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Symboles Païens Germano-Nordiques

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Israël

Moshe Dayan. Héros de guerre et politicien maudit

La première biographie consacrée à l'une des figures de proue israélienne. De Moshe Dayan, nous savons peu de choses, et ce que nous connaissons nous paraît généralement suffisant : vainqueur de la campagne de Suez (1956) et de la guerre de Six Jours (1967), ce général aux airs de pirate est LE symbole de la puissance militaire d'Israël. Certes, mais c'est un peu court ! Car s'il n'y a pas loin du Capitole à la Roche Tarpéienne, il n'y a pas loin non plus de la grandeur militaire de Moshe Dayan à son déclin politique. Né en 1915, Moshe Dayan est un outsider et rien ne le prédestinait à ce destin hors normes. Enfant de la terre d'Israël, sa jeunesse est marquée par la maladie et une scolarité médiocre. Ce n'est que lorsqu'il intègre la Haganah en 1930 que sa vie change du tout au tout. Excellent soldat, il gravit les échelons facilement, grâce à son talent et à la protection de son mentor, Ben Gourion. Ainsi, lorsque l'Etat d'Israël est proclamé en 1948, Dayan incarne pour les Israéliens le héros absolu. Mais lorsque l'on s'approche trop du Soleil, on se brûle les ailes... Dans les années 1960, au faîte de sa gloire, il se met à rêver d'une carrière politique qui pourrait être aussi brillante que son passé militaire est glorieux. Mais le Dayan politicien ne possède pas, et de loin, les qualités du Dayan guerrier. Comment cet homme est-il passé du rang d'icône à celui de pestiféré en un claquement de doigts ? En quoi la guerre du Kippour d'octobre 1973 a-t-elle sonné le glas de la carrière de Moshe Dayan ? Avec le talent narratif que nous lui connaissons, Georges Ayache nous offre une biographie brillante, complète et inédite d'une idole qui fut vénérée par les Israéliens puis clouée au pilori avec la même unanimité.

09/2021

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Ouvrages généraux

Ecrits sur l'Asie

1922. Peu après son retour d'Union soviétique, Albert Londres, bien décidé à rester "journaliste au long cours", embarque pour le Japon. Pour le grand public de l'entre-deux-guerres l'Orient est "compliqué", mais l'Extrême-Orient, presque inconnu. A Tokyo dans la cité "née de l'union d'un typhon et d'un tremblement de terre", le reporter de L'Excelsior et du Petit journal capte la fascinante étrangeté du pays du Mikado, et se lie d'amitié avec Claudel, alors ambassadeur de France au Soleil-Levant. Puis en 1925, c'est le départ pour "la Chine en folie" : en rendre compte, c'est dépeindre son effervescence, son bouillonnement, son chaos : les villes de l'empire du Milieu sont comme des théâtres d'ombres où s'affrontent seigneurs de guerre et mercenaires, nationalistes et communistes, bandits et trafiquants d'opium. En Inde, le Raj britannique est lui aussi en proie à l'instabilité ; la revendication monte. Hostile aux Anglais, Albert Londres y suit attentivement les futures voix de l'indépendance, Nehru, Gandhi, Rabintranath Tagore. Loin du bruit et de la fureur du nord, la péninsule indochinoise semble elle baigner dans une torpeur coloniale trompeuse. Car à Saigon bruisse déjà la rumeur de l'agitation naissante : quelques décennies plus tard, Albert Londres y aura ses successeurs, des milliers de journalistes et écrivains venus couvrir la guerre du Vietnam. Son regard, d'une modernité déconcertante, nous donne dans ces écrits un éclairage unique sur l'Asie du début du XXe siècle. Né en 1884, Albert Londres a débuté sa carrière de journaliste en 1906 au quotidien Le Matin. Plus tard, il écrira pour Le Petit journal et L'Excelsior. Ses reportages en URSS, en Amérique du Sud et en Asie ont fait de lui un véritable symbole de la profession de reporter. Créé en 1932 peu après la disparition de Londres dans le naufrage du paquebot Georges-Philippar, le prix qui porte son nom récompense chaque année les "meilleurs reporters francophones".

07/2022

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Actualité politique France

La destruction de l'Etat

Maroun Eddé, qui a subi dans son pays, le Liban, les conséquences d'un Etat détruit, dénonce le démantèlement des institutions publiques. Une dérive voulue et concertée, qu'il analyse dans cette enquête solidement argumentée. " L'Etat n'est pas la solution au problème, l'Etat est le problème ". C'est avec ces mots que Ronald Reagan entame, en 1981, son premier mandat, portant la promesse d'en finir enfin avec la prétendue lourdeur de l'administration américaine. Les dépenses fédérales subissent alors une baisse drastique, une large partie des services publics est supprimée, la protection sociale est réduite à peau de chagrin et les inégalités explosent. Peu importe que la dette publique augmente du fait de l'explosion des dépenses militaires : le reaganisme triomphant impose durablement l'utopie néolibérale aux Etats-Unis. Celle-ci ne sera remise en question que quarante ans plus tard, lorsque le pays se heurtera durement au mur de la crise sanitaire. Alors que les critiques du néolibéralisme se multiplient outre-Manche et outre-Atlantique, la France décide désormais d'appliquer son programme économique. Formés dans les années 1990, émerveillés par le dynamisme anglo-saxon face à la prétendue rigidité française, héritiers de la " fin de l'Histoire " et de la croyance dans la rationalité des chiffres, de nombreux politiciens et hauts fonctionnaires arrivent à la tête de notre pays. A l'heure où les enjeux vitaux se nomment " réindustrialisation ", " transition écologique et énergétique ", " résorption de la fracture sociale et territoriale ", ils accélèrent le démantèlement de l'Etat et la réduction de ses services au profit d'un secteur privé érigé en panacée. Fermeture de services publics, suppression de fonctionnaires dans l'éducation et la santé, disparition des corps d'ingénieurs et de l'Ena : à l'heure où, face aux grands défis du siècle, les Etats-Unis et le Royaume-Uni cherchent à reconstruire leurs capacités d'action politique et à relancer les plans d'investissements étatiques, la France, qui possédait encore un système fonctionnel jusqu'à peu, s'évertue à le détricoter. Comme sous Reagan, la justification financière de ces réformes est un trompe-l'oeil. Les dépenses de l'Etat n'ont cessé d'augmenter et les impôts n'ont pas baissé, avec un taux de prélèvements obligatoires record, en hausse constante depuis 2007. Pourtant, la baisse de niveau des services publics, de l'école, de l'hôpital et des administrations locales est réelle : les citoyens paient toujours plus cher des services dont la qualité est en chute libre. Où passe l'argent de l'Etat ? Pourquoi le niveau et les capacités de ses services ne cessent de reculer alors même que ses dépenses augmentent ? Pourquoi les élites françaises rejettent-elles à ce point leur propre système ? De quoi un Etat a-t-il réellement besoin pour fonctionner ? Et quels sont les coûts et les conséquences concrètes de cette politique de démantèlement qui s'accélère depuis l'accession d'Emmanuel Macron au pouvoir ? Ces questions, aux apparences souvent techniques, sont en réalité éminemment politiques et concernent notre vie à tous

10/2023

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Progiciels

SolidWorks 2022. Conception détaillée de pièces et d'assemblages 3D

Ce livre sur SolidWorks 2022 est destiné à tout technicien, dessinateur, projeteur, concepteur, ingénieur ou designer amené à concevoir des pièces et assemblages 3D paramétriques. Il présente les fonctionnalités essentielles pour maîtriser cette application de CAO et acquérir les bonnes pratiques pour une utilisation optimale. Chaque chapitre se termine par un ou plusieurs exercices qui permettront au lecteur de mettre en pratique les connaissances acquises au fil des chapitres. Il débute par quelques généralités puis se concentre sur l'environnement de travail : l'interface y est précisément décrite ainsi que les différents outils de navigation afin de mieux maîtriser par la suite la conception de pièces, d'ensembles et de mises en plan. Sont abordés également l'organisation des fichiers dans SolidWorks ainsi que les échanges de données (importation et exportation de fichiers d'échange). Vous apprendrez ensuite à gérer des esquisses 2D notamment à travers les fonctions de création, de transformation et l'ajout de contraintes. Ce chapitre se termine par deux exercices qui vous permettront de mettre en application pas à pas les fonctionnalités présentées. Dans le chapitre suivant sur la création de pièces, sont développées les différentes fonctions de création de volumes (extrusion, révolution, nervure, etc...), de retraits de matière (poche, gorge, rainure, trou, etc...) et de modification de volumes (congés, chanfreins, dépouille, coque, etc...). Vous y découvrirez également l'utilisation des éléments de référence tels que les points, les axes et les plans. Deux exercices viennent compléter ce chapitre : vous créerez pas à pas deux pièces volumiques à partir des esquisses réalisées au chapitre précédent. Le chapitre suivant est consacré à la création d'assemblages. Après une brève présentation de la structuration d'un assemblage, sont détaillées les différentes manières d'insérer des composants (pièces ou produits) et de les placer les uns par rapport aux autres à l'aide des contraintes géométriques, de gérer les assemblages complexes. Sont également étudiées l'utilisation de composants de catalogue (vis, écrous, etc...), les fonctions d'analyse d'assemblage (mesure, masse, interférence, section 3D), la création de scènes (éclaté) ainsi que la gestion de la nomenclature. Trois exercices vous permettront de revoir les connaissances acquises dans ce chapitre en créant trois assemblages. Un chapitre est consacré à la mise en plan. Vous y verrez les différents outils de création de vues (vue de face, coupes, vues isométriques, etc...), l'utilisation des cartouches, les outils d'habillage de plans (cotes, textes, symboles, etc...) et l'insertion d'un tableau de nomenclature. Deux exercices vous permettront d'utiliser les outils vus dans ce chapitre...

