, les réseaux de neurones, la langue naturelle, les arbres de décision dont les objectifs sont de déduire des faits marquants, repérer des motifs, prédire des tendances, imaginer de nouveaux services à mettre en place et ainsi aider l'humain à décider. Mais cela ne se fait pas sans inquiétudes, tout d'abord les biais qui peuvent fausser les interprétations et donc les décisions et ensuite l'impact que l'intelligence artificielle va avoir sur nos activités, nos rôles et nos métiers. J'ai voulu ce livre accessible au plus grand nombre : même s'il aborde parfois des points techniques assez pointus, chacun pourra y trouver les informations au niveau qu'il le désire ainsi que des sources d'information qui lui permettront, si nécessaire, d'aller plus loin. Cette deuxième version en plus des mises à jour diverses contient deux nouveaux chapitres dont l'importance est apparue ces dernières années, les biais et l'impact de l'intelligence artificielle sur les métiers. Bien que la structure de ce livre suive une progression, les chapitres peuvent être abordés séparément. Je décris tout d'abord les aspects et les domaines de l'intelligence artificielle, j'aborde ensuite les différents types de données et leur utilisation, puis je détaille le processus cognitif. Un chapitre est consacré à la transformation digitale des entreprises et je fournis des exemples concrets de cette digitalisation. Le chapitre suivant recense les différents types de biais et montre comment ceux-ci peuvent fausser l'interprétation et les décisions prises par les intelligences artificielles. Au vu de l'inquiétude et des questions qui émergent, il m'a apparu important de consacrer un chapitre à l'impact de l'intelligence artificielle sur les métiers. Enfin, pour terminer ce livre, je fais le tour des futurs probables de l'intelligence artificielle, leurs avantages et leurs risques, tels qu'ils sont décrits par certains de nos scientifiques, chercheurs et entrepreneurs.

12/2022

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Football

Notes sur le football

Il y a dans les moeurs, comme dans l'histoire, des conquêtes imprévues. La marche triomphale du football à travers les habitudes jusqu'alors si sédentaires de notre jeunesse française en est un nouvel exemple. Le football avait tout contre lui. Son premier défaut était d'être anglais. On nous répète à chaque instant que nous sommes des anglomanes renforcés. Cela n'est pas ; car à part le petit groupe de gommeux parisiens qui affectent de ne porter que du linge blanchi à Londres, il suffit qu'une mode arrive d'Outre-Manche, pour qu'elle éveille aussitôt des susceptibilités "patriotiques" dans la presse et dans l'opinion. De plus, le football faisait son entrée chez nous précédé d'une réputation nettement établie de brutalité : les mères françaises qui craignent les rhumes et les engelures ne pouvaient dès lors lui faire un accueil sympathique. Enfin, c'est un jeu collectif : il exige la formation de deux équipes de onze ou quinze joueurs chacune : pour se déployer à l'aise, ces équipes ont besoin d'un vaste espace de terrain plat et gazonné. Autant de motifs pour que les maîtres ne fussent pas favorables à une innovation qui allait forcément compliquer... Mais il faut signaler un dernier désavantage auquel nul de ceux qui ont popularisé le football en France n'avait songé, et dont, pour ma part, j'ai été long à me rendre compte. Il est impossible au spectateur qui n'est pas "au courant" de comprendre quelque chose à ce qui se passe sous ses yeux. Il voit une mêlée, des bras et des jambes enchevêtrés, des poitrines qui se heurtent, des mains qui se crispent, toute une série d'efforts auxquels il s'intéressera s'il est peintre ou sculpteur, qui lui feront horreur s'il est pédagogue ou s'il a simplement l'âme sensible. Comment, en face de ce travail intense des muscles, la pensée lui viendrait-elle que des forces intellectuelles et morales sont, au même moment, mises à contribution et que rien ne sommeille dans l'être qui se débat là devant lui ? Les journalistes, horrifiés, en firent de terribles descriptions, propres à donner la chair de poule aux parents les moins craintifs ; des listes de tués et de blessés, importées d'Angleterre, circulèrent comme pièces à l'appui ; certains proviseurs prirent sur eux de l'interdire aux lycéens. Rien n'y fit : la marée monta avec une parfaite régularité. Les jeunes gens mirent, à vaincre tous les obstacles, une persévérance dont nul ne les aurait crus capables.

04/2021

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Ecrits sur l'art

L'art et le nombre

Les nombres sont " l'étoffe " du monde dans la pensée pythagoricienne, ils sont les principes qui gouvernent toutes choses. L'oeuvre d'art n'échappe pas à un tel constat. Qu'elle soit figurative ou abstraite, elle s'appuie forcément, inconsciemment ou non, sur un rythme et des proportions, par conséquent sur le nombre, et c'est encore plus manifeste lorsqu'un nombre est central dans son sujet, historique ou fictif. Robert Bared nous invite à envisager la façon dont les oeuvres artistiques sont régies par le nombre des éléments qu'elles renferment - objets, personnages, motifs structurels. Plus largement, il explore la présence esthétique et symbolique des nombres dans tous les arts de l'humanité. Comment a-t-on représenté le zéro en art ? Pourquoi l'Arc de triomphe de l'Etoile, à Paris, a-t-il une seule arche ? Comment s'organise le champ pictural de la gémellité, du dédoublement dans le miroir ? A quoi correspond la figuration de la vie humaine en trois âges, et parfois en quatre ? Quels courants artistiques favorisèrent le format carré en peinture ? De quel symbolisme relève la pagode bouddhique à cinq étages ? De quand date l'analogie entre le territoire de la France et l'hexagone ? Quels sont les chiffres sacrés du christianisme ? Pourquoi le 9 est-il l'emblème de la Béatrice de Dante ? En réalité, les oeuvres, littéraires, plastiques, musicales qui accueillent les nombres, nous parlent de notre rapport secret à eux. On peut se trouver à l'aise dans la symétrie et l'équilibre de l'art classique, ou bien " préférer l'impair " , comme Verlaine. Un nombre peut devenir le prisme à travers lequel nous regardons le monde et percevons nos relations aux autres ou à nous-mêmes. Nous ne vivons pas de la même façon notre rapport au 1, à la bienfaisante ou labyrinthique solitude ; au 2, entre narcissisme et altérité amoureuse ; au 3, qui accueille des registres très divers, largement représentés dans la fiction, depuis la cocasserie du trio de boulevard jusqu'aux drames de l'amour triangulaire. Centré sur une approche artistique des nombres, ce livre croise pour la première fois le symbolique et l'esthétique. Il explore les neuf premiers nombres à travers autant de chapitres illustrés par les neuf arts répertoriés, des arts plastiques à la bande dessinée, même si la peinture et l'architecture se taillent une place prépondérante. D'essence encyclopédique et fort d'une objectivité pédagogique, l'essai de Robert Bared se lit aussi comme une invitation sensible à une autre intimité du monde.

05/2021

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Littérature française

Malentendus

L’univers de Marie-Claude et Yves Laporte vacille lorsqu’ils découvrent que leur second fils, Julien, est sourd. Un temps déstabilisé, Yves Laporte n’est pourtant pas du genre à baisser les bras ou sombrer comme son épouse dans la culpabilité. Déterminé à surmonter la fatalité, à corriger la surdité de son enfant, il s’abreuve de lectures et décide de suivre les préceptes de Graham Bell, l’inventeur du téléphone qui fut d’abord professeur d’enfants sourds. Armé des meilleures intentions, il prétend démontrer la validité des thèses oralistes de Bell, projette bientôt d’en tirer un livre et de faire, en somme, de la surdité sa chance. Mais Julien va dévaster une seconde fois toutes les projections paternelles en s’enfuyant de la maison à vingt ans, brisant le joug paternel pour découvrir à Paris la langue des signes. Il ne reviendra qu’un quart de siècle plus tard afin de solder ce lourd héritage, devenu père à son tour, sûr de lui, de sa réussite au sein de la communauté sourde et de ses propres thèses. Dans la continuité de ses romans précédents qui mêlaient déjà fiction, enquête et témoignage, Bertrand Leclair déploie une construction étonnante et pourtant fluide, juxtaposant les strates temporelles pour mieux libérer l’émotion dans le millefeuille du temps. Déroulant en toile de fond la grande histoire, celle des sourds tiraillés entre communautarisme et assimilation, il cherche à atteindre une autre vérité de l’expérience humaine, explorant l’intime à travers les projections et les convictions inavouables que chacun, dans la famille de Julien comme dans celle du narrateur, se forge en secret. Quand la surdité s’invite dans le roman familial, voilà en effet que ce dernier se délite, que la trame ordinaire des non-dits et des malentendus laisse deviner des motifs jusqu’alors invisibles, voilà que les sentiments qu’on croyait les meilleurs peuvent se révéler les pires. S’invite alors la question de l’amour, à rebours des mécanismes d’admiration et de reconnaissance qui commandent le plus souvent au destin des familles. De ce montage surprenant, guidé par une implication personnelle constante et assumée, naît un récit à la fois romanesque et pédagogique. Du malentendu à la malédiction, cette histoire collective aussi passionnante que sidérante ouvre à un questionnement qui l’excède à son tour : comment dépasser les peurs qui nous agissent à notre insu, dépasser la haine inconsciente qu’elles génèrent ? En français comme en langue des signes, l’amour est-il voué à demeurer une langue étrangère ?

