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Heidegger

Extraits

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Critique littéraire

Psychanalyse & culture littéraire

Si la psychanalyse peut rejoindre sur une ligne de parcours commun l'activité du critique, c'est à coup sûr par une première analogie de destin : tout autant que l'analyste avec son patient, le critique a avec l'oeuvre littéraire des relations de sujet à sujet ; à lui de savoir ce qu'il demande à la littérature, à lui de se situer relativement à elle. Le premier gain singulier de la psychanalyse en ce domaine ne serait-il pas de permettre de donner au critique, au moi-critique, sa place et de le situer ? La question posée d'une manière permanente, qu'est-ce que la littérature ou que peut la littérature ? si elle était traitée avec sérieux et franchise, c'est-à-dire posée à des consciences, ou des inconscients singuliers, devrait se muer en celle-ci, qui est le problème du critique, que peut la littérature pour moi ? En quoi m'importe-t-elle dans ma problématique personnelle ? "Nous avons entendu quand nous faisons partie de ce qui est dit", a déclaré Heidegger. En fait, psychanalyse et littérature sont des champs de relations de nous-mêmes à nous-mêmes, et de nous à autrui, où ce qui est dit nous contient, ou nous tient, parce que nous y sommes contenus, et qu'il n'est pas d'autre position d'écoute que cette appartenance subjective. Aussi croyons-nous que le problème de la critique est celui du critique : on ne choisit pas sa "méthode" au fond de son cabinet, ou en consultant l'ample panoplie des "sciences humaines" sans lesquelles, à en croire la presse à grand tirage ou la radio, il est vain d'espérer être de son temps. Le choix méthodologique n'est ni arbitraire ni scientifique. Il est personnel et induit un mode de relations avec la littérature. S'il s'agit surtout de la psychanalyse, il pose tout le problème de la "chose" analytique.

05/2019

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Récits de voyage

Le voyage en Grèce. Anthologie du Moyen Age à l'époque contemporaine

Le voyage en Grèce, depuis toujours, est vécu comme un retour aux origines. Au pays d'Homère bat le cœur même de l'Europe. Et tous ceux qui ont arpenté le Péloponnèse, prié sur l'Acropole, navigué d'île en île ont retrouvé, à l'instar d'Ulysse, leur patrie. Le voyage, ici, n'est pas un divertissement, mais une initiation. Ainsi, le marquis de Nointel, ambassadeur du Roi-Soleil, descend-il avec cordes et échelles dans la grotte d'Antiparos et en ressort-il métamorphosé. Il a vu, dans cette île des Cyclades, une vraie merveille, " un abrégé du monde ". Avec un sens inouï du spectacle, il décide de célébrer là les fêtes de Noël de 1674. Plus de cinq cents personnes assistent à la messe de minuit célébrée dans cette cathédrale improvisée, une stalagmite servant d'autel, illuminée par l'étoile du Berger suspendue à la voûte. Trois siècles plus tard, le philosophe Martin Heidegger fait sa première croisière en mer Egée. Ce périple conforte ses intuitions : la Grèce est la terre des commencements, des fondements de la pensée européenne. Cette anthologie de récits de voyage en Grèce est la première qui paraît en français. Elle invite le lecteur à découvrir ou à redécouvrir un univers à la fois familier et inconnu en mettant ses pas dans ceux de ces pèlerins du Moyen Age qui, venant de Venise, s'arrêtent en Grèce avant d'appareiller pour d'autres lieux saints, ou dans ceux de ces archéologues qui espèrent retrouver le trésor de Priam perdu devant Troie, à moins que ce ne soit dans ceux d'auteurs contemporains, comme Simone de Beauvoir, Jacques Lacarrière ou Tim Severin. Paysages, monuments, habitants aux mœurs empreintes tantôt de majesté antique, tantôt de pittoresque moderne, défilent devant les yeux du voyageur ébloui. Même l'un des plus blasés reconnaissait qu'il " en était revenu autre " (Raymond Queneau).

05/2003

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Autres

Hospitalité. Tome 1, Séminaire (1995-1996)

Qu'appelle-t-on un étranger ? Comment l'accueille-t-on ? Comment le refoule-t-on ? Quelle différence entre un autre et un étranger ? Qu'est-ce qu'une invitation, une visite, une visitation ? Comment la notion de l'étranger s'inscrit-elle dans la langue ? Quelle est son histoire européenne, et d'abord grecque ou latine ? Comment se distribue-t-elle dans les espaces de la parenté, de l'ethnie, de la Cité, de l'Etat, de la nation ? Comment analyser aujourd'hui, notamment en France et en Europe, la pertinence et les enjeux de l'opposition ami/ennemi ? Compte tenu de mutations technologiques (par exemple dans la structure et la vitesse de la communication), qu'en est-il des frontières, de la citoyenneté, des droits dits du sol ou du sang, des populations déplacées ou déportées, de l'immigration, de l'exil ou de l'asile, de l'intégration ou de l'assimilation (républicaine ou démocratique), de la xénophobie ou du racisme ? Ces questions sont travaillées par Jacques Derrida à travers des lectures croisées de grands textes classiques (de la Bible, de Sophocle ou de Platon - et surtout du fameux article de Kant sur le droit cosmopolitique à l'hospitalité universelle dans Vers la paix perpétuelle) et modernes (de Heidegger, de Benveniste sur l'ipséité ou sur le rapport hospes/hostis, d'Arendt sur le déclin de l'Etat-nation, de Roberte ce soir de Klossowski), mais aussi à propos de débats en cours au sujet de l'immigration ou du droit d'asile en France et en Europe. La réflexion préliminaire de Derrida dans cette première année de son séminaire " Hospitalité " est structurée par la distinction rigoureuse, quoique sans opposition, entre deux logiques hétérogènes qui risquent toujours de se pervertir l'une l'autre : celle d'une hospitalité stricte et conventionnelle (toujours finie, conditionnelle et subordonnée à la maîtrise du chez soi ou de l'ipséité) et l'idée d'une hospitalité inconditionnellement ouverte à l'arrivant. Séminaire établi par Pascale-Anne Brault et Peggy Kamuf.

11/2021

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Philosophie

La raison

La raison est-elle cette faculté naturelle en l'homme qu'a décrite une certaine tradition philosophique ? En vérité non, elle a une histoire, ou plutôt, est histoire. Configuration culturelle, elle a un lieu et une date de naissance donc un devenir. La question aujourd'hui, qui ne paraîtra intempestive qu'aux aveugles, est de savoir si nous n'assistons pas à son déclin. Analyse de la notion. Sous le terme de logos, le monde grec n'entend pas une propriété qui ferait de l'homme une exception dans la nature, mais la structure complexe des harmoniques en lesquelles se dit l'identité de la pensée et de l'être. Le XVIIe siècle, identifiant la raison à l'humanité, en consacre la souveraineté sur le monde. Mais n'y a-t-il pas là une illusion par laquelle, les pouvoirs de la rationalité semblant pourtant ainsi affirmés, la puissance libératrice de la raison est en fait occultée ? Sans doute, cette puissance est-elle pleinement avérée par une raison saisie dans son mouvement dialectique et sa fondamentale historicité. Mais le règne apparemment sans partage de la rationalité calculatrice à l'époque contemporaine ne signe-t-il pas, sinon la mort, du moins l'atrophie de la raison ? Etude de textes. Platon, dans un texte fameux du Phédon, donne l'occasion à Socrate d'énoncer la décision rationnelle fondatrice de la philosophie. Cette décision, bien loin de nous exiler en quelque lieu étranger, nous renvoie à nous-mêmes et à l'essentielle question de notre bonheur : le Livre X de l'Éthique à Nicomaque d'Aristote exprime cette solidarité forte de la rationalité et de la vie heureuse. Tournant le dos à l'exigence eudémoniste, la Critique de la raison pratique de Kant fait de la raison, saisie en sa pleine autodétermination, le fondement de la norme morale. C'est de l'abandon de cette visée normative que Heidegger, dans Que veut dire " penser " ? prend acte en opposant les droits de la pensée aux prétentions de la raison.

01/2005

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Notions

Ce qui nous soulève. Tome 2, Imaginer recommencer

InsoliteCNL – De quoi procèdent nos gestes de soulèvement ? D'une certaine puissance à en finir avec quelque chose. Mais, aussi, à imaginer que quelque chose d'autre est en train de recommencer. Ce livre propose les éléments d'une anthropologie de l'imagination politique dont on s'apercevra, très vite, qu'elle ne va pas sans une philosophie du temps et de l'histoire. A la structure tous azimuts du premier volume de cette enquête répond ici un propos concentré sur le moment politique, intellectuel et artistique lié au soulèvement spartakiste de 1918-1919 en Allemagne.