11/2022

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Tarots

Tarot. La base ! Guide d'infiltration pour les non initiés qui veulent tout capter

Le guide illustré facile du tarot pour prendre en main les cartes et s'amuser sans avoir besoin d'un bac + 5 en occultisme ! Une approche décomplexée et originale, par le jeu et la pratique. Un thème toujours tendance, après l'astrologie et la numérologie. On a tous connu quelqu'un qui tire les cartes dans le fin fond de la campagne, quelqu'un avec un don transmis de génération en génération, quelqu'un de spécial et de fancy... On se dit alors qu'à défaut d'avoir un don, il nous faudrait lire pas moins de 50 livres sur le tarot pour pouvoir être digne de faire des tirages. Mais c'est FAUX ! Pas besoin de super pouvoirs ni d'un master d'art divinatoire pour se lancer, et tomber dans la marmite du tarologue sans se brûler les fesses ! Ceci n'est pas un énième ouvrage indigeste sur le tarot, ici c'est Tarot land ! Dans ce guide ludique et accessible à tous, Audrey Sebti, du compte Instagram @oraclinzel, propose une méthode originale pour s'approprier le tarot par la pratique et le jeu - avant de passer à la théorie et à la symbolique. Oui, parce qu'on peut tout à fait devenir une bad bitch du tarot sans bûcher ses cours, que l'on soit débutant niveau poussin ou initiés niveau ligue 1. Avec les illustrations fun de la pétillante Youlie (@youliegram), ce guide dépoussière le tarot avec humour et références pop pour en faire un vrai jeu d'enfant. La méthode @oraclinzel, ultra facile et ludique : De la pratique... des jeux pour se familiariser avec le tarot (time's up tarot, tarot loto, qui est-ce tarot ? , une guidance presque parfaite) et proposer sa propre interprétation des cartes en s'affranchissant de la symbolique officielle, des tutos pour devenir une bad bitch du tarot : les redflag quand tu te lances en solo, l'art de poser sa question, le choix des mots dans l'interprétation, l'explication des symboles pour confronter son intuition... ... à la théorie Le décodage des 22 Arcanes majeures et 56 arcanes mineures illustrées, expliquées avec humour et ancrées dans le quotidien pour faciliter la compréhension. Des interprétations stylées et des tirages tout terrain (le basique tirage, le tinder tirage, le pôle emploi tirage, le toi + moi tirage...). Un starter pack en fin d'ouvrage : des fiches récap avec la symbolique des cartes et les principaux tirages en un coup d'oeil.

09/2023

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Autres collections (6 à 9 ans)

Le Tour de la France par deux enfants. Manuel de lecture scolaire pour les leçons de choses et la formation civique, géographique, scientifique, historique et morale des écoliers

Le Tour de la France par deux enfants est un célèbre manuel de lecture scolaire d'Augustine Fouillée (née Tuillerie), publié sous le pseudonyme de G. Brunon en 1877. Paru aux éditions Belin en 1877, ce manuel sert à l'origine pour l'apprentissage de la lecture du cours moyen des écoles de la IIIe République. "Livre de lecture courante" , il est vendu à toutes les écoles, publiques ou religieuses, ainsi qu'aux collectivités locales ou associations diverses. Son succès est tel qu'il atteint un tirage de 7, 4 millions d'exemplaires en 1914, année qui le voit passer le cap des 400 éditions et il sera utilisé jusque dans les années 1950. Le public continuait à réclamer, après sa disparition du programme, le Tour de la France par deux enfants. Jusqu'en 1976, il s'en est vendu 8 400 000 exemplaires, dont 7 000 000 exemplaires avant 1914. L'ouvrage est réédité, notamment lors du centenaire en 1977, puis en 2000, par Belinn, en 2006 par France Loisirs, puis en 2012 aux éditions Tallandier par Jean-Pierre Rioux. Au total, cet ouvrage fait l'objet de 500 éditions. L'ensemble relate le périple par de multiples moyens de transport de deux orphelins, André et Julien Volden, respectivement quatorze et sept ans. A la suite de l'annexion de l'Alsace-Lorraine par les Prussiens et du décès de leur père (charpentier lorrain et veuf de bonne heure), ils quittent Phalsbourg et partent à la recherche d'un oncle paternel habitant Marseille à travers les provinces françaises. La diversité des populations amène la curiosité et habitue aux différences. Des passages sur la saveur des nourritures du terroir, ou sur l'étrangeté des patois atténuée par l'apprentissage méthodique du français sont ainsi présents. Malgré leur origine lorraine, les deux enfants ne sont pas touchés par l'idéal ambiant de la revanche propre à cette époque. L'histoire est apprise par les traces, monuments et symboles, les vies exemplaires des inventeurs, soldats patriotes et bienfaiteurs. A chaque rencontre, l'idée de paix gagne sur la réalité des luttes et des conflits. Ils sont attentifs à la découverte du pays et fort zélés à reconnaître cette patrie. Ils accumulent une richesse de savoirs nées de l'apprentissage des techniques, de l'habileté dans le travail : ils s'initient à l'agriculture, à l'économie domestique, à l'hygiène. chaque rencontre est prétexte à enrichir leur expérience. Toutes ces connaissances aboutiront à l'établissement final dans la ferme presque idéale de La Grand'Lande.

11/2022

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Romans policiers

Princes de Belleville. Enquête du commandant Clément Chevalier

Qui sont les Princes de Belleville ? Des francs-maçons ont-ils commis en région parisienne un assassinat crapuleux porteur d'un message mystérieux, ou, n'y sont-ils pour rien ? Un SDF est retrouvé mon dans une maison abandonnée. Il ne s'agit pas d'un crime banal mais d'un acte sordide. L'homme a été étrangement torturé avant de mourir. Sur son torse, les policiers découvrent la gravure sanglante d'un compas et d'une équerre, deux symboles maçonniques bien connus comme superposés l'un sur l'autre, le compas ouvert à soixante degrés, taillés au cutter sur la poitrine de la victime. Le cadavre est-il celui d'un membre d'une loge ou d'une secte ou d'un délinquant ? De permanence cette nuit-là, le Commandant Clément Chevalier, de la Brigade Criminelle de Paris, lui-même franc-maçon, un flic pas comme les autres par sa manière de penser ses investigations, va être chargé de l'enquête. Lorsqu'un deuxième sans domicile fixe, lui aussi apparemment sans histoires, est découvert mon à l'intérieur d'un chantier dans les mêmes circonstances, le policier, inquiet, se demande s'il s'agit d'un message macabre envoyé par le ou les assassins ou si un "frère" a perdu la raison... Un maçon tueur en série ? La franc-maçonnerie ne conduit pas à cela et se passerait bien de ce genre de publicité. Chevalier ignore à ce moment-là que la vérité va se révéler presque incroyable. Les personnes à l'origine de ces crimes vont le plonger dans une enquête des plus atypiques de sa carrière, aux rebondissements multiples. Y apparaît un gros homme mystérieux. Quel est le vrai lien entre les deux victimes ? Sont-elles celles d'un réseau criminel, d'un détraqué ou de milieux autres ? La mon du professeur Charles Vérancourt, médecin de clinique à Boulogne, abattu dans son salon et ami proche du ministre de la santé, va venir rebattre les cartes. Et comme si cela ne suffisait pas, le commandant Chevalier doit en parallèle gérer les problèmes personnels et les états d'âme des membres de son groupe. Le tout sous le regard curieux de Boris, la petite araignée qui s'est installée dans la plante grasse de son bureau, et qui sait que la sagesse se niche dans le silence. Cette enquête pas comme les autres est la deuxième, à découvrir sans lever les yeux du livre de ce nouveau Copetti.

10/2021

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Beaux arts

L'Apocalypse illustrée par la tapisserie d'Angers

Le texte L'Apocalypse raconte les visions de l'apôtre et évangéliste Jean en exil sur l'île de Patmos dans la mer Egée. Son message ne s'adresse pas au seul chrétien mais à l'homme qui, face aux épreuves de l'existence, lutte pour trouver sa voie et se trouver lui-même. Bien qu'ayant été écrit au Ier siècle, le texte de saint Jean résonne avec l'actualité d'une manière surprenante. Nous avons choisi la traduction de la Bible de Jérusalem, tant pour l'unanimité qu'elle suscite que pour le souffle et la justesse qu'elle donne à L'Apocalypse. L'auteur : Paule Amblard Dans ses commentaires et son introduction, Paule Amblard, historienne de l'art et spécialiste de l'art chrétien médiéval, décrypte la signification des images et des symboles et nous convie à interroger le sens profond du message de saint Jean. Les commentaires de Paule Amblard sont enrichis de nombreuses citations de la Bible, mais également du Coran et des grands textes mystiques. Nous proposons ainsi une véritable lecture symbolique et spirituelle de la tapisserie d'Angers, et une promenade éclairée sur le chemin de L'Apocalypse. L'illustration Chef-d'oeuvre du Moyen Age datant du XIVe siècle et attribué à Hennequin de Bruges, classée au patrimoine mondial de l'humanité, la tapisserie d'Angers est la plus grande tenture médiévale jamais réalisée : 130 m de long par 6 m de haut, c'est-à-dire 775m2 (ce qui équivaut à trois terrains de tennis). Les illustrations de notre édition proviennent de l'envers de la tapisserie qui a conservé les couleurs flamboyantes de l'époque du tissage, et qui a été photographié puis inversé. Un important travail de photogravure a été réalisé afin d'obtenir la meilleure restitution possible des couleurs. Ce livre rend un hommage indispensable à une oeuvre exceptionnelle. Un soin particulier à l'exploitation des détails de la tapisserie a été apporté afin de faire ressortir les émotions inscrites sur les visages des personnages : le texte de L'Apocalypse et la tapisserie s'animent et se répondent. Là où les panneaux de la tapisserie manquent, nous avons intégré des miniatures issues de manuscrits précieux qui ont inspiré Hennequin de Bruges. Un livre pour tous Une édition dans un format plus maniable et abordable, avec l'intégralité du contenu de la Grande Collection. L'Apocalypse de saint Jean illustrée par la tapisserie d'Angers séduira tant les amateurs d'art que les lecteurs intéressés par la spiritualité.

