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Cinéma

Héros N° 2 : X-Men. Saga en pleine mutation !

Héros no2 : Le mook qui renaît de ses cendres X-Men, une saga en pleine mutation " Nous assistons maintenant aux prémices d'un nouveau stade de l'évolution. Ces mutations apparaissent à la puberté et sont souvent déclenchées par le stress. " Jean Grey se tient grave et solennelle, comme l'exigent les circonstances. Les sénateurs ont tous les yeux braqués sur elle, la mine dubitative. Certains affichent même leur dégoût ouvertement. C'est que l'évolution a toujours été redoutée, induisant l'inévitable résistance au changement. Charles (non pas Xavier mais) Darwin en sait quelque chose : à l'instant où il publie L'origine des espèces en 1859, il s'attire les foudres des plus hautes instances. L'humain ? Un parent du singe ? Voilà qui est tout bonnement absurde et insultant, clament haut et fort les créationnistes, qui n'entendent pas répondre aux lois naturelles ou sociologiques, mais aux seules lois divines. D'autres scientifiques s'interrogent : pour accepter l'idée - aussi violente qu'une Terre plate qui deviendrait soudainement sphérique -, encore faut-il démontrer l'existence d'un chaînon manquant. Cette peur d'une théorie de l'évolution est-elle cependant irrationnelle ? Après tout, il est bien question de " sélection naturelle " , celle d'individus mieux adaptés à un environnement lui-même changeant. Et cette sélection est intrinsèquement liée à la véritable hantise : celle de l'extinction des espèces. Enfin, l'ouvrage de Darwin enfante des démons potentiels, toujours candides et innocents au départ, inhumains à l'arrivée : Francis Galton, cousin du chercheur, accouchera pour sa part des premières théories eugéniques, dont on sait ce qu'il adviendra, notamment dans le cadre de travaux menés dans la plus grande horreur par les nazis... Taquinant l'arrogance et la condescendance, sachant le public avec lui, le sénateur Kelly toise Jean. C'est un politicien, un tacticien, il sait parfaitement que les grands discours noient les idées. Aussi donne-t-il dans l'abrupt et pose la question le plus simplement du monde, espérant ainsi déstabiliser Jean : " Les mutants sont-ils dangereux ? " Jean vacille et bafouille une réponse malheureuse : " C'est injuste. Un mauvais conducteur peut être dangereux. Tous les mutants qui ont révélé leur condition ont provoqué peur, hostilité et même violence. C'est pourquoi j'exige du Sénat qu'il vote contre l'immatriculation des mutants. " Le sénateur Kelly a des arguments implacables : quid de cette jeune fille apte à traverser les murs ? Et si elle entrait dans le coffre fort d'une banque ? A la Maison Blanche ? Ou même chez nous ? Et imaginons un mutant capable de lire et d'influencer nos pensées ? Nous sommes en 2000 au moment où X-Men de Bryan Singer sort sur les écrans. Le monde n'a pas encore été bouleversé par les attentats du 11 Septembre. Cette idée de ficher les individus parce que présumés dangereux s'apprête à flirter avec un passé nauséabond comme jamais. La fiche S, pour " Sûreté de l'Etat " , découle de la " Liste S " , puis " Fichier S " , mise en place sous le gouvernement Vichy en 1942... Ce qui nous renvoie à la séquence d'ouverture sidérante de ce film de " super-héros " : un petit garçon, arborant une étoile jaune, arraché des mains de sa mère aux portes grillagées d'un camp de concentration. Ce même petit garçon qui, cinquante ans plus tard, énoncera : " Nous représentons le futur, pas eux. Ils ne comptent plus " , en parlant de nous. D'un côté comme de l'autre, l'intolérance engendre le pire. Si tout un chacun regarde les films de super-héros, il n'est pas toujours aisé de s'y retrouver dans les univers tentaculaires tissés par les éditeurs américains depuis les années 1960. Le mook Héros, au rythme des sorties en salle, se propose de resituer les super-héros dans leur contexte, d'exposer leurs origines et de dégager les principales étapes clés et problématiques liées à leurs univers.