Que se passe-t-il lorsqu'une révolution, ayant chez beaucoup fait lever l'espoir, se trouve écrasée dans le sang ? Que reste-t-il de cet espoir ? On découvre qu'à partir du Malgré tout ! lancé par Karl Liebknecht et Rosa Luxemburg à la veille de leur assassinat, c'est toute la pensée moderne du temps et de l'histoire qui se sera trouvée remise en chantier, " recommencée " : notamment par Ernst Bloch et Walter Benjamin, les deux personnages principaux de ce livre (qui s'opposèrent à la pensée du temps mise en place, à la même époque, par Martin Heidegger). C'est toute une constellation qui gravite ici autour de Bloch et de Benjamin. Elle compte des penseurs tels que Hannah Arendt ou Theodor Adorno, Martin Buber ou Gershom Scholem ; mais aussi des écrivains tels que Franz Kafka ou Kurt Tucholsky ; des dramaturges tels que Bertolt Brecht ou Erwin Piscator ; des artistes visuels tels que George Grosz ou John Heartfield, Käthe Kollwitz ou Willy Römer. La leçon que nous proposent ces survivants d'une " révolution trahie " est considérable. Elle innerve toute la pensée contemporaine à travers le prisme de l'imagination politique. Elle nous incite à repenser l'utopie à l'aune d'un certain rapport entre désir et mémoire : ce que Bloch nommait des images-désirs et Benjamin des images dialectiques. Elle nous aide, ce faisant, à ouvrir la porte et à faire le pas.

10/2021

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Philosophie

Lignes de front

„Parfois, il faut hurler pour se faire entendre." Auteur, philosophe, artiste, féministe, enseignante, agitatrice, Avital Ronell fait feu de tout bois. Herméneutique, psychanalyse, philologie, amant de cordes à son arc textuel. Et la diversité de ses angles d'attaque (qu'elle sample avec ce mélange d'intuition et d'ironie, de vitesse et de précision interprétative qui font sa marque) lui permet de diagnostiquer les symptômes du „ monde" déchiré qui nous incombe. Le présent recueil nous entraîne sur des terrains accidentés, mouvants, bouleversés, qui se raccordent peu à peu pour composer d'étranges paysages réels. La première ligne de front" nous fait remonter jusqu'à un naufrage dans les eaux territoriales japonaises, en septembre 1944 : le plus jeune pilote de l'US Nasy, un certain George H. W. Bush, attend d'être secouru sans se douter encore qu'il sera le dernier président des Etats-Unis à avoir combattu au cours de la Deuxième Guerre mondiale et qu'il ordonnera un jour l'invasion de l'Irak. Nous nous retrouvons ensuite à New York le 3 juin 1968. jour où Valerie Solanas, l'auteur féministe radicale du SCUM Manifesto, tire trois coups de revolver sur Andy Warhol. Ronell nous conduit enfin sur la double scène d'un „ dialogue" entre Allemands qui passe nécessairement par la part irréductible de l'étranger : à Bordeaux, vers 1802, Friedrich Hölderlin écrit l'un de ses plus beaux poèmes, où surgissent de mystérieuses figures de femmes brunes à Fribourg-en-Brisgau, au cours du semestre 1941-1942, Martin Heidegger consacre à ce poème un séminaire entier, et doit du coup se mesurer au trouble que ces silhouettes féminines suscitent en lui. Un émouvant hommage à Philippe Lacoue-Labarthe, qui fut l'un des maîtres de Ronell, suivi d'une brève méditation inspirée par Jean-François Lyotard, conclut le triptyque, par ailleurs précédé d'un avant-propos inédit.

10/2010

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Philosophie

Xavier Zubiri. La solitude sonore Tome 3 (1941-1983)

Les premiers volumes de cette biographie de Xavier Zubiri brossaient un portrait de ce philosophe par vocation, et prêtre malgré lui, qui déjà s'était frotté aux plus grands courants de pensée de l'époque contemporaine. Après la Guerre civile, le tome 3 retrace l'histoire de ses grandes oeuvres, dans une solitude accrue, mais féconde. On retiendra avant tout Naturaleza, Historia, Dios (1943) Sobre la esencia (1962), Inteligencia sentiente (1981-1982), trilogie avec laquelle il conclut son oeuvre. On y trouvera la collaboration de son disciple le Jésuite Ignacio Ellacuria, l'un des Jésuites qui ont initié la théologie de la libération, d'inspiration zubirienne et non marxiste. Ignacio, collaborateur et vulgarisateur de Zubiri, sera assassiné au Salvador en 1990. Il est impressionnant de constater comment un homme qui s'est tenu strictement en marge de l'action politique a pu influencer des hommes engagés en politique, en les libérant de leurs idéologies par la réflexion philosophique : Zain, Aranguren, Marias, Ochoa, Schrödinger, Ruiz-Giménez, gravitent autour de lui, publient en s'inspirant de lui, de ses livres et de ses nombreux cours encore inédits. Quatre générations de philosophes, en activité et futurs philosophes, se réunissent pendant dix ans au Séminaire Zubiri : la génération de 1927, celle de 1940, celle de l'ouverture vers l'Europe, et celle qui succède au 1968 français. Et ensemble, ils collaborent autour du vieux philosophe dans le cadre de la Société des Etudes et des Publications. Un livre qui inspirera aussi bien les séminaires de philosophie que les historiens, et les hispanistes. Celui qui était professeur invité à Fribourg quand Lévinas y étudiait, mériterait d'être connu et étudié en France. Cette biographie situe Zubiri dans un horizon phénoménologique, en dialogue avec Husserl et Heidegger, et toujours attentif aux nouveaux développements scientifiques et théologiques depuis son effort pour décrire le réel de la façon exacte dont il se manifeste dans les actes humains.

09/2013

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Littérature française

Oeuvres complètes. Volume 12, Articles

"Historiens, sociologues, ethnologues ou rêveurs, économistes et philosophes (dussent-ils traîner les pieds), artistes ou poètes et nous qui passons par là sommes conviés à cet étrange banquet de la pensée. Son actualité et sa force ne vont pas manquer de remuer. Les deux derniers volumes des oeuvres complètes de Georges Bataille couvrent une activité décisive et considérable : elle tient en cent vingt-sept longs articles, aujourd'hui méconnus, écrits entre 1944 et 1949 (tome XI), 1950 et 1961 (tome XII) : "Seule la mort se dérobe à l'effort d'un esprit qui s'est proposé de tout embrasser." La plus grande partie d'entre eux a été rédigée pour la revue que Bataille fonde et dirige à partir de 1946, Critique. Mais d'autres ensembles au ton très singulier (pour Troisième convoi ou Botteghe Oscure) se dégagent et font cavalier seul. Pour mieux marquer le mouvement de la pensée, l'ordre chronologique a été ici suivi. Voici donc regroupée et lisible cette impressionnante somme qui, au fond, sert d'exercice préparatoire, d'escorte et de commentaire permanent aux livres imprimés : pour Bataille, le premier sous son nom date, on le sait, de 1943, il a alors quarante-sept ans ; c'est L'expérience intérieure. On assiste ici à une extraordinaire dépense énergétique qui couvre les dix-huit dernières années de sa vie. Toutes les polémiques, tous les débats de l'époque, toutes les amitiés y figurent en première ligne : Breton, Sartre, Heidegger, Char, Prévert, Blanchot, Beckett, Miller, Camus, Masson, Leiris... Les études sont longues, attentives, fouillées. Elles prétendent donner un aperçu de l'esprit humain dans tous les domaines. Elles révèlent une pensée en travail, en état de recherche, d'excitation et de jeu, au jour le jour. A mi-route entre la parole vive et le livre, elles évoquent le rythme, la pulsation et parfois, ponctuation aidant, la respiration de "l'imperceptible colère du bonheur" qui les porte". Francis Marmande.