01/2013

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Littérature française

Portraits birmans. Dix-Neuf Vues de la Shwedagon

Avec Dix-neuf Vues de la Shwedagon, Sébastien Ortiz, attaché culturel à l’ambassade de France en Birmanie (aujourd’hui Myanmar) publie son deuxième roman, qui, à l’instar du premier, Fantômes à Calcutta (Arléa, 2010), est nourri de son expérience à la fois de diplomate, de spécialiste des civilisations asiatiques, mais aussi d’insatiable curieux de la vie quotidienne. Avant tout, dévoilons le mot mystérieux que Sébastien Ortiz a choisi pour titre de son roman. La Shwedagon (de shwe, « or », et dagon, « ancien nom de Rangoun ») est le nom de la grande pagode de Rangoun (aujourd’hui Yangon), lieu saint bouddhique le plus important de Birmanie, qui abriterait huit cheveux du Bouddha historique Gautama. Située à deux kilomètres du centre de Rangoun, au sommet de la colline de Singuttara, la grande pagode se dresse au milieu de soixante-douze autres pagodes, pagodons, salles de prières et autres édifices, ainsi que de très nombreuses statues de bouddhas. Son stûpa atteint cent mètres de hauteur, et sa flèche est sommée d’une sphère d’or incrustée de milliers de diamants. Pour nous, Occidentaux, la Birmanie est un des pays le plus maudits de la Terre, avec ses généraux, la répression constante contre les moines et tous les opposants, mais, aussi, la haute figure de la grande Dame de Rangoun, Aung San Suu Kyi, prix Nobel de la paix 1991. Les abominables contraintes qui pèsent sur elle et sur tous les Birmans, offusquant les images des tentatives de soulèvement toujours réprimées par une soldatesque brutale, nous empêchent d’imaginer que, malgré la terreur, tout un peuple essaie de vivre au quotidien, se débattant, comme partout ailleurs, avec ses préoccupations vitales – santé, travail, nourriture, et même divertissement… Tout au long de ces dix-neuf vues (qui sont aussi dix-neuf vies), Sébastien Ortiz nous révèle les mille facettes qui illustrent la vie quotidienne des « vrais gens », et cet éclairage tout à fait nouveau, s’il nous émeut bien souvent, ne manque pas de nous étonner. On vit, malgré tout, en Birmanie, à Rangoun, et nous le prouvent ces dix-neuf portraits de Birmans et d’expatriés qui se rendent à leur travail, vont en week-end à la campagne, « sortent en boîte », et, pour certains, recherchent, le soir, la chaleur tarifée et vite éteinte d’une prostituée. Ce qui lie entre elles ces « vues » et ses vies, c’est bien sûr l’omniprésence de la Shwedagon, fil rouge incontournable au centre de la ville. Mais d’autre part, et même si, cette fois, ce n’est pas dit dans le titre, la grande Dame de Rangoun est elle aussi partout étrangement présente, par allusions discrètes, et l’on devine qu’elle est aussi nécessaire, aussi indispensable aux habitants de la ville que la grande pagode. Un air un peu plus léger semble souffler aujourd’hui sur ce pays, qui fait entrer la Birmanie dans l’actualité de nos médias. Peut-être est-ce de bon augure à la fois pour le pays, pour la grande Dame, et pour le succès de ce beau roman.

04/2012

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Sciences politiques

L'Afrique des grands lacs. Annuaire 2011-2012

Après les élections générales au Burundi en 2010 et en Ouganda au début 2011, celles présidentielle et législatives en RDC et sénatoriales au Rwanda fin 2011 ont une nouvelle fois exposé le caractère largement symbolique des scrutins dans la région. Malgré les nombreuses irrégularités observées pendant l'élection présidentielle au Congo, le président Kabila a été réinvesti et un nouveau gouvernement a été formé qui dispose d'une majorité confortable à l'Assemblée nationale ; mais la légitimité des institutions est contestée tant à l'intérieur qu'au niveau international. Au Rwanda, à l'issue d'une procédure opaque entièrement contrôlée par le FPR, les sénateurs "élus" ont été en réalité désignés par le parti au pouvoir. Les tensions politiques demeurent considérables. Au Burundi, le dialogue entre le CNDD-FDD au pouvoir et l'opposition réunie au sein de la coalition ADC-Ikibiri tarde à se mettre en place, l'insécurité reste un problème, des mouvements rebelles (qui pour l'instant ne menacent pas le pouvoir) se profilent, la justice transitionnelle se fait attendre. Au Rwanda, la répression de l'opposition continue et le pouvoir se rend coupable d'assassinats politiques, à l'intérieur du pays et à l'étranger. Au Congo, le contrôle territorial par l'Etat reste faible, en particulier dans l'Est où l'on assiste à l'émergence de nouvelles rébellions voire de velléités sécessionnistes appuyées en sous-main par le Rwanda. En Ouganda, le pouvoir issu du scrutin de février 2011 est contesté sur fond de déclin économique ; en même temps, les perspectives de l'exploitation prochaine des ressources pétrolières soulèvent des questions sur la capacité et la volonté du gouvernement d'en faire un moteur de l'économie et de la lutte contre la pauvreté. Les dynamiques violentes sont en partie transfrontalières. Des mouvements rebelles ougandais, rwandais et burundais opèrent sur le territoire congolais, les abus commis par la LRA se sont depuis longtemps déplacés en RDC et en République Centrafricaine, et les minerais de sang continuent d'être exportés frauduleusement. La déstabilisation par le Rwanda de son voisin congolais a valu à Kigali, qui nie les faits contre toute évidence, une forte condamnation de la part de ses plus importants appuis internationaux. Même si les problèmes de gouvernance politique et l'insécurité continuent de caractériser la région, certains pays ont pu réaliser de bonnes performances économiques au cours des dernières années. Le Rwanda surtout a impressionné, avec une croissance annuelle d'au moins sept pour cent durant les cinq dernières années, croissance accompagnée d'après une enquête nationale publiée au début 2012 d'une réduction de la pauvreté et des inégalités. Cette performance de l'économie rwandaise alimente le débat plus large sur le lien entre la bonne gouvernance et le développement économique. Ainsi, certains observateurs s'opposent à la vision orthodoxe de la bonne gouvernance et avancent la thèse d'un "Etat de développement néo-patrimonial". Par l'analyse de thèmes d'actualité dans les domaines politique, social et économique, cet Annuaire offre des clés pour une lecture de l'évolution de la région des Grands Lacs en 2011 et au premier trimestre de 2012.

12/2012

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Compositeurs

Luciano Berio. Coro

Coro de Luciano Berio est l'une des oeuvres magistrales de la musique récente, une oeuvre qui marque l'aboutissement du travail que le compositeur a effectué sur la voix. Composée entre 1974 et 1976 pour une formation insolite de 40 chanteurs et 40 instrumentistes disposés sous forme d'autant de duos voix et instrument, l'oeuvre fut créée en 1976 à Donaueschingen sous la direction du compositeur, puis augmentée d'une partie supplémentaire, à Graz en 1977 sous la direction de Leif Segerstam. Dans sa forme, elle présente une alternance entre des parties solistes et des parties chorales : les premières croissent jusqu'à rejoindre les secondes, les duos s'additionnant les uns aux autres, les secondes décroissant jusqu'à devenir des parties solistes. Berio croise également des textes de provenance diverses : d'une part des poésies pour la plupart anonymes, qui glorifient l'amour, d'autre part, un poème de Pablo Neruda qui renvoie à la répression d'une manifestation populaire et au sang qui coule dans les rues. La musique elle-même est faite d'emprunts à différentes musiques populaires, y compris celle des Pygmées révélée par l'ethnomusicologue Simha Arom, qui joue un rôle important ; ces différentes sources sont absorbées par le langage personnel de Berio. Cette fresque d'une heure environ est donc plus qu'une oeuvre de musique destinée au concert : comme Sinfonia composée quelques années plus tôt, elle pose des questions éthiques, politiques et esthétiques, exprimant à travers la musique l'utopie d'une assemblée humaine faisant fi des différences de culture et d'identité. En ce sens, Coro pourrait être perçu dans le sillage de la Neuvième Symphonie de Beethoven, comme un hymne à la fraternité et à la liberté. L'oeuvre offre des perspectives constamment changeantes, tantôt à partir des individus, qui se multiplient, tantôt à partir de la masse, qui se divise et emporte l'auditeur dans son flux ininterrompu, d'une expressivité et d'une vitalité irrésistibles. Alain Poirier donne un grand nombre de clés pour mieux pénétrer le sens de cette oeuvre. Il offre d'abord une remarquable synthèse de la musique et de la pensée de Berio, puis aborde sa manière de traiter les relations entre texte et musique, qui constituent un aspect essentiel de son style. Etudiant les diverses facettes de Coro, il s'attarde tout particulièrement sur la manière dont Berio a construit le soubassement harmonique de l'oeuvre, qui lui confère son unité, sa cohérence profonde. C'est la partie la plus analytique de cette étude par ailleurs tout à fait abordable par les profanes. Dans un chapitre conclusif, il s'attache à l'impact de l'oeuvre et à sa réception. Curieusement, cette oeuvre majeure du répertoire contemporain n'avait pas fait jusque-là l'objet d'une étude approfondie. Sa diffusion a sans doute été freinée par un dispositif vocal et instrumental particulier, non standard. Mais Coro n'en demeure pas moins une des réussites les plus éclatantes de la musique récente, une oeuvre d'une immense générosité, et qui ne peut laisser indifférent.