06/2019

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Philosophie du droit

Le droit saisi par l'art. Regards de juristes sur des oeuvres d'art

Un regard neuf sur le droit à travers 32 oeuvres d'art majeures. Et si notre formation juridique influençait nos émotions artistiques ? L'art peut, sans doute, interpeller de manière spécifique le coeur comme l'esprit du juriste. Chacun des contributeurs à l'ouvrage a choisi librement une oeuvre pour nous livrer ses émotions et ses réflexions de juriste, les partager avec le lecteur afin de mieux éveiller les siennes, favorisant un dialogue trop rare entre art et droit... Une reproduction de chaque oeuvre d'art illustre les propos des auteurs afin de favoriser cet échange. Table des matières Avant-propos, par Rémy Cabrillac Le Contrat de mariage de Mariano Alonso-Perez, par Christophe Blanchard / Droit civil / Régimes matrimoniaux Le Juriste de Giuseppe Arcimboldo : par Claire Bouglé-Le Roux / Culture juridique / Justice De Bach de Carl Seffner à Gould de Ruth Abernethy : par Yves Mayaud / Méthodologie / Raisonnement juridique Graffiti is a crime de Banksy : par Jean-Baptiste Seube / Droit pénal / Propriété intellectuelle La Nature se dévoilant d'Ernest Barrias : par Bénédicte Fauvarque-Cosson / Philosophie juridique / Nouvelles technologies Le Soir sur les terrasses (Maroc) de Jean-Joseph Benjamin-Constant : par Elise Charpentier et Simonne Pichette / Libertés fondamentales / Egalité homme-femme La Justice de l'empereur Otton III de Thierry Bouts : par Laurent Pfister / Histoire du droit / Droit à un procès équitable Le Sacrifice d'Isaac du Caravage : par François Ost / Philosophie du droit / Tiers La Nona Ora de Maurizio Cattelan : par Agnès Robin / Droit d'auteur / Liberté d'expression Statue équestre du Maréchal Lyautey de François-Victor Cogné : par Fouzzi Rehrousse / Droit comparé / Histoire du droit L'Origine du Monde de Gustave Courbet : par Valérie Malabat / Liberté d'expression / Nudité Homme-requin de Sossa Dede : par Christine Ferrari-Breeur / Droit international public / Restitution des prises de guerre Etude d'un noeud de ruban d'Edgar Degas : par Patricia Partyka / Droit de la propriété intellectuelle / Ouvre de l'esprit David de Donatello : par Anthony Crestini / Droit constitutionnel / Histoire du droit La Fée électricité de Raoul Dufy : par Charles-Edouard Bucher / Nouvelles technologies / Droit des biens Cheval sortant de l'écurie de Théodore Géricault : par Marine Ranouil / Enseignement juridique / Méthodologie Bonaparte visitant les pestiférés de Jaffa d'Antoine-Jean Gros : par Emmanuel Terrier / Droit de la santé / Gouvernance Sous la vague au large de Kanagawa d'Hokusai : par Blanche Sousi-Roubi / Nouvelles technologies / Droit de la propriété intellectuelle Dans l'arbre d'Alexandre Hollan : par Xavier Thunis / Droit des biens / Droit de l'environnement Jaune-Rouge-Bleu de Wassily Kandinsky : par Marie-Sophie Bondon / Justice / Déontologie Le Prêteur et sa Femme de Quentin Metsys : par Michel Vivant / Philosophie du droit / Droit de la propriété intellectuelle Deux femmes courant sur la plage de Pablo Picasso : par Camille Broyelle / Liberté d'expression / Nudité La Cueillette des pois de Camille Pissarro : par Laurence Mauger-Vielpeau / Spoliations de la Deuxième Guerre mondiale / Restitution d'oeuvre d'art Les Vertus cardinales et théologales de Raphaël : par Barbara Pozzo-Stanza / Introduction au droit / Sources du droit Le Boeuf écorché de Rembrandt : par Thierry Vignal / Statut de l'animal / Philosophie du droit Loth et ses filles de Pierre-Paul Rubens : par Laurent Saenko et Hervé Temime / Droit pénal / Inceste Carrefour à Sannois de Maurice Utrillo : par Gérard Sousi / Spoliations de la Deuxième Guerre mondiale / Restitution d'oeuvre d'art La Ronde des prisonniers de Vincent Van Gogh : par Rémy Cabrillac / Droit pénitentiaire / Histoire du droit La Femme à la balance de Johannes Vermeer : par Pauline Marcou / Droit des personnes / Liberté de conscience L'Intérieur du port de Marseille, vu du Pavillon de l'Horloge du Parc de Joseph Vernet : par Charlotte Broussy / Droit maritime / Dignité de la personne humaine Grande coiffe en plumes : par Marie Malaurie-Vignal / Droit de la propriété intellectuelle / Appropriation culturelle Agnus Dei de Francisco de Zurbarán : par Yolanda Bergel Sainz de Baranda / Bien culturel / Droit international public Index des notions juridiques Table des illustrations

