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Littérature française

L'opinion changée quant aux fleurs

Collection "les essentiels" Un nom de collection peut avoir de multiples sources et ce faisant diverses significations. Il peut être un symbole, un signe, un sigle ; il peut être un logo, un graphisme. Mais parfois il arrive qu'il porte sens, très simplement : celui du mot qui le désigne. Les essentiels, donc. Le nom de la collection s'est imposé simplement, dans la plus grande évidence. Parce que, condensé en un texte court, le propos d'un auteur qu'il importe de connaître peut devenir tel. Parce que cet "essentiel" là, s'il ne suffit pas à parcourir l'entièreté d'une oeuvre, remplit néanmoins son office : témoigner fortement d'une vision ou d'une pensée. Parce qu'enfin, à parcourir une collection "d'essentiels" , ce que l'on arpente c'est un chemin sûr dans l'histoire de la littérature. Les textes qui ont vocation à exister dans les essentiels ont un dénominateur commun. Ils ont pour origine et pour inspiration un même fil rouge : une plongée fascinante dans cet âge d'or de la littérature que représentent cinquante années des plus prestigieuses revues littéraires européennes, entre 1920 et 1970. Des textes alors choisis ou écrits par les plus grands écrivains du XXème siècle. Ces pépites de la littérature étaient jusqu'alors voués à rester celés dans ces écrins éphémères que sont les revues littéraires. Avec les essentiels, elles retrouvent vie. De fait, c'est à une pérennité retrouvée que nous convie cette nouvelle collection des essentiels. "L'opinion changée quant aux fleurs" En 1954, en liminaire du texte éponyme, Ponge annonce son propos : "provoquer une modification de l'idée de fleurs, en y faisant rentrer bien des choses tenues à l'écart jusqu'ici". Dans cette perspective, il réunit sous ce titre singulier divers écrits consacrés aux végétaux, ou plutôt au végétal, depuis 1926. L'entreprise poétique de l'auteur du Parti pris des choses se double ici d'une recherche philosophique, pourrait-on dire encore accrue. Il s'en explique en évoquant le projet de "faire adopter une idée philosophique de cet objet (ou plutôt, de ce moment de tout individu, de tout être". Nous ne sommes plus là en face de ces courts moments d'éblouissement poétique consacrés aux "choses" auxquels Francis Ponge nous a accoutumés, mais bien dans la traque méthodique, patiente, exhaustive, organisée d'une essence. Ce texte à part dans l'oeuvre de Ponge, particulièrement magnifique, profondément philosophique, a été publié au printemps 1968 dans la revue L'éphémère (n° 5), puis à fait l'objet d'une nouvelle publication par Gallimard en 1992 dans l'ouvrage Nouveau nouveau recueil

03/2024

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Design

Tendance, vous avez dit tendance ?

Dans ce livre de souvenirs, l'auteur évoque ces années de formation et lève le voile sur un métier de l'ombre, peu connu, mais essentiel dans notre quotidien. Depuis les années 1970, Nelly Rodi hume l'" air du temps" et explore les tendances à venir. Architecture, mode, arts de la table, matières, lumières et couleurs, rien n'échappe à son oeil avisé qui se charge de capter les goûts de demain et les évolutions futures. Tout commence en Algérie, à l'époque département français. Cette jeunesse, emplie de tolérance, de mixité humaine et sociale et de variété des styles vestimentaires, sera la matrice de sa vie future et les constantes de sa vie professionnelle. Au début des années 1970, baccalauréat en poche, elle est prise comme stagiaire par Monique Fayolle au "bureau de style" de Monoprix. Une expérience inoubliable. Dans cette équipe, on conçoit des objets du quotidien au design avant-gardiste, dont de nombreuses pièces, aux couleurs psychédéliques, deviendront iconiques. "Le beau au prix du moche", telle est la ligne de conduite. Une révolution dans la France pompidolienne, où l'on se transmet le vaisselier Henri-II depuis plusieurs générations... Puis, ce seront les différents organismes professionnels, où Nelly Rodi apprendra le métier "sur le tas", n'hésitant pas à payer de sa personne et faire les ourlets juste avant les défilés sur les robes de deux jeunes créateurs, Yves Saint Laurent et Karl Lagerfeld. Après vingt années à faire de la prospection pour d'autres, elle se lancera et fondera l'agence Nelly Rodi Trendlab, l'un des premiers "bureaux d'études " français indépendants et actuellement toujours leader sur le marché, avec des antennes aux quatre coins du monde. Le rôle des "bureaux d'études " ou "bureaux de style" est de prévoir les tendances dans les deux années à venir, de donner des pistes aux créatifs et aux industriels afin de préparer les saisons futures. Un travail très en amont, loin des "influenceurs" de l'instant présent, un travail fait d'observations, d'anticipations et d'intuitions. Dans ce livre, Nelly Rodi donne les clés du métier, issues de sa longue expérience. Matières, modes, couleurs, détails, époques, genre, cycles, luxe, développement durable, Intelligence artificielle, influenceurs, réseaux sociaux, tous les aspects de la tendance sont abordés et expliqués. Mais, la tendance, c'est aussi des rencontres, comme avec ce jeune créateur qui dessinait des bijoux pour se faire un peu d'argent afin de lancer sa griffe... un certain Jean-Paul Gaultier, ou avec Courrèges, qui infléchira considérablement son destin, ou encore avec Pierre Bergé, avec qui elle formera longtemps un tandem actif au sein de nombreuses organisations syndicales de la mode. Et tant d'autres. Mais, la tendance, c'est aussi des échecs, avec des événements qui peuvent surgir à tout moment et bouleverser ce qui était prévu : le 11 Septembre, les aléas climatiques, les attentats, l'actualité angoissante, etc. Un monde perpétuellement en évolution, qu'il faut savoir décrypter. De sa naissance en Anjou en passant par l'Algérie Française, le Japon et la Bretagne, pour la première fois, Nelly Rodi lève le voile sur sa vie privée ainsi que sur une profession tout de mystères et de rencontres, aux confluents de la mode et de la création.

09/2023

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Monographies

Matthieu Laurette. Une monographie dérivée (1993-2023), Edition bilingue français-anglais

Matthieu Laurette Une monographie dérivée (1993-2023) 336 pages Bilingue français-anglais 800 reproductions Format : 31 x 21, 5 cm Relié Textes : Julien Blanpied, Inès Champey, Dorothée Dupuis, Alex Farquharson, Cédric Fauq, Nicolas Surlapierre & invités Graphisme : Syndicat Editions du MAC VAL ISBN : 978-2-900450-16-1 Office : 17 novembre 2023 35 euros Matthieu Laurette est né en 1970 à Villeneuve-Saint-Georges. Après des études dans les écoles d'art de Rennes puis de Grenoble, il entame sa carrière artistique au milieu des années 1990. Emblématique de sa génération, il est lauréat du prix Ricard en 2003. Son travail, entré dans nombre de collections publiques et privées, a été exposé internationalement dans les plus prestigieuses institutions. Il a précédemment participé à trois expositions collectives au MAC VAL (Situations, Cherchez le garçon et Lignes de vie). Artiste protéiforme, Matthieu Laurette utilise les médias de masse et l'industrie du divertissement comme lieu et outil de production, décalant ainsi l'idée même d'atelier : le réel est son atelier. Véritablement multimédias, ses oeuvres balaient un vaste spectre de mises en formes : de l'intervention télévisée à l'installation en passant par les récents développements sur Instagram, il dessine de nombreuses stratégies d'infiltrations alliant art conceptuel, culture populaire, critique institutionnelle, réflexions économiques et problématiques sociétales. Matthieu Laurette recourt à des mécanismes existants (marketing, médias de masse, industries culturelles...) pour créer ses propres oeuvres. Celles-ci interrogent, entre autres, la notion même de valeur. Elles mettent en questions le rôle et la place de l'art et de l'artiste à l'heure du spectacle généralisé et mondialisé. Pétri d'histoire de l'art, il oeuvre à la croisée du réel et du symbolique. Ce travail, à bien des égards annonciateurs de questionnements ultracontemporains (décroissance, approche décoloniale), se construit selon une logique de projets au long cours. Jonglant avec les mécanismes de La Société du Spectacle de Guy Debord, les oeuvres de Matthieu Laurette jouent sur les processus auto-réalisateurs, créant ainsi des sortes de boucles de feedback au sein des dispositifs informationnels à grande échelle. Sous le commissariat de Cédric Fauq, l'exposition rendra compte de trente années de création en une scénographie qui mettra en évidence la dimension rhizomatique de ce travail, des Apparitions (depuis 1993) infiltrant le régime télévisuel aux Produits remboursés (1991-2001) menant une réflexion aiguë et en acte de la consommation, du Citizenship project (depuis 1996) interrogeant l'idée même d'identité nationale aux Je suis un artiste (depuis 1998), Things et Demands and Supplies (depuis 2010) interrogeant le statut et la fonction de l'art et de l'artiste... La monographie rétrospective qui accompagne l'exposition a été conçue en étroite collaboration avec les graphistes Syndicat (Sacha Léopold et François Havegeer), qui explorent l'interaction entre métier et économie dissimulée derrière la production et la distribution de textes et d'images. Déjà à l'origine de l'exposition MATTHIEU : Une rétrospective dérivée, 1993-2015, présentée au festival Chaumont design graphique en 2015, ils avaient alors reproduit des images des oeuvres de l'artiste sur des objets fabriqués en masse, personnalisables à la demande sur internet. Cette rétrospective dérivée est à la lointaine origine de cette actuelle "Monographie dérivée" , riche de plus de 800 illustrations, qui revient sur l'ensemble de la production de l'artiste, invitant des auteurs qui suivent pour certains son travail depuis ses débuts. Exposition au MAC VAL : 21 octobre 2023-3 mars 2024

12/2023

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Ingénierie

BIM computationnel, des données vers l'IA. Ingénierie & architecture, enseignement & recherche

Les défis auxquels l'environnement bâti doit répondre sont de plus en plus nombreux. Entre contextes sociaux complexes, programmes économiques sous pression et nécessité de construire et d'habiter de manière performante et durable, les attentes qui reposent sur l'AECO (Architecture, Ingénierie, Construction et Opération) sont cruciales. Le BIM, ses processus et ses outils visent depuis de nombreuses années à soutenir ces pratiques exigeantes. Aujourd'hui, la multiplication des données accumulées et les avancées technologiques permettent des pratiques computationnelles de plus en plus avancées. Récemment, le succès rencontré par certains algorithmes d'Intelligence Artificielle comme ChatGPT ou MidJourney a démontré comment ces approches computationnelles pouvaient présenter des potentialités multiples sur des champs d'application toujours plus larges. Rarement interrogées de façon transversale, les évolutions du BIM et du computationnel portent pourtant de fortes potentialités pour l'industrie. Elles entraînent avec elles de multiples changements et répercussions du point de vue des pratiques, des organisations, des acteurs et de leurs missions, mais aussi : de la gouvernance des données, du green IT, des algorithmes et des biais de données. Les nouveaux rôles et nouvelles compétences, les nouveaux rapports à la simulation, à l'optimisation, à la conception en général, à l'automatisation, à l'industrialisation et à l'open source, sont autant d'enjeux à discuter dans l'évolution de ces pratiques BIM computationnelles. Sous un angle ouvert et multidisciplinaire, les textes rassemblés ici exposent diverses perspectives sur les pratiques actuelles du BIM. Les pratiques informationnelles de l'industrie de la construction y sont interrogées, chaque texte amenant une nouvelle perspective propre à ses auteurs sur le sujet. Thématiques de l'ouvrage Cette édition inclut les thématiques suivantes (sans y être restreinte) : BIM et pratiques computationnelles : design génératif, optimisation, form finding, intelligence artificielle, pratiques data-driven, BIM et sciences des données ; BIM et collaboration, BIM et interopérabilité, données liées, dictionnaires de données ; Transition numérique, processus d'adoption, maturités BIM, nouvelles compétences et nouveaux rôles, nouvelles pratiques de projet, nouvelles organisations ; BIM et durabilité : efficacité énergétique, empreinte carbone, Analyse du Cycle de Vie, économie circulaire ; BIM et open source ; Intégration du BIM dans le contexte urbain et dans le territoire : CIM, smart cities, interopérabilité avec les SIG ; Jumeau numérique, BIM et exploitation maintenance, IoT, Heritage BIM ; BIM et construction industrialisée, BIM sur chantier, BIM et préfabrication. Cet ouvrage interroge la grande diversité des recherches et points de vue autour du BIM et des outils numériques, au regard notamment des enjeux posés par ces nouvelles pratiques computationnelles. Ont contribué à l'ouvrage : - Nihel ALLOUCHE (Université de Carthage) - Joseph AZAR (Université de Franche-Comté) - Samia BEN RAJEB (ULB Bruxelles) - Selsebil BENELHAJ SGHAIER (Université de Bourgogne) - Aurélie de BOISSIEU (Université de Liège) - David CAMARAZO (Université de Bourgogne) - Charlotte DAUTREMONT (Université de Liège) - Sana DEBBECH (IRT Railenium) - Mohamed-Anis GALLAS (Université de Mons) - Annabelle GILLET (Université de Bourgogne) - Thibaud HULIN (Université de Franche-Comté) - Ahmed ISMAIL (ENSA de Grenoble, EPFL) - Vasilina IVANOVA (Université de Mons) - Mihaela JUGANARU (Mines Saint-Etienne - IMT) - Sesil KOUTRA (Université de Mons) - Younes LAMSAOUGAR (Université de Franche-Comté) - Eric LECLERCQ (Université de Bourgogne) - Maxime LEFRANCOIS (Mines Saint-Etienne - IMT) - Philippe MARIN (ENSA de Grenoble) - Thamer MECHARNIA (Mines Saint-Etienne - IMT) - Ana ROXIN (Université de Bourgogne) - Léa SATTLER (ENSA de Paris la Villette) - Gregorio SAURA LORENTE (Université de Mons) - Aida SIALA (ENSA de Nancy) - Federico TAJARIOL (Université de Franche-Comté) - Antoine ZIMMERMANN (Mines Saint-Etienne - IMT)

