Recherche

Marcel Bordet

Extraits

ActuaLitté

Littérature française

Sergio le Sicilien

Ce roman est l'histoire de Sergio, mon copain d'enfance, venu comme moi s'enraciner en France parce que certains événements en avaient voulu ainsi. Malgré l'amour de sa famille et l'amitié de notre petite bande, il n'a jamais su conduire sa vie comme il l'aurait pu. Il avait presque tout pour réussir, ce petit presque lui a cruellement manqué. Sa vie s'est terminée un jour sur les trottoirs lyonnais. J'ai voulu écrire ce livre à la première personne, parce que l'hommage rendu à Serge n'aurait pas eu, sinon, la même charge affective. En composant ces pages, je me suis mis dans la peau du personnage, comme un acteur dans un film ou dans une pièce de théâtre. Dans ce récit je suis Sergio, Sergio le Sicilien. Bien entendu cet ouvrage est un roman, les personnages sont tous fictifs. Toute ressemblance avec des personnages existants ou ayant existé ne serait que pure coïncidence. A moins que certains pans de ma vie et de mon vécu ne se soient glissés dans ce récit. Et que, finalement, certains des personnages décrits dans cet ouvrage ont peut-être existé. Ont sans doute existé. Comme Sylvie, ma fille, ma chérie, et sa trop courte histoire, comme Colette et Monique, mes premiers amours, Colette décédée prématurément de maladie il y a quelques années, avant que je ne retrouve sa trace, Monique qui a mis fin à ses jours du haut des Galeries Lafayette à Lyon. Colette et Monique c'est du vécu. Depuis j'ai retrouvé les deux enfants de Monique, Natacha et son frère, la maman de Colette et Monique, le mari de Colette, Jacques Morel, que j'ai retrouvé à Lyon et que je revois souvent. Nous avons d'ailleurs effectué un pèlerinage avec Jacques et les enfants de Monique dans cette fameuse rue du Plat à Lyon. J'ai regretté à ce moment-là l'absence de Colette. Du vécu comme cette bande de franco-siciliens avec J. Claude Prat, dit Kiki, J. Claude Faivre, Marcel Treffort, Daniel Romans, décédé prématurément, Marie-Madeleine Merlin, ma conscrite, Michélino, Michou ? . Ma bande de copains. Je relate aussi la période avec mon ex épouse, Chantal, Pascale dans cet ouvrage, une mauvaise expérience, un mauvais souvenir. Oui, cet ouvrage est un mélange de fiction et de vécu. C'est bien une histoire sur un copain disparu, un copain décédé dans la solitude, que je voulais raconter ? Mais au fil des lignes mon vécu est venu s'intégrer dans cet ouvrage. Pourquoi ? J'en avais sans doute besoin car depuis le décès de Sylvie, ma fille, je ne vis pas bien, je n'ai pas encore fait mon deuil. Suis-je soulagé? Non. Le décès d'un enfant ne s'efface pas, Sylvie est toujours près de moi, je la vois grandir, elle a 52 ans le 19 juin 2020. Mais elle n'est plus là pour souffler les bougies... Je vous souhaite une bonne lecture.

08/2020

ActuaLitté

XVIIIe siècle

Le corps souffrant. Dire la maladie dans quelques écrits du for privé en Lorraine, au XVIIIe siècle

L'histoire de la maladie fut longtemps celle de la médecine, de ses héros et de leurs exploits, mais dès les années 1970-1980, grâce entre autres à Jacques Revel, Jean-Pierre Peter ou Roy Porter, un renversement radical de perspective a invité l'historien à prendre en compte le vécu de la maladie plutôt qu'à se complaire dans l'analyse du discours médical, dans l'histoire des maladies ou les biographies de soignants célèbres. Depuis, les travaux se sont multipliés à partir des récits de malades ou de leurs proches, car ce nouvel angle d'attaque donne une place centrale à l'individu mais également aux sources qui en parlent, c'est-à-dire à ces écrits du for privé - journaux, mémoires, livres de famille, correspondances intimes... - qui suscitent, surtout depuis l'aube des années 2000, un nouvel engouement. Sources non médicales, ces écritures privées sont ici privilégiées, telles les lettres qu'Elisabeth-Charlotte d'Orléans, duchesse de Lorraine, adresse à son amie la marquise d'Aulède entre 1715 et 1738. Une importante correspondance que complète heureusement l'analyse de quelques livres de familles incontestablement moins bavards mais rédigés par quelques apparentés Marcol qui, peu ou prou, appartiennent au milieu de la Robe nancéienne. Des textes à la première personne, auxquels ce travail fait la part belle, qui procèdent à une mise en récit de la maladie, mettent l'accent sur l'expérience subjective du malade et de ses proches et donnent accès aux parcours de santé de quelques individus appartenant, certes, à une frange restreinte de la population, les "gens de qualité", mais les seuls, en Lorraine, à avoir laissé, pour le bonheur de l'historien, quelques traces écrites... Autant de regards que l'individu porte sur son corps malade ou le corps souffrant de l'autre qui, à travers l'écrit, révèlent les façons dont la maladie est dite, vécue, interprétée et les représentations qu'on s'en fait. Histoire du corps malade, cet ouvrage esquisse aussi une histoire de la relation thérapeutique, car au fil du récit s'expriment parfois les attentes du malade, de ses proches vis-à-vis du soignant et des soins prodigués ; les parcours de santé individuels étant, comme il se doit, restitués dans le tissu de leur environnement familial et social et les narrations privées confrontées aux discours médicaux ambiants. Car la maladie, nul besoin désormais de le démontrer, est socialement et culturellement construite.

01/2022

ActuaLitté

Critique littéraire

La poésie au XXe siècle. Tome 3, Métamorphoses et Modernité

Ce troisième volume de La Poésie du XX siècle intitulé "Métamorphoses et Modernité" forme, avec les deux précédents, un seul et même ouvrage. Il s'agit avant tout d'une galerie de portraits des poètes et de leurs oeuvres. On y rencontre tout d'abord des créateurs qui ont établi de nouveaux rapports entre les choses et les mots : Ponge, Tardieu, Frénaud, Guillevic, Follain, Tortel, des aînés maîtres de la poésie la plus jeune et dynamique. Suivent ceux qu'ont tenté les explorations spirituelles : "Cosmogonie" de Pierre Emmanuel, "Somme" de Patrice de La Tour du Pin, voix diverses : Cayrol, Estang, Grosjean, Loys Masson, Renard, Le Quintrec, Vigée, Guerne, Pierre Oster, le plus proche de la modernité, des dizaines d'autres. Toute une génération nous a permis un "Eloge de la diversité", de Jacques Audiberti à "Des contemporains remarquables" : Claude Roy, Fouchet, Robin, Becker, Borne, Seghers, Clancier, Thomas Decaunes, Mallet, les poètes des temps noirs, et Ganzo, Lubin, Cassou, Lescure... Sous le titre "Les Sources fraîches", rencontres avec Fombeure, Cadou, Bérimont, Manoll, Rousselot, Chaulot, Guillaume, Lacôte, Béarn, Cousin, leur environnement poétique, Rochefort, La Tour de Feu (car les titres de revues parsèment cet ouvrage). Puis viendront des célébrateurs de toutes sortes : du monde agreste, de l'amour, de l'intériorité, de la poésie populaire, du rire même. Ou a recherché aussi "Le Voisinage des genres", dramaturges, romanciers, critiques qui sont parallèlement poètes. Et voici les hommes de la vie présente, immédiate, ceux de "La Poésie pour vivre", ceux des révoltes, colères, engagements, avant qu'un hommage soit rendu à de grands disparus, à des destins maudits ou malheureux. Des noms : Malrieu, Neveu, Prével, Dadelsen, Larronde, Perros, Alexandre, Frédérique, Rivière, Michenaud, Vincensini, Rovini, Giroux, Grall, Kovalski, Duprey, Salabreuil... L'horizon s'élargit vers le cosmos, les lieux de la planète : Bosquet, Gaspar, Juin, Dalle Nogare, Bauchau, Pichette, Alyn, Temple, Orizet, Lande, Pietri (et des dizaines d'hommes aux écoutes). Des poètes vont parcourir les espaces de la parole qui sont Bonnefoy, Glissant, Dupin, Jaccottet, Charpier, Jean Lande, et, non loin, "Les Forgerons d'un langage", Torreilles, Chédid, Puel, Izoard, Bancquart, Jouanard, et on va voir du côté des revues, Sud ou Action poétique, tant de publications ferventes. Regard aussi vers les "Ateliers et Laboratoires" : l'Oulipo, la poésie sonore, le spatialisme, le lettrisme, la recherche. Quant au surréalisme, s'il a disparu en tant que mouvement, il continue, Jouffroy, Bounoure, Koenig, Legrand, Bailly, Dhainaut, leurs proches nous en persuadant, et aussi des métamorphoses vers la poésie "électrique" ou "froide" jusqu'à la naissance d'un nouveau réalisme avec Venaille, Biga, Tilman, Pélieu, les poètes "underground", ceux d'Exit et de tant de nouvelles revues : c'est le tournant de la poésie après 1968, une poésie qui ne cesse de surprendre par sa diversité, sa mobilité, ses conquêtes. Un temps vint où la poésie elle-même est mise en question. On a titré "Une autre écriture" cette partie où l'on rencontre Denis Roche, Pleynet, Faye, Roubaud, Sollers, Butor, Ristat, Maurice Roche et Pierre Guyotat, Christian Prigent et TXT, Hocquard et ceux d'Orange Export Ltd, de la destruction/régénération au poète-philologue. "La poésie est inadmissible" affirme Denis Roche. "Reste-t-il à écrire ? " demande Bénézet. Jamais la poésie n'a connu de telles tourmentes. On a à coeur de tout montrer, de tout considérer. Les surprises ne manquent pas quand se présentent des hommes de renouvellement qui se nomment Lionel Ray, Noël, Du Bouchet, Deguy, Sacré, Cluny, Réda, Pérol, Delvaille, Stefan, Cliff, Maulpoix, Marteau, Estéban, Guibbert, Janvier, Denis, Macé, Bordes, Meschonnic, Rossi, Grandmont, Cortanze, Preschez, Faye, Coste... On reste ébloui par tant de diversité, partant d'explorations - et scandalisé par l'indifférence et la paresse qui font ignorer tout cela et nous ont amené à apporter, si désordonnées, si fragiles qu'elles soient, des informations sur ce qui se passe d'important dans le domaine de la sensibilité et de l'intelligence au seuil d'un nouveau siècle.

11/1988

ActuaLitté

Critique littéraire

Histoire de la poésie française. Tome 6, La poésie du XXe siècle Volume 3, Métamorphoses et modernité

Ce troisième volume de La Poésie du XXe siècle intitulé "Métamorphoses et Modernité" forme, avec les deux précédents, un seul et même ouvrage. Il s'agit avant tout d'une galerie de portraits des poètes et de leurs oeuvres. On y rencontre tout d'abord des créateurs qui ont établi de nouveaux rapports entre les choses et les mots : Ponge, Tardieu, Frénaud, Guillevic, Follain, Tortel, des aînés maîtres de la poésie la plus jeune et dynamique. Suivent ceux qu'ont tenté les explorations spirituelles : "Cosmogonie" de Pierre Emmanuel, "Somme" de Patrice de La Tour du Pin, voix diverses : Cayrol, Estang, Grosjean, Loÿs Masson, Renard, Le Quintrec, Vigée, Guerne, Pierre Oster, le plus proche de la modernité, des dizaines d'autres. Toute une génération nous a permis un "Eloge de la diversité", de Jacques Audiberti à "Des contemporains remarquables" : Claude Roy, Fouchet, Robin, Becker, Borne, Seghers, Clancier, Thomas, Decaunes, Mallet, les poètes des temps noirs, et Ganzo, Lubin, Cassou, Lescure... Sous le titre "Les Sources fraîches", rencontres avec Fombeure, Cadou, Bérimont, Manoll, Rousselot, Chaulot, Guillaume, Lacôte, Béarn, Cousin, leur environnement poétique, Rochefort, La Tour de Feu (car les titres de revues parsèment cet ouvrage). Puis viendront des célébrateurs de toutes sortes : du monde agreste, de l'amour, de l'intériorité, de la poésie populaire, du rire même. On a recherché aussi "Le Voisinage des genres", dramaturges, romanciers, critiques qui sont parallèlement poètes. Et voici les hommes de la vie présente, immédiate, ceux de "La Poésie pour vivre", ceux des révoltes, colères, engagements, avant qu'un hommage soit rendu à de grands disparus, à des destins maudits ou malheureux. Des noms : Malrieu, Neveu, Prével, Dadelsen, Larronde, Perros, Alexandre, Frédérique, Rivière, Michenaud, Vincensini, Rovini, Giroux, Grall, Kovalski, Duprey, Salabreuil... L'horizon s'élargit vers le cosmos, les lieux de la planète : Bosquet, Gaspar, Juin, Dalle Nogare, Bauchau, Pichette, Alyn, Temple, Orizet, Laude, Pietri (et des dizaines d'hommes aux écoutes). Des poètes vont parcourir les espaces de la parole qui sont Bonnefoy, Glissant, Dupin, Jaccottet, Charpier, Jean Laude, et, non loin, "Les Forgerons d'un langage", Torreilles, Chédid, Puel, Izoard, Bancquart, Jouanard, et on va voir du côté des revues, Sud ou Action poétique, tant de publications ferventes. Regard aussi vers les "Ateliers et Laboratoires" : l'Oulipo, la poésie sonore, le spatialisme, le lettrisme, la recherche. Quant au surréalisme, s'il a disparu en tant que mouvement, il continue, Jouffroy, Bounoure, Koenig, Legrand, Bailly, Dhainaut, leurs proches nous en persuadant, et aussi des métamorphoses vers la poésie "électrique" ou "froide" jusqu'à la naissance d'un nouveau réalisme avec Venaille, Biga, Tilman, Pélieu, les poètes "underground", ceux d'Exitet de tant de nouvelles revues : c'est le tournant de la poésie après 1968, une poésie qui ne cesse de surprendre par sa diversité, sa mobilité, ses conquêtes. Un temps vint où la poésie elle-même est mise en question. On a titré "Une autre écriture" cette partie où l'on rencontre Denis Roche, Pleynet, Faye, Roubaud, Sollers, Butor, Ristat, Maurice Roche et Pierre Guyotat, Christian Prigent et TXT, Hocquard et ceux d'Orange Export Ltd, de la destruction/régénération au poète-philologue. "La poésie est inadmissible", affirme Denis Roche. "Reste-t-il à écrire ?" demande Bénézet. Jamais la poésie n'a connu de telles tourmentes. On a à coeur de tout montrer, de tout considérer. Les surprises ne manquent pas quand se présentent des hommes de renouvellement qui se nomment Lionel Ray, Noël, Du Bouchet, Deguy, Sacré, Cluny, Réda, Pérol, Delvaille, Stefan, Cliff, Maulpoix, Marteau, Estéban, Guibbert, Janvier, Denis, Macê, Bordes, Meschonnic, Rossi, Grandmont, Cortanze, Preschez, Faye, Coste... On reste ébloui par tant de diversité, par tant d'explorations — et scandalisé par l'indifférence et la paresse qui font ignorer tout cela et nous ont amené à apporter, si désordonnées, si fragiles qu'elles soient, des informations sur ce qui se passe d'important dans le domaine de la sensibilité et de l'intelligence au seuil d'un nouveau siècle.

