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Doug Marlette

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Esotérisme

H. P. Blavatsky et les maîtres de la sagesse

H. P. Blavatsky et les maîtres de la sagesse / par Annie Besant,... ; traduit de l'anglais Date de l'édition originale : 1908 Collection : Bibliothèque théosophique Femme d'exception, Annie Besant (1847-1933) fut de tous les combats. Féministe, socialiste, libre-penseuse, théosophe, elle s'illustra aussi bien aux côtés des ouvriers, notamment lors du " Bloody Sunday " en 1887, que contre le joug de l'impérialisme britannique en Inde. Proche de ce pays, autant de sa culture que de ses traditions, elle milita activement pour l'indépendance de cette colonie, avant de s'effacer, en désaccord avec Gandhi. Annie Besant découvre la théosophie en 1889, alors qu'elle rédige, pour un journal, un compte-rendu de La Doctrine secrète de Blavatsky (1831-1891). Impressionnée par la personnalité et les connaissances de Blavatsky, Annie Besant trouve dans la théosophie toutes les réponses à ses interrogations spirituelles. De 1907 à 1933, elle prendra elle-même la direction de la Société de théosophie, fondée en 1875 par Blavatsky. H. P. Blavatsky et les maîtres de la sagesse est écrit autour de 1908, soit un peu plus de seize ans après la mort de Blavatsky. Elle est alors, et à travers elle la Société de théosophie, encore l'objet de vives critiques suite au rapport du parapsychologue Richard Hodgson. Mandaté en 1884 par la Society for Psychical Research, Richard Hodgson se rend en Inde, à Adyar, lieu de résidence de Blavatsky, mais aussi foyer de la Société de théosophie. Il est ainsi chargé d'étudier et d'éprouver la véracité des phénomènes paranormaux qui ont été rapportés dans l'entourage de Blavatsky, notamment les apparitions et les matérialisations des Maîtres spirituels, les Mahatmas. Le jugement d'Hodgson est sans appel : il s'agit là d'une mystification, Helena Blavatsky devant être considérée " comme l'un des imposteurs les plus accomplis, ingénieux et intéressants de l'Histoire " . Le scandale suite à la publication du rapport est énorme. Mais Helena Blavatsky n'aurait-elle pas été victime de jalousie et de trahison de la part de ses proches ? Et que penser des allégations d'Hodgson visant à faire d'elle une espionne à la solde des Russes ? Face à tant d'accusations, est-il encore possible de réhabiliter la mémoire d'Helena Blavatsky ? C'est pourtant la mission que se donne Annie Besant à travers cet ouvrage passionnant, menant un véritable travail d'enquête afin de rétablir la vérité. Le présent ouvrage s'inscrit dans une politique de conservation patrimoniale des ouvrages de la littérature Française mise en place avec la BNF. HACHETTE LIVRE et la BNF proposent ainsi un catalogue de titres indisponibles, la BNF ayant numérisé ces oeuvres et HACHETTE LIVRE les imprimant à la demande. Certains de ces ouvrages reflètent des courants de pensée caractéristiques de leur époque, mais qui seraient aujourd'hui jugés condamnables. Ils n'en appartiennent pas moins à l'histoire des idées en France et sont susceptibles de présenter un intérêt scientifique ou historique. Le sens de notre démarche éditoriale consiste ainsi à permettre l'accès à ces oeuvres sans pour autant que nous en cautionnions en aucune façon le contenu. Pour plus d'informations, rendez-vous sur www. hachettebnf. fr

09/2020

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Littérature francophone

La nuit de la tarentelle

Dans le domaine familial des Pouilles où une terrible maladie ravage les oliviers, les destins croisés d'Elisa et de sa grand-mère Raffaella, unies par leur passion pour la musique. Comment suivre ses rêves et son amour quand on est une femme dans ce pays écrasé de soleil et de traditions millénaires ? La jeune Elisa vit avec ses parents agriculteurs au coeur de l'oliveraie de ses ancêtres en Italie du Sud, dans la terre reculée du Salento, tout au fond du talon de la Botte. Dans toute la région, les arbres sont victimes d'une bactérie tueuse : la Xylella. Les paysans désemparés doivent se résoudre à abattre des dizaines de milliers d'oliviers centenaires. Certains d'entre eux avaient été plantés par les Grecs il y a plus de deux mille ans. C'est un désastre qu'ils ne savent comment arrêter. Pourtant, Elisa a d'autres préoccupations. Avec sa magnifique voix de soprano, elle veut étudier le chant à l'institut de musique classique de Milan, malgré la désapprobation de ses parents. Seule sa grand-mère Raffaella la comprend et l'encourage. Avant de s'enfuir pour Milan, Elisa lui rend une dernière visite à la maison de retraite où la vieille dame s'étiole. Raffaella lui offre son médaillon porte-bonheur à l'effigie de Verdi et lui confie le secret qu'elle tait à tous depuis plus de soixante ans, lorsque la vie était encore plus rude pour les filles d'après-guerre... Une enfance solitaire et sauvage à la pointe du Salento où l'Adriatique s'unit à la mer Ionienne. Un mariage arrangé par son père avec l'aîné d'une famille mafieuse du village, afin de regrouper les oliveraies pour augmenter la production d'huile. Sa passion pour Angelo, un "étranger" du Nord venu travailler aux champs le temps d'un été et qui menace ces projets d'alliance de clans. Raffaella danse la pizzica, cette tarentelle archai ? que issue du fond des âges qui se pratique dans le but d'exorciser le sentiment d'oppression imposé par le joug des pères, des maris et des frères. Les femmes du Salento, marquées du sceau implacable de la fatigue, travaillent courbées dans les champs. Soudain, la tarentule mord une cheville. Douleur fulgurante ! La victime est aussitôt frappée d'hystérie, secouée de convulsions ou, au contraire, plongée dans une profonde léthargie. Pour se libérer de l'emprise de l'araignée, elle n'a d'autre choix que de danser jusqu'à l'épuisement. A son tour, Raffaella connaîtra la bru^lure de la morsure de l'araignée et de l'amour. Elle n'aura d'autre choix qu'exécuter jusqu'à l'ivresse une folle tarentelle du désespoir. Elisa s'enfuira-t-elle avec Angelo ou devra-t-elle se plier aux liens du mariage forcé ? Parviendra-t-elle à s'émanciper du poids des traditions pour accomplir sa vocation de cantatrice ? Les hommes sauront-ils écouter le message de mise en garde des oliviers moribonds contre leur manque de respect envers la nature ?

03/2023

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Religion

Marie en Saumurois

Né en en Orient, la dévotion à Marie, Mère du Christ, va prendre de l'importance en particulier après le concile d'Ephèse en 431 qui la proclame Mère de Dieu. Bien d'autres titres lui seront donnés, depuis celui de "Mère de Dieu toujours Vierge" jusqu'à celui de "Mère de l'Eglise" au XXe siècle. Elle est la "figure parfaite du disciple du Christ", comme l'a rappelé le dernier concile oecuménique. Comme dans d'autres provinces de France, la dévotion à Marie s'est développée en Anjou et de grands pèlerinages y sont nés, parmi lesquels le plus ancien est celui de Béhuard. Ce sont les formes que la dévotion à la Vierge a prise au cours du temps dans la partie orientale de la province - le Saumurois historique qui comprend les cantons de Saumur-Nord et Saumur-Sud, Allonnes, Doué-la-Fontaine, Gennes, Montreuil-Bellay et des Rosiers-sur-Loire - que l'auteure fait revivre ici. Un nombre important d'églises paroissiales et de chapelles lui sont dédiées, sous différents vocables intégrant la plupart du temps le beau nom de Notre Dame : ainsi de Notre-Dame des Vertus, Notre-Dame de Pitié, et bien d'autres, jusqu'à celui, unique au monde de Notre-Dame de la Légion-d'Honneur ! Exceptées l'abbaye de Saint-Maur, très ancienne, et celle de Saint-Florent de Saumur fondée au Xe siècle, toutes les abbayes qui ont vu le jour plus tard, aux XIIe et XIIIe siècles - Fontevraud, Asnières, Le Loroux - se sont mises sous sa protection maternelle. Tout comme le sont les prieurales ou collégiales de Cunault, du Breuil-Bellay, de Montreuil-Bellay ou encore du Puy-Notre-Dame. C'est à l'ombre de celle-ci que naîtra en 1904 Michel Epagneul, futur fondateur de la congrégation, toujours bien vivante, des Missionnaires des Campagnes, placée sous le mystère de l'Annonciation. Les Visitandines, les Bénédictines de Notre-Dame de la Fidélité, installées à Saumur au XVIIe siècle, ou encore, au XXe siècle, les Bénédictines de Notre-Dame de Compassion, établies à Martigné-Briand, se son aussi confiées à son amour. Des pèlerins individuels ou en groupes viennent toujours prier la Mère du Christ à Saumur - pour eux ou pour des êtres chers - devant la Pietà, coeur de la belle chapelle de Notre-Dame des Ardilliers édifiée au XVIIe siècle, dont la renommée dépassa le cadre régional. De nombreux personnages l'ont fréquentée, humbles anonymes ou personnages plus connus, parmi lesquels on peut citer Monseigneur Arnauld, évêque d'Angers au XVIIe siècle, ou encore sainte Jeanne Delanoue, fondatrice des Soeurs de Sainte-Anne de la Providence (appelées maintenant plus simplement du nom de leur fondatrice), saint Louis-Marie Grignion de Montfort ("à Jésus par Marie") ou encore sainte Marie Euphrasie Pelletier, fondatrice du Bon Pasteur d'Angers, dont un établissement fut établi à Saint-Hilaire-Saint-Florent au XIXe siècle. Des confréries très nombreuses se sont mises sous la protection maternelle de celle qui intercède, tout comme un réseau de Résistance de la dernière guerre mondiale. C'est à cette découverte que vous invite cet ouvrage.