02/2024

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Histoire de France

La Régence absolue. Philippe d'Orléans et la polysynodie (1715-1718)

Au matin du 2 septembre 1715, alors qu'il vient d'être désigné régent par le Parlement de Paris, Philippe d'Orléans annonce qu'il entend modifier la forme du dispositif gouvernemental prévu, dans son testament, par Louis XIV. Celui-ci souhaitait que, pendant la minorité du roi (Louis XV est encore un enfant), un conseil unique, le Conseil de Régence, préside aux destinées du royaume, assisté par des ministres et des secrétaires d'Etat. Philippe d'Orléans estime en revanche qu'ayant besoin des lumières de chacun, il est plus opportun de créer plusieurs conseils, chargés d'assister dans sa lourde tâche le Conseil de Régence. Quelques semaines plus tard, sept conseils, placés à la tête des départements ministériels, remplacent les secrétaires d'Etat, pierre angulaire du système institutionnel louis-quatorzien. Et c'est ainsi que durant trois ans, de 1715 à 1718, la France fut gouvernée par cette administration, qui marqua le retour aux affaires de la noblesse d'épée. Elle passera à la postérité sous le nom de "polysynodie" (gouvernement par conseils). A l'image de la Régence de Philippe d'Orléans, souvent réduite à une époque de libertinage, "où l'on faisait tout sauf pénitence" s'il faut en croire Voltaire, la polysynodie, tantôt qualifiée de "piège à nobles", tantôt présentée comme une vaine réforme qui ne suscita que désordre dans l'administration, a souvent été dénigrée : une véritable "pétaudière" selon Saint-Simon ! Mais du fonctionnement réel de ce gouvernement, nous n'avons qu'une connaissance très vague. C'est ce vide historiographique que cette étude, totalement novatrice, comble, en démontant, pour la première fois, la mécanique de cet édifice institutionnel ; en revenant aussi sur les circonstances de sa création et sur les véritables motifs de sa suppression. Avec le Régent, avec le duc de Noailles, avec le duc de Saint-Simon ou encore avec le comte de Toulouse, nous assistons aux séances des conseils ; nous suivons pas à pas le cheminement des dossiers, depuis les provinces du royaume jusqu'à la table du Conseil de Régence présidé par Philippe d'Orléans ; nous pénétrons dans le secret des cabinets de travail ; nous découvrons les taches réservées aux commis de l'administration, tandis que se dévoilent les multiples discussions et intrigues qui agitent la Cour... A la fois réflexion sur les pratiques gouvernementales, essai sur la vie politique des premières années de la Régence, une Régence absolue bien éloignée des clichés qui lui sont souvent accolés, ce livre, fondé sur un travail d'archives jusqu'à présent jamais étudiées, jette un éclairage neuf et inattendu sur les arcanes et les "mystères" de l'Etat moderne et contribue à l'intelligence de l'ancienne royauté, en ces années décisives qui séparent le Siècle de Louis XIV du Siècle des Lumières.

04/2011

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Musique, danse

Mouvement contraire. Souvenirs d'un musicien

D. -E. Inghelbrecht (1880-1965) fut le plus grand chef d'orchestre français de sa génération. Nous rééditons aujourd'hui ses mémoires, publiés en 1947 et depuis longtemps introuvables, qui sont non seulement un document de premier plan sur la vie artistique en France durant la première moitié du vingtième siècle, mais un texte d'une grande qualité d'écriture et d'un très haut niveau de réflexion. Le titre, Mouvement contraire, en désigne d'emblée l'originalité formelle : le musicien raconte sa vie à rebours, en partant du présent et en remontant vers sa jeunesse. Au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale, celle-ci lui apparaît comme ayant coïncidé avec un âge d'or de la musique française. Ami intime de Claude Debussy, familier d'autres grands compositeurs comme Maurice Ravel, Inghelbrecht offre un témoignage humain essentiel sur cette période où sa carrière le conduisit à participer à la renaissance de la salle Pleyel, à l'aventure du Théâtre des Champs Elysées (il fut le premier titulaire du pupitre à l'ouverture de celui-ci en 1913), aux vicissitudes de l'Opéra-Comique, au renouveau ou à la création de grands orchestres français (c'est à D. -E. Inghelbrecht qu'est par exemple due la fondation de l'orchestre de la radiodiffusion française, aujourd'hui Orchestre National de France). Toutes ces institutions, tous ces lieux encore aujourd'hui bien vivants ont été marqués par son action. C'est un pan essentiel de leur histoire que ces mémoires nous restituent. La vie personnelle d'Inghelbrecht a aussi fait de lui le témoin privilégié de toute la vie artistique de son temps : il fut notamment le gendre du grand peintre et affichiste Steinlen (1859-1923, universellement connu comme le peintre des chats), et l'époux de la danseuse-étoile et chorégraphe suédoise Carina Ari (1897-1970). Les mémoires d'Inghelbrecht révèlent un véritable écrivain plein d'humour, capable de brosser des portraits tour à tour tendres ou cruelsdes différents acteurs de la vie culturelle de son temps, ainsi que de certains responsables politiques qu'il a côtoyés. Mais avant tout, en homme désireux de transmettre aux futurs musiciens et aux mélomanes l'essentiel de son expérience, le grand musicien a fait de son livre une leçon d'énergie et d'intégrité artistique qui n'a rien perdu de son actualité. Comme nous l'avons fait précédemment pour notre édition de "L'Art du théâtre" de Sarah Bernhardt, nous accompagnons ce volume d'un ensemble de documents iconographiques donnant à voir les principaux personnages du récit, permettant ainsi au lecteur de goûter la saveur d'une époque disparue, mais pleine encore d'enseignements pour aujourd'hui.

04/2019

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Couple, famille

Dictionnaire des sexualités

" Je ne sais pas quelle est la question, mais je connais la réponse : le sexe " disait Woody Allen. Ce Dictionnaire, unique en son genre, tente d'apporter des interrogations qui sont loin d'être taries. Sa première originalité est de traiter des sexualités et non pas de la sexualité. C'est-à-dire de prendre en compte les réalités d'aujourd'hui. Très longtemps, on a désigné la sexualité au féminin singulier et renvoyé d'abord au coït, lequel devant assurer la venue au monde d'une descendance. La norme était celle de l'hétérosexualité. Mais dans la période récente, on a assisté à la multiplication des identités reconnues : il n'y a plus comme avant " la " femme et " l' "homme mais aussi les lesbiennes, les gays, les bisexuels, les transgenres, les queers, les intersexués. On est bien dans l'univers " des " sexualités. Celles-ci sont donc toutes présentes dans ce volume. L'autre originalité de cet ouvrage tient à la diversité de ses approches. Il montre comment ces diverses sexualités ont été perçues selon les civilisations, les religions (du catholicisme au bouddhisme), l'évolution des lois, les principales familles politiques, les grandes périodes de l'histoire et dans divers pays (des Etats-Unis à la Chine). Comment elles ont été abordées aussi à travers la littérature, la philosophie, la psychanalyse, la musique (de l'opéra à la chanson), le cinéma, la peinture, la danse (du flamenco au tango)... Sur les 400 notices que comprend ce Dictionnaire, beaucoup sont consacrées aux thèmes " incontournables " : amour, désir, érotisme, plaisir, amant, hédonisme, partenaires, rapports sexuels, séduction, sensualité etc. Mais on y trouve également des entrées plus originales, qui ont trait à des thèmes aussi divers que : l'argent, la contrepèterie, la folie, les nanosciences, l'islam, les procès pour impuissance, la mode... L'ensemble va de A comme Abat-jour (éloge de la pénombre) à Z comme Zouk (la danse que chacun rêve de maîtriser). Ce livre se distingue enfin par la diversité et la qualité de ses auteur(e)s. Ils sont 185 : historiens, sociologues, démographes, juristes, écrivains, cinéastes, philosophes, psychanalystes, médecins, littéraires, politologues, anthropologues, critiques d'art, de cinéma, spécialistes du jazz et de la chanson, tous considérés comme le (ou la) meilleur spécialiste du sujet traité. Janine Mossuz-Lavau a fait appel non seulement à des experts, mais aussi à des témoins ayant fréquenté la personnalité sur laquelle ils écrivent, des acteurs et actrices (la tanguera parle ici du tango, le scénariste du film qu'il a écrit, la performeuse et la grande prêtresse du SM de leurs expériences). Ce Dictionnaire contient enfin des documents et des textes originaux : une chanson de Georges Brassens, jamais enregistrée, un Tract du Dr Carpentier ou des entretiens avec Françoise Héritier et avec Brigitte Lahaie.

03/2014

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Littérature étrangère

Le silence d'après

Les passagers qui embarquent dans le train de 10 h 35 reliant Manchester à Londres ont tous une bonne raison d'espérer des lendemains meilleurs. Jeff se rend à un entretien d'embauche après des mois de chômage, Holly s'offre un peu de répit, Nick se rend à un mariage avec toute sa famille, Meg et sa compagne partent en randonnée, Caroline tente de se soustraire à sa vie compliquée, et Rhona espère rentrer le soir même pour retrouver sa fille. Huit solitudes se côtoient à bord de ce train. Et parmi elles, celle de Saheel, qui peine à trouver sa place dans une société dans laquelle il ne se reconnaît plus. Avec son sac bourré d'explosifs, Saheel n'attend plus rien de l'avenir, il attend le terminus. "Eprouvant et profondément humain. Un vrai coup de massue". Ian Rankin "Impitoyable et palpitant". Daily Telegraph Extrait : "Elle avait les larmes aux yeux. Elle n'aurait même pas dû être à bord de ce train. Si seulement elle n'avait pas raté le précédent ! Tout ceci lui semblait irréel. Elle avait du mal à croire qu'elle était vraiment là, à chuchoter au sujet de... Elle s'efforça de chasser cette pensée de son esprit. Trouillarde. Une bombe, donc. Une bombe, ou une grenade. Un moyen de blesser des gens, de tuer des gens. Comment en était-elle arrivée à cette conclusion simplement parce que ce passager transpirait dans un train étouffant et refusait d'engager la conversation ? Elle-même était en sueur, terrassée par une nouvelle bouffée de chaleur. Le moment idéal, bon Dieu. Elle sentit ses joues la brûler, ses bras et ses cuisses, tout. Elle devait être rouge comme une tomate. Le vertige persista, ainsi que cette peur, intense, qui se répandait dans chacun de ses membres à chaque battement de coeur. Puis elle le vit - l'étudiant - revenir. - Il est là, dit-elle, rongée par la culpabilité. Je vais, hum... Elle désigna son siège du doigt. Noman esquissa une grimace. Caroline pensa qu'elle devrait peut-être se déplacer, s'asseoir ailleurs. Ce serait la réaction la plus judicieuse, non ? Mais si l'étudiant s'en alarmait ? S'il paniquait et passait à l'acte plus vite que prévu ? Caroline n'avait éprouvé une telle frayeur qu'une fois en quaranteneuf ans d'existence. C'était différent de l'inquiétude qu'elle avait parfois éprouvée pour les enfants quand ils étaient malades ou blessés. Même lorsque Paddy, avait été commotionné après avoir été renversé par une voiture à l'âge de neuf ans, et que, des heures durant, on n'avait pas su s'il y avait une lésion cérébrale. Différent parce qu'il s'agissait de terreur, pas de peur".