11/1988

ActuaLitté

Littérature étrangère

Les belles de Halimunda

C'est à Halimunda, petite ville imaginaire sur la côte sud de Java, que se situe l'époustouflant premier roman d'Eka Kurniawan, dont la critique internationale a beaucoup souligné la filiation avec l'oeuvre de Gabriel García Márquez : plongée épique dans l'histoire de l'Indonésie pendant la deuxième moitié du xxe siècle, il retrace le turbulent destin de trois générations de femmes et s'inscrit clairement dans une tradition de réalisme magique. Le livre s'ouvre au moment où Dewi Ayu, qui fut la prostituée la plus célèbre de la ville, sort de sa tombe vingt et un ans après sa mort. Couverte de son linceul, sa très longue chevelure flottant au vent, elle traverse Halimunda pour rentrer chez elle. Dans la véranda est assise une jeune fille d'une insoutenable laideur. Dewi Ayu comprend que son voeu a été exaucé : épouvantée par la succession de catastrophes que la beauté de ses trois filles aînées, aussi séduisantes que leur mère, avait valu à la ville, elle avait tout mis en oeuvre pour que la quatrième fût laide. La repoussante jeune femme – la description de son physique laisse à l'écrivain l'occasion de déployer toute sa veine comique – reçoit pourtant la nuit les visites d'un mystérieux prince charmant. L'identité du visiteur nocturne – et la raison pour laquelle Dewi Ayu est revenue parmi les vivants – finira par être révélée, à la faveur d'un long retour sur le passé rocambolesque de la courtisane et de sa descendance : indonésienne par sa mère et hollandaise par son père – fils d'un riche propriétaire terrien –, Dewi Ayu se retrouve orpheline à seize ans, au début de la deuxième guerre mondiale. Seule maîtresse du domaine, elle se met en tête d'épouser un homme naguère lié par un serment d'amour éternel à sa défunte grand-mère. Plutôt que de consommer cette union, l'époux malgré lui préfère se jeter du haut d'une colline – il ne disparaît pas pour autant du roman. En 1942, à l'arrivée des Japonais, les civils européens sont parqués dans un camp, et les plus belles adolescentes expédiées dans un bordel pour gradés. Au moment où les Anglais libèrent la ville, Dewi Ayu – qui a enduré ces épreuves la tête haute – choisit de ne pas quitter l'Indonésie. Elle restera prostituée, ne se remariera jamais, et ses quatre filles naîtront de pères différents. Les années passent. A trente-cinq ans, elle accorde l'exclusivité de ses faveurs au nouveau chef de la pègre locale, l'invincible Mamane Gendeng. L'harmonie de la ville est perturbée quand un ancien partisan réclame à la fois Dewi Ayu et la main de sa fille aînée... En matière d'intrigues et de rebondissements, la destinée de ses séductrices de filles n'aura rien à envier à celle de leur mère. L'aînée deviendra la femme du partisan, nommé haut responsable militaire après l'indépendance ; la cadette se mariera avec l'amoureux transi de sa soeur, chef charismatique du parti communiste local – qui survivra aux massacres de communistes de 1965 ; sa mère arrangera le mariage de la troisième, douze ans à peine, avec Mamane Gendeng le truand. Le destin ne cessera de s'acharner sur les trois filles à la beauté maudite, et sur leurs enfants. Au point que Dewi Ayu devra se lever de sa tombe pour y mettre bon ordre : Kurniawan n'hésite pas à convoquer les morts et les fantômes pour régler le compte des vivants. Et si, dans ce roman kaléidoscopique, il fait défiler comme au théâtre d'ombres ses multiples personnages en proie à leur destin individuel et collectif, jamais il ne lâche le fil de son intrigue. Dans une narration nourrie d'oralité et de légendes, il conduit au pas de charge son lecteur fasciné vers un dénouement digne des plus grandes tragédies.

09/2017

ActuaLitté

Histoires à écouter

Albums - histoires - mon grand livre de contes + 2 cd ne

Un beau livre de 24 contes classiques, avec 2 CD pour 2 heures d'histoires. Les contes sont classés par temps de lecture, de 5 à 10 minutes, à choisir selon le temps disponible pour l'histoire du soir. Sur les CD, une très belle voix raconte les histoires sur un fond d'animation musicale. Pour encore plus de magie, la couverture est incrustée de dorure.

11/2022

ActuaLitté

Sciences historiques

Chouette, Noisette et Luzettes, Tome 1. Scènes de Résistance en Châtaigneraie cantalienne, en Ségala lotois et dans le Bassin d'Aurillac

"Je suis allé au maquis de la Luzette, où avaient lieu des parachutages très importants. "Nous avons entendu cette phrase, maintes fois, au cours de nos recherches. Où logiez-vous ? "Sous la tente", "Dans les bois", "Dans une ferme abandonnée", "Dans une grange". "A la Verrerie". En fait, la zone géographique où est situé Chénier, un des plus importants terrains de parachutages de France, avant ceux - massifs et multiples - du 14 juillet 1944, durant la Seconde Guerre mondiale, allait de la ferme de Bénéviole, commune de Labastide-du-Haut-Mont (Lot), à celle de la Fontbelle, commune de Saint-Saury (Cantal), en passant par celle de la Luzette, commune de Sousceyrac (Lot), dans la forêt du même nom qui comprend une gestion privée et le Grand Communal. Un des lieux d'hébergement les plus utilisés a été la ferme abandonnée de la Verrerie, commune de Sousceyrac. La Fontbelle a servi également, tout comme des baraques en planches dans un bois tout proche, aux Fouilloux. Mais les lieux habités par des familles (Thers, Martinet et Berti) n'étaient pas les plus appropriés, compte tenu des risques de représailles. C'est pourquoi nous retenons l'orthographe la plus utilisée dans le Lot : les Luzettes. Parmi les phrases annonçant un parachutage imminent et émises sur Radio-Londres, "De la chouette au merle blanc"a frappé les esprits, à tel point que la chouette sautant en parachute est devenue le symbole des associations cantaliennes qui conservent la mémoire de cette période des héros de l'ombre. La chouette est un oiseau rapace nocturne. Les résistants des équipes de parachutages avaient la chouette comme animal de compagnie, chaque nuit de veille au puech de la Poule, en attendant qu'un avion "accroche" à la radio S-Phone avant de larguer des corolles inversées plombées par les containers d'armes, de chocolat vitaminé, de cigarettes, de dynamite, d'argent pour la solde des réfractaires au STO, etc. C'est donc chouette que nous retenons, avec ses valeurs symboliques - nocturne, renseignement et nouvelle agréable - pour le titre. Et que vient faire la Noisette dans tout cela ? Il s'agit du nom du premier terrain de parachutage dans l'arrondissement d'Aurillac (Cantal), situé vers Prentegarde, commune de Saint-Paul-des-Landes, où deux des initiateurs majeurs de l'organisation des Luzettes - Bernard Cournil et Marcel Gaillard - ont reçu leurs premiers containers. Plus tard, un deuxième parachutage a desservi les équipes de Laroquebrou, du barrage en construction de Saint-Etienne-Cantalès, du réseau franco-polonais F2 et du maquis de Saint-Santin-Cantalès. Noisette est donc le symbole du lien entre Aurillac (où était très actif un service de renseignement) et la zone Cantal/Lot des Luzettes, à cheval sur la Châtaigneraie cantalienne et le Ségala lotois. Cette grande zone où l'auteur a enquêté tous azimuts dépasse largement le secteur des Luzettes. Elle est intéressante car elle permet de communiquer des informations et d'écrire une histoire commune dans un territoire où les liens familiaux se croisent, mais où les anecdotes se racontent en s'arrêtant parfois à la limite du département, de la région.

11/2014

ActuaLitté

Beaux arts

Jean-Jacques Lebel

Jean-Jacques Lebel est une figure incontournable du paysage artistique français et international de la seconde moitié du XXe siècle. Il est partout, prolifique, touche à tout : artiste, auteur, traducteur (de la Beat Generation notamment), performeur, éditeur, animateur, toujours aux avant-gardes artistiques et politiques. Il échappe à toute étiquette, à tout enfermement dans un quelconque mouvement artistique, abandonne toute forme de hiérarchie pour mieux brouiller les pistes et s'affranchir des institutions et des idéologies. Né à Paris en 1936, Jean-Jacques Lebel fit très tôt 3 rencontres décisives : Billie Holiday, Marcel Duchamp et André Breton. Il publia Front unique, sa première revue (art, poésie, politique) à Florence, où eut lieu en 1955 sa première exposition. Après un passage turbulent mais décisif chez les surréalistes, il exposa à Milan, à Paris (Iris Clert, Simone Collinet), puis dans de nombreux musées et galeries à travers le monde. Auteur en 1960 du premier happening européen puis de plus de 70 happenings, performances et actions sur plusieurs continents parallèlement à ses activités picturales, poétiques et politiques, il travailla de plus avec Allan Kaprow, Tetsumi Kudo, Erró, Carolee Schneemann, Yoko Ono, Daniel Pommereulle ou encore Robert Filliou. En 1960 et 1961, il organisa avec Alain Jouffroy l'Anti-Procès à Paris, Venise et Milan, manifestation et exposition internationales itinérantes regroupant une soixantaine d'artistes, prenant position contre la guerre d'Algérie et la torture. Il prit l'initiative du Grand Tableau Antifasciste Collectif, auquel participèrent Baj, Dova, Crippa, Erró et Recalcati. Il inventa, en 1964, le Festival de la libre expression puis, en 1979, le Festival international de poésie Polyphonix, ouverts à des centaines d'artistes, poètes, cinéastes et musiciens de dizaines de pays. Ces manifestations, nomades et autonomes, ont présenté de la poésie directe, des concerts, de l'art-action, des expositions, des projections de films ou vidéos. En 1966, il traduisit en français et publia entre autres ses amis William Burroughs, Allen Ginsberg et Jack Kerouac dans La Poésie de la Beat Generation (Denoël, 1966). En 1968, il prit part aux activités du Mouvement du 22 mars, puis du groupe anarchiste Noir et Rouge et à Informations et correspondances ouvrières. Il suivit l'enseignement du philosophe Gilles Deleuze à la faculté de Vincennes et à la faculté de Saint-Denis. Il produisit des émissions à France Culture consacrées à Allen Ginsberg, Pierre Clastres, le Comité d'action LIP, John Giorno, Jayne Cortez, Bernard Heidsieck... Dans les années 1970, il dirigea avec Daniel Guérin la collection "Changer la vie ! " (éd. Belfond) qui réédite plusieurs textes historiques du mouvement anarchiste international. Dès 1988, au retour d'un long exil méditatif, Jean-Jacques Lebel recommença à exposer publiquement son propre travail pictural dans des galeries et musées, en Europe, aux USA et au Japon. Sa manifestation itinérante - l'installation polymorphique et évolutive Reliquaire pour un culte de Vénus, commencée en 1998, composée de plus de 3 000 éléments collectés à travers l'Europe - a été exposée dans plus de 23 musées, centres d'art, galeries ou lieux alternatifs en Europe. En 2016, Jean-Jacques Lebel fut le co-commissaire d'une importante exposition rétrospective prolongeant les précédentes consacrée à la Beat Generation (Centre Pompidou, Paris).

06/2018

ActuaLitté

Empire colonial

L'Indigène et le citoyen. La Ligue des droits de l'homme dans les colonies 1898-1940

Avec ce nouvel ouvrage, l'auteur poursuit son exploration de la pensée coloniale dans la République impériale. Cette dernière, couvrant ce qui est convenu d'appeler la IIIe République et qui s'étend de 1870 à 1940, est celle où la France se dote d'un empire colonial aux quatre coins du globe ; le deuxième après celui du Royaume-Uni. Comme pour mes précédents travaux - consacrés à la pensée au Grand Orient de France dans la République impériale - il ne s'agit pas ici d'une réflexion globale sur la colonisation, mais simplement d'une étude précise de la Ligue des droits de l'homme et du citoyen ; de ce que furent ses idées et son action aux colonies. La Ligue naît de facto durant le procès d'Emile Zola. Ce rassemblement se mue ensuite en une " Ligue des droits de l'homme et du citoyen ", qui est officiellement enregistrée le 4 juin 1898, soit quatre années après la condamnation du capitaine Dreyfus. L'Institution se dote dès les débuts, d'un solide groupe d'avocats et de juristes. La Ligue ne veut pas " créer du droit, mais protéger le droit ". Elle regroupe dans ses rangs des politiciens de premier plan, radicaux et socialistes mais également un grand nombre d'intellectuels et d'écrivains comme Anatole France, Marcel Proust et d'autres. Après la Grande Guerre, la réflexion des ligueurs va essentiellement se porter vers le statut politique et social des colonies. Le premier élan, en compagnies des Maçons et des socialistes, va les pousser à importer la République dans les colonies ; mais surtout pour les Européens ! Quel statut alors pour les indigènes ? La Ligue va mener un combat incessant en faveur de la définition d'un statut clair et le plus libéral possible en leur faveur. Que ce soit concernant les droits fonciers, ceux en matière de justice et de défense dans les tribunaux indigènes, mais aussi de la presse et ceux de vote, essentiellement en Algérie pour ce dernier point ! L'idéal pour elle aurait été de pouvoir assimiler les masses autochtones, par l'éducation et l'amélioration de leurs conditions de vie et de les rapprocher des conditions des citoyens. La Ligue évoluera ainsi vers la recherche d'un statut du " citoyen indigène ", habitant d'un " pays en devenirs ", au sein d'une sphère mondiale française, comparable au Commonwealth. Les colonisés enfin, les indigènes, que pensaient-ils de tout cela ? Voulaient-ils devenir Français ? Voulaient-ils devenir prospères en appartenant à une superpuissance mondiale francophone, ou bien vivre plus chichement, mais librement, dans un pays qui leur appartenait ? En fait, ils ne se levèrent pas en masse contre les partis indépendantistes ou communistes pour imposer leur volonté de rester ou devenir Français. Il est d'ailleurs important de signaler que ce sont les mouvements patriotiques qui se trouveront à l'origine des grandes réflexions réformistes coloniales de la métropole, comme pour le cas du Riff et de la Syrie en 1925 et de l'Indochine en 1930. Après cette date, le pouvoir colonial perdra l'initiative et le Front populaire, malgré la vaste enquête sur les colonies de la Commission Guernut, fille de la Ligue, ne pourra rien y changer.

