Recherche

librairie incendie criminel

Extraits

ActuaLitté

Littérature française

L'hiver des hommes

Pourquoi la fille du général Mladic, commandant en chef des forces serbes durant le siège de Sarajevo, accusé de génocide, s’est-elle tirée une balle dans la tête avec le revolver préféré de son père ? C’est pour tenter de répondre à cette question que Marc, écrivain, passionné depuis toujours par le destin des enfants de criminels de guerre, s’envole pour Belgrade en novembre 2010 alors que rien ne va plus dans sa propre vie. À Belgrade, il est amené par d’étonnants hasards, ou malentendus, à rencontrer quelques-uns des plus proches lieutenants du général Mladic, des hommes pour la plupart recherchés pour crimes de guerre. Ce sont eux qui l’encouragent à partir pour la petite République serbe de Bosnie où, disent-ils, il rencontrera le véritable peuple serbe, celui qui a gagné la guerre et continue de se battre aujourd’hui contre les Musulmans. Arrivé à Pale, la capitale historique des Serbes de Bosnie, un ancien village de montagne devenu une ville de trente mille habitants prise sous un mètre de neige, Marc découvre une population emmurée dans le désespoir, abandonnée de tous, mais cependant persuadée d’avoir mené une guerre juste. Les ex-officiers ne nient pas avoir commis les crimes les plus épouvantables contre leurs anciens voisins musulmans et croates, mais ils estiment avoir agi en état de légitime défense et avoir été trahis par leurs anciens alliés français. Pour se justifier, ils font à Marc le récit de leur guerre, ne cachant rien des atrocités qu’ils ont commises, ou qu’ils ont subies. Marc ne les juge pas – des jours et des nuits durant il les écoute. Ce sont pour la plupart des hommes attachants, exceptionnels parfois, qui luttent aujourd’hui contre leur propre conscience, contre leurs cauchemars aussi, enfermés dans une prison dont ils sont les geôliers. L’écrivain éprouve à leur endroit une curieuse empathie, comme si cet enfer dans lequel ils se sont enfermés faisait écho à son propre désarroi. « Nous croyons qu’à rompre avec la source du mal nous allons pouvoir inventer notre propre vie et apporter le bonheur à nos enfants », écrit-il, « alors que nous sommes faits de ce mal et qu’ainsi il continue de nous habiter et de nous ronger quoi que nous décidions, et quel que soit l’endroit du monde où nous allions nous réfugier. » Ce que vivent ces hommes est finalement pour Marc l’écho le plus exacerbé, le plus terrifiant, de ce que nous sommes nombreux à vivre chacun silencieusement au fil de notre propre destin.

08/2012

ActuaLitté

Littérature française

14 - 2 juillet 2019. Une certaine hypocrisie française

"La France officielle et des réseaux serait bien inspirée de comprendre qu'elle a dorénavant un nouvel interlocuteur générationnel avec lequel elle gagnerait à reconcevoir de nouveaux rapports plus satisfaisants pour les deux parties. C'est une exigence cruciale, nous semble-t-il, de ce millénaire commençant". Extrait du discours de l'Opération Lumumba, le 12 juillet 2019. Voici un livre coup de poing qui dérange grandement, parce qu'il bouscule tous les codes du politiquement correct ! Il était temps qu'après les barbouzes et les journalistes d'investigation occidentaux, un Africain, politiquement engagé, écrive un livre disséquant toute l'hypocrisie de la posture française en Afrique. Au fil des pages, on découvre avec une indignation grandissante la duplicité d'un pays qui plastronne volontiers à la tribune de l'ONU en tant qu'Etat démocratique respectueux des droits humains et des peuples, donnant à l'occasion des leçons aux autres, mais qui, dans l'ombre, piétine allègrement la souveraineté des pays africains de son pré-carré, y foulant aux pieds l'éthique et les lois internationales qui régissent les rapports entre Etats membres de l'ONU. Dans une posture visionnaire, néopanafricaniste et anti impérialiste, M. Privat Ngomo s'affranchit de toute langue de bois pour disséquer, à travers l'histoire de son pays et son parcours personnel, un système impitoyable de contrôle des Etats d'Afrique noire francophone qui interpelle la conscience de la communauté internationale et rend la France parjure lorsqu'elle bafoue, à travers les actions définitivement répréhensibles d'un tel système, l'esprit même de sa devise et les fondements de la République française censée se poser en modèle universel de la pensée humaniste. Dans un contexte historique où la France est de plus en plus critiquée pour ses agissements antidémocratiques, néocolonialistes et criminels dans les pays africains de son pré-carré, par le biais du système de la Françafrique, l'oeuvre de Privat Ngomo est une preuve supplémentaire de la montée en puissance d'une jeunesse africaine décomplexée, compétente, consciente, agissante et souverainiste. Avec le franco-béninois Kemi Seba, la malienne Amina Fofana, le sénégalais Ousmane Sonko et la camerouno-suissesse Nathalie Yamb, le gabonais Privat Ngomo est un échantillon de ce nouvel interlocuteur générationnel avec lequel la France gagnerait à engager un dialogue constructeur, franc et novateur, loin des postures paternalistes, condescendantes ou méprisantes qui caractérisent jusqu'à présent les rapports de l'élite dirigeante de l'Hexagone avec les Africains de l'espace francophone.

05/2023

ActuaLitté

Histoire de France

Dictionnaire de la Révolution française. Ou l'histoire de celles et ceux qui se sont illustrés ou déshonorés de 1787 à 1804

Si l'on ne peut guère affirmer raisonnablement que la Révolution des années 1789 et suivantes fut l'épisode le plus noble et le plus grandiose de l'histoire de la France, il est nécessaire de comprendre qu'elle ne fut originale ni dans ses principes, ni dans ses méthodes, contrairement à ce que prétendent des auteurs chauvins ou masochistes. Les révolutionnaires français n'ont pas plus créé la mythologie des Droits de l'Homme qu'ils ne furent les pires criminels de l'humanité : un peu, voire beaucoup, de modestie s'impose. Il est évident qu'à la fin des années 1780 depuis plusieurs décennies, en fait le régime monarchique était obsolète en beaucoup de ses institutions et usages, mal adapté aux progrès techniques qui s'accumulaient. Il est non moins évident qu'une série de réformes judicieuses eût été infiniment plus efficace et moins coûteuse que le furent les cinq épisodes de la Révolution : la fronde des Notables, en 1787-88 ; les savantes combinaisons des élus du peuple, de 1789 à 1791 ; la subversion des idéalistes et des opportunistes ambitieux, des années 1792-94, ayant réussi à "colérer" le peuple lui-même composé de quelques idéalistes, d'à peu près autant de fous furieux, et d'une majorité de médiocres désireux de s'offrir quelques instants d'agitation dans le cours d'une vie morne pour "créer un monde nouveau" ou se faire une situation rémunératrice de professionnel de la politique ; la période de consolidation dans le Pouvoir d'une mafia "d'élus perpétuels", de 1795 à 1799, en quoi se résume le Directoire ; enfin, l'époque de la reconstruction, dirigée par un authentique génie, civil et militaire, le plus grand parmi les "despotes éclairés". Enfin, il ne faudrait pas oublier que, de 1792 à 1815, la nation française s'est offert l'une des plus fabuleuses épopées guerrières de tous les temps qu'aucun homme d'action ne peut renier et qu'aucun "libéral" ne peut tolérer ! De 1787 à 1804 (et plus tard, pour ceux qui avaient survécu à la "Terreur"), se sont agités, illustrés ou déshonorés, quantité de personnages de premier et de second plans, ainsi que les inévitables troisièmes couteaux, les hommes de main, les personnes honorables n'ont pas toujours été récompensées et les personnages immondes ont parfois fini leurs jours riches et comblés de titres et de colifichets. Ainsi va le monde, il serait sot de s'en offusquer. L'auteur a dressé un tableau de ces hommes (et de quelques femmes), aussi éloigné de la chanson de geste que de la condamnation sans appel.

03/2014

ActuaLitté

Sciences politiques

Souvenirs de police. La France des faits divers et du crime vue par des policiers (1800-1939)

Qu'il s'agisse de vol, de crime, de moeurs ou de pouvoir, ce livre rassemble les grands textes des " policiers écrivains ". Policiers, ils ont découvert le corps, traqué l'assassin, livré une tête à trancher à la justice sévère de leur temps ; écrivains, ils ont consigné leurs enquêtes, leurs intuitions, leurs idées. A l'âge de la retraite, ils publient, racontent, revivent les moments forts d'une carrière, non sans se donner le plaisir de régler au passage quelques comptes. Certains, imitant Vidocq, ne font que donner des indications à un " teinturier ", un homme de lettres famélique qui va mettre en forme le récit ; d'autres, comme les commissaires Goron ou Macé, se révèlent de véritables écrivains, des narrateurs efficaces qui ont le sens de l'image et du raccourci saisissant, des stylistes qui savourent la joie de ressusciter en beau français les horreurs de la chronique criminelle. On trouve même quelques versificateurs dans la confrérie, comme Clovis Pierre, " le poète de la Morgue ", et surtout l'énigmatique Ernest Raynaud, auteur aux deux visages : le poète symboliste ami de Verlaine, mais aussi le commissaire de police qui parsème ses récits aigres-doux de citations littéraires et de références classiques. L'écriture, en transformant le policier en témoin, lui ouvre un champ beaucoup plus vaste que le seul angle professionnel. Débarrassé du souci de protéger la société, l'écrivain policier se donne pour horizon une ambition élargie, pour ainsi dire pédagogique et quelquefois encyclopédique : celle de faire comprendre le monde qu'il a traversé, d'expliquer la marche de la police et du crime, non sans entrer dans les mobiles mêmes et les raisons des criminels qu'il a pourchassés. Il en résulte une littérature peu moraliste en définitive, qui décrit la délinquance pour ce qu'elle est, le produit d'une société à un moment du temps. S'il juge, c'est à l'aune de sa propre sensibilité que l'écrivain policier acquitte ou condamne, décernant parfois des éloges paradoxaux à ceux des malfrats qui l'ont marqué. De l'ancien préfet de police craint et respecté – Gisquet, Andrieux, Lépine – jusqu'au petit inspecteur des Moeurs qui se sait l'objet du mépris public, ces Souvenirs de police nous transmettent la mémoire tue des générations d'avant-guerre. De la révolution industrielle à la crise des années 1930, la France a ses zones d'ombre que les autobiographies d'écrivains policiers trouent de leur fanal lumineux, signalant les complaisances et les convoitises de nos arrière-grands-pères, les passions troubles de leurs élites.