11/2011

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Littérature française

Turbulences champêtres collection le net au pré

Turbulences Champêtres, premier titre de la Collection "le Net au Pré" exhale un doux parfum de roman de terroir. Le milieu dans lequel l'histoire évolue, c'est la campagne, celle du Sud-ouest, une campagne ou flotte toujours un soupçon de calme et de sérénité, une campagne encore accrochée à ses clichés d'hier, une campagne ou l'on veut vivre comme avant, mais avec le modernisme et les contraintes d'aujourd'hui, une campagne du 3ème millénaire, avec la télé, Internet, et même le portable et le GPS. Une campagne souvent incomprise, en proie aux doutes, en proie aussi à la spéculation. Puis il y a la ferme, celle du Bouscarot. Ensuite le bourg, celui de Saint-Jean, puis arrivent tous les acteurs. D'abord, les héros, les Beaumont, Martial c'est lui qui raconte l'histoire. Puis le père, Marcel, et la maman, Amélie. Ensuite tous les autres, les paysans, l'épicier, l'épicière, le boulanger, les bons, les méchants, les ni trop bons ni trop méchants, les traditions, les us et coutumes, l'étranger qui s'installe sans bruit, et ceux qui le tolère du bout des lèvres, l'étranger qui s'impose, et ceux qui le rabroue... Il y a même les gendarmes et le curé. Et par dessus tout ça... des étrangers, et non des moindres puisqu'il s'agit de l'Anglais. Le Sud-Ouest est l'une des régions de France les plus prisées par les Anglais, ils s'y installent et cultivent la nostalgie des vieilles pierres et celle d'une lointaine époque. Cette situation n'est guère du goût de tous les indigènes. Certains considèrent en effet que ces populations ne font que reconquérir par l'argent, les territoires dont ils avaient été chassés par notre Jeanne d'Arc emblématique. Ils les accusent de tous les maux, mais surtout de faire indûment grimper les prix des biens qu'ils convoitent. Toutefois, il est très rare que l'un de ces natifs, lorsqu'il a lui-même une maison à vendre, refuse la proposition d'un "envahisseur" , qui la plupart du temps est bien supérieure à celle des locaux. Dans la petite commune de Saint-Jean, la situation était encore plus alambiquée. En quelques mois le bourg avait acquis une notoriété certaine, et même durant l'hiver quantité de touristes faisaient le détour. Cette célébrité soudaine avait pour effet de faire gonfler le nombre des personnes voulant y résider. Pour les habitants c'était selon. Pour ceux qui pensaient n'avoir rien à gagner (sinon des em...), une grande part de responsabilités incombait au père Deslandes et à son épicerie. Pour d'autres, les plus éclairés (enfin, tout dépend du camp dans lequel on se place) ceux qui avaient un peu ou beaucoup à gagner, le curé était le sauveur. C'était le précurseur, celui qui avait montré la voie. Une lumière, peut-être divine était apparue dans le ciel de notre magnifique Sud-Ouest et notre curé avait su le premier trouver "l'interrupteur" . Bref, notre bourg se voyait maintenant jusqu'à Londres et même bien au-delà et les conséquences n'allaient pas tarder à se faire ressentir

05/2011

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Thèmes photo

Satka. Ou la conquête de l'Est

Un voyage au coeur de la Russie d'aujourd'hui : un cahier de 32 photographies couleur et noir et blanc assorti d'un récit composé de 32 portraits d'habitants de la ville de Satka. En 2019, l'Ambassade de France en Russie et l'Institut français invitent le photographe Bruno Boudjelal à réaliser un travail sur la Russie. Celui-ci propose à l'écrivain François Beaune de l'accompagner. Pour leur résidence de création, ils cherchent une petite ville à même d'incarner la Russie contemporaine. Ce sera Satka, ville minière de l'Oural où la vie s'organise autour de Magnezit, une entreprise qui extrait un minéral, la magnésite, dont on fait des moules pour manipuler les métaux en fusion. Qui sont aujourd'hui les habitants de Satka ? Comment vit-on à Satka ? Jusqu'au milieu du 18e siècle et l'arrivée des premiers paysans, forcés de quitter leurs villages de l'Ouest et de se transformer en ouvriers pour forger les armes du tsar, cette région de basse montagne est peu peuplée. C'est une terre d'estivage, une forêt de bouleaux, de pins et de fraises des bois. Pendant un siècle et demi, Satka est un camp de travail pour les ouvriers des hauts fourneaux. Puis, la découverte de la magnésite au début du 20e siècle et son exploitation font de Satka une ville, officiellement, en 1937. Elle est aujourd'hui une unité de production de 30 000 habitants, avec ses HLM des années 60-70 typiques de cet oblast industriel de Tchéliabinsk. Entre 2019 et 2020, le photographe et l'écrivain séjournent à Satka à deux reprises (un été et un hiver), partant à la rencontre de ses habitants, tissant des liens avec une trentaine d'entre eux qui ont choisi de leur raconter leurs histoires. Le livre s'ouvre sur un cahier de 32 photographies légendées : paysages dépouillés souvent austères, qui dévoilent la pauvreté des habitats et portraits, certains en surimpression sur les paysages, les corps s'inscrivant dans les paysages qui les déterminent. Le grain marqué, le flou assumé et les teintes tragiques suggèrent les parts d'ombre et les traumatismes de l'Histoire qui se lisent sur les visages. Les photographies guident le lecteur jusqu'au récit qui les suit : 32 portraits de femmes et d'hommes que dresse François Beaune à partir d'une histoire, une anecdote intime, qu'ils lui confient : Svetlana, la belle enseignante aux origines mixtes, ukrainienne et bashkir, Marina la nostalgique de l'Union soviétique, Sergueï le tigre d'acier, nationaliste convaincu qui vit dans l'attente d'une guerre à venir, ou encore Alexander le dissident, opposant déclaré à Poutine, qui témoigne d'une Russie désunie. Les récits collectés, entrecoupés de réflexions plus personnelles de l'auteur, dévoilent par petites touches la réalité quotidienne d'un peuple qui n'a cessé de subir les guerres, les déportations, le joug des pouvoirs politiques. Un peuple souvent nostalgique du passé soviétique qui vit avec le mythe d'une nation héroïque, fière et vertueuse. Un peuple qui résiste à l'absence de perspectives en nourrissant un imaginaire riche et poétique.