09/2017

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Beaux arts

Jacques Hérold et le surréalisme. 1910-1987

A l'occasion du centenaire de la naissance de Jacques Hérold, le Musée Cantini célèbre en 2010, pour I. première fois dans un musée en France, l'oeuvre de cet artiste majeur et singulier dans l'histoire du surréalisme. L'exposition retrace son parcours, depuis ses premières tentatives picturales à son arrivée à Paris, jusqu'à son adhésion au surréalisme en 1934, groupe qu'il côtoiera de 1934 à 1951, puis son évolution jusqu'aux années 1960. L'exposition rencontre un écho évident au Musée Cantini, dont le fonds surréaliste forme un des axes majeurs de la collection, articulé à l'histoire de Marseille. Formé à l'Ecole des beaux-arts de Bucarest de 1927 à 1929, Hérold arrive à Paris en 1930. Son goût de l'imaginaire et du mystère, issu de ses racines roumaines, le conduit naturellement à se rapprocher du groupe surréaliste par l'intermédiaire d'Yves Tanguy qu'il rencontre en 1932. En 1940, au moment du grand mouvement d'exil des intellectuels vers le sud de la France, en attente de visas pour les Etats-Unis, Jacques Hérold se réfugie à Marseille, aux côtés d'André Breton, Jacqueline Lamba son épouse, Victor Brauner, Oscar Dominguez, Max Ernst, Wifredo Lam, André Masson... Au cours de ces vacances forcées, Jacques Hérold réalise, avec ses amis surréalistes réunis à Marseille, le jeu de cartes de Marseille (1941) et un ensemble de cadavres exquis et de dessins collectifs (1940), dont certains sont aujourd'hui conservés au Musée Cantini. De cette période, datent des tableaux où surgissent dans un univers fantastique des personnages écorchés et déchiquetés. En 1943, il s'installe à Paris, participe à la revue La Main à plume éditée par le poète Robert Rius et réalise en 1945 avec Oscar Dominguez, Marcel Jean, Victor Brauner et d'autres, les fresques de la salle de garde de l'hôpital Sainte Anne. À partir de 1942, il séjourne durant l'été à Lacoste dans la vallée du Lubéron ; la proximité des ruines du château du Marquis de Sade lui inspire des peintures chargées de symboles où l'espace se resserre selon une trame de fils impénétrables, comme tissée par une araignée invisible, dans laquelle sont prises au piège des figures étranges. Son oeuvre évoluera ensuite vers l'élaboration de formes organiques et végétales dans des tons contrastés pastel et brun. Il est également l'auteur de décors de théâtre et l'illustrateur de nombreux ouvrages, en particulier de Julien Gracq, Francis Ponge, Tristan Tzara, Gherashim Luca, Michel Butor, le Marquis de Sade, Georges Bataille ...

10/2010

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Critique littéraire

Revue de littérature comparée N° 355, 3/2015

Salvatore COSTANZA, "Les oreilles ont dû vous tinter" . Fortune littéraire d'un thème folklorique de Lucien à Proust, RLC LXXXIX, n° 3, juillet-septembre 2015, p. 257-268. On examine ici la fortune littéraire d'un thème folklorique tel que le tintement des oreilles censé être un mouvement fatidique, d'où l'on pouvait tirer des pronostics sur l'avenir des individus. Il faut remarquer que ce motif est toujours employé chez les Grecs, Lucien, Aristhénète et dans la Recherche avec la même fonction. Au coeur d'une affaire amoureuse une femme en tant que médiatrice "révèle" à l'amant tourmenté par la jalousie que sa bien-aimée lui est toujours fidèle, qu'elle a sans cesse parlé de lui, donc les oreilles ont dû lui tinter. Il est intéressant de voir cet argument tiré de la superstition des tintements des oreilles, c'est-à-dire de l'otomancie, chez M. Proust, qui l'emploie toujours pour apaiser les troubles d'un amant abusé. C'est encore une fois le canevas déjà écrit par ses anciens prédécesseurs. Caroline BELOT GONDAUD, La Figure du couple machiavélique. A propos des "couples scélérats" de Shakespeare, Laclos, Barbey d'Aurevilly, Zola, Henry James, James M. Cain, Boileau-Narcejac, Ian McEwan et Ron Rash, RLC LXXXIX, n° 3, juillet-septembre 2015, p. 269-280. La figure du couple machiavélique est présente dans des oeuvres aussi diverses que Macbeth, Les Liaisons dangereuses, Les Diaboliques, The Portrait of A Lady et dans bon nombre de romans policiers. La façon dont la figure est mise en scène, mise en récit, crée une véritable dramaturgie du mal. Le couple machiavélique apparaît bien comme une figure de l'amour et du mal : dans sa version shakespearienne, elle est une réécriture du scénario biblique de la Chute et, dans sa version laclosienne, le marqueur d'une profonde dégradation de l'idéal courtois de l'amour. Mario ZANUCCHI, La Crise du symbolisme. La réception de Baudelaire et Verlaine dans la poésie de Walter Wenghöfer, RLC LXXXIX, n° 3, juillet-septembre 2015, p. 281-298. Le but de cet article est d'étudier la réception de Charles Baudelaire et de Paul Verlaine dans l'oeuvre d'un poète du cercle de Stefan George, qui jusqu'à maintenant a été ignoré par l'historiographie littéraire allemande : Walter Wenghöfer. L'étude de reception est étayée et précisée par l'analyse intertextuelle et intermédiale de poèmes exemplaires. De cette manière, la contribution reconstruit la crise de la poétique symboliste dans la poésie allemande de la "fin du siècle" . En outre, il montre comment Wenghöfer - à travers la dépotentialisation esthétique des figures d'autorité symbolistes - anticipe la critique que l'expressionnisme allemand adresse au symbolisme. Christine QUEFFELLEC, "La vie imite rarement l'Art" : Gemma Bovery, entre Flaubert et Wilde, RLC LXXXIX, n° 3, juillet-septembre 2015, p. 299-308. Gemma Bovery, roman graphique de Posy Simmonds se veut une parodie du roman de Flaubert, Madame Bovary, transposé à la fin du XXe siècle. Le narrateur, séduit par Emma Bovary dont il partage les aspirations romantiques, imagine que le destin de ses voisins, Charlie et Gemma Bovery, va se calquer sur celui des personnages flaubertiens et que la vie va imiter l'art, comme le souhaitait Oscar Wilde. Il s'apercevra qu'il s'est trompé. Ce roman invite à une réflexion sur la lecture et sur les rapports entre la littérature et la vie. L'adaptation cinématographique d'Anne Fontaine infléchit quelque peu le sens de l'oeuvre en conférant au film une unité de ton et de style que l'écrivaine avait voulu briser et en se rapprochant du roman français. Salvatore COSTANZA, "Les oreilles ont dû vous tinter" : the literary fortune of a folkloric theme, from Lucien to Proust, RLC LXXXIX (in French), no. 3, julysept. 2015, p. 257-268. We examine the survival of a folklore theme centered around the observation of buzzing in one's ears. Ringing was considered as a fateful movement and was comprised among the observations for divinatory ends. The relationship between the buzzing in one's ears and the belief that one subsequently became the object of other people's speech appears in Lucian of Samosata (second century A. D.) and in his later revival given by sixth century's epistolographer Aristaenetus. In this respect, a striking parallel is provided in modern French literature by Proust's Recherche. In every case a woman acting as mediator "reveals" someone that his beloved is always true to him and she was endless speaking of him. Consequently, something should have buzzed in his ears. It is interesting to remark, that such an argument drawn from superstition about buzzing in one's ears, that is, otomancy, still recurs in M. Proust with respect to abused lover's troubles. It is clearly the same plot, as his Greek antecedents have already used. Caroline BELOT GONDAUD, The Figure of the Machiavellian Couple, RLC LXXXIX (in French), no. 3, july-sept. 2015, p. 269-280. The figure of the machiavellian couple appears in Macbeth and Les Liaisons dangereuses, Les Diaboliques, The Portrait of A Lady as well as in various detective novels. The way it is told and staged creates a dramaturgy of evil. The Machiavellian couple can be interpreted as a mere figure of love and evil which rewrites, in its Shakespearean version, the biblical narrative of the Fall while the couple of Laclos signals the deep deterioration of the ideal of love in a courtly meaning. Mario ZANUCCHI, The crisis of Symbolism. The reception of Baudelaire and Verlaine in the poetry of Walter Wenghöfer, RLC LXXXIX (in French), no. 3, julysept. 2015, p. 281-298. The aim of this article is to study the reception of Charles Baudelaire and Paul Verlaine in the work of a poet from Stefan George's circle, who has been ignored by the German literary historiography until now : Walter Wenghöfer. The reception study is supported and clarified by the intertextual and intermedial analysis of exemplary poems. In this way, the contribution reconstructs the crisis of symbolist poetics in the German poetry of the < fin du siècle >. Furthermore it shows how through the aesthetic depotentialization of symbolist authorities Wenghofer anticipates expressionist criticism of the symbolist poetics. Christine QUEFFELLEC, "Life rarely imitates Art" : Gemma Bovery between Flaubert and Wilde, RLC LXXXIX (in French), no. 3, july-sept. 2015, p. 299-308. Gemma Bovery, Posy Simonds's graphic novel, is a parody of Flaubert's Madame Bovary, transposed into the end of the 20th century. The narrator, seduced by Emma Bovary, whose romantic aspirations he shares, imagines that his neighbours, Charlie and Gemma Bovery, will experience the same fate as Flaubert's characters and that life will imitate art, in accordance with Oscar Wilde's hopes. He will realize that he was wrong. This novel induces us to reflect on reading and the relationship between literature and life. The film adaptation by Anne Fontaine distorts somewhat the book's meaning, giving a unity of style and tone that the English writer had wanted to break down in order to draw closer to Flaubert's novel.