06/2018

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Consulat

Le Consulat de Bonaparte. La fabrique de l'Etat et la société propriétaire 1799-1804

CNLPeuples – Le Code civil, le Conseil d'Etat, la Légion d'Honneur, les préfets, les lycées... ces institutions familières ont en commun d'avoir été créées, refondées ou redéfinies sous le Consulat, le régime qui est issu du coup d'Etat de Bonaparte (1799) et auquel succède l'Empire (1804). Alors que le pouvoir législatif était le coeur de la Révolution française, il est laminé en 1799 et remplacé par un pouvoir exécutif omnipotent, concentré dans les mains d'un homme qui en fait sa chose. La centralisation administrative, telle que nous nous la représentons aujourd'hui, prend sa source dans la dictature de Bonaparte . Elle rompt avec la logique "décentralisatrice" mise en oeuvre depuis 1789 et renforcée par le Gouvernement révolutionnaire en l'an II. Aussi, ce que l'on nomme abusivement "le centralisme jacobin" devrait être désigné comme le "centralisme bonapartiste" . Le processus de centralisation s'accompagne d'une confiscation de la démocratie. Les décisions prises sont hors du contrôle du peuple, alors qu'il est prétendu souverain. L'administration se substitue alors à la politique, le fonctionnaire remplace l'élu et le citoyen est réduit au statut d'administré. Les experts choisis par Bonaparte sont les seuls habilités à définir l'intérêt général et les politiques censées l'incarner. La Déclaration des droits de l'homme et du citoyen disparaît et la référence à la république, de plus en plus formelle, n'a pour seule fonction que de légitimer le régime. L'ordre social repose sur le propriétaire qui a le "droit de jouir et disposer des choses de la manière la plus absolue" , le patron dominant ses ouvriers, le mari sa femme et le père ses enfants. La dictature de Bonaparte entend "dépolitiser" la nation et s'appuie sur la surveillance policière et la mise en place d'un régime où la liberté de la presse n'est plus qu'un mot. Le Concordat avec le Pape "recléricalise" la France et fait des prêtres les auxiliaires du pouvoir. Le culte du Chef de l'Etat et les valeurs militaires de l'ordre, de l'obéissance et de l'honneur sont érigés en culture politique dominante. A l'extérieur, le Consulat de Bonaparte est marqué par la construction d'une hégémonie autoritaire sur les peuples "libérés" par les armées françaises (Hollande, Suisse, Italie du Nord, Allemagne rhénane) et par une réaction coloniale sanglante en Guadeloupe et à Saint-Domingue, accompagnée du rétablissement de l'esclavage en 1802. Aujourd'hui, la société propriétaire et les stigmates "bonapartistes" de la Constitution de la Ve République - la monarchie républicaine, la "verticalité du pouvoir" , le législatif marginalisé - suscitent la critique et interrogent la nature de notre "démocratie" et ses dysfonctionnements.

11/2021

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Religion

Les dix grandes vies antérieures du Bouddha. Thotsachat

Loin d'être une composante accessoire de l'enseignement, ou une quelconque concession destinée à un public non savant, le récit est au coeur de la parole du Bouddha (Ve s. av. J.-C.) et d'une pédagogie toujours soucieuse d'efficacité. L'une des formes d'enseignement figurant dans les listes traditionnelles est celle appelée j?taka, ou récit d'épisodes qui se sont déroulés dans une vie antérieure du Bouddha Gotama, alors qu'il était un Bouddha en puissance (bodhisattva). Il existe 547 de ces vies antérieures. filigrane. Les traductrices-adaptatrices, oeuvrant à partir d'un texte en thaï rédigé à partir du pâli par le moine érudit Hongladarom, en ont fait un récit vif au parfum très moderne et rendent ainsi accessibles au public francophone des récits anciens pleins de vie et d'enseignements qui, tout en imprégnant l'existance de millions de bouddhistes, ont une portée universelle. Il a été choisi de présenter dans ce livre les " dix grandes vies " que l'on désigne en Thaïlande sous le nom de " Thotsachat ". Elles ont un statut éminent, qu'a favorisé leur association progressive avec les dix Perfections (p?ram?). Il s'agit de dix vertus cardinales ou de dix comportements idéaux, qui sont, selon la tradition thaïe : le renoncement, le courage, la compassion, la foi résolue, la sagesse, la conduite morale, la patience, l'équanimité, l'honnêteté et le don. Chacune est illustrée tour à tour par l'histoire d'un personnage au centre d'aventures multiples, de situations dramatiques où la tension entre royauté et renoncement est perceptible dans sa complexité : Temiya, Mah?janaka, Suva as?ma, Nemir?ja, Mahosadha, Bh?ridatta, Candakum?ra, N?rada, Vidhura et Vessantara sont les protagonistes de véritables oeuvres littéraires foisonnant en ballades, débats, descriptions, dialogues animés qui n'ont rien de stéréotypé. Chaque j?taka est précédé d'une brève introduction, qui en résume l'enjeu, et ponctué d'intertitres qui rythment la lecture. L'alternance vers-prose des j?taka en pâli est estompée au profit d'un texte continu et homogène où l'on devine parfois les strophes en filigrane. Les traductrices-adaptatrices, oeuvrant à partir d'un texte en thaï rédigé à partir du pâli par le moine érudit Hongladarom, en ont fait un récit vif au parfum très moderne et rendent ainsi accessibles au public francophone des récits anciens pleins de vie et d'enseignements qui, tout en imprégnant l'existence de millions de bouddhistes, ont une portée universelle. Une préface de Nalini Balbir, professeur en indologie à l'université Sorbonne Nouvelle – Paris 3, montre bien la signification de ces récits, leur importance dans le monde bouddhique et la place qu'ils occupent toujours dans la spiritualité des pays d'Asie et en particulier de la Thaïlande.

08/2018

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sociologie du genre

Les leurres postmodernes contre la réalité sociale des femmes

LA REALITE SOCIALE DES FEMMES CONTRE LES LEURRES POSTMODERNES On constate de nos jours, à l'échelle de la planète, une dévalorisation voire une négation des femmes. Elles sont réduites soit à une apparence de la féminité avec la "théorie queer" , soit à un ventre à louer avec la pratique de la GPA (gestation pour autrui). Non seulement elles représentent la majorité des classes sociales les plus démunies, mais elles demeurent sous la menace de violences liées à la domination masculine - la situation actuelle des Iraniennes et des Afghanes en témoigne. Et même dans les pays où elles ont arraché le droit à disposer de leur corps, ce droit reste une conquête fragile : l'application de la loi permettant l'IVG, votée en France en 1975, est de plus en plus difficile ; des Etats d'Amérique latine ont récemment autorisé l'avortement, mais la Cour suprême américaine l'a interdit en juin 2022... Dans les années 1970 en France, le MLF (Mouvement de libération des femmes) a attaqué avec force le rôle social imposé aux femmes par le capitalisme et le patriarcat sur la base de leur sexe biologique. Il y a une trentaine d'années, le "genre" - traduction du gender utilisé par les féministes américaines - était encore considéré comme le synonyme de ce rôle social. Aujourd'hui, avec la diffusion vulgarisée de la "théorie queer" et des analyses intersectionnelles, il désigne fréquemment une "identité" reposant sur le seul "ressenti" des personnes : il suffirait de se déclarer femme ou de s'en donner l'allure pour en être une. Un peu partout dans le monde, des féministes s'insurgent contre cette nouvelle définition d'une femme parce qu'elle fait perdre de vue l'origine de son oppression - ses organes sexuels, avec leurs capacités procréatrices - et le vécu des femmes dans leur grande majorité, à savoir une double journée de travail pour assurer la reproduction sociale et une large part de la production économique. Néanmoins, des dictionnaires, des textes de loi ou des déclarations d'organismes internationaux attestent de sa progression partout. En France, deux facteurs la favorisent : sa propagation, dans les médias et sur les réseaux sociaux, à la fois par des élites politiques et intellectuelles et par divers milieux militants ; la censure de toute remarque concernant l' "identité de genre autodéclarée" et ses conséquences pour l'émancipation des femmes. Quiconque s'y risque peut être insulté-e ou menacé-e par des "transactivistes" , ou poursuivi-e pour "transphobie" devant les tribunaux. Il est pourtant urgent de contester le bien-fondé de théories appartenant au postmodernisme, le courant de pensée qui a contribué à forger avec le néolibéralisme, dans les années 1980, une idéologie valorisant les "classes moyennes" et leur style de vie pour conforter l'ordre établi - alors que celui-ci est toujours à détruire.

10/2023

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Pléiades

Oeuvres romanesques. Tome 2, Vers le phare ; Orlando ; Les Vagues ; Flush ; Les Années ; Entre les actes

Cette édition propose, dans des traductions pour la plupart nouvelles, tous les livres de fiction publiés par Woolf ou, pour Entre les actes, au lendemain de sa mort : dix romans, et un recueil de nouvelles, Lundi ou mardi, qui n'avait jamais été traduit dans notre langue en l'état. S'y ajoutent les nouvelles publiées par l'auteur mais jamais rassemblées par elle, ainsi qu'un large choix de nouvelles demeurées inédites de son vivant. Les nouvelles éparses qui présentent un lien génétique ou thématique avec un roman sont réunies dans une section Autour placée à la suite de ce roman. On trouvera ainsi, Autour de "Mrs. Dalloway", un ensemble de textes dans lequel Woolf voyait "un couloir menant de Mrs. Dalloway à un nouveau livre" ; ce "nouveau livre" sera un nouveau chef-d'oeuvre, Vers le Phare. Romans et nouvelles, donc, mais ces termes ne s'emploient ici que par convention. Woolf en avait conscience : "Je crois bien que je vais inventer un nouveau nom pour mes livres, pour remplacer "roman". Un nouveau ... de Virginia Woolf. Mais quoi ? Elégie ? " L'élégie, qui a partie liée avec la mort, est une forme poétique, et le roman, chez Woolf, emprunte en effet à la poésie ("Il aura une part de l'exaltation de la poésie"), aussi bien qu'à l'essai et au théâtre ("Il sera dramatique"), jusqu'à un certain point ("mais ce ne sera pas du théâtre"). Play-poem, "poème dramatique", qualifiera Les Vagues ; essay-novel, "roman-essai", désigne Les Années ; Flush et Orlando partagent la même indication de genre : a Biography, ce qui ne dit à peu près rien de ces deux livres, mais confirme qu'il faut ici renoncer aux catégories reçues et, plus largement, considérer d'un oeil neuf tout ce qui semblait définir le romanesque : "Le récit peut-être vacillera ; l'intrigue peut-être s'écroulera ; les personnages peut-être s'effondreront. Il sera peut-être nécessaire d'élargir l'idée que nous nous faisons du roman". Elargir : rompre avec la continuité chronologique, en finir avec l'hégémonie de la représentation, faire du vécu subjectif de la conscience la véritable matière du roman. Woolf le reconnaissait, elle n'avait pas le don de la réalité : "J'immatérialise le propos. . ". Il s'agissait moins pour elle de bâtir des intrigues que d'isoler des "moments d'être", déchirures éclairantes dans l'obscur tissu d'une existence, témoignant "qu'une chose réelle existe derrière les apparences". "Je rends [cette chose] réelle en la mettant dans des mots. Ce sont mes mots et eux seuls qui lui donnent son intégrité ; et cette intégrité signifie qu'elle a perdu le pouvoir de me faire souffrir".