04/1988

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Notions

Un avenir problématique. Education et responsabilité d'après Hans Jonas

Quelle Terre allons-nous laisser à nos enfants et pourront-ils y mener une existence d'hommes et de femmes capables d'exercer à leur tour leurs responsabilités ? Telle est la question que pose le philosophe Hans Jonas (1903-1993) et qui est désormais la nôtre dans notre monde problématique menacé par les catastrophes écologiques et sanitaires. Cet ouvrage s'efforce de reconstruire la pensée ontologique, éthique et politique de Jonas et d'en dégager les implications éducatives. Il la resitue dans le contexte de la philosophie allemande du XXe siècle et de la réflexion sur la technique moderne que développent les disciples dissidents de Martin Heidegger, comme Hannah Arendt et Günther Anders. La pensée de Jonas et particulièrement son maître livre, Le Principe responsabilité, s'avère d'une singulière actualité et permet de nourrir nombre de nos questionnements sur l'anthropocène, l'écologie politique et l'éducation à la responsabilité. Le principe de précaution est-il à la hauteur des catastrophes qui s'annoncent ? Que penser du bio-pouvoir et de l'état d'urgence sanitaire ? La démocratie est-elle la mieux armée pour gérer les crises de l'anthropocène ? Comment interpréter les interpellations culpabilisatrices d'une certaine jeunesse accusant les adultes d'irresponsabilité devant l'avenir ? Penser d'après Jonas c'est se laisser interpeller par une pensée radicale tout en soulignant, d'un point de vue critique, les tensions qui traversent son oeuvre entre le souci de la survie et celui de la dignité humaine, entre paternalisme et exigence d'autonomie. Quelles sont les implications politiques et éducatives de telles tensions qui sont les nôtres aujourd'hui ? Penser avec et quelques fois contre Jonas est une aventure, qui, loin de se clore sur des réponses définitives, ouvre de nouveaux questionnements. Cet ouvrage s'adresse aux chercheurs, formateurs, éducateurs, enseignants ainsi qu'au public cultivé soucieux des enjeux de la responsabilité politique et éducative dans le monde problématique d'aujourd'hui.

05/2021

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Ouvrages généraux

Dire oui au monde. Une théorie de la fête

Qu'est-ce qu'une fête ? D'où nous vient cette incroyable audace, par exemple, de fêter un anniversaire ? Sommes-nous si sûrs qu'il est bon d'être né et de vieillir ? Ne cherchons-nous pas, par des soirées hypnotiques et alcoolisées, à oublier que nous sommes misérables et promis à la mort, et que pendant ce temps des multitudes ploient sous la violence et l'injustice ? Et pourtant, plus que nous autres repus de marchandises, les pauvres ont le sens de la fête, et ils savent célébrer la moindre lueur. Dans ce grand petit livre, Josef Pieper s'efforce de dégager le fondement de toute vraie fête et de distinguer celle-ci des pseudo-fêtes et des anti-fêtes que nous multiplions dans une effervescence complice de la destruction. Partant des cultes païens et de la louange chrétienne, il analyse les fêtes de la Révolution française et celles du 1er Mai soviétique ou nazi, pour arriver au consumérisme actuel et poursuivre jusqu' à la fin des temps : quel est le seul motif de se réjouir qui tienne au milieu des ténèbres, et qui nous donne mission d'y être des témoins de la clarté ? Préface de Fabrice Hadjadj AUTEUR Josef Pieper (1904-1997) est l'un des plus grands philosophes du XXe siècle. Sa pensée, se déployant à l'école de saint Thomas d'Aquin, mais assumant aussi Platon, Nietzsche et Heidegger, a fortement influencé celle du pape Benoît XVI. Philanthropos est un institut universitaire situé à Fribourg (Suisse) qui propose une année de formation intégrale par la philosophie, la théologie, les sciences humaines et le théâtre. Son activité académique se déploie dans le cadre d'une vie communautaire, de sorte que l'étude n'y apparaît pas comme une spécialité, mais comme ce qui jaillit de la vie quotidienne et y retourne pour l'illuminer. Il s'agit de se mettre, en somme, à l'école du Verbe fait chair.

02/2022

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Spécialités médicales

Oeuvres complètes. Tome 2

Ce second volume des oeuvres complètes d'Arthur Tatossian (1929-1995) contient des textes parus entre 1970 et 1978, textes qui correspondent a sa prise de fonction comme Chef de Service de Psychiatrie a l'Hôpital Sainte-Marguerite de Marseille, service nouvellement créé et qu'il a organisé selon ses conceptions novatrices. Au fil des chapitres, le lecteur voit se déployer le large spectre de compétences nécessaires clans la clinique appliquée a la psychiatre et l'intérêt, pour l'appréciation du vécu du patient, de la Phénoménologie. Les travaux d'A. Tatossian montrent qu'un psychiatre doit être à la lois clinicien et chercheur et ce sont justement ces qualités-là de l'auteur ainsi que son aptitude à transmette à la fois la méthodologie et les connaissances qui ont contribué a sa réputation et en ont fait une figure incontournable de la psychiatrie contemporaine et en particulier de la Phénoménologie, inspirée essentiellement par Husserl, Heidegger, Binswanger, Tellenbach. Les thèmes abordés ici sont toujours d'actualité et conduisent a s'interroger sur l'origine de la pathologie et sur la thérapeutique la plus adaptée par exemple au cours de la toxicomanie ou lors de pathologies rares et peu connues - comme par exemple le syndrome de Kleine-Levin et les algies faciales - ou plus connues comme la dépression, le vieillissement clans la maladie mentale, la cancérophobie, le transsexualisme, le vagabondage.... L'antipsychiatrie est aussi abordée. D'autres travaux portent sur la classification en psychiatrie, sur la communication avec les malades mentaux et aussi entre professionnels par exemple entre médecins psychiatres et médecins non psychiatres. Les publications datant d'après 1968, la notion de l’autonomie sociétale du patient apparaît.. Dans tous ses travaux, l'auteur insiste sur l'importance de cet aspect sociétal qui influence toujours les manifestations pathologiques observées. La psychiatrie phénoménologique est ici pleinement développée. L'auteur a inséré l'approche phénoménologique a la clinique, démontrant que c'est la seule position qui permet au psychiatre, et au clinicien en général, de comprendre le vécu du patient et d'adapter la thérapeutique aux possibilités de ce dernier.

07/2019

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Philosophie

D'un ton guerrier en philosophie. Habermas, Derrida & Co

Autrefois, Kant s'était étonné dans un opuscule " d'un ton grand seigneur adopté naguère en philosophie ". En 1983. Jacques Derrida s'en était inspiré pour publier D'un ton apocalyptique adopté naguère en philosophie. Nous étions alors à l'aube d'une guerre de quinze ans qui déchira l'Europe philosophique à la fin du siècle dernier. Il était question, à travers le brutal conflit qui opposait Jurgen Habermas et Jacques Derrida, de déconstruction et de reconstruction de la raison, de l'héritage de l'Aufklarung et même du destin de la philosophie, sur une ligne de front dessinée entre l'époque de Hegel et celle de Nietzsche. puis légèrement retouchée à celle de Husserl, Heidegger et Adorno. Cela se passait entre Francfort et Paris, mais Derrida avait déjà été engagé dans d'autres guerres dessinant une géographie plus complexe. A Paris même, où Michel Foucault et Pierre Bourdieu l'avaient accusé d'être trop conventionnel et pas assez politique, ce qui remet sérieusement en cause la représentation d'une French theory censée être née au Quartier latin vers 1968 avant de s'exporter comme pensée tout uniment " post-moderne ". Entre Paris et la Californie, où John R Searle l'avait attaqué pour mécompréhension de la révolution dans la théorie du langage née à Oxford sous les auspices de John Austin, ce qui éclaire différemment les relations entre philosophies dites " analytique " et " continentale ". En Amérique enfin, entre divers départements de philosophie et de littérature, ce qui permet de découvrir, grâce à des médiateurs comme Richard Norte. une réception de son oeuvre plus contrastée qu'il n'y paraît. Les belligérants se sont cependant réconciliés au point de devenir amis, en sorte que l'on peut méditer ces deux propos : " Philosopher c'est aussi douter du sens de la philosophie " (Habermas) ; " Un philosophe est toujours quelqu'un pour qui la philosophie n'est pas donnée " (Derrida). A l'aune de telles convictions convergentes. il était peut-être inutile de faire un drame d'un désaccord. Mais c'est ainsi : une affaire exemplaire de guerre et de paix en philosophie offre une occasion de revenir sur son histoire, ses territoires et les manières de la pratiquer.