03/2023

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Littérature française

Le bouquiniste Mendel et la Collection invisible

Jakob Mendel ! Comment avais-je pu l'oublier tout ce temps, cet homme extraordinaire, ce phénomène, ce prodige insensé, cet homme légendaire, célèbre à l'Université et parmi un petit cercle de gens qui le respectaient fort, ce magicien, ce prestigieux bouquiniste qui, assis là sans désemparer tous les jours, du matin au soir, avait fait la gloire et la renommée du café Gluck ! Il me suffit de fermer les yeux une seule seconde pour regarder en moi-même, et aussitôt il apparut, éclairé nettement sur l'écran rose de mes paupières. Il m'apparut sur-le-champ en chair et en os, à sa petite table carrée au plateau de marbre gris sale, où les livres et les paperasses croulaient. Il trônait là, immuable, ses yeux cerclés de lunettes fixés hypnotiquement sur un livre. Tout en lisant, il grommelait et balançait de temps en temps son buste et son crâne chauve graisseux et mal rasé, habitude qu'il avait prise au cheder, l'école des petits enfants juifs, dans l'Est. C'est à cette table, et ici seulement, qu'il lisait ses catalogues et ses livres, comme on lui avait appris à le faire à l'école talmudique, en chantonnant doucement et en se balançant tel un berceau noir qui oscille. Car les pieux Israélites savent que grâce au doux balancement du corps oisif, leur esprit, comme l'enfant qui s'endort et qui échappe au monde, entre mieux par ce mouvement rythmé et hypnotisant, dans la grâce de l'extase. Et en effet, ce Jakob Mendel ne voyait et n'entendait rien de ce qui se passait autour de lui. On jouait au billard : les marqueurs allaient et venaient, le téléphone sonnait, quelqu'un récurait le plancher ou remplissait le fourneau. Tout cela passait inaperçu. Un jour, un charbon ardent, tombé du calorifère, avait mis le feu au plancher, tout près de lui, et déjà cela fumait ! Un client fut alerté par l'odeur suffocante et accourut pour éteindre le brasier naissant. Mais lui, Jakob Mendel, à deux pas de là et tout entouré de fumée, n'avait rien remarqué. Car il lisait comme d'autres prient, comme des joueurs se passionnent pour leur partie, ou comme des ivrognes suivent une idée fixe ; je l'avais vu lire avec un recueillement si parfait, que la manière dont lisent les autres gens m'a toujours semblé, depuis lors, une chose profane. Sans aucun doute, le pauvre bouquiniste de Galicie Jakob Mendel avait révélé pour la première fois au jeune étudiant que j'étais le grand secret de la concentration parfaite, propre à l'artiste et au savant, au véritable sage comme au fou intégral, ce bonheur ou ce malheur tragique qui fait de l'homme un véritable possédé. J'avais été introduit auprès de lui par un camarade un peu plus âgé que moi. A cette époque, je faisais des recherches sur Mesmer, médecin et magnétiseur alors encore peu reconnu de l'école de Paracelse. J'avais beaucoup de mal à me documenter. Les ouvrages des spécialistes étaient tout à fait insuffisants...

02/2023

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Littérature française

Un bel amour en Chataîgneraie

En 1864, Léon et Rosa, vivent le début d'un grand amour. Léon, 20 ans, part enseigner à Paris et ne pense qu'à Rosa qu'il a quittée sans oser avouer ses sentiments. Il s'y risque dans une première lettre que Rosa, 18 ans, lit en cachette. Constitué par ces 22 lettres conservées de père en fils depuis plus d'un siècle, l'ouvrage est présenté par Pierre-Julien Quiers, l'un des descendants actuels du couple. L'écriture des deux jeunes gens est belle, le style remarquable. Le lecteur, au coeur de cet échange épistolaire amoureux, partage les sentiments et les craintes des deux tourtereaux. Rien ne m'incitait à aller dans ce coin reculté du Cantal, sinon mon père et son "secret" de Noël. Minuit avait sonné, les enfants avaient encore le nez fourré dans les papiers cadeaux, quand d'un air mystérieux mon père nous invita à le suivre au salon. Il se mit à lire lentement les lettres qu'il tenait serrées dans les mains... Vingt-deux lettres pour un pèlerinage amoureux à travers une époque, un lieu. Romance corsetée et pourtant libre, d'un autre âge, qui mêle crainte du qu'en dira-t-on, prudes réticences, coquetteries, où chaque personnage tient son rôle, jeunes amoureux, intermédiaire bienveillant, père que l'on imagine bourru et réticent pour la forme. Ce voyage m'avait ébloui. J'aurai voulu qu'il se poursuive encore. Mais la correspondance s'achevait. "Voilà l'histoire de Théodule (Léon) et Rosa, conclut mon père au terme de la dernière lettre. Jean-Pierre Joseph, leur fils et mon grand-père, était un homme austère. Il n'avait ni la fine gaité de sa mère, ni la fougue romantique de son père, comme si, toute sa vie, il avait porté secrètement le poids du grand amour brisé de ses parents. Il a pieusement conservé les lettres et les a transmises à mon père qui m'en a donné, à son tour, la garde. Je te les remets pour que tu les remettes à ton fils. Qu'il puisse vivre à vingt ans les même émois" . EXTRAIT Mademoiselle Je suis à me demander en commençant cette lettre si réellement je vous surprendrai beaucoup. Il est vrai je ne vous ai jamais dit quels étaient mes sentiments à votre égard, mais deux cours ne se comprennent ils pas sans parler ! Vous êtes trop intelligente pour n'avoir pas compris ce que signifiaient ces paroles à double sens, ces regards échangés avec avidité, ces visites sans but. Oui, ma chère Rosa, puisqu'il faut vous le dire, mon cour est à vous. J'ai bien hésité et bien pensé avant de prononcer ce mot, mais je ne peux plus le cacher, mon cour me le défend. Plaise à Dieu que mon amour soit partagé ! Il m'est si doux de croire que vous aimez aussi. Mon Dieu, que je serais malheureux si je me trompais ! Mais non, Rosa, je ne me trompe pas, je l'ai lu dans vos beaux yeux, dans votre beau sourire, nous sommes faits l'un pour l'autre. répondez-moi cependant au plus tôt afin que je ne reste pas dans cette cruelle incertitude...

01/2005

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Littérature française

La connaissance du vent

La Connaissance du vent, qui peut se définir comme une "fable spirituelle" , raconte l'histoire de Hannes, jeune restaurateur d'art néerlandais élevé dans les rigueurs moroses du fondamentalisme calviniste, qui a perdu la foi à l'adolescence et sombré dans la débauche et dans les addictions - au sexe, à l'alcool, à certaines drogues -, ce qui le remplit d'une honte morbide (d'autant plus qu'il est gay, ce qui est encore loin d'aller de soi en 1981, année où se situe le récit, a fortiori quand on a reçu son éducation) sans qu'il trouve le ressort pour amender sa vie. Ce solitaire angoissé est aussi hanté par la "disparition" de Kobie, son seul ami et confident, un peintre plus drogué que lui et attiré par le masochisme, sans qu'on sache avant la fin du livre ce qu'il a pu devenir. Pour fuir et se fuir lui-même, Hannes s'en va restaurer un retable baroque dans une abbaye voisine d'une bourgade perdue des Marches italiennes, qui se révèle un lieu à la fois beau et sinistre, car les habitants semblent endeuillés et hostiles, peut-être parce que la petite cité a autrefois été martyrisée par des mercenaires ottomans. Bien accueilli par les moines, un même amour de la musique - qui joue dans l'histoire un rôle essentiel, de même que la poésie et la nature - le rapproche de Guido, jeune novice souriant, érudit et d'une étonnante sagesse. Malgré les résistances de Hannes, Guido lui révèle peu à peu un Dieu tout différent de celui auquel il a jadis tourné le dos : doux, juvénile et miséricordieux. Le Dieu sans colère de Thérèse d'Ávila et de la mystique Hetty Hillesum, qui n'a rien contre les gays ni contre le langage des sens. Mais Hannes freine des quatre fers et en veut même à Guido - dont la santé ne cesse de se dégrader - pour son optimisme et sa sérénité. Il a aussi parlé avec Bertille, artiste installée dans la région, qui proclame sa haine de la foi et de ses serviteurs. Pourtant, des signes se manifestent : une étrange petite brise caressante du crépuscule, qui semble contenir une présence, et aussi les apparitions fugaces et parfois rêvées d'un étrange personnage de jeune Oriental, peut-être un fantôme surgi d'une légende locale, peut-être un messager du divin, qui semble lui tendre la main. Un soir, en un lieu désert où il s'est laissé guider par l'ombre de l'Oriental, Dieu fait irruption dans la vie de Hannes. Cette expérience de metánoia fait dans l'instant de lui un tout autre homme. Mais la révélation a un prix : le même soir, Guido est mort et Hannes comprend confusément que, selon le mystère de la communion des saints, le novice est mort pour lui. Hannes a cependant découvert une paix, une harmonie intérieures qui lui permettent de poser sur sa vie un nouveau regard et d'habiter poétiquement et spirituellement le monde. Mais nous sommes en 1981, et la menace du sida vient d'apparaître... Pourtant, à la fin du livre, la paix de Dieu aura le dernier mot.