03/2012

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Pléiades

Oeuvres romanesques. Tome 1, Traversées ; Nuit et jour ; Lundi ou mardi ; La Chambre de Jacob ; Mrs Dalloway

Cette édition propose, dans des traductions pour la plupart nouvelles, tous les livres de fiction publiés par Woolf ou, pour Entre les actes, au lendemain de sa mort : dix romans, et un recueil de nouvelles, Lundi ou mardi, qui n'avait jamais été traduit dans notre langue en l'état. S'y ajoutent les nouvelles publiées par l'auteur mais jamais rassemblées par elle, ainsi qu'un large choix de nouvelles demeurées inédites de son vivant. Les nouvelles éparses qui présentent un lien génétique ou thématique avec un roman sont réunies dans une section Autour placée à la suite de ce roman. On trouvera ainsi, Autour de "Mrs. Dalloway", un ensemble de textes dans lequel Woolf voyait "un couloir menant de Mrs. Dalloway à un nouveau livre" ; ce "nouveau livre" sera un nouveau chef-d'oeuvre, Vers le Phare. Romans et nouvelles, donc, mais ces termes ne s'emploient ici que par convention. Woolf en avait conscience : "Je crois bien que je vais inventer un nouveau nom pour mes livres, pour remplacer "roman". Un nouveau ... de Virginia Woolf. Mais quoi ? Elégie ? " L'élégie, qui a partie liée avec la mort, est une forme poétique, et le roman, chez Woolf, emprunte en effet à la poésie ("Il aura une part de l'exaltation de la poésie"), aussi bien qu'à l'essai et au théâtre ("Il sera dramatique"), jusqu'à un certain point ("mais ce ne sera pas du théâtre"). Play-poem, "poème dramatique", qualifiera Les Vagues ; essay-novel, "roman-essai", désigne Les Années ; Flush et Orlando partagent la même indication de genre : a Biography, ce qui ne dit à peu près rien de ces deux livres, mais confirme qu'il faut ici renoncer aux catégories reçues et, plus largement, considérer d'un oeil neuf tout ce qui semblait définir le romanesque : "Le récit peut-être vacillera ; l'intrigue peut-être s'écroulera ; les personnages peut-être s'effondreront. Il sera peut-être nécessaire d'élargir l'idée que nous nous faisons du roman". Elargir : rompre avec la continuité chronologique, en finir avec l'hégémonie de la représentation, faire du vécu subjectif de la conscience la véritable matière du roman. Woolf le reconnaissait, elle n'avait pas le don de la réalité : "J'immatérialise le propos. . ". Il s'agissait moins pour elle de bâtir des intrigues que d'isoler des "moments d'être", déchirures éclairantes dans l'obscur tissu d'une existence, témoignant "qu'une chose réelle existe derrière les apparences". "Je rends [cette chose] réelle en la mettant dans des mots. Ce sont mes mots et eux seuls qui lui donnent son intégrité ; et cette intégrité signifie qu'elle a perdu le pouvoir de me faire souffrir".

03/2012

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Pléiades

Oeuvres romanesques. Coffret 2 volumes

Cette édition propose, dans des traductions pour la plupart nouvelles, tous les livres de fiction publiés par Woolf ou, pour Entre les actes, au lendemain de sa mort : dix romans, et un recueil de nouvelles, Lundi ou mardi, qui n'avait jamais été traduit dans notre langue en l'état. S'y ajoutent les nouvelles publiées par l'auteur mais jamais rassemblées par elle, ainsi qu'un large choix de nouvelles demeurées inédites de son vivant. Les nouvelles éparses qui présentent un lien génétique ou thématique avec un roman sont réunies dans une section Autour placée à la suite de ce roman. On trouvera ainsi, Autour de "Mrs. Dalloway" , un ensemble de textes dans lequel Woolf voyait "un couloir menant de Mrs. Dalloway à un nouveau livre" ; ce "nouveau livre" sera un nouveau chef-d'oeuvre, Vers le Phare. Romans et nouvelles, donc, mais ces termes ne s'emploient ici que par convention. Woolf en avait conscience : "Je crois bien que je vais inventer un nouveau nom pour mes livres, pour remplacer "roman". Un nouveau ... de Virginia Woolf. Mais quoi ? Elégie ? " L'élégie, qui a partie liée avec la mort, est une forme poétique, et le roman, chez Woolf, emprunte en effet à la poésie ("Il aura une part de l'exaltation de la poésie"), aussi bien qu'à l'essai et au théâtre ("Il sera dramatique"), jusqu'à un certain point ("mais ce ne sera pas du théâtre"). Play-poem, "poème dramatique" , qualifiera Les Vagues ; essay-novel, "roman-essai" , désigne Les Années ; Flush et Orlando partagent la même indication de genre : a Biography, ce qui ne dit à peu près rien de ces deux livres, mais confirme qu'il faut ici renoncer aux catégories reçues et, plus largement, considérer d'un oeil neuf tout ce qui semblait définir le romanesque : "Le récit peut-être vacillera ; l'intrigue peut-être s'écroulera ; les personnages peut-être s'effondreront. Il sera peut-être nécessaire d'élargir l'idée que nous nous faisons du roman". Elargir : rompre avec la continuité chronologique, en finir avec l'hégémonie de la représentation, faire du vécu subjectif de la conscience la véritable matière du roman. Woolf le reconnaissait, elle n'avait pas le don de la réalité : "J'immatérialise le propos... " Il s'agissait moins pour elle de bâtir des intrigues que d'isoler des "moments d'être" , déchirures éclairantes dans l'obscur tissu d'une existence, témoignant "qu'une chose réelle existe derrière les apparences" . "Je rends [cette chose] réelle en la mettant dans des mots. Ce sont mes mots et eux seuls qui lui donnent son intégrité ; et cette intégrité signifie qu'elle a perdu le pouvoir de me faire souffrir".

03/2012

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Photographie

Daido Moriyama

Daido Moriyama, né à Osaka en 1938, n'est pas seulement un des plus grands artistes japonais contemporains ; son oeuvre photographique, ses écrits, la radicalité de sa démarche font de lui un des chefs de file du renouvellement international du langage photographique à partir des années 1970. A lire quelques-uns des noms ou titres qui jalonnent la carrière de Moriyama, on devine que son parcours artistique échappe aux conventions : Provoke (une revue), Scandalous (une exposition), Hysteric (une publication)... Ces termes ne renvoient pourtant en rien à une oeuvre niaisement sulfureuse ou complaisamment provocatrice, mais résonnent à la manière d'un manifeste postmoderne. Ainsi, à propos de Farewell Photography, livre majeur qu'il publie en 1972, Moriyama précise : "Certains trouveront ce titre sarcastique, mais en réalité il exprime mon animosité et mon discours d'adieu à une photographie trop satisfaite d'elle-même pour mettre en question sa propre signification. Cette photographie-là passe à côté de la réalité." Et la réalité que désigne ici l'artiste n'est pas celle assignée de longue date à la photographie, mais le substrat des violentes mutations que l'histoire du Japon a connues, de l'après-Deuxième Guerre mondiale aux dernières heures du XXe siècle. Graphiste de formation, Moriyama s'initie à la photographie auprès de Eikoh Hosoe, mais décide, dès l'âge de vingt-trois ans, de devenir photographe indépendant et de faire de Tokyo sa ville d'élection. Avec son ami le photographe et critique Takumi Nakahira, il fonde la revue Provoke, foyer de protestation politique et culturelle et laboratoire de recherches et d'expérimentations nouvelles pour la photographie. Exacerbant les pistes et les orientations que certains précurseurs, parmi lesquels William Klein et son célèbre Tokyo dont il reconnaît l'influence, avaient défrichées, Moriyama développe une esthétique dure et crue où la narration et l'illustration n'ont plus cours. Images fortement contrastées, flous, épreuves granuleuses, cadrages "sauvages", la photographie de Moriyama semble traversée par une pulsion vitale extrême qui scelle un refus absolu des normes établies de la prise de vue. Il affirme "prendre ses photographies plus avec le corps qu'avec les yeux" et renonce même parfois à l'obligation de la visée comme dans Hunter, série de paysages prise depuis sa voiture. Car l'oeil de Moriyama est nomade, il dérive au fil de la marche urbaine et saisit sans relâche des apparitions soudaines : visages, animaux, scènes de rue, façades, écrans vides, graffitis, tout fait signe pour composer une poétique abstraite et déroutante. Cette esthétique de l'instantané alliée à une volonté farouche de penser et vivre la photographie comme une expérience intime, une pratique quasi existentielle, ont ouvert des champs nouveaux et suscité une forme de libération de l'acte photographique que de très nombreux artistes savent devoir à Daido Moriyama.

11/2012

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Sciences politiques

Quatre-vingt-treize

Les « banlieues » sont devenues l’un des principaux enjeux du débat politique français, et il est probable que ce terme soit l’un des maîtres mots de la campagne pour l’élection présidentielle de 2012. Or, « banlieues », dans cet usage, désigne en réalité les quartiers populaires périphériques où se concentrent notamment des populations d’origine immigrée - et non les banlieues en général, dont la plupart sont « résidentielles ». Enjeu complexe, les « banlieues » représentent à la fois la cristallisation des peurs d’une société inquiète face à des nouvelles « classes dangereuses » du XXIe siècle, et la mauvaise conscience de celle-ci, accusée d’avoir laissé se développer et perdurer des zones d’exclusion en marge de sa prospérité. Cette ambivalence est propice à l’emballement du discours médiatique sur un sujet propre à toutes les surenchères idéologiques ainsi qu’aux simplifications des images-chocs - voitures brûlées, caches d’armes dans les HLM, musulmans en prière sur la chaussée… autant de « figures » de la banlieue dont l’accumulation est censée produire du sens, au détriment d’une construction rationnelle de celui-ci. Ces « figures » sont au coeur du malentendu persistant entre la presse et les habitants des banlieues concernées, qui discrédite à leurs yeux la pratique journalistique « stigmatisante ». Le « trou noir » d’une représentation rationnelle de ce problème crucial renvoie à une question très douloureuse, centrale, qui touche à l’identité même de la France au moment où celle-ci connaît une crise profonde. Cette crise est relayée sur le territoire français par ces zones d’exclusion qui paraissent à la fois défier le pacte républicain traditionnel (elles produiraient le communautarisme) et rester en marge du monde du travail malgré des aides et subventions massives prélevées sur les impôts des classes moyennes - les « banlieues » sont perçues comme un parasite sur le corps malade du pays. Ce sentiment de malaise et de crainte est encore accentué par le vieillissement de la population française « de souche » alors que ces banlieues populaires bigarrées, jeunes et en plein essor démographique, portent en partie l’avenir de la France. Face à l’ampleur de ces bouleversements, et à l’importance des enjeux dont on peut penser qu’ils vont s’exacerber lors de la prochaine élection présidentielle puisqu’il auront une incidence directe sur la conquête du pouvoir politique en France et où Mme Le Pen a déjà pris date, avec ses remarques sur les musulmans comme « force d’occupation », il est important de disposer de travaux et d’un livre qui puissent faire référence afin que les débats de société soient nourris d’une matière que l’on voudrait originale, substantielle et gouvernée par la « neutralité quant aux valeurs » prônée par Max Weber.