11/2016

ActuaLitté

Policiers

Je suis le dernier Juif debout

Le lieutenant Dan Reles aurait tout pour être heureux. Il est à la tête de la brigade criminelle d’Austin au Texas. Il vit avec Rachel, une femme qui a réussi dans l’immobilier, a un petit garçon et vient d’emménager dans une nouvelle maison. Mais toute médaille a son revers : Rachel a sombré dans l’alcoolisme, Dan, lui, n’a toujours pas réglé ses comptes avec son passé. Un passé qui le rattrape quand il voit débarquer son père Ben, après vingt ans d’absence. Depuis l’enfance de Dan, ce père lui a posé problème : comment en effet expliquer à ses camarades de classe que son père n’est pas boucher ou plombier mais homme de main de la mafia ? Et voilà que Ben Reles revient, au volant d’une voiture volée, avec Irina, une prostituée russe en fuite. Ben aussi est en fuite. Il cherche à échapper à Sam Zelig, Sam le psychopathe, dernier caïd de la mafia juive. Zelig est capable de tout pour récupérer Irina, par exemple de prendre la ville en otage.Dan doit alors choisir entre son devoir filial, familial ou civique : protéger la ville, sa famille ou son père ?Un nommé Sam Zelig fait partie des Texas Chronicles qui ont pour héros le lieutenant Dan Reles. Ce livre riche et complexe se lit bien sûr comme une histoire policière à la construction et au suspense impeccables ; l’auteur y a l’art de camper des personnages à la forte stature, totalement inoubliables. Mais comme tous les grands du roman noir, Michael Simon ne se contente pas d’une œuvre univoque. Il nous parle aussi de la question de l’identité en Amérique, ayant créé un héros doublement extérieur à la norme, par son appartenance à la communauté juive (ce qui n’est pas anodin au Texas, dans le milieu de la police) et par son père gangster. Cette difficulté d’appartenance, Michael Simon en fait le cœur de son histoire, qui tourne aussi autour de la relation inaboutie entre un père et son fils, entre un homme et sa femme. Dan ne cesse d’être renvoyé à son enfance à travers ses souvenirs, qui sont souvent traités comme des scènes de cinéma. De fait, ce roman peut aussi être lu comme une tentative désespérée de tous les personnages de se raconter des histoires et d’en raconter, comme les gamins qu’ils n’ont cessé d’être, y compris ceux qui se croient héritiers des durs de la grande époque. En cela, Un nommé Sam Zelig est un livre à la noirceur profonde ; il traite de la solitude des êtres humains qui ne peuvent durablement se raccrocher ni à la Bible ni à la loi, tel Dan qui se rend compte qu’être flic, c’est « une vie de gangster à l’envers. »« La prose de Simon est aussi fascinante que ses personnages. » James Ellroy« Une exploration brillante de la complexité des liens familiaux et du prix à payer pour l’amour et la loyauté… C’est un roman criminel qui transcende les frontières du genre. » Thomas Kelly

03/2010

ActuaLitté

BD tout public

La guerre des Sambre : Maxime et Constance. Tome 3, Eté 1794, Le regard de la veuve

Conclusion de l'ultime trilogie de La Guerre des Sambre, le 3e chapitre de Maxime & Constance en est la clé de voute, le chaînon sanglant de la malédiction familiale. Avant l'apothéose de la série culte Sambre, Yslaire conclut tragiquement l'ultime trilogie de La Guerre des Sambre, dans un format exceptionnel de 87 pages. Après la trilogie de Werner & Charlotte, qui conte le secret de la naissance de Maxime de Sambre, et celle de Hugo & Iris, qui expose la passion du fils de Maxime pour la future mère de Julie et le conduit à la folie, Maxime & Constance est la troisième trilogie à paraître, mais la seconde dans l'ordre généalogique. Chaînon sanglant de la malédiction familiale, la conclusion de cet épisode 3, abondamment citée dans les tomes des générations postérieures, est la clé de voute de l'architecture. Juin 1794. Le tome 2 se terminait en Aout 1789 par la fuite de Maxime de Sambre et sa famille après l'incendie de leurs château par une révolte paysanne. Cinq ans après, sa femme Louise-Marguerite Collée Des Vignes, enceinte, attend son sort, à la Prison des oiseaux. Elle sait que que la République n'attend que son accouchement pour lui retirer son bébé et l'envoyer à l'échafaud, elle et son fils François. Dans une dernière lettre écrite à sa mère, elle tente de comprendre comment elle et ses deux jumeaux en sont arrivés là... Le remords de n'avoir pu protéger ses enfants de leur père, et la colère à l'égard de ce mari indigne et sans scrupules, coupable d'abandon familial pour une putain de la République, se mêle au désespoir d'avoir elle-même commis l'irréparable... A travers ses yeux de femme blessée, c'est aussi la traversée de la Révolution d'une aristocrate de province, avec un mélange d'effarement, de candeur, et d'aveuglement face à une machine infernale qui broie ses propres enfants. Au passage, le récit tente de rendre justice aux femmes de l'époque, en rappelant des figures historiques aussi contrastées que Marie-Antoinette, Théroigne de Méricourt, féministe martyre, fondatrice avec d'autres du " club des patriotes de l'un et l'autre sexe "... ou encore les terribles tricoteuses. L'auteur des amours tragiques de Bernard & Julie sonde la noirceur des âmes s'affontant dans une guerre amoureuse, tous victimes de leur passé et de leur époque sanglante. Il interroge les mécanismes de la transmission, de la fatalité engendrée par les secrets familiaux. " Avant la passion funeste des amants , il y a toujours celle de leurs ancêtres. ". . En parfaite osmose, Yslaire et Boidin trouvent là leur collaboration la plus aboutie et signent une mise en scène nerveuse et resserrée, alternant les scènes intimistes et passionnelles, aux larges respirations muettes. Le récit est magnifié par le dessin libéré et fluide de Boidin, la richesse de ses cadrages documentés, et une gamme de couleurs réduite au sépia et rouge, pour mieux peindre la violence et la cruauté des sentiments, dans ce contexte historique.

01/2018

ActuaLitté

Histoire de France

Journal 1936-1940. "Hitler sait attendre. Et nous ?"

Dans le premier volume de son Journal, couvrant les années 1918 à 1933, nous avons suivi Hélène Hoppenot de Paris à Rio de Janeiro, puis à Téhéran, Santiago du Chili, Berlin, Beyrouth, Damas et Berne. En 1933, grâce à leur grand ami Alexis Léger (en littérature, Saint-John Perse), secrétaire général du Quai d'Orsay, son mari est nommé en Chine : "Dans ce pays tant aimé, j'aurais volontiers envisagé de demeurer jusqu'à la mort", confie Hélène Hoppenot, au terme de quatre années si éblouissantes qu'elle n'a plus éprouvé l'envie de tenir son Journal... En 1937, elle retrouve sans enthousiasme la France et le Quai d'Orsay, mais reprend la "conversation" avec elle-même. A Paris, Hélène Hoppenot se révèle une observatrice très perspicace, qui décrit avec justesse et humour le milieu de la politique et de la diplomatie, où elle se meut avec aisance. Elle renoue aussi avec ses amis écrivains et artistes, qui gravitent autour des librairies de la chère Adrienne Monnier et de Sylvia Beach, autour de Darius Milhaud et de Paul Claudel... Elle fait également la connaissance de Colette, Helen Hessel, Gisèle Freund, Jean Giraudoux, Marcelle Auclair, Paul Valéry et quelques autres, dont elle note les propos, parfois détonnants ! En janvier 1939, alors que Hitler se montre de plus en plus offensif et dominateur, Henri Hoppenot prend la tête de la "sous-direction Europe"... Grâce à ses confidences angoissées, Hélène Hoppenot peut relater au jour le jour les efforts erratiques des gouvernements pour éviter la guerre : son témoignage, plein d'anecdotes et de commentaires critiques, permet de décrypter les faits et gestes d'Alexis Léger, Edouard Daladier, Georges Bonnet, Paul Reynaud, Philippe Pétain... A l'heure où la France est acculée à prendre part au conflit, Hélène Hoppenot anticipe le repli du gouvernement en Touraine. Le 10 juin 1940, elle cherche à joindre son mari : "A six heures, j'appelle à nouveau et j'attends. Longtemps ? Très longtemps. Tout à coup, j'entends une voix de femme, enrouée, lointaine : "Paris, dit-elle, ne répond plus..." Paris ne répond plus ? Le voilà, le grand choc, qui traverse le coeur de part en part. . La voici, cette défaite redoutée. Paris ne répond plus ?... Cette voix de femme va résonner dans mes souvenirs et je ne pourrai l'oublier... Mais, un jour, Paris répondra. Ressuscitera." Avec son mari et leur fille Violaine, Hélène Hoppenot prend le chemin de l'Exode qui la mène à Bordeaux, Madrid, puis Lisbonne. Dès le 24 juin 1940, elle sait que le général de Gaulle représente "tout ce qui nous reste d'espoir", mais les Hoppenot doivent se résoudre à l'exil et rallier le lointain poste diplomatique de Montevideo.

11/2015

ActuaLitté

Littérature française

Sabre

Il était une fois. Comme dans tous les grands romans, c'est-à-dire qui sollicitent notre part d'enfance, cela commence par : " Il y avait autrefois dans la salle à manger des grands-parents, un sabre de modèle inconnu, que je n'ai jamais manié, jamais soupesé, pas même caressé. " Le revoilà, Samuel Vidouble, le narrateur, coincé dans une maison, poussiéreuse mais encore hantée par les fantômes d'une famille provinciale, calviniste, " sans histoires, sans qualités, sans titres de gloire " , dans " un cul-de-sac de la France et de l'Europe " , au bout d'une ligne de train improbable et nocturne, le revoilà, ce Samuel Vidouble, professeur d'histoire désabusé, et amateur de cartes de géographie, qui décide d'enquêter sur ce souvenir d'enfance, guidé par tante Esther, libraire à la retraite : " Où était-il passé ce sabre ? Et si je l'avais rêvé ? " Ce n'est pas tant le sabre à la lame courbée, fêlée, couleur de Sienne, que les époques qu'il a pu traverser, les lignées d'hommes, de guerres, de morts, qui impressionnaient autrefois le jeune Samuel, lui qui appartient à la dernière génération ayant connu celles qui firent la guerre. Et puis à quel ancêtre revenait-il, ce sabre ? Qui était l'héroïque, ou au contraire, l'imposteur sans foi ni loi : VVRL, Victor Vidouble Rex Livorum ? Victor Vidouble roi des Lives, qui aurait jadis régné sur un archipel de la Baltique ? Un descendant d'huguenot confiné dans son pays de marais, d'étangs et de tourbières ? Un nobliau du XVIIIe siècle, amoureux des cartes de géographie, lui aussi, et qui mise sur elle pour l'arracher à sa province reculée ? Le baron Victor Vidouble de Saint-Pesant, mythe familial ou légende du grand dehors que les oncles-vétérans réinventent à tour de rôle, à la veillée ? Vaut-il mieux se vouer au réel, souvent décevant, que suivre l'aile de l'imaginaire, avec ses histoires d'îles perdues ou inventées ? A moins qu'une carte au trésor familiale nous permette de situer le lieu et l'époque d'où viendrait le fameux sabre ? Dans la lignée des autres livres d'Emmanuel Ruben, qui ont l'imaginaire et l'ailleurs au coeur de leur force, mais d'une puissance romanesque remarquable, d'une invention géographique drolatique, Sabre est le livre de la maturité. Un vrai roman picaresque qui tient des Aventures du Baron de Münchhausen autant que du Baron perché d'Italo Calvino. C'est un jeu de pistes vertigineux qui nous fait remonter le fil du temps jusqu'aux guerres napoléoniennes, et nous invite à un voyage baroque à la poursuite de chimères qui disent notre vérité.