10/2023

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Empire colonial

Les protectorats français au Maghreb. De la colonisation à la décolonisation (1881-1956)

Cet essai souligne une période complexe, qui s'étend de 1881 à 1956, par devoir de mémoire. Il s'agit de la présence française dans le beylicat de Tunis et l'Empire chérifien. Lorsque l'on aborde l'histoire coloniale française, on se focalise surtout sur l'Algérie. Pourtant, d'autres régions du Maghreb ont été concernées. La présence coloniale ou les protectorats seront un fait en Algérie, pais aussi en Tunisie et au Maroc. Ce fut compliqué cette réalité politique verra naître une résistance et engendrera des violences armées, policières, politiques, sociales, et les excès n'ont pas cessé avec les indépendances effectives de ces pays. La Tunisie et le Maroc, séparés par les plus de deux millions de kilomètres carrées de l'Algérie vont connaître à bien des égards un destin politique quasi-identique. Et l'Algérie, colonisée par la France en 1830, est en partie responsable de cette destinée commune. En 1881 en Tunisie et en 1912 au Maroc, la France impose un traité de protectorat. Les deux pays financièrement et socialement exsangues, ne peuvent qu'accepter de passe sous le joug de cette "protection" . Une certaine historiographie présente les Protectorats comme des "havres de paix" , par opposition à l'Algérie, terre d'affrontements. C'est faux. Selon l'auteur, une certaine violence y sera omniprésente. C'est le point de vue que tente de livrer cet essai, à travers, notamment, des sources journalistiques de l'époque. Cette période a conduit à des révoltes et à trop de dérapages catastrophiques pour les peuples, même ensuite. On le voit aujourd'hui. Farid Bahri enseigne l'Histoire et a été assistant à l'université de Srathclyde (Glasgow). Il est l'auteur de plusieurs ouvrages et entend rappeler dans cet ouvrage cette poussière que l'on tente de ranger sous le tapis depuis longtemps. Se souvenir appartient à l'éducation. Communication de l'éditeurA : cet ouvrage a toute sa place en ce qu'il met en lumière les dérapages d'une époque, de 1881 à 1959. Toutes les situations dites coloniales, protectorales ou de mandat, pensons à celui des Britanniques au Moyen-Orient jusqu'en 1948, ont conduit à des excès. Ils ont comporté de bons côtés salutaires, pour toutes les parties, dont un aspect éducatif et de progrès, mais ont amené une exploitation, et une oppression, ce qui a nourri la grogne, la résistance et des révoltes. Occuper un territoire est en soi un acte de violence. On le dénonce comme tel aujourd'hui au sujet de la Russie en Ukraine ou en Crimée. Il entraîne une réaction en retour, un choc en retour. Un processus d'indépendance peut tomber entre de mauvaises mains ou pas. On a vu ce qu'il en a été en Egypte avec la création des Frères Musulmans en 1928, une société secrète, aujourd'hui tentaculaire, considérée comme terroriste par les pays du Golfe eux-mêmes. Souvent, mais pas toujours, les indépendances ont conduit à l'avènement de dictatures. Le pouvoir a changé de mains, mais les peuples n'y ont rien ou peu gagné.

04/2024

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Histoire de France

Chantres maudits de l'Europe nouvelle ! Conférences du Groupe Collaboration

Le Groupe Colla­bo­ration, autorisé en février 1941 et forte­ment soutenu par l'ambassadeur Otto Abetz, continue l'oeu­vre du Comité France-Allemagne d'avant la guerre et tra­vaille en liaison étroite avec l'Institut allemand, émana­tion des ser­vi­ces cultu­rels de l'ambassade. Le président est Alphonse de Château­briant, directeur de l'heb­do­­ma­­daire La Gerbe. Son comité d'honneur com­prend le physi­cien Geor­ges Claude, le cardinal Baudrillard, les écrivains Abel Bon­­nard et Abel Hermant, Fernand de Brinon. Un groupe de jeunes est fondé par Marc Augier (le futur écri­vain Saint-Loup), bientôt rem­­­pla­cé par l'avocat Jacques Schweit­­­zer : Les Jeunes de l'Europe nou­velle (JEN). D'abord limité à la zone occupée, le groupe Colla­bo­ra­tion est autorisé en zone libre dès la fin de 1941 et orga­nise à tra­vers toute la France une soixantaine de sous-comités. L'association veut plus culturelle que politique et se tourne vers la diffusion d'appels en faveur de l'unité du continent euro­­­péen ; Drieu en est le chantre et compte sur le iiie Reich pour réaliser cette unité : "L'Allemagne est en train de se faire euro­péenne, de pren­dre cons­cience de toutes les éten­dues et de tou­tes les limites de l'Europe par une dou­ble expé­rience extérieure et intérieure dont nous ne soup­çonnons pas l'am­pleur. " En dépit de tous ces efforts, l'organisation de Cha­teau­­briant ne tarde pas à entrer en léthargie, la seule activité notable en devient la tenue régu­­lière de conférences en faveur de la politique d'en­tente franco-allemande". Sont réunies dans ce premier volume quatre conférences du Grou­pe Collaboration, données en 1941 à la Maison de la Chi­mie à Paris : "Vers une nouvelle Europe" ; "La Révo­lu­tion technique et ses conséquences" ; "L'avenir de la quali­té française dans la protection européenne" ; "Notre rôle européen" ! Sommaire La Révolution technique et ses conséquences - Jean Maillot, préambule de Jacques Duboin Conférence données le 5 avril 1941 sous les auspices du Groupe "Collaboation" à la Maison de la Chimie à Paris Vers une nouvelle Europe - Baron Werner von Rheinbaben Conférence données le 19 avril 1941 sous les auspices du Groupe "Collaboation" à la Maison de la Chimie à Paris L'avenir de la qualité française dans la protection européenne - Henri-Marcel Magne, préambule de Jean Weiland Conférence données le 10 mai 1941 sous les auspices du Groupe "Collaboation" à la Maison de la Chimie à Paris Notre rôle européen - Jacques de Lesdain Conférence données le 1er juin 1941 sous les auspices du Groupe "Collaboation" à la Maison de la Chimie à Paris

08/2014

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Littérature française

De Quel Amour blessé...

4 e de couverture L'amour est là. Un bonheur qui paraît neuf et simple pour Ariane. Mais Laurent parviendra-t-il à se laisser prendre ? Son esprit est omniprésent dans l'ombre de cette autre qui s'impose encore. Cette autre, c'est Elise, sa blessure. Dans ce roman, Ariane et Elise se superposent et se confondent en une écriture ciselée avec la précision d'un orfèvre. En toile de fond, la campagne romaine, de Florence à Venise, de Trieste à Vérone. Antoine d'Ormesson, compositeur et cinéaste, conjugue ici ses talents pour nous plonger au tréfonds de l'âme humaine. A propos du livre : "Ariane, ma soeur, de quel amour blessée Vous mourûtes aux bords où vous fûtes laissée ! " Le célèbre vers de Racine, dans Phèdre, annonce déjà la couleur des sentiments de ce récit psychologique. Le thème de l'amour blessé, conjugué cette fois au masculin, sous-tend ce récit comme un leitmotiv : celui de la blessure, personnalisée ici par Elise. On la croyait cicatrisée, insignifiante, mais cette blessure se rouvre au fil des souvenirs. Fugace, légère, elle enfle et devient, lancinante, douloureuse... Peu à peu insupportable, obsédante. Les sentiments, comme les pensées les plus intimes de l'être, sont esquissés, analysés, ciselés avec une grande sagacité. Alors que tout était serein au départ, voici que trois êtres - Ariane, Elise, Laurent - entrent en lice, se confondent et se déchirent dans l'esprit du narrateur. (...) "Plus Laurent y songeait, plus il lui paraissait que ces pèlerinages du souvenir prenaient l'allure d'un baume que l'on met sur une blessure et qui avive la dou¬leur. Mais Ariane était là. Il attendait d'elle l'apaisement. Il aurait voulu l'aimer. Il n'y parvenait pas". Antoine d'Ormesson nous mène dans les profondeurs et les replis de l'âme humaine sans détours et avec beaucoup d'élégance. Son écriture, subtile et musicale est celle du compositeur et du réalisateur de films. L'émotion et la réminiscence sont suscitées par de beaux plans sur la campagne romaine et les trésors de ses villes, où le regard se pose... Sa plume fait jaillir une cantate à trois voix aux reliefs et couleurs saisissants. (...) "Laurent avait cherché à comprendre comment il lui aurait été possible de reconstituer cet accord parfait qui, comme en musique, était formé d'Elise, de lui-même, et de leur complicité tierce majeure ou mineure à la fois, qui rendait tout lumineux ou secret. Mais voilà que deux notes, comme deux fonctions, étaient séparées, n'étaient plus dans le même ton. S'il est clair que certains rapports humains ne peuvent que difficilement se réformer, il est du moins admissible qu'il en existe toujours la semence".