01/2011

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Philosophie

ECRIRE A LA LUMIERE. Le philosophe et l'ordinateur

Cet essai traite du mode d'existence de la philosophie à l'âge de l'ordinateur et, du rapport indissociable entre écriture et instrument employé. L'idée n'est pas récente : Platon considérait l'écriture à la plume et à l'encre comme une activité infructueuse, et se servait de l'expression écrire à l'eau pour la distinguer de l'écriture dans l'âme. Contenant plus d'une ambiguïté, cette expression permet d'aborder une série de questions sur les rapports entre la philosophie et la technique d'écriture utilisée. Il s'agit notamment de s'interroger sur les préférences des philosophes pour certaines techniques et de reconsidérer leurs théories de l'écriture à la lumière de l'écriture électronique. En partant des espoirs bien précis que nourrissait Platon au sujet du discours oral et du discours écrit, une première analyse cherche à déterminer s'il aurait renoncé à écrire ses dialogues au moyen de l'ordinateur. L'enquête se poursuit chez Heidegger où l'apparente préférence pour l'écriture à la main conduit inévitablement à replacer la philosophie heideggerienne de la technique dans le cadre des technologies les plus avancées. Sont évaluées, en outre, les implications d'une technogrammatologie chez Derrida, théorie de l'écriture qui inclut également l'emploi de l'ordinateur. Puisque la question de la technique utilisée joue un rôle majeur dans ce débat, il importe également de prendre en considération les différentes formes d'expression de la philosophie, le fait que l'ordinateur rend possibles de nouvelles écritures et lectures, et les déplacements qui s'opèrent entre écriture privée, écriture publique et écriture collective. Sont ainsi pris en compte l'expérience de la lecture selon les phénoménologues, l'apport de l'esthétique dans le multimédia, sans oublier la transformation du code éthique depuis l'informatisation de la société et la quête d'une altitude adéquate face aux nouvelles technologies envahissantes. Et à l'arrière-plan de ces différentes approches, se dessine la recherche d'une possible coexistence des différentes techniques d'écriture caractérisée par les mots à la fois et superposition, traits caractéristiques et répétitifs de cet essai.

03/1999

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Levinas

Levinas avant la guerre. Une philosophie de l'évasion

"J'avais alors une abondante chevelure très noire" : Emmanuel Levinas a dépeint ainsi, à plus d'un demi-siècle de distance, le jeune homme qu'il était en ce début des années 1930 où commençait son chemin de pensée. En se penchant sur ses premiers écrits, Joëlle Hansel invite à opérer une conversion du regard que l'on porte habituellement sur l'oeuvre de Levinas. Avant l'éthique si familière, il a élaboré une philosophie de l' "évasion" où il n'est pas encore question d'autrui. La liberté - et non la responsabilité pour autrui - est l' "humanité même de l'homme" : cette conviction traverse l'oeuvre du jeune Levinas, conçue dans un climat marqué par l'approche de la guerre et le "pressentiment de l'horreur nazie" . Se libérer de l'enchaînement à une existence dont les événements tragiques qui marquent l'actualité font ressentir la "brutalité et la pesanteur" ? ; se défaire du lien par lequel l'hitlérisme "rive" l'homme à son corps et le Juif, à sa judéité : les exigences qui s'imposèrent au jeune philosophe servent à J. Hansel de fil d'Ariane. Levinas phénoménologue, mais aussi philosophe français, formé à l'école de Bergson et de Brunschvicg, en débat avec Jean Wahl, Louis Lavelle et Gabriel Marcel ; Levinas abordant Husserl "en philosophe" et initiant dès 1932, une critique de Heidegger à laquelle la "sympathie" hitlérienne de ce dernier ne fut pas étrangère ; Levinas, penseur du moi solitaire en quête d'évasion ; Levinas, exaltant un judaïsme entendu comme religion, et non comme éthique : J. Hansel suit pas à pas le mouvement initial de la pensée lévinassienne, ainsi que les évolutions et les renversements qu'elle a subis en allant "de l'être à l'autre" . Ancienne élève de l'ENS, Joëlle Hansel est directrice de programme au Collège International de Philosophie. Membre fondateur de la Société Internationale de Recherche Emmanuel Levinas et directrice de la collection SIREL/Actualité de Levinas aux éditions Manucius. Spécialiste de l'histoire intellectuelle du judaïsme italien et de la relation entre kabbale et philosophie, ses travaux portent également sur Levinas et Jankélévitch (Jankélévitch. Une philosophie du charme, Manucius, 2012).

06/2022

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Philosophie

La plus belle histoire de la philosophie

C’est une longue épopée, engagée depuis l’Antiquité, qui se poursuit encore aujourd’hui, une aventure pleine de passions, de révoltes, de revirements et de coups de génie. Telle est l’histoire de la philosophie, vue et racontée par Luc Ferry : une conquête obstinée, menée au fil des siècles par une poignée d’explorateurs qui, soudain, trouvent une nouvelle clef pour donner un sens à la condition humaine et bouleversent fondamentalement notre manière de penser. Pourquoi et quand s’est-on mis à philosopher ? Comment les grands concepts se sont-ils succédé au fil des siècles ? Comment et pourquoi Platon, Descartes, Montesquieu, Hegel, Schopenhauer, Marx, Nietzsche, Freud, Heidegger, et quelques autres – les grands défricheurs de la pensée ne sont pas si nombreux – ont-ils eu soudain l’intuition qui a tout changé ? Dans un dialogue limpide et sans jargon avec Claude Capelier, Luc Ferry déroule le fil chronologique depuis les origines antiques jusqu’à nos jours et décrit les six grandes étapes décisives qui nous ont ouvert un nouvel univers. On le verra, l’histoire de la philosophie, comme celle de l’art, n’aime pas la ligne droite, elle connaît des zigzags, des revirements, parfois des errances, et les grandes idées d’autrefois n’ont pas forcément perdu leur pertinence. Pourtant, Luc Ferry le raconte ici, elle semble quand même avancer dans un certain sens – oserait-on même parler d’un certain progrès ? Plus on explore, plus on défriche et plus on s’approche de l’intime, de l’essence de l’homme. Et c’est la grande originalité de ce livre que de nous faire apparaître la philosophie comme une quête essentielle, à la fois millénaire et furieusement actuelle. Où en est-on à l’heure de la globalisation, des espaces virtuels et des intégrismes recyclés d’un autre âge ? Comment répondre à notre désarroi face à un monde qui, une fois encore, nous glisse entre les doigts ? Par l’amour, suggère le philosophe, ce concept à la fois si banal et si complexe, susceptible de nous offrir une meilleure compréhension de notre temps, et peut-être de nous-mêmes.

01/2014

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Religion

HISTOIRE DES RELIGIONS ET DESTIN DE LA THEOLOGIE. Volume 3

Théologien, historien, philosophe, sociologue et homme politique libéral, Ernst Troeltsch (1865-1923) fait partie du groupe des théologiens protestants allemands appelé " Ecole de l'histoire des religions ". Revendiquant l'héritage de Kant et de Schleiermacher, proche de Max Weber et du néo-kantisme de l'Ecole de Bade, Troeltsch est le théoricien classique du néo-protestantisme. Surtout connu en France comme sociologue de la religion, il est redécouvert aujourd'hui comme philosophe et théologien, éclipsé un temps par Barth, l'existentialisme et Heidegger. Les huit essais rassemblés ici sont écrits à l'horizon d'une réflexion sur le religieux marquée par les sciences humaines et sociales et par une conscience accusée de la pluralité des formes de la religion. Troeltsch y dessine un programme qui inscrit délibérément la théologie dans une perspective historique, tout en s'efforçant d'articuler approche empirique et interrogation touchant les jugements de valeur. Il récuse ainsi toute tentative pour faire valoir un domaine théologique réservé : non seulement le christianisme n'est pas la religion dans sa forme achevée ou " absolue ", mais les tentatives pour déterminer une " essence " du christianisme par-delà ses inscriptions socioculturelles diverses devront également être refusées. En désenclavant la réflexion théologique, Troeltsch oblige à redéfinir son objet et son statut : elle ne sera plus explicitation du croire, mais devra esquisser une théorie du christianisme précisant le statut, la fonction et les limites du religieux dans une modernité marquée par la diversification des instances de rationalisation et de légitimité. Ce faisant, son propos tranche avec les discours théologiques dominants dans la seconde moitié du XXe siècle, tant en protestantisme qu'en catholicisme. Et il ouvre à nouveau la question d'une pertinence sociale et culturelle du religieux et du théologique. A l'heure où les paradigmes modernes se trouvent en profonde interrogation sur eux-mêmes et où la question religieuse fait retour - peut-être pour le meilleur mais souvent pour le pire -, la lecture de Troeltsch peut apporter une contribution bienvenue à un ensemble de questions parmi les plus centrales de notre temps. Publiés pour la première fois en français, les textes présentés ici sont accompagnés d'un important appareil de commentaires historiques aidant le lecteur à reconstituer le contexte et la genèse des débats en cause.

