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Clémence Lallemand

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Histoire de France

Pierre Laval : de l'armistice au poteau

Personnage complexe, Pierre Laval est l'objet de juge­ments con­tra­dictoires qui s'expliquent par sa politique de collaboration, ses mé­thodes de négociation et par certains défis à l'opinion. Né le 28 juin 1883 à Chateldon, licencié d'his­toire naturelle et de droit, il s'inscrit au barreau de Paris. Socialiste, maire d'Auber­vil­liers, député en 1914, réélu en 1924, il devient sous-secrétaire d'Etat à la présidence du Con­seil et aux Affaires étrangères en 1925, puis ministre de la Justice l'année suivante. Elu sénateur en 1927, il est ministre du Travail en 1930, pré­sident du Conseil en 1931, tout en cumulant d'abord les fonc­­tions de ministre de l'In­té­rieur, puis celles des Affaires Etran­gères. Plusieurs fois minis­tre jusqu'à la guerre, il est l'un des artisans du vote qui donne les pleins pouvoirs au maréchal Pétain et entre dans le gouvernement de celui-ci comme vice-président. Le 13 décembre 1940, il est arrêté par la police spéciale du Ma­ré­­chal pour incompatibilités personnelles et crainte de le voir mener une politique ultra collaboration­niste... Il est libéré sur l'intervention de ses amis et sous la pression de l'ambas­sa­deur allemand Otto Abetz. Il devient chef du gouvernement en avril 1942 et le restera jus­qu'en août 1944, étant le successeur désigné par le maré­chal Pétain au cas où ce dernier serait empê­ché d'exercer les fonc­tions de chef de l'Etat... Il part d'abord en Alle­magne, puis en Espa­gne pour finir par se rendre aux autorités alliées en Autriche le 30 juillet 1945. En octobre 1945, il est condamné à mort et tente de se suicider. Sauvé de jus­tesse, il est traîné, moribond, devant un peloton d'exé­cu­tion pour être fusillé. Le livre de Michel Letan est une série d'instantanés sur le Prési­dent du Conseil du gouvernement de l'Etat français. L'auteur, dans un texte objectif, décrit sa difficile tâche, entre les ultras de la Collaboration et les fidèles du Maréchal... La plupart des faits rapportés se situent entre 1940 et avril 1945.

07/2014

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Philosophie

Contre-histoire de la philosophie. Tome 9, Les consciences réfractaires

Le XXe siècle fut pour les intellectuels celui des fascismes rouge et brun qui ont laissé peu de penseurs indemnes... Nombre de philosophes ont mis leur intelligence au service des deux barbaries. Toutefois, il y eut des consciences réfractaires à ce renoncement à la raison. Alors que le PCF souscrit au Pacte germano-soviétique (23 août 1939-22 juin 1941) et fait de la politique de collaboration avec l'occupant allemand une priorité décidée par Moscou, Georges Politzer, juif et communiste, inaugure la résistance intellectuelle dès 1939, puis la résistance en armes, avant de mourir en 1941 sous les balles d'un peloton d'exécution. Contre Bergson qu'il range du côté des bellicistes et de l'occupant, il célèbre un certain Descartes inaugurant la philosophie des Lumières achevée par Marx et le marxisme. Nizan, lui aussi communiste, rechigne au Pacte : il le comprend pour l'URSS qui défend sa survie, mais pas pour le PCF... Marxiste secrètement déçu par l'Union soviétique, Nizan demande à Epicure ce que Marx, le marxisme et la Russie bolchevique ne lui donnent pas : des raisons de vivre en sachant qu'il nous faudra mourir... Camus, pour sa part, fut communiste le temps que dura le combat du Parti pour la décolonisation; quand le PCF obéit à Moscou qui décrète nul et non avenu le combat pour la décolonisation afin de mettre en avant le combat antifasciste, en 1937, il quitte le Parti qu'il avait rejoint à l'été 1935. Il s'oppose aux totalitarismes brun et rouge au nom d'un socialisme libertaire étouffé et ridiculisé par la critique sartrienne qui ne connaît du socialisme que sa version césarienne et barbelée. Simone de Beauvoir, et son compagnon Jean-Paul Sartre, ont construit une légende aux antipodes de leur vécu pendant la guerre : on ne trouve aucune trace de leur résistance partout proclamée, on dispose en revanche d'accablantes preuves du contraire... Beauvoir passe à côté de la Résistance - mais aussi du féminisme qu'elle critique dans Le deuxième sexe. Finalement, le féminisme fera ce livre plus qu'il n'aura été fait par lui. Le PCF se déchaînera contre cet ouvrage qui, réfractaire en ce sens, déconstruit la domination masculine...