12/2015

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Jazz, Blues, Soul, Rap, Reggae

Jimi Hendrix

Jimi Hendrix est surement la star ultime et le plus grand guitariste que la terre rock ait porté avec seulement trois albums studios. Mais cette ouvrage foisonne de disques sur lesquels il a posé ses notes merveilleuses... Plus d'une centaine pour s'apercevoir aussi qu'il s'agit d'un des plus grands musiciens de l'histoire du rock. Jimi Hendrix était trop. Trop bon. Trop doué. Trop intense. Trop sexe, trop drogues, trop rock'n'roll. Trop tout. " Larger than life " comme disent les anglo-saxons. Plus grand que la vie ! Hors du commun, c'est le moins qu'on puisse dire. Alors, les autres avaient du mal à suivre. Tous les autres : musiciens, accompagnateurs, stars du rock concurrentes, groupies, producteurs, organisateurs de concerts, journalistes, disc jockeys, présentateurs télé... Et nous aussi, pauvre public, bien sûr. Car son oeuvre est à son image : immense, d'une richesse inouïe, fascinante. Mais aussi truffée d'arnaques dues à des producteurs véreux, de disques post-mortem sur lesquels il n'apparaît parfois même pas ! Un bordel sans nom, pour résumer. C'est à cette somme que ce livre s'attaque. Tous les albums, ou presque ! Tout considérer. Et faire le tri. Comme Hendrix lui-même faisait le tri : après avoir écouté un de ses grands disques - voire un seul morceau -, tout le reste parait fade. Jimi Hendrix était le plus grand. Il n'y a même pas de discussion. Le plus grand guitariste, bien sûr. Mais aussi probablement l'un des plus grands musiciens et compositeurs de l'histoire du rock - au sens large. Voire même l'un des plus grands chanteurs. Ironie suprême pour ce grand timide qui disait détester sa voix. Mais comment faire ce fameux tri ? La carrière de Jimi Hendrix sous son nom - après n'avoir été qu'un simple accompagnateur - n'a duré que quatre ans. Il n'a publié de son vivant que trois albums studio - trois chefs-d'oeuvre - et un live. Et ce livre recense plus de cent disques ! Un cas d'école. Parce que Jimi jouait, composait, jammait avec d'autres musiciens et enregistrait en permanence. Les inédits sont innombrables, et souvent excellents. Car une chute d'Hendrix, c'est presque toujours quelque chose que n'importe quel autre musicien se damnerait pour avoir un jour enregistré... Son génie était tel que même ses rebuts étaient divins. Enfin, presque tous. En conséquence, sa discographie, pléthorique, est une véritable jungle. On ne sait où donner de la tête. Ce livre essaie de trier le bon grain de l'ivraie. Avec subjectivité, bien sûr. Comment faire autrement ? En art, il n'y a rien de meilleur que la subjectivité. La critique objective est un leurre. Stan Cuesta en sait quelque chose, lui qui a découvert Hendrix avec l'un de ses faux disques, l'une de ses fameuses arnaques, et qu'il l'a aimé parce qu'il ne savait pas. Depuis, il a tout écouté. Et il nous livre ici ses impressions, tel un reporter de guerre de retour de la ligne de front. En plus, il s'attache à raconter la planète Hendrix au sens large. Tous ces disques qu'on évoque généralement sans jamais les écouter : ceux que Jimi a, ceux des groupes avec lesquels il a joué. Un travail de dingue ? Absolument. Fait par un dingue, pour des dingues. Parce qu'Hendrix, c'est dingue.

10/2023

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Littérature étrangère

Ceux qui restent

Ceux qui restent regroupe trois novellas dont les histoires ont pour point commun de se dérouler dans une petite ville imaginaire de Caroline du Nord : Falls, traversée par une rivière qui porte le nom de Lithium. Les habitants - qui s'appellent "les Fallen", autrement dit "les déchus" - passent beaucoup de temps à s'observer les uns les autres. Les rumeurs vont bon train. Falls a beau sembler en retrait de tout, on y perçoit les échos du vaste monde. Allan Gurganus porte en effet un regard incisif sur l'humain, l'humanité, toutes générations confondues. Ses personnages se débattent dans des situations existentielles complexes, dérangeantes. - Fearnot (Soyez sans crainte, Luc 8, 24) suit le parcours d'une femme dont le père est mort sous ses yeux, décapité par le hors-bord du Dr Dennis, son meilleur ami. Elle pourrait être un personnage de Sophocle. Enceinte à quatorze ans dudit docteur, elle est contrainte d'abandonner son enfant qui la retrouvera dix-neuf ans plus tard et deviendra son amant. - Dans Saints Have Mothers (Les saints ont des mères) un conflit inextricable oppose Jean, mère divorcée d'une quarantaine d'années, à sa fille Caitlin, ravissante, brillante, généreuse mais invivable. Tandis que Caitlin est partie en mission en Afrique pour alphabétiser les enfants d'un village, Jean reçoit en pleine nuit un appel lui annonçant que sa fille s'est noyée. Malgré son désespoir, elle console les amis de sa fille qui défilent chez elle, demande à son professeur de musique (dont elle tombe amoureuse) d'écrire une cantate pour les funérailles, et passe de très bons moments... Jusqu'à ce que Caitlin réapparaisse - quelqu'un lui avait volé ses papiers et avait mis en scène sa disparition pour extorquer 3 000$ à sa mère -, devenant l'héroïne de Falls et de la presse nationale. Passée la joie des retrouvailles, les querelles reprennent de plus belle... - Dans Decoy (Leurre), le narrateur est un homme d'une soixantaine d'années souffrant d'une maladie au coeur. Il est très attaché à son médecin, le Dr Roper (déjà présent dans la première novella), qui a décidé de prendre sa retraite et de fabriquer des leurres au grand dam de ses patients. Gurganus parvient à créer des émotions d'un genre nouveau à partir de situations dramatiques pourtant anciennes. Il souligne les tensions qui surgissent inévitablement entre les notions de mariage et d'Eros, de parentalité et d'épanouissement personnel. Il décrit les fantasmes et les nécessaires compromis engendrés par la vie sociale avec une plume aussi acérée que celle de Mark Twain. En se prenant de passion pour Falls et ses habitants, Gurganus donne une envergure littéraire à la génération Twitter, l'inscrivant dans le sillage des petites villes décrites par Hawthorne. Il y a 40 ans, John Cheever déclarait qu'Allan Gurganus était l'écrivain le plus doué techniquement et le plus réactif de sa génération. Ceux qui restent confirment la foi visionnaire de Cheever dans le talent de Gurganus. Cet ouvrage souligne l'inclination de Gurganus pour la compassion et l'humour. Dans cette comédie marquée par l'humour noir, il parvient à nous remplir d'affection pour ses personnages. Comme nul autre, il sait rendre compte des peines qui résultent des conflits humains. Ce texte a beau se concentrer sur la vie d'un village, il revêt une dimension véritablement universelle.