12/2015

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Beaux arts

Robert Doisneau

Un documentaire qui se lit comme un récit, des moments-clés de la vie du photographe Robert Doisneau illustrés par treize clichés incontournables et représentatifs du talent de ce photographe humaniste. Des photos de commande ou personnelles, toujours réalistes, prises en noir et blanc mais aussi en couleurs. Des photographies à la fois tendres, facétieuses et touchantes, toutes accessibles aux enfants, et qui leur parlent dès leur plus jeune âge. Un documentaire sur un photographe pour une première approche de la photographie Témoin de son temps, Robert Doisneau était aussi, et surtout, un grand photographe, toujours en quête de l'image parfaite. Il y a une grande esthétique dans son travail, notamment son art du cadrage et sa faculté à saisir ou à mettre en scène des instants "uniques". Toutes ces photos dégagent une grande force émotionnelle. A chaque fois, il nous raconte une histoire avec tendresse, une histoire qui parle à tout le monde. Pour découvrir et apprendre le vocabulaire de la photo : objectif, cliché, composition, cadrage, mise en scène, lumière, détail, décor, portrait, pose, commande, laboratoire, noir et blanc, couleur... Un des photographes français les plus connus au monde Robert Doisneau s'est toujours considéré comme un artisan et ne cherchait jamais à tomber dans le sensationnel, que ce soit en photographiant le Paris populaire qu'il aimait tant ou le milieu mondain où ses commandes de reportage l'envoyaient parfois. Ses très nombreux clichés en noir et blanc des rues de Paris de l'après-guerre et de sa banlieue, d'écoliers en classe ou en extérieur, de personnalités du XXe siècle ou d'anonymes touchants ont, entre autres, fait sa renommée. Les photos prises par Robert Doisneau reflètent bien l'homme qu'il était. Elles montrent, en toute occasion, ce qui retenait son attention, ce qu'il voulait dénoncer ou mettre en lumière. Que ce soient avec ses photographies de commande (pour les sociétés pour lesquelles il a travaillé, des journaux, des magazines...) ou ses photographies prises en tant que photographe indépendant, toutes ont cette "touche Doisneau" immédiatement reconnaissable ! Un ouvrage didactique mêlant photos et illustrations Les treize photos de l'ouvrage : "L'Agocholine Zizine" (une photo pharmaceutique), "Chez la marchande à la toilette, la robe "chic" " (extraite d'un reportage au marché aux puces), "La Pause" (ses années à l'usine Renault), "Dordogne" (sur les congés payés), "Le Cheval tombé" (prise durant l'Occupation), "Les Glaneurs de charbon" (photo de banlieue), "Christian Dior et ses catherinettes" (une de ses photos de mode), "Le Baiser de l'Hôtel de Ville" (des amoureux à Paris, l'une des images les plus célèbres de l'histoire de la photographie), "Les Pains de Picasso, à Vallauris" (portrait d'artiste), "Le Cadran scolaire" (photo d'écoliers en classe), "Les Bigoudis du peintre" (photo aux USA, en couleurs), "Pipi Pigeon" (un bel exemple de son humour"), "Quartier du Pavé Neuf" (photo en couleurs des nouvelles banlieues). Pour présenter ces clichés, une petite mascotte attachante guide le lecteur à travers les pages du livre, pointant du doigt les spécificités et détails de chacun, avec des mots simples qui rendent l'histoire des arts visuels accessible.

04/2024

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Sciences historiques

La fin du village. Une histoire française

À travers la description et l’analyse de la vie quotidienne d’une ancienne collectivité villageoise provençale, ce livre s’attache à décrire la mentalité et le style de vie de ses habitants en soulignant les mutations et les bouleversements que cette collectivité a subis depuis la dernière guerre jusqu’aux années 2000. L’urbanisation et la modernisation ne signifient pas seulement la fin d’un monde clos et de son « chauvinisme de clocher » ; elles se paient d’une dissolution du lien collectif, entraînant l’individualisme vers une « postmodernité » problématique. De la « communauté villageoise » et du « peuple ancien » au « nouveau monde », les différentes parties du livre sont ordonnées autour de cette mutation : le développement de la consommation, du loisir et du tourisme ont érodé les anciennes traditions provençales ; les « néo ruraux » formés de couches moyennes urbaines et de catégories fortunées se sont substitués aux anciennes couches populaires touchées par le chômage et la fin de leur « petite patrie » qu’était la collectivité villageoise. La fracture est à la fois sociale et culturelle et met en jeu des conceptions et des rapports différents à la vie individuelle et collective. À rebours d’une vision idéalisée de la Provence, La fin du village montre une autre réalité où les populations locales ont le sentiment d’être « envahies » dans la période estivale – la Provence étant devenue, selon une expression largement usitée dans la région, le « bronze-cul de l’Europe ». Tandis qu’affluent touristes et nouveaux habitants fortunés en mal de soleil et de ciel bleu, les Provençaux se vivent comme les derniers témoins d’un patrimoine qui ne leur appartient plus, ou pire encore, les gardiens d’un décor de théâtre ou une « espèce en voie de disparition ». Aux anciens rapports villageois a succédé un individualisme désaffilié dont le rapport à la collectivité est devenu problématique. Sans nostalgie pour un supposé « bon vieux temps », l’auteur passe au crible de l’analyse critique les dérives du « nouveau monde ». Sur fond de chômage et de « village dortoir », il souligne l’importance prise par les fêtes en tout genre, l’« animation sociale et culturelle » et ce qu’il nomme d’un sobriquet les « cultureux » dont l’« ouverture » et les « pratiques artistiques » constituent un curieux mélange de pédanterie et de militantisme revisité ; il rend compte de formes nouvelles d’éducation et d’animation de la jeunesse qui tentent de façonner des individualités nouvelles avec un angélisme des droits de l’homme et une écologie qui verse dans le moralisme et les bons sentiments ; il s’interroge sur la façon dont la collectivité envisage aujourd’hui son rapport à la nature, à la vieillesse et la mort. Ces conceptions et ces comportements coexistent avec des formes nouvelles de misère et de désaffiliation (la « déglingue ») liées à la combinaison du chômage et à la déstructuration familiale. Le « village bariolé » qui succède à l’ancienne collectivité villageoise fait coexister des catégories sociales et des mondes séparés à l’intérieur d’un même espace géographique vide de projet commun. En ce sens, la « fin du village » constitue une sorte de « groupe témoin » d’une France morcelée et d’une évolution problématique des sociétés démocratiques, que les responsables politiques et les citoyens se doivent d’affronter au plus près des réalités.

09/2012

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Histoire de la peinture

Traité de peinture. Tome 2, Lexique et diagramme

"Dans le Lexique, [les mots] s'agitent à la façon des puces dans les poils du chien et sautent de-ci de-là, parfois bonds immenses, parfois d'un poil à l'autre. Ils tissent alors des fraternités étranges que Lucrèce trouvait condamnables parce qu'elles produisent des monstres comme dans les images où une tête humaine vient à se souder à un corps de taureau. Varron plongea sa vie dans cette marmite grouillante et instable et, malgré le soin qu'il prit à rationaliser en introduisant des règlements exportés de la grammaire, rien n'y fit ; ceci sautait à cela. Le Lexique que je propose est donc de cette espèce : il fait cause commune au mouvement des images et peut, modeste, s'attarder sur un détail ou, vaniteux, aller au-devant des plus grandes monstruosités, tout comme Lucrèce qui, tout en disant "cela ne se peut" , laisse aller son imagination à des combinaisons de corps ou de végétaux qui n'auraient pas déplu à Ovide". (Christian Bonnefoi) Second tome du Traité de peinture, ce Lexique des termes de la peinture est composé comme un roman lexical. Renouant avec la tradition des traités de la Renaissance, Bonnefoi prolonge l'action de la peinture et son savoir muet, sa technè, dans le médium du langage. Les rubriques classées par ordre alphabétique et appelées à s'enrichir virtuellement se développent dans des registres d'écriture variés passant de l'élaboration conceptuelle d'un terme à son inscription dans une histoire des techniques de la peinture ou à sa reprise poétique. Ainsi en est-il par exemple des notions de "détail" , "condensation" , "effacement" , "mode d'exposition" , "seuil" , "verso" ou encore du "collage" parmi une centaine d'autres termes du Lexique. Véritable "dispositif" , qui constitue avec le "Tableau" et le "Remake" l'un des trois modes techniques de la pratique de Bonnefoi, le "Collage" se développe dans une réflexion sur l'épaisseur du plan, la profondeur d'une réserve qui remonte à la surface picturale et la déborde, comme les souvenirs de la mémoire involontaire ou les "avant-corps" qui se détachent du "tableau" , tels les simulacres de Lucrèce. Comme l'écrit Bonnefoi, le collage n'est pas réductible à cette invention technique des cubistes, "il signifie que la surface comme entité, héritée du Quattrocento, n'est plus apte à accueillir les nouvelles formes, qu'il faut la dupliquer, voire la démultiplier, développer son expansion aussi bien dans ses marges que dans son épaisseur et sa matérialité" . Ce précepte vaut du même coup pour la langue où "le mot qui va prendre en relais la pointe la plus avancée de la peinture ne s'en détache pas pour autant entièrement ; il en conserve la coloration qui est sa façon à elle, la peinture, d'exister au-delà de son lieu, c'est-à-dire dans la langue" . La correspondance épistolaire (avec Jean Louis Schefer, Gilles Hanus, Pascal Bacquè, Norbert Hillaire, Michel Guérin ou Dina Germanos Besson) s'invite dès lors elle aussi dans l'élaboration des notions, qui convoquent pêle-mêle l'événement biographique, l'instance de la critique historique, la rêverie, la recommandation adressée au peintre, ou encore la description fine de ses opérations. Empruntées à la philosophie (l'accroissement du réel de Bergson), à la poésie (le calme bloc de Mallarmé), ou au roman (le Pays de l'Obscur de Proust) ou encore construites depuis l'expérience du peintre (comme ce que Bonnefoi nomme la division de la division), les notions du Lexique s'étoffent et densifient la constellation des relations qu'elles entretiennent entre eux au fil d'une lecture ouverte sur un labyrinthe des circulations possibles. Ce second volume du Traité comporte, en première partie, une introduction au Diagramme, qui est une mise en espace et une stratification de l'oeuvre de Bonnefoi.