03/2023

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Presse, audiovisuel

Pratique du droit de la presse. Loi du 29 juillet 1881, liberté d'expression, droits de la personnalité, responsabilités civile et pénale des médias, 4e édition

Tout le droit de l'expression publique : presse écrite, édition, télévision, radio, Internet et réseaux sociaux. L'information, et plus généralement l'expression publique, sont des activités encadrées par de nombreuses règles. La première d'entre elles et la plus emblématique est la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse, qui représente lapproche dun compromis optimal entre l'exercice de la liberté fondamentale de linformation et la protection des droits des personnes. Son principe de liberté, limité par des incriminations précises (la diffamation, linjure, la provocation à la discrimination ou la haine...) et ses mécanismes de régulation de linformation, tels que les droits de réponse et de rectification, restent une référence. Cette loi a su s'adapter aux problématiques nées des nouvelles technologies et des nouveaux médias et à leurs formes dexpression inconnues jusqualors, et régit lensemble du monde de la communication. Mais ce bloc de règles n'est pas le seul, loin s'en faut, à régir cette activité. D'autres textes ont pris une grande importance. Il en va ainsi des droits de la personnalité, notamment la protection de la vie privée et de l'image, dont le contentieux n'a cessé de croître depuis l'introduction de l'article 9 du Code civil en 1970. Il ne faut pas non plus oublier les multiples infractions régissant l'expression publique qui figurent dans le Code pénal ou le dénigrement qui relève de l'action en responsabilité civile. Cet ensemble hétéroclite est en outre menacé depuis peu par l'hégémonie du droit des données personnelles, qui voudrait s'imposer comme instrument de régulation des contenus dans l'univers numérique. Enfin, notre droit de linformation senvisage aujourdhui autant dans un cadre purement national que dans le contexte dun droit européen très riche résultant de lapplication de la Convention européenne de sauvegarde des droits de lhomme et des libertés fondamentales, exigeant du juge qu'il renouvelle ses pratiques, pour tenir compte de notions telles que l'intérêt général ou le principe de proportionnalité. Tous ces aspects sont traités et abondamment illustrés dans ce livre, dont la quatrième édition a été considérablement enrichie, à la fois pour embrasser l'intégralité du droit de la presse y compris l'ensemble des règles ne figurant pas dans la loi du 29 juillet 1881, et pour intégrer les évolutions résultant dune jurisprudence foisonnante et des derniers textes parus, tant au plan national qu'européen. Il s'agit au premier chef d'un véritable manuel pratique et pédagogique destiné aux professionnels de la presse et à tous les praticiens du droit : avocats, magistrats, juristes dentreprises, mais l'auteur n'hésite pas non plus à aborder en profondeur des questions plus théoriques qui intéresseront enseignants et étudiants. Christophe Bigot est avocat au barreau de Paris, membre du comité éditorial de la revue Légipresse, et auteur de nombreux articles consacrés au droit de la presse dans des revues de référence. Il nous livre ici le fruit de trente années de pratique quotidienne du droit de la presse pour le compte des médias les plus divers, d'entreprises et de personnalités de tous horizons.

08/2023

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Critique littéraire

Revue de la Bibliothèque nationale de France N° 61, octobre 2020 : Singeries

" Singeries : tableaux représentant des primates déguisés en humains dans des scènes comiques dans la France du XVIIIe siècle ; grimaces des hommes, en référence aux soi-disant mimiques de leurs cousins primates. " Une ressemblance troublante Ce dossier de la Revue de la Bibliothèque nationale de France remonte aux bases de l'histoire naturelle et de la primatologie, avec " Jocko ", petit chimpanzé que Buffon fait naturaliser assis sur un tabouret. D'emblée, c'est la ressemblance physique du singe avec l'homme qui interroge : une autre discipline s'en empare, la physiognomonie, qui entend déduire la personnalité d'un individu à partir de son apparence physique. Pour autant, Lavater, son fondateur, ne s'y intéresse que pour le maintenir à distance. se méfie des comparaisons hâtives avec les animaux et réaffirme au contraire la supériorité de l'homme (du fait de ses convictions religieuses). Il faut attendre les Lumières puis la théorie de l'évolution des espèces de Darwin (1858) pour soustraire l'homme du cadre biblique et l'insérer au sein du règne animal. L'apparition du grand singe en Europe, à travers les circuits de l'esclavage notamment, pose la question des limites de l'humain. Un imaginaire raciste se diffuse alors par l'intermédiaire des zoos humains et des spectacles de freak shows, remplacés à partir des années 1930 par l'industrie du cinéma. Les " singeries " dans les arts Dans les arts picturaux et ornementaux, la représentation du singe et plus largement de l'animal évolue : si le motif simiesque est très apprécié dans l'Antiquité, il devient plus rare dans l'imagerie chrétienne, car associé au péché et très vite relégué à un statut purement décoratif qui annonce les singeries du XVIIIe siècle, comme chez Chardin ou Grandville. Au cours du XIXe siècle, le singe est de moins en moins représenté sous une forme anthropomorphique. Influencé par la société protectrice des animaux (fondée en France en 1845), l'art animalier se renouvelle en profondeur, remettant en cause la suprématie de l'homme dans la hiérarchie naturelle. Le rapport homme-singe a beaucoup inspiré la littérature, brouillant les frontières inter-espèces. Les premiers orangs-outans, exhibés au début du XIXe siècle, comme dans la nouvelle d'Edgar Poe L'Orang-outan, nous renvoient l'image de notre propre bestialité. De même, Pierre Boulle qui publie en 1963 La Planète des singes, adapté au cinéma en 1968, s'interroge sur la nature conflictuelle et mimétique des relations entre l'homme et l'animal. Les singeries du côté des singes Le singe est-il véritablement cet imitateur divertissant que l'on s'est plu à définir au fil des siècles ? L'imitation est un processus essentiel de l'apprentissage chez les primates, comme le démontre l'expérience menée avec Nénette, orang-outan le plus célèbre de la ménagerie du Jardin des Plantes. Pour revenir sur ce mythe de singe imitateur, Sabrina Krief, primatologue et professeure au Muséum national d'histoire naturelle, spécialiste des relations entre humains et grands singes, analyse les comportements de ces derniers en Ouganda, de l'automédication à l'apprentissage. Elle milite pour la reconnaissance de la vulnérabilité des primates et de leur environnement : ces espèces doivent être mieux connues pour être mieux protégées pour leur valeur intrinsèque, et non parce qu'elles répètent des scénettes inculquées sous la contrainte du dressage. Rubriques " Autour d'une oeuvre " dédié à la première " revue du nu ", Le Nu esthétique (1902), à mi-chemin entre académisme et érotisme " Découverte " de l'art des feux d'artifice au XVIIe siècle à partir de manuscrits conservés à la BnF Une " galerie " consacrée à un passionné de théâtre, Guillot de Saix, et à son don au département des Arts du spectacle " Innovation " (à confirmer) : la naissance du patrimoine numérique (E. Bermès)