09/1996

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Vie chrétienne

L'errant chérubinique. traduit de l'allemand par Oger Munier

Johannes Scheffler, dit Angelus Silesius (1624-1677) est né à Breslau en Silésie (aujourd'hui Wroclaw) dans une famille luthérienne de petite noblesse. Selon l'usage de l'époque, ses études l'amènent à un tour d'Europe : inscrit en mai 1643 à l'Université de Strasbourg pour étudier la médecine, la politique et l'histoire, il arrive à Leyde en septembre 1644, et enfin à Padoue en 1647. Médecin de profession comme Paracelse, il se convertit au catholicisme en 1653 et entre dans l'ordre franciscain en 1661. La même année il devient prêtre. C'est en 1657, à mi-chemin de sa conversion et son entrée dans les ordres, que paraissent les poèmes du Cherubinischer Wandersmann. Réédités dans une version augmentée en 1675, deux ans avant sa mort, ces poèmes s'inscrivent dans la plus haute tradition mystique, étonnamment proches de Maître Eckhart même si marqués aussi par l'expérience ardente d'un Jakob Böhme. Leibniz range Silesius parmi ceux "dont les pensées extraordinairement audacieuses, remplies de comparaisons ardues ... confinent à l'impiété" . De fait, de Hegel à Heidegger en passant par Schopenhauer, l'écho de son oeuvre sur la pensée profane n'a cessé de s'amplifier : "Cette avancée téméraire, écrit Roger Munier, cette tension hardie vers les confins dans l'approche du mystère tant de Dieu que de l'homme, peut-être est-elle pour nous l'écho le plus juste, sinon l'appel le plus directement adressé d'une voix qui a retenti il y a plus de trois siècles ? " C'est dès la traduction du titre que Munier nous introduit à une nouvelle lecture. Car le mot Wandersmann n'a pas le sens premier de "pèlerin" (en allemand Pilger) : il évoque avant tout la marche, le cheminement, les voyages. Sans doute est-il "chérubinique" et pur, cet "homme en route" , mais il n'est qu'un homme en route. Son aventure est celle de tout homme en quête et voué à l'errance, à cette marche extatique dans le temps qui fait de l'âme, selon l'expression même de Silesius, "la tente errante de Dieu" (IV, 219).

02/2023

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Actualité médiatique France

La Règle du jeu N° 75, janvier 2022 : Comment lisez-vous ?

DOSSIER : " COMMENT LISEZ-VOUS ? " A l'origine de ce dossier, une pluie de questions doublées d'une d'inquiétude : quel avenir le XXIe siècle réserve-t-il à l'expérience de la lecture ? Pourquoi les jeunes s'adonnent-ils de moins en moins à cette activité ? A quelles métamorphoses l'objet-livre se voit-il aujourd'hui confronté ? Ce dernier sortira-t-il indemne du tournant numérique ? Pour détourner le fameux mot de Hugo, le monde des écrans tuera-t-il celui des librairies et des bibliothèques ? L'époque contemporaine, à l'inverse, donnera-t-elle naissance à de nouvelles pratiques de lecture ? Si oui, lesquelles ? Quelle est la différence l'acte de feuilleter un ouvrage imprimé et celui de consulter un e-book ? Les livres audio font-ils de l'ombre à la voix de leur auteur ? Quelle est la part du plaisir et du travail, de la mémoire et du loisir quand on se plonge dans la découverte d'un texte ? La lecture est-elle un dialogue silencieux ? Une démarche passive ? Une véritable entreprise de création ? Un acte d'écriture ? Ces questions, aussi vieille que la littérature, nous les avons adressées à un panel de lecteurs qui, réunis dans ce dossier, reflètent à eux tous les chaînons multiples qui façonnent le destin d'un livre. Nous avons interrogé des écrivains, des éditeurs, des correcteurs, des attachés de presse, des libraires, des journalistes, des critiques littéraires, des jurés de prix, des professeurs de français, des blogueurs ou encore des lycéens. A travers cette démarche, le numéro 75 de La Règle du jeu entend dépasser les habituels refrains sur le " déclin de la lecture " pour refléter, aussi fidèlement que possible, la trajectoire complexe qui est celle des livres. Mais aussi : - Un dossier-spécial consacré à l'élection présidentielle : " Quelles sont les nouvelles formes du populisme et comment les combattre ? " - Micro-dossier : " Les crypto-monnaies : mirage ou révolution ? " - Micro-dossier : " Le monde de la nuit vu par un photographe " - Un entretien avec Joseph Cohen et Raphaël Zagury-Orly à propos de l'antisémitisme de Heidegger. - L'anti-interview de Bernard Pivot, à propos de la littérature contemporaine - Un poème de l'écrivain Jean-Noël Orengo sur la Thaïlande

01/2022

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Philosophie

Logique et existence

Avec la traduction de la Phénoménologie de l'Esprit (parue en 1939 et 1941), puis son commentaire (Genèse et structure de la phénoménologie de Hegel en 1947), Logique et existence achevait, en 1961, le triptyque où Jean Hyppolite a concentré l'essentiel de ses études hégéliennes. Ainsi s'accomplissait un travail philosophiquement et historiquement déterminant. Philosophiquement déterminant : la rationalité peut se concilier avec l'histoire sur un mode absolument nouveau, propre à Hegel, mais qu'Hyppolite relit, à la lumière aussi de Heidegger et de Husserl, comme un rapport de la logique et de l'existence, réunies en l'homme : "Par cette liberté [... ], l'homme ne se conquiert pas lui-même comme homme, mais devient la demeure de l'universel, du Logos de l'Etre, et devient capable de la Vérité. Dans cette ouverture qui permet aux existants de la Nature, et à l'Histoire elle-même, de s'éclairer, de se concevoir, l'Etre se comprend comme cet engendrement éternel de soi-même ; c'est la Logique au sens de Hegel, le savoir absolu. L'homme alors existe comme l'être-là naturel en qui apparaît la conscience de soi universelle de l'être. Il est la trace de cette conscience de soi, mais une trace indispensable sans laquelle elle ne serait pas. Logique et existence se joignent ici, si l'Existence est cette liberté de l'homme qui est l'universel, la lumière du sens. Historiquement aussi, Jean Hyppolite exerça un rôle déterminant : jusqu'à sa mort, en 1968, il fut en effet, pour plusieurs générations d'étudiants, l'introducteur par excellence à Hegel ; il fut, comme professeur de khâgne, puis d'Université, comme directeur de l'Ecole normale et, enfin, au Collège de France, l'incitateur, le soutien et le responsable d'innombrables thèses et travaux, parmi lesquels on compte certains des livres les plus significatifs de la philosophie française d'aujourd'hui (que l'on songe aux auteurs de L'hommage à Jean Hyppolite, paru en 1971). Il fut enfin le fondateur de la collection "Epiméthée" , qu'il dirigea jusqu'à la fin.

01/1991

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Accompagnement des malades

Essai sur le deuil et la narration à partir du malade en phase terminale. Repères anthropologiques et philosophiques pour l'accompagnement des personnes en fin de vie et en deuil

L’objectif est l’analyse des processus du deuil et de la fin de vie tout en considérant des moyens thérapeutiques d’accompagnement des personnes se trouvant dans ces situations. Le deuil se considère comme un moment, un processus ou une expérience face à une perte significative – qui peut être la mort d’un être cher ou une séparation difficile ; il se vit aussi durant le processus de la mort et jusqu’à la mort de l’être cher. C’est pourquoi nous associons deuil et fin de vie, qui sont tous deux des phénomènes connexes, pour signifier la souffrance et la douleur des personnes qui se trouvent dans lesdites situations – ceux qui restent et ceux qui s’en vont… D’où la question, que faut-il faire quand il n’y a plus rien à faire ? Selon un certain nombre de penseurs – Heidegger, Jankélévitch, Levinas, Ricoeur – la mort apparaît sans détour comme la fin de la vie, la fin de l’existence humaine. Le mort n’étant plus capable d’histoire, il appartiendrait désormais aux vivants, ou mieux, aux survivants, de «faire» son histoire, de la relater… La compassion, la solidarité, la générosité, l’amour, en un mot, l’humanisme ou l’humanité constituent des ressources thérapeutiques pour l’accompagnement. Cet humanisme, qui peut apparaître comme une certaine «religion», n’a pas, cependant, de credo particulier, ni de dogme, si ce n’est la fraternité et la recherche du bien d’autrui. Mais, la seule bonne volonté ne suffit pas pour faire bien le bien. Sans préparation adéquate, notre intention de bien faire peut dégénérer en mal, et empirer la situation de celui que nous désirions aider, d’où la nécessité de se former au bon usage de la parole pour qu’elle soit effectivement thérapeutique, sans forcément être psychothérapeute ou psychanalyste. On peut, dans ce sens, faire usage des moyens narratifs, parmi lesquels les récits supportés par l’écriture, l’image fixe ou mobile, la photographie, l’oralité, c’est-à-dire la parole racontée à vive voix, etc. Toutes ces ressources constituent, somme toute, des possibilités thérapeutiques pour quiconque en situation de fin de vie et/ou de deuil, et pourraient servir de moyens pour se réorganiser, s’autoanalyser, se comprendre ou se faire aider par d’autres personnes plus compétentes en cas de nécessité.