02/2012

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Economie

Vers une économie circulaire durable en Suisse

L'économie circulaire est "à la mode" . Elle désigne une alternative à l'économie linéaire, une transformation vers des modes de production et de consommation moins gaspilleurs et plus résilients face aux chocs exogènes. On en parle beaucoup, mais de quoi s'agit-il plus exactement ? Sous quelles formes la notion, qui fait consensus en surface, se décline-t-elle ? Représente-t-elle réellement un changement de paradigme ? Quel est son rapport avec la durabilité ? La première partie du présent ouvrage, interdisciplinaire, aborde ces questions. Malgré un apparent consensus des parties prenantes (scientifiques, monde de l'économie, objectifs politiques, ONG et société civile) quant à la pertinence, voire la nécessité, de transformer le système socio-économique vers un modèle circulaire et durable, l'économie circulaire reste cantonnée à un marché de niche et à des initiatives ponctuelles. Ce constat trouve-t-il une explication par le prisme du droit ? Notre cadre légal représente-t-il une barrière au changement ? Comment le droit pourrait-il être adapté pour favoriser une transformation plus ambitieuse du système socio-économique, à la hauteur des enjeux, à l'heure où les multiples "crises" environnementales deviennent carrément flagrantes et où la sécurité de l'approvisionnement des ressources essentielles devient de plus en plus incertaine ? Ces questions sont l'objet de la deuxième partie de l'ouvrage. En somme, la thèse propose une analyse systémique et prospective des apports et limites du cadre juridique vers une économie circulaire durable en Suisse. Celle-ci est définie comme un système socio-économique qui répondrait aux deux objectifs complémentaires suivants : 1) son impact s'inscrirait au sein des limites planétaires et 2) les flux de matière et d'énergie seraient optimisés, ou en d'autres termes, leur gaspillage serait minimisé. En s'inspirant de l'analyse légistique prospective, elle offre un large panorama de la situation actuelle de lege lata et dégage des pistes pour développer des politiques publiques susceptibles de favoriser la transformation vers une économie circulaire durable. Cette analyse met notamment en évidence qu'un tel système permettrait une meilleure mise en oeuvre - voire une réconciliation - entre différents principes déjà ancrés dans notre Constitution, parfois encore présentés comme "en tension" : durabilité, pollueur-payeur, précaution et prévention, politique énergétique et agricole, ainsi que la garantie des différentes libertés fondamentales, en particulier de la liberté économique. Cet ouvrage s'adresse non seulement aux juristes, mais aussi aux spécialistes en sciences de l'environnent, aux représentants des trois pouvoirs et, de manière plus générale, à toute personne intéressée à la transformation des modes de production et de consommation, voire à la transformation du rapport au monde qui sous-tend le développement de notre système socio-économique.

01/2023

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Littérature française

Le sacre et le couronnement de Napoléon

Parce, qu'il avait été sacré par le Pape, Napoléon a considéré qu'il était revêtu d'un caractère ineffaçable, qu'il était devenu un souverain égal à tous les souverains, qu'il ne pouvait point être discuté comme tel, qu'il était l'oint du Seigneur, et que, si son empire n'avait point reçu une institution divine, il s'en fallait de peu. On ne saurait dire qu'il le crût, mais il prétendait au moins le faire croire, et, en vérité, des illusions qu'on donne à celles qu'on prend, le pas est si vite franchi qu'on peut se demander si ici il ne l'a pas été. Tout au moins, dans la foi qu'il avait placée en sa destinée, n'avait-il pas, quoiqu'il s'en soit défendu, admis une part de fatalisme qui devait le rendre plus apte qu'homme au monde, à subir l'impression qu'il avait été désigné, qu'il remplissait, qu'il accomplissait une mission. Certes, de cela, il ne s'explique point, ou il s'explique confusément. Mais cette croyance dont il peut être presque inconscient, qu'il ne raisonne point, qu'il essaie de réfuter, se fait jour par quantité de phrases échappées. Ainsi, lorsqu'il écrit à Joséphine : Toute ma vie, j'ai tout sacrifié, tranquillité, intérêt, bonheur, à ma destinée ; lorsqu'il lui écrit : Je dépends des événements ; je n'ai pas de volonté ; j'attends tout de leur issue ; et encore : Plus on est grand, et moins on doit avoir de volonté ; l'on dépend des événements et des circonstances ; qu'est-ce que la Destinée, si elle n'est point providentielle, que, valent les événements s'ils ne tiennent qu'au hasard ? Qui parle de sa destinée, entend bien qu'il est prédestiné. De la désignation, l'institution divine n'est qu'une conséquence et comme une confirmation, mais n'est-ce pas que devant les yeux de celui qui la reçoit, cette institution devient effective et valable, s'impose à l'esprit, l'obsède et le conquiert ? Ce n'est point à dire que Napoléon, dans la suite de ses actes, se crût (jusqu'en 1810) moins obligé de faire effort. Il ne manque pas dans l'histoire de souverains, fort convaincus de leur droit divin, qui besognent à leur gouvernement, et ont le sentiment fort net que leur action continue y est nécessaire. Mais on les reconnaît pour des croyants, à des phrases, à des mots ou des gestes. ll semble bien que ces phrases ; ces mots, ces gestes, se trouvent chez Napoléon à partir du Couronnement. Cet ouvrage revient sur les enjeux politiques et secrets de ce couronnement pour mieux comprendre le destin tragique du premier empereur des Français.

04/2021

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Notions

Des indésirables. Quatre manières de traiter un embarras

Sous le titre Des indésirables sont étudiées et confrontées des situations différentes mais présentant des points communs ou des analogies. C'est, d'abord, un détail de la législation de Vichy de 1940 ; l' "embarras" , ici, ce sont les Juifs : il faut les faire tout simplement disparaître. Quelques mots paraissent suffire à cette opération. Il s'agit, ensuite, du rejet du protestantisme, au début du XIXe siècle, de la part de Joseph de Maistre avec son équivalent chez Novalis ; terrain propice au développement d'un certain théologico-politique "à la française" . Le troisième chapitre évoque la réflexion d'Edgar Quinet (et, à sa suite, Simone Weil) sur la continuité entre les Grecs de l'époque classique et le christianisme ; le judaïsme est donc l'absent de la civilisation, les Grecs sont d'emblée déjà-chrétiens. Le dernier chapitre reprend une analyse de Péguy qui montre comment la pédagogie moderne réduit l'enfant pour le faire accéder à l'état adulte, le rendant proprement inexistant. Dans ces quatre cas, c'est un objet indésirable qui est effectivement façonné, qui est désigné en tant qu'embarras. On croit donner ainsi toutes les raisons de le faire disparaître, et ce, définitivement. Ce sont là des façons de fabriquer du non-être pour pouvoir rapidement s'en défaire. Le paradoxe est, ici, que la haine s'en prend à des formes imaginaires qu'elle contribue à former continuellement. Quatre institutions sont évoquées par ce biais, en vue de cerner cette logique singulière d'exclusion et de destitution : l'Etat, l'Eglise, l'Histoire, l'Education. Accommoder le temps et réduire la langue à quelques vocables ou à des mots d'ordre, ce sont, aux yeux de l'Institution, des manières de faire qui doivent permettre une éviction réussie de ce qui gêne foncièrement, voire une épuration rassurante, et qui fournissent, également, en quelques phrases, un surcroît de narcissisme à un "nous" fabriqué de toutes pièces. Ces quatre modalités d'éjection sont, selon l'auteur, constitutives de notre modernité. Elles appartiennent à l'histoire française récente et, pour certaines, contiennent de véritables germes de guerre civile. Rien ne dit qu'elles aient disparu. Jean-Michel Rey est né à janvier 1942 à Paris. Il a enseigné la philosophie et l'esthétique à l'Université de Paris VIII de 1969 à 2008. Il a fondé et dirigé avec Marie Moscovici la revue L'Ecrit dutemps (1982-1988) aux éditions de Minuit. Il a été directeur de programme au Collège International de Philosophie de 1992 à 1998. Il est l'auteur d'une vingtaine de livres sur Nietzsche, Freud, Kafka, Valéry, Péguy, Artaud, Thomas Mann. Jean-Michel Rey pense donc, de longue date, que philosophie et littérature sont indissociables, et qu'entre le politique et la philosophie les liens sont étroits.

04/2023

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Autres

Philosophie N° 152, janvier 2022

Ici traduit en français pour la première fois par Amaud Dewalque, l'essai d'Oskar Kraus sur Le Besoin (1894) est une application de la psychologie descriptive brentanienne à l'économie. On définir parfois l'économie comme le système des besoins humains. Mais qu'est-ce qu'un "besoin"? Qu'est-ce qui distingue les besoins humains au sens fort des simples privations et des instincts animaux ? Et quelles sont les différentes classes (ou types) de besoins ? Contre les théories hédonistes, Kraus soutient que tous les besoins ne sont pas tournés vers l'obtention du plaisir ou la suppression du déplaisir. Il présente ainsi une analyse descriptive plus riche des phénomènes volitifs ou conatifs. Dans "Décrire n'est pas tout : Kurt Lewin sur l'émotion", Denis Scion s'intéresse au psychologue Kurt Lewin, qui dans les années 1920 avait proposé une approche originale et féconde des émotions, qui se distingue par trois prises de position : d'abord, il rejette la méthodologie analytique ; ensuite, íl en appelle à une psychologie des émotions qui soit génétique, causale et dynamique ; enfin, la psychologie des émotions doit selon lui être psychophysique, à savoir ancrée dans l'expérience interne autant qu'externe. La psychologie des émotions de Lewin s'oppose, sur ces trois points, à l'approche de psychologues tels que Titchener et les brentaniens, laquelle est analytique, statique et introspectionniste. Le texte de Michel Le Du, "La conscience est-elle de glace ? ", est centré sur le concept d'émergence, qui a été utilisé durant les dernières décennies par différents philosophes de l'esprit, notamment dans le but de livrer une interprétation de la relation corps-esprit évitant à la fois le dualisme et le réductionnisme ; John Searle a ainsi expliqué, à différentes reprises, que la conscience et l'intentionnalité étaient des propriétés émergentes du cerveau. Le but de l'article est de montrer que cette approche apporte une réponse ontologique à une question dont les termes mêmes témoignent, en premier lieu, d'une confusion conceptuelle. Dans l'article "Anselme et l'actualité" (1970), David Kellogg Lewis (1941-2001), propose une analyse critique de l'argument ontologique développé par Anselme de Cantorbéry afin d'illustrer la teneur et la portée de sa thèse centrale, le réalisme modal. Récusant la conception ordinaire qui assimile l'existence réelle à l'actualité, Lewis montre que cette dernière est en réalité une notion indexicale : tout comme "ici", "maintenant" ou "ceci", elle n'acquiert en effet sens et signification qu'en vertu de son contexte d'énonciation. Désolidarisée de l'existence effective, l'actualité ne désigne alors, selon Lewis, qu'une étroite région du vaste royaume des possibles : celle qu'il se trouve que nous habitons.

01/2022

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Littérature française

Tosca

LE LIVRE Lyon, 28 juin 1944. Sept Juifs et deux résistants raflés par la milice de Paul Touvier attendent la mort dans un placard de 5 m par 90 cm au siège des miliciens dans les locaux réquisitionnés du lycée Saint-Marc. Ils confient aux murs de leur prison tout ce qu'ils sont, tout ce qu'ils souhaitent, tout ce qu'ils auraient rêvé être. Parmi eux, un homme que le résistant P'tit Louis désigna comme un ange - celui qui, cette nuit-là, chanta Tosca, l'opéra de Puccini, l'air de celui qui va mourir à l'aube. "Cette histoire commence pour moi il y a trente ans le 29 mars 1994, le jour où ma route a croisé celle de ce jeune homme pour la première fois, au procès de Paul Touvier auquel j'assistais en tant que journaliste. On ne savait rien de cette septième victime. On ne disposait que de la photo légèrement floue d'un visage aux yeux clos. Dans cette cour d'assises, on l'appelait le plus souvent l'inconnu ou parfois Tosca. C'est là que j'ai décidé de le retrouver. Pour lui rendre son nom. Pour qu'enfin il puisse exister avant de mourir. Pour qu'une tombe soit refermée". - Murielle Szac . L'AUTEUR Née en 1964 à Lyon, Murielle Szac est autrice, éditrice et journaliste. Après avoir été journaliste politique à L'Evénement du jeudi, elle a été réalisatrice de documentaires, puis rédactrice en chef chez Bayard. Elle a publié une vingtaine de livres dont la série des feuilletons de la mythologie grecque en 100 épisodes chez Bayard. En 2008, elle a créé la collection Ceux qui ont dit Non chez Actes sud junior, qu'elle dirige depuis. En 2021, les Editions Bruno Doucey publient Immenses sont leurs ailes, un long poème narratif qui fait écho aux portraits d'enfants syriens dessinés par Nathalie Novi et qui a reçu le prix de la Foire internationale du livre de jeunesse de Bologne en 2022. En 2023 sont parus Le Feuilleton de Tsippora aux éditions Bayard et L'Odyssée des femmes, un essai féministe sur les mythes publié à L'Iconoclaste. Son premier roman destiné au public adulte, Eleftheria, est paru en 2022 aux éditions Emmanuelle Collas et paraîtra en poche aux éditions J'ai lu en 2024. Tosca est son deuxième roman adulte. S'il ne fallait retenir qu'un seul fil conducteur de tout le travail de Murielle Szac, ce serait la transmission. Pour choisir de devenir qui l'on est, il faut savoir d'où l'on vient. D'autres avant nous ont vécu, souffert, aimé, se sont battus. C'est eux qui nous tracent le chemin. Tosca s'inscrit comme Eleftheria dans cette cohérence, mêlant engagement et écriture.