01/2023

ActuaLitté

Littérature française

Le lys dans la vallee

Le Lys dans la vallée est un des romans des Etudes de moeurs d'Honoré de Balzac paru en volume en 1836, s'insérant, dans l'édition Furne de 1844, dans le deuxième livre Scènes de la vie de campagne de sa grande fresque intitulée La Comédie humaine. Evoquant principalement le château de Saché et ses alentours, en Indre-et-Loire, dont Balzac s'inspire fortement, ce roman, écrit en partie à Issoudun et à Vienne (Autriche), a été publié pour les deux premières parties (Les Deux Enfances et Les Premières Amours) de novembre à décembre 1835 dans la Revue de Paris. Puis, en raison d'un différend avec l'éditeur François Buloz, la publication fut interrompue. Le livre, dans sa version complète, paraît en 1836 chez Werdet. Une édition bibliophilique de 1. 250 exemplaires, chez Paul Hartmann en 1947, est enrichie d'illustrations de Berthold Mahn. Genèse du roman L'écriture du Lys dans la vallée s'est échelonnée sur plusieurs années. Dans une première ébauche, qui remonte à 18231 et que l'auteur abandonnera momentanément, Blanche de Mortsauf (surnommée Henriette par Félix de Vandenesse) apparaît sous les traits de Mina, femme dévouée à la souffrance. C'est ce portrait-là qu'il a développé et enrichi après avoir lu Volupté de Sainte-Beuve, ce qui excita la hargne contre lui de ce dernier. Conscient que son roman n'était pas sans défauts, Balzac en dit d'ailleurs : "Ce roman est mauvais et je vais le réécrire". Le Lys dans la vallée se présente comme une réplique de Volupté, en mieux2. Balzac ne se priva pas d'attaques (parfois injustes, comme le fait observer André Maurois) contre le roman de Sainte-Beuve car, même imparfait et reconnu ennuyeux par de nombreux lecteurs actuels, Volupté fournit le coeur du Lys dans la vallée, roman d'initiation sentimentale qui devint un mythe littéraire que d'autres écrivains se sont approprié, comme Gustave Flaubert avec L'Education sentimentale, Marcel Proust avec Un amour de Swann ou André Gide avec La Porte étroite. Résumé Le Lys dans la vallée est l'histoire de l'amour intense et platonique entre Félix de Vandenesse, cadet d'une famille aristocratique, et la comtesse Henriette de Mortsauf, vertueuse épouse du comte de Mortsauf, homme sombre et violent. Félix de Vandenesse (à l'instar de Balzac) raconte son enfance malheureuse où il se sentit mal-aimé, voire haï, et sa rencontre avec une "céleste créature" qui devient pour lui une mère de substitution et une amante inaccessible, beaucoup plus pure et intraitable que l'était madame de Berny, l'inspiratrice et amante d'Honoré de Balzac, pour lequel elle éprouvait un amour quasi maternel. Pieuse parfois à l'excès, elle a pour confesseur l'excellent abbé François Birotteau auquel on reproche son "manque de force apostolique3" . Après plusieurs années de relation chaste, Félix rencontre Lady Dudley à Paris, où ses activités auprès du roi lui ouvrent les salons. C'est une aristocrate anglaise qui lui fait découvrir les joies et les passions charnelles. Henriette vient à apprendre leur relation et se met à dépérir, jusqu'à en mourir. Dès lors, Félix quitte Lady Dudley...

ActuaLitté

Littérature française

Turbulences champêtres collection le net au pré

Turbulences Champêtres, premier titre de la Collection "le Net au Pré" exhale un doux parfum de roman de terroir. Le milieu dans lequel l'histoire évolue, c'est la campagne, celle du Sud-ouest, une campagne ou flotte toujours un soupçon de calme et de sérénité, une campagne encore accrochée à ses clichés d'hier, une campagne ou l'on veut vivre comme avant, mais avec le modernisme et les contraintes d'aujourd'hui, une campagne du 3ème millénaire, avec la télé, Internet, et même le portable et le GPS. Une campagne souvent incomprise, en proie aux doutes, en proie aussi à la spéculation. Puis il y a la ferme, celle du Bouscarot. Ensuite le bourg, celui de Saint-Jean, puis arrivent tous les acteurs. D'abord, les héros, les Beaumont, Martial c'est lui qui raconte l'histoire. Puis le père, Marcel, et la maman, Amélie. Ensuite tous les autres, les paysans, l'épicier, l'épicière, le boulanger, les bons, les méchants, les ni trop bons ni trop méchants, les traditions, les us et coutumes, l'étranger qui s'installe sans bruit, et ceux qui le tolère du bout des lèvres, l'étranger qui s'impose, et ceux qui le rabroue... Il y a même les gendarmes et le curé. Et par dessus tout ça... des étrangers, et non des moindres puisqu'il s'agit de l'Anglais. Le Sud-Ouest est l'une des régions de France les plus prisées par les Anglais, ils s'y installent et cultivent la nostalgie des vieilles pierres et celle d'une lointaine époque. Cette situation n'est guère du goût de tous les indigènes. Certains considèrent en effet que ces populations ne font que reconquérir par l'argent, les territoires dont ils avaient été chassés par notre Jeanne d'Arc emblématique. Ils les accusent de tous les maux, mais surtout de faire indûment grimper les prix des biens qu'ils convoitent. Toutefois, il est très rare que l'un de ces natifs, lorsqu'il a lui-même une maison à vendre, refuse la proposition d'un "envahisseur" , qui la plupart du temps est bien supérieure à celle des locaux. Dans la petite commune de Saint-Jean, la situation était encore plus alambiquée. En quelques mois le bourg avait acquis une notoriété certaine, et même durant l'hiver quantité de touristes faisaient le détour. Cette célébrité soudaine avait pour effet de faire gonfler le nombre des personnes voulant y résider. Pour les habitants c'était selon. Pour ceux qui pensaient n'avoir rien à gagner (sinon des em...), une grande part de responsabilités incombait au père Deslandes et à son épicerie. Pour d'autres, les plus éclairés (enfin, tout dépend du camp dans lequel on se place) ceux qui avaient un peu ou beaucoup à gagner, le curé était le sauveur. C'était le précurseur, celui qui avait montré la voie. Une lumière, peut-être divine était apparue dans le ciel de notre magnifique Sud-Ouest et notre curé avait su le premier trouver "l'interrupteur" . Bref, notre bourg se voyait maintenant jusqu'à Londres et même bien au-delà et les conséquences n'allaient pas tarder à se faire ressentir

05/2011

ActuaLitté

Pléiades

Voyages extraordinaires. Le tour du monde en quatre-vingts jours ; Michel Strogoff ; Les tribulations d'un Chinois en Chine ; Le château des Carpathes

En 1936, soixante-quatre ans après la parution des aventures de Phileas Fogg et de Passepartout, Jean Cocteau et Marcel Khill endossent le rôle des deux héros le temps d'un reportage qui les mènera autour du monde : "Il s'agissait de partir sur les traces des héros de Jules Verne pour fêter son centenaire et flâner quatre-vingts jours. [...] ces fameux quatre-vingts jours étaient une réalité avant la lettre, un rêve de Jules Verne, au même titre que ses phonographes, ses aéroplanes, ses sous-marins, ses scaphandriers. Tout le monde y croyait à cause de la force persuasive des chefs-d'oeuvre". Passent quatre décennies. En exergue de La Vie mode d'emploi, "romans" total et tentative d'épuisement du monde réel, Georges Perec place en 1978 le titre d'un chapitre de Michel Strogoff, "Regarde de tous tes yeux, regarde". Passent encore quatre décennies. Ces romans de Verne continuent de faire rêver - mais à quoi ? Leur auteur se posait déjà la question. Les premiers Voyages extraordinaires entraînaient le lecteur vers l'inconnu. Sur un globe rétréci par la rapidité des communications, que reste-t-il à explorer ? Dans une lettre de 1883 à Hetzel, Verne déclare : "je tends à corser le plus possible ce qui me reste à faire de romans et en employant tous les moyens que me fournit mon imagination dans le milieu assez restreint où je me suis condamné à me mouvoir". Quoique certains d'entre eux aient été écrits avant cette déclaration d'intention, les quatre romans rassemblés dans ce volume l'illustrent parfaitement. Faire le tour du monde en quatre-vingts jours, traverser la Russie de Moscou à Irkoutsk, jouer à la vie à la mort dans l'Empire céleste, retrouver un amour disparu aux confins de la Transylvanie, tels sont leurs enjeux. Il ne s'agit pas vraiment de découvrir des pays exotiques. Quant à la science, souvent invoquée jusqu'alors par Verne comme élément générateur de l'intrigue, elle ne joue, dans trois de ces livres au moins, qu'un rôle mineur. Ce qui compte, c'est la vitesse : avaler des kilomètres pour gagner un pari, pour faire son devoir, ou pour échapper à un destin que l'on a soi-même, et bien imprudemment, tramé. Quant au Château des Carpathes, roman gothique, en cela unique dans la production de Verne, il ne déroge pas au principe constitutif du genre : c'est bien un récit de voyage. Mais la principale frontière à considérer, cette fois, est celle qui sépare la vie et la mort. Peut-on redonner vie aux morts, en les ressuscitant par l'image et par la voix ? Le roman paraît trois ans avant les premières projections des frères Lumière. La "seconde vie" de son héroïne est certes un leurre, mais cette illusion est promesse d'une vie nouvelle que le cinéma va s'employer à perfectionner. "Nous sommes dans un temps où tout arrive", dit Verne. En effet : sans affaiblir la force persuasive des chefs-d'oeuvre, Le Château des Carpathes interroge de l'intérieur les instruments de persuasion et de représentation propres à toute fiction.

10/2017

ActuaLitté

Religion

L'Eglise a-t-elle trahi ?

Les articles publiés par Jean Fourastié pour alerter l'opinion sur l'actuelle situation de l'Eglise (Figaro du 24 avril au 6 juillet 1973) ont recueilli un flot d'approbations chaleureuses, ils ont suscité aussi des réactions auxquelles, l'auteur a d'ailleurs fait écho avec beaucoup de fair play (Figaro du 25 septembre). En réponse à son appel aux théologiens, l'abbé Laurentin a exprimé lui-même ses réserves sur l'article du 18 septembre où Jean Fourastié résumait l'opinion de lecteurs qui poussaient loin la suspicion contre les responsables de l'Eglise. Le sociologue et le théologien ne se connaissaient pas. Marcel Gabilly les a réunis devant le magnétophone du Figaro, le 29 octobre 1973. Leur dialogue, centré sur le rite, le dogme et la politique, a été publié les 21, 27 novembre et 5 décembre 1973 - Il a été complété aux Editions Beauchesne, le 13 novembre. R. Laurentin, qui avait établi l'ordre des questions, a intégré les éléments du dialogue, que les deux auteurs ont révisé en janvier 1974. Traversons-nous aujourd'hui une crise sans précédent ? Ou bien sommes-nous à la veille d'un sursaut et d'une renaissance ? C'est autour de cette question que tourne ce dialogue auquel nous avons gardé le titre provocant du Figaro : L'Eglise a-t-elle trahi ? Sans émousser le tranchant de son diagnostic et de son pronostic, Jean Fourastié manifeste plus clairement ici son ouverture aux évolutions nécessaires et à un oecuménisme compris au sens le plus large du mot. Il révèle avec une nouvelle netteté les aspects positifs de sa pensée : une occasion favorable s'offre aujourd'hui à l'Eglise. Il importe qu'elle la saisisse, à défaut de quoi de sombres perspectives s'ouvriraient pour elle et pour le monde. Ce dialogue ouvre de vastes horizons, touchant des problèmes majeurs : rites et doctrine, mystère et intelligibilité, foi et science, mystique et politique, Dieu et l'homme. Il manifeste mieux l'unité de ces aspects corrélatifs que certaines polémiques tendraient à dissocier aujourd'hui. Le ou doit laisser place au et, pour parler le langage mis à la mode par l'ordinateur. Les deux interlocuteurs ne se sont pas dérobés à la question personnelle qu'ils se sont posée réciproquement : "Pour vous, qui est Dieu ? " Ils évoquent les hypothèses sur lesquelles débouche l'avenir. Jean Fourastié a été pendant près de vingt ans conseiller économique au Commissariat général du Plan et, de 1951 à 1965, président de la Commission de la main-d'oeuvre du Plan. Il est professeur de Sciences économiques au Conservatoire national des Arts et Métiers et à l'Ecole pratique des Hautes Etudes. Il a créé le cours de Prospective de l'Institut d'Etudes politiques de Paris. Il a été élu en 1968 à l'Académie des Sciences morales et politiques. Dès 1949, deux ouvrages, La civilisation de 1995 et Le grand espoir du XXe siècle, traduits en dix langues étrangères et constamment réédités depuis, l'ont rendu célèbre dans le monde entier. Ses oeuvres récentes : Essais de

01/1974

ActuaLitté

Services publics

Droit et service public. Mélanges en l'honneur du professeur Etienne Charles Lekene Donfack Volume 2, Droit administratif, services publics et droit public financier

Que sait-on du professeur Lekene Donfack ? Premier Camerounais agrégé du CAMES de la section Droit public et science politique (1997) et ancien ministre d'Etat, deux visages dominent sa vie publique et privée : celui d'un "penseur du droit" et celui d'un "serviteur de l'Etat". Il s'est particulièrement illustré dans les domaines du droit public financier et du droit constitutionnel. L'initiative des mélanges rencontra une impressionnante adhésion au Cameroun et au-delà. Avec un souci de rigueur, des 120 contributions reçues, le comité en a retenu 84, parmi lesquelles celles d'une dizaine de collègues étrangers. L'ouvrage en deux volumes de 42 contributions chacun s'organise autour du thème droit et service public. Il sera désormais impossible de parler du service public en Afrique sans se référer à ce nouvel ouvrage qui réunit des contributions de grande valeur scientifique.

03/2024

ActuaLitté

Services publics

Droit et service public. Mélanges en l'honneur du professeur Etienne Charles Lekene Donfack Volume 1, Droit constitutionnel, droits publics subjectifs et science politique

Que sait-on du professeur Lekene Donfack ? Premier Camerounais agrégé du CAMES de la section Droit public et science politique (1997) et ancien ministre d'Etat, deux visages dominent sa vie publique et privée : celui d'un "penseur du droit" et celui d'un "serviteur de l'Etat". Il s'est particulièrement illustré dans les domaines du droit public financier et du droit constitutionnel. L'initiative des mélanges rencontra une impressionnante adhésion au Cameroun et au-delà. Avec un souci de rigueur, des 120 contributions reçues, le comité en a retenu 84, parmi lesquelles celles d'une dizaine de collègues étrangers. L'ouvrage en deux volumes de 42 contributions chacun s'organise autour du thème droit et service public. Il sera désormais impossible de parler du service public en Afrique sans se référer à ce nouvel ouvrage qui réunit des contributions de grande valeur scientifique.

03/2024

ActuaLitté

BD tout public

L'intégrale Uderzo 1941-1951

En plus de 70 ans de carrière, Uderzo aura tout dessiné, dans tous les styles, tous les registres, avec un génie que lui reconnaissent des dessinateurs aussi variés que Petillon, Moebius, Zep ou Gotlib, et le succès public planétaire de la série Astérix avec son complice Goscinny. A 4 ans, sa maîtresse de maternelle repère son talent pour le dessin. A 7 ans, il découvre sa vocation avec le Journal de Mickey. A 14 ans, il publie son premier dessin, à 18 ans, c'est le premier album de 12 pages Publier l'intégrale d'une œuvre aussi vaste et variée est un défi de taille. Alain Duchêne et Philippe Cauvin, deux spécialistes passionnés, ont parcouru toute l'Europe  pour retrouver, rassembler, restaurer les milliers de dessins, planches originales, journaux, albums, nés du crayon magique d'Uderzo au fil du temps. Ce premier volume, exhaustif, réunit tous les dessins, séries et albums des années 1941 à 1951, en version intégrale : - Ses dessins d'enfance, ses débuts pendant la guerre, sa rencontre avec Calvo, les dessins du service militaire,.. - Les premières séries de presse pour la jeunesse : Flamberge, gentilhomme gascon, Clopinard, le dernier des grognards, vagabond espiègle et son acolyte Grogui, à l'allure déjà « enveloppée », Les aventures de Clodo et son Oie, strip cocasse à la française publié dans un quotidien, Zidore l'homme-macaque, version burlesque de Tarzan,… - Les séries d'aventure dans le magazine OK, de 1946 à 1949 : Arys Buck et son épée magique, Le Prince Rollin, Belloy l'invulnérable, des comics signés Al Uderzo pour faire américain, qui regorgent d'action et d'humour, avec scènes de bagarres, duos de héros contrastés et jolies princesses à délivrer… - En 1950, c'est la série Capitaine Marvel Junior pour le journal Bravo, et Superatomic Z. - les dessins de presse, époustouflants de ligne claire réaliste pour France Dimanche et France Soir de la grande époque, où il illustre les faits divers et le Tour de France. Au fil des dessins s'afffirme très tôt le « style Uderzo », avec le sens du gag visuel, de l'expression gestuelle, une maîtrise époustouflante de styles différents de dessin, du cosmique au western en passant par le réalisme. Le secret de son génie ? Le talent, le travail acharné, l'amour du dessin… et la modestie. « Les institutions dans la BD, ça n'existe pas. Ce sont les lecteurs qui font le succès. C'est aussi simple que ça ! » Albert Uderzo ( introduction à l'Intégrale 1941-1951).