02/2022

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Essais biographiques

Hantaï. Avec 1 DVD

Simon Hantaï (né en Hongrie le 7 décembre 1922, arrivé en France en 1948 avec son épouse, Zsuzsa) a côtoyé plusieurs mouvements artistiques (surréaliste, gestuel...), revendiqué différentes influences (Cézanne, Matisse, Pollock) jusqu'à développer dans les années 1960, le " pliage comme méthode " : pliée, froissée, imprégnée de couleur, dépliée, tendue, la toile se nourrit de ce cheminement unique. Au début des années 1980, reconnu comme l'artiste essentiel qu'il est, Simon Hantaï décide un retrait qui durera jusqu'à sa mort en 2008 : il continue de travailler mais refuse d'exposer. LE DVD — "Simon Hantaï ou les silences rétiniens" un film de Jean-Michel Meurice (documentaire, 1976, 58 min., version originale française et sous-titres anglais) Portrait d'un artiste dans sa maturité, le film est axé sur le processus de création. En artisan-artiste, Simon Hantaï travaille la toile par terre, la plie, la roule, la colore, la noue, la déplie... Le souffle du peintre, son visage, ses toiles envahissent l'écran et donnent à voir un homme modeste, qui travaille comme un paysan labourant son champ. Sa mémoire – le tablier de sa mère, les tapis de fleurs des fêtes religieuses... – et ses réflexions (liées à Cézanne comme à Heidegger), son travail, son corps ont une grande présence, donnant au fi lm une dimension physique et métaphysique. - "Des formes et des couleurs" un film de Jean-Michel Meurice (documentaire, 1974, 20 min., version originale française et sous-titres anglais) Portrait de Simon Hantaï, qui montre diff érentes étapes de réalisation d'un tableau : gestes, pensées, couleurs, formes, plis, dépli... — "Expressions : Simon Hantaï" un film de Pierre Desfons et Dominique Fourcade (documentaire, 1981, 15 min., version originale française et sous-titre anglais) Simon Hantaï évoque avec Dominique Fourcade ses projets et ses théories picturales. Dans son atelier à Maisons-Alfort, il montre sa peinture sur d'immenses toiles qu'il prépare pour son exposition à venir dans la grande nef du CAPC à Bordeaux (1981). Bonus – " La Chambre devenait de plus en plus petite " entretien avec Zsuzsa et Daniel Hantaï – " L'Inestimable " entretien avec Georges Didi-Huberman – " Regarder l'oeuvre " entretien avec Alfred Pacquement Le livre – oeuvres de Simon Hantaï – Photographies (Hantaï dans son atelier et au travail) – " Bouquet de fleurs bleues et de fleurs du mal ", un texte de Georges Didi-Huberman

06/2022

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Ouvrages généraux

L' homme étranger au monde. Écrits d'anthropologie philosophique

Si l'un des gestes les plus significatifs de Günther Anders fut d'accepter de sortir du langage technique de la philosophie académique en raison de l'urgence qu'il y avait à penser et à intervenir devant la destruction à l'oeuvre dans le siècle, on aurait tort d'oublier que sa conception de l'obsolescence de l'homme repose d'abord sur une tentative de discernement de ce qu'est cet humain qui n'a plus cours. Le présent volume se présente donc comme prolégomènes et socle de ce qui deviendra la critique impitoyable de son époque, qui est aussi la nôtre. L'anthropologie philosophique dont il est question ici, dans le sillage de Max Scheler et de Helmut Plessner est une façon d'échapper à l'analytique existentiale de Heidegger. A la différence de l'animal, immergé dans un monde qui lui est donné comme un matériau a priori, l'homme, d'abord sans monde, "libre de monde" , n'accède à un monde qu'après coup, en devenant homo faber et en construisant a posteriori le monde qui lui manque. Absolument libre, cet homme fait en même temps l'expérience d'une absence irréductible de liberté. S'il peut disposer librement de son moi, le fait d'être ce moi le dépasse. Il est irrévocablement lui-même et personne d'autre, mais cette existence en tant que moi est en même temps hautement contingente. D'où un problème d'identification avec soi. Chez l'athée qu'est Günther Anders, l'homme ne se sauve pas de ces tentatives d'identification ratées par un saut dans la foi, à la manière de Kierkegaard, mais par un saut dans l'action. Penser l'homme comme étranger au monde, comme a posteriori, l'oblige à envisager la relation a priori du vivant au monde et à thématiser un "a priori matérial" qu'il explore à travers des objets comme l'instinct, le besoin, la veille et le sommeil. Mais le parcours d'Anders ne s'arrêtera pas là, puisqu'il insiste finalement sur les limites d'une telle anthropologie, et remet en cause l'anthropocentrisme dont elle peut procéder. Il ne peut que constater la tension voire la dimension "schizophrénique" dont sera marqué sa pensée, entre une distance envers l' anthropocentrisme et son intérêt fervent pour une humanité parvenue au stade de la survie.

11/2023

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Philosophie

Science de la culture et science de la nature. suivi de Théorie de la définition

Heinrich Rickert (1863-1936) est la figure dominante de l'école néokantienne, dite de Bade, dont le principal inspirateur fut Windelband. Heidelberg est le centre géographique et intellectuel où s'exerça son influence. C'est sous sa direction que Heidegger fit sa thèse, et l'œuvre qui est ici pour la première fois traduite constitue le socle philosophique et méthodologique de Max Weber, de même qu'elle est encore le cadre de la classification des sciences telle que la conçoit un Habermas. La réussite de ses élèves a fini par laisser dans l'ombre la figure de ce grand professeur de l'Université allemande à son apogée. La pensée de Rickert est d'abord une réflexion philosophique - jugement, définition et concept - et se développe en une épistémotologie des différents disciplines scientifiques, moins pour en donner une classification descriptive que pour réagir à la fois à l'apparent autonomisation des sciences de la nature, à la volonté hégémonique de telle ou telle discipline - la psychologie et l'histoire, notamment - et à l'apparition de sciences naturelle - et à l'apparition descriptive que pour réagir à la fois à l'apparente autonomisation des sciences de la nature, à la volonté hégémonique de telle ou telle discipline - la psychologie et l'histoire, notamment - et à l'apparition de sciences nouvelles : la biologie, la théorie de l'évolution. Il a voulu également répondre au positivisme ambiant qui niait de plus en plus résolument la pertinence de la réflexion philosophique. L'opinion qui veut mesurer la valeur des disciplines du savoir à l'aune exclusive de la physique mathématique entend dénier le statut de science aux disciplines que nous appelons " sciences humaines ", " sciences sociales " ou " sciences de la culture " ; elle oublie, ce faisant, que les disciplines se distinguent moins par leur objet ou le caractère formel de leurs méthodes que par la finalité de ces méthodes. Rickert montre qu'on ne saurait comparer des disciplines dont la finalité est l'explication dont la description des phénomènes de la nature (en fonction d'une généralisation abstraite) avec des disciplines, comme l'histoire et la sociologie, dont le but est la compréhension des événements humains (et qui procède en fonction d 'une individualisation évaluatrice). Rickert jette ainsi les bases d'une philosophie de la valeur qui est à l'arrière-plan de tous les débats en sociologie et en philosophie politique depuis près d'un siècle.

04/1997

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Philosophie

Autoportrait dans l'atelier

Giorgio Agamben est l'auteur d'une oeuvre de philosophie politique majeure, internationalement commentée. Depuis quelques années l'art semble prendre une place prépondérante dans sa réflexion : il publie en 2017 un livre consacré à la figure de Polichinelle dans les derniers travaux de Giandomenico Tiepolo (Polichinelle ou Divertissement pour les jeunes gens en quatre scènes), Autoritratto nello studio en 2017 et Studiolo (non encore traduit) en 2019. Nous publions la traduction d'Autoritratto nello studio. Voici ce qu'on pourrait lire sur la quatrième de couverture de l'ouvrage : "Le titre, Autoportrait dans l'atelier - un thème iconographique familier à l'histoire de la peinture - doit être entendu ici à la lettre : ce livre est un autoportrait, mais seulement dans la mesure où, à la fin, le lecteur pourra en déchiffrer les traits à travers le patient examen des images, des photographies, des objets, des tableaux présents dans les ateliers où l'auteur a travaillé et travaille encore. Le pari d'Agamben est, dès lors, celui de réussir à parler de soi seulement et exclusivement en parlant des autres : les poètes, les philosophes, les peintres, les musiciens, les amis, les passions - en somme les rencontres et les confrontations qui ont décidé de sa formation et ont nourri et nourrissent encore en diverses manières et proportions sa propre écriture, de Heidegger à Elsa Morante, de Melville à Walter Benjamin, de Caproni à Giovanni Urbani. Les images font donc partie intégrante de ce livre - comme dans ces rébus où des figures variées en produisent une autre, plus grande par leur juxtaposition -, elles composent avec le texte l'un des autoportraits les plus insolites qu'un auteur ait jamais laissés : non pas une autobiographie mais une autohétérographie des plus fidèles, et intemporelle". Autoritratto nello studio /Autoportrait dans l'atelier : le mot studio, en italien, signifie également bureau, tandis que l' "atelier" , en français, évoque l'art, l'artisanat, les métiers. Autoportrait dans l'atelier est un livre de philosophe sans être un livre de philosophie. Un autoportrait plus qu'une autobiographie au sens où il s'agirait d'une tentative, comme c'est parfois le cas dans l'art, de conserver au visage (ou à la figure) sa part d'énigme. Le fil indéterminé de l'ouvrage retisse en effet les liens intimes du philosophe Agamben avec les personnages et les oeuvres rencontrées, en partant de l'atelier, c'est à dire des livres, des photographies, des manuscrits, des gravures et des objets qui s'y trouvent comme autant de points de départ d'une récapitulation de sa pensée et de sa vie.