01/2024

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Critique littéraire

Études anglaises - N°1/2016. The Pictures of Oscar Wilde

Joseph BRISTOW : Oscar Wilde, Ronald Gower, and the Shakespeare Monument Le mercredi 10 octobre 1888, Oscar Wilde figurait parmi les orateurs qui prononcèrent l'éloge de Sir Ronald Gower (1845-1916) lors de l'inauguration de l'imposant monument, érigé en l'honneur de Shakespeare à Stratford-upon-Avon et conçu par Gower. Cet événement, moment le plus connu où Wilde et Gower apparaissent ensemble en public, met en évidence un aspect important de l'intérêt porté par Wilde aux arts plastiques. Comme le note Roger Fry, qui le rencontra à Venise en 1891, l'aristocrate au physique avantageux est "le modèle de Lord Henry dans Dorian Gray" . Au début de sa carrière, Gower fut parfois menacé par des scandales liés à sa préférence sexuelle pour les hommes, les militaires en particulier. Il est intéressant de noter le contraste entre la manière dont Gower sut habilement se défendre contre les allégations diffamatoires à son encontre et le destin tragique de Wilde au cours des procès de 1895, suite auxquels l'écrivain fut condamné à purger une peine de prison de deux ans pour "outrage aux bonnes moeurs" . En 1898, Gower, qui avait mis un terme à sa carrière artistique après l'érection du monument en l'honneur de Shakespeare, adopta Frank Hird, son amant âgé de vingt-cinq ans. Michael Patrick GILLESPIE : The Branding of Oscar Wilde Bien qu'au cours de sa vie, Oscar Wilde ait été entouré par un certain nombre de personnages flamboyants, il se démarqua de ceux-ci en raison du grand talent dont il fit preuve quand il s'est agi de se forger une image de marque. Cette démarche va bien au-delà de la simple mise en scène de soi, et elle a de bien plus larges implications en termes de rapports à la société. C'est grâce à la création de cette image de marque que Wilde se distingua d'une génération d'excentriques, grâce à l'habileté dont il fit preuve dans l'élaboration d'une image publique singulière, image qui parvint à frapper les esprits tout en échappant aux foudres de la censure. Cette image était celle d'un artiste apparemment sans inhibition mais qui, en réalité, savait parfaitement susciter le frisson sans pour autant provoquer de la révulsion. Entre ses années d'étudiant à Oxford et les procès de 1895, la "marque Wilde" protégea sa vanité et accrut sa réputation, à travers sa capacité à changer de registre et à s'adapter à des environnements différents. Comprendre le fonctionnement de cette image de marque et l'engagement de Wilde envers cette dernière au gré des situations, permet d'offrir un aperçu de l'évolution de sa carrière d'écrivain et de saisir au mieux les perspectives changeantes dont les lecteurs doivent avoir conscience afin de comprendre son oeuvre. Anne-Florence GILLARD-ESTRADA : Oscar Wilde's Aesthetics in the Making : The Reviews of the Grosvenor Gallery exhibitions of 1877 and 1879 En 1877 et 1879, Wilde publie dans des périodiques irlandais des comptes rendus des première et troisième expositions de la Grosvenor Gallery. Ces textes constituent un premier commentaire de Wilde sur les développements qui touchaient les arts visuels depuis une quinzaine d'années environ. Wilde évoque dans ces comptes rendus les oeuvres d'artistes alors associés à "l'école classique" ou à l' "Esthétisme" (mouvements qui se recoupaient souvent). En outre, Wilde dialogue avec les commentateurs ou les critiques d'art qui étaient favorables à cette peinture. C'est dans ce terreau fertile que l'esthétique de Wilde prend forme, et cet article se propose en particulier d'explorer l'esthétique de l'ambiguïté et de l'ambivalence qui caractérise ces tableaux et qui apparaît comme centrale dans les deux comptes rendus de Wilde. Nicholas FRANKEL : Portraiture in Oscar Wilde's Fiction Wilde se rendit compte dès le début de sa carrière que le genre du portrait reposait sur une dichotomie entre la représentation des aspects intimes de la vie d'un individu d'une part et celle du personnage public, d'autre part. Mais peu après la criminalisation des "outrages aux bonnes moeurs" en 1885 et le début de sa liaison avec Robert Ross en 1886, il prit conscience du fait que le portrait constituait également une structure imaginaire propice à la représentation de vies caractérisées par des désirs illicites, désirs que l'on ne pouvait satisfaire que secrètement, loin du regard de la société. Cet article explore la dynamique entre portrait, artiste, sujet (ou "modèle" ) et spectateur dans quatre textes de fiction que Wilde a publiés à intervalles réguliers à la fin des années 1880. Il montre qu'au fil de ces quatre textes, Wilde développa une théorie nuancée de l'art du portrait comme incarnation visuelle du désir pour les hommes et entre hommes. Il suggère en conclusion que la nouvelle compréhension de l'art du portrait acquise par Wilde a pu à son tour influencer l'oeuvre de son ami Toulouse-Lautrec, dont le célèbre portrait à l'aquarelle de l'écrivain, réalisé en 1895, constitue une rupture radicale par rapport aux normes de l'époque. Emily EELLS : "La consolation des arts" : The Picture of Dorian Gray and Anglo-French Cultural Exchange Cet article analyse l'intertextualité française dans le roman de Wilde, afin de montrer comment il s'en est servi pour construire son récit et son cadre théorique. L'article met en évidence la dette de Wilde envers Gautier, Goncourt, Huysmans et Balzac : il va jusqu'à citer ce dernier sans le nommer. Cet article étudie l'inscription des mots français dans le texte de Wilde, qui sont mis en italiques comme pour signaler leur étrangeté. Ce procédé typographique participe de l'esthétisation des livres français, que Wilde présente comme des objets d'art. Le titre de cet article cite une phrase de Gautier enchâssée dans le texte de The Picture of Dorian Gray afin de suggérer comment les arts français (les belles lettres, mais aussi les arts mineurs de la parfumerie et de la dentelle) sont une source de consolation pour Dorian Gray. Une annotation en français dans un exemplaire du roman de Wilde semble y répondre, car le lecteur dit s'y trouver conforté dans son idéalisation de l'inutile. Shannon WELLS-LASSAGNE : Picturing Dorian Gray : Portrait of an Adaptation The Picture of Dorian Gray constitue un sujet de choix pour les cinéastes, et ce, pour de nombreuses raisons : il s'agit d'un conte moral captivant, doté d'une intrigue qui regorge de beauté, d'amour et d'action; c'est un exemple célèbre de texte victorien influencé en partie par le roman "gothique" . Le roman de Wilde a ainsi inspiré de nombreuses générations de cinéastes. Toutefois, cette oeuvre pose aux réalisateurs des problèmes particuliers, dont un est suggéré par le titre même de l'ouvrage : comment représenter le portrait extraordinaire de Dorian Gray à l'écran, tant dans sa beauté éclatante initiale que dans ses métamorphoses monstrueuses? Chacune des adaptations étudiées dans cet article semble proposer un portrait qui révèle les possibilités de la fiction dans un contexte audiovisuel ainsi que les propres aspirations des adaptateurs. Ainsi, les adaptations semblent considérer le portrait de la même manière que Hallward considère son sujet : "un style artistique entièrement neuf, une manière entièrement nouvelle" : une mise en abyme de l'adaptation elle-même. Marianne DRUGEON : Aestheticism on the Wildean Stage Cet article se propose d'étudier des représentations sur scène et adaptations filmiques de trois comédies de salon d'Oscar Wilde, L'Éventail de Lady Windermere, Un mari idéal et L'Importance d'être constant, lesquelles ont toutes en commun un décor, des costumes et des accessoires représentatifs de l'Esthétisme. On connaît en effet Wilde non seulement pour ses oeuvres littéraires mais également pour son engagement dans la défense de ce mouvement artistique, ce qui a conduit les metteurs en scène à créer de véritables vitrines présentant les costumes, le mobilier et les oeuvres d'art de l'époque. L'on remarque toutefois que ce qui n'est en général qu'accessoire et décor devient, dans l'adaptation des oeuvres de Wilde, de première importance : les costumes symbolisent des personnalités, les scènes se transforment en véritables tableaux, et les personnages sont définis non plus par leurs actes mais par leur apparence, devenant eux-mêmes des oeuvres d'art. Wilde lui-même, en affirmant que la vie imite l'art, recherchait sciemment l'artificialité et rejetait le naturalisme. Ainsi, ceux qui ont mis en scène ses pièces y ont bien souvent mêlé une représentation de ses convictions artistiques, et même une représentation de l'auteur lui-même, qui aimait se créer des masques et faire de sa vie un spectacle. Gilles COUDERC : Setting Oscar Wilde to Music Depuis sa première en version concert à Los Angeles en 2011, l'opéra de Gerald Barry The Importance of Being Earnest d'après la comédie d'Oscar Wilde a obtenu un grand succès. À ce jour, ce n'est que la plus récente des très nombreuses oeuvres musicales inspirées tant par les textes de Wilde que par sa vie. De son vivant, la capacité de Wilde à se mettre en scène, la création savamment orchestrée d'un personnage destiné au public, l'a maintenu sous le feu des projecteurs. Sa chute et le retentissement de ses procès ont suscité un intérêt toujours croissant pour l'homme et pour son oeuvre : l'adaptation de Salomé à l'opéra par Richard Strauss en 1905 a lancé la vogue des adaptions musicales des textes de Wilde, alors que le personnage de l'artiste a continué à inspirer opéras ou comédies musicales. Ce qui semble frappant, c'est, après la mort de l'écrivain, la confusion, dans l'imaginaire européen, entre l'homme et l'oeuvre. Cette étude se concentrera d'abord sur des oeuvres inspirées par le personnage de Wilde, Patience de Gilbert et Sullivan, puis l'opéra Oscar du compositeur américain Theodore Morrison, oeuvre dans laquelle Wilde est présenté comme héros et martyr d'un combat libertaire. Nous examinerons ensuite les oeuvres que sa Salomé a inspirées, les opéras de Strauss (1905) et de Mariotte (1908) ainsi que la production d'Ida Rubinstein (1908), trois oeuvres dans lesquelles, derrière les personnages mis en scène, se devine la figure de Wilde. Marc PORÉE : Ceci n'est pas un tube : de l'itérabilité dans The Burning Perch de Louis MacNeice Cet article procède d'un constat : tout au long de sa carrière poétique, Louis MacNeice aura multiplié les recours à diverses modalités de la répétition. Dans The Burning Perch, en particulier, il aura fait un usage insistant et déstabilisant du refrain. Une telle itérabilité est assurément consubstantielle au fonctionnement de la poésie; elle est aussi propre à l'économie "tubulaire" , telle que l'analyse Peter Szendy, et rappelle fortement le fonctionnement de la "ritournelle" , selon Deleuze et Guattari. C'est cette parenté, mais aussi cette différence, entre la chanson et le poème, qu'on explorera ici, avant de conclure, sans grande surprise, à l'irréductibilité du poétique.