10/2012

ActuaLitté

Musique, danse

Jean-Pierre Danel. Guitar Hero made in France

Guitariste virtuose et producteur musical indépendant numéro 1 en France : le parcours phénomène d'un musicien autodidacte. Jean-Pierre Danel est un cas d'école. Unique guitariste instrumental à connaître un véritable succès commercial en France (son album Guitar Connection fut numéro 1 du Top 50, et il a reçu de nombreux autres disques d'or et platine, réalisant les plus grosses ventes d'enregistrements à la guitare de l'histoire du disque dans l'Hexagone), il est entré au hit-parade de plus d'une soixantaine de pays, dont les Etats-Unis. Respecté pour le son, le phrasé complexe et la très grande finesse d'expression de son jeu, il est adoubé par ses pairs, et ceux-ci le rejoignent régulièrement en duos : Brian May de Queen, Hank Marvin des Shadows, Andy Powell de Wishbone Ash, les grands guitaristes Albert Lee et Scott Henderson, ou, en France, Louis Bertignac, Laurent Voulzy, Paul Personne, Michael Jones, Axel Bauer, Jean-Félix Lalanne et beaucoup d'autres… Danel Jr (il est le fils du créateur des Neiges du Kilimandjaro, Pascal Danel) est aussi devenu, via sa société créée à l'âge de 20 ans, le plus jeune, puis le premier producteur indépendant en France, récompensé en 2014 par un multidisque de diamant pour 23,3 millions de disques vendus. Il a reçu à ce jour, pour ses multiples productions, 198 disques d'or et platine. Dans le véritable travail d'investigation qu'est cette biographie, vous découvrirez les sources et les méthodes d'une réussite exemplaire et le profil hors norme de ce musicien issu d'une famille aux multiples personnalités, et au profil atypique : ami intime de François Mitterrand, végétarien depuis l'âge de 5 ans, collectionneur de voitures rares, self-made-man - sa vie personnelle est, elle aussi, spectaculaire. Fin lettré, il a publié une vingtaine de livres, dont deux biographies consacrées à Sacha Guitry, qui font partie du programme de l'étude du français aux universités américaines de Harvard, Stanford, Berkeley et Princeton. Il a également consacré un ouvrage à la Fender Stratocaster, dont il possède l'une des plus belles collections européennes, où figure Miss Daisy, une guitare exceptionnelle de 1954, parmi les plus rares du monde. Découvrez comment cet autodidacte, surdoué de la guitare, travailleur acharné aux capacités peu communes, a bâti un parcours remarquable et l'un des plus beaux CV de l'industrie musicale. Une minutieuse enquête, incluant les témoignages de plusieurs dizaines de personnalités du monde de la musique (Laurent Voulzy, Brian May (Queen), Michael Jones, Hank Marvin (The Shadows), et de nombreux autres artistes, journalistes, présidents de majors du disque, le président de la Sacem, les directions de médias nationaux, chaînes de télévision, de radio, attachés de presse, etc.), des dizaines d'extraits d'articles de presse français et internationaux, des extraits d'interviews radio et télévisées. Retrouvez également une analyse de son jeu de guitariste, appuyée des témoignages des plus grands spécialistes de la guitare en France, un survol de ses nombreux duos, sa discographie et un important cahier-photos. Un Guitar Hero made in France, résumé par le journaliste, grand spécialiste hexagonal de la guitare, Christian Séguret : "Il est l'un des rares musiciens de chez nous (avec Django Reinhardt et Marcel Dadi) à avoir fait de l'instrument un objet de rêve grand public, et à susciter des centaines de vocations".

02/2020

ActuaLitté

Histoire internationale

1917. L'année qui a changé le monde

1917 est une année décisive dans le déroulement de la Première Guerre mondiale mais aussi dans l'histoire du monde, et pas seulement d'un point de vue géopolitique ou militaire avec ses grandes batailles (Chemin des Dames, Caporetto) ou ses grands événements (échecs des pourparlers de paix lancés par l'Autriche-Hongrie et le pape, effondrement de la Russie, basculement de la Grèce dans le camp allié, premières mutineries et grèves des tranchées…). Dans tous les domaines, y compris scientifiques, culturels, intellectuels ou sociaux, cette année, comparable à 1789 ou 1815 par son ampleur, marque un bouleversement durable dont les conséquences se font encore ressentir de nos jours. 1917, c'est d'abord l'année des deux révolutions en Russie, donnant naissance au premier Etat communiste et à un mouvement politique mondial qui hantera tout le XXe siècle, drainant dans son sillage des dizaines de millions de victimes. C'est aussi l'année où, pour la première fois, les Américains interviennent militairement en Europe, loin de leur territoire. Ce ne sera pas la dernière… Leur motivation morale (Wilson) deviendra un leitmotiv jusqu'à nos jours pour justifier leurs interventions sur toute la planète. 1917, c'est encore l'année de la déclaration Balfour, qui promet aux Juifs la création d'un Etat sur les décombres de l'empire ottoman avec des conséquences sur l'équilibre de la région qui se poursuivent toujours ; la déclaration de Corfou, prévoyant la création (artificielle) d'une Yougoslavie, future épine sanglante dans l'histoire de l'Europe jusqu'à une date récente ; l'apparition de la notion de « guerre totale » dont les régimes fasciste, nazi et communiste développeront le concept jusque dans l'industrialisation des massacres ; le vote de l'Espionnage Act aux Etats-Unis, toujours en vigueur en 2016 ; la naissance du mouvement artistique dada et l'apparition pour la première fois du terme de surréalisme, qui bouleversera l'histoire des arts au XXe siècle. Mais aussi : la découverte des films de Charlie Chaplin, l'exposition où Duchamp présente son urinoir (« Fountain »), acte de naissance de l'art conceptuel, les premiers Ballets russes qui révolutionnent l'histoire de la danse, la création de la Coupe de France de football, l'invention de l'heure d'été pour réaliser des économies d'énergie en France, le premier décollage d'un avion sur un navire en marche, la formation du ministère charnière de Clemenceau, l'épopée de Lawrence d'Arabie, les morts de Buffalo Bill, Léon Bloy, Edgar Degas ou Durkheim, la naissance de Danielle Darrieux (toujours vivante), les apparitions de la Vierge à Fatima, les exploits aériens de Guynemer et Richthofen, la création du service de cinéma aux armées, les premier films de vampires et de super héros au cinéma, Marcel Proust qui termine le premier volume d'A la recherche du temps perdu, etc. L'ambition de cet ouvrage est de montrer 1917 sous tous ses aspects à l'aide d'une chronologie sélective, très écrite, commentée et richement illustrée. En ressort la conviction que cette année a bouleversé l'histoire du monde en creusant la tombe de l'Europe et partant de l'occident. Des focus seront également proposés pour raconter le 1917 de personnalités politiques et culturelles de premier plan (Hitler, Mussolini, Staline, De Gaulle, Churchill, Roosevelt, Ho Chi Minh, mais aussi Hemingway, Céline, Jünger, Drieu La Rochelle, Aragon, Picasso …).  Un livre absolument novateur et fera date.

11/2016

ActuaLitté

Sciences historiques

Adoption et fosterage

L' adoption est pratiquée, sous des formes et avec des finalités différentes, dans de très nombreuses sociétés, sinon dans toutes : elle constitue un révélateur des valeurs et des pratiques sociales liées à la parenté, à son idéologie et à son image. Elle n'a pris de l'importance dans les pays occidentaux, notamment en France, que depuis peu. Elle apparaît aujourd'hui comme une réponse à la stérilité du couple. C'est le couple qui adopte, et qui adopte une fille aussi bien qu'un garçon, pour la joie d'élever un enfant et de lui donner une famille. Pourtant, lorsqu'elle a été réintroduite dans le droit, après une éclipse de douze siècles, l'adoption fut conçue plutôt comme une solution humanitaire à l'abandon massif des enfants, caractéristique de cette période. Dès lors elle ne pouvait être pratiquée que dans l'intérêt de l'enfant, dont tous les liens avec sa famille d'origine se trouvaient coupés par l'abandon. D'autres sociétés ont pratiqué l'adoption dans des intentions très différentes : ainsi la Rome ancienne, où l'adoption est liée à une politique, de la succession et de la transmission ; des hommes y adoptent d'autres hommes, enfants et adultes. En Occident, l'Eglise a été à l'origine de la disparition de cette "parenté sociale" en reconnaissant seulement deux types de parenté: la parenté biologique et la parenté spirituelle liée au baptême. Diverses formes de parentés de substitution, notamment spirituelles, ont alors été instituées, dont certaines continuent à mettre en oeuvre le vocabulaire de l'adoption. L'Empire byzantin a connu, pour sa part, une évolution différente de celle de l'Occident médiéval. Pour désigner au contraire la "mise en nourriture" ou "en éducation" le terme fosterage, largement admis dans les disciplines historiques et anthropologiques depuis les travaux de Marcel Mauss et de Louis Gernet, a été retenu comme un vocable technique susceptible de rendre compte de pratiques qui transcendent les cultures. Dans la Rome ancienne, où l'adoption n'a pas une finalité spécifique d'éducation, un enfant nourricier, garçon ou fille, est un enfant, souvent de statut inférieur, que l'on n'adopte pas, mais auquel on fait donner une éducation dans sa maison ; ce type de relation est accessible à la femme comme à l'homme. Dans l'Europe occidentale, l'époque médiévale et moderne a connu dans certains pays la circulation des enfants à l'intérieur de leur propre famille. Mais elle a connu aussi — c'est une des caractéristiques du modèle anglais — des formes de circulation d'enfants et de jeunes gens (filles et garçons) dans des familles distinctes de la leur, où ils n'avaient pas vocation à s'intégrer. La thématique met l'accent sur toutes les formes de parentés électives ou de délégations de rôles qui, dans nos sociétés, relèvent de la responsabilité parentale. Sur ces deux thèmes vingt auteurs ont essayé de faire le point sur l'évolution de la société occidentale de l'Antiquité à nos jours ; une comparaison a été tentée avec des sociétés extra-européennes dans lesquelles l'adoption ou la circulation des enfants ont joué dans le passé, et parfois jouent encore, un rôle important : la Chine et le Japon anciens, l'Afrique de l'Ouest et la Malaisie actuelles.

01/1999

ActuaLitté

Policiers

En l'absence de Monsieur J.

Quelques mois après l'armistice. Quelques mois après la "der des der". Au Palais de justice de Paris, comparaît l'assassin de Monsieur J Un soir de juillet 1914, il a abattu celui qui disait non à la guerre. Quatre ans et demi et plusieurs millions de morts plus tard, Hervé est là devant ses juges... Ainsi débute, le roman de Pierre Dharréville, par l'évocation de ce jour sombre de l'année 1914 qui inaugura vraiment le XXe siècle et lança le mécanisme fou de ses horreurs. Sans doute, avec la mort de Monsieur J s'est écrite la première défaite de l'humanité... C'est en tout cas la conviction de Marius, un solide jeune homme du Midi devenu proche de J après l'avoir rencontré à Carmaux parmi les mineurs. Alors Marius n'imagine pas manquer ce procès tant retardé. Encore hébété d'avoir survécu à la boucherie des tranchées, il assiste aux débats, chaque jour plus mal à l'aise. Les brillants orateurs ne sont plus dans le camp de la victime. De qui fait-on le procès ? On rend hommage à J. mais on l'enterre. On l'encense mais on l'embaume surtout. L'assassin répond mal, ou si peu, de son crime. Rendre vie à J dérange... Sur les bancs du public, aux côtés de Marius, deux journalistes. Eléonore que tant d'injustice exaspère et Marcel qui observe, goguenard, les habiles plaidoiries de la défense. Marius ne peut accepter le verdict, Eléonore non plus. Leur vie à chacun se décide ce jour-là. Si leurs parcours diffèrent, s'éloignent, ils sont pourtant liés dans un même souffle d'indignation, dans l'énergie de la détermination à lutter pour la liberté de tous, ou peut-être tout simplement pour la dignité de chacun. Le roman s'attache ainsi aux destins de cette femme, de cet homme, et d'autres qu'ils croisent, au fil des années d'après procès. De Paris à Marseille en passant par les plages d'Ibiza en 1936, de la défaite de 1940 au sursaut de la Résistance dans le sud de la France. Ce ne sont pas les faits historiques qui importent mais la force de vie, de passion et d'engagement qu'ils libèrent parfois en chaque femme, en chaque homme. Eléonore, Marius ne sont pas des héros, juste des gens du commun qui tracent des chemins de convictions dans les soubresauts violents d'évènements qui les révèlent à eux-mêmes. Lui n'est pas de ceux qui renient leurs promesses, elle n'est pas de celles qui subissent les obligations ou restrictions de quelque condition que ce soit. Eléonore et Marius, vibrants et déterminés, fragiles aussi, au tournant d'un siècle sans ménagement, nous deviennent familiers, si intensément proches. C'est toute la force du roman de Pierre Dharrévile, réussir à nous captiver, nous entraîner dans les soubresauts de ces vies bousculées et denses, par la grâce, l'élégance d'une langue tour à tour souple, ronde et chatoyante quand le roman s'installe près de la Méditerranée, plus incisive, abrupte ou sarcastique quand les événements se durcissent et bégaient. Si l'absence de Monsieur J a bouleversé l'ordre du monde, elle a aussi construit et nourri l'aventure humaine et solidaire de beaucoup de femmes et d'hommes, ce livre leur rend hommage dans un tourbillon romanesque fait d'émotions, de tensions, de chaleur, non sans humour et légèreté aussi.