10/2020

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Sociologie

L'attestation

" Je soussigné(e) certifie que mon déplacement est lié au motif suivant... " Chacun d'entre nous se souvient de ces auto-attestations à remplir comme du confinement qui les accompagnait. Cet ouvrage a pour ambition de revenir sur ce moment littéralement extra-ordinaire au regard des questions qu'il a soulevées en matière de suspension des libertés et d'obéissance collective. Les sociologues Théo Boulakia et Nicolas Mariot reviennent sur ce temps si particulier du printemps 2020 durant lequel les habitants de ce pays n'eurent plus le droit de sortir de chez eux que sous des conditions très restrictives. Le livre met en avant la singularité de l'expérience alors vécue : en quelques heures, tout un chacun, quel que soit son lieu de vie, son métier ou son niveau de revenu, s'est retrouvé soumis aux mêmes obligations. En ce sens, le confinement constitue une occasion historique rare d'étudier l'obéissance et le conformisme vis-à-vis de l'Etat. Ces enjeux, souvent posés sur un mode très général et abstrait, prennent pour l'occasion des formes concrètes : les personnes les plus aisées et éduquées ont-elles vraiment été plus respectueuses des règles que les plus précaires et fragiles ? Celles qui sont habituées à donner des ordres plus que celles qui, en temps normal, les reçoivent ? Si l'ouvrage apporte des réponses claires à ces questions, c'est parce qu'elles s'incarnent dans une situation observable et mesurable : le contrôle par la police de la présence en extérieur. Du jour au lendemain en effet, des gens qui n'étaient d'habitude jamais contrôlés se sont retrouvés soumis au regard inquisiteur des forces de l'ordre. C'est cette extension du contrôle de police à toutes et tous qui représente à la fois la principale nouveauté imposée par l'événement et le fil directeur du livre. Pour ce faire, les deux auteurs ont mené une enquête fondée sur des matériaux originaux : réponses de plus de 15000 personnes, dans le temps même du confinement, à un questionnaire en ligne, données statistiques sur les contrôles et les verbalisations, ou encore innombrables " histoires du confinement " tirées de la presse locale et de la communication des forces de l'ordre. De façon très originale, afin d'entrer dans le coeur du sujet, les auteurs ont imaginé une " foire aux questions " qui permet de poser des définitions et de situer la spécificité du printemps français au regard des choix opérés ailleurs dans le monde, notamment chez nos voisins européens - on pourra même se faire son propre avis sur où... passer le prochain confinement ! L'argumentation est constamment étayée et vivante : chacun. e pourra s'y retrouver, notamment dans le rappel de l'exubérance de certaines restrictions locales décidées par les préfets et les maires. Parmi les nombreux apports de l'ouvrage, on peut mettre en avant le chapitre central qui montre comment l'omniprésence policière a produit un " inquiètement " du dehors, rendant aussi bien compte des décisions d'enfermement que de la tentation des excursions interdites. Mais encore l'effort mené pour décrire l'ampleur du travail de surveillance déployé sur tout le territoire : dans le Lot, par exemple, le nombre de contrôles de l'attestation fut plus élevé que celui de la population adulte du département ! Le livre propose aussi une riche réflexion sur la délicate question de la mesure du conformisme (qu'est-ce qu'obéir ? comment repérer " la triche " ? ). Enfin il soulève celle, tout aussi complexe, du rôle du genre : comment expliquer, sans tomber dans des stéréotypes, que les femmes se soient montrées plus " respectueuses " du confinement que les hommes ?

09/2023

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Histoire de France

La Régence absolue. Philippe d'Orléans et la polysynodie (1715-1718)

Au matin du 2 septembre 1715, alors qu'il vient d'être désigné régent par le Parlement de Paris, Philippe d'Orléans annonce qu'il entend modifier la forme du dispositif gouvernemental prévu, dans son testament, par Louis XIV. Celui-ci souhaitait que, pendant la minorité du roi (Louis XV est encore un enfant), un conseil unique, le Conseil de Régence, préside aux destinées du royaume, assisté par des ministres et des secrétaires d'Etat. Philippe d'Orléans estime en revanche qu'ayant besoin des lumières de chacun, il est plus opportun de créer plusieurs conseils, chargés d'assister dans sa lourde tâche le Conseil de Régence. Quelques semaines plus tard, sept conseils, placés à la tête des départements ministériels, remplacent les secrétaires d'Etat, pierre angulaire du système institutionnel louis-quatorzien. Et c'est ainsi que durant trois ans, de 1715 à 1718, la France fut gouvernée par cette administration, qui marqua le retour aux affaires de la noblesse d'épée. Elle passera à la postérité sous le nom de "polysynodie" (gouvernement par conseils). A l'image de la Régence de Philippe d'Orléans, souvent réduite à une époque de libertinage, "où l'on faisait tout sauf pénitence" s'il faut en croire Voltaire, la polysynodie, tantôt qualifiée de "piège à nobles", tantôt présentée comme une vaine réforme qui ne suscita que désordre dans l'administration, a souvent été dénigrée : une véritable "pétaudière" selon Saint-Simon ! Mais du fonctionnement réel de ce gouvernement, nous n'avons qu'une connaissance très vague. C'est ce vide historiographique que cette étude, totalement novatrice, comble, en démontant, pour la première fois, la mécanique de cet édifice institutionnel ; en revenant aussi sur les circonstances de sa création et sur les véritables motifs de sa suppression. Avec le Régent, avec le duc de Noailles, avec le duc de Saint-Simon ou encore avec le comte de Toulouse, nous assistons aux séances des conseils ; nous suivons pas à pas le cheminement des dossiers, depuis les provinces du royaume jusqu'à la table du Conseil de Régence présidé par Philippe d'Orléans ; nous pénétrons dans le secret des cabinets de travail ; nous découvrons les taches réservées aux commis de l'administration, tandis que se dévoilent les multiples discussions et intrigues qui agitent la Cour... A la fois réflexion sur les pratiques gouvernementales, essai sur la vie politique des premières années de la Régence, une Régence absolue bien éloignée des clichés qui lui sont souvent accolés, ce livre, fondé sur un travail d'archives jusqu'à présent jamais étudiées, jette un éclairage neuf et inattendu sur les arcanes et les "mystères" de l'Etat moderne et contribue à l'intelligence de l'ancienne royauté, en ces années décisives qui séparent le Siècle de Louis XIV du Siècle des Lumières.

04/2011

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Littérature française

Contes des Indiens d'Amérique du Nord

La collecte réalisée par Stith Thompson demeure indépassable pour plusieurs raisons. Il a eu accès aux meilleures sources anciennes. Les premières collectes commencent dès 1633 avec les Jésuites et, en les comparant avec des versions plus récentes, Thompson a pu vérifier que leur forme avait été très peu altérée, surtout pour les contes de Création, et retenir des contes ancestraux. Il a pu aussi profiter des vagues successives de collectes : une seconde entreprise de collecte commence en effet dans la seconde moitié du XIXe siècle. Elle a le mérite d'être massive mais a souvent le défaut de ne pas toujours coller au style du conteur d'origine et de ne pas prendre assez en compte les variantes. Sous l'influence de Franz Boas, les collectes deviendront plus scientifiques et plus systématiques, couvrant l'ensemble du continent nord-américain. Aucun peuple primitif n'aura gardé autant la trace de ses mythes, contes et légendes, étant entendu qu'il est impossible et vain scientifiquement de vouloir en entreprendre le classement de ce point de vue. Disposant donc d'un corpus immense (issu de rapports, de journaux, de publications antérieures ou récentes des sociétés savantes, des collectes antérieures), Stith Thompson, déjà célèbre pour la classification de tous les contes européens avec Anti Aarne, qui est encore la " bible " de tous ceux qui s'intéressent aux contes (avec la célèbre numérotation AT qui figure dans The Types of Folk-tales : a classification and bibliography, Helsinki, 1961), va tenter avec cette anthologie de choisir à la fois les contes les meilleurs et les plus représentatifs des différentes tribus en couvrant la totalité des régions d'Amérique du Nord et d'organiser l'ensemble en neuf chapitres mettant ainsi en relief tous les types de contes, tout en ayant conscience que les contes peuvent déborder les principes de classification et qu'ils pourraient parfois être intégrés à des chapitres différents. Par rapport à toutes les collectes existantes actuellement, plus d'une cinquantaine, dont certaines récentes, celle de Stith Thompson reste incomparable, d'autant que les annexes permettent de relier chaque conte à son origine géographique, à sa tribu comme aux motifs qu'il contient. Même si nous devons être conscients que lors du passage de l'oral à l'écrit, de la langue tribale d'origine à l'anglais, nous avons sûrement perdu quelque chose, le trésor rassemblé par Thompson n'en reste pas moins un trésor qui sans son travail aurait disparu (les collectes ou les tentatives de mises à l'écrit les plus récentes auprès de certaines tribus sont souvent décevantes, comme si, comme en Europe, quelque chose avait été définitivement perdu au XXe siècle).