11/2023

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Religion

Du libre-arbitre et de la liberté. Recherches sur le libre-arbitre et la liberté

Tous, nous proclamons notre amour de la liberté. Si celle-ci est comprise comme capacité d'initiative, comment un chrétien ne serait pas profondément d'accord ? Sur ce point, l'esprit moderne est vraiment l'héritier du christianisme. En effet, pour la tradition chrétienne, la liberté nous est accordée pour que nous puissions coopérer à la réalisation de son dessein bienveillant. Dieu nous a créés pour nous rassembler autour de son Fils bien aimé et nous faire partager sa béatitude. Il nous a donné une capacité d'initiative afin que nous prenions notre part de responsabilité dans la construction de ce monde nouveau. Mais quand dans notre culture, la liberté semble être à elle-même sa propre fin, l'intelligence de la foi s'en trouve déstabilisée. On voit alors naître un conflit entre ceux qui sont influencés par l'approche moderne et ceux qui se veulent fidèles à la tradition. Nous en faisons chaque jour l'expérience, sous le mot liberté nous ne mettons pas tous la même chose. C'est pour comprendre ce malaise et y faire face que cet ouvrage a été rédigé. L'approche historique montre que la notion de libre-arbitre est aussi ancienne que le christianisme et n'a jamais cessé de faire l'objet de recherches et de débats. En même temps, cette approche suggère une perception plus profonde de la réalité que veut désigner l'expression libre-arbitre, que la Bible désigne à travers le symbole du coeur et que nous, modernes, nous nommons à juste titre capacité d'initiative. Cette perception permet un nouveau regard sur la morale, trop souvent décrite comme limitation de la liberté alors qu'elle devrait, comme la grâce, être comprise comme ce qui contribue à la croissance de la capacité d'initiative. Dans cet ouvrage, le père Laurent Sentis précise et justifie la conception de la liberté qu'il avait esquissée dans ses travaux précédents : Saint Thomas d'Aquin et le mal, et De l'utilité des vertus. Il propose ainsi le troisième tome d'une trilogie consacrée à l'anthropologie chrétienne.

11/2019

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Critique littéraire

Dans le cercle d'Achille Bocchi. Culture emblématique et pratiques académiques à Bologne au XVIe siècle

Connu pour son recueil d'emblèmes néo-latins, les Symbolicae Quaestiones (1555), illustré par Giulio Bonasone et qui connut un grand succès dans l'Europe de la Renaissance, Achille Bocchi (1488-1562) fut une figure majeure de la vie littéraire et culturelle à Bologne au Buta siècle. Ce lecteur au Studio de la ville présidait une académie qui se réunissait dans son palais bolonais et accueillait un cercle important d'hommes de lettres, prélats et artistes. Le présent ouvrage, qui fait suite à notre édition commentée et traduite des emblèmes de Bocchi (PUFR/PUR, 2015), propose pour la première fois l'édition, la traduction, et l'annotation de trois textes inédits, accompagnées de vastes introductions, qui permettent de mieux comprendre l'activité de cet auteur et de son cercle, et, plus largement, de comprendre la circulation des idées et des pratiques littéraires au XVIe siècle. Ces trois opuscules complémentaires, qui couvrent une période allant de 1515 à 1556, s'illustrent parleur variété générique et par l'importance des questions philosophiques, politiques et religieuses qui y sont soulevées. Tandis que le Démocrite ou la vanité propose une praelectio hors normes, placée sous le signe d'une verve satirique mordante qui doit beaucoup à Antonio Urceo Codro, Pietro Crinito et Somme, le Tolomei, véritable dialogue politique, met aux prises Claudio Tolomei, Annibale Caro et Gabriele Cesano pour débattre de la difficile question de l'attitude que le prince doit montrer face à ceux qui l'insultent ou le calomnient. La double présence, en arrière-plan, de Pier-Luigi Farnese, duc de Parme et de Plaisance, et du cardinal Hippolyte d'Este, ambassadeur de François 1er, confère une véritable actualité à cet échange qui fait aussi la part belle aux historiens de l'Antiquité et à Machiavel. Quant au troisième texte, le Petit commentaire au Symbole 10 d'Achille Bocchi, rédigé par un ami de l'emblématiste, Giovanni Antonio Delfinio, il entraîne le lecteur dans l'interprétation allégorico-philosophique d'un emblème inspiré par un authentique bas-relief antique, dit "d'Ikarios" ou "de la théoxénie" , qui appartenait à la collection Farnèse, et dans les figures duquel Bocchi et son commentateur pensent pouvoir reconnaitre des personnages de la sixième Bucolique de Virgile.

08/2019

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Sciences politiques

Le totalitarisme. Un concept et ses usages

Forgé dans les années 1920, le concept de "totalitarisme" fait partie intégrante de l'histoire du XXe siècle et, à ce titre, ne saurait être exclu de son interprétation. Soumis à un usage social multiforme, au coeur des débats nourrissant anti-fascisme, anti-totalitarisme et anti-communisme, il est un concept "politique" devenant en lui-même un conflit. Destiné parallèlement à un usage savant transdisciplinaire où se côtoient philosophes, politistes, historiens et juristes, il en a hérité des significations parfois différentes. En raison de ces usages croisés et superposés, le concept a été jugé polémique (il l'obligerait à penser dans le cadre de la démocratie libérale), impuissant (à rendre compte de la réalité complexe et évolutive des régimes considérés comme "totalitaires"), voire banalisant (en estompant notamment la singularité du génocide perpétré par te nazisme). Les moments furent donc nombreux où il fut en passe d'être effacé de la critique publique et du lexique des sciences sociales. "Concept-symbole" de certaines conjonctures (guerre froide, intégration européenne, "fin de l'histoire" libérale...), son utilisation serait problématique dans te champ académique. Comment expliquer alors sa capacité de résistance au-delà des circonstances qui l'auraient fait prospérer ? Le fait qu'un concept ait été politiquement instrumentalisé devrait-il conduire à son excommunication scientifique ? Ne doit-on pas plutôt convenir que le concept de totalitarisme, si chargé soit-il, reste opératoire sous certaines conditions d'utilisation ? S'il est peu probable que le terme soit retiré du débat en dépit des plus rudes assauts, il est toujours utile de rappeler sa double nature : une représentation destinée à rendre le réel plus Intelligible ; des formes historiques où le concept compose avec la réalité. Penser le et les totalitarismes. C'est au regard de cette nécessaire double approche qu'un colloque organisé en mars 2012 à l'université Rennes 1 a eu l'ambition de mobiliser des représentants de plusieurs disciplines. L'ouvrage présent qui en est issu rend compte du regard qu'elles posent sur le "totalitarisme" tant en ce qui concerne ses usages, son contenu, ses limites et les enjeux qu'il suscite toujours.

12/2014

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Histoire internationale

Auschwitz

Auschwitz est devenu le symbole tant des camps de concentration que de la « solution finale », et plus largement de la violence et de la répression nazies. Il occupe aujourd'hui une place centrale tant d'un point de vue mémoriel qu'historique. Pourtant, hormis l'ouvrage d'Annette Wieviorka, Auschwitz, 60 ans après (R. Laffont, 2005), il n'existe pas d'étude véritable consacrée au sujet en français. Au demeurant, ce paradigme qu'est Auschwitz est paradoxal. Le site est marqué par le gigantisme, qu'illustrent en premier lieu les chiffres : 1,3 million de personnes acheminées là depuis toute l'Europe et 1,1 million de morts. Mais ce gigantisme est multiple et dépasse le seul bilan meurtrier : gigantisme au sein du système concentrationnaire, qui en fait le plus grand des camps de concentration ; du centre de mise à mort, qui en fait le lieu d'assassinat le plus important de la « solution finale » ; du complexe économico-industriel articulé autour des camps et de la ville d'Auschwitz qui en fait un lieu de production particulier, où se mêlent prisonniers du camps, travailleurs forcés tels que des STO français, prisonniers de guerres britanniques ou simples employés et ouvriers allemands. Il s'agit d'un lieu unique, à nul autre pareil, où se sont mêlées et entrecroisées des politiques qui, en général, ne se rencontraient jamais en un même lieu. Car Auschwitz est ensemble complexe, protéiforme, où se croisent des politiques diverses qui n'ont en commun qu'un lieu, qui n'est pas limité au camp de concentration d'Auschwitz, mais est constitué de l'espace de la ville d'Oswiecim-Auschwitz et de ses alentours, où coexistent différents camps, centres de mise à mort et industries. Il s'agit à la fois de brosser l'histoire du complexe d'Auschwitz – en mettant en lumière les éléments et évènements les plus importants – tout en réinsérant celle-ci dans l'histoire plus large des différentes politiques nazies, et parallèlement de procéder à une déconstruction de l'espace connu sous le nom d'Auschwitz, qui a été en perpétuelles construction et évolution durant cinq années.