08/2014

ActuaLitté

Toxicomanie

Au Fait : Addicts - sept - oct 2022. De la société de consommation à la société d'addiction

La société d'addiction... Les célèbres Trente glorieuses, parenthèse enchantée où la consommation était innocente, du moins se l'imaginait-on, ont d'abord été remplacées par les Trente piteuses, décennies de crise permanente, puis désormais par les Vingt calamiteuses et plus, une ère mortelle pour la planète. Pourtant, durant cette dégringolade soutenue, la consommation a suivi une hausse exponentielle. Elle est devenue folle, hors de contrôle, et ne se conçoit plus autrement que dans l'excès. Le "gavage", dit l'un de nos intervenants. La société de consommation dénoncée par les soixante-huitards est donc devenue la société de surconsommation, encouragée par les mêmes dans la seconde partie de leur vie. Et cette surconsommation a viré à l'addiction. Rappelons la définitionA : dépendre d'un ou plusieurs produits au point d'en faire dépendre sa vie. L'économie de marché a compris au tournant du millénaire que consommer ne suffisait plus. Il fallait attirer le consommateur sur un autre terrain, le rendre accro à tout ce que lui promettaient la publicité, le marketing et internet. Voilà le secretA : proposer des besoins que le consommateur ne connaissait pas. C'est ainsi que nous sommes devenus addicts à l'image, au sucre, aux algorithmes, aux médicaments, aux nouvelles drogues de synthèse, aux alcools déguisés, aux cigarettes électroniques, à la mode instantanée, aux burgers, aux sodas... La liste est interminable. Deux groupes ont partie liée dans cette affaire : les mafias sur le marché illicite, Darknet ou économie souterraine, les lobbies sur le marché légal. Les unes et les autres veillent à leurs profits. Mais le citoyen-usager-addict n'est guère plus innocent. Il laisse faire quand il pourrait refuser sa dépendance, se révolter contre le gavage et décréter qu'est venu le temps du sevrage. Avec les témoignages de : Amine Benyamina, qui dirige le département de Psychiatrie et d'Addictologie de l'Hôpital Universitaire Paul Brousse à Villejuif. Il est président de la Fédération Française d'Addictologie (FFA). Marcel Rufo, pédopsychiatre et professeur émérite, auteur de dizaines d'ouvrages consacrés à la prime enfance. Il a exercé dans différents hôpitaux de Marseille ainsi qu'à l'hôpital Cochin à Paris. Ketty Deleris, qui a exercé pendant 10 ans le métier de diététicienne. Tabacologue spécialisée dans le sevrage du tabac et du cannabis, elle exerce en parallèle depuis 2020 une activité de prévention des addictions sur les réseaux sociaux. Jean Pouly, qui explore les usages des technologies de l'information depuis 25 ans. Pionnier de la médiation numérique à la fin des années 1990, il enseigne l'économie numérique à l'Université de Lyon et intervient à l'Ecole Centrale de Lyon. François Delorme, maître de conférences en sciences de gestion. Il a soutenu sa thèse de doctorat à l'université de Grenoble où il est chercheur associé. Serge Ahmed, psychopharmacologue et neurobiologiste. Il dirige depuis 2009 une équipe du CNRS à l'Université de Bordeaux qui mène de nombreuses recherches sur les addictions, notamment à la cocaïne, l'héroïne et la nicotine. Thomas Amadieu, normalien titulaire d'un doctorat en sociologie, professeur associé à l'ESSCA Ecole de Management et chercheur associé au Gemass (CNRS/ Sorbonne Université). Catherine Grangeard, psychanalyste et psychosociologue. Elle est engagée depuis l'an 2000 dans la dénonciation de la fabrique de l'obésité par les diktats visant la minceur.

09/2022

ActuaLitté

Essais

Empavillonner

Qu'il s'agisse, entre autres exemples, du Pavillon France réalisé par l'architecte Jean-Paul Viguier à l'occasion de l'Exposition Universelle de Séville (1992), de celui des Pays-Bas signé de l'agence MVRDV dans le cadre l'Exposition Universelle d'Hanovre (2000) ou encore, avant eux, des pavillons présentés comme "manifestes de la modernité" , tels que ceux de Richard Buckminster Fuller (Pavillon Etats-Unis, île Sainte-Hélène, Montréal, 1967), de Le Corbusier (Pavillon Philips, Bruxelles, 1958) de Robert Mallet-Stevens et des frères Martel (Pavillon du tourisme, Paris, 1925), tous sembleraient procéder d'une même intention (ou prétention)? : celle de définir les voies et préceptes d'une architecture résolument nouvelle laquelle, contestant ou refusant parfois ce qui a cours, préfigure et marque de quoi serait faite l'époque à-venir. Profitant aujourd'hui d'un certain recul, il est permis de constater quel aura été le devenir de ces tentatives architecturales ? : pour bon nombre d'entre elles, des "reliques" d'un temps révolu, des ruines (à l'image d'éléphants blancs), également des friches ou encore des déserts... Les stigmates d'édifications avancées comme "prototypiques" alors tombées dans l'oubli. C'est comme si ce qui s'était naguère pensé, tenté n'avait été, en réalité, que la consécration et "apothéose" d'une Culture de l'éphémère ? : un brusque et bruyant "déballage" de savoir-faire souvent techniques-technologiques, l'empreinte autrefois rutilante d'une audace créative ou encore une authentique démonstration de force, de puissance (un geste à l'énergie concentrée et dispersée) consacrant l'emprise et assise économiques, culturelles des états commanditaires pris au coeur d'une inexorable compétition mondiale. Aussi, bien plus que de conclure à l'échec du nouveau ? -? celui de ne pouvoir triompher qu'en de trop rares occasions ? -, reviendrait-il plutôt de s'interroger sur la fonction et les visées véritables de ces constructions, sur ce qui s'édifie et se programme vraiment au travers de la forme même du Pavillon, soit sur ce qui s'empavillonne. C'est-à-dire tout à la fois s'incorpore, se cristallise et se disperse en de multiples cellules pavillonnaires d'exposition entremêlant idées, visions, concepts et conceptions, également systèmes, stratégies, postures et positions tactiques... Conviendrait-il, en outre, de se demander quels places et rôles tiennent la maîtrise d'ouvrage ainsi que le commanditaire dans la pérennisation (et non seulement la conservation) de l'oeuvre architecturale. C'est très exactement là le cadre d'étude de cet ouvrage à paraître ? : s'appuyant sur des exemples précis, il s'agit de comprendre et de donner à lire de quoi le Pavillon est effectivement le projet.

03/2021

ActuaLitté

Histoire internationale

Dans l'ombre de l'Occident et autres propos / Les Arabes peuvent-ils parler ?

Avec Yasser Arafat et Mahmoud Darwich, Edward W. Saïd est sans doute l'un des trois palestiniens les plus célèbre du XXe siècle. Bien que la plupart de ses textes soient traduits en français, la pensée de ce Palestinien de nationalité américaine, dont Tzvetan Todorov disait qu'il était l'un des intellectuels les plus influents du monde, est encore peu connue du public non académique francophone. À l'heure où éclatent les révolutions arabes, où les nationalismes s'affirment sans fard un peu partout en Europe, où la France est en proie aux polémiques sur « l'identité nationale », la pensée d'Edward Saïd s'impose dans toute sa puissance, son acuité politique, et permet de porter un regard critique sur l'actualité occidentale ; manière, en somme, de regarder sous le tapis d'un occidentalo-centrisme décadent. Blackjack éditions publie ainsi Dans L'ombre de l'Occident, titre générique d'un recueil de trois entretiens, inédits en français (extraits du recueil Power, politics and culture, interviews with Edward W. Saïd, publié en 2004 par Bloomsbury) qui offrent une approche transversale de l'univers d'Edward Saïd et permettent de comprendre comment le statut d'exilé est intrinsèquement lié au développement de cette réflexion originale. Edward Saïd parle depuis l'exil, sa parole est « entre mondes ». Et c'est de cette position qu'il critique les systèmes de représentations, la manière dont l'Occident construit des images de l'Orient, du Moyen-Orient. Il discerne, par extension, la manière dont l'Occident construit son rapport à l'Autre. Ces constructions se révèlent radicalement politiques, directement dominatrices. Edward Saïd montre ainsi comment la culture, dans son ensemble, est travaillée par les rapports de forces et d'instrumentalisation. Émanciper l'altérité au sein même des représentations, introduire la parole d'un Autre qui ne serait pas réductible ou manipulable, tel est sans doute l'enjeu majeur de l'oeuvre de Saïd dont il est question dans ces entretiens. « Pris entre “salamalecs” et “charabia”, les Arabes n'intéressent pas “le monde”. Les musulmans non plus. Si l'islam retient politiquement l'attention, le “monde arabe” est décor et paysage ». À travers ce texte au titre provocateur, Seloua Luste Boulbina, philosophe et politiste, ne se demande bien sûr pas si les Arabes sont, dans l'absolu, en capacité de parole, mais cherche des territoires où les paroles des Arabes peuvent trouver des résonances singulières dans une culture occidentale historiquement dominatrice. « Les frontières coloniales, écrit-elle encore, ne sont pas géographiques, elles sont avant tout humaines ». Dès lors, les « entre-mondes », concept forgé par Edward Saïd, ces lieux de l'art et de la littérature, deviennent un fil conducteur pour dire les déplacements et les migrations qui permettent de construire un langage commun et d'instaurer une réelle esthétique de la parole. Dans Les Arabes peuvent-ils parler ?, Seloua Luste Boulbina engage des dialogues, met en écho des voix aussi diverses que celles de Frantz Fanon, Sigmund Freud, Joseph Conrad, Edward Saïd, Hannah Arendt, Henri Michaux, Mallarmé, Arjun Appaduraï, Jean Josh Rabearivelo, Victor Segalen, Jacques Derrida, Frantz Kafka, Yoko Ogawa, Theodor Adorno, René Descartes, Samuel Beckett, Michel Foucault, Gilles Deleuze, Mahmoud Darwich, Sayed Kashua, Marcel Detienne, Amin Maalouf, Nietzsche, Joyce, Clément Rosset, Edgar Poe, Charles Baudelaire, Alexis de Tocqueville, Roland Barthes ou encore d'Ovide. La diversité des figures de l'exil met alors en question anciennes divisions coloniales et stéréotypes contemporains. Ici, les Arabes sortent de l'ombre, trouvent place dans l'expérience commune. Les philosophes, écrivains, poètes, artistes, exilés dans leur propre langue, seraient-ils tous des Arabes se demandant en français s'ils peuvent parler ? Entre esthétique et politique, le texte de Seloua Luste Boulbina est comme une respiration, au style précis, organique : il nous invite à tendre l'oreille.

11/2011

ActuaLitté

Policiers

Le bal des frelons

La montagne, le grand air, la nature, ce n’est pas aussi sain et bucolique qu’on le pense. D’abord parce qu’il y a les vestiges de l’ancienne usine de tungstène, pas loin. Ensuite parce qu’il y a le village, loin de tout. Enfin parce qu’il y a les habitants du village. C’est ça le pire. À commencer par Michel, le maire. Pusillanime, cupide, il fait ses petits trafics et prélève gentiment sa dîme sur les fonds publics, sous l’œil de sa secrétaire Coralie, toujours vierge à 40 ans passés et qui ferait tout pour ne plus l’être ; si possible, avec Monsieur le maire, ce serait mieux.Au nombre des administrés, on compte Antonin, pas si méchant pour un gardien de prison à la retraite ; sauf qu’il veut tuer sa femme Martine qui lui tape sur le système. Il ne sait pas toutefois que Martine – qui vient de retirer de la banque toutes les économies du couple sans dire où elle a caché le magot – se verrait bien veuve elle aussi, et riche. Si possible, il faudrait que Monsieur le maire, son ex-amant, l’aide à trucider Antonin, ce serait mieux. Il y a également Rémi, tellement dégoûté du genre humain qu’il ne parle plus qu’à ses poules Sten et Dhal et aux morts, sa femme Mariel en l’occurrence, qu’il a déterrée du cimetière où elle reposait. Évidemment, si elle était vivante, ce serait mieux. Sans oublier les citadins, Baptiste et Loïk, totalement insensibles au charme de cette belle contrée pyrénéenne. Ils forment un couple presque fusionnel, n’aiment que le rock’n’roll (hard) et leur hérisson Caroline. Loïk est venu là pour se venger d’Antonin, à cause d’une histoire… de femme. Baptiste explique à son amant que s’il oubliait cette vieille affaire, ce serait mieux, mais comme presque tous les personnages de ce roman, Loïk ne se caractérise ni par sa sagesse ni par son discernement. Alors il vaut mieux imiter Maxime l’apiculteur et enfiler sa combinaison protectrice pour traverser cet essaim de frelons aux dards venimeux. Dans ce village de l’Ariège, ce n’est certes pas l’ours qui fait des apparitions sporadiques qui est le plus dangereux…Pascal Dessaint l’amoureux de la nature nous offre une tout autre facette de la vie des bêtes avec cette farce drôle et cruelle qui s’inscrit dans la lignée de Siniac ou du Charles Williams de Fantasia chez les ploucs. Chassé-croisé délicieusement méchant, mené d’une plume alerte et impeccablement construit, Le Bal des frelons nous ramène à cette vérité première : l’homme est un loup pour l’homme. Mais les moments de tendresse qui éclairent le récit nous empêchent de désespérer totalement du genre humain.Pascal Dessaint est l’un des auteurs les plus primés du roman noir français. Il est par ailleurs l’un des organisateurs du « Marathon des mots » à Toulouse.

02/2011

ActuaLitté

Beaux arts

Archives de pierre. Les églises du Moyen Age dans le Lot

Le département du Lot est riche de plus de 400 églises du Moyen Âge, antérieures au XVIe siècle. L'ancienne province du Quercy, pourtant ravagée par la guerre de Cent Ans et les guerres de Religion, est un exceptionnel conservatoire du patrimoine bâti, depuis sa capitale Cahors et ses grands sites que sont Figeac, Rocamadour, Saint-Cirq-Lapopie, jusqu'au moindre bourg ou village qui possède bien souvent plusieurs édifices médiévaux, château, église ou maisons. Rares sont les églises préromanes et du XIe siècle dans le Lot, ce qui suscite des interrogations sur les phases de reconstruction des édifices paroissiaux au cours de la période féodale. Jalonnant les itinéraires de pèlerinage, les grands édifices romans se distinguent par leur monumentalité et la qualité de leurs décors : les coupoles de la cathédrale Saint-Étienne de Cahors, les tympans de Carennac et Souillac, les ruines de l'abbatiale de Marcilhac-sur-Célé, entre autres. Cloîtres et salles capitulaires témoignent de la puissance de l'évêque et des communautés monastiques, qui suscitèrent le talent des artistes, sculpteurs chargés de l'exécution de nombreux chapiteaux et peintres pour de plus exceptionnels décors monumentaux. Mais à côté de ces monuments majeurs, une foule de petites églises médiévales parsèment les campagnes, riches d'une architecture adaptant les canons de l'époque aux matériaux et savoir-faire locaux. L'art roman s'épanouit dès le début du XIIe siècle, mais se prolonge parfois jusque dans les années 1250. À partir du milieu du XIIIe siècle, sous l'impulsion d'un nouveau style gothique venu du nord de la France, fleurissent de nouvelles églises construites dans les villes par les ordres mendiants, à la campagne par les cisterciens, commandées par de puissants seigneurs ou de riches communautés paroissiales : Gourdon, Martel, Salviac, Montcuq témoignent de ces enrichissements successifs, adoptant les goûts du moment. Au sortir de la guerre de Cent Ans, le formidable élan de reconstruction que connut le Quercy après 1450 suscita la reconstruction de nombreux sanctuaires, à l'initiative des élites aristocratiques mais aussi des simples paroissiens, richement dotés de nouvelles peintures murales ainsi que de plus rares vitraux. Ce livre est le fruit d'un travail de recensement et d'étude scientifique mené entre 2005 et 2011 par le Conseil général du Lot et la Région Midi-Pyrénées dans le cadre de l'Inventaire général du Patrimoine culturel, en collaboration avec l'Université de Toulouse-Le Mirail. Une équipe de chercheurs, historiens de l'art et archéologues du bâti a parcouru le Lot à la recherche du moindre indice matériel témoignant des constructions médiévales, livrant ici le fruit de leurs recherches. L'ouvrage est organisé en deux parties. Des chapitres individuels proposent des regards croisés sur le contexte historique, l'architecture et le décor monumental, ainsi que le devenir de ce patrimoine culturel. Le catalogue dresse ensuite la liste la plus exhaustive possible des églises du Moyen Âge, chacune bénéficiant d'une notice descriptive et de photographies.