03/2012

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Art textile

Hélène Henry. Les tissus de la modernité, Edition bilingue français-anglais

Née en 1891, passionnée par la peinture et la musique, Hélène Henry n'a jamais suivi aucune formation spécifique lorsqu'elle arrive à Paris, à 25 ans. Elle commence par acheter un petit métier à main, s'installe dans un atelier et crée des écharpes qu'elle vend à des couturiers comme Worth ou Nicole Groult. Elle apprend seule à se servir de son métier à tisser et en 1923, elle montre des essais à Francis Jourdain, dont les poteries l'inspirent. Il expose ses créations dans sa boutique et la présente à Pierre Chareau et au cercle de leurs amis "modernes" (Paul Poiret, Pierre Legrain, Jacques-Emile Ruhlmann). La même année, elle s'installe dans un atelier plus grand. H. Henry dessine et peint : bandes, rayures, damiers, motifs géométriques ou dégradés subtils d'une seule teinte. Elle expérimente de nouvelles techniques pour juxtaposer ou opposer des matières ou des points de tissage, en invente de nouveaux. Par le jeu des reliefs et des masses, ses créations semblent être réalisées en trois dimensions. Elle est la première en France à utiliser des fibres artificielles, rayonne ou viscose-fibrane, qu'elle croise avec des fils de coton et de laine. En 1925, elle participe à l'ambassade française du pavillon de la Société des artistes décorateurs (SAD), qui lance le style Arts déco lors de l'Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes de Paris, où ses tissus sont exposés dans le bureau-bibliothèque de P. Chareau et dans la salle de repos. Elle quitte la SAD en 1929 pour participer à la fondation de l'Union des artistes modernes (UAM), aux côtés de Mallet-Stevens, Herbst, Jourdain, Templier, Charlotte Perriand, Sonia Delaunay et d'Eileen Gray, entre autres. Elle reçoit des commandes pour la Villa Noailles de Mallet Stevens, à Hyères (1924) ; le palais du maharajah d'Indore (1930) ; le palais de la Société des nations, à Genève ; le paquebot Normandie ; l'Exposition internationale des arts et techniques de Paris en 1937. Après la guerre, elle participe, avec ses anciens amis de l'UAM, aux expositions de la section "Formes utiles" du Salon des arts ménagers où elle décline ses écossais, ses bandes et ses constructions rigoureuses. Mais ses créations, réalisées à la main, en exclusivité pour un client précis, ne trouvent plus preneur : ses remarquables pièces uniques ne peuvent lutter avec les tissus industriels qui arrivent sur le marché européen. Elle supervise cependant le tissage de ses modèles jusqu'à sa mort, en 1965. 20 ans plus tard, son talent est redécouvert grâce à des galeristes spécialisés et à des expositions comme Les Années UAM, au musée des Arts décoratifs de Paris, fin 1988-début 1989, ou Pierre Chareau, au Centre Pompidou à Paris, (1993-1994).

08/2021

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Littérature étrangère

Les quarante colonnes du souvenir

Traduit de l'allemand (suisse) par Dominique Laure Miermont Dans l'un des beaux et vastes jardins de la ville perse d'Ispahan se dresse, à l'extrémité d'une pièce d'eau qui, telle une rivière, s'étire à travers des parterres de roses, un petit palais appelé "? Chehel Sotun ? ". Ce nom signifie "? Quarante Colonnes ? ". Et de fait, cet édifice ravissant, aérien, se résume à une forêt de minces colonnes en bois qui, soutenant un toit impondérable et plat, s'élèvent en vain comme de jeunes troncs aspirant à atteindre le ciel ? ; quant au mur du fond, chamarré de mosaïques extraordinairement délicates aux motifs d'arabesques, de fleurs et d'étoiles, il est à peine visible dans la fraîcheur feutrée du portique. Cependant, si l'on compte les colonnes une à une, on n'en trouve que vingt - on s'étonne alors du nom Chehel Sotun, mais il suffit de suivre le jardinier jusqu'à l'extrémité de la rivière pour voir, dans un lointain irréel, les vingt colonnes et leur reflet parfaitement rectiligne. En cette année 2008, Annemarie Schwarzenbach aurait eu cent ans. Ce texte, jusqu'alors inédit, porte la griffe tourmentée de la jeune écrivain, prématurément disparue en 1942. Lorsque Annemarie Schwarzenbach part pour la quatrième fois en 1939, accompagnée de son amie Ella Maillart, pour traverser la Perse vers l'Afghanistan, elle est dans un double mouvement ? : tourner le dos à cette Europe qu'elle aime tant, qui se déchire et qui l'angoisse, et se confronter aux souvenirs douloureux du voyage qu'elle fit en 1935. Ce périple, hautement productif pour les deux voyageuses, se concrétisera pour Annemarie Schwarzenbach dans des articles rédigés pour différents journaux ainsi que dans une série de textes réunis dans Les Quarante Colonnes du souvenir. Ce titre et cette suite de textes, choisis et préparés par Annemarie Schwarzenbach en vue d'une publication qui ne verra jamais le jour, sont ici publiés pour la première fois tant en allemand qu'en français. Ces Quarante Colonnes font référence au palais persan du même nom, palais dont la façade est composée de vingt colonnes se reflétant dans un bassin. Ce chiffre quarante fait aussi référence, pour les Afghans, aux notions de multitude et d'infini. Et c'est bien dans le reflet, la dualité, l'infini... que nous emmènent les textes d'Annemarie Schwarzenbach, entre récit de voyage et journal intime, dans cette forme qui lui est propre, de récit subjectif et poétique. ? La chronologie des chapitres nous aide à progresser dans le déroulement du voyage mais aussi dans les états d'âme de la voyageuse où le temps se marque de souvenir. Et c'est cette perception du souvenir que l'auteur nous donne à voir, tant par la construction de son texte que par la beauté des images convoquées.

02/2008

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Poésie

Silvatica

Au fond d'une forêt enneigée, aux confins de la Pologne, résonnent dans un monde de fièvre et de rêve les échos mythiques de la Chasse Sauvage, cette mythologie nordique des chasses du dieu Odin. Livre rugueux et féroce, livre de meute, de traque, livre de pièges de fusils et de chiens, Silvatica conte les amours entre le braconnier Eustachos et une figure féminine, tour à tour compagne et proie du chasseur, dans une indécision des rôles et des sentiments. Helga M. Novak peint une vie reculée dans les bois, au coeur de la force noire de l'hiver, où la vie s'organise au milieu des loups et des sangliers, des chevreuils et des lapins. Le monde y est à portée de main, à la fois visible et tangible ; dans ces motifs de chasse, nous lisons le cycle d'une existence concrète, viande, graisse, peau, vêtements, où l'on chasse un loup quand on a besoin d'une veste. Autour de ces contrées où Eustachos s'est réfugié comme "une dernière chance" , et de son rapport archaïque, âpre et artisanal à la nature, menace par contraste la chasse d'Etat de la nomenklatura, avec ses uniformes, ses tronçonneuses, ses hélicoptères, et leur traque du déserteur, du chasseur chassé à son tour. "Jamais n'a été accordée au tireur la liberté" avertit Helga M. Novak, dont la présence féminine porte le recueil, et qui a conscience de cette oppression sourde du châtiment. Son identité semble mouvante : elle est cette Silvatica qui accompagne le chasseur ou est son trophée, mais aussi Artémis qui suit sa trace, épie ses gestes. "Je n'aimerais pas être une femme sortie de ta côte" , ajoute-t-elle, et nous assistons à la "dernière sauvagerie" de l'amour vu lui aussi comme un ultime acte de chasse, avant de prendre racine dans la solitude, dans la "peau épaisse" de la terre, une fois les voyages révolus, la fuite soldée, l'homme disparu. C'est qu'il y a un âge sûrement pour chaque chose et Helga M. Novak dans les dernières pages du livre semble avouer par la voix de Silvatica qu'elle est désormais trop âgée pour l'amour, elle qui s'est retirée dans ses cachettes, dans sa maison recouverte de neige au fond de la forêt et qui attend sa fin - et peut-être aussi en creux la fin de notre espèce - entourée de murmures de ruches et de chants de coqs. Silvatica multiplie les niveaux de lecture malgré une langue brute et nue, dérive et s'approprie le mythe de la Grande Chasse dans une atmosphère de repli et de sous-bois, pour restituer la fable d'une femme vieillissante, où se mêlent pression politique, inquiétude écologique et quête intime et douloureuse, dans un monde "beau à en geler" .