10/2023

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Psychologie, psychanalyse

ANAE N° 158, février 2019 : Anxiété, troubles neurodéveloppentaux et des apprentissages

L'anxiété est l'une des manifestations cliniques présentes dans de nombreux syndromes neurodéveloppementaux chez les enfants, les adolescents et les jeunes adultes. Associée à la détresse, à l'isolement, voire à l'exclusion sociale et aux troubles cognitifs, ses effets sont délétères autant sur la santé que sur les relations sociales, l'apprentissage et l'estime de soi. Les répercussions à long terme des problèmes d'anxiété sont largement documentées (victimisation, décrochage, radicalisation, dépendance, chômage...). La nature secrète de l'anxiété et la pluralité de ses expressions (inquiétudes multiples, peur de la nouveauté, perte de contrôle, troubles d'attention, de concentration, pensées alarmistes, doutes, obsessions, évitement, rituels, compulsions, crises, agressivité, insomnies, sudations, fatigue...) la rendent difficile à identifier. De plus, la contribution de l'environnement au maintien des symptômes physiques, émotifs, comportementaux et cognitifs est souvent subtile ou difficile à enrayer. Elle pose à ce titre aussi de sérieux défis à tous les intervenants. Ceux-ci ont besoin d'évaluer, de comprendre et d'intervenir auprès des personnes qui souffrent d'anxiété. L'apport de plusieurs disciplines relatives à la santé mentale (médecins, psychologues et neuropsychologues, psychoéducateurs, intervenants sociaux, en santé et en milieu scolaire) est nécessaire et permet une plus grande diversité dans le traitement de l'anxiété. Les enfants à tout âge sont susceptibles de présenter des symptômes d'anxiété. Nos contacts fréquents avec les professionnels scolaires nous incitent à penser que les problèmes d'anxiété sont généralisés à toute population estudiantine, tant au primaire, qu'au secondaire (collège), qu'au CEGEP (lycée). Aussi avons-nous accordé cette année la parole à des chercheurs et des professionnels qui s'intéressent à l'anxiété dès la petite enfance, mais aussi, bien évidemment, à l'enfance, à l'adolescence et même aux jeunes adultes. Parfois, à la suite d'une recommandation scolaire, les parents consultent en psychologie parce que leur enfant ne fonctionne pas très bien à l'école et on se questionne sur les causes possibles de cet écueil scolaire. Il arrive qu'aucun déficit neuropsychologique ne puisse expliquer l'échec de l'enfant, mais que la présence de symptômes anxieux se révèle au cours de l'entretien du psychologue clinicien. Il est donc souhaitable de connaître les chemins possibles qui s'offrent à ces enfants anxieux dont les manifestations sont plus discrètes. L'anxiété est, par ailleurs, l'un des symptômes associés le plus souvent rapporté par les parents d'enfants porteurs d'un syndrome neurologique : entre autres, le trouble déficitaire de l'attention avec ou sans hyperactivité (TDA/H) M. -C. Guay, le trouble du spectre de l'autisme (TSA) G. Bernier, le syndrome Gilles de la Tourette (SGT) I. Gascon. Les enfants en difficulté ou en trouble d'apprentissage sont également susceptibles de connaître de l'anxiété (tout particulièrement celle suscitée par les mathématiques) M. Fayol. Les jeunes à haut potentiel (HP) souffrent-ils davantage d'affects anxieux ou de troubles émotionnels que les autres enfants ? E. Chevrier. L'anxiété chez les enfants d'âge préscolaire est une réalité de plus en plus présente. Intervenir adéquatement durant cette période devient impératif afin d'offrir à ces jeunes des compétences liées à l'expression des émotions qui constitueront des facteurs de protection et qui les aideront à se prémunir contre les effets délétères de l'anxiété et des troubles comorbides une fois adultes M. M. Brossard. En proposant ce symposium, nous souhaitions explorer de nouvelles stratégies d'intervention telles l'hypnose, la pleine conscience et l'application de la réalité virtuelle au traitement de syndromes anxieux, L. Cané, L. Turgeon, M. Rebattel. Le choix d'éditer un numéro sur l'anxiété a été retenu parce que de nombreux professionnels s'inquiètent d'une recrudescence de ses manifestations chez les jeunes, son but est la mise en commun, entre chercheurs et intervenants, de leurs hypothèses de travail et de leurs expériences pour mieux intervenir auprès d'une patientèle d'enfants, d'adolescents et de jeunes adultes souffrant de ces problèmes de santé mentale.