12/2011

ActuaLitté

Sociologie urbaine

Récits de la ville malade. Essai de sociologie urbaine

Ces récits de la ville malade répondent aux discours sur la prolifération des taudis, la ghettoïsation des cités, la disparition du patrimoine, la gentrification des quartiers populaires et la dénaturation des villes, et décèlent les prémices d'un nouveau discours lié à la pandémie du Covid-19. Selon le vocabulaire international de sociologie des villes, le monde urbain contemporain s'enchante de ses Smart Cities, Green Cities, Inclusive Cities et autres Slow Cities mais qu'en est-il des Sick Cities ? Sont-elles restées dans l'angle mort de l'observation des chercheurs ? Les récits de la ville malade, rassemblés ici par le sociologue et historien Yankel Fijalkow, répondent aux discours sur la prolifération des taudis, la ghettoïsation des cités, la disparition du patrimoine, la gentrification des quartiers populaires et la dénaturation des villes. Ce livre propose trois " récits de ville " : les îlots insalubres au début du xxe siècle ; la critique du progrès dans les années 1970 ; la peur de la perte de l'authenticité dans les années 2000. Dans les textes politiques, les géographies littéraires ou les rapports d'expertise, la répétition de ces narrations s'inscrit dans une grammaire spécifique. Les îlots insalubres parisiens au début du xxe siècle, les campements, la Zone, les bidonvilles et les taudis contemporains sollicitent nos regards et nos jugements. Comme en 1950 puis en 1970, la pratique de la rénovation urbaine revient en 2000 suivant le mot d'ordre radical des politiques : démolir et reconstruire. Comme en 1930, les petites villes et les pays reviennent à l'agenda des acteurs de la ville : décideurs, élus, habitants. A chaque modernité nouvelle, les sociétés urbaines sont prises par la folie de démolir et retrouvent les accents d'une passion patrimoniale qui les conduisent à rechercher des espaces préservés et " authentiques ". Que dire de l'éternel recommencement, des discours des experts proposant de répondre à la " crise " ? Peut-on dresser la sociologie des récits de la ville malade obsédant l'histoire urbaine à la manière d'un ostinato ? Peut-on dessiner la géographie de ces lieux malheureux : marges, périphéries, centres et archipels ? Peut-on rapprocher les composants du Story Telling - du politologue William Roe Polk - sur la ville malade et la mise en scène du récit de la cité idéale ? Peut-on dépasser la rationalisation et la romantisation de l'urbain ? Yankel Fikalkow construit un discours dans le temps, un discours configuré et situé. Les représentations mettent en jeu l'imaginaire collectif de la ville, la manière dont se dessinent des intentionnalités capables de s'inscrire dans des projets comme l'a montré l'historien et géographe Marcel Roncayolo. Chaque situation de transformation urbaine apparaît comme une scène racontée par des acteurs sur des lieux et des processus spatiaux, persuadés de disposer d'un savoir légitime sur la ville. Car la formation du récit commun de la bonne ville est politique. Cette enquête interroge l'éternel scénario de la ville malade et pose un ensemble de questions face au présent de notre condition urbaine : est-il toujours porteur d'invention ? Les regards critiques sur la ville ne peuvent-ils que conduire les aménageurs à construire des Fake Cities ? Peuvent-ils les empêcher ? L'auteur, dans un chapitre ultime, propose une analyse à chaud de la pandémie du Covid-19, non pour décrire une situation clinique mais déceler les prémices d'un nouveau discours sur la ville malade. Ce chapitre développe les arguments suivants : l'oubli de l'hygiénisme et/ou sa réinterprétation partielle, imprécise et erronée ; la négligence à l'égard des sciences sociales et de la complexité des mondes sociaux urbains ; la quasi-incrimination de certains quartiers ; la méfiance renouvelée à l'égard des villes... La privation des usages publics de l'espace urbain au nom de mesures sanitaires est un problème majeur alors que l'un des maux qui frappent la ville contemporaine est le recul des espaces publics et leur transformation en espaces de marchandisation, de " mise en tourisme ", de " upgrade " au nom de l'attractivité, du confort, et, bientôt sans doute, au nom de critères environnementaux et sanitaires...

04/2021

ActuaLitté

Illustration

Hs les arts dessines n°3 - ugo bienvenu - broche. Les grands entretiens

Ugo Bienvenu est né le 10 mai 1987. Ce nouvel Hors-série des Arts Dessinés après ceux consacré à Catherine Meurisse et Laurent Durieux, revient sur le parcours pluridisciplinaire de ce réalisateur et un dessinateur français via une longue interview séparée en quatre chapitres : les influences, la bande dessinée, l'animation et l'illustration. Il sera enrichi d'entretiens avec des proches et des membres de sa famille, histoire d'offrir un regard inédit sur cet immense auteur. Sortie prévue le 17 juin 2022 en version broché (100 pages, 15 ? ) et cartonné (128 pages, 25 ? ) Biographie express Après un diplôme de métier d'art en illustration à l'école Estienne, il intègre la section cinéma d'animation des Gobelins1. En 2010, à la suite de son séjour au California Institute of the Arts de Los Angeles, il s'oriente vers l'animation expérimentale. Depuis 2010, il écrit et réalise des clips et des courts-métrages, seul ou accompagné (de Kevin Manach, Benjamin Charbit ou Félix de Givry). Ses films sont diffusés sur Arte et Canal+. En 2014, il signe sa première BD sur papier, Sukkwan Island, adaptation du roman éponyme de David Vann. En 2016, il dessine pour la presse et développe la mini-série Antman, à nouveau avec Kevin Manach. En 2017, il publie un deuxième album BD, Paiement accepté, où il imagine la vie d'un fils de Donald Trump, exilé en France après une guerre civile aux Etats-Unis. En 2018, il crée la société de production, Remembers, avec Félix de Givry ainsi que la maison d'édition Réalistes avec Charles Ameline et Cedric Kpannou. En 2019, il dirige à nouveau des films publicitaires pour Hermès, mais aussi pour la marque de lunettes Coréenne Gentle Monster. La même année, il publie deux nouvelles BD, toutes deux remarquées. La première, Premium +, est sur le destin d'un homme, pétri de certitudes, un financier au parcours brillant qui chute finalement. Son autre BD de 2019, Préférence système, reçoit le grand prix de la critique6, fait partie de la sélection officielle au Festival d'Angoulême 2020 En 2020, il sort sa cinquième bande dessinée B. 0, comme un Dieu, chez les requins marteaux. Il réalise, dans la foulée, une campagne publicitaire Hermès pour la Chine mettant en scène son propre carré. En 2021 toujours sortent aux éditions Réalistes, Développement durable, la suite de Premium+ ainsi que Malavalle, premier livre en tant que scénariste dessiné par Josselin Facon. Il commence le développement de son premier long métrage Arco au sein de son studio. Bande dessinée -Sukkwan Island, d'après David Vann, préf. Fabrice Colin, Denoël Graphic 2014. Sélection officielle au Festival d'Angoulême 2015. -Paiement accepté, Denoël Graphic, mai 2017 - Premium +, éditions Réalistes, juin 2019 - Préférence système, Denoël Graphic, octobre 2019. Grand prix de la critique 2020 - Sélection officielle au Festival d'Angoulême 2020. - B. 0, comme un Dieu, Les Requins Marteaux, septembre 2020 - Développement durable, éditions Réalistes, juin 2021 -Malavalle, scénario, dessin de Josselin Facon, éditions Réalistes, juin 2021 -Total, éditions Denoël Graphic, octobre 2021. Filmographie Réalisation -2010 : Fragment clip pour Chris Adams -2010 : Voyage chromatique, avec Kevin Manach clip pour Renart -2011 : Singing clip pour Agoria -2012 : La Fin du monde, avec Benjamin Charbit et Kevin Manach court métrage -2013 : Maman, avec Kevin Manach court métrage -2015 : FOG, avec Kevin Manach clip pour Jabberwocky -2015 : Holding up clip pour Jabberwocky -2017 : Antman mini-série pour Marvel/Disney -2017 : Dolly. zero clip pour Antoine Debarge -2018 : Sphere of existence clip pour Antoine Kogut -2018 : L'Entretien co-réalisé avec Félix de Givry court-métrage - Pochettes d'albums -Lunar Lane de Jabberwocky Polidor Universal 2015 -Dolly. zéro d'Antoine Debarge Single10 -Sphere of existence d'Antoine Kogut chez Antinote -Love de JeSunde chez Vietnam -Tako Tsubo de L'Impératrice chez Miqroclima Récompenses -2019 : grand prix de la critique : Préférence système6

07/2022

ActuaLitté

Fantasy

Recueils de nouvelles saisonnières Tome 3 : Cueille l'automne

Le vent se lève. D'abord inaudible, il forcit et me balaie le visage, me projetant huit ou neuf feuilles mortes éparses. Quelques clochettes pendues parmi les branches sont bousculées par ses caresses amères, et susurrent leur chatoiement métallique aux Palarbres qui conversent à voix basse. Je me tiens à l'orée du bois, sur les rives de la Clepsydrale qui le bordent. La lune se mire déjà dans ses eaux calmes, si noires qu'on dirait les flots d'encre du Mélanflot. La nuit n'est pas si avancée, et le soleil hésite à disparaître vraiment, à laisser sa place. Drakôn lui a demandé de rester encore un peu, pour magnifier la scène et offrir aux Soeurcières de la Troisième Voie l'intensité dramatique qui leur sied si bien. La lumière est d'or, et les tons sont rouges. Les feuillages brasillants rivalisent de couleurs, veulent afficher du mieux qu'ils le peuvent leur déclaration d'amour à l'automne. C'est bien pour cela que nous sommes toustes ici en cette fin d'après-midi. Pour les célébrations de la Moisson des Mots, comme chaque année dans notre douce Vallée. Aujourd'hui, je tremble de fierté dans tout mon coeur draconique. Les Soeurcières approchent, une à une, menées par maon collègue LAncoLibre, qui tient entre ses bras le produit de la Moisson. Notre assemblée doit communier ensemble autour de ces nouveaux mots. Parmi les silhouettes qui me rejoignent, enveloppées de brumes qui floutent leurs contours et dont elles s'arrachent à chaque pas, dans des volutes enfumées, se trouvent quatre autrices que je connais, et une nouvelle venue. Enfin, pas vraiment. LAncoLibre s'immobilise à mon niveau, me confie son fardeau. J'accueille les Soeurcières. Elles ont la tête baissée, comme l'exige notre rituel. Nous rejoignons une table de pierre emmoussée, au-dessus de laquelle se tendent les premières branches d'ors et de grenats des Palarbres enluminés d'automne. Notre cercle s'étend tout autour de la boîte que j'ai posée sur la pierre. Alors que je prends place en son coeur, la Vallée des Mots m'accompagne de sa grâce, et un rayon de lune s'attache à ma personne draconique, faisant miroiter mes écailles de mille réfractions opalines. J'admire un temps ces cinquante nuances de parme qui me nimbent d'un halo mystique, puis je prends la parole pour performer l'ouverture de la cérémonie. - Nous voici réuni·e·s pour accueillir de nouveaux mots, et glorifier la créativité de la mousse, des champignons et des sporules, des vrilles de cucurbitacées et des feuilles rousses. Ami·e·s, qu'apportez-vous à notre congrégation ?? Qui s'avancera dans la lumière de Drakôn ?? Je me retire, cédant la place à une première ombre, féliforme au demeurant. Lorsqu'elle entre dans la lumière de lune, qui a cessé de me suivre, un flash se produit, et elle paraît dans toute sa vérité. - Je me présente à vous, je suis Qat2kx. Je n'ai du chat que l'apparence, les iris verts et le miaulement déterminé même si faussement plaintif. Je vous emmène... Jodai Tokushu Kanazukai. Elle se tourne vers la table, se penche sur le coffret-aux-mots, qui frémit alors qu'elle s'apprête à l'ouvrir prudemment. Une sombre clarté en jaillit, aux couleurs de l'âme humaine torturée, qui nous parle d'une école, lointaine, perdue dans le bassin lémanique. Le ciel de l'automne se couvre d'images ? : des fuites d'eau, un chat, une directrice manipulatrice qui se délecte continuellement de mets psychiques savoureux, des conversations un rien absurdes... et Salomon, dont j'identifie aisément la pensée machinique. - Merci, Qat2kx, pour ces ... hum ... saveurs incongrues, j'argue. Qui poursuivra la ronde des mots ?? Ah, voilà. Avant même que la lumière de Drakôn ne se saisisse de son ombre, je la reconnais : elle arbore sur sa longue cape brune des motifs de feuilles dorées. Nous avons beaucoup travaillé ensemble récemment. J'apprécie beaucoup Ema, qui vient me rendre visite de temps en temps, quand elle n'a rien à faire à Vilaltierre. - Mais qui êtes-vous ?? Elle marque un temps d'arrêt théâtral, puis se place dans le cercle de lumière que sa consoeur a laissé vide. La lune la révèle toute sourire. - Je me présente à vous à mon tour, je suis Lordesfeuilles. Après ma Deuxième Quête, je me suis donné l'objectif d'une quête troisième. Et voici ma contribution ? : La Préférée. Le coffret-aux-mots crache son texte sans se faire prier, et les images envahissent de nouveau le ciel qui s'assombrit de minute en minute. La première chose que nous découvrons est un carosse. Noir. Des citrouilles énormes. Une bibliothèque pleine de secrets. Un lit à baldaquin. Nous lisons dans ces scènes disparates une sorte d'inquiétude rampante, nous y devinons une situation de sorcellerie ? ; pas de celle que nous pratiquons actuellement, marquée par de bonnes intentions et un rêve commun. - Merci, Lordesfeuilles, pour cette tempête et ces vents d'espoirs. Qui poursuivra la ronde des mots ?? Une ombre leste louvoie parmi nous, et son manteau est de nuit constellée d'écailles rouge passion. Il y a autant du loup que du dragon dans sa démarche, qui me rappelle mon lointain cousin Manidriss. Je ne me suis pas trompé. - Je me présente à vous, je suis Cécilia Perrot Gilbert. Je laisse Aurélie & Yanis se débrouiller seul·e·s un moment, le temps de vous présenter Le Rituel de la Voix. Elle enclenche le mécanisme. Effets son et lumière dans le ciel de la Vallée. Nous voyons une forteresse, des dragons (coucou Mani ? ! ), une guerre qui menace, des animaux parqués comme des marchandises. Puis la nuit éclate et se répand. Nous croyons à la fin du film, mais une tête de louvetelle s'étale devant nos yeux, tout en finesse, tout en sourire, parmi les étoiles. - Merci, Cécilia, pour la vibrante défense de celles et ceux qui ne peuvent dire, merci de porter leur parole. Qui poursuivra la ronde des mots ?? Des particules sablonneuses, comme autant de grains rêveurs, s'agrègent en une forme difficile à définir. Mais je ne suis pas dupe. Je sais qui elle est ? : comment la confondre avec qui que ce soit ?? C'est ma première stagiaire, avec qui nous avons partagé l'encre et les mots de la préface du précédent recueil. Et je ne partage pas l'encre avec n'importe qui ? ! La voilà grandie, maintenant. Autrice parmi nous. - Je me présente à vous, je suis The Dreaminoux. Je dois encore soutenir un rapport de stage, Ed ?? (Elle rit, et son rire a la saveur des embruns.) Trêve de bavardages, voici Depuis les Nuits de Sable. Le coffret-aux-mots s'est enhardi, et les images viennent alors qu'elle ne s'est même pas encore tournée vers lui. Des diapositives. Une fille en regarde une autre dans les yeux. Un bel échange de sourires d'amour. Diapo suivante. La fille est seule et contemple le souvenir enfumé de sa compagne envolée dans les sables du temps. Diapo suivante. Elle rêve. Il y a quelqu'un d'autre avec elle. Que font-iels ?? Diapo suivante. Un temple aux boiseries rouges, qui me rappelle l'ambassade d'Akage. Des reflets dans l'eau. Une prise de conscience. Diapo suivante. Des illusions perdues. La grandeur. La révolte. Des phonèmes volètent dans le ciel, comme la persistance d'un murmure. /amaja ? / - Merci, Dreamy, pour ton combat dans l'arène. Tes pensées sont magnifiques et laisseront leur empreinte dans un sable qui ne s'envolera plus. Porte haut le flambeau ? ! Qui poursuivra la ronde des mots ?? Je reconnais l'odeur de sa prose puissante alors que la dernière ombre s'avance. J'en suis persuadé. Il y a ce petit quelque chose, ces détails ? : une cape qui évoque une forêt printanière, hiatus certain et assumé de sa part. Comme une parcelle de Farasie qui hésiterait encore à hiverner. La lumière de la lune me donne raison. - Je me présente à vous, je suis Emeline Di Sopra. Il y a ici quelque chose qui me pousse à y revenir. Serait-ce la forêt ?? Ces anciens Palarbres, qui me rappellent mon Ariège, ou les Ardennes ?? Je souhaite vous offrir ce soir une Pure Merveille. Ce n'est pas une blague ? ! Elle fait un petit pas de côté, touche le boîtier, qui s'entrouvre pour laisser passer une flopée d'invectives. Puis s'estampe la mer. Déchaînée. Une falaise. Un port bruissant d'émeutes. Des luttes et des femmes qui se soulèvent contre un pouvoir oppressant. On y gueule, on y raconte la Croisée des Chemins et la Sorcière. On y assiste à l'émergence de tout un courant revendicatif. La brume est collante, un peu comme celle qui enveloppe les Palarbres ce soir. Puis le ciel s'embrase ? : une autre révolte, pleine de rage et d'espoirs. - Merci, Line. Puissent tes mots toucher les coeurs endormis afin qu'ils combattent ensemble et rythment de plus beaux avenirs. Il ne reste plus que LAncoLibre. Iel n'est pas silhouette, mais dessin bleu et flou, enfantin, comme une envolée de pieds et de cheveux dans une grande pièce parquetée et jonchée de jouets en bois. Iel entre dans la lumière de Drakôn. Les yeux d'(Hydr@cène) ; s'attachent sur les jeux de la lune sur ses écailles, plus fines que les miennes, qui se moirent de vermeil et de turquoise. - Je vais conclure le rituel, si tu me le permets, Ed. J'acquiesce gravement. C'est ainsi que tout doit se terminer ce soir. - Je me présente à vous, je suis LAncoLibre. Je me joindrai à vos voix avec Comme l'arôme de framboise perdu dans un café noir. La Vallée prête volontiers sa magie à l'instant et répond à LAnco. La mystique boîte s'ouvre pour ne plus jamais se refermer et disparaît de la table de pierre. Les cieux frémissent, sont balayés de tremblements. Une soeur et un frère. La Sagrada Familia. L'avenue Diagonale. Barcelone la belle. Des tanks, de la fumée, du bruit. Des fusils. Du métal. Des espoirs brisés, re-brisés, cassés. Un élan. Des promesses. Du café qui n'est jamais bu. De douces lanternes. Du thé et des framboises. Et Edran et Malek qui naissent sous nos yeux. Axone Zéro qui s'esquisse déjà dans les volutes d'un café oublié. - Merci, LAnco. Concluons toustes ensemble, voulez-vous ?? Suite de la préface sur https : //lezarddesmots. fr/cueille-automne/