01/2015

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Histoire de France

Les déportés de France vers Aurigny (1942-1944)

Le 2 juillet 1940, les forces allemandes posent le pied sur l'île d'Aurigny, l'île anglo-normande la plus au nord de l'archipel, d'une superficie d'environ six kilomètres sur quatre. Après la campagne de France et la prise de Jersey et Guernesey, les Allemands ont la surprise de trouver une île désertée par ses habitants. Rapidement, elle devient un symbole de la propagande nazie pour Hitler qui peut ainsi avancer qu'il a déjà le pied en terre britannique. Après l'échec de la Bataille d'Angleterre, l'île est incluse dans le processus de protection des côtes, connu plus tard sous l'appellation de "mur de l'atlantique" . Une main d'oeuvre importante doit être mobilisée pour oeuvrer à la réussite de l'édification des fortifications. Au départ concentrée sur une population raflée sur le front de l'est pendant l'hiver 1941-1942, l'île diversifie la provenance de ces déportés en incluant des hommes arrêtés en France. Des républicains espagnols arrêtés parfois dès 1939 sous la IIIème République, des résistants basnormands appréhendés en mai 1944, des étrangers raflés à Marseille en janvier 1943 mais aussi et surtout des Juifs, à la base "non déportables" car "conjoints d'aryennes" , arrêtés pour la majorité dans les premières rafles d'israélites opérées dans la capitale au cours de l'année 1941. A l'hiver 1943, le nombre maximum des déportés présents est estimé à environ 5 000. 855 hommes qui viennent de France sont recensés, dont près de 600 de religion juive. Ils sont détenus dans le camp n°2, celui de Norderney, d'une île qui en compte quatre. Sur place, des détachements SS surveillent les camps pendant que les travaux s'effectuent sous le contrôle de l'Organisation Todt. Les déportés sont évacués pour les derniers à la fin du mois de juin 1944 et retrouvent la liberté avant la fin de l'été. Comment ces hommes aux provenances si différentes se retrouvent sur ce petit bout de terre au large des côtes françaises ? Quelles sont les conditions de vie dans le camp de Norderney ? A travers cet ouvrage Benoît Luc nous fait aussi comprendre pourquoi cet épisode de l'histoire anglo-normand est souvent occulté, parfois oublié

01/2010

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Poésie

Nul lieu n'est meilleur que le monde. Edition bilingue français-anglais

"Nos vies nous ont forcés à quitter la carrière poétique, écrivait Wendell Berry à son ami Gary Snyder en 1977. Quand on quitte la poésie, les poèmes deviennent alors une façon de parler aux autres hommes et pour les autres hommes, et non plus des choses acquises." C'est en 2014 qu'ont été révélées au public les quarante années de correspondances entre Snyder, symbole de la Beat Generation, et Berry, l'héritier de Thoreau, chantre et théoricien d'un monde renouvelé grâce à l'écologie. La même année que Snyder avait quitté les Etats-Unis pour aller suivre au Japon les enseignements d'un maître zen, en 1956, Wendell Berry s'installait avec sa femme dans une vieille ferme de 60 hectares, sur la rive occidentale de la rivière Kentucky. La même année que le Californien revenait aux Etats-Unis pour acheter avec Allen Ginsberg des terres au nord de la Sierra Nevada, en 1969, l'homme du Kentucky publiait à New York son premier recueil d'essais, The Long-Legged House, véritable manifeste appelant à une prise de conscience sur les conditions de survie des sociétés modernes. Berry a oeuvré de toutes ses forces pour développer de nouveaux modes d'agriculture, respectueux de la nature, et recréer des communautés à taille humaine, fondées sur un sens de la solidarité qui disparaît dans le monde globalisé qui est le nôtre, soumis à une logique financière et à des technologies asservissantes. "Nul lieu n'est meilleur que le monde, met en garde Wendell Berry, qui, lui-même, / n'est pas meilleur que ses lieux. Ceux-ci / ne sont pas meilleurs que leurs habitants tant que leurs habitants / continuent d'y vivre. Quand ils rendent obscure / la lumière en eux, le monde s'obscurcit." Voix majeure de la poésie contemporaine, mais aussi romancier et nouvelliste, auteur de très nombreux essais sur l'écologie et la littérature, Berry est considéré aujourd'hui en Amérique comme un véritable prophète de notre temps. C'est la première fois qu'il est traduit en volume en français à travers un ensemble de textes qui couvre l'ensemble de son itinéraire poétique.

09/2018

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Actualité et médias

Barack Obama ou le rêve américain

Barack Obama fait figure de géant dans l’histoire du monde. Premier président noir des Etats-Unis, il est un motif de fierté et d’espoir et représente surtout une réelle émancipation des Noirs. Tous les Afro-Américains sont fiers de lui, car il a sorti les Noirs d’un long sommeil après tant de siècles d’esclavage, de ségrégation raciale, de lutte pour les droits civiques. Sa réussite incite le peuple noir à travailler davantage pour généraliser ce succès. L’Amérique écrit une nouvelle page de son histoire, qui s’inscrit dans l’« American Dream », le rêve américain, où tous peuvent vivre, travailler ensemble et réussir en tant qu’individu, sans que l’on prenne en compte la couleur de la peau ou la religion. Cela mérite d’être connu et mieux compris. En commençant son mandat le 20 janvier 2009, Barack Obama, avec son slogan« Yes We Can ! » ? « Oui, nous le pouvons » ? est devenu le symbole du phénomène du plus grand changement social aux Etats-Unis que le monde ait connu depuis plusieurs décennies. Prix Nobel de la Paix en décembre 2009 pour sa vision d’un monde sans armes nucléaires et pour ses efforts de réconciliation de l’Amérique avec le monde musulman, il est considéré comme un messie dans son pays par des milliers de gens, ainsi qu’en Europe, en Asie et en Afrique. Pourquoi et comment un fils d’une mère blanche américaine et d’un père kényan de l’ethnie Luo, et alors que beaucoup de gens n’avaient jamais entendu parler de lui, est-il devenu l’homme le plus puissant du monde ? Quel a été le pélerinage idéologique de Barack Obama à travers ses idéaux sur la paix, la réconciliation et l’unité du peuple américain et la reconstruction économique de l’Amérique mises en oeuvre avec une approche novatrice ? C’est une réussite du rêve américain qui peut servir d’exemple à tous les Afro-Américains, les Africains, toutes les communautés noires de par le monde, sceller l’émancipation des Noirs et contribuer à la disparition de toute forme de racisme. Un livre à lire avec tout l’amour et l’espoir pour la paix dans le monde et pour la solidarité entre les peuples.

09/2010

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Sciences historiques

Le Meilleur pain du monde. Les boulangers de Paris au XVIIIème siècle

Le bon pain d'autrefois, le pain fait à l'ancienne : autant d'expressions qui évoquent un temps où le pain était au cœur de la vie, où le partage du pain en famille ou au travail était un geste quotidien et l'offrande de pain bénit un rituel dominical. Pour comprendre le sens de ces traditions, il faut imaginer le Paris du XVIIIe siècle. Des fournils aux étals des marchés, les activités liées au pain animent la ville, de jour comme de nuit. Le pain est alors une denrée de première nécessité, et la boulangerie un véritable service public qui mobilise sans cesse la police. Mais sa fabrication ne relève pas que du savoir-faire du boulanger, elle dépend d'un environnement que nul ne peut maîtriser, et la peur même d'en manquer en fait un symbole. Que le pain gris remplace le pain blanc - le pain que préfèrent les Parisiens - et les voilà dans la rue. " Si le pain ne diminue, nous exterminerons le roi et tout le sang des Bourbons ", proclament des affiches lors du couronnement de Louis XVI. Quinze ans plus tard, les femmes iront à Versailles chercher " le boulanger " car c'est au roi qu'il revient d'assurer la subsistance de ses sujets. Stevan Kaplan fait revivre de façon magistrale cette longe chaîne du pain à laquelle toute la ville participe, et en premier lieu les boulangers. Acteurs trop oubliés de la vie politique et économique de l'Ancien Régime, ils forment l'une des plus anciennes corporations de Paris et n'en respectent pas toujours les règles : si les maîtres boulangers sont censés révéler les secrets de leur métier à leurs apprentis, ceux-ci sont souvent corvéables à merci. Rares sont les compagnons qui réussiront à s'établir. En fin de compte, la réputation des maîtres boulangers est leur capital le plus précieux, puisqu'elle leur assure à la fois le crédit de leurs fournisseurs et la fidélité de leur clientèle. Pour avoir le " privilège " de faire le meilleur pain du monde, il faut aussi savoir faire commerce et même bien choisir son épouse.