08/2020

ActuaLitté

Actualité et médias

Le mythomane. La face cachée d'Alain Soral

Voici enfin le livre choc tant attendu, qui se donne pour objectif de présenter Alain Soral dans toute sa nudité, non pas la nudité vulgaire d'un selfie comme il les affectionne tant, n'étant guère gêné à les publier, trahissant en quelque sorte un culte païen voué à la plastique d'un corps vieillissant, mais à travers la description méthodique de ses traits de caractère, de sa personnalité profonde, de son enfance brisée, son passé tumultueux, ses frasques de jeunesse, ses errances idéologiques et politiques, ses retournements imprévisibles ; bref, un portrait brossé avec une fidélité déconcertante mais sans concession d'aucune sorte. Beaucoup ont attendu ce livre qui donne un éclairage inédit, venant de l'intérieur de la matrice même, avec en perspective tous les plans, qu'ils s'agisse de ceux inondés de lumière ou des ombres qui accentuent le rendu de l'image. Ce portrait est d'autant plus saisissant et intéressant que son auteur n'est pas un inconnu ou un intrus ; il est au contraire connu pour avoir appartenu à cette dissidence. Depuis près d'une dizaine d'années, il a officié comme lanceur d'alertes avec une efficacité et une pédagogie qui ont permis d'ouvrir les yeux à des milliers d'internautes à travers ses centaines de vidéos dont les thèmes vont des abus de Big Pharma, à la vaccination, la pédocriminalité, les additifs alimentaires, la politique, la franc-maçonnerie, les sociétés secrètes, en passant par la délinquance politique à col blanc, financière et fiscale, bref autant de sujets d'actualité brûlants et passionnants, largement exposés dans son fameux ouvrage La Faillite du monde moderne, un succès de librairie (bientôt une 5e édition). Après la fameuse websérie en 5 parties, intitulée Soraloscopie, et un hors série destructeur, l'actualité a connu une succession de nouveaux scandales et de révélations qui témoignent de la dangerosité et de la nocivité du gourou sénile dans la lutte contre le système de domination. Pourquoi dangereux ? Tout simplement en raison d'une tromperie sur la marchandise, car il est bien question, hélas, de marchandise et de bizness. En effet, si le système est totalement décrédibilisé par les faits depuis un grand nombre d'années, il en est autant du modèle d'opposition et de dissidence, tel que représenté par Alain Soral, si bien que les lecteurs et auditeurs non initiés peuvent être abusés et trompés. Car, en effet, plus personne ne croit au système UMPS, et malheureusement, ils peuvent facilement tomber – s'agissant surtout des nouveaux venus – dans le piège crapuleux tendu par la pseudo dissidence bizness d'Alain Soral. Une remarque de taille reste à faire. Aucune censure sérieuse ne s'est abattue sur cette entreprise pseudo politique et tout à fait inoffensive. Rien n'est absolument entrepris concrètement dans ce sens ; bien au contraire, le système continue à diaboliser le gourou pour faire monter une cote fluctuante et le créditer d'un soutien populaire. En somme, le pouvoir a décidé d'en faire un vulgaire épouvantail, beaucoup plus aisé à atteindre et abattre que d'autres, quand le moment opportun sera venu, connaissant son extrême fragilité. C'est pourquoi, il est essentiel de dénoncer cette mascarade, cette impasse qui ne mène nulle part si ce n'est à d'autres scandales à venir. Chose promise, chose due ; les révélations sont nombreuses et explosives ; ainsi, nul ne pourra dire à l'avenir, qu'il ne savait pas. Ce livre dissèque avec méthode et précision toutes les facettes du cirque soraëlien : psychiatrique, économique, politique, idéologique, stratégique... Une oeuvre de salubrité publique.

09/2015

ActuaLitté

Poésie

Le Galaté au Bois. Edition bilingue français-italien

- Andrea Zanzotto : " Le Galaté au bois " (Il Galateo in bosco) Le titre, pour partie néologistique en français, emprunte au célèbre traité des règles de savoir-vivre de Monsignor Della casa, intitulé en italien Galateo, oppose culture (les règles sociales) et nature (bois touffu). Il s'agit du premier volet (1978) de la trilogie de la maturité du poète que le plus grand critique italien du siècle dernier, Gianfranco Contini a tenu à présenter. C'est aussi le seul recueil de cet ambitieux projet poétique à ne pas être aujourd'hui disponible en français. Les deux autres pans dudit triptyque, " Idiome " (1983) et " Phosphène "s (1986), sont tous deux présents en librairie. L'ouvrage prend pour thème un lieu défini, celui de la forêt du Montello situé au sud du bourg où le poète est né. Cette région s'avère particulièrement riche en sédiments historiques, échos, réseaux et figures. Là se dressent, par exemple, les ruines d'une grande abbaye où vécu Monsignor Della Casa, dans ces mêmes parages évolua la poétesse de la Renaissance Gaspara Stampa. Ce fut aussi un champ de bataille durant la première guerre mondiale et, de tout temps, un refuge pour les marginaux. Ces éléments, ici rapidement évoqués à titre indicatif, campent un sud et son histoire érodée reconduite à ses bribes surnageant dans l'histoire locale sous forme de fourmillantes historiettes, citations mémorables, épiphanies diverses. Cet enchevêtrement de temporalités dissemblables détermine un mélange stylistique familier aux lecteurs italiens : celui d'un plurilinguisme dont le Dante de la " Divine Comédie " est l'épigone. Autrement dit, la rencontre de styles diversifiés appartenant à des âges différents, tous dûment déhiérarchises dans une promiscuité généralisée mêlant mémoire littéraire, onomatopées, oralité : du sublime au trivial. Cet encyclopédisme langagier se révèle comme le juste rendu stylistique d'une histoire s'offrant tout à tour comme enfouissement et surrection, survivance et oubli, dont la faille périadriatique traversant de part en part la géographie concernée est aussi une métaphore seyante. Une syntaxe inattendue en résulte dans laquelle l'articulation est dévolue non au mot mais, le plus souvent, à des séquences verbales hétérogènes : accidenté, seul leurs heurts, chevauchements, juxtapositions, télescopages assoit le sens. L'histoire littéraire s'en trouve remaniée d'autant : paradoxalement, des styles distincts appartenant à des ères différentes finissent par y tenir un seul et même discours. Les styles mis en oeuvre sont ainsi arrachés à leur historicité pour vérifier la circulation du symbolique qu'ils viennent vérifier par-delà toute prétendue clôture : de langues en langages irréductibles. D'un italien d'une littérarité soutenue à un dialecte simplement parlé, par exemple. La critique italienne y a vu non seulement l'oeuvre maîtresse du poète de Vénétie mais également le chef-d'oeuvre le plus original de la poésie cisalpine du XXe siècle, qui en compte pourtant beaucoup d'autres. Au-delà, on peut tenir pareil recueil pour " généalogique " (dans une acception non nietzschéenne du terme) dans la mesure où prenant conscience du caractère suranné d'une tradition, l'européenne à travers l'italienne, ce recueil opère, idéalement et réellement, une synthèse de toutes les traditions précédentes, un peu comme Rabelais en son temps vis-à-vis de la tradition médiévale, et, cela, rien que pour donner un futur au genre poétique. Au reste, sa temporalité n'est-elle celle d'un futur antérieur (titre d'un célèbre poème de " Phosphènes " : " Futurs simples - ou antérieurs ") ? (Philippe Di Meo)

03/2023

ActuaLitté

Histoire de France

Gazage de concentrationnaires au château de Hartheim. L'action 14f13 1941-1945 en Autriche annexée, nouvelles recherches sur la comptabilité de la mort

Dans cet ouvrage que nous avons voulu nommer, sans concession de style ou d'esthétique, Gazage de concentrationnaires au château de Hartheim, l'auteur informe les lecteurs, avec précision et pertinence, des pratiques dans ce château de Haute-Autriche mis au service du camp de Mauthausen. Des malades sont soignés à l'institution caritative de Hartheim depuis 1898 par des soeurs de l'ordre religieux de Saint Vincent de Paul. Dans les premiers jours d'octobre 1939, Hitler décide de mettre en pratique l'" euthanasie " nationale-socialiste sur des patients dits incurables, pour " leur donner une mort miséricordieuse ", opération baptisée Aktion T4. Les nazis ont construit au château de Hartheim une chambre à gaz et un four crématoire. Dès le printemps 1940, des" soignants " en blouse blanche, divers bystanders, un " brûleur ", un photographe et du personnel administratif pratiquent leurs basses besognes au château de Hartheim, sous les ordres des membres de la SS, le D' Georg Renno (jugé inapte à comparaître par un tribunal allemand en 1970 et laissé en liberté après guerre) et son supérieur, le Dr Rudolf Lonauer (qui s'est suicidé le 5 mai 1945). Quand cessent officiellement ces assassinats, à partir de l'été 1941, ce sont les camps de concentration de Mauthausen, Gusen puis Dachau qui approvisionnent en vie humaine les terribles installations secrètes du château ; ce sera l'Aktion 14f13. Les criminels nazis formés en ce lieu sont ensuite, pour la plupart, affectés aux camps d'extermination, pour la mise en place de la " solution finale " au cours de l'Aktion Reinhard. Les concentrationnaires sélectionnés pour aller en " camp de convalescence " ou au " sanatorium ", vocables désignant la chambre à gaz, étaient acheminés par des autocars à l'effigie de la Reichspost. Espagnols, Polonais, Français, Italiens, Allemands du Reich, Hongrois, Juifs, droits communs, déserteurs, homosexuels, " asociaux " ou Tsiganes, les victimes venaient de divers camps de concentration, ou étaient des prisonniers de guerre soviétiques. Des listes existent et vous les consulterez dans ce livre incroyable de vérité, de sérieux, de recherche et porteur de cette histoire. Jean-Marie Winkler nous dévoile ces listes et leur méthodologie de dissimulation planifiée. Il donne la mesure de l'abjection humaine qui fait froid dans le dos. Dans son analyse minutieuse de " 14f13 ", l'auteur met au jour, jusque dans les écritures comptables, l'action machiavélique des autorités nazies et de leurs suppôts, non seulement pour exterminer des hommes, mais pour maquiller ces exécutions collectives. Environ 30 000 personnes furent exterminées au château de Hartheim entre 1940 et 1944, dont 8 000 concentrationnaires. Cette documentation sans précédent est non seulement une oeuvre de mémoire, mais la mémoire de notre histoire contemporaine et l'exhumation d'une vérité.

11/2010

ActuaLitté

Sciences historiques

La Légion étrangère. 1831-1962

Aucune force militaire au monde n'a autant que la Légion étrangère captivé l'imagination populaire par son image sulfureuse et par le mystère et le romantisme qu'elle cultive. Le mythe est même si puissant que le non-initié éprouve quelques difficultés à distinguer le vrai du faux : qui et que croire ? Les récits des anciens, simples légionnaires ou officiers, ne disent pas tous la même chose, loin de là ; le cinéma et la littérature, tantôt favorables, tantôt hostiles, exploitent les clichés jusqu'à l'absurde pour complaire au public ; les archives, peu accessibles, ne sont au demeurant pas très bavardes sur les sentiments des hommes. La légion est depuis le début une tour de Babel composée d'engagés de nationalités et d'origines sociales variées en quête d'une vie nouvelle, mais elle n'est pas le ramassis de criminels repentis, d'aristocrates déclassés, de têtes brûlées et de réfugiés politiques désorientés que l'on croit. Elle a toujours su redonner diginité et estime de soi à des gens pour qui elle constitue une famille de substitution, mais elle n'en fait pas des saints, et d'ailleurs la désertion a toujours été pour elle une plaie endémique. Ses exploits guerriers -principalement aux colonies mais aussi au cours des deux conflits mondiaux- justifient sa réputation de corps d'élite, mais elle a aussi connu la défaite, la démoralisation, le sous-équipement, le sous-encadrement. Elle a souvent obéi aveuglément (et les gouvernements en ont plus d'une fois abusé en l'envoyant au sacrifice sans nécessité ou en lui confiant les sales besognes), mais cela n'a pas empêché certaines de ses unités d'être à la pointe du putsch des généraux en 1962. Elle a développé -à usage interne et externe- un floklore outrancier, mais comment forger et perpétuer autrement un esprit de corps dans une troupe de mercenaires ne parlant pas la même langue et ne se battant ni pour une patrie ni même pour une idéologie ? Il ne s'agit pas de renvoyer dos à dos laudateurs et dédracteurs, mais de comprendre comment s'articulent sur la longue durée les contradictions et les ambiguïtés dont la Légion elle-même, abusée par son égocentrisme et par le regard des autres (malveillance de l'armée régulière, xénophobie, méfiance du pouvoir politique...), n'a pas eu pleine conscience. Fresque épique et chronique scrupuleuse en même temps, cet ouvrage américain est sans précédent par son ampleur -il couvre les cent trente et un ans (1831-1962) durant lesquels la Légion étrangère a été engagée ou stationnée outre-mer- par la sûreté et la diversité de son information, par la distance, l'objectivité et la finesse de ses jugements.