12/2023

ActuaLitté

Concurrence, consommation

La loyauté en droit économique. Mélanges en l'honneur d'Yves Picod

Un hommage de nombreux confrères à un éminent juriste en droit commercial. Depuis Le devoir de loyauté dans l'exécution du contrat, le Professeur Yves PICOD n'a cessé de marquer de son empreinte plusieurs pans du droit privé. Il est devenu au cours de sa carrière une véritable autorité en droit de la consommation et en droit des sûretés. En témoignent ses travaux qui n'ont cessé de conjuguer excellence scientifique et rigueur au bénéfice de nombreux étudiants, enseignants-chercheurs et praticiens. Doyen honoraire de la Faculté de droit et des sciences économiques de l'Université de Perpignan, Cofondateur du Centre de droit économique et du développement Yves SERRA et ancien directeur de l'équipe d'accueil, le Professeur Yves PICOD a également contribué à la formation, puis à la direction de diplômes d'excellence qui continuent de rayonner au-delà des frontières. Ces Mélanges, écrits en son honneur, témoignent de la reconnaissance et de l'amitié de leurs auteurs envers le dédicataire ainsi que de leur estime à l'endroit d'une oeuvre consacrée à " la loyauté en droit économique ". COMITE D'ORGANISATION Christophe ALBIGES, Professeur à l'Université de Montpellier Sarah ANDJECHAIRI-TRIBILLAC, Maître de conférences en droit privé à l'Université de Perpignan Via Domitia Romain BOUNIOL, Maître de conférences en droit privé à l'Université de Perpignan Via Domitia Karine DE LA ASUNCION-PLANES, Maître de conférences en droit privé à l'Université de Perpignan Via Domitia Jérôme JULIEN, Professeur à l'Université Toulouse Capitole Alexandre RIERA, Maître de conférences en droit privé à l'Université de Perpignan Via Domitia CONTRIBUTIONS Avant-Propos, par Yvan AUGUET, professeur de droit privé, doyen honoraire de la Faculté de droit et des sciences économiques, président de l'Université de Perpignan Via Domitia Préface, par François MOLINS, procureur général près la Cour de cassation DROIT DE LA CONSOMMATION L'interprétation à la lumière du droit européen de l'article L. 112-1-1 du Code de la consommation relatif aux annonces de réduction de prix, par Carole AUBERT DE VINCELLES, agrégée des facultés de droit, professeure de droit privé à CY Cergy Paris Université, directrice de la Chaire Droit de la consommation Droit pénal de la consommation : un droit très spécial, par Christine GAVALDA MOULENAT, maître de conférences en droit privé à l'Université de Perpignan Via Domitia L'animal, objet de consommation ? , par Christine HUGON, professeur de droit privé à l'Université de Montpellier Le droit de la consommation, vecteur d'un nouveau modèle économique ? , par Jérôme JULIEN, agrégé des facultés de droit, professeur de droit privé à l'Université Toulouse Capitole Droit du surendettement des particuliers et consumérisme, par Karl LAFAURIE, agrégé des facultés de droit, professeur de droit privé à l'Université de Limoges Consommateur vulnérable et consommateur âgé, par Elena LAUROBA, professeur de droit à l'Université de Barcelone, présidente du groupe Espagne de l'Association Henri Capitant Abécédaire de droit chinois de la consommation, par Cécile LE GALLOU, professeur de droit privé à l'Université Toulouse Capitole Protection des consommateurs et libertés de circulation entre Etats membres de l'Union européenne, par Fabrice PICOD, agrégé des facultés de droit, professeur de droit public à l'Université de Paris Panthéon-Assas La régulation des comportements par le droit de la consommation à l'aune des préoccupations environnementales, par Nathalie PICOD, maître de conférences en droit privé à l'Université Toulouse Capitole La transparence en matière d'obligation d'information, par Stéphane PIEDELIEVRE, professeur de droit privé à l'Université de Paris-Est Droit maritime et droit de la consommation, par Gaël PIETTE, agrégé des facultés de droit, professeur de droit privé à l'Université de Bordeaux Complexité de l'office du juge dans l'appréciation des critères des clauses abusives à la lueur de la jurisprudence de la Cour de Justice de l'Union Européenne, par Karine PLANES DE LA ASUNCION, maître de conférences en droit privé à l'Université de Perpignan Via Domitia Smart contracts et protection du consommateur, par Albert RUDA, professeur, doyen de la Faculté de droit de l'Université de Gérone La réparation au titre de la garantie légale de conformité : d'un droit vers une obligation pour le consommateur ? , par Natacha SAUPHANOR-BROUILLAUD, agrégée des facultés de droit, professeur de droit privé à l'Université Paris Nanterre Le droit des consommateurs à l'éducation, par Elise POILLOT, professeur de droit civil à l'Université du Luxembourg, directrice de la Clinique de droit de la consommation : La protection de l'environnement par le droit de la consommation, par Vanessa VALETTE-ERCOLE, professeur de droit privé à l'Université de Perpignan Via Domitia DROIT DE LA CONCURRENCE Le dopage : un nouvel acte de concurrence déloyale ? , par Romain BOUNIOL, maître de conférences en droit privé à l'Université de Perpignan Via Domitia Refonder le droit de la concurrence par le bien-être du consommateur, par Guy CANIVET, ancien membre du Conseil constitutionnel, premier président honoraire de la Cour de cassation La question prioritaire de concurrence. Libres propos sur une innovation procédurale désirée, par Walid CHAIELOUDJ, agrégé des facultés de droit, professeur de droit privé à l'Université de Perpignan Via Domitia La concurrence déloyale dans le droit de la concurrence, par Muriel CHAGNY, agrégée des facultés de droit, professeur de droit privé à l'Université de Versailles St-Quentin-en-Yvelines Inspiration des préjudices de contrefaçon et de concurrence déloyale, par Sylvain CHATRY, maître de conférences HDR en droit privé à l'Université de Perpignan Via Domitia La segmentation du droit de la concurrence en question dans le traitement des abus de puissance d'achat face à l'inflation, par Nicolas DORANDEU, professeur de droit privé à l'Université de Perpignan Via Domitia Le déréférencement vert, par Cheik GALOKHO, maître de conférences en droit privé à l'Université de Perpignan Via Domitia La non-concurrence perpétuelle, par Marc GOMY, maître de conférences en droit privé à l'Université de Perpignan Via Domitia Marketing d'influence et protection des consommateurs, par Marie MALAURIE-VIGNAL, agrégée des facultés de droit, professeur de droit privé à l'Université de Versailles St-Quentin-en-Yvelines Les lois de police en droit de la concurrence, par Gérard NGOUMTSA ANOU, agrégé des facultés de droit, professeur de droit privé à l'Université de Grenoble-Alpes Le règlement 2022 : une nouvelle constitution pour les relations verticales, par Louis VOGEL, agrégé des facultés de droit, professeur de droit privé, président honoraire de l'Université de Paris-Panthéon-Assas DROIT DES CONTRATS, DES AFFAIRES ET DES SÛRETES Retour sur l'opposabilité des exceptions en droit des sûretés, par Christophe ALBIGES et Marie-Pierre DUMONT, professeurs à l'Université de Montpellier Libres propos sur la nature juridique des locaux à usage de dark stores : Le regard du commercialiste, par Sarah ANDJECHAIRI-TRIBILLAC, maître de conférences en droit privé à l'Université de Perpignan Via Domitia Le nantissement de compte : triompher ou disparaître ! , par Jean-Jacques ANSAULT, agrégé des facultés de droit, professeur de droit privé à l'Université de Panthéon-Assas : Les principes latino-américains du droit des contrats, regards comparatistes, par Rémy Cabrillac, agrégé des facultés de droit, professeur de droit privé à l'Université de Montpellier Rupture d'une relation commerciale et transport, par Xavier DELPECH, rédacteur en chef de la Revue trimestrielle de droit commercial, professeur associé à l'Université Jean-Moulin Lyon 3 Le contrat de mandant dans l'avant-projet de réforme de droit des contrats spéciaux, par Nicolas FERRIER, agrégé des facultés de droit, professeur de droit privé à l'Université de Montpellier Le risque de requalification dans les contrats de distribution, par Aurore FOURNIER, maître de conférences en droit privé à l'Université de Nîmes Bref retour sur l'obligation de révélation dans l'arbitrage, par Hugues KENFACK, agrégé des facultés de droit, professeur de droit privé, président de l'Université Toulouse Capitole Le déséquilibre significatif dans les baux commerciaux, par Frédéric LECLERC, agrégé des facultés de droit, professeur de droit privé à l'Université de Perpignan Via Domitia La bonne foi en droit européen des contrats, par Javier LETE ACHIRICA, professeur de droit privé à la Faculté de droit de Saint Jacques de Compostelle L'impact de la crise climatique sur la direction des sociétés, par Jean-Marc MOULIN, professeur de droit privé à l'Université de Perpignan Via Domitia La loyauté augmentée, par Jacques MESTRE, agrégé des facultés de droit, doyen honoraire de la Faculté de droit et de science politique d'Aix-Marseille, président de l'Association française des docteurs en droit : Le nouveau statut de l'entrepreneur individuel et ses responsabilités, par Jean PRIEUR, agrégé des facultés de droit, professeur émérite de l'Université de Perpignan Via Domitia, président d'honneur de la FNDP L'influence de la bonne foi sur les restitutions, par Alexandre RIERA, maître de conférences en droit privé à l'Université de Perpignan Via Domitia Le droit européen des contrats face aux défis de l'ère numérique, par Reiner SCHULZE, professeur de droit à l'Université de Münster, président du groupe Allemagne de l'Association Henri Capitant Statut de l'entrepreneur individuel et régime de communauté, par Philippe SIMLER, agrégé des facultés de droit, professeur émérite de l'Université Robert-Schuman, doyen honoraire de la Faculté de droit De l'émergence d'une conception relationnelle du contrat, réflexions comparatistes, par Sandrine TISSEYRE, agrégée des facultés de Droit, professeur de droit privé à l'Université Toulouse Capitole DOMAINES PARTICULIERS DE LA LOYAUTE Concurrence, loyauté et hypocrisie à l'université, par Mathieu DOAT, professeur de droit public à l'Université de Perpignan Via Domitia et Nathalie DOAT, docteur en droit La loyauté des agents vis-à-vis des organisations internationales, par Jacobo RIOS RODRIGUEZ, maître de conférences HDR en droit public, doyen de la Faculté de droit et des sciences économiques de l'Université de Perpignan Via Domitia La loyauté dans le couple, par Sébastien ROBINNE, maître de conférences HDR en droit privé à l'Université de Perpignan Via Domitia La concurrence déloyale en matière électorale, Le cas de l'élection présidentielle américaine de 2020, par Philippe SEGUR, agrégé des facultés de droit, professeur de droit public à l'Université de Perpignan Via Domitia La loyauté dans le procès administratif, par Marcel SOUSSE, professeur de droit public à l'Université de Perpignan Via Domitia