02/2015

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Fantasy

Le royaume de cuivre

Vous pensiez tout savoir sur la légendaire Cité de Laiton ? Vous n'avez encore rien vu. Le Royaume de Cuivre est le deuxième tome de la trilogie Daevabad que nous avions débutée en avril avec La Cité de Laiton. Pour rappel, on y rencontrait Nahri, une jeune arnaqueuse dans les rues de Caire au XVIIIe siècle. Elle y avait invoqué par erreur Dara, un guerrier daeva qui l'avait emmenée dans la légendaire cité de laiton Daevabad où le destin de la jeune femme avait changé à jamais. Alors que Daevabad se remet d'une bataille dévastatrice, Nahri doit trouver une nouvelle direction pour sa vie. Mais même si elle embrasse son héritage et le pouvoir qu'il détient, elle sait qu'elle a été piégée dans une cage dorée, sous la surveillance d'un roi qui règne sur le trône qui appartenait autrefois à sa famille - et un faux pas de sa part condamnera à jamais sa tribu. Ali quant à lui a été exilé pour avoir osé défier son père. Traqué par des assassins, il se défend grâce aux incroyables pouvoirs que les marids - les esprits imprévisibles de l'eau - lui ont offerts. Mais il menace de déterrer un terrible secret que sa famille a longtemps gardé caché. Et alors que le nouveau siècle approche et que les djinns se rassemblent dans les imposants murs de Daevabad pour des célébrations, une menace se dessine dans le nord. C'est une force qui apporterait une tempête de feu directement aux portes de la ville ... Quel plaisir de retrouver l'univers aux infinies richesses et dangers de S. A. Chakraborty dans ce deuxième tome de la trilogie Daevabad. La Cité de Laiton nous avait impressionnés par son intrigue et ses personnages et cette suite est à la hauteur du talent de l'autrice. On retrouve Nahri qui a parcouru un sacré chemin depuis le début de l'aventure. Autrefois arnaqueuse, elle fait désormais partie de la cour royale de Daevabad. A la suite des évènements du tome 1, elle a perdu Dara et Ali a été exilé - un doux euphémisme pour le faire tuer loin de la Cité. Promise en mariage à son frère, la jeune femme est tiraillée entre son nouveau statut et la prison dorée dans laquelle elle vit, et la haine qu'elle voue au roi et aux oppresseurs de la Cité. Quel chemin choisira-t-elle ? De son côté Ali a tout perdu et malgré l'aide des marids qui lui offrent de nouveaux pouvoirs, il est livré à lui-même sur sa terre natale, avec la mort à ses trousses. Quant à Dara... il est bien possible qu'il ne soit pas si mort que ça... Chaque page, chaque mot de Le Royaume de Cuivre sont un voyage. L'autrice n'en finit pas de nous émerveiller et de nous laisser en suspens devant le développement de l'histoire. Les tensions entre les tribus de djinns sont toujours vives et l'arrivée d'une terrible menace sur la ville apporte un suspense insoutenable à l'intrigue. L'action est au rendez-vous avec des combats épiques et absolument originaux comme on en a rarement vus. Les sabres et le feu sacré des djinns enflamment chaque chapitre à une vitesse inimaginable. Le Royaume de Cuivre démontre une nouvelle fois qu'il faut compter avec S. A. Chakraborty et on en redemande sitôt qu'on a lu la dernière page de de joyau de fantasy.

12/2021

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Littérature française

Sulak

Il était jeune, il était beau, il s'appelait Bruno Sulak, et fut, au début des années 80, l'homme le plus recherché de France. Gentleman braqueur, il défraya la chronique judiciaire et séduisit tous ceux qui l'approchèrent, jusqu'au célèbre policier qui mit fin à cinq années de cavale effrénée. De sa vie tourmentée, Philippe Jaenada a fait un roman biographique captivant. Comme le dira plus tard le commissaire Georges Moréas, en d'autres circonstances, Bruno Sulak aurait pu devenir un des meilleurs flics de France. Mais le hasard a fait de lui un braqueur, sans doute le plus audacieux et le plus fascinant de son époque. Après avoir grandi à Marseille et brièvement fréquenté quelques voyous, Bruno intègre l'armée. Doté d'une mémoire prodigieuse, doué dans toutes les disciplines, il est rattrapé par un vol de motocyclette commis à l'adolescence. On le chasse sans le moindre égard. Il rejoint alors la Légion, comme son père. Sportif émérite, il s'entraîne au parachutisme, et bat le record de chute libre. Mais on lui refuse l'homologation de son exploit, à moins de s'engager pour 5 ans de plus. Une injustice qui le pousse à faire le mur pour aller passer le week-end en famille. Pendant son absence, l'ordre est donné à son régiment d'embarquer pour le Zaïre et ce qui n'était qu'une escapade devient une désertion. Il ne peut plus rentrer et bascule alors dans la délinquance. Avec son fidèle complice Drago, il se lance alors dans le braquage de supermarchés, rencontre la belle Thalie, une jeune fille de bonne famille qui va participer à certains vols à mains armée, au volant de la Simca que Bruno utilise comme une signature à chacun de ses hold-up. Incarcéré une première fois, il étudie l'anglais et le droit, puis s'évade au nez et à la barbe des gardiens. Il s'attaque à des bijouteries, se présente chez Cartier en tenue de tennisman, une raquette à la main, profite d'une visite officielle d'Helmut Khol pour aller cambrioler un joailler parisien dans un quartier truffé de policiers... Adepte de la non-violence, il n'a jamais blessé personne, avait toujours deux balles à blanc dans son revolver au cas où on le forcerait à tirer. Généreux, épris de liberté, révolté par l'injustice, il se tint jusqu'au bout à son code d'honneur et ne dénonça jamais ses complices. Mais sa dernière incarcération à Fleury-Mérogis lui fut fatale: son ultime tentative d'évasion tourna à la tragédie et suscite encore la polémique. Il fallait toute l'ironie et le second degré de Philippe Jaenada pour trouver la bonne distance vis-à-vis de ce personnage magnifique. Construit sous forme d'anecdotes croisées, son récit nous permet de suivre en simultané l'évolution des personnages clefs qui vont s'associer à Sulak. Avec son humour pince-sans-rire et son style inimitable (usage immodéré des parenthèses, digressions en chaîne... ), Jaenada imagine ce que la vie de Sulak aurait pu être si tel ou tel événement ne s'était produit, montrant par là les hasards qui président au destin d'un homme. D'une grande tendresse à l'égard de son personnage, il dresse le portrait d'un homme intègre et retrace avec nostalgie cette époque où les gangsters avaient encore du panache.

03/2024

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Science-fiction

Les Maitres de l'orage - Tome 1. La marque de l'orage

Un roman d'initiation et d'aventure, qui se déroule sur une île imaginaire au large de la Bretagne pendant la Seconde Guerre mondiale, et qui mêle le fantastique au réalisme sur un fond historique. Septembre 1939. Alors que la menace nazie se précise, une vague de crimes se répand sur l'Ile Verte, en Bretagne. Serait-ce à nouveau l'oeuvre de la Bête mystérieuse qui a frappé il y a une quinzaine d'années ? Malgré ce climat de terreur et les interdits qui pèsent sur la forêt ancestrale de l'île, Marwen, une jeune adolescente à la santé fragile, s'y sent puissamment appelée. Là, elle va de révélation en révélation et développe peu à peu ses dons particuliers. Et si c'était elle l'Elue, seule capable de sauver l'île d'un mal venu d'un autre monde, bien plus profond que la guerre ? Dans La Marque de l'orage, premier tome de la trilogie Les Maîtres de l'orage, l'auteure brode habilement un récit fantastique sur fond historique qui ravira tant les ados que les adultes friands de légendes et d'aventures. Découvrez sans plus attendre les aventures de Marwen sur la mystérieuse Ile Verte dans le premier tome de la saga Les Maitres de l'orage ! EXTRAIT La journée avait été chaude et la nuit s'annonçait lourde. Le climat de l'île, humide et doux, était différent de celui dont Marwen avait eu l'habitude à Rennes. Son père, le docteur Goulaouenn, lui avait expliqué que le Gulf Stream, un courant d'eau chaude venu du Mexique, baignait généreusement les côtes de l'Ile Verte. De la collision entre ce courant chaud et les courants froids de la Manche et de la mer du Nord naissaient des mouvements d'air aux effets violents et complexes. Ainsi s'expliquaient, avait conclu le docteur Goulaouenn, la fréquence et la brutalité des orages sur l'Ile Verte. Un éclair déchira le ciel. Son éclat bleuté illumina un instant l'ombre de la chambre, puis la nuit engloutit de nouveau la pièce. Marwen, dans son lit, frissonna d'aise et commença à compter : ¿ Un - deux - trois - quatre - cinq... Le tonnerre fit vibrer l'air nocturne. ¿ Foudre à cinq kilomètres ! s'exclama-t-elle. Elle se plaisait à compter les secondes entre l'éclair et le tonnerre, qui indiquaient à combien de kilomètres la foudre avait frappé. Comme tous les soirs depuis son arrivée récente sur l'Ile Verte, Marwen avait entrebâillé les volets de bois, que sa mère fermait toujours soigneusement. Par la fenêtre ouverte, les odeurs, les bruits et les visions du dehors emplissaient sa chambre. Elle adorait l'intensité et la beauté des orages. Elle ne les craignait pas. Au contraire, du confort de son lit douillet, elle les savourait comme un poison délicieux, potentiellement mortel mais innocent à petites doses. L'île où sa famille et elle venaient d'emménager était connue pour ses "tempêtes électriques" (comme les appelait en plaisantant son père). Cela aurait pu effrayer un esprit moins téméraire, mais Marwen, bien que de santé fragile, avait du caractère. CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE Nous voici en présence d'un auteur à la belle plume qui plante à merveille un contexte historique des plus réel en y incluant une dose de magie et de légendes. - Dubruit dans les oreilles A PROPOS DE L'AUTEUR Véronique David-Martin est d'origine bretonne mais vit en Grande-Bretagne depuis une trentaine d'années. Docteure en littérature comparée, lectrice vorace depuis sa plus tendre enfance, elle se nourrit d'histoires, de mythes universels et de légendes celtiques, ainsi que de récits de famille sur la Seconde Guerre mondiale, intérêts qui l'ont évidemment inspirée dans l'écriture des Maîtres de l'orage.