02/2019

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Littérature française

Règles de savoir-vivre à l’usage d’un jeune Juif de mes amis

Règles de savoir-vivre à l'usage d'un jeune Juif de mes amisd'André Weil-Curiel a été imprimé une première fois le 3 août 1945 aux éditions du Myrte. Nous en avons repris la préface de Léon-Paul Fargue, l'avant-propos (non signé) et le texte intégral d'André Weil-Curiel qui constituaient l'édition originale. Ce livre d'André Weil-Curiel se présente sous la forme d'une lettre adressée à un certain Lévy par un certain Dubois, ami de lycée du père du premier. Dubois retrace tout d'abord la carrière militaire de Lévy rappelant celle d'André Weil-Curiel : il a rejoint le général de Gaulle à Londres dès le 19 juin 1940. Dubois lui demande de ne pas insister sur sa valeur militaire, sur ses exploits guerriers quand les Français ont eux aussi souffert et ajoute qu'il n'y a pas lieu de se vanter ni de s'étonner du climat hostile qui accueille Lévy quand il rentre à Paris. Car, finalement, pour ceux qui "n'ont pas songé un instant à désobéir au maréchal Pétain, tu es un rebelle, tu es un émigré, un excitateur de la radio de Londres. Tu te cabres ?? Il était noble de poursuivre la lutte, de rester fidèle à l'Alliance avec l'Angleterre, de faire non seulement des voeux, mais des sacrifices pour la cause alliée ?? Peut-être - dans certains cas - mais pas dans le tien. C'est une question de nuances. Tu appartiens à une race errante". Tout ce qui va lui arriver montre qu'après la guerre, le Juif Lévy est - encore - de trop dans une société française qui n'a pas changé. Bien sûr, la famille de Lévy a été fixée en Alsace depuis le xve siècle - mais cela ne change rien... Sur un ton éminemment ironique qui dénonce le sort réservé aux Juifs par la France de l'après-guerre, suit une réflexion cinglante sur le nom des Juifs, sur leur désir de s'intégrer à une société qui le rejette toujours, sur les spoliations dont ils ont été les victimes. André Weil-Curiel manie à merveille l'antiphrase et pose les termes d'une double contrainte qui menace les Juifs : qu'ils soient braves, on leur reprochera leur arrogance ; qu'ils soient humbles, on dénignera leur prétendue servilité, leur supposé manque de dignité... Quand Lévy revendique tout simplement ses droits, Dubois lui rappelle ses devoirs. Et quand Lévy cherche à récupérer l'appartement qui lui appartient et qu'un couple Dunoyer, enrichi pendant l'Occupation, habite désormais, on lui reproche de s'être absenté de longs mois. Si Lévy insiste pour retrouver ses droits, les Dunoyer "[qui] n'étaient pas antisémites" ? pourraient le devenir... Bref, Lévy est condamné quoi qu'il fasse : "C'est cela qui est grave, Lévy ? ; un Juif ne doit pas être élu, il ne doit pas même être candidat. Il doit être discret, très discret. Il doit se féliciter tous les jours de la chance qu'il a de vivre librement en France, de n'être pas jeté en prison, ni torturé dans des camps de la mort, de ne pas porter d'étoile jaune et de pouvoir embrasser une Française sans commettre un crime. Qu'il laisse aux autres Français les honneurs et les richesses. Ces biens ne font d'ailleurs pas le bonheur. A cette condition, il dissipera les préventions qui pèsent sur lui. On l'oubliera. Que peut-il espérer de mieux ?? " André-Weil-Curiel : né dans le XVIe arrondissement de Paris le 1er juillet 1910 et mort dans le XVe, le 11 janvier 1988 - est un avocat et homme politique. Il a été conseiller municipal socialiste de Paris (IIe arrondissement) puis non-inscrit de 1959 à 1965. Il est l'un des tout premiers à rejoindre le général de Gaulle à Londres dès le 19 juin 1940. Son engagement pendant la guerre lui vaut d'être décoré de la médaille de la Résistance, de la Croix de guerre 1939-1945, de la Médaille des évadés et de la Légion d'honneur. André-Weil Curiel est l'auteur de mémoires parues, aux éditions du Myrte dans la collection "? La vie des peuples ? ", en trois volumes sous le titre général Le Temps de la honte : I. Le jour se lève à Londres (1945)? ; II. Eclipse en France (1946)? ; III. Un voyage en enfer (1947). Léon-Paul Fargue est né à Paris (Ier) le 4 mars 1876, et mort dans le VIe arrondissement de la capitale le 24 novembre 1947. Poète, chroniqueur et essayiste, "? peu connu et célèbre ? ", comme l'écrit André Beucler dans le "? Farguiana ? " de son De Saint-Pétersbourg à Saint-Germain-des-Prés, il est l'auteur d'une oeuvre remarquable et notamment du fameux Piéton de Paris (1939). Le texte de cette préface avait été publié un première fois intégralement dans Le Figaro du samedi 24 mars 1945 sous le titre "? Sombres folies ? ". Ce texte reprend en grande partie un article titré "? De l'antisémitisme ? " publié dans le "? grand hebdomadaire littéraire et illustré? " Marianne du mercredi 11 janvier 1939.