12/2023

ActuaLitté

Aide humanitaire

Gouverner les exilés aux frontières. Pouvoir discrétionnaire et résistances

Coordinatrice de l'ouvrage : Annalisa Lendaro, sociologue, chargée de recherches au CNRS (Certop) ; E-mail : annalisa.lendaro@univ-tlse2.fr Titre de l'ouvrage : Gouverner les exilé.e.s aux frontières. Pouvoir discrétionnaire, résistances, controverses Calais, frontière franco-britannique, octobre 2016 ©. Présentation et argumentaire La frontière contemporaine tue, blesse, enferme, et éloigne une partie des candidat.e.s à la migration. Qu'elle soit maritime, terrestre, ou alpine, elle est un outil déstiné à trier les personnes migrantes selon leur (in)désirabilité. La condition d'indérisable, en dépit de critères juridiques inscrits dans le droit national et international, est le produit de pratiques discrétionnaires d'agents de police, de fonctionnaires préfectoraux, et autres " faiseurs de frontières ". De ce fait, la frontière contemporaine est à la fois un territoire, et un dispositif de gouvernement des populations, où l'effectivité des droits fondamentaux (à une vie digne, à l'éducation, à la justice, à la santé, etc.) est quotidiennement mise à mal. Sur la base d'enquêtes qualitatives menées à trois frontières françaises (la frontière franco- britannique, la frontière franco-italienne, et la frontière basque) dans le cadre d'un projet financé par l'ANR (DisPow 2019-2022), cet ouvrage collectif se propose d'apporter un éclairage résolument pluridisciplinaire (sociologie, géographie, philosophie, droit, science politique) sur les différentes facettes du gouvernement des exilé.e.s en France et sur ses effets socio-politiques. Pour cela, il s'intéressera tout d'abord à la densité des normes et consignes, parfois contradictoires, qui régissent les territoires frontaliers (partie I), puis aux marges de manoeuvre, dilemmes moraux, et contraintes organisationnelles de groupes d'acteurs qui disposent d'un pouvoir décisionnaire sur ces mêmes territoires (policiers, cheminots...) (partie II). L'ouvrage entend enfin éclairer les formes de contestation et de résistance à ce pouvoir discrétionnaire (III), considéré par certains acteurs et groupes comme étant proche de l'arbitraire et de l'abus : avec quelles attentes, de quelles façons, et avec quels résultats l'arme du droit peut-elle être mobilisée par les bénévoles pro-migrants et par les exilé.e.s eux-mêmes contre l'Etat ou les pouvoirs locaux ? Comment les associations et les collectifs, mais aussi les professionnels du droit tels que les avocat.e.s, tentent-iels de sensibiliser, d'alerter, de contester les décisions ou d'obtenir justice au nom des exilé.e.s, et pourquoi certains " cas judiciaires " deviennent emblématiques et font débat dans l'espace public à un moment donné (et d'autres non)? En cela, les contributions de l'ouvrage fournissent des pistes pour analyser les controverses socio-juridiques en lien avec le gouvernement des exilé.e.s, et pour comprendre leurs origines, les différentes conceptions de la justice qu'elles symbolisent, la façon dont elles questionnent les politiques migratoires contemporaines et les principes qui les sous-tendent et justifient. La problématique et l'originalité du projet D'un point de vue juridique, le pouvoir discrétionnaire relève d'une action entreprise à l'appréciation d'une administration et/ou d'un agent public, sans que sa conduite ou décision ne lui soit dictée clairement ou de manière univoque par le droit (Spire 2008, Dubois 2009). En principe, ce pouvoir est donc exercé par les détenteur·rice·s d'une autorité publique (centrale ou décentralisée, de maintien de l'ordre ou administrative) et se manifeste par leur liberté d'action lorsque les décisions qu'iels ont à prendre ne sont pas encadrées de façon stricte par des règles de droit et/ou des procédures détaillées (Van der Woude et Van der Leun 2017). Cette " compétence discrétionnaire " est alors accordée par la loi aux agents de l'Etat, tels que les fonctionnaires administratif·ve·s (Laurens 2008, Miaz 2019). Elle permet, du moins en théorie, de distinguer " pouvoir discrétionnaire " et " mesures arbitraires ", les dernières renvoyant à des pratiques abusives car prises manifestement en décalage par rapport aux textes juridiques, aux procédures, ou aux compétences attribuées aux agents concernés (Chauvet cit.). Néanmoins, les textes peuvent se prêter à des interprétations tellement différentes (ou rentrer en conflit entre eux) que la frontière entre discrétionnaire et arbitraire est parfois difficile à tracer (Fassin 2014, Campbell 1999, Laurens cit.). Aussi, il serait réducteur de concevoir ce pouvoir comme uniquement le fait d'acteurs publics : dans le cadre du projet DisPow, auquel ont participé les auteur.e.s de cet ouvrage, les enquêtes menées ont exploré les multiples facettes du pouvoir discrétionnaire en pratique(s) en se focalisant à la fois sur des territoires spécifiques, les frontières, et sur un champ juridique particulier, le droit des étranger·e·s ; en effet, ces deux focales permettent de montrer à quel point l'imprécision des critères législatifs ou règlementaires laisse la possibilité - ou impose la responsabilité - aux acteurs publics mais aussi privés de choisir comment interpréter les règles ou consignes et donc comment agir face à une situation concrète, avec comme conséquences principales, d'une part, des pratiques très disparates selon le territoire, l'organisation du service, les enjeux réputationnels au sein du groupe, etc., et d'autre part, un accès des étranger·e·s à leurs droits très aléatoire. Ainsi, nous avons étudié les formes et les effets d'un pouvoir discrétionnaire qui désigne la sphère d'autonomie à l'intérieur de laquelle les agents de l'administration (Spire 2008, Dubois 2009), mais aussi les " faiseurs de frontière " (transporteurs, contrôleurs, agents de sécurité etc.) (Guenebeaud 2019) et les accompagnant·e·s (juristes bénévoles, avocat·e·s, activistes) (Lendaro 2021) peuvent prendre différentes décisions au sujet des personnes en situation de migration, et ce, pas forcément en l'absence d'une règle mais plus souvent en présence d'une multiplicité d'injonctions ou de suggestions dont le degré de contrainte varie (Parrot 2019). L'ambition de cet ouvrage est de contribuer à la compréhension des origines socio-juridiques, morales, et organisationnelles, et des effets sociaux et politiques, de cette porosité entre discrétionnaire et arbitraire aux frontières. Son originalité est de vouloir le faire à la lumière, d'une part, des pratiques des acteurs aux prises avec la mise en oeuvre des politiques migratoires en France, et d'autre part, des actions et stratégies entreprises par les individus et groupes qui essayent de les contester, de déjouer leurs contraintes, de dénoncer leurs effets, voire d'attaquer en justice les responsables de violences et/ou violations de droits. L'ensemble des contributions partent du principe que le droit, loin de constituer une matière figée dont l'application serait homogène et capable d'orienter dans un seul et même sens les pratiques individuelles et collectives, est d'une part le produit de phénomènes sociaux et de rapports de forces en évolution, et d'autre part, contribue évidemment aussi à cette même évolution des rapports sociaux (Calavita 2016, Ewick et Silbey 1998, Bourdieu 1990). Pensées pour se faire écho et s'articuler à la problématique générale de l'ouvrage, les contributions se proposent de répondre aux questions suivantes : quelles sont les manifestations de ce pouvoir discrétionnaire aux frontières et que nous disent-elles de phénomènes sociaux plus globaux tels que l'évolution des inégalités entre groupes sociaux, l'effectivité des libertés publiques, ou encore la place du droit dans les mouvements sociaux ? En quoi les formes et les effets du pouvoir discrétionnaire en pratique(s) nous renseignent-ils sur les rapports au droit et à la légalité des acteur·rice·s qui l'exercent (Ewick et Silbey 1998, Pélisse 2005) ? Quels apprentissages du politique (Soss 1999) apparaissent via la rencontre avec le droit et ses marges d'interprétation ? Quels sont les dilemmes moraux auxquels sont confrontés les acteur·rice·s pouvant exercer un certain pouvoir discrétionnaire (Fassin et Eideliman 2012)? Quels usages stratégiques et/ou militants du droit sont mis en oeuvre en réaction à l'exercice d'un pouvoir discrétionnaire considéré comme arbitraire et donc injuste (Israël 2009, Lendaro 2021)? Quelles luttes sont davantage investies par la judiciarisation (Commaille 2008) et à quelles conditions le droit peut-il être considéré par les acteur·rice·s comme un outil de changement social (McCann 2006, Galanter 1974) ? Bibliographie Bourdieu, P. (1990) " Droit et passe-droit. Le champ des pouvoirs territoriaux et la mise en oeuvre des règlements ", Actes de la Recherche en Sciences Sociales, 81-82 86-96. Calavita, K. (2016) Invitation to Law and society. An introduction to the study of real Law. Chicago University Press. Campbell, E. (1999) " Towards a sociological Theory of discretion ", International Journal of the Sociology of Law 27, PP 79-101. Chauvet, C. (2009) " Arbitraire et discrétionnaire en droit administratif ", Gilles J. Guglielmi éd., La faveur et le droit. Paris cedex 14, Presses Universitaires de France, p. 335-355. Commaille, J. (2008). 13. La judiciarisation : nouveau régime de régulation politique. Dans : Olivier Giraud éd., Politiques publiques et démocratie (pp. 305-319). Paris : La Découverte. Dubois, V. (2009), Le paradoxe du contrôleur. Incertitude et contrainte institutionnelle dans le contrôle des assistés sociaux, Actes de la Recherche en Sciences Sociales, 178, 28-49. Ewick P., Silbey S. (1998) The Common Place of Law. Stories from Everyday Life, Chicago and London, The University of Chicago Press. Fassin D. (2014) " Pouvoir discrétionnaire et politiques sécuritaires. Le chèque en gris de l'Etat à la police ", Actes de la recherche en sciences sociales, 201-202(1) 72-86. Fassin, D. & Eideliman, J. (2012). Economies morales contemporaines. Paris : La Découverte. Galanter, M. (1974). Why the ? Haves' Come out Ahead : Speculations on the Limits of Legal Change. Law and society review, 9(1), 95-160. Guenebeaud, C. (2019), "Nous ne sommes pas des passeurs de migrants" : le rôle des transporteurs routiers et maritimes dans la mise en oeuvre des contrôles à la frontière franco-britannique. Lien social et Politiques, 83, 103-122. Israël, L. (2009). L'arme du droit. Presses de SciencesPo. Laurens S. (2008) " Les agents de l'Etat face à leur propre pouvoir. Eléments pour une micro-analyse des mots griffonnés en marge des décisions officielles ", Genèses, 72(3) 26-41. Lendaro, A. (2021). Défendre les " délinquant·e·s solidaires ". Quelles sont les limites de l'engagement des avocat·e·s de la cause des étranger·e·s ? . Droit et société, 107, 67-82. McCann M. (Ed.) (2006), Law and Social Movements, Ashgate. Miaz J. (2019). Le Droit et ses médiations : Pratiques d'instruction des demandes d'asile et encadrement institutionnel des décisions, Politique et Sociétés, 38 (1) 71-98. Parrot, K. (2019). Carte blanche. L'Etat contre les étrangers, Paris, La Fabrique. Pélisse, J. (2005). A-t-on conscience du droit ? Autour des Legal Consciousness Studies. Genèses, n° 59(2), 114-130. Soss, J. (1999), " Lessons of Welfare : Policy Design, Political Learning, and Political Action ", American Political Science Review, 93 (2), p. 363-380. Spire, A. (2008). Accueillir ou reconduire - Enquête sur les guichets de l'immigration, Editeur Raisons d'agir. Van der Woude M., Van der Leun J. (2017), " Crimmigration Checks in the Internal Border Areas of the EU : Finding the Discretion that Matters ", European Journal of Criminology, 14 (1), 27-45. Titre (provisoire) Gouverner les exilé.e.s aux frontières. Pouvoir discrétionnaire, résistances, controverses. Avant-propos : Iker Barbero, juriste et philosophe, Professeur à Université de Bilbao (ES). (environ 10 000 signes) Introduction (environ 25 000 signes) La frontière comme dispositif de gouvernement des exilé.e.s : enjeux et méthodes, Annalisa Lendaro, CR CNRS, Certop Partie 1 Que fait le droit à la frontiere (et viceversa)? (chapeau d'environ 6 000 signes) 1. La condition migrante : gouverner les corps par l'ineffectivité des droits (environ 45 000 signes/chaque chapitre). Hourya Bentouhami, MCF Philosophie 2. Des solidarités et dé-solidarité dans l'Union européenne en matière de migration. Mehdi Mezaguer, MCF Droit Partie 2 Tous 'faiseurs de frontiere'? Policiers et transporteurs face au contrôle des mobilités (chapeau d'environ 6 000 signes) 1. Ethos professionnels et dilemmes moraux des forces de l'ordre à la frontière franco-britannique. Camille Guenebeaud, MCF Géographie 2. Les cheminots à la frontière basque : dynamiques organisationnelles et pratiques individuelles de résistance. Bénédicte Michalon (DR CNRS Géographie) et Thomas Sommer-Houdeville (post-doc Sociologie) 3. La frontière brûle. Résistances et mal-être des cheminots dans les Alpes Maritimes. Annalisa Lendaro, CR CNRS Sociologie 4. 'Je ne suis pas un collabo' : marges de manoeuvre et contraintes des conducteurs de bus dans le briançonnais. Annalisa Lendaro (CR CNRS Sociologie) et Oriana Philippe (Doctorante Droit et Géographie) Partie 3 Mobiliser le droit en faveur des exilé.e.s (chapeau d'environ 6 000 signes) 1. L'arme du droit et ses coûts : experts et profanes à Calais. Karine Lamarche (CR CNRS Sociologie), Annalisa Lendaro (CR CNRS Sociologie) 2. Dénoncer, faire du plaidoyer, monter un recours. Les registres de la résistance par le droit à la frontière franco-italienne (Vintimille et Briancon). Oriana Philippe (Doctorante Droit et Géographie) et Daniela Trucco (Post-doc Science Politique) 3. Face au pouvoir discrétionnaire de l'Etat aux frontières, adaptations et stratégies des mineurs non accompagné (MNA) et de leurs soutiens. Soline Laplanche-Servigne (MCF Science Politique), Bastien Roland (Doctorant Sociologie) et Thomas Sommer-Houdeville (post-doc Sociologie). Conclusion (environ 25 000 signes) Mobiliser le droit et après ? Faire circuler les expériences de lutte aux frontières, Annalisa Lendaro Postface (environ 15 000 signes), Alexis Spire, DR CNRS. Information sur les auteur.e.s et sur la coordinatrice Coordinatrice : Annalisa Lendaro est chargée de recherches en sociologie politique au CNRS (France). Ses principaux intérêts portent sur les politiques migratoires, leurs applications sur les territoires frontaliers et leurs effets sur les demandeurs d'asile, sur les mineurs non accompagnés, et sur les groupes d'accompagnement à l'accès aux droits (avocats de la cause, juristes bénévoles). En utilisant des méthodes ethnographiques et en s'inspirant des travaux du courant Law and society, ses études essaient de mettre en lumière les processus et les justifications qui transforment le contournement du droit en une pratique ordinaire. Annalisa est la coordinatrice de l'ANR DisPow (2018-2022 https : //dispow.hypotheses.org/). Elle est également la responsable pour la France du projet MiCREATE - Migrant Children and Communities in a Transforming Europe (programme Recherche et Innovation H2020, volet Migration et Intégration, jan. 2019-juin 2022 => http://www.micreate.eu/). Auteur.e.s : Les courtes biographies des contributeur.e.s sont consultables via le carnet Hypothèses du projet DisPow => https : //dispow.hypotheses.org/category/lequipe-de-recherche Pages personnelles : ? Bénédicte Michalon : https : //www.passages.cnrs.fr/membres/nom/benedicte- michalon/ ? Camille Guenebeaud : https : //ladyss.com/guenebeaud-camille ? Hourya Bentouhami : https : //transmis.hypotheses.org/hourya-bentouhami ? Karine Lamarche : https : //www.univ-nantes.fr/karine-lamarche-1 ? Soline Laplanche-Servigne : http://www.ermes-unice.fr/? q=node/291 ? Daniela Trucco : https : //www.efrome.it/les-personnes/membres-et-personnel- scientifique/personne/daniela-trucco ? Mehdi Mezaguer : https : //unice.fr/medias/fichier/cv-mehdi-mars- 2022_1647250358354-pdf ? Thomas Sommer-Houdeville : https : //certop.cnrs.fr/sommer-houdeville-thomas/ ? Oriana Philippe : https : //migrinter.cnrs.fr/membres/oriana-philippe/ ? Bastien Roland : https : //dispow.hypotheses.org/357.

03/2024