11/2020

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Philosophie

Vladimir Jankélévitch. Une philosophie du charme

Vladimir Jankélévitch (1903-1985), fils d’un médecin russe qui a traduit Freud, Hegel et Schelling en français, est un métaphysicien novateur, un philosophe de l’art et de la morale. Philosophe engagé, il est un peu oublié aujourd’hui, et son œuvre, pourtant très étendue (du Bergson au Paradoxe de la Morale, en passant par L’Odyssée de la conscience dans la dernière philosophie de Schelling) mérite largement qu’on s’intéresse à elle, notamment en raison du « besoin » de morale qui se fait sentir en ce début de XXIe siècle. Cet ouvrage s’inscrit dans ce renouveau des études jankélévitchiennes. Il a l’ambition de contribuer à faire reconnaître, au-delà du cercle des spécialistes, la grandeur et la créativité d’une philosophie un peu en marge. Son idée directrice tient dans le paradoxe d’une pensée qui exalte l’intangible et l’ineffable (le « charme », le « je-ne-sais-quoi » et le « presque rien »), tout en étant une philosophie du Faire et de l’obligation morale. Il comprend cinq parties. Après une introduction générale et une biographie de Jankélévitch, il traite successivement de sa « manière » de philosopher, de sa métaphysique, de sa morale, de son esthétique et de ses engagements. Il situe son œuvre dans le contexte des courants propres à la philosophie du XXe siècle : le bergsonisme ; le retour « vers le concret » prôné par Jean Wahl ; la renaissance de l’ontologie (Heidegger mais aussi, en France : Louis Lavelle, Gabriel Marcel, Emmanuel Levinas…) ; le renouveau de la morale dont il a été l’artisan, avec Emmanuel Levinas. À partir des écrits d’avant-guerre de Jankélévitch, il décrit également la manière dont s’est opérée la genèse de sa pensée, et dont s’est constitué le noyau de sa métaphysique et de sa morale. Exclu en décembre 1940 de l’enseignement supérieur par le Statut des juifs promulgué par le gouvernement de Vichy, Jankélévitch a été témoin des horreurs nazies. La dernière partie de l’ouvrage propose l’examen de sa conception du fait d’être juif, et insiste sur deux points : la distinction tout à fait originale faite entre le racisme et l’antisémitisme ; la lutte incessante contre l’oubli de la Shoah et la prescription des crimes nazis. Sont confrontées à ce propos les vues développées dans ses écrits philosophiques, le traité sur Le Pardon et dans ses textes militants, L’Imprescriptible, en montrant leur profonde unité. Cet ouvrage comporte également un index des noms propres et des notions, un glossaire et une bibliographie.

02/2012

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Ouvrages généraux

Shakespeare et les philosophes

Comment les philosophes ont-ils reçu et lu Shakespeare ? L'ont-ils ignoré? Comment les textes et le théâtre de Shakespeare affectent-ils la philosophie, la transforment-ils ? L'obligent-ils à se déplacer, à se réinventer ? L'altèrent-ils ou l'affolent-ils ? Quels usages des philosophes les textes et le théâtre shakespeariens font-ils ? Qu'arrive-t-il à Platon, Aristote, aux Stoïciens, Thomas d'Aquin, Erasme, Machiavel, Montaigne, Giordano Bruno, mais aussi à Paul dans ce théâtre ? Quels sont les usages, la présence et l'importance de Shakespeare à partir du romantisme chez Hegel, Schelling, Marx, Schopenhauer, Nietzsche, Freud, Heidegger, Wittgenstein, Deleuze, Derrida, Levinas, Lyotard, et d'autres ? Quels sont les philosophes cités dans l'oeuvre de Shakespeare, répétés, déformés, altérés, contredits, récusés, moqués ? Au-delà de la question de l'influence de la philosophie sur Shakespeare, il s'agira de réfléchir à la modalité et au régime de la présence de la philosophie dans le texte et sur la scène shakespearienne. Que produit la philosophie dans ces textes de théâtre ? Comment l'écriture théâtrale de Shakespeare met-elle en scène les philosophes et quels rôles leur fait-elle jouer ? Le présent livre se tiendra loin d'une longue tradition de la philosophie qui a manifesté pour le théâtre un certain mépris. Cette tradition a été sans doute inaugurée par l'expulsion des poètes de la Cité, au livre X de la République de Platon. Occupés à inventer une théorie de l'invisible pour éclairer le monde depuis une outre-scène et à appuyer la trajectoire du monde sur une transcendance, les philosophes ont été nombreux à éprouver et élaborer, par rivalité avec le théâtre, un mépris philosophique pour l'éclat du spectacle, pour le jeu masqué et mensonger des comédiens. Ces philosophes ont subordonné le théâtre à la scène philosophique, en l'assignant à une structure de la représentation limitée, dans laquelle la scène est inféodée, soumise au texte écrit et à son auteur, auteur qui possède le sens et sait ce que parler sur scène veut dire, parce qu'il occupe une position hors scène. Ouvrage collectif sous la direction d'Isabelle Alfandary (Professeur à l'Université Sorbonne Nouvelle) et Marc Goldschmit (Directeur de Programme au Collège International de Philosophie). Avec les contributions d'Isabelle Alfandary, Carlo Cappa, Line Cottegnies, Hélène Garello, Marc Goldschmit, Dominique Goy-Blanquet, Catherine Lisak, Ronan Ludot-Vlasak, Jean Maurel, Anne-Marie Miller-Blaise, Axel Nesme, Daniel Sibony, Gise`le Venet.

02/2023

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Philosophie

Essai sur l'oeuvre de George Steiner. La parole souffle sur notre poussière

Nous avons tenté, en faisant dialoguer l'œuvre de Steiner avec d'autres œuvres qu'il admire (celles de Benjamin, de Kraus, de Kierkegaard) ou qu'il passe étrangement sous silence (comme celles de Bernanos ou de Bloy), de la placer sous un éclairage inhabituel : à nos yeux, l'auteur de Réelles présences est moins l'évident critique à l'intransigeante plume que l'exceptionnel sondeur du Mal. Car le siècle passé, qui a été le siècle de l'horreur absolue, n'a peut-être pas fini de nous livrer son noir secret : le Mal, le visage sordide et défiguré du Mal, que l'Occident depuis des siècles s'est complu à revêtir des masques les plus divers, est d'abord une bouche, n'est peut-être même qu'une bouche, prolixe et enjôleuse, de laquelle sort le flot noir du mensonge. C'est ainsi que Karl Kraus pouvait prétendre de façon paradoxale que le premier conflit mondial, avec ses millions de morts, était pourtant peu de chose si on le comparait à la destruction du langage opérée par le mensonge de la propagande. Steiner lui-même est dans ces pages l'héritier de ces auteurs qu'il a nommés pour s'en éloigner : logocrates, Pierre Boutang dont il était l'ami, Martin Heidegger ou Joseph de Maistre. Ceux-ci ont tenté de penser la question d'une détérioration du langage par la banalité et le mensonge, agissant comme une maladie, un cancer. Cette question est, dans l'œuvre de George Steiner, première, séminale ; non pas seulement le goût et le respect pour la culture classique ; non pas seulement le déchirant dialogue avec un christianisme beaucoup trop proche pour ne pas se ficher, dans la chair du penseur comme une écharde de plus en plus pointue et blessante ; non pas même enfin la terrible question de Dieu. J'irais jusqu'à dire que la blessure que constitue, pour tout juif, le mystère dévorant de la Shoah, n'est qu'une conséquence extrême du Mal, de ces paroles néfastes délivrées par la bouche de A.H., ce fantôme malfaisant, cet homme creux croupissant sur une terre dévastée. Placée sous un tel éclairage, nous donnons à l'œuvre de ce penseur respecté mais bien souvent décrié sa place véritable, rien moins que vitale pour notre siècle : en sondant les ténèbres, nul doute que George Steiner nous enseigne de quelle réelle présence la réflexion contemporaine doit se charger si elle veut ne pas s'enfoncer piteusement dans la tourbière de la futilité et du bavardage.