06/2016

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Littérature française

Le vrai livre des femmes

Le vrai livre des femmes. Eugénie Niboyet Date de l'édition originale : 1863 Issue d'une famille lettrée et bonapartiste, Eugénie Niboyet (1799-1882) se défi nit elle même comme une " enfant de l'Empire " . D'abord marquée par la pensée saint-simonienne, mouvement à la fois spirituel, social et politique qui voyait dans l'industrialisation la voie d'émancipation du prolétariat, elle oeuvre pour sensibiliser les ouvriers à cette doctrine dont elle-même s'éloigne dès lors que les femmes sont exclues de la hiérarchie en 1831. Elle s'oriente alors vers le fouriérisme, autre utopie socialiste en quête d'une société idéale. Eugénie Niboyet entame en parallèle une carrière littéraire à Paris, écrivant quelques pièces de théâtre, puis s'exile à Lyon en 1833, où elle fonde Le Conseiller des femmes, premier hebdomadaire féministe de province qui s'adresse avant tout aux femmes du peuple, avec pour vocation de leur apporter savoir et instruction. Elle s'impose dès lors comme une jour naliste et une femme de presse engagée, et sera à l'origine de la création de nombreux titres. La révolution de 1848 fait naître un nouvel espoir de liberté pour les femmes, qui entrevoient la possibilité de s'affranchir de cette société encore trop conservatrice. Eugénie Niboyet prend une place décisive aux côtés de celles que l'on désigne comme " les femmes de 1848 " et qui entendent, comme l'écrit Tocqueville, " niveler la plus ancienne des inégalités, celle de l'homme et de la femme " . Dans l'élan suscité par cette révolution, Eugénie Niboyet fonde La Voix des femmes, quotidien militant qui s'affi rme dès le premier numéro "journal socialiste et politique, organe des intérêts de toutes" . La parution prend fi n en 1852, peu après le coup d'Etat de Napoléon III, le retour à l'autoritarisme et la censure de la presse. Publié en 1863, Le Vrai Livre des femmes revient notamment sur les évènements de 1848 et sur l'aventure éditoriale que fut La Voix des femmes. Il s'agit également d'une réponse à un ouvrage publié quelques années plus tôt par une certaine Comtesse Dash : en contradiction avec les aspirations progressistes de ce siècle qui voulaient faire d'elles " des guerrières, des politiques, des lutteuses " , la Comtesse Dash rappelle que les femmes ne peuvent - et ne doivent - s'épanouir que par le mariage. Eugénie Niboyet s'oppose à ce discours réactionnaire et met en lumière tout le chemin qu'il reste à parcourir pour parvenir à l'égalité entre hommes et femmes. Cet ouvrage illustre pleinement le combat féministe qu'Eugénie Niboyet n'a eu de cesse de mener et d'incarner tout au long de sa vie. Ce livre, réimprimé en fac-similé par Hachette-BnF, est identique à la publication originale de 1863 conservée à la Bibliothèque nationale de France. Pour découvrir tous les titres du catalogue, rendez-vous sur www. hachettebnf. fr

09/2021

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Critique Poésie

Monde(s) et poésie. Au coeur des sciences du langage et de la culture

Un ouvrage pluridisciplinaire qui lie de manière originale art du langage et linguistique du sens dans le cadre d'une anthropologie sémiotique. Il renouvelle la compréhension de la notion de " monde(s) " à partir de la poésie. L'idée d'une fonction de l'art comme fabrique de mondes est aujourd'hui très largement répandue, notamment en raison de la forte influence de la théorie de la fiction inspirée de la notion leibnizienne de " monde possible " et des approches postmodernes d'orientation ontologique. Celle d'un texte-monde est appliquée quasi exclusivement au genre romanesque. Les sciences du langage, de leur côté, se désintéressent majoritairement de ces problématiques venues du champ littéraire, occupées qu'elles sont à se développer au croisement de la cognition, des mathématiques et de l'informatique. Cependant dans le cadre d'une anthropologie sémiotique renouvelée, il est possible de penser un décloisonnement fécond des savoirs entre sciences et Humanités à partir de la question des conditions d'accès au sens, question qui se pose de manière cruciale si l'on reconçoit la question de la créativité langagière comme problème linguistique et sémiotique central. Interpréter/décrire la façon dont les écrivains disent le monde ou créent un monde revient alors à inscrire le travail critique dans une conscience du hors-champ et des transferts culturels, en soulignant l'enjeu éminemment politique de toute épreuve du dehors, y compris au sein d'une seule langue. Si le monde humain est fait d'institutions, de pratiques et d'objets supposant à la fois le couplage complexe à son entour et son façonnement plastique en retour, si l'on restitue au langage sa dimension écologique, c'est-à-dire si on le définit non comme un simple instrument, mais comme un milieu traversé de normes et de valeurs, alors travailler la langue, c'est travailler le monde, réinventer sans relâche le monde humain et son rapport à la Terre et aux autres espèces, entrer dans des dynamiques cosmomorphes inédites. C'est pourquoi " poésie " désigne ici un processus d'individuation d'une langue dans la langue par un sujet inscrit dans l'histoire et dans le rythme de son corps – rapport particulier au langage que le genre poétique maximalise sans doute, mais sans exclusive. La poésie n'est pas ici conçue comme une sortie du langage, mais au contraire comme un approfondissement de ses possibles, où le blanc, le papier, la matière sonore, les rapports aux sciences, aux mythes, à la technique, à l'environnement, à la politique, ont toute leur place – et qui met au défi les linguistes, au moins autant en tant que spécialistes du langage qu'en tant que lecteurs et citoyens du monde. L'approche micrologique par la poésie contemporaine et ses mondes flottants, en émergence, hybrides, et l'approche macrologique par une anthropologie sémiotique peuvent ainsi, de manière imprévue, se rendre de mutuels services en soulignant la nécessité d'un point de vue multifocal et pluralisé, sensible aux différenciations critiques.

06/2023

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Eco-gestes, éco-citoyenneté

Faire des courses écoresponsables

En Europe, le taux annuel des déchets d'emballages en plastique dépasse les 15 millions de tonnes, ce qui représente 30 kg par personne, les 2/3 émanant de la consommation alimentaire et des boissons. Or, la majorité des emballages plastiques sont difficilement conciliables avec les objectifs d'une l'économie circulaire, leur taux de réutilisation et de recyclage est décevant (moins de 30 %) et l'on constate finalement un niveau important de dispersion dans l'environnement. Les plastiques des emballages alimentaires représentent 85 % des déchets retrouvés sur les plages à travers le monde (61 % sont des plastiques à usage unique), et on estime que 700 tonnes de plastique se déversent chaque jour dans la mer Méditerranée. Toxique pour les écosystèmes marins et terrestres, cette pollution contamine finalement toute la chaîne alimentaire et devient de plus en plus inquiétante pour la santé de l'homme. Ces données doivent nous motiver pour lutter contre les emballages alimentaires, et pour cela, rien de mieux que de les réduire à la source ! La démarche du "zéro déchet" tend à supprimer les contenants à usage unique, elle est plus facile à instaurer en se ravitaillant sur les marchés, les petits commerçants de quartier ou les épiceries "zéro déchet" de plus en plus nombreuses. Organiser vos courses zéro déchet avec des contenants à "usage multiple" Le cabas. Prenez toujours votre grand sac ou un cabas roulant pour faire vos courses et évitez à tout prix d'acheter un nouveau sac ! Les sacs à vrac. Privilégiez les achats en vrac (sans emballages) pour les céréales, légumineuses, oléagineux, fruits, légumes, muesli, biscuiterie, boulangerie. Munissez-vous pour cela de sacs en tissu de plusieurs tailles que vous pouvez dédier à une denrée et que vous laverez après plusieurs usages ou, à défaut, recyclez les sacs en papier. Les bocaux en verre De retour à la maison, vous pouvez remplir vos différents bocaux dédiés aux aliments et ranger vos sacs à vrac disponibles pour les prochaines courses. Les Tuptup. Ces boites en verte carrées ou rectangulaires pourront stocker les denrées fraîches (viande, poisson, fromages...) aussitôt achetées puis trouver facilement leur place dans votre réfrigérateur. Charlottes à plat. Fini le règne du plastique étirable... les charlottes en tissu ciré ou élastiqué se placent facilement sur vos plats à protéger au frais. Les boites en carton. Penser à recycler plusieurs fois les boites à oeufs et boites à pizza en les ramenant à votre commerçant lors de votre achat. Bouteilles en verre. De nombreux producteurs de lait, de soupes, de conserves de légumes et de plats préparés pratiquent de nouveau le principe de la consigne. Renseignez-vous ! Inquiétant : Le plastique met 400 ans à se dégrader, c'est pourquoi les déchets en plastique s'accumulent dans la nature, et surtout dans les océans. Le 7e confinent désigne la décharge géante de plastiques flottants (plus de 1,3 million de km2) située dans le pacifique Nord (entre les côtes du japon et de l'Amérique du Nord).

05/2021

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Immigration

Oranges amères. Un nouveau visage de l'esclavage en Europe

La migration depuis les pays des Sud vers l'Europe est la plupart du temps présentée dans les médias comme une invasion et une menace. En réalité cette "crise migratoire" révèle les ambivalences des politiques européennes. Depuis l'accord de Schengen en 1985, qui a introduit la libre circulation des citoyens au sein de l'Union européenne, la frontière n'est plus conçue comme une ligne physiquement définie, mais comme un espace dynamique qui s'étend et implique des Etats non européens. Invoquant un argument "humanitaire" de protection des migrants (des passeurs criminels et du risque mortel de la traversée de la Méditerranée), l'UE s'efforce d'empêcher tout mouvement dès son départ. En réalité, le passage en bateau vers l'Europe n'est que le dernier moment d'un long voyage qui a été marqué par de nombreux dangers bien avant d'atteindre la mer. Ce qui attend une bonne partie des migrants qui atteignent l'Europe, c'est qu'une sorte de piège au frontière du droit se referme sur eux. Dans ce livre, ce piège, c'est l'Italie de Lampedusa. Les témoignages présentés montre comment les migrants se retrouvent emprisonnés pendant des années, sans papiers, sans visas et sans argent, sans accès légal à l'emploi. Non-citoyens, ils n'ont d'autre choix que de travailler dans des conditions inacceptables. Ainsi, les personnes qui arrivent en Europe dans ces conditions forcées se retrouvent dans le segment le plus bas du marché du travail, le plus exploiteur ; elles sont à la merci de leurs employeurs et privées de tout droit - ce que l'auteur désigne à bon droit comme une forme d'esclavage. Si les discours publics et médiatiques dénoncent ces migrants comme un coût insupportable et une menace, ils se révèlent être pour certains un potentiel économique très lucratif : avec la complicité de l'Europe qui permet le maintien d'un grand nombre de gens dans une insécurité extrême, un esclavage est en effet rendu possible, avec l'accord tacite des autorités locales et la complicité de la Mafia, qui permet une exploitation par des patrons sans scrupules, d'une armée de réserve de travailleurs flexibles et interchangeables. Cela a lieu principalement en périphérie - dans les vergers du sud de l'Italie ou du sud de l'Espagne. L'horreur éprouvée face à ce traitement des migrants en Europe révèle une autre transformation du capitalisme. La misère et les dictatures laissées derrière par le colonialisme européen dans les pays du Sud, comme la pénétration des marchés locaux par des produits occidentaux fortement subventionnés, provoquent la fuite de nombreux migrants. Le recours à une main-d'oeuvre migrante et sous-payée pour financer le mode de vie impérial de l'Occident n'est pas seulement une urgence humanitaire, mais un modèle de production. L'exploitation des migrants en Calabre, loin d'exprimer l'échec du modèle économique néolibéral, constitue au contraire une condition de son fonctionnement.