01/1996

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Manga

Le pacte de la mer

Dans le village de pêcheurs d'Amidé, on raconte qu'autrefois, un pacte fut scellé entre un prêtre shintô et une sirène. Ainsi, en échange de la protection d'un d'oeuf, une pêche abondante et une mer clémente assurent la prospérité de la ville. Cette légende s'est répandue et attire médias et promoteurs. Partagé, Yôsuké, benjamin du clan des prêtres shintô, a un étrange pressentiment. Et si la légende était vraie ? Les hommes ne devraient-ils pas redouter la colère de la mer ? Un pacte avec la nature Au Japon, le respect inspiré par les éléments naturels rime souvent avec tradition puisque la religion shintô est censée assurer une bonne relation entre la nature et les intérêts humains. Or, depuis les années 1970, un nouveau débat a pris place au sein de la société japonaise : le développement du pays doit-il se faire au détriment de la tradition ? Le Pacte de la mer illustre de façon sobre et pourtant très forte cette tension entre modernité et tradition ; le jeune héros Yôsuké étant le symbole d'une nouvelle génération qui cherche sa place dans ce système où parent et grands-parents s'opposent. Satoshi Kon réussit à décrire avec justesse l'évolution d'une jeunesse partagée entre modernisation effrénée et respect des mystères de la nature. Un propos finalement très contemporain. Le Pacte de la mer bénéficie d'une préface d'un " parrain " prestigieux sous la plume de Jean-Pierre Dionnet, co-créateur de la revue Métal Hurlant et de la maison d'édition Les Humanoïdes Associés, producteur, scénariste et journaliste qui a contribué au succès de la bande-dessinée asiatique et du manga en France et qui décrit l'oeuvre de Satoshi Kon avec passion : " Son oeuvre est rare en quantité, mais tout y est facette d'un édifice unique et, en réalité, achevé : il avait la prescience sans doute de sa courte floraison. Une oeuvre à fleur de peau de poisson [... ] miroitant comme de la peau de galuchat : cette peau tannée faite de centaines de miroirs obscurs, comme une onde changeante, inconstante. "

09/2017

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Esotérisme

Du zodiaque au totem

"Les recherches poursuivies en paléontologie humaine par feu le docteur LEAKEY, en particulier, ont permis de placer le berceau de l'humanité en Afrique Orientale, dans la région des Grands Lacs, autour de la vallée de l'Omo" (Cheikh Anta Diop, Civilisation ou Barbarie, Présence Africaine) Comment l'Egypte est-elle perçue par les Africains après les travaux de Cheikh Anta Diop et de Théophile Obenga ? Comment après ces apports, les Africains appréhendent-ils la Tradition ? La leur, et aussi celle des autres ? Dans le cadre du culte des Ancêtres divinisés et de ce fait toujours vivants, l'homme pouvait se déplacer dans toutes les régions de l'Afrique. C'est peut-être ce que les Egyptiens Anciens ont voulu affirmer en plaçant les étoiles et constellations symbolisant Osiris-Canopus et Isis-Sothis-Sirius au pôle sud. Quoi qu'il en soit, les premières divinités africaines sont totémiques. Comment sont-elles nées ? Pourquoi les figures animales ? Le Lion ou la Lionne occupant une place de choix, le Serpent et donc le Boa, symbole d'ailleurs de la fertilité féminine et de la transmission de l'énergie et de la vie, le Singe et donc le Babouin, le bélier, le Taureau ou la vache ; le Scorpion, les Milans, les Hirondelles, l'Epervier ou le Faucon, le Crocodile etc. ? La présente étude a pour but de présenter, à travers l'évolution du zodiaque, la façon dont cette pensée a évoluée dans le temps. L'auteur propose également ce qui lui paraît devoir être la préoccupation de tout chercheur d'où qu'il soit, à savoir : rechercher en Afrique ce qui reste vivant de cette Egypte Ancienne que l'on croie morte. "L'Egypte est un gigantesque Temple plein de Sous-Temples. Et pour connaitre un Temple d'ailleurs, assurons-nous que nous maîtrisons les temples de chez nous. Sinon, l'Egypte demeurera hermétique et Thot continuera de nous cacher ses secrets" . Aujourd'hui, si nous estimons que l'Egypte Ancienne est africaine et de culture africaine !!! Soit ! Voyons donc cette Egypte Ancienne dans l'Afrique Noire d'aujourd'hui et apprécions sa vitalité à travers ce livre d'Essoh Ngomé Hilaire.

02/2014

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Cuisine

Le livre de la cuisine juive

Jamais livre sur le sujet n'aura réuni une somme aussi importante de connaissances, d'érudition et de recettes du monde entier en un seul volume. Tout un peuple, depuis son exil et sa dispersion à travers les continents il y a plus de 2000 ans, et jusqu'à nos jours, se retrouve ainsi raconté à travers son histoire, ses coutumes, ses rites et sa cuisine, qu'elle soit ashkénaze, sépharade ou orientale. Claudia Roden a rassemblé 800 recettes au cours des quinze années de recherches et de voyages. Dans son introduction, elle pose la question : "Existe- t-il une nourriture juive ? Après des années de recherche sur le sujet, écrit-elle, je peux affirmer que chaque région ou pays possède ses propres plats juifs, qui sont parfois bien éloignés de la cuisine locale. Si les Juifs ont effectivement adopté la nourriture des pays dans lesquels ils vivaient, dans chacun d'eux leur cuisine a conservé une manière et une saveur spécifiques, des traits caractéristiques et des plats totalement originaux." "En dehors de ces différences, il y a toujours eu dans la cuisine juive, même il y a des siècles, un parfum d'ailleurs, un cosmopolitisme qui faisait fi des murs du ghetto... Bien avant l'ère de la communication de masse, les juifs avaient leurs propres réseaux de communication. Les passeurs de connaissances gastronomiques étaient les marchands et colporteurs, les rabbins itinérants, les prêcheurs et professeurs, les étudiants et cantors"... "L'art culinaire est important dans la mesure où il constitue un lien avec le passé, un hymne aux racines, un symbole de continuité. C'est la part d'une culture d'immigration qui survit le plus longtemps...". Selon l'historien Simon Schama, "Claudia Roden n'est pas une simple écrivaine gastronomique, pas plus que Marcel Proust n'est un pâtissier de Madeleines. Elle est tout à la fois mémorialiste, historienne, ethnologue, anthropologue, essayiste, poétesse, qui a simplement décidé de communiquer à travers le "ta'am", le goût". Ce livre est considéré comme un classique sur le sujet. Il a été couronné par huit prix internationaux et traduit en espagnol, néerlandais, allemand et hébreu.

05/2017

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Histoire de France

Les Français et les armes à feu de 1789 à nos jours. Hommage à François Cochet

En France, le rapport à l'arme à feu semble passionnel. Il fait ici l'objet d'une somme de communications novatrices. Les armes à feu renvoient les Français à leur histoire nationale, du fusil 1777, symbole aussi bien de la prise de la Bastille que de la révolte vendéenne, au Lebel, qui incarne la Grande Guerre et au pistolet-mitrailleur MAT 49 qui dit tant aux anciens d'Algérie. Mais l'imprégnation de la société civile par les armes à feu mérite aussi d'être appréhendée. En effet, la chasse joue encore un rôle économique et culturel non négligeable dans la société française, plus que dans d'autres cultures nationales européennes ; témoins, les 150 000 licenciés de clubs de tir sportif et les nombreux et dynamiques magazines consacrés à l'armement, à commencer par la fameuse Gazette des armes. Régulièrement, l'opinion s'émeut du trafic d'armes de guerre et de la circulation croissante de kalachnikov dans le Milieu ou dans les "quartiers". Devant le nombre élevé de morts par arme à feu en France (environ 1600 par an, y compris les suicides), certains réclament des réglementations plus contraignantes. Cet ouvrage éclaire cette particularité française jusque-là largement délaissée par les chercheurs. Il l'inscrit dans une perspective historique mais aussi résolument interdisciplinaire : regards militaires comme civils, juridiques, anthropologiques, médicaux. Il s'agit d'étudier, en partant de la Révolution, comment ce modèle français du rapport à l'arme à feu s'est construit dans la durée. L'occasion de revenir sur des moments forts : la Révolution qui casse le privilège d'Ancien Régime pour faire de la possession de l'arme à feu un droit civique, l'instauration du service militaire qui fait de l'arme à feu un objet presque familier, la législation d'avril 1939 de restriction et classement des armes, l'occupation allemande, la législation de Vichy et les parachutages d'armes à la Résistance dont beaucoup ne seront pas restituées à la Libération, les décrets de 1973/1993/1998/2011 qui régissent la possession et l'utilisation des armes à feu par les particuliers.

04/2018

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Littérature française

Frede. Belle de nuit

C'est une héroïne de Modiano. Elle a les yeux bleu-vert, de longs cils, une chevelure brune, un air de chat et de garçonne à la fois. Dans le Paris des années folles, Suzanne Baulé, fille d'une plumassière et d'un réserviste contraint de partir sur le front en août 1914, se métamorphose. Elle change de nom et se fait appeler Frede. Sa vie se confond avec la naissance de ces cabarets pour femmes où l'ambiguïté se porte à la boutonnière. A 20 ans, au Monocle, l'établissement de nuit du boulevard Edgar Quinet, elle met à ses pieds une déesse d'Hollywood : Marlène Dietrich. C'est le début d'une folle passion. Alors qu'il écrit un livre sur Patrick Modiano, le journaliste Denis Cosnard croise ce visage androgyne et mystérieux sur la couverture de Remise de peine. Dans ce roman, le narrateur, " Patoche ", raconte son enfance dans une maison où ne vivaient que des femmes. Et parmi elles Frede. Celle-ci dirige alors une boîte lesbienne rue Notre-Dame-de-Lorette, La Silhouette. D'où vient cette nouvelle reine de la nuit parisienne ? Comment est-elle devenue cette croqueuse de femmes, l'amante de Marlène Dietrich, d'Anaïs Nin et de Lana Marconi, la dernière épouse de Sacha Guitry ? En quoi Frede est un symbole de la France décadente et insouciante de l'entre-deux-guerres ? A peine la Seconde Guerre Mondiale déclarée, alors qu'une chape de plomb s'abat sur Paris, interdisant les dancings et les bals, la jeune meneuse s'exile à Biarritz où la haute société parisienne a décidé de ne pas se laisser abattre. Elle ouvre un élégant jazz-bar, le Touch-Wood, avant de reprendre, dans les années 1950, Le Carroll's, rue de Ponthieu, qu'elle transforme en boîte de nuit interlope. Dans cette biographie endiablée, Denis Cosnard nous raconte l'histoire férocement romanesque de Frede et nous dévoile aussi les dessous de son enquête : Paris révélé par sa nuit. Une nuit enflammée de néons et de strass. Une nuit indomptée, secrète, éminemment féminine.