05/2019

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Littérature française

Ceux de la glèbe. Une nouvelle de Camille Lemonnier

Et l'homme parti, elle traînait son ventre dans la maison encore vide d'enfant. C'était la première fois qu'elle sentait remuer en elle la semence d'amour. Ils s'étaient mariés au dernier Saint-André, lui, grand, fort, râblé, le front doux, le geste bourru, le coeur vaillant, toujours à la peine ; elle, petite femme mamelue et saine, largement plantée sur ses pieds. La noce avait duré deux jours, l'un qu'on avait passé chez les parents de Tys, l'autre chez les parents de Ka. Et enfin la troisième nuit, ils avaient couché dans leur maison, deux chambres en bas, le long de la route, et un grenier sous le toit. Puis, le lendemain, un lundi, Tys avait noué dans un drap de serge quatre pains de deux livres ; il avait embrassé sa conjointe sur les joues et dans le cou ; debout sur le seuil, elle l'avait suivi des yeux, marchant à grandes enjambées dans la campagne. Le samedi soir, ensuite, comme elle regardait au loin, une main sur les yeux, elle avait aperçu, par delà les dernières maisons, son homme qui allait à pas rapides ; et un nuage montait droit derrière lui, dans le soleil bas à l'horizon. Et il était resté dans la chaleur de son giron deux nuits et un jour ; et de nouveau, ensuite, il avait tassé ses quatre pains dans le drap de serge ; et il avait marché vers la ville. Il en avait été ainsi de chaque semaine, pendant des mois. Du lundi au jeudi, la fumée de sa pipe cessait d'obscurcir le plafond ; elle regardait dans ses habits pendus au crochet l'homme qu'il y avait laissé en partant ; et en même temps, dolente, les mains sur les genoux, elle le sentait bouger dans son flanc, vivant à travers l'enfant. D'abord cette existence avait pesé lourdement sur Ka ; le vide des longues après-midi, dans le silence des chambres, lui élargissait un trou au coeur, vaste comme les puits ; et tout au fond, toujours une forme vague s'y mouvait comme un mort qui, ressuscité, travaillerait en sa fosse. Même la nuit, en des songes bourrelés, elle distinguait deux mains qui fouillaient la terre, à des profondeurs immenses ; et tout à coup ces mains se levaient avec un geste de détresse, et une montagne croulait ensuite, sous laquelle elle cessait d'apercevoir les mains. Alors elle se réveillait en sursaut, froide de sueur, et jusqu'au matin priait à genoux devant la petite Vierge dont l'image décorait le manteau de l'âtre. Et la journée du lendemain passait sans qu'elle osât mettre le pied dehors, de peur de tomber sur quelqu'un qui, venu de la ville, lui annoncerait son malheur. Les autres femmes lui faisaient envie : elles avaient des hommes, celles-là, qui tout l'an demeuraient dans la maison ; au contraire, le sien gagnait durement son pain en creusant des puits ; de pleines journées, il restait sous la terre, bâtissant ses cuvelages, descendant toujours plus avant, emplissant des seaux qui ensuite remontaient, balancés dans le vide au-dessus de lui ; les épaules mortifiées par les eaux du sous-sol, ayant quelquefois de la boue jusqu'aux reins, avec les parois toutes droites du puits qui, en haut, semblait se rétrécir pour se fermer sur sa tête, il apercevait du ciel seulement une petite tache grise où par moment un visage se penchait et lui parlait ; et sorti des ténèbres, ses douze heures finies, il ne savait pas tout de suite se refaire les yeux à la lumière de la rue.

02/2023

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Critique littéraire

Ce que je fus

Ecrivain roumain d'expression française, Panaït Istrati est né le 10 août 1884 à Braïla, important port céréalier dans le delta du Danube. Enfant des fleurs, Istrati ne connaît pas son père, un Céphalonite, contrebandier de tabac qui mourut alors que Panaït n'avait que neuf mois... Le certificat d'études en poche, l'adolescent quitte sa mère Joïtza, blanchisseuse d'origine paysanne, mère admirable qui voua sa vie à un fils insaisissable qui multiplie les apprentissages, exerce cent métiers puis débarque à Alexandrie, parcourt tout le Bassin méditerranéen, fasciné par l'Orient... Avide de connaître la terre - ses hommes et ses femmes - passionné de lectures, c'est en Suisse que ce vagabond autodidacte découvre les œuvres de nos Classiques et le Jean-Christophe de Romain Rolland grâce à un écrivain juif, Josué Jéhouda qu'il rencontre au sanatorium de Sylvana-sur-Lausanne où il soignait une tuberculose qui ne devait plus jamais le quitter... C'est grâce à Rolland que le destin de Panaït Istrati bascula. C'est lui qui discernera à travers la longue lettre - dernières paroles - que lui adresse Istrati en janvier 1921, la veille de sa tentative de suicide à Nice, ainsi que dans les manuscrits qui suivront, ce tumulte du génie qui habitait le vagabond déraciné... Romain Rolland exhortera Istrati à écrire pressentant chez cet oriental passionné la puissance créatrice et la violence du cœur... Une prédiction vite confirmée. En 1924, Kyra Kyralina paraît : " Il faut que je vous le dise tout de suite ! c'est formidable ! Il n'y a rien dans la littérature actuelle qui soit de cette trempe ". Kyra sera traduit en une vingtaine de langues dans le monde entier... Les œuvres se succèdent : Oncle Anghel, Mikhaïl, Codine, Présentation des Haïdoucs, Mes départs, Méditerranée, Les chardons du Baragan... Istrati a alors quarante ans. Utilisant sa nouvelle notoriété, le nouveau Gorki des Balkans, comme le nomme Romain Rolland, poursuit inlassablement son combat pour les droits de l'homme il dénonce la terreur blanche dans les Balkans, se dresse contre la condamnation à mort des anarchistes Sacco et Vanzetti, enquête et participe au procès des mineurs de Lupéni en Roumanie qu'il défend avec passion. " Qu'il me soit permis de me compter moi aussi parmi les combattants de la justice, écrit Istrati en 1925... mes camarades me demandent d'être homme avant d'être écrivain... J'adresse ma parole de lutte et d'émotion artistique à tous les peuples qui gémissent sous le joug de l'oppression internationale... Voilà ce que je vais écrire. Voilà pour qui j'écris ". Déçu par le matérialisme de l'Occident qui rend l'homme égoïste, Panaït Istrati part pour Moscou où il est officiellement invité aux fêtes célébrant le dixième anniversaire de la Révolution d'Octobre. Enthousiaste, il espère découvrir un " homme nouveau ". Il rencontre Nikos Kazantzaki avec qui il décide, au terme du voyage officiel, de poursuivre seul et à ses frais, son périple à travers toute l'URSS. Ce seront seize mois de rencontres étonnantes, de discussions passionnantes, de révélations pénibles. De désillusions... L'enthousiasme s'est brisé, c'est la révolte. En 1929, malgré les mises en garde de R. Rolland, paraît Vers l'autre flamme, Après seize mois dans l'URSS, Confession pour vaincus. Témoignage accablant sur l'Occident et le bolchevisme. Témoignage qui suscitera réactions passionnelles, attaques ignobles à l'encontre de Panaït Istrati qui dès lors se retrouvera seul - jusqu'à sa mort - seul, mais toujours solidaire des vaincus. Panaït Istrati opposant éternel s'affirme désormais homme qui n'adhère à rien. " Toi, homme nu, homme qui n'as que tes pauvres bras ou ta pauvre tête, refuse-toi à tout, à tout. Refuse de crever pour qui que ce soit. Croise les bras ! Dis à ces messieurs, d'aller eux se faire tuer, pour toutes ces patries qu'ils inventent chaque siècle. Et si l'envie te prend de crever quand même pour quelqu'un ou quelque chose, crève-toi pour une putain, pour un chien d'ami ou pour ta paresse. Vive l'homme qui n'adhère à rien ! " Panait Istrati meurt à Bucarest le 16 avril 1935. Essentiellement autobiographique, puissamment enracinée dans le peuple et la terre roumaine, l'œuvre de Panaït Istrati fascine le lecteur. Par-delà la vie quotidienne des personnages qui l'habitent, par-delà les passions et les souffrances des héros qui la traversent, des thèmes universels émergent de l'œuvre istratienne qui incitent à la réflexion et à la remise en cause des valeurs culturelles dominantes de notre Occident civilisé et... libéral... Amers et décapants, les quatre textes ici rassemblés renvoient - par leur actualité incandescente - les artistes à l'essence de l'art, les politiques à l'exigence de l'éthique, l'homme... au miroir de la dignité. C.G.