05/1994

ActuaLitté

Divers

Ecoute, jolie Márcia

Fauve d'or Angoulême 2022 – Márcia est infirmière dans un hôpital à proximité de Rio et vit dans une favela avec son petit ami Aluisio et sa fille, Jaqueline, qu'elle a eue très jeune avec un autre homme. Jaqueline, jeune adulte frivole et grande gueule, mène la vie dure à sa mère et Aluisio et fréquente assidûment les membres de l'un des gangs du quartier, ce qui est la source de violentes altercations entre la mère et la fille.

Le petit ami de Jaqueline en vient même à menacer Márcia à l'occasion d'un séjour à l'hôpital... La situation dégénère encore plus le jour où Jaqueline se fait arrêter par la police pour complicité de vols et recel de marchandises volées. Márcia et Aluisio, affolés, se rendent alors compte que Jaqueline est impliquée dans des affaires avec des criminels de haut vol et un groupe de policiers ripoux. Marcia demande alors à Aluisio de surveiller Jaqueline, mais celui-ci risque gros...

Ecoute, jolie Márcia est un nouveau roman graphique trépidant, aux couleurs flamboyantes, par l'un des auteurs les plus importants de la scène brésilienne contemporaine. Marcello Quintanilha réalise un nouveau tour de force avec ce récit très construit où les relations entre chacun des protagonistes se dévoilent au fur et à mesure dans un suspense mené de main de maître.

Marcello Quintanilha est né en 1971 à Niterói (État de Rio de Janeiro). Autodidacte, il commence sa carrière de dessinateur en 1988 dans la bande dessinée d’horreur, puis travaille dans le dessin animé pendant une dizaine d’années. Il devient ensuite illustrateur pour de nombreux magazines et journaux brésiliens, et publie son premier livre en 1999, Fealdade de Fabiano Gorila d’après la vie de son père, joueur de football professionnel dans les années 1950.

En 2002, il signe avec les éditions du Lombard pour réaliser les dessins de la série Sept Balles pour Oxford sur des textes de Jorge Zentner et Montecarlo (sept albums publiés à ce jour). En 2009, le recueil de nouvelles Mes Chers samedis (Sábado dos Meus Amores) est publié au Brésil. Son premier roman graphique, Tungstène, publié en 2015 en France aux éditions çà et là, a remporté le Prix du Polar au Festival d’Angoulême 2016 avant d’être adapté au cinéma par le réalisateur Heitor Dhalia. Talc de Verre a ensuite été publié en France 2016, puis L’Athénée en 2017 et Les Lumières de Niteroi en 2018.

Marcello Quintanilha a reçu de nombreux autres prix, notamment à la Biennale internationale de bande dessinée de Rio de Janeiro en 1991 et 1993. Son recueil "Mes chers samedis" a remporté le prix du meilleur dessinateur HQ Mix en 2009. Depuis 2002, il habite et travaille à Barcelone.

09/2021

ActuaLitté

Religion

Paul VI à travers son enseignement

" Au soir d'une journée où j'ai pris congé du diocèse que Jean-Paul II m'avait confié il y a près d'un quart de siècle, je ne veux manquer de rendre un ultime témoignage en m'acquittant d'un dernier devoir. Il s'agit de la promesse faite, il y a un an, à Mgr Macchi, le dévoué secrétaire de Paul VI : je m'étais engagé à présenter l'ouvrage que sa piété exigeante et fidèle a consacré à la mémoire de ce grand pape... A trente ans de distance, faut-il méditer à nouveau la parole du Christ que Paul VI répéta au soir de sa vie : Quand le Fils de l'Homme reviendra, trouvera-t-il la foi sur terre ? ". C'est à cette question que j'ai voulu répondre, en disant à nouveau aux fidèles ma confiance en l'avenir. Jésus ressuscité nous dit en effet : "Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin des temps " (Mt 28, 20). Il est avec nous, alors même que nous partageons la solitude de sa Passion. Mgr Macchi a rassemblé et ordonné ces textes de Paul VI avec la volonté d'un véritable attachement qui prouve la confiance que Paul VI avait placée en lui. Il a mis en évidence leur cohérence et leur logique... Beaucoup résonnent à nos intelligences et à nos coeurs avec une proximité et une force qui les rendent immédiatement présents. On les croirait écrits pour réveiller le courage de notre foi les jours de désarroi et de doute ; leur vigueur de plume les rend irrésistibles. Ils ouvrent des chemins vers un renouveau ou, plutôt, vers un nouvel état du monde et de l'Eglise dans la fidélité intégrale à l'Evangile. Que nous dit Paul VI qui soit si saisissant d'actualité ? Ne gardez pas les vêtements usagés qui vous isolent dans un monde qui en porte d'autres, si différents des vôtres. Ne vous attachez pas à ce qui est devenu caduc, dépassé ; nos contemporains diraient obsolète. Mais revêtez les habits qui montreront que vous participez au grand mouvement de l'humanité ; elle va vers une destination peut-être inconnue et sans doute redoutable. C'est le Christ, Alpha et Oméga, qui, en faisant de nous ses disciples, nous donne la mission d'y témoigner de la Bonne Nouvelle du salut des hommes. Est-il absurde, voire criminel, de se laisser ainsi emporter vers des destinations incertaines, en y apportant la confiance et la certitude du chrétien ? Faut-il proférer à mi-voix comme don Alvaro dans le Maître de Santiag " Au seuil de l'ère nouvelle, je refuse d'entrer " et s'échapper vers des contrées imaginaires qui nous coupent de la vie et des progrès ? Faisons confiance à la Providence. Et par l'amour, l'exemple, le courage, ouvrons les voies du salut de l'humanité. Démasquons la fascination de la mort pour que l'humanité reçoive l'Evangile et devienne ainsi plus humaine et plus spirituelle. L'exemple de Paul VI nous est, à ce titre, d'un grand secours. Il aura mené à son terme une oeuvre dont il ne fut pas le promoteur : le deuxième Concile du Vatican ; il a veillé à le mettre en application pour préparer l'avenir. Il manifesta sa vraie grandeur, faisant preuve d'audace et de prudence, de maîtrise et de charité, de lucidité et de volonté. Paul VI nous enseigne ainsi la voie de la fidélité, du courage et de l'humilité. ".

11/2005

ActuaLitté

Religion

La passion de Husayn ibn Mansûr Hallâj. Tome 3, La doctrine de Hallâj

Tome I: Husayn ibn Mansûr Hallâj, martyr mystique de l'amour inconditionnel de Dieu, éprouvé jusqu'à la damnation volontaire, fut exécuté à Bagdad le 26 mars 922. Sa figure, sa présence accompagnèrent Louis Massignon (1883-1962), l'un des plus grands maîtres de l'orientalisme occidental au XXe siècle, depuis sa découverte du saint en 1907, qui conduisit à la rédaction de sa thèse principale de doctorat, jusqu'à la publication du grand ouvre dans cette édition posthume, considérablement augmentée de tous les compléments et rajouts qui furent le fruit d'une incessante quête. Tome II : Mars 1907, Massignon prépare au Caire un plan de recherches archéologiques et dans les textes qu'il réunit sur l'histoire du Khalifat à Bagdad "la physionomie d'al Hallâj ressortait, avec une puissance qui écrivait Massignon me frappa : le plus beau cas de passion humaine que j'eusse encore rencontré, une vie tendue tout entière vers une certitude supérieure. Le désir me vint de pénétrer, de comprendre et de restituer cet exemple d'un dévouement sans conditions à une passion souveraine". "Il n'est pas question de prétendre ici que l'étude de cette vie pleine et dure, et montante, et donnée m'ait livré le secret de son cour. C'est plutôt lui qui a sondé le mien ; et qui le sonde encore". Tome III : L'expérience hallagienne de Louis Massignon, expérience christique et messianique, modèle la conception qu'il se fait de l'islam et plus particulièrement du soufisme. "Tous ces documents remués n'ont pas affaibli mon impression primitive, mais l'ont fortifiée. Il y a vraiment une vertu, une flamme héroïque, dans cette vie ; dans la mort surtout; qui l'a scellée. J'ai été vivre, près de sa tombe, en son pays. A l'étudier, peu à peu, ici et là, je crois avoir assimilé quelque chose de très précieux et que je voudrais faire partager à d'autres. Heureux si d'autres que moi ressentent un jour, pour s'être familiarisés avec lui, ce désir pressant de s'imprégner de la Vérité pleine, non pas abstraite, mais vivante, qui est le sel offert à toute existence mortelle". Tome IV : "Ainsi commencé, par goût profane, pendant deux ans, cet ouvrage continué depuis par obéissance chrétienne, s'achève au bout de quatorze années. Et maintenant, me voici de nouveau à l'orée d'un désert : entendant le vent se lever, sur le seuil de la tente, entre les pierres du foyer, à la brise avant-courrière de midi ; heure bénie, où trois passants qui s'en allaient incendier une cité perdue, s'arrêtèrent, et offrirent à Abraham, leur hôte d'un instant, l'amitié divine".

03/2010

ActuaLitté

Poésie

Mara ou Tu peux en vouloir au soleil

Paru en 1941, et sommet de l'oeuvre du poète américain Robinson Jeffers, figure solitaire et sauvage des lettres américaines, Mara ou Tu peux en vouloir au soleil s'ouvre sur un ample roman en vers en 12 chapitres de Bruce Ferguson, éleveur et vendeur de bétail sur la côte californienne, qui incarne à lui seul la tension tragique de la poésie de Jeffers. Dans un monde de "nouvelles sales et sanglantes" , à mi-chemin entre le rural et la modernité, entre l'archaïsme et la radio, entre le cheval et la voiture, cette fresque familiale éclate à la fois sous la violence intime, couvée de jalousie, de mensonge et de silence, et le fracas de la montée au pouvoir d'Hitler et de l'invasion de la Pologne par l'armée allemande. Les grands incendies qui ravagent le paysage et les crashes de dirigeables semblent être la manifestation extérieure des pulsions destructrices qui animent ces personnages qui s'aiment et se déchirent dans l'espace exigu de leurs maisons en bois. Frères, parents, époux, amants, ces êtres qui ne savent pas comment ne pas se détruire, hantés par l'enfer, mais cet enfer simple de ceux avec qui l'on partage sa vie, sont des silhouettes nocturnes et dérisoires au bord du rugissement des vagues de l'océan, des remous de l'histoire. Pris dans cette atmosphère d'orages et de tempêtes, ils ne savent pas comment être libres, mènes une vie d'aveugle et de tempête, enfermés dans le piège des autres, où le seul antidote au poison du mensonge semble être le mensonge lui-même. "Personne ne connaît la différence entre le bien et le mal" dit Jeffers dans ce livre qui questionne la folie, la morale et la chute de l'occident, peuplé de spectres, d'apparitions et d'oracles. Mara est cet esprit qui guide et tourmente Bruce Ferguson qui comme la plupart des personnages du livres cherche la voix des morts, pour ne pas sombrer avec la civilisation qui s'effondre dans la guerre. L'humanité est maudite, piégée dans le cycle du "galop des mondes" , qui voit se substituer des vagues de destruction à des vagues de progrès, il en est ainsi depuis Alexandrie, depuis Rome, depuis Byzance. Race humaine qui a capturé tous ses rêves, "sauf la paix" et dont Jeffers, au fil de ces longs poèmes narratifs "douloureux à l'excès" , questionne la notion du sacrifice comme acte rédempteur ou de simple disparition ? Il aura trouvé sa réponse pour lui-même, dans un dernier éloge attristé de la solitude, débarrassé des hommes, à l'écart de toute guerre, entre montagne et océan.