05/2022

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Russie

Voyage au pays des Ze-Ka suivi de Le Chemin vers l’Occident

Les Ze-Ka ou Zeks (abréviation écrite sous la forme "z/k" de "zaklioutchonny kanaloarmeets") ce sont les "détenus-combattants du canal" , ces esclaves d'un des grands chantiers soviétiques du début des années 1930, le canal mer Blanche-Baltique. Le terme désigne par la suite tout détenu des camps du Goulag. Comme l'écrit Julius Margolin : "Le pays des Ze-Ka ne figure sur aucune carte soviétique et ne se trouve dans aucun atlas. C'est le seul pays au monde où il n'y a aucune discussion sur l'URSS, aucune illusion et aucune aberration". Enfin publié par nos soins dans son intégralité en 2010, sous son titre original, le Voyage au pays des Ze-Ka est l'un des plus bouleversants témoignages jamais écrits sur le Goulag. Le livre était précédemment paru, abrégé, en France en 1949 sous le titre La Condition inhumaine, bien avant les chefs-d'oeuvre de Soljénitsyne et de Chalamov. Cet hallucinant récit de cinq années passées dans les camps soviétiques ne le cède en rien à ceux de ses célèbres successeurs, ni pour la qualité littéraire, ni pour l'acuité de pensée et la hauteur de vue avec lesquelles l'auteur s'efforce de donner un sens à son expérience, aux limites de l'humain. "Il est absurde et incompréhensible qu'un livre de l'importance de Voyage au pays des Ze-Ka, [... ], n'ait jusqu'ici jamais pu figurer à sa place dans les bibliothèques : aux côtés de Si c'est un homme, de Primo Levi et des Récits de la Kolyma, de Varlam Chalamov (entre autres, mais avant tout) ; autrement dit, aux limites et au coeur de ce que la littérature peut révéler de l'espèce humaine" , écrivait dans Libération, Philippe Lançon au moment de sa parution. Douze ans plus tard, notre seul best-seller est devenu un classique de la littérature sur les camps, il a été traduit chez de grands éditeurs en Allemagne, en Pologne, et aux Etats-Unis (préfacé par l'auteur de Terres de sang, Timothy Snyder). Dans sa présentation du livre, en 2010, Luba Jurgenson écrivait : "Margolin fut témoin de cette page de l'histoire encore insuffisamment connue en France qui fait suite au pacte Molotov-Ribbentrop, à savoir la répression soviétique contre les citoyens polonais affluant massivement de la Pologne occidentale et, plus généralement, le nettoyage des confins pratiqué dès le début de l'occupation soviétique sur les territoires destinés à faire partie de l'URSS. Ces purges, qui visaient à la russification des populations, devaient assurer en premier lieu la destruction des élites et des institutions démocratiques, étape déjà réalisée partout ailleurs en Union soviétique". La Russie de Poutine, en se livrant à nouveau à ce qui s>apparente au "nettoyage des confins" de sinistre mémoire, s'est hélas chargée de rendre au Voyage au pays des Ze-Ka une brûlante actualité, et il était donc urgent de rééditer dans une collection de grande diffusion. Pour cette réédition, le livre est augmenté des neuf chapitres dans lesquels, sous le titre "Le chemin vers l'Occident" , l'auteur relate son retour en Palestine depuis Slavgorod, en Asie centrale, où Margolin s'était rendu à sa sortie du goulag, jusqu'à son embarquement à Marseille, en passant par la Pologne où il retourne à Lódz, où il marche au milieu des ombres de ses concitoyens juifs disparus "comme un somnambule" . Et des repères cartographiques qui permettent de suivre ses tribulations.

11/2022

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Littérature française

L'état des sentiments à l'âge adulte

Tout commence par le brutal déchirement d'un couple - non pas une banale scène de ménage, mais une étreinte désespérée qui vire au viol sous la menace d'un rasoir. Pour la narratrice et Jean-Luc, son compagnon, cette ultime confrontation des corps recouvre d'autres désaccords : entre eux, un fossé s'est creusé invisiblement pour se muer en rupture définitive. Lui, commercial au chômage, ne cesse depuis des mois de combler son sentiment d'échec par une surenchère carriériste sans objet. Entre aigreur et ambition conformiste, il a perdu toute spontanéité et esprit critique. Bref, " il est devenu con ". Elle, forte d'un diplôme en sciences sociales, vient de faire un choix diamétralement opposé, en se faisant embaucher comme aide à domicile auprès de personnes âgés. Petit boulot qui apparaît " dégradant " à son conjoint. Alors que ce conflit sur leurs valeurs respectives vient d'atteindre un point de non-retour, la narratrice va tenter d'y voir plus clair auprès des deux personnes qu'elle côtoie jour après jour dans son métier alimentaire. La première est sa collègue de travail qui la relaie en milieu d'après-midi auprès d'un grabataire de 93 ans, Mariama, une Sénégalaise sans état d'âme ni excès de zèle. Au contact de cette jeune immigrée, aussi désinvolte que généreuse, la narratrice apprend à accomplir les tâches ménagères dans un esprit d'improvisation et d'amusement qui lui ouvre des perspectives inédites. Surtout, elle apprend à ne pas tomber dans le piège de la compassion facile envers leur capricieux protégé, à éviter cette pitié dangereuse qui a déjà fait tant de dégât dans sa vie de couple. La seconde n'est autre que le vieillard alité, que l'ironie du sort a baptisé d'un nom illustre, Victor Hugo. Homonymie qui ne l'empêche pas d'avoir le sale caractère d'un tyran domestique et d'un phraseur vaniteux. Mais son vécu ne manque pas de relief : jeune Résistant presque " par hasard ", puis patron d'une blanchisserie où il fera la rencontre d'une certaine Bérénice, costumière rasée à la Libération qui sera sa passion secrète, il a aussi été témoin de la répression sanglante de la manifestation des travailleurs immigrés algériens du 17 octobre 1961, vision d'horreur qui le conduira à se défier de toutes les valeurs " humanistes ". De la fréquentation de cette mémoire vivante, la narratrice ne tire pas une sagesse illusoire, mais un simple attachement qui fait son chemin en elle par des voies détournées. D'autant qu'à l'heure de sa mort prochaine, cet Hugo-là, outre la préparation de son propre enterrement sans fleurs ni personne, a choisi de transmettre l'essentiel de lui-même à ses deux fidèles accompagnatrices. Une surprise en forme " de gros cadeau " qui les aidera toutes deux, Mariama autant que la narratrice, à trouver l'énergie de bouleverser le cours de leur existence. Pour mieux dynamiter les préjugés moraux, conventions amoureuses et autres servitudes volontaires, Noémi Lefebvre joue sur tous les registres, enchevêtrant envolées réflexives et oralité à vif, aveux intimistes et mise à distance clinique, hyperréalisme et incongruité satirique. Mettant ainsi à l'épreuve des mots les chemins tortueux d'une liberté sans cesse à réinventer.

02/2012

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Littérature française

Longtemps, j'ai donné raison à Ginger Rogers

Une autobiographie parcellaire et subtile par recomposition fragmentaire du puzzle de la mémoire : non pas des Mémoires en majesté par ordre chronologique, mais une évocation de souvenirs autour desquels sont venues cristalliser des leçons de vie. " Le bonheur en littérature ne consiste pas à gagner du temps pour aller à l'essentiel mais à perdre du temps pour parvenir à l'inessentiel. Autrement dit, à accepter d'être pris par surprise pour découvrir précisément ce que je n'avais jamais recherché " est-il écrit ici au détour d'un chapitre : c'est la meilleure définition du bonheur que l'on ressent à la lecture de ce récit. Chaque court chapitre convoque un souvenir qui ouvre une parenthèse, une digression, un décentrement. Le premier d'entre eux, " précieux parce qu'indistinct " : une visite à son père détenu après-guerre à la prison de Clairvaux (on en saura plus, par la suite, sur ce père frappé de la maladie d'Alzheimer à la fin de sa vie) Cette période de la guerre est très présente, de la silhouette unijambiste du gardien de l'hôtel de Lauzun qui dénonça Christian de la Mazière à la Libération à Lucette Almanzor en butte à la question désinvolte d'un visiteur (" En deux mots, Céline, c'est quoi ? ") en passant par Lisette de Brinon contrainte d'assister à l'exécution de son mari Fernand de Brinon, qui l'avait protégée en la faisant nommer " aryenne d'honneur " . Une réflexion de Vittorio Gassman racontant qu'une miette de pain collée à la lèvre d'une jeune femme a sonné le glas de leur liaison inspire à l'auteur une réflexion sur la fin de l'amour. Une phrase prononcée par Ginger Rogers dans le film La fille de la 5ème avenue (" les riches sont juste des pauvres avec de l'argent ") constitue un des Rosebud du texte : l'écart social entre ses parents et la plupart de leurs amis, entre le monde des riches et celui des pauvres, celui de la désinvolture héréditaire et du mérite forcené (de très jolies scènes sur une victoire inespérée lors d'un championnat d'académie d'escrime contre un adolescent béni des dieux, ou sur Antoine Ménier, de la famille des chocolats Meunier, ami d'enfance de son parrain snob, développent par touches cette thématique du déclassement...) Comment " le contrat de confiance entre la langue et lui " a été rompu par la découverte des " pommes mousseline " , le rôle qu'a joué l'opus III de Beethoven dans son éveil à la musique, tel tableau de Goya dans son éveil à la peinture, la folie du cinéma et la menace de la cécité, l'expérience en usine, la découverte des livres et des écrivains, l'amour de sa vie et les amitiés à éclipses (" on perd ses amis d'enfance comme on perd son enfance " ...) sont quelques-uns des motifs pris dans cette tapisserie du souvenir.