01/2013

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Photographes

August Sander, un photographe d'Allemagne

L'ouvrage est un essai d'histoire sur le photographe allemand August Sander (1876-1964) à travers son oeuvre et à travers sa vie. Essai d'histoire de l'art, d'histoire technique et aussi d'histoire sociale. Daniel Challe entreprend le " portrait dans le portrait " de cet artiste à l'envergure universelle, auteur des Hommes du XXe siècle. L'ouvrage est un essai d'histoire sur le photographe allemand August Sander (1876-1964) à travers son oeuvre et à travers sa vie. Essai d'histoire de l'art, d'histoire technique et aussi d'histoire sociale. C'est bien d'un artiste de son temps et dans son temps, un artiste d'Allemagne mais à l'envergure universelle dont Daniel Challe entreprend le " portrait dans le portrait " : il regarde les Hommes du XXe siècle à travers le regard du photographe. Ce corpus d'images peut être sans cesse réinterprété, réinterrogé, analysé et remonté. August Sander, artiste exceptionnel et à la trajectoire exceptionnelle, a construit une grande oeuvre malheureusement tronquée par la disparition de milliers de négatifs en 1944. Reconnu de son temps, comme lors de cette exposition très importante de 1927 à la Kunstverein de Cologne, il affirme alors, comme la ligne de conduite de toute son entreprise, ce qui sera sa formule la plus célèbre : " Voir, observer, penser. " Il y a dans le " système Sander " une intention encyclopédique à travers une typologie et une topographie (il reste ancré dans sa région de Cologne qu'il arpente avec méthode), une grande leçon de modestie, d'objectivité (que Daniel Challe décrit à travers l'évolution d'une sensibilité artistique conduisant l'artiste des premières approches pictorialistes à la Nouvelle Objectivité), une conduite jamais coupée de son époque et des influences artistiques et politiques. Musiciens, écrivains, architectes et acteurs posent pour le photographe qui commence à travailler au grand projet artistique de sa vie. Ce regard " objectiviste " sur la réalité sociale de son époque - à partir d'un inventaire à teneur sociologique des types humains, des différentes classes et catégories socioprofessionnelles - est réuni dans son livre de 1929 Antlitz der Zeit (Visages d'une époque) très bien accueilli à sa sortie. De la même façon et avec la même rigueur technique August Sander observe le paysage qui l'environne dans l'Allemagne de son temps. Sa recherche porte sur les liens existant ou pouvant exister entre les humains et l'environnement de différentes régions de son pays. L'arrivée des nazis marque un très violent et douloureux tournant dans la vie et l'oeuvre du photographe et de sa famille : l'un de ses fils est emprisonné et meurt en 1944 ; la même année une grande partie de ses négatifs est détruite dans un incendie. Malgré cette brisure irréparable il continue son travail qui atteint une nouvelle reconnaissance internationale en Allemagne et aux Etats-Unis. Daniel Challe analyse cette trajectoire avec sous tous ses aspects y compris les moins connus et présente avec la même clarté les contextes d'émergence des portraits, des paysages et des études botaniques en rendant ainsi justice à l'esprit de la démarche du photographe. Il met ainsi en valeur l'universalité du langage photographique. L'auteur convoque toutes sortes de sources et d'éléments comme des extraits des conférences radiophoniques sur la photographie que Sander a donné régulièrement dans les années 1930 mais aussi des auteurs, des historiens, des spécialistes de l'Allemagne contemporaine de Sander et des penseurs de la photographie (comme Simone Veil, Chris Harman, Philippe Artières, Olivier Lugon ou encore John Berger et Roland Barthes). Daniel Challe engage aussi sa propre réflexion sur son temps, soucieux de monter en quoi la " cosmogonie " Sander a laissé une empreinte durable non seulement dans l'histoire de l'art photographique mais aussi dans les pratiques artistiques contemporaines. Cet art documentaire, à mettre en relation avec celui des photographes français (comme Eugène Atget) ou américains (comme Walker Evans), continue d'exercer une influence considérable sur les jeunes générations de photographes. L'approche de Daniel Challe est originale en ce sens qu'il est lui-même photographe et que sa réflexion personnelle est motivée par un retour sensible sur sa propre pratique, sans pour autant développer la moindre référence à son propre travail ni à son métier d'enseignant. Il dit lui-même, en justifiant son désir d'écriture : Le livre de Sander est donc non seulement un document d'histoire, mais aussi une utopie. Utopie d'une autre Europe : celle dont nous sommes nombreux à rêver mais que nous ne voyons pas advenir. [... ] Un photographe, un pays, c'est un beau programme pour écrire l'histoire, pour raconter ce qui me touche dans cette oeuvre photographique plus que dans aucune autre. J'ai essayé de me tenir modestement à ce fil.