04/2023

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Critique

Traité d'harmonie littéraire

Après Français langue morte (Richard Millet), nous n'allions pas laisser notre pays dans l'embarras. Il fallait bien procurer d'urgence à l'immense "Titanic réputé insubmersible, en route vers le meilleur des mondes" une simple trousse de survie, d'ailleurs inscrite à notre programme depuis cinq ans : Ghislain Chaufour s'est extirpé du long confinement dans le silence harassant des machines, après un temps d'incubation extrêmement lent, pour présenter enfin au public cette Åuvre nécessaire, prodigieuse et salutaire, le Traité d'harmonie littéraire, propre à redonner à ce pays son "sentiment de la langue" apparemment perdu. "Vous n'êtes pas très productif" , lui disait Pierre Boutang, son professeur de philosophie en classe de Terminale (1968). Sans doute, comme tous les organismes complexes sensibles, Ghislain Chaufour a-t-il été lui-même touché d'abord par la "démantibulation du langage" que prévoyait Wittgenstein et l'effondrement d'un monde où toutes les notions péniblement acquises à l'école de la littérature française et de la civilisation européenne se sont trouvées brutalement mises en cause avec une force effroyable. Or il n'est pas du genre à répliquer avec des coups dans le vide : s'il attend, il vise juste et il atteint sa cible en une fois. Après un long et rigoureux effort de renseignement et de respiration, ces deux cents pages très bien ficelées parfaitement efficaces dégomment donc et déboulonnent une à une les imposantes idoles vieilles de quelques siècles qui peuvent aussi bien nous tomber dessus et nous écraser : la Science, l'Evolution, la Méthode expérimentale, le Doute plus ou moins académique, le Hasard⦠En s'attaquant vaillamment à toutes ces vieilles chimères mal embouchées il pourrait aisément passer pour une espèce de Don Quichotte, et c'est ce que disent de lui ses adversaires : "Vous exagérez beaucoupâ¦? - Oui, mais pas assez" , répondait-il à son interlocuteur à l'occasion d'un précédent livre. Or ici il n'en est rien, sa démonstration est aussi rigoureuse qu'implacable. L'Univers a-t-il pu "A se créer spontanément à partir de rien" , comme l'affirmait Stephen Hawking ? Il n'y a "rien qui ressemble à une preuve absolue" , où donc "la science moderne trouverait-elle l'ultime garantie si les mathématiques pures elles-mêmes ne la lui procurent pas, ni les expériences ? " Considérant la misère et les tribulations de l'homme peinant et existant, Chaufour retourne l'opposition entre l'Universel en majesté supposé "antérieur" mais abstrait et les singularités qui sont les vrais objets de connaissance. "Grande sottise de croire que la science consiste dans la connaissance des universaux". C'est ainsi