06/2022

ActuaLitté

Littérature française

Robin Hood, le prince des voleurs - Tome I. Un roman historique d'Alexandre Dumas

Résumé Le prince des voleurs C'est en traversant la forêt de Sherwood pour se rendre au château du terrible baron Fitz-Awine, sheriff de Nottingham, afin de demander la main de Lady Christabel sa fille, qu'Allan Clare et sa soeur la jolie Marianne font la connaissance de Robin Hood dans des circonstances plutôt mouvementées. Ce jeune archer très habile et très rapide, confié dès son plus jeune âge au brave forestier Gilbert par deux inconnus, est en fait l'héritier direct du comté de Huntingdon. L'enlèvement de Christabel, conçu par Allan et Robin, tourne court, provoquant le départ de celle-ci pour Londres, bientôt suivie par Allan qui part à sa recherche. Le baron Fitz-Awine, furieux du rôle joué par Robin, lui voue alors une haine terrible : il fait incendier la maison de Gilbert, entrave le bon déroulement du procès intenté par Robin pour retrouver ses droits, se plaint au roi Henri II de mauvais traitements... Ce qui aboutit à la proscription de Robin Hood par le roi. Après avoir vainement tenté de résister, Robin n'a d'autre solution que de se réfugier dans la forêt avec quelques Saxons dont Petit-Jean et frère Tuck. Pour subvenir aux besoins de sa petite troupe, il instaure un impôt sur le passage des voyageurs à travers la forêt, proportionnel à leur richesse. Robin Hood le proscrit Le retour d'Allan vaut à Robin de s'occuper d'empêcher l'union de Christabel avec un vieux mais riche ami de son père et de sauver de la pendaison Will, un de ses amis ayant quitté brutalement l'armée. Après les mariages de Christabel et Allan, de Robin et Marianne, et de Will et Maude, Robin et ses joyeux compagnons continuent de plus belle à dépouiller les riches Normands et le clergé de leurs richesses afin de soulager la misère des pauvres, augmentant encore le ressentiment du sheriff qui mourra sans avoir eu la joie de capturer Robin ni par la force ni par la ruse. C'est grâce au roi Richard qui succède à Henri II que Robin se voit remis en possession de ses titres et droits sur le comté de Huntingdon, en théorie du moins. En effet, le départ du roi en croisade, la régence du prince Jean qui s'en suit et le refus de l'actuel comte de céder font que la situation de Robin n'a pas changée cinq ans après. De plus, l'intensification des prouesses de l'outlaw porte le mécontentement des Normands à son paroxysme, suscitant par là de nombreuses attaques dont l'une causera la mort de Marianne. Longtemps inconsolable, Robin laisse petit à petit sa bande se disperser avant de mourir à l'age de 55 ans, suite à une trahison.

01/2023

ActuaLitté

Suspense romantique

Quand tout le monde dort...

Quand il dort, Daniel est capable de commettre l'irréparable... sans s'en souvenir le lendemain. Alors, pour protéger les habitants de la ville, l'agent Joe Belman n'a plus qu'une possibilité : passer ses nuits avec le somnambule afin de le contrôler... Daniel Whitlock est terrifié à l'idée de dormir, et il a de quoi : il est somnambule et n'a aucun souvenir de ce qu'il fait quand il est inconscient. Comme d'avoir brûlé la maison de Kenny Cooper alors que le jeune homme était à l'intérieur, et ce après que celui-ci l'avait agressé à cause de son homosexualité. De retour dans la petite ville de Logan après avoir purgé sa peine de prison, Daniel s'isole dans une cabane au milieu d'une forêt et, la nuit, il s'enchaîne à son lit. Comme tout le reste de la ville, le policier Joe Belman ne croit pas un mot de la défense de Daniel. Pourtant, quand, en guise de représailles, quelqu'un essaie d'incendier sa cabane et que Bel sauve le jeune homme, il découvre que ce garçon n'est peut-être pas ce que tout le monde pense : un assassin, un menteur, un drogué, un monstre. Bel accepte de surveiller Daniel la nuit pour le bien de ses concitoyens. Daniel est fascinant, mais l'inspecteur ne veut pas s'engager sur ce chemin. Cependant, alors qu'il s'enfonce progressivement dans le monde obscur du jeune homme, Bel se rend compte qu'il aime être aux commandes. Quant à Daniel, se soumettre lui apporte une paix qu'il n'a jamais connue jusque-là. Malheureusement, les démons de Daniel refusent de le laisser tranquille et il va avoir besoin de l'aide de Bel pour les neutraliser une bonne fois pour toutes. Enfin, en admettant que Bel soit prêt à risquer de tout perdre pour le soutenir. #Somnambulisme #Meurtre #Policier #Traumatisme #LightBDSM #Enquête "Il s'agit d'une histoire intense et sombre, marquée par un sentiment de menace pendant la majeure partie du livre. [... ] J'ai été rapidement entraînée dans l'histoire, fascinée par la façon dont tout cela allait se terminer, et je le relirai probablement plus lentement un jour". - Kaje Harper, autrice de la série Se reconstruire "Ce livre n'est pas une simple lecture, c'est une expérience d'immersion totale dans les émotions. Deux des personnages les plus mémorables que j'aie jamais rencontrés". - Kazza(Goodreads) "Ce livre m'a vidé. Il est sombre, abrasif et très angoissant, mais il contient aussi une incroyable romance et des thèmes forts de rédemption et d'espoir". - Adam(Goodreads)

12/2022

ActuaLitté

Contes et nouvelles

Au pays des cigales

LETTRE-PREFACE "Vous m'envoyez de votre beau pays de lumière un livre tout parfumé de thym et de lavande, et vous me priez de lui souhaiter la bienvenue dans notre Paris noir de pluie, où les roses de mai, cette année, n'ont pu fleurir, brûlées par les vents et les gelées. Oui, qu'il soit le bienvenu. Il m'apporte, à moi, ma jeunesse déjà lointaine, les cours du collège d'Aix, que je revois souvent en fermant les yeux, avec leurs gros platanes, leurs vols de moineaux, la terre dure où l'hiver nous battions la semelle, le bassin dans lequel nous pataugions l'été ; il m'apporte mon adolescence, nos grandes courses jusqu'à Sainte- Victoire et au Pilon du Roi, nos premiers vers écrits sous les ombrages des Pinchinats, nos premières amours, le soir, sous les fenêtres des demoiselles, auxquelles nous donnions des sérénades, comme dans Byron et dans Musset. Quand je les ai lus, ces nouvelles et ces contes dorés par le soleil de Provence, il m'a semblé que je redevenais tout petit pour me remettre à grandir. J'avais cet attendrissement des vieilles lettres d'amour retrouvées au fond d'un tiroir. Savez-vous quel rêve je faisais ? Je me voyais au bord de l'Arc, dans un trou de feuilles que je connais bien. Il y a vingt ans que je ne suis allé m'asseoir sur cette berge ; mais elle est restée pour moi avec son printemps éternel, son bouquet de saules, son eau blanche argentant les cailloux, ses terres rouges, en face, allant jusqu'à l'horizon bleu, toutes flambantes de l'incendie de midi. J'étais là, votre livre évoquait ce coin de mystère, où j'ai laissé mon coeur. Et je vous souhaite aussi la bienvenue au nom de notre grand Paris entier, où vous arrivez avec la belle saison tardive, un peu après les hirondelles, un peu avant les roses. Il n'est pas besoin d'avoir laissé son coeur en Provence pour rire et pour pleurer avec vous. Quand le soleil vient, les bras se tendent, on lui ouvre sa demeure, sans l'avoir connu à son berceau ; et c'est le soleil que vous apportez à tous, la jeunesse vaillante, l'enthousiasme et la foi, les premiers récits d'un poète qui sont comme les premières tendresses d'un amant. Soyez sans crainte, les livres les plus chers sont les livres de la vingtième année. Le vôtre a déjà pour lui les femmes qui aiment, les jeunes gens qui espèrent et les vieillards qui se souviennent. Je ne veux point ici faire oeuvre de critique et vous louer en argumentant sur votre talent. Ce rôle de pédant, au milieu de vos fleurs, me paraîtrait bien lourd. Non, je tiens seulement à vous dire toute mon émotion, le charme sous lequel vous m'avez tenu. Imaginez que je sois allé vous voir, près de Marseille, aux Aygalades ou à Montredon, dans un petit jardin rafraîchi par les brises de mer. Je suis un passant, un invité, un ami émerveillé de vous entendre ; et jusqu'au soir nous causons, et je m'en vais, en emportant votre chant de cigale adouci, pareil dans la nuit tiède à un chant de flûte. (...)"

02/2023

ActuaLitté

Manga

Peuple invisible

Les histoires réunies dans ce volume complètent La promesse, achevant de rendre disponible l'intégralité des récits composés par Shohei Kusunoki. Elles ont pour la plupart été publiées dans Garo la légendaire revue d'avant-garde fondée en 1964 qui a révélé des auteurs aussi incontournables que Yoshiharu Tsuge Yoshihiro Tatsumi (édités tous deux chez Cornelius), accompagnant pendant les décennies 1960 et 1970 une jeunesse réfractaire au conservatisme de la classe dirigeante. Shohei Kusunoki a imaginé ces histoires entre 1968 et 1974 dans un Japon qui cherchait à se réinventer par une course à la modernité peu soucieuse du sort des classes populaires. Comme son ami Susumu Katsumata (Neige rouge, Cornelius), il fut marqué par l'apparition de Yoshiharu Tsuge, qu'il fréquenta à cette époque et dont l'influence se retrouve dans plusieurs des récits regroupés ici. Délaissant le registre contemporain sans renoncer à parier de son époque, Shohei Kusunoki s'attache à décrire avec justesse la vie du peuple, tout en lui insufflant une dimension épique. Au travers de genres aussi codés que le conte traditionnel ou le récit de samouraï, il décortique l'ambiguïté des rapports humains. Mettant à nu les sentiments qui unissent les êtres, les raisons pour lesquelles ils s'attirent et les malentendus qui les séparent, Shohei Kusunoki parvient, à travers un style limpide, à exprimer ce qui ne l'est pas. Un auteur immense qu'il est urgent de redécouvrir et de célébrer. Shohei Kusunoki est né le 17 janvier 1944 à Tokyo. souffre très jeune de graves problèmes cardiaques qui l'éloignent de l'école et le contraignent à rester le plus souvent inactif. C'est pendant : ces longues journées d'école buissonnière forcée que le jeune Shohei développe son intérêt pour les mangas, qu'il loue dans les librairies de prêt de son quartier. Il fonde un fanzine avec quelques ara qui aspirent comme lui à devenir mangakas. Ses auteurs favoris sont alors Tokao Saitô (Golgo 13, Glénat) ou Hiroshi Hirata (L'Ame de Kuydo, Akato). Mais son admiration se concentre plus particulièrement sur le grand Sanpei Shirato (Kamui-den, Kana), dont Shohei Kusunoki deviendra l'assistant en 1961, à dix-sept ans. Il publie ses propres histoires en tant qu'auteur à partir de 1964, notamment dans la revue Garo où il portage ne saine émulation auprès de Shin'ichi Abe (Un Gentil Garçon, Cornelius), Yoshiharu Tsuge (anthologie en sept volumes chez Cornelius) et Susumu Katsumata (Poissons en eaux troubles, Le Lézard noir), avec lequel il partagera un véritable compagnonnage. Cette carrière prometteuse est malheureusement interrompue par la maladie, qui le rattrape pendant l'été 1973.Il décédera l'année suivante à l'âge de 30 ans, avant que ne soient publiés les recueils qui lui valent le souvenir ému de ses admirateurs, dont nous espérons que cette traduction accroîtra le nombre.