07/2022

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Spécialités médicales

Oeuvres complètes. Tome 3, 1978-1980

Les textes publiés entre 1978 et 1980, présentés dans ce tome 3 des oeuvres complètes d'Arthur Tatossian, traitent de thèmes divers : l'inconscient, le temps humain, la psychologie des cancéreux, l'animal et l'homme, le stress et les évènements biographiques dans lesquels la phénoménologie est toujours présente. Un hommage est rendu au Pr Hubertus Tellenbach, phénoménologue allemand, à l'occasion de la première traduction en français de son ouvrage princeps, La mélancolie, paru en Allemagne en 1961. Arthur Tatossian, après avoir distingué symptôme et phénomène en psychiatrie et symptôme clinique et structure phénoménologique, montre que la phénoménologie permet d'accéder au vécu du patient par une voie nouvelle, et ainsi de comprendre, au-delà des symptômes présentés, ce que vit le malade. Afin de l'aider au mieux, il propose une attitude qu'il appelle "devançante" opposée à l'attitude directive qui est la règle en médecine somatique et parfois en psychiatrie. Il insiste sur la nécessité d'écouter le patient et de discuter avec lui, prônant une approche psychothérapique. Une place importante est octroyée par l'auteur aux rapports entre l'animal et l'homme aux divers âges de la vie ; il est montré que l'animal facilite chez le tout petit la découverte de son environnement et crée un lien affectif durable et qu'il égaye le quotidien de la personne âgée isolée en rythmant ses journées, ce qui d'ailleurs a conduit à la zoothérapie de plus en plus utilisée actuellement. Le rôle de l'animal dans l'expérience délirante et dans certaines perversions sexuelles est illustré par des observations nombreuses rendant la lecture particulièrement attrayante et enrichissante. Arthur Tatossian, à partir de réflexions sur le sommeil, les rêves et l'insomnie, met en garde sur le danger de transformer un insomniaque accidentel en insomniaque chronique par un traitement médicamenteux inapproprié, l'approche psychothérapique lui paraissant très préférable aux médicaments. Les conséquences psychiques des traumatismes, plus particulièrement chez le sujet âgé, ainsi que celles du cancer, dont les troubles de la communication, sont étudiées et une critique est faite des attitudes médicales vis-à-vis des malades cancéreux en phase terminale. L'auteur s'est intéressé aussi au transsexualisme et à la méthodologie à l'occasion de la pathologie du stress (évènements vitaux, évènements biographiques ou Life events).

01/2020

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Histoire de France

Un Européisme nazi. Le Groupe Collaboration et l'idéologie européenne dans la Seconde Guerre mondiale

Respectabilité morale et politique obligent, l'histoire de l'Union semble, d'un premier abord, aisée à retracer et sans ambiguïtés. Entre l'essor de l'idée d'Europe unie, les tentatives manquées de l'entre-deux-guerres, et sa concrétisation après 1945, l'expérience de la guerre sert de prise de conscience générale, prélude à l'unification. Les historiens traitant de l'européisme s'accordent sur ce schéma de la continuité de l'idée européenne, troublée un ultime moment par les dérives du nationalisme. Ainsi, la Seconde Guerre mondiale n'a pas sa place dans l'idée d'Europe au XXe siècle. L'Europe nouvelle chère aux nazis est réduite à un instrument de la propagande allemande alors que la Résistance aurait préparé soigneusement ses projets unionistes et fédéralistes en attendant la défaite des pays de l'Axe. Cette image d'Epinal ne résiste pas à une analyse objective des faits et des idées. Il apparaît ainsi clairement que, dans la Résistance, le sentiment national prime généralement sur le sentiment européen : le projet générique d'" Europe des nations libres " en est le symbole. Son intérêt pour l'union du continent a été exagéré après guerre pour légitimer la cause européenne, les ennemis du nazisme semblent, à juste titre, profondément désorientés et méfiants devant cette idée d'Europe qui est l'axiome favori des partisans du Reich. En effet, à l'inverse, sur le continent unifié par les armes, officiels nazi et intellectuels engagés dans la voie de la collaboration sont, la source d'une réflexion intarissable sur l'Europe visant à définir ses contours et son identité, commentant sa future organisation politique, économique, juridique ou sociale. Le Groupe Collaboration se place dès sa création en septembre 1940 dans cette perspective. lise veut un pôle attractif, principalement parisien, de réflexions et de promotion culturelle pour tous les intellectuels désireux d'ébaucher plans et projets d'une union européenne imminente, d'encourager le rapprochement franco-allemand et la solidarité continentale. Même si les plus ardents européistes d'aujourd'hui ne sauraient être assimilés à des groupes de pensée dévoyés, cette étude très documentée permet d'analyser l'idéologie européenne dans une perspective historique plus réaliste et, comme telle, nouvelle. Cette grille de lecture donne, de manière surprenante, des clefs pour mieux comprendre les enjeux qui se dessinent devant nous pour demain.