05/2017

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BD tout public

Sous-sols

SON PREMIER LIVRE LE CHAT N'A PAS DE BOUCHE VOUS AIME BEAUCOUP EST L'UNE DES MEILLEURES VENTES DU FRÉMOK ET A CONNU DEUX ÉDITIONS. Sous-sol (définition du Littré) 1. Couche, assise de sol, sur laquelle repose la terre végétale, ou servant de base à une construction quelconque, telle que mur, chaussée. / 2. Construction faite au-dessous du rez-de-chaussée d'une maison. Louer un sous-sol. " Sous le trait tendre à la finesse chirurgicale de Doublebob apparaissent, au fil des 36 pages de ce curieux opus-cule, des figures qui défilent de manière à former l'étrange récit d'un voyage souterrain. Des portes s'ouvrent, des toiles se fissurent et des fentes s'élargissent toujours assez pour laisser le lecteur basculer dans les profondeurs, sans qu'il sache exactement de quoi est fait le sol qui le surplombe. Si la terre semble meuble, les hauteurs paraissent solides et opaques. Les sous-sols sont parsemés de triangles. Ce motif géométrique récurrent, symbole de la stabilité et de la construction architecturale dans toute la signalétique contemporaine offre tout d'abord une impression de sécurité. II est avant tout la tente sous lequel le personnage se réfugie en position foetale, comme protégé par une trinité mystique. Cependant cet abri se présente peu à peu sous son jour précaire, et ne cesse d'offrir à la vue du lecteur les fissures qui le déchirent, la grande légèreté de sa toile et les dangers qui guettent son locataire. Des escaliers et des échelles se déploient en deça du sol et de nouvelles dimensions se créent, dans lesquelles les matières circulent aisément sur des parcours fléchés par l'auteur. La matière est partout et sa force est insaisissable, elle intègre les espaces et désintègre les corps avec ou sans visage, les laissant se dédoubler pour se caresser ou s'étouffer tendrement. Elle hante le récit et forme ce brouillard opaque qui étouffe les cris, les pleurs et les paroles, ne laissant que quelques-unes d'entre elles résonner dans le vide comme une chanson d'amour. Les limites qui séparent le langage du silence épousent les contours des Sous-sols que Doublebob à mystérieusement dessinés.

09/2012

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Biographies

Henry Thoreau sauvage

"La philosophie à Walden, on n'en fait guère. On ne presse pas la sagesse entre les feuillets d'un vieux livre ; on la vit fraîche et quotidienne, aussi naturellement que l'on va puiser de l'eau à l'étang". "C'était une maison selon le coeur de Jean-Jacques et selon le coeur d'Henry. Et quand la maison vous plaît, tout ce que vous avez à faire qui dépende de la maison, se colore de plaisir". "Heures inestimables de Walden ! Vous figuriez-vous, nigauds, qu'il n'y avait pas autre chose à faire ici, et autrement importantes, qu'à contempler l'image de sa fichue pureté dans le miroir de l'étang ou de s'écouter jouer de la flûte sur l'eau, au milieu du cirque de verdure ? " "Folles herbes que l'on appelle mauvaises, vous m'êtes plus douces que les dociles herbes de bonne maison. Vous êtes de ma famille. Vous aimez comme moi à traîner le long des vieux chemins, loin des jardinets où croît le buis de la sagesse". "Walden est le livre d'un écrivain qui donne sa pleine mesure - trop pleine même, si vous voulez - avec le même impardonnable sans-gêne dans la composition. Décidément, on ne fera jamais de cette caboche-là l'usine d'un littérateur. Ou bien, prononcez-le : libérateur. C'est la prononciation d'Henry". "Le livre de M. Bazalgette est une biographie aussi attrayante que le roman le plus romanesque ; mais il est aussi quelque chose de plus, "un message adressé à tous les réfractaires, à tous les non-conformistes de ce monde, à tous ceux qui font passer la justice réelle avant l'ordre apparent et l'amour avant la justice. " Henry Thoreau est un exemple et un symbole". Comoedia, 20 juillet 1924. "Bazalgette fut un des Français qui connurent le mieux l'Amérique. Son livre sur Thoreau est une oeuvre qui a la magnifique gravité, le grain dru de la terre". John Dos Passos, Europe, juin 1929. "Ce roman lyrique où se trouve peinte ce qui était pour Bazalgette une vie exemplaire : Henry Thoreau sauvage". Jean Guéhenno, Europe, mai 1930.

11/2022

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Accessoire de mode

La folle histoire du rouge à lèvres

"Sur toutes les lèvres" offre aux lecteurs une exploration riche et détaillée de l'histoire du rouge à lèvres. Cet ouvrage remarquable, regorgeant d'images artistiques et captivantes — des portraits anciens aux publicités modernes — est une invitation à un voyage unique à travers le temps, retraçant le parcours de ce symbole de beauté et de pouvoir féminin. Revisitant les époques, Rachel Kahn et Christophe Fort nous conduisent des rives du Nil, où Cléopâtre utilisait déjà le rouge à lèvres comme un instrument de séduction, jusque dans nos villes modernes où le lipstick s'est imposé comme un élément essentiel de la trousse à maquillage. Le lecteur est guidé à travers cette histoire fascinante par des figures emblématiques telles que Marylin Monroe, Elisabeth I d'Angleterre, la Reine Victoria et Rita Hayworth, dont les histoires personnelles et les images magnifiques enrichissent le récit. Le parcours du rouge à lèvres moderne, depuis sa création par le parfumeur français Guerlain en 1920 jusqu'à son omniprésence actuelle, avec près de deux milliards de tubes vendus chaque année dans le monde, est dévoilé avec précision. Les auteurs mettent ainsi en lumière sa transformation constante pour satisfaire des besoins variés, comme ceux des populations noires dans les années ? 0, tout en répondant aux préoccupations écologiques et aux questions de genre. Sur toutes les lèvres brille enfin par sa collection d'entretiens profonds et diversifiés. Des figures de proue telles que René Koch, fondateur du Musée du Rouge à lèvres à Berlin, et Nicolas Gerlier, pionnier du rouge à lèvres éco-responsable, aux chercheurs et historiens comme Anne-Marie Granet-Abisset, chaque entretien offre une perspective unique et une nouvelle compréhension du rôle complexe et fascinant du rouge à lèvres dans notre société. "Sur toutes les lèvres"est plus qu'un livre : c'est une expérience immersive dans l'univers du rouge à lèvres. Avec une richesse visuelle inégalée et un récit passionnant, ce livre est indispensable pour tous ceux qui s'intéressent à l'histoire de la beauté, à l'évolution des normes culturelles, et au rôle changeant de la femme à travers les siècles.

10/2023

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Ouvrages généraux et thématiqu

Histoire des épices au Moyen-âge

Les épices, moteur de l'histoire. " Les épices, moteur de l'histoire " ? Après Marx, des historiens contemporains ont cherché à mettre en évidence le rôle fondamental des épices dans l'histoire du monde médiéval et moderne. Leur quête incessante aurait stimulé les voyages vers des terres jusque-là inconnues, provoqué la révolution nautique médiévale transformant les formes et l'usage des navires, suscité la conquête par les Occidentaux des pays producteurs d'Extrême-Orient, bref serait à l'origine de la domination du monde par les nations d'Occident. Sans la recherche effrénée des précieuses épices, Christophe Colomb, Vasco de Gama ou Magellan n'auraient pas laissé leur nom dans l'histoire. Mais pourquoi un tel attrait ? Censées provenir du Paradis même, les épices constituaient au Moyen Age un symbole de richesse, de bonheur et de prestige, de confort matériel et de prééminence sociale, des marqueurs sociaux de goût et d'élégance. Leur prix élevé dû à leur rareté et à leurs origines lointaines et mystérieuses les réservait à l'élite de la société médiévale pour ses repas de fête ou pour les soins du corps. Elles n'étaient pas une marchandise comme une autre : à la fois condiment et médicament, teinture et parfum, le mot species (espice en vieux français) s'applique abusivement à la fin de cette époque à l'ensemble des drogues condimentaires, tinctoriales et pharmaceutiques, venues de l'Extrême-Orient, des pays de l'océan Indien ou du Proche-Orient, et qui, par l'intermédiaire des marchands arabes, arrivaient aux mains de l'aristocratie marchande des grandes cités méditerranéennes. Son usage se répartit entre la table, la pharmacopée et l'atelier. Rien d'étonnant dès lors si les textes médiévaux classent parmi les épices des produits comme le riz, le miel, le sucre ou les oranges, la cire ou le coton. De la Chine ou de l'Indonésie, arrivant en Occident par des itinéraires segmentés au sein desquels Arabes et Mongols jouent un rôle majeur, avant de passer le relais aux Génois, aux Vénitiens ou aux Catalans, installés dans leurs comptoirs d'Alexandrie, de Beyrouth, de Constantinople ou de mer Noire, ces préciseuses épices dessinent une première géopolitique mondiale.

11/2023