06/2020

ActuaLitté

Littérature étrangère

The Picture of Dorian Gray

Le manuscrit original du Portrait de Dorian Gray "Les livres que le monde juge immoraux sont ceux qui révèlent sa propre ignominie". Les éditions des Saints Pères présentent le manuscrit original du Portrait de Dorian Gray. Ce document montre le texte de Wilde ainsi qu'il est initialement écrit, dans sa toute première version. Le lecteur peut à la fois observer l'écrivain aiguisant sa prose et pratiquant une forme d'autocensure bien en amont de la publication, ayant sans doute l'intuition d'avoir franchi quelques lignes rouges sur le plan des bonnes moeurs. Oscar Wilde et la censure Oscar Wilde entreprend l'écriture de ce premier jet de 13 chapitres en 1889. Il est destiné à être publié dans les pages du Lippincott's Magazine, une revue américaine. Celles-ci révèlent le talent de leur auteur, mais aussi un contexte : celui d'une Angleterre prude et homophobe au 19e siècle, que Wilde a conscience de pouvoir choquer avec un tel texte. C'est pourquoi il atténue l'ambiguïté de la relation entre Basil et Dorian - par exemple, lorsque Basil évoque la beauté de son modèle, "beauty" devient "good looks" (allure), "passion" devient "feelings" (sentiments), etc. Certains passages entiers sont barrés, comme des confessions émouvantes et amoureuses de Basil. En avril 1890, Wilde finit son texte et le fait taper à la machine afin de le soumettre à Lippincott's. James Stoddart, le rédacteur en chef, l'accepte tout en redoutant son parfum homo-érotique. Il se met à lui-même censurer Le Portrait de Dorian Gray, effaçant environ 500 mots, dont des phrases entières, comme la tirade de Basil au sujet de son portrait. Le manuscrit du scandale En dépit des nombreuses strates de censure qui ont donné à Dorian Gray la forme de sa publication, le numéro de juillet 1890 de Lippincott's suscite l'hostilité des lecteurs. Les critiques décrient le texte, le décrivant comme "une fiction toxique, dont l'atmosphère étouffante et diabolique abonde d'odeurs de putréfaction morale et spirituelle" écrite à l'attention de "nobles hors-la-loi et petits télégraphistes pervertis" . Directe conséquence de ce tollé : la puissante enseigne WS Smith refuse de vendre le numéro dans ses librairies. Malgré, ou grâce à cette réception scandaleuse qui ne peut qu'attirer l'attention, Wilde commence alors à retravailler et à développer l'histoire, afin de la publier sous forme de livre. Il effectue des changements de structure, imagine d'autres personnages, ajoute 6 chapitres et une sélection d'aphorismes pour préfacer l'ensemble et atténue encore un peu plus les passages décriés. La magnifique confession de Basil à Dorian disparaît alors complètement. Une préface de Merlin Holland Merlin Holland est un spécialiste d'Oscar Wilde et le petit-fils de l'écrivain. Il est l'auteur de plusieurs livres de référence : The Wilde Album (1998), Coffee with Oscar Wilde (2007), A Portrait of Oscar Wilde (2008).

09/2018

ActuaLitté

Revues

Revue du crieur N° 24 : Droites radicales. 50 nuances de brun

Le vingt-quatrième numéro de la Revue du Crieur plonge dans les idéologies des extrêmes droites contemporaines en proposant quatre grands portraits de penseurs et relais de ces courants divers mais tous mortifères : Murray Rothbard, le théoricien de l'anarcho-capitalisme et référence du président argentin Javier Milei, qui défend une vision radicale d'une société capitaliste sans Etat ; Mencius Molbug, le gourou de la néoréaction version 2. 0, qui appelle de ses voeux un avenir dans lequel se mêleraient transhumanisme débridé et gouvernements autoritaires sous forme d'Etat-entreprises, tout cela grâce à la colonisation de la haute mer et du cosmos ; Yoram Hazony, l'éminence grise, ou comment un néomaurrassien israélo-étatsunien chante dans le monde entier les louanges de son " conservatisme national " ; Mathieu Bock-Côté, le passeur qui exporte les paniques morales à travers l'Atlantique depuis son Québec natal et martèle un discours hostile au multiculturalisme à longueur de plateaux télé. Cinquante nuances de brun qui se rejoignent autour d'un désir de transgression. Les lecteurs et lectrices retrouveront ensuite les enquêtes culturelles du Crieur. L'une est consacrée à la vague féministe qui secoue actuellement le milieu éditorial, où l'on plonge dans les rouages de la création de maisons d'édition ou de collections et l'ouverture de librairies. On se penche ensuite sur les images : comment filmer les luttes féministes ? Pourquoi avons-nous gardé peu de traces de l'ébullition des années 1970 ? Comment faire pour que les luttes présentes ne soient pas oubliées ? Un autre article se propose de décrypter les innombrables polémiques qui s'agitent autour du sensitivity reading, c'est-à-dire le travail qui consiste à faire relire des ouvrages avant leur publication afin de veiller à ne pas véhiculer de stéréotypes (sexistes, racistes, validistes...). Nombre de commentateurs crient à la censure, à la réécriture de l'histoire et au " politiquement correct ". Mais ces polémiques passent à côté de l'essentiel : la composition très homogène du monde éditorial hexagonal, qui ne saurait voir les oppressions qu'il contribue à reproduire. On s'interroge ailleurs sur la disparition du " sexe " dans les théories et luttes féministes : avec le concept de genre, peut-être n'avons-nous plus besoin du sexe ? Cet article entend au contraire remettre le sexe sur la table du genre, et ne pas l'abandonner aux réactionnaires qui s'attellent à le renaturaliser pour mieux disqualifier celles et ceux qui entendent vivre selon le genre qui leur convient. Un autre papier se penche sur les passages de frontières raciales, c'est-à-dire sur l'expérience qui consiste à passer d'une catégorisation raciale à une autre, volontairement ou non. Mais est-il véritablement possible de " changer de race " ? Et que cela implique-t-il quant à notre compréhension de ce qu'est la race ? Le numéro propose enfin un grand portfolio sur les prisons, traversé par une interrogation centrale : comment photographier à l'intérieur d'un système de surveillance ? Comment cadrer sans enfermer ?

04/2024

ActuaLitté

Policiers

Terminus Belz

Il s'appelle Marko Voronine. Il est en danger. La mafia le poursuit. Il croit trouver refuge sur Belz, une petite île bretonne au large de Lorient coupée de tout sauf du vent. Mais quand le jeune Ukrainien débarque du ferry, l'accueil est plutôt rude. Le métier du grand large en a pris un coup, l'embauche est rare sur les chalutiers et les marins rechignent à céder la place à un étranger. Et puis de curieuses histoires agitent en secret ce port de carte postale que les locaux appellent « l'île des fous ». Les hommes d'ici redoutent par-dessus tout les signes de l'Ankou, l'ange de la mort, et pour Marko, les vieilles légendes peuvent se montrer aussi redoutablesque les flingues de quelques tueurs roumains. Tricotant avec brio un huis clos inquiétant et une course-poursuite haletante, Emmanuel Grand mène son thriller d'est en ouest à un train d'enfer. Paroles de libraires« Quand un clandestin ukrainien tentant d'échapper à la mafia roumaine débarque sur une petite île bretonne coupée du monde, le vent peut bien continuer de rugir et le marin craindre l'Ankou, le lecteur, lui, retient son souffle ! » Coiffard, Nantes« Très iodé et furieusement rythmé. » Le Jardin des lettres, Craponne« Le maître du polar breton est né. » Mots en marge, La Garenne-Colombes« Un roman policier-fantastique et aussi très humain. » Le Passage, Alençon« Un roman noir fascinant où mafia roumaine et légendes bretonnes se télescopent avec brio. Formidablement mené et original, à ne pas manquer ! » Les mots et les choses, Boulogne-Billancourt« Un roman palpitant à l'intrigue rythmée par les vents marins. » Le Failler, Rennes« Fouetté par les vents bretons, confronté à des marins bourrus, on ne peut pas lâcher ce polar à l'intrigue mâtinée de légendes. Embarquez pour Belz ! » Vivement dimanche, Lyon« Des plus sombres légendes bretonnes au meilleur du thriller contemporain, Terminus Belz est le trait d'union improbable mais pourtant réussi entre Anatole Le Braz et DOA ! » L'Odyssée, Saint-Malo« Un polar parfaitement maîtrisé, mélange vif et détonant de mafia et de légendes bretonnes, d'histoire d'amour et de pêcheurs dans la tourmente : un régal. » Le Divan, Paris« Une efficacité redoutable pour installer une ambiance noire, trouble, contemporaine. » Espace culturel Leclerc, Bretagne« Emmanuel Grand a très bien su mélanger l'action, l'imaginaire, le suspense et la beauté des îles bretonnes. » Gibert Jeune, Paris« Quand les légendes s'invitent au bal des tueurs, c'est toute l'île qui danse une gigue mortelle. Un roman qui vous harponne ! » Saint-Christophe, Lesneven« Un premier roman absolument remarquable à ne surtout pas manquer. » Cultura, Plaisir« Les personnages sont très bien brossés (notamment le libraire alcoolique !) et l'intrigue est très prenante. » Le Forum du livre, Rennes« Un polar aussi vivifiant qu'une tempête bretonne ! » La Manouvre, Paris