01/2020

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Pléiades

Les Liaisons dangereuses ou Lettres

Il y a des livres dont le succès ne surprend personne. Les Liaisons dangereuses, en 1782, n'est pas de ceux-là. L'auteur, un officier d'artillerie, n'a guère de réputation dans le monde des Lettres. Son libraire prévoit un tirage convenable, mais prudent : 2000 exemplaires. Le roman sort en mars. On se l'arrache. On le dénonce, on l'admire, on le dénonce en l'admirant. C'est «le mécanisme même de la scélératesse développée dans tous ses ressorts». Chacun fait des «applications» : de quel libertin réel ce «délicieux infâme» de Valmont est-il le portrait ? L'auteur n'est pas épargné : «Parce qu'il a peint des monstres, on veut qu'il en soit un.» Le libraire, lui, ordonne une réimpression. Cela ne fait que commencer. Il est difficile de cerner les raisons d'un succès. À écouter les premiers lecteurs, celui des Liaisons tiendrait en partie à l'ambiguïté du livre. L'auteur est-il lui-même un Valmont de garnison, ou a-t-il au contraire fait oeuvre morale en dénonçant les mauvaises mours ? Vaine question : Laclos a très habilement décentré la question morale. Et puis, quand on aurait expliqué les motifs du succès, que dire de sa durée ? Les livres à la mode se démodent ; pas les Liaisons. Très vite, les héros se mettent à vivre dans l'imaginaire du public. Bientôt, ils montent sur le théâtre. Marie-Antoinette chante Les Adieux de la présidente de Tourvel, romance. Les imitations, suites ou «suppléments» fleurissent. Les rumeurs circulent. On aurait interdit la vente de l'ouvrage. Mais la première condamnation attestée date de 1823 : la Restauration n'a pas apprécié cette peinture de la société d'Ancien Régime. Plus tard, la critique marxiste verra dans le roman le pamphlet politique d'un homme déçu par l'aristocratie. Des écrivains, Baudelaire, Gide, Suarès, Giraudoux, Malraux, apportent leur pierre à l'édifice. Et des illustrateurs : à chacun sa lecture, du néoclassicisme aux éclairages les plus crus. On continue à s'emparer des héros de Laclos pour leur faire vivre d'autres aventures. Chez Pascal Quignard, Merteuil exilée rencontre Jane Austen. Certaines incarnations font date. Jeanne Moreau est aussi inoubliable au cinéma en 1959 (Les Liaisons dangereuses 1960 de Roger Vadim, dialogues de Roger Vailland) qu'au théâtre en 2007 (Quartett de Heiner Müller, 1982). Il y aura d'autres pièces, d'autres films, d'autres actrices (Glenn Close) regardées par d'autres écrivains (Philippe Sollers), deux cents ans après une Révolution dont l'oeuvre de Laclos aurait été l'une des «causes secrètes». On peut désormais tout savoir des Liaisons sans avoir lu le roman. Mais on peut aussi le lire : après tout, c'est l'un des plus grands livres qui soient. Il est publié ici d'après une édition rare, datée de 1787 et sans doute préparée par Laclos lui-même. Suit un éventail de réactions, de critiques, d'adaptations, de continuations et d'images qui

03/2011

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Beaux arts

Les Civilisations de l'Islam

L’islam est une religion caractérisée par un monothéisme absolu et rigoureux. Sa vision du monde est simple et radicale, indifférente aux spécificités historiques, culturelles et raciales des personnes qui y adhèrent. En l’espace de quelques années après la mort de Mahomet, les armées islamiques, initialement formées d’Arabes, puis de divers peuples assujettis et convertis, conquirent des territoires immenses qui avaient vu fleurir la civilisation gréco-romaine puis judéo-chrétienne en Occident et la civilisation perso-zoroastrienne en Mésopotamie, remportant un succès éclatant. Quelques décennies plus tard, l’islam pénétra en Europe, conquérant l’Espagne et une partie de l’Italie du Sud, franchit le désert du Sahara pour convertir les populations d’Afrique noire en se superposant aux cultes locaux, et s’étendit aux vastes régions asiatiques jusqu’à atteindre l’Inde et rencontrer les cultes védiques et le bouddhisme, tandis que vers le nord il s’introduisait en Transoxiane (aujourd’hui l’Ouzbékistan), surpassant les conquêtes d’Alexandre le Grand lui-même, pour atteindre les frontières de l’empire chinois. Sur le plan de la culture et de l’expression artistique, le monde islamique assimila les énergies créatrices, les techniques et les coutumes des peuples assujettis, extraordinairement riches et diverses, et sut les refondre en une expérience complètement nouvelle et originale, tout en restant fidèle à la révélation coranique, qui impose à tout croyant de suivre ses préceptes et de répandre sa doctrine. Celui qui embrasse l’islam, considéré comme la seule vraie religion, fait alors partie du Dar al-Islam, la « maison de l’islam » : des concepts ancestraux tels que nation, race, activité, culture deviennent alors, du moins en théorie, dénués de signification. L’ensemble du monde islamique parle la même langue, l’arabe, la langue du Coran, dont les lignes directrices ont façonné les différentes traditions culturelles avec une homogénéité surprenante – homogénéité qui a caractérisé, et qui imprègne encore, la culture et le vécu spirituel et politique de centaines de millions de personnes et de nations entières. À l’intérieur de cet horizon culturel commun se sont élaborés au fil du temps des langages artistiques et des coutumes nationales, à travers la réémergence graduelle – quoique au sein de l’identité islamique commune – d’énergies locales vigoureuses, auxquelles l’arrivée de nouvelles populations et les déplacements pour motifs religieux, commerciaux et scientifiques ont apporté par la suite des éléments féconds. Tout discours de caractère général, comme les sujets abordés dans cet ouvrage, doit donc être pris comme une indication globale, à approfondir et clarifier parfois. Il est clair, par conséquent, que dans ce monde islamique diversifié existent côte à côte des réalités culturelles, spirituelles et artistiques d’une richesse et d’une complexité remarquables, mais le substrat commun éthico-politico-religieux, inséparable dans ses composantes, a donné naissance et produit encore des manifestations bien reconnaissables, unies par une spécificité que l’on peut définir comme islamique.

04/2010

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Code et compilateur

Clean Code Box. Opération nettoyage. Pack en 2 volumes : Coder proprement ; Architecture logicielle propre, Guide pratique pour la conception de logiciel

Coder Proprement Si un code "sale" peut fonctionner, il peut également remettre en question la pérennité d'une entreprise de développement de logiciels. Chaque année, du temps et des ressources sont gaspillés à cause d'un code mal écrit. Cet ouvrage vous apprendra les meilleures pratiques de nettoyage du code "à la volée" et les valeurs d'un artisan du logiciel qui feront de vous un meilleur programmeur. Véritable manuel du savoir-faire en développement agile, cet ouvrage est un outil indispensable à tout développeur, ingénieur logiciel, chef de projet, responsable d'équipe ou analyste des systèmes dont l'objectif est de produire un meilleur code. Coder proprement est décomposé en trois parties : - La première décrit les principes, les motifs et les pratiques employés dans l'écriture d'un code propre. - La deuxième est constituée de plusieurs études de cas à la complexité croissante. Chacune d'elles est un exercice de nettoyage : vous partirez d'un exemple de code présentant certains problèmes et l'auteur vous expliquera comment en obtenir une version saine et performante. - La troisième partie est une sorte de "récompense" puisqu'elle contient une liste d'indicateurs éprouvés par l'auteur qui seront précieux pour repérer efficacement les défauts de votre code. Architecture logicielle propre Vous n'imaginez pas le temps qu'une architecture logicielle bien soignée dès le départ peut vous faire gagner. Vous pouvez augmenter fortement la productivité du développement tout au long du cycle de vie des applications. Dans la lignée de son bestseller international Coder proprement, le légendaire Robert C. Martin, dit "Oncle Bob" , vous présente les règles universelles de l'architecture logicielle, et comment les appliquer. Fidèle à l'esprit des travaux d'Oncle Bob, ce livre regorge de solutions pragmatiques et claires pour affronter vos vrais défis : ceux que vous devez relever pour mener vos projets au succès. - Découvrez les objectifs d'un architecte logiciel, et les disciplines et pratiques essentielles pour les remplir. - Maîtrisez les grands principes de la conception logicielle en termes de fonctions, de séparation des composants et de gestion des données. - Familiarisez-vous avec dix principes (ADP, CCP, CRP, DIP, ISP, LSP, OCP, REP, SAP et SDP). - Comprenez en quoi les paradigmes de programmation imposent une discipline en bornant les activités des développeurs. - Faites la différence entre l'essentiel et l'accessoire. - Mettez en place des structures de haut niveau optimales pour toutes vos applications : web, bases de données, clients lourds, console et embarqué. - Tracez des frontières et créez des couches pour organiser vos composants et services. - Repérez les erreurs de conception et d'architecture et apprenez à les éviter et à les corriger. Architecture logicielle propre est une lecture indispensable pour tout architecte logiciel, en devenir ou chevronné, pour tout analyste, architecte système, ingénieur logiciel et pour tout développeur travaillant à partir des modèles d'architectures déjà établis.