01/1991

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Romans historiques

Elie. Al-Kahira, 1914-1948

AL-Kahira, 1913-1942 est le second volume de la trilogie "Bien-aimés les souffrants. ". . , la "grande saga de la dhimmitude" explorée à partir du cas égyptien. Il couvre la période 1913-1942 avec cette vie des familles dont les péripéties ont occupé le premier volume. Cest lépoque de la Première guerre mondiale, des nationalismes et du génocide des Arméniens dans lempire ottoman agonisant, du sionisme. Un peu plus tard apparaissent le fascisme italien et le nazisme dans lAllemagne vaincue. Elie est un journaliste du Caire, très au fait des idées nouvelles, sioniste, et bien informé par ses amis chrétiens arméniens et assyriens des massacres et des persécutions quils subissent pendant la guerre. Lombre des génocides dans lempire ottoman assombrit les perspectives davenir des communautés raïas , dans les nouveaux Etats issus du dépècement de la Turquie triomphent le panarabisme et le panislamisme. Au Caire (Al-Kahira), Kemal, fils de l'officier turc Ramadan et ami d'enfance dElie, opte pour une Egypte indépendante, et rejoint, après son mariage avec une Allemande, les milieux nazis et les Frères Musulmans. Les descendants de la famille Lourtiel militent quant à eux pour le communisme. Kemal ne découvrira quà la veille de sa mort que sa mère, la belle et passionnée Nourmahal, était une esclave juive yéménite. Le livre se termine en 1942 quand son fils, devenu à son tour officier dans larmée égyptienne, s'éprend d'une arrière-petite-fille de Moïse... Le livre d'ELIE traverse ainsi la période la plus déterminante de notre histoire, de la veille de la première guerre mondiale à "l'apogée" du IIIe Reich au début des années quarante. Ce sont ces événements qui ont profondément ébranlé la puissance et le prestige des Européens dans le monde jusqu'à aujourd'hui, mais ils ont été si considérables pour notre continent que nous connaissons peu la manière dont ils ont affecté les puissances et les populations d'Orient. Or c'est à ce moment-là, dans cette partie du monde que furent jetés les germes de ce qui se joue à présent en plein cÅur du continent européen : l'explosion des revendications religieuses et communautaires. C'est là que s'est noué en détail ce qui aujourd'hui s'affirme de toutes parts et à quoi la défaite des Empires centraux puis du nazisme, la décolonisation des anciennes conquêtes européennes, l'épuisement de l'Union soviétique n'ont pas pu mettre un frein. Ainsi la fin du joug ottoman n'aura pas été la libération des Arméniens mais le prélude d'un génocide qui servira de modèle à celui des nazis, alliés des Turcs à ce moment, et ceux-ci ne semblent pas avoir épuisé aujourd'hui toutes les conséquences de cet héritage. Les romans de Bat Ye'or nous rappellent que l'histoire n'est pas laffaire dune seule génération et qu'elle ne se laisse saisir quà laffut de la vie secrète des peuples. L'AUTEURVoici la légende de Bat Ye'or, racontée par Valérie Toranian dans la Revue des deux mondes (décembre 2020) : "Lorsqu'elle fuit fuit avec sa famille les persécutions antisémites du régime de Nasser en 1956, Bat Ye'or (Fille du Nil) a 23 ans. Elle menait une vie aisée au sein de la bourgeoisie juive du Caire et rêvait de devenir romancière. En Egypte jécrivais beaucoup mais jai tout brûlé avant de partir par peur dêtre fouillée à la frontière. Réfugiée à Londres, elle reprend la plume. Elle veut raconter l'histoire de ce monde englouti, la fin de la communauté juive dEgypte. Elle se plonge dans l'étude de la condition des juifs et des chrétiens en terre d'islam pour mieux documenter son roman. Et cette quête va dominer sa vie pour les cinquante années qui suivent. Bat Ye'or se fera connaître par son travail sur la dhimmitude, qui décrit le statut des non-musulmans et bouscule le consensus historique irénique de l'époque. Non, juifs, chrétiens et musulmans ne vivaient pas en paix et en harmonie en Orient. Cétait même tout le contraire. Et hormis quelques heureuses parenthèses, le sort de ces peuples fut plutôt une longue succession de persécutions. Aspirée par l'étendue de sa tâche, s'obstinant à faire connaître cette réalité historique dautant plus quelle était vivement contestée par certains universitaires institutionnels, Bat Ye'or retarde lécriture du roman qui pourtant continue de lobséder. Elle produira de nombreux et importants essais. Il aura fallu toute une vie et quelle vie ! pour que puisse se déployer dans toute sa richesse cette saga familiale que Bat Ye'or publie enfin à lâge de 87 ans. MOÏSE. AL-KAHIRA, 1818-1882 a été le premier tome d'une trilogie épique et bouleversante, Bien-aimés les souffrants... Ce grand roman de la dhimmitude du XIXe et du XXe siècle (...). Bat Ye'or est une conteuse. Ses personnages lhabitent depuis si longtemps quils sont façonnés, pétris de vérité, comme seul le roman peut rendre la vérité. (...)Ce livre vous hante longtemps après sa lecture. Comment ne pas le mettre en résonance avec notre actualité ? (...) La Guerre aux raïs, aux infidèles nest pas finie. Ceux dEgypte ont été chassés à jamais. Bat Yeor leur redonne vie dans ce roman somptueux". (Valérie Toranian, Revue des deux mondes, décembre 2020.)Bat Yeor a publié notamment (chez Les provinciales) : Le Dhimmi. Profil de lopprimé en Orient et en Afrique du nord depuis la conquête arabe (2017) , LEurope et le spectre du califat (2010) , De la découverte du dhimmi à Eurabia. Autobiographie politique (2017) , Le dernier khamsin des Juifs dEgypte, roman (2019) , Moïse. Al-Kahira, 1818-1882, roman (2020). PRESSE (à propos des précédents récits de Bat Yeor) "Moïse, de Bat Yeor, juive originaire dEgypte, est le premier tome dune somptueuse saga familiale qui commence au Caire (Al-Kahira) au XIXe siècle. Un livre qui, en cet automne, brille comme une lumière dans un tunnel". Franz-Olivier Giesbert, Le Point. "Un roman mélodieux, puissant et beau comme un psaume de David". Sébastien Lapaque, Le Figaro. "Ce récit est une respiration incroyable en même temps quune plongée dans lhistoire glaçante de notre monde moderne. Sy dévoilent des épreuves de vie, corrélées à la grande Histoire de façon magistrale. Cela agit exactement comme si une pièce maîtresse avait manqué jusquà présent et se trouvait exposée sous la narration. ". . Jérôme Ellul, Commentaire. "Ce livre vous hante longtemps après sa lecture. Comment ne pas le mettre en résonance avec notre actualité ? La Guerre aux raïs, aux infidèles nest pas finie. Ceux dEgypte ont été chassés à jamais. Bat Yeor leur redonne vie dans ce roman somptueux". Valérie Toranian, Revue des deux mondes.

09/2021