06/2001

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Pléiades

Oeuvres. Coffret en 2 volumes, Tomes 1 et 2

Son oeuvre, entre philosophie, histoire et littérature, est difficile à situer. Les disciplines traditionnelles peinent à la contenir. Sa chaire au Collège de France s'intitulait «Histoire des systèmes de pensée». Lui-même ne cessa jamais de relire Kant, Nietzsche, Heidegger, mais il cite moins les classiques de la philosophie que d'obscurs traités, règlements ou manuels conservés dans des fonds d'archives, royaumes des historiens. Des historiens «professionnels» de son temps Foucault partage d'ailleurs l'ambition : ouvrir l'histoire à de nouveaux objets. Il reste que ce sont bien des problématiques philosophiques que renouvellent ses «histoires» (de la folie, de la sexualité), ses «archéologies» (des sciences humaines, du savoir), ses récits de «naissance» (de la clinique, de la prison). «Et j'ai beau dire que je ne suis pas un philosophe, si c'est tout de même de la vérité que je m'occupe, je suis malgré tout philosophe». Philosophe «malgré tout», Foucault a inventé une nouvelle manière de faire de la philosophie. Il n'a pas apporté une pierre de plus à l'édifice compartimenté de la pensée : en en abattant les cloisons, il en a bouleversé l'architecture. Il a rendu les disciplines communicantes. Certains spécialistes n'ont pas manqué de le lui reprocher. Et la littérature ? Ses livres sont savants. Ils témoignent d'une érudition stupéfiante. Encore faut-il donner forme à l'informe de l'archive. Les citations, le maillage de références, la mise en scène d'épisodes historiques, tout, chez Foucault, est déplié, exposé dans une écriture tour à tour baroque et rigoureuse, austère et splendide, démesurée et classique. En bibliothèque, il se sent porté par les mots des autres. Leur intensité nourrit son écriture. «La lecture se prolonge, se renforce, se réactive par l'écriture, écriture qui est elle aussi un exercice, elle aussi un élément de méditation». Le matériau des historiens et l'horizon tracé par les philosophes s'augmentent chez lui d'une exigence littéraire apprise auprès de Flaubert, Blanchot, Beckett. Le traiter de «styliste» serait réducteur. Foucault, qui se disait artisan, est un écrivain. Outre un choix de textes brefs, articles, préfaces ou conférences, cette édition rassemble tous ses livres personnels. Leur influence est immense. Mais leur réunion ne vise pas à former une autobiographie intellectuelle. «Je ne veux pas de ce qui pourrait donner l'impression de rassembler ce que j'ai fait en une espèce d'unité qui me caractériserait et me justifierait». Voyons plutôt en elle ce que Foucault disait d'Histoire de la folie en 1975 : «J'envisageais ce livre comme une espèce de souffle vraiment matériel, et je continue à le rêver comme ça, une espèce de souffle faisant éclater des portes et des fenêtres».

11/2015

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Pléiades

Oeuvres. Tome 2

Son oeuvre, entre philosophie, histoire et littérature, est difficile à situer. Les disciplines traditionnelles peinent à la contenir. Sa chaire au Collège de France s'intitulait «Histoire des systèmes de pensée». Lui-même ne cessa jamais de relire Kant, Nietzsche, Heidegger, mais il cite moins les classiques de la philosophie que d'obscurs traités, règlements ou manuels conservés dans des fonds d'archives, royaumes des historiens. Des historiens «professionnels» de son temps Foucault partage d'ailleurs l'ambition : ouvrir l'histoire à de nouveaux objets. Il reste que ce sont bien des problématiques philosophiques que renouvellent ses «histoires» (de la folie, de la sexualité), ses «archéologies» (des sciences humaines, du savoir), ses récits de «naissance» (de la clinique, de la prison). «Et j'ai beau dire que je ne suis pas un philosophe, si c'est tout de même de la vérité que je m'occupe, je suis malgré tout philosophe». Philosophe «malgré tout», Foucault a inventé une nouvelle manière de faire de la philosophie. Il n'a pas apporté une pierre de plus à l'édifice compartimenté de la pensée : en en abattant les cloisons, il en a bouleversé l'architecture. Il a rendu les disciplines communicantes. Certains spécialistes n'ont pas manqué de le lui reprocher. Et la littérature ? Ses livres sont savants. Ils témoignent d'une érudition stupéfiante. Encore faut-il donner forme à l'informe de l'archive. Les citations, le maillage de références, la mise en scène d'épisodes historiques, tout, chez Foucault, est déplié, exposé dans une écriture tour à tour baroque et rigoureuse, austère et splendide, démesurée et classique. En bibliothèque, il se sent porté par les mots des autres. Leur intensité nourrit son écriture. «La lecture se prolonge, se renforce, se réactive par l'écriture, écriture qui est elle aussi un exercice, elle aussi un élément de méditation». Le matériau des historiens et l'horizon tracé par les philosophes s'augmentent chez lui d'une exigence littéraire apprise auprès de Flaubert, Blanchot, Beckett. Le traiter de «styliste» serait réducteur. Foucault, qui se disait artisan, est un écrivain. Outre un choix de textes brefs, articles, préfaces ou conférences, cette édition rassemble tous ses livres personnels. Leur influence est immense. Mais leur réunion ne vise pas à former une autobiographie intellectuelle. «Je ne veux pas de ce qui pourrait donner l'impression de rassembler ce que j'ai fait en une espèce d'unité qui me caractériserait et me justifierait». Voyons plutôt en elle ce que Foucault disait d'Histoire de la folie en 1975 : «J'envisageais ce livre comme une espèce de souffle vraiment matériel, et je continue à le rêver comme ça, une espèce de souffle faisant éclater des portes et des fenêtres».

11/2015

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Pléiades

Oeuvres. Tome 1

Son oeuvre, entre philosophie, histoire et littérature, est difficile à situer. Les disciplines traditionnelles peinent à la contenir. Sa chaire au Collège de France s'intitulait «Histoire des systèmes de pensée». Lui-même ne cessa jamais de relire Kant, Nietzsche, Heidegger, mais il cite moins les classiques de la philosophie que d'obscurs traités, règlements ou manuels conservés dans des fonds d'archives, royaumes des historiens. Des historiens «professionnels» de son temps Foucault partage d'ailleurs l'ambition : ouvrir l'histoire à de nouveaux objets. Il reste que ce sont bien des problématiques philosophiques que renouvellent ses «histoires» (de la folie, de la sexualité), ses «archéologies» (des sciences humaines, du savoir), ses récits de «naissance» (de la clinique, de la prison). «Et j'ai beau dire que je ne suis pas un philosophe, si c'est tout de même de la vérité que je m'occupe, je suis malgré tout philosophe». Philosophe «malgré tout», Foucault a inventé une nouvelle manière de faire de la philosophie. Il n'a pas apporté une pierre de plus à l'édifice compartimenté de la pensée : en en abattant les cloisons, il en a bouleversé l'architecture. Il a rendu les disciplines communicantes. Certains spécialistes n'ont pas manqué de le lui reprocher. Et la littérature ? Ses livres sont savants. Ils témoignent d'une érudition stupéfiante. Encore faut-il donner forme à l'informe de l'archive. Les citations, le maillage de références, la mise en scène d'épisodes historiques, tout, chez Foucault, est déplié, exposé dans une écriture tour à tour baroque et rigoureuse, austère et splendide, démesurée et classique. En bibliothèque, il se sent porté par les mots des autres. Leur intensité nourrit son écriture. «La lecture se prolonge, se renforce, se réactive par l'écriture, écriture qui est elle aussi un exercice, elle aussi un élément de méditation». Le matériau des historiens et l'horizon tracé par les philosophes s'augmentent chez lui d'une exigence littéraire apprise auprès de Flaubert, Blanchot, Beckett. Le traiter de «styliste» serait réducteur. Foucault, qui se disait artisan, est un écrivain. Outre un choix de textes brefs, articles, préfaces ou conférences, cette édition rassemble tous ses livres personnels. Leur influence est immense. Mais leur réunion ne vise pas à former une autobiographie intellectuelle. «Je ne veux pas de ce qui pourrait donner l'impression de rassembler ce que j'ai fait en une espèce d'unité qui me caractériserait et me justifierait». Voyons plutôt en elle ce que Foucault disait d'Histoire de la folie en 1975 : «J'envisageais ce livre comme une espèce de souffle vraiment matériel, et je continue à le rêver comme ça, une espèce de souffle faisant éclater des portes et des fenêtres».

11/2015