06/2010

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Musique, danse

Le passage des frontières. Ecrits sur la musique

Les Ecrits sur la musique de Kaija Saariaho rassemblent pour la première fois l’intégralité des articles, textes de circonstance et notices d’œuvres rédigés par la compositrice depuis le début de sa carrière. En couvrant trente années de recherche et de création musicales, ces textes apportent non seulement un nouveau regard sur la musique de Saariaho, mais également sur la création musicale des années 1980 à nos jours et sur l’évolution de la « musique spectrale » dans la lignée de Tristan Murail et Gérard Grisey. Il s’agit en outre, et là repose sans doute son intérêt majeur, d’un des très rares livres dévoilant le parcours d’une femme compositrice dans le monde de la musique contemporaine. D’un point de vue formel, le livre se compose de trois parties. Cœur de l’ouvrage, la première partie se subdivise en quatre chapitres (Le passage des frontières, Les spectres de l’Ircam, Entre sensible et intelligible et Composer au quotidien) et donne à lire dans un ordre chronologique strict l’ensemble des articles rédigés par Saariaho entre 1980 et 2008. On y découvre successivement les désirs et les motivations d’une jeune compositrice finlandaise, son exil en Allemagne puis en France, son émancipation et ses premiers succès, l’importance de l’Ircam dans le développement de son langage musical, ses différentes prises de position esthétiques, et finalement un regard rétrospectif porté sur son parcours, sa Finlande natale, sa pratique au quotidien et le rôle du compositeur aujourd’hui. Les deuxième et troisième parties consistent respectivement en un Journal des œuvres regroupant toutes les notices de concert rédigées par Saariaho et un ensemble de sources (chronologie, origines des textes, catalogue des œuvres, discographie complète et bibliographie). Ce livre est à la fois un outil incontournable pour le musicologue, mais également un guide pour l’écoute pouvant s’adresser à un lectorat plus large. La nature double des textes qu’il comprend rejoint le même horizon de réception, mêlant articles sur les techniques de composition et propos autobiographiques. Le parcours international de Kaija Saariaho l’ayant amenée à écrire dans plusieurs langues (français, finnois, anglais et allemand), notons enfin que la majeure partie de ces textes demeurent inédits en langue française et que ce livre est donc aussi le fruit d’un vaste travail de traduction.

06/2013

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Religion

L'Amour et la Dilection. La Vie de Christine de Stommeln suivi de Lettres de Pierre et de Christine (1267-1289)20

Quelle providence a mis, un jour de 1267, sur le chemin d'un frère prêcheur suédois, étudiant au Studium Generale de Cologne, intelligence déliée, nature mélancolique, Christine, une jeune paysanne stigmatisée du bourg westphalien de Stommeln ? De cette rencontre, que va suivre une nuit de veille "lumineuse comme le jour", écrira Pierre citant le psaume 139, va naître une relation fascinée de vingt-deux ans, ponctuée de seize visites et d'une longue correspondance, qui ne s'achèvera qu'à la mort de Pierre en 1289. C'est ce que nous racontent les manuscrits conservés dans une église de Jülich en Wetphalie, copiés en 1340, soumis à un toilettage philologique rigoureux en 1894, traduits pour la première fois en suédois en 1952; objets de la présente édition. Telle qu'elle apparaît au fil de la "Légende et passion de la vierge Christine de Stommeln ", récit à caractère hagiographique de Pierre, et de quelques-unes de leurs lettres, cette idylle mystique est d'abord une tension entre le pur face à face de l'amour et la passion médiatisée de la dilection, une ambivalence constitutive donc - encore qu'elle aille parfois jusqu'à la confusion sémantique des deux termes - du lien des deux amants. Au coeur de cette relation, le combat de Christine, souffre-douleur halluciné d'un démon qui s'acharne à la précipiter dans l'abjection. Mais c'est ce combat qui tire le couple vers le rêve de ses noces mystiques, le nourrissant de signes avidement déchiffrés par Pierre, ainsi le visage torturé de Christine "transcendé par le reflet du pur amour" (Marie-Françoise Notz) qu'il entrevoit sous un coin relevé du voile de la jeune femme. S'étonnera-t-on de l'importance de la langue dans les deux volets de ce recueil, deux écritures du latin du XIIIe distinctes par leurs nuances pour qui y regarde de près? Pierre joue de sa riche culture scolastique au point de s'être imposé comme le premier authentique écrivain de la littérature suédoise. Christine, contrainte de dicter ses rares lettres dans sa langue maternelle, l'allemand, à ses confesseurs dominicains qui les ont transcrites en latin, Christine donc, a su ne pas s'effacer dans l'exil linguistique qui lui était imposé. Pour qui en écoute la musique intérieure, sa présence pathétique, fragile, sensible et obstinée, transparaît sous la sévère écriture qui l'a traduite une première fois. V.F.