que les mathématiques asservies au productivisme ont propagé dans "l'Etat industriel et bureaucratique" les illusions du travail mortifère. Contre ce danger extrême et celui d'être dégoûté sans remède par des professeurs ignorants, Ghislain Chaufour refuse de condamner les sens et s'étonne de la répulsion que le charnel singulier suscite chez les platoniciens, les gnostiques, les "cathares" , les idéalistes et mêmes les matérialistes de tous les temps. Il redonne la valeur de vérité aux fables : la poésie est fable capable de conseils salutaires, et non "forme" vide de sens⦠"L'ennui vient d'une déception" , et contre elle il s'agit de retrouver l'usage du libre-arbitre, authentique merveille du monde étrangère au hasard et à la nécessité. L'évolutionnisme idéologique des automates, à l'inverse, dénigre l'origine spirituelle de chaque création et du langage lui-même. En séparant le sensible de l'intelligible, et les passions de la raison, "nous avons perdu le grand art de signifier par la beauté" . Or il se trouve que ces derniers mois nous auront disposés à recevoir ces objections : nous sommes nombreux à éprouver assez distinctement la fragilité et néanmoins la capacité de nuisance des rhétoriques scientifiques, ainsi que leur impact dans l'économie réelle, sur la vraie vie et la santé en général, mais également le risque totalitaire qu'elles font courir à justifier une "dictature hygiéniste" bien difficile à domestiquer. La prise de pouvoir politique par la "Science" qui paraissait réservée à la propagande soviétique s'attaque désormais aux thérapeutes et il est de notoriété publique que les pseudo "savants" au service de l'Ordre industriel les poursuivent en justice. Ghislain Chaufour revient très raisonnablement à des fondamentaux : c'est philosophiquement qu'il remet à sa place la philosophie et naturellement qu'il redonne à la "fable" sa légitimité comme interrogation complète posée à même le monde : "A la littérature vise le concret" . C'est un fait établi que le monde est créé, tandis que "la perfection divine implique une extrême sensibilité aux malheurs des créations" . Si le christianisme greffé sur l'arbre juif "A semble ne pas encore avoir commencé" , le pugiliste s'est modernisé et ne se laisse pas impressionner ni récupérer. Véritable Gilet jaune de la métaphysique sachant donner de la gauche et de la droite, sa méthode l'apparente plutôt au bulldozer qui enfonce les portes obstinément fermées : avec beaucoup d'efficacité, le platonisme, Descartes, Kant, Hegel, Heidegger et même Jacques Monod sont délogés sous nos yeux, démasqués, laminés. Du moins théoriquement car en pratique la propagande en leur faveur va redoubler et expédier ad patres ses accusateurs et témoins dérangeants, nous le savons bien.

04/2021