01/2014

ActuaLitté

Roman d'amour, roman sentiment

T'embrasser sous la neige

" Cherche volontaire pour concours de baisers " Pour cette fin d'année, Juliette avait prévu beaucoup de choses. Des vacances romantiques à la Barbade, un immense sapin à décorer avec Simon, son amoureux, et peut-être même une demande en mariage. Elle n'avait pas prévu en revanche de soudain redevenir célibataire, d'annuler ses congés pour organiser un gala de charité avec le célèbre rocker Evan MacNeil et d'être inscrite par ses amis à un concours de baisers. Alors, quand le musicien lui propose d'être son partenaire, elle se laisse convaincre. Car, même s'il est l'un des célibataires les plus convoités, même s'il se débat encore avec le deuil de son frère et sa nièce de moins d'un an qui n'a plus que lui, Evan parvient à la mettre en confiance. A tel point qu'elle en viendrait presque à abaisser le mur de glace qu'elle a érigé autour de son coeur... "Ce savoureux mélange de romantisme, de réalisme, de suspense et d'érotisme a tout pour vous faire passer un doux et joyeux moment en cette fin d'année. Et mettre un peu de légèreté, de tubes de Noël et de boissons chaudes (a consommer avec modération si elles sont alcoolisées) dans un quotidien morose ! " Le Journal Des Femmes " Et la magie opère. Impossible de ne pas tomber sous le charme de ces deux personnages attachants et complexes qui vont apprendre au contact l'un de l'autre à ouvrir leur coeur et à donner une chance à la vie... Et à l'amour. " AuFeminin "Une lecture de Noël à déguster comme une friandise bien sucrée. " CNews "Le roman est une jolie parenthèse qui nous transporte dans un monde un peu plus doux loin du chaos actuel. (...) C'est comme être enveloppés dans un plaid un soir d'hiver au coin d'une cheminée : réconfortant". Serieously "Les fans de New Romance vont fondre pour T'embrasser sous la neige. Toujours aussi prenant, Emily Blaine prouve - une fois de plus - que la reine du genre, c'est elle ! " Melty "l'histoire est parfaite pour se pelotonner sous un plaid " Le Courier Picard "Un roman qui sent bon Noël, avec des héros attachants, Evan le musicien loin des clichés habituels, sans oublier Juliette bien évidemment. Vous y trouverez donc tous les ingrédients d'un roman à lire sous la couette avec une cup of tea. Amour, amitié, humour et Noël... " Cpourlesfemmes "C'est beau, c'est doux avec de l'émotion aussi. Un bon roman qui fait du bien" Coup de coeur libraire A propos de l'autrice Traduite dans six pays dont le Royaume-Uni, l'Allemagne ou encore l'Espagne, Emily Blaine s'est imposée comme l'ambassadrice de la romance moderne à la française avec plus de 600 000 exemplaires vendus. Emouvantes, drôles et ancrées dans la vraie vie, ses romances abordent avec justesse et finesse les grandes thématiques d'aujourd'hui.

10/2021

ActuaLitté

Procédure pénale

Droit de l'exécution des peines. 6e édition

Le droit de l'exécution des peines est probablement la discipline juridique la plus touchée par l'inflation législative. Les dix lois s'étant succédées depuis 2000 ainsi que leurs décrets d'application, ont porté la matière dans des directions opposées : après la juridictionnalisation de l'application des peines en 2000 et 2004, le législateur s'attache aujourd'hui à différencier le régime applicable aux récidivistes et aux longues peines, dans le sens d'un durcissement, et développe les mesures de sûreté. Dans le même temps et à l'inverse, il favorise le prononcé des aménagements de peine, réduit l'intensité, voire fait disparaître le suivi, et fait de la surveillance électronique statique la mesure d'élargissement phare. Pour y parvenir, et dans un esprit de marginalisation des juridictions classiques d'application des peines, il transfère aux SPIP une partie des missions du JAP. Le rythme forcené de ces réformes rend plus que jamais indispensable une présentation claire, et complète des normes juridiques, dont la complexité technique a considérablement cru ces dernières années. Cette sixième édition comporte ainsi de très importantes modifications. Elle intègre les réformes législatives et réglementaires, comme la loi pour la confiance dans l'institution judiciaire, tout comme une substantielle production jurisprudentielle. De nouveaux chapitres relatifs aux nouvelles mesures de sûreté ont été ajoutés, telles que le placement sous surveillance électronique ou à domicile. Surtout, le présent ouvrage comporte d'importants développements relatifs aux connaissances en criminologie appliquée à la probation qui se sont développées ces dernières années, ainsi qu'en droit comparé, afin de donner au lecteur le nécessaire recul pour comprendre les enjeux actuels de l'exécution des peines. Cet ouvrage est destiné aux avocats, aux Jap et autres magistrats chargés de l'exécution et de l'applicationdes peines (ministère public, tribunaux et chambres de l'application des peines) et leurs greffiers. Il s'adresse également aux directeurs et travailleurs sociaux des Spip, directeurs et éducateurs de la PJJ, directeurs d'établissements pénitentiaires, directeurs du secteur privé des établissements pénitentiaires, membres du greffe judiciaire pénitentiaire, chefs de service pénitentiaire, et surveillants, élèves de l'Enap, de l'Enm, des centres de formation des avocats, bénévoles du milieu associatif. L'auteure, Martine Herzog-Evans (http : //herzog-evans. com), est professeure à l'Université de Reims et enseigne au sein des masters de droit pénal de l'Université de Nantes, de l'Université de Reims et de droit de l'exécution des peines de Pau/Bordeaux IV/Enap. Elle est membre du comité de rédaction des revues Actualité juridique pénal et European Probation Journal. Elle est également membres de Community Sentences and Measures et de Sentencing and Penal decision-making, panels de la European Criminology Society. Elle contribue à l'élaboration d'un diplôme européen en Criminal Social Justice work entre plusieurs universités européennes et la faculté de droit de Reims. Elle effectue des formations auprès des praticiens.

11/2022

ActuaLitté

Immigration

Oranges amères. Un nouveau visage de l'esclavage en Europe

La migration depuis les pays des Sud vers l'Europe est la plupart du temps présentée dans les médias comme une invasion et une menace. En réalité cette "crise migratoire" révèle les ambivalences des politiques européennes. Depuis l'accord de Schengen en 1985, qui a introduit la libre circulation des citoyens au sein de l'Union européenne, la frontière n'est plus conçue comme une ligne physiquement définie, mais comme un espace dynamique qui s'étend et implique des Etats non européens. Invoquant un argument "humanitaire" de protection des migrants (des passeurs criminels et du risque mortel de la traversée de la Méditerranée), l'UE s'efforce d'empêcher tout mouvement dès son départ. En réalité, le passage en bateau vers l'Europe n'est que le dernier moment d'un long voyage qui a été marqué par de nombreux dangers bien avant d'atteindre la mer. Ce qui attend une bonne partie des migrants qui atteignent l'Europe, c'est qu'une sorte de piège au frontière du droit se referme sur eux. Dans ce livre, ce piège, c'est l'Italie de Lampedusa. Les témoignages présentés montre comment les migrants se retrouvent emprisonnés pendant des années, sans papiers, sans visas et sans argent, sans accès légal à l'emploi. Non-citoyens, ils n'ont d'autre choix que de travailler dans des conditions inacceptables. Ainsi, les personnes qui arrivent en Europe dans ces conditions forcées se retrouvent dans le segment le plus bas du marché du travail, le plus exploiteur ; elles sont à la merci de leurs employeurs et privées de tout droit - ce que l'auteur désigne à bon droit comme une forme d'esclavage. Si les discours publics et médiatiques dénoncent ces migrants comme un coût insupportable et une menace, ils se révèlent être pour certains un potentiel économique très lucratif : avec la complicité de l'Europe qui permet le maintien d'un grand nombre de gens dans une insécurité extrême, un esclavage est en effet rendu possible, avec l'accord tacite des autorités locales et la complicité de la Mafia, qui permet une exploitation par des patrons sans scrupules, d'une armée de réserve de travailleurs flexibles et interchangeables. Cela a lieu principalement en périphérie - dans les vergers du sud de l'Italie ou du sud de l'Espagne. L'horreur éprouvée face à ce traitement des migrants en Europe révèle une autre transformation du capitalisme. La misère et les dictatures laissées derrière par le colonialisme européen dans les pays du Sud, comme la pénétration des marchés locaux par des produits occidentaux fortement subventionnés, provoquent la fuite de nombreux migrants. Le recours à une main-d'oeuvre migrante et sous-payée pour financer le mode de vie impérial de l'Occident n'est pas seulement une urgence humanitaire, mais un modèle de production. L'exploitation des migrants en Calabre, loin d'exprimer l'échec du modèle économique néolibéral, constitue au contraire une condition de son fonctionnement.

04/2023

ActuaLitté

Essais

La psychanalyse : l'indifférence en matière de politique ?

Après "La méthode clinique", publié en 2019 et qui a déjà donné lieu à plusieurs rééditions, La Petite Librairie fait le choix de proposer un recueil de textes inédits de Michel Lapeyre, prononcés ici ou là en France lors de "vraies" rencontres, ce qui n'est pas si courant, avec un homme témoignant de son rapport à la psychanalyse et de la subjectivité de notre époque à travers une ouverture éthique permettant de penser le monde : ceux qui l'ont rencontré se souviennent de son style. Michel LAPEYRE est un passeur. Psychanalyse, politique et création étaient ses domaines privilégiés : il pouvait à l'occasion envisager une psychanalyse comme une écriture et les écrivains comme des précurseurs. Sous ce titre provocateur, il nous montre encore et toujours qu'on peut avoir un rapport à la psychanalyse suffisamment libre pour pouvoir penser avec elle et au-delà d'elle la "substance humaine" tout en nous invitant à ne pas nous couper du monde. Le psychanalyste avec Michel LAPEYRE est tout sauf indifférent, notamment en matière de politique, lorsqu'il le définit comme celui qui aurait à organiser la perte du pouvoir, de tout pouvoir sur l'autre ! Sont abordés dans ce recueil les thèmes très actuels de la honte de vivre, de la question du mal, de la fraternité, de la logique collective et du féminin, en passant par Mauss, Marx, Freud et Lacan. Dans la première conférence, qui donne le La de ce recueil, il nous montre un Freud politique lorsqu'il indique qu'il n'y a pas de reconnaissance de l'inconscient qui ne vienne se heurter à ce qui ne cesse de la remettre en cause soit l'irréductibilité de la pulsion de mort. Une psychanalyse doit permettre au sujet de prendre position dans ce conflit ! Dans la dernière intervention, il prend à bras le corps la question du mal, non seulement pour mettre à jour ce qui, du mal, est toujours dénié, mais pour en remonter le fil. Si la science permet l'extension du mal, et que la religion traite le mal essentiellement par la culpabilité, la psychanalyse doit permettre au sujet de savoir de quoi son mal est fait, ce qui, de lui, il veut tuer dans l'autre ; ce qui est notre lot à tous : sur cet universel Michel LAPEYRE en appelle à Antonin ARTAUD et Bertolt BRECHT comme éclaireurs. Entre ces deux textes phares nous trouvons entre-autres un formidable coup de gueule anticapitaliste dans lequel il revendique avec Lacan le respect dû à tout homme, dans sa singularité, un questionnement qui fut le sien sur le lien social et la fraternité, et un texte fondamental sur la honte de vivre qu'il replace à coté de l'angoisse, cet affect qui ne trompe pas. Michel LAPEYRE envisage l'avenir de la psychanalyse avec lucidité : elle disparaitra peut-être mais rien ne doit nous faire renoncer à nous appliquer à rejoindre la subjectivité de notre époque, en participant aux solutions et conclusions que la psychanalyse est amenée à (se) forger, quitte à payer de notre personne en faisant valoir sans relâche, à son instar, le discours de l'analyste comme celui de la singularité. "Il s'agit de faire valoir ce que la psychanalyse apporte mais par quoi elle est aussi traversée, voire dépassée, de part en part : le lien humain ou interhumain (où subjectif et social sont et demeurent indissociables) n'est fait et refait que de désir et de symptôme" (p. 132). D'où son voeu sur une association possible "entre frères humains", par le symptôme de chacun, "un entre autres"...