10/2021

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Droit comparé

Les enjeux de la mobilité interne et internationale

Le droit a toujours tenté d'appréhender et de résoudre les conflits qui peuvent naître du déplacement géographique des individus comme des choses. Si un certain nombre de solutions semblaient acquises en droit, force est de constater que les raisons tout comme les modes de la mobilité spatiale ont pu muter et se diversifier. La mobilité est assurément liée aux circonstances d'ordre économique, social, personnel, familial, environnemental, culturel, politique et philosophique qui forment la conjoncture de notre société à un instant ou à une époque déterminée. Or, le droit qui a pour objectif général de réglementer la vie des femmes et des hommes en société, ne peut nier les nouveaux enjeux de la mobilité, en tant que motifs de son intervention et de son évolution. Il apparaît nécessaire aujourd'hui de s'interroger sur l'opportunité et la pertinence d'apporter de nouvelles réponses aux questions juridiques posées par ces déplacements tant a l'Intérieur de nos frontières qu'à l'extérieur. Pour ce faire, l'étude préliminaire de la loi n° 2019-1428 du 24 décembre 2019 d'orientation des mobilités révèle le contexte politique dans lequel s'inscrit le fait individuel et social de mobilité des personnes, des biens et des services. Le cadrage qui en résulte oriente autant les politiques de la mobilité que les solutions de mobilité en fonction, avant tout, des enjeux environnementaux importants. L'environnement figure comme un premier enjeu à la fois global et central de la mobilité, révélant des objectifs tels que la décarbonation et la préservation de l'état de nature de sites, sources d'interrogations en termes de liberté de circulation et de responsabilité (Première partie). L'économie fait partie intégrante des réflexions liées aux enjeux de la mobilité, puisque bien qu'animée par un être conscient y greffant des motivations variées, la mobilité prend également place dans l'organisation et la vie des personnes. Elle caractérise les échanges, les services et s'adapte, avec des moyens associés, aux nouvelles perspectives que d'aucuns leur accolent (Deuxième partie). La protection des individus, notamment lorsqu'ils sont vulnérables, par l'effet d'un état passager ou durable (handicap, âge...) ou d'une situation considérée comme défavorable, essentiellement dans l'hypothèse ici de la conclusion d'un contrat de travail ou de consommation, représente un enjeu aussi fondamental lié au fait d'être et de demeurer mobile, sans subir de contraintes, de pressions, d'atteintes ou d'abus (Troisième partie). La famille, enfin, en tant que groupe structurant l'identité des personnes et cristallisant la plupart de leurs aspirations, connaît une mobilité qui lui est singulière parce qu'en conduit les individus à faire siens des mobiles qui les amènent à se déplacer, notamment à l'étranger pour y rechercher l'effet de droit satisfaisant (Quatrième partie), Actes du colloque des 5 et 6 novembre 2019 organisé à Rouen et au Havre par le CUREJ et le CERMUD.

07/2021

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Décoration

Dior. Par amour des fleurs

Source perpétuelle de l'inspiration créative de Christian Dior, la passion des fleurs et des jardins est au coeur de l'ensemble de son oeuvre. Pour le créateur, la fragrance d'un parfum offrait une "porte ouverte sur un monde caché ". Miss Dior, son premier parfum, inspiré des jardins luxuriants de son enfance normande, marque le lien inextricable entre ses carrières de couturier et de parfumeur. De ses soirées dans son havre de paix du sud de la France, éclairé de lucioles et parfumé au jasmin, d'autres parfums verront le jour. Toute sa vie, Christian Dior a fait de ses jardins des havres de verdure et des sanctuaires pour sa créativité. Certains sont aujourd'hui encore empreints de son esprit. Les fleurs et les jardins ont également été essentiels dans la carrière du couturier Dior, à l'image des " femmes-fleurs " qui ont inspiré le New Look de la fin des années 1940 et des années 1950, ou des élégantes robes de soirée brodées des luxueux motifs floraux qu'il a dessinées toute sa vie. La réappropriation moderne des inspirations florales restera centrale pour les créations de ceux qui lui ont succédé à la maison Dior, d'Yves Saint Laurent à Maria Grazia Chiuri, en passant par Marc Bohan, Gianfranco Ferré, John Galliano ou Raf Simons. Cet élégant ouvrage réunit une série d'essais originaux rédigés par des historiens de la mode, des écrivains et une architecte paysagiste, et traite du dialogue permanent que le créateur entretenait avec la nature. On y trouve aussi des entretiens avec les directeurs artistiques Maria Grazia Chiuri, François Demachy, Victoire de Castellane, Kim Jones et Peter Philips, qui confient comment l'amour de Christian Dior pour les fleurs a façonné leur propre vision artistique. Une sélection de portraits de roses de Nick Knight, des documents d'archives inédits mettant en vedette Christian Dior et ses jardins, des croquis de mode, des parfums, des photographies dévoilant les détails exquis de broderies et de tissus racontent une histoire fraîche et captivante de la maison Dior. NICK KNIGHT, photographe visionnaire et influent, est connu pour ses nombreuses contributions au magazine Vogue et pour ses campagnes publicitaires pour les maisons de mode. Il a réalisé certaines des plus belles images de fleurs de l'art contemporain. JUSTINE PICARDIE, romancière de renom, rédactrice de mode et biographe, a été rédactrice en chef pour Harper's Bazaar et pour Town & Country. NAOMI SACHS, architecte paysagiste, a publié de nombreux ouvrages sur le rôle positif de la nature sur la santé et le bien-être et a participé à des conférences dans le monde entier. JERÔME HANOVER est journaliste spécialisé dans le domaine de la mode et du luxe. Il collabore régulièrement avec Vogue Paris ou Le Figaro. ALAIN STELLA a écrit de nombreux ouvrages, parmi lesquels Jacques Garcia : Vingt ans de passion, le château du Champ de Bataille, Demeures historiques de Paris et L'Esprit des vignobles, tous publiés par Flammarion.

11/2020

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TCP/IP

Téléphonie sur IP (ToIP). Vers la convergence des réseaux dédiés (voix/vidéo/données), 3e édition

Ce livre sur la Téléphonie sur IP (ou ToIP) s'adresse aux Responsables des réseaux de communication des entreprises et aux étudiants en DUT et Licence "Réseaux et Télécoms". Il apporte les connaissances nécessaires à la compréhension de l'évolution des concepts traditionnels de la téléphonie vers la ToIP et fait le point sur les propositions des constructeurs et opérateurs actuels. Des connaissances de base sur la téléphonie, la transmission de données et les réseaux IP constituent des prérequis nécessaires pour tirer le meilleur profit du livre. Le premier chapitre fournit un point de comparaison technologique et économique entre la téléphonie historique et la proposition actuelle de la ToIP, c'est-à-dire non seulement le transport de la voix dans le réseau téléphonique fixe (les conversations téléphoniques) mais aussi les services associés tels que le transport de données. Le second chapitre résume les principales méthodes utilisées pour le transport des données (avant l'apparition d'Internet) et introduit les notions de paquets, de cellules, de piles de protocoles, largement répandues désormais avec le réseau Internet public. Après un bref historique d'Internet, le chapitre suivant traite des premiers pas du transport de la voix par les réseaux IP, la VoIP, ainsi que les motifs y ayant conduit. Ce chapitre montre les difficultés rencontrées et le besoin de faire évoluer et de normaliser les modèles utilisés. Les organismes de standardisation sont clairement identifiés ainsi que leurs domaines de compétences et/ou de convergence. Comme l'Internet, l'Intranet permet d'échanger des messages, de consulter ou transmettre des documents à l'échelle d'une entreprise donc de diffuser de l'information sous forme de texte, d'image, de voix ou de vidéo : le quatrième chapitre liste ainsi les conditions nécessaires et les modèles utilisés. Le chapitre suivant met en évidence les bénéfices économiques et technologiques à fédérer les différents réseaux de transport Voix/Vidéo/Données. Y sont explicitées les notions de NGN (Next Generation Networks) ainsi que les caractéristiques techniques de codage/décodage des échantillons de voix, les interconnexions Legacy - IP et la garantie de la bonne exécution des services téléphoniques. Puis la perspective d'un réseau global multimédia IP accueillant tous les types d'usagers, fixes et mobiles est abordée avec un chapitre traitant de l'IMS (Ip Multimedia Subsystems). Le septième chapitre identifie les principes de circulation, de sécurisation et de confidentialité des informations (dont les conversations audio et vidéo) qui circulent au sein du réseau d'une entreprise aux sites éclatés géographiquement et qui utilisent l'Internet public comme relais d'un site à l'autre. Enfin, le dernier chapitre présente l'évolution actuelle proposant le portage des fonctions d'un réseau téléphonique (public ou privé) vers le Cloud dans le même esprit que ce qui est fait pour les réseaux IT d'entreprise. Ce chapitre constitue une opportunité pour découvrir l'architecture Cloud et ouvre la porte à l'approfondissement de l'étude de la virtualisation fonctionnelle.

04/2021