04/2023

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Impressionnisme

Impressionnisme. la modernité en mouvements

On l'a souvent écrit, le XIXe siècle est le premier siècle à s'être pensé comme radicalement neuf. A partir des années 1830, l'essor de la production industrielle et la transformation des villes les plus importantes du pays sont indissociables d'un bouleversement en profondeur de toutes les couches de la société, du développement d'un mode de vie bourgeois urbain jusqu'à la misère des faubourgs ouvriers, en passant par la lente transformation des campagnes. Les peintres que nous associons à l'histoire de l'impressionnisme, ou à son périmètre naissent alors, au début des années 1830 et 1840, et assisteront à ces métamorphoses. Paul Cézanne, Edgar Degas, Claude Monet, Berthe Morisot, Camille Pissarro, Pierre-Auguste Renoir et Alfred Sisley font leur début sur la scène artistique parisienne au cours des années 1860. Ils apparaissent comme un groupe à part entière en 1874, une " avant-garde " tout à la fois célébrée et conspuée, lorsqu'ils exposent pour la première fois ensemble à Paris. Ils développent tout au long des années 1870 une peinture claire, à la facture délibérément rapide et esquissée. Rejoints par des artistes comme Gustave Caillebotte en 1876, ils font entrer dans leurs tableaux, de façon positive (Caillebotte) ou critique (Renoir) ce qu'on désigne à la suite du poète Charles Baudelaire, " la vie moderne ". Plus largement, ce que le critique Edmond Duranty appellera la " Nouvelle Peinture " en 1876 rejoint et amplifie la tendance qui poussa certains artistes, dès les années 1790, à privilégier les thèmes issus du monde moderne, sans lesquels il n'était pas d'art approprié à la nouveauté des temps et de réponse adéquate à la société contemporaine. Les impressionnistes agissent d'autant plus ainsi qu'ils doivent vite s'adapter aux nouveaux modes d'exposition, de consommation et de production de l'image. On ne saurait oublier la façon dont peinture, gravure de presse et photographie interagissent dans la seconde moitié du XIXe siècle. La modernité de l'impressionnisme, multiple, est donc travaillée par les forces contradictoires auxquelles la société est exposée en son entier : attention renouvelée au monde actuel, fidélité variable à la France des terroirs, souci des attentes d'un public transformé lui-aussi et qu'il faut atteindre en dehors des circuits traditionnels d'exposition et de diffusion, redéfinition de l'acte pictural au regard des autres médiums, en particulier la photographie. L'exposition examinera la ligne de partage, l'oscillation plutôt, qui se dessine très tôt au sein de l'impressionnisme entre l'attrait du moderne et la volonté d'exalter la nature seule, ou l'univers rustique et ses solidarités anciennes. Elle montrera comment ces oeuvres dominées par " la nouvelle vision ", couleur, facture et perspective sont repensées de façon à nous donner l'impression que l'artiste a capté un moment transitoire sans le fixer. Avec l'impressionnisme, disparaît l'idée que le réel est stable, indépendant de la perception humaine.

10/2022

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Poésie

Poèmes. Poésies et poèmes d'Arthur Rimbaud

Poésies et Poésies complètes sont les titres des deux premiers recueils des poèmes d'Arthur Rimbaud, majoritairement constitués de poèmes composés en 1870 et 1871, publiés respectivement en 1891 et 1895 (l'auteur, mort en 1891, n'y a pas contribué, et ne s'est du reste plus intéressé à son oeuvre poétique après 1875). Poésies (sous le titre Reliquaire. Poésies) a été publié en 1891 par l'éditeur Léon Genonceaux, avec une préface de Rodolphe Darzens ; Poésies complètes a été publié en 1895 par l'éditeur Léon Vanier, avec une préface de Paul Verlaine et des notes de l'éditeur. Dans certaines éditions ultérieures, le titre "Poésies" désigne plus spécifiquement les poèmes de la première période, composés en 1870 et 1871, de facture formelle classique, à l'exclusion donc des poèmes de 1872, regroupés rétrospectivement sous l'appellation "Derniers vers" ou "Vers nouveaux et chansons" , marquant une rupture stylistique. Les seuls poèmes publiés pendant la "vie littéraire" de Rimbaud furent : "Les Etrennes des orphelins" (La revue pour tous, 2 janvier 1870), "Première soirée" (La Charge, 13 août 1870, sous le titre "Trois baisers") et "Les Corbeaux" (La renaissance littéraire et artistique, 14 septembre 1872). Le premier recueil de ses poèmes fut publié en 1891 sous le titre Le Reliquaire - Poésies à l'initiative de Rodolphe Darzens (éd. Léon Genonceaux) pendant que Rimbaud agonisait à Marseille. Ce recueil comprend majoritairement des poèmes de 1870-1871, mais aussi quelques poèmes de 1872 ("Entends comme brame... " , "Age d'or" , "Eternité" , "Michel et Christine"), et plusieurs poèmes dont l'attribution à Arthur Rimbaud a par la suite été controversée et finalement abandonnée ("Poison perdu" , "Le Limaçon" , "Doctrine" , "Les Cornues"). Les Illuminations et Une saison en enfer ne font pas partie de ce recueil1. Un autre recueil parut en 1895 sous le titre Poésies complètes, avec une préface de Paul Verlaine (éd. Léon Vanier). Ce recueil comporte de même une majorité de poèmes de 1870-1871, et quelques poèmes de 1872, quoique différents ("Entends comme brame... " , "Patience / Bannières de mai" , "Jeune ménage" , "Mémoire" , "Est-elle almée ? ... " , "Fêtes de la faim"), mais aussi cinq poèmes issus des Illuminations, non publiés dans l'édition de 1886 et retrouvés ensuite par Charles de Sivry2 ("Fairy" , "Guerre" , "Génie" , "Jeunesse" , "Solde"), tandis qu'un des poèmes à l'attribution douteuse a été conservé ("Poison perdu"). Ainsi, contrairement à ce que son titre suggère, ce recueil était loin d'être complet, même en s'en tenant aux poèmes d'ores et déjà répertoriés à sa parution. Parmi les poèmes de 1870-18713 connus et désormais regroupés sous le nom "Poésies" , manquent à Poésies complètes4 : "Ce qu'on dit au poète à propos de fleurs" , "Les douaniers" , "Les mains de Jeanne-Marie" (retrouvé en 1919), "Les soeurs de charité" , "L'étoile a pleuré rose" , "L'homme juste" . Manquent à Poésies : "Les étrennes des orphelins" , "Les corbeaux" .

02/2023

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Histoire de la mode

Séduction et pouvoir. L'art de s'apprêter à la cour aux XVII et XVIIIe siècles

Entre les règnes de Louis XIV et de Louis XVI, Versailles, puis Paris, se disputent le titre de capitale de la mode. L'étiquette et le cérémonial de cour amène le roi Louis XIV et son entourage à rivaliser dans l'art du paraître et de la coquetterie. Chaque accessoire, chaque geste, chaque attitude répond à des normes, à des codes qui ne cessent de changer accompagnant ainsi les modes et les moeurs. Cette construction de l'apparence requiert de connaître les usages et les règles et de s'y conformer pour bénéficier de la faveur royale et pour attester de son identité sociale. Le corps est paré de divers artifices : perruques, maquillage, bijoux, parfums, dentelles, et objets de poche et de galanterie. Ces accessoires de mode et de beauté sont adoptés par l'aristocratie française et les visiteurs de la cour de France sous l'Ancien Régime qui rivalisent d'audace et de raffinement dans le choix des parures. L'aristocratie, à la suite du roi, tient à marquer son rang et sa spécificité en adoptant un véritable dress code qui lui permet de signifier à l'extérieur son statut sociologique. Les costumes sont complétés par différents atours : broderies, dentelles, rubans qui rivalisent de sophistication et de raffinement. Associant finesse d'esprit et sophistication, les accessoires de mode, les produits de beauté et l'art du parfum, exaltent cette quête délicate des femmes et des hommes du XVIIIe siècle. Cette culture du paraître s'accompagne d'une parfaite maîtrise de soi et des expressions du visage : fards, poudres, mouches et parfums concourent à une monotonie d'apparence. Il convient de ne rien laisser paraitre dans cette course à la faveur royale. L'impératif de séduction s'inscrit dans une double dialectique : un mimétisme envers le roi et le pouvoir et une nécessité de s'en affranchir pour se faire remarquer et mieux révéler son statut social. Ainsi à la fin du XVIIe, puis au XVIIIe siècle se développe un intérêt pour la galanterie de poche, qui réunit de petits objets précieux, tabatières, éventails, carnets... que l'on porte sur soi et qui peuvent être de véritables petits bijoux ou oeuvres d'art. Cette culture de cour se transforme progressivement au XVIIIe siècle. La mode, les pratiques d'hygiène et les critères de beauté évoluent. Si perruques et fards perdurent, ils s'estompent pour laisser place au naturel dont la cour apparaît pourtant comme l'antithèse, manquant de sincérité et de transparence. Cette culture de l'apparence se déporte alors de la sphère curiale à la sphère domestique gagnant peu à peu l'ensemble de la société urbaine. Une typologie commune de vêtements et d'accessoires de mode s'étend bientôt à l'ensemble des classes sociales. Qu'elles soient rhétoriques ou esthétiques, ces armes de séduction servent l'esprit d'une société élitiste où se mêlent des enjeux amoureux, politiques et religieux. La différenciation des classes se manifestera alors par l'usage de matériaux très précieux et par la création d'objets du plus grand raffinement qui permettront aux classes les plus élevées de continuer à se distinguer. Le catalogue réunit une centaine d'objets du plus grand raffinement présentés au sein d'un parcours qui les met en scène de la tête aux pieds. De la perruque aux chaussures, en passant par le maquillage et le parfum, les dentelles, broderies, bijoux et les objets de galanterie de poche. Ces objets proviennent des collections du MAD, du musée du château de Versailles et de Trianon, du musée national de la Renaissance d'Ecouen, du musée du Parfum Fragonard, du musée de l'Horlogerie à Morteau, du musée des Beaux-arts et de la dentelle d'Alençon et de plusieurs collections particulières et d'entreprises.

04/2023

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Beaux arts

Pérégrinations. Paysages entre nature et histoire

Cet ouvrage a reçu 3 prix consécutifs : le Prix de l'Académie ds Beaux-Arts-Prix Bernier 2018, le Prix Vitale et Arnold Blokh 2018 et le Prix Pierre Daix 2018. Le paysage n'existe que dans l'oeil de celui qui le regarde. Il faut donc suivre les pas de l'homme en marche si l'on veut comprendre comment notre rapport au monde et à l'histoire se dessine : par la confrontation de l'individu et de la nature. Car le paysage, c'est la nature éprouvée : nature traversée, nature possédée, nature sublimée, nature terrifiante, nature qui échappe à qui tente de la conquérir. L'artiste qui s'adonne au genre du paysage nous offre bien plus qu'une simple représentation de morceaux de nature. Il se fait archéologue, scrutant comme dans un livre le sol où affleure la mémoire de l'histoire humaine, sous forme de traces. Ecrire l'histoire du paysage à l'époque contemporaine c'est aussi faire le constat d'une relève : celle qui voit, à partir du début du XIXe siècle, la peinture de paysage se substituer progressivement à la peinture d'histoire afin de porter le grand récit de l'humanité dans ses tentatives de connaître et de façonner le monde. Un genre s'épuise, un autre s'épanouit afin d'explorer d'autres formes de représentation, et d'interrogations. Lorsque le sculpteur français David d'Angers, contemplant La Mer de Glace dans l'atelier de Caspar David Friedrich, à Dresde, dit que le peintre est l'inventeur d'un genre nouveau, "la tragédie du paysage" , c'est cela qu'il désigne. Cette manière, qui va traverser toute la période contemporaine, de faire du paysage le lieu de l'enfouissement et de l'émergence de l'histoire. Parce que l'histoire devient un présent qui saute à la gorge - révolutions, guerres, massacres, génocides -, les artistes se tournent de façon privilégiée vers le paysage comme une forme capable d'accueillir l'innommable en son sein et d'exprimer ce qui aveugle, terrifie, ou fascine. Peintres, dessinateurs, photographes, de Goya à Sophie Ristelhueber, d'Otto Dix à Zoran Music et Anselm Kiefer, vont s'affronter au paysage comme à ce lieu où peut se manifester l'inquiétude de l'homme face à l'histoire. Mais aussi son désir, ses croyances, et sa liberté. Ce sont les étapes de cette aventure de l'homme au monde que nous suivons dans cet ouvrage : paysages de ruines, paysages en guerre, paysages où l'on foule une histoire oscillant entre affleurement et invisibilité, paysages qui nous confrontent à l'indifférence du monde, sont quelques-uns des thèmes qui racontent les pérégrinations inquiètes de l'homme contemporain marchant dans le monde à la recherche de sa propre trace. C'est enfin une méditation personnelle sur la nécessité qu'éprouvent tant d'artistes, aujourd'hui, d'avoir recours au paysage pour affronter ce que le XX° siècle nous a légué de plus terrible : l'anéantissement sans traces. Le paysage s'impose comme l'une des formes majeures, pudique et émouvante, de l'histoire contemporaine.

11/2017