11/2021

ActuaLitté

Histoire militaire

De la guerre N° 1, été 2021 : Hitler a-t-il eu une chance de l'emporter ?

De la guerre : le premier Mook d'histoire militaire Le meilleur de Perrin et de Guerres & Histoire en librairie et en kiosque Du magazine, le Mook hérite de la variété des sujets et de leur traitement. De la guerre propose ainsi de voyager à travers les conflits de l'Antiquité à nos jours, de s'intéresser à la théorie, aux bataille, aux uniformes, aux armes, aux grands chefs, aux combattants, à l'action psychologique. De la guerre fait flèche de tout bois : interviews croisés, interviews posthumes, archives sonores, infographie, cartographie, photographie, illustrations d'époque. Du livre, le mook reçoit la clarté de la mise en page, le temps de la lecture longue, la qualité de l'écriture, la profondeur de la réflexion, la fréquentation des meilleurs historiens. De la guerre ne se jette pas après lecture : c'est un vrai livre qui se conserve, auquel s'ajouteront, deux fois par an, d'autres encore, qui feront collection. En 168 pages, De la guerre offre une belle palette historique. Hitler a-t-il eu une chance de gagner ? Telle est la question du dossier central autour de laquelle s'empoignent Jean Lopez, Benoist Bihan, Nicolas Aubin et deux grands historiens britanniques, Richard Overy et Andrew Roberts. Si ce dossier est copieux (30 pages), il ne relègue pas dans l'ombre les autres articles. Une archive sonore du capitaine Paul-Alain léger -un véritable personnage de roman-, donne à comprendre les ressorts profonds de la plus incroyable opération d'intoxication jamais menée : la " bleuite " durant la guerre d'Algérie. Le plus talentuteux des infographistes français, Nicolas Guillerat, offre une comparaison graphique inédite entre les trois grandes batailles de la Guerre de Cent ans : Crécy, Poitiers, Azincourt, et tout devient lumineux. Chine et Inde s'affrontent dans l'Himalaya en 1962, et un des plus grands photo-reporters de guerre, Larry Burrows, capte les images d'une guerre en atmosphère raréfiée : c'est l'objet d'un magnifique portfolio. Le maréchal Grouchy, interviewé par un journaliste du Monde, s'explique en personne sur les raisons de son fiasco à Waterloo : " Soudain, joyeux, il dit : "Grouchy ! " - C'était Blücher". On attribue l'expression "brouillard de la guerre" à Clausewitz, mais en réalité elle est issue d'une fausse interprétation qui cache une grave méprise dont les Etats-Unis ont payé le prix, et nous avec : c'est l'objet de cette rubrique "concept" rédigée par Benoist Bihan. Comment et pourquoi entre le XVe et le XVIIe siècle, le soldat reçoit un uniforme précis, chargé de symboles et de fonctions particulière : c'est cette révolution de l'apparence que décrypte Dominique Prévot, conservateur au Musée de l'armée. " Si Dieu nous fait la grâce de perdre encore une pareille bataille, Votre Majesté peut compter que ses ennemis sont détruits ". Ainsi s'exprimait le maréchal de Villars devant le Roi Soleil, au soir de la bataille de Malplaquet. D'une plume alerte, Clément Oury raconte comment une énième défaite concédée devant Marlborough sauve en réalité le royaume. Le professeur François Cadiou nous régale des portraits croisés d'Hannibal et de Scipion et, au travers de la vie de ces deux maîtres de guerre, démonte les deux moteurs de la lutte à mort entre Rome et Carthage. Dans une uchronie tirée au cordeau, Emmanuel Hecht se demande si le destin de la France n'aurait pas été complètement chamboulé par la victoire de la Fronde. Enfin, Thierry Lentz et Jean Lopez s'effordent, dans une interview croisée, de montrer en quoi la campagne de Russie de Napoléon et celle d'Hitler se ressemblent, et en quoi elles différent. De la guerre s'achève par une série d'interviews d'auteurs qui présentent leurs travaux à paraître dans le second semestre de 2021 : histoire militaire, roman et polar historique, BD d'Histoire...

06/2021

ActuaLitté

Littérature étrangère

C'est ainsi

Mécanicien de son état, Patrick Oxtoby, jeune homme taciturne et solitaire, profite d’une douloureuse rupture amoureuse pour fuir enfin un étouffant environnement familial, sa précieuse boîte à outils sous le bras. Invité par un lointain cousin garagiste à venir le seconder dans une petite ville côtière d’Irlande, il a pris une chambre avec vue sur la mer dans une pension tenue par Bridget, une jeune veuve qui entretient, avec les deux autres hommes qu’elle loge, des relations placées sous le signe d’une bonne humeur et d’un marivaudage gentiment frivoles qui suscitent chez le nouveau pensionnaire autant de jalousie que de silencieux mépris. Au garage, Patrick se montre sérieux et appliqué, donnant toute satisfaction à son cousin, un homme bienveillant quoique prompt à le mettre souvent au “chômage technique”, sans plus d’explications. Dès lors, perplexe et frustré, le jeune homme se retrouve à errer, solitaire dans un trou perdu et sinistre totalement dépourvu de distractions, à l’exception du café minable où il noue peu à peu une vague relation d’amitié avec Georgia, la jeune serveuse. C’est ce moment (de doute, d’inquiétude et, bientôt, de silencieuse déréliction) que choisit sa mère pour venir lui rendre, impromptue, une “petite visite”. Tétanisé par l’irruption dans sa nouvelle existence, tout décevante soit-elle, d’une figure maternelle dont il a honte, mais incapable d’exprimer les sentiments qui l’agitent, Oxtoby s’efforce de supporter cette intrusion du mieux qu’il peut cependant que la mère, indiscrète, encombrante, caquète et monologue, retraçant les grandes lignes d’un roman familial sur lequel on comprend aisément que le jeune homme ait désiré tirer un trait aussi définitif que possible. Sa mère enfin partie, Patrick espère retrouver ses marques mais une petite soirée festive organisée un soir par Bridget à la pension sous la pression des deux autres locataires déclenche la catastrophe : heurté dans ses sentiments inconscients pour la jeune femme, écœuré par l’horreur de la vulgarité masculine et l’accablante veulerie féminine dont il croit découvrir un édifiant aperçu ce soir-là, le mutique exilé opère un tragique passage à l’acte. Dans la cellule où il attend son procès, il a pour compagnon un certain Gardam, criminel endurci qui, se sachant “condamné à tuer”, se laisse obséder par l’idée du suicide. Gardam, le dur, considère “Ox” comme un assassin-amateur et se moque des craintes que celui-ci exprime quant au verdict qui va être prononcé à son encontre, incitant le jeune homme à mettre sa foi dans une relative et probable clémence des jurés. Mais, au moment du procès, le jeune homme se voit lâché par ses parents (notamment par son père) qui portent contre lui le plus accablant des témoignages et l’abandonnent à sa descente aux enfers dans l’univers carcéral. Récit bouleversant de l’échec infligé à un individu dans sa tentative désespérée pour changer de vie, C’est ainsi est un roman aussi puissant que perturbant où M. J. Hyland, dans le style épuré et percutant qui caractérise son écriture, met brillamment à contribution l’expérience de juriste et d’avocate qui a été la sienne. Fidèle à l’exploration des territoires de la solitude et de l’inadaptation déjà à l’œuvre dans ses deux premiers romans (Le Voyage de Lou et Dans tes yeux, finaliste du Man Booker Prize 2006) également publiés chez Actes Sud, M.J. Hyland brosse, à travers son protagoniste, le portrait d’une société impitoyable à l’égard des individus dont une longue indigence affective a rendu le langage inaudible, et qu’elle a durablement privés de toute possibilité de rencontrer enfin l’Autre, d’assouvir quelque aspiration que ce soit à faire communauté faute de savoir créer un lien avec leurs semblables.

02/2012

ActuaLitté

Essais

Je parle aux fétiches

Sans jamais lâcher la robe de l'avocat, Emmanuel Pierrat nous parle des sept vies qu'il mène à chaque instant du jour et de la nuit. De la plaidoirie à ses échanges nocturnes avec des fétiches, on songe au Cicéron, l'auteur De la divination. MEME SOUS LA ROBE DE L'AVOCAT, Emmanuel Pierrat vit constamment avec la parole. De la plaidoirie au palais de justice, jusqu'au moment d'intimité avec son client, à huis clos dans son bureau, l'autre est son semblable parce qu'il parle. Lorsqu'il écrit il parle, il écrit et en même temps il improvise, il est dans la théâtralité. Lorsqu'il se couche, au lieu de parler au miroir de la salle de bain, il parle à des masques, à des statues, à des objets. Il parle aux fétiches et les fétiches le font parler. Il aime dire d'un seul coup à haute voix ce qui peut être très intime. Au moment où il parle au fétiche, le fétiche s'humanise, il se produit quelque chose de l'ordre de la faille, de la fêlure, de quelque chose qui met en danger ses propres raisonnements. Il sait à quel point les mots peuvent être violents, il les utilise pour accuser, pour défendre, pour jouer des vies. Troublé de l'éveil, collectionneur de fétiches, bibliophage d'ouvrages licencieux et rares, auteur de romans érotiques, avocat au barreau de Paris, il y a en Emmanuel Pierrat du Cicéron, brillant orateur, avocat, homme d'état qui à la fin de sa vie nous lègue son oeuvre majeure, De la divination, il y a dans Emmanuel Pierrat du Apulée, l'orfèvre de la langue latine, l'auteur des Métamorphoses et du discours De la Magie tenu devant le tribunal où il est accusé de sorcellerie. Emmanuel Pierrat porte la voix, la sienne, celles des accusés, des absents, des fétiches, des sans voix. "Vous laissez l'homme dans ses pulsions, c'est la cata, dit-il, parce que l'homme n'a qu'une envie, tuer et violer son voisin". Alors il prend avec lui une partie de la charge et du fardeau d'un sujet, advocatum, il porte la voix de l'autre. Sous la robe de l'avocat, il y a l'homme qui traque, jour et nuit, les lieux où la voix vient à manquer. Le jour, comme ces témoins muets que sont les pièces à convictions, dans un procès criminel, devant une cour d'Assises, rangées dans une vitrine, ou les objets exposés dans une vitrine du Musée de Dakar qui l'ont plongé dans une sorte d'état de grâce, d'où il en est sorti fervent collectionneur d'art africain. Quand Philippe Bouret lui demande quel est son rapport à la psychanalyse, Emmanuel Pierrat répond : "Je me tiens à une certaine distance de la psychanalyse, dans la mesure où les réponses viendraient éclairer ma fringale de fétiches, ou répondre à mon refus du vide, où elle viendrait expliquer le mécanisme de mes accumulations, mon rythme de vie sans fin, et cent mille autres choses qui font partie de mon moteur et sont mes carburants essentiels, j'ai très peur en fait que la psychanalyse ne me dise. ". . Il a vécu en Inde où on croit à la réincarnation et à la possibilité de vivre sept vies, lui qui est athée, il a décidé de mener sept vies dans une vie, il est Shiva Nataraja dansant avec ses multiples bras, qui combat, dirige, danse, qui fait de l'art africain, de la franc-maçonnerie, du cabinet d'avocat, du Palais de justice, des livres, des voyages, des débats télévisés, des chroniques hebdomadaires, du Musée du barreau de Paris, du Musée du Quai Branly, qui donne des interviews et tout cela en même temps.

10/2022