07/2005

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Religion

Le Livre de la pauvreté spirituelle. Ou l'Imitation de la vie pauvre de notre Seigneur Jésus Christ

"J'estime que cet ouvrage, surtout en raison des beautés de premier ordre qu'il contient, mérite d'être publié" : le 22 avril 1914, Mgr Adam, vicaire général du diocèse de Paris, signe l'imprimatur d'un texte de jean Tauler à paraître chez Tralin, "libraire-éditeur, 12, rue du Vieux Colombier". Le traducteur de ce texte, qui a voulu rester anonyme, nous est présenté par l'éditeur comme "l'un des prêtres les plus distingués du diocèse de Strasbourg", "chanoine, archiprêtre aussi modeste que savant". Voici alors 40 ans que l'Alsace a été annexée par le Reich allemand et le mystérieux chanoine strasbourgeois n'a pas renoncé à user d'un français raffiné pour faire découvrir à ses contemporains les trésors de la plus haute mystique. Deux mois plus tard, l'attentat de Sarajevo rouvre les anciennes plaies : le 3 août, l'Allemagne déclare la guerre à la France. S'étonnera-t-on si l'édition Tralin du Livre de la pauvreté spirituelle est passée quelque peu inaperçue et si ce texte " de premier ordre " reste aujourd'hui encore inconnu en français ? Comme si un sort malin s'acharnait sur cet ouvrage lumineux... De tous les livres parus sous le nom du disciple de Maître Eckhart, Charles Schmidt, l'un de ses meilleurs spécialistes, estimait que ce texte bien structuré et d'une pensée très proche des Sermons "tenait le premier rang parmi les oeuvres authentiques et qu'il devait lui être attribué sans conteste". Bien que contemporains de Tauler, aucun des manuscrits des Sermons n'est autographe. Si ceux du Livre de la pauvreté spirituelle sont plus tardifs (1429 et 1448) et anonymes, il n'empêche que ce texte admirable n'a cessé pendant plus de quatre siècles d'être attribué à Tauler, avant que le P. Denifle, en 1877, ne suscite les doutes. "Aussi bien, concluait le vaillant éditeur de 1914, l'ouvrage dont nous offrons la traduction peut être de qui on voudra : le lecteur jugera s'il est digne ou indigne de Tauler, sous le vocable de qui, par une ancienne habitude, nous le mettons. Pour nous, il suffit que ce livre soit destiné à faire, encore aujourd'hui, quelque bien aux âmes, et cela, nous l'espérons fermement. C'est le seul but que nous ayons en le publiant." Un siècle plus tard nous n'avons d'autre conviction ni d'autre but.

09/2012

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Littérature française

Le testament Aulick

Alexandre Plainlevé est depuis son plus jeune âge passionné par l'Histoire et les traces laissées par les anciens vivants. Enfant, il adore mener des explorations dans le grenier de sa grand-mère et est particulièrement fasciné par tout ce qui est militaire. Devenu professeur d'Histoire, il tâche d'intéresser des classes parfois difficiles à sa matière en apportant lors de ses cours des objets du temps passé. A Montpellier, où il a été nommé après plusieurs années d'enseignement et un divorce express, il vit seul, peu ancré dans le temps présent, rédigeant quelques ouvrages pour un petit éditeur. Il chine chez les brocanteurs et notamment chez M. Licorne, un homme assez sauvage à qui il a donné ce sobriquet car sa boutique capharnaüm est encombrée de représentations sous toutes ses formes de l'animal fabuleux. Habituellement renfrogné, l'antiquaire adresse un jour la parole à Alexandre : il l'a vu parler de son livre à la télévision et le félicite d'avoir traité du problème de la responsabilité et de l'engagement en temps de guerre. Il lui soumet une énigme en lui montrant barrette de décorations allemandes de la Première Guerre mondiale qui comprend également une médaille russe impériale. Une aberration historique ! S'il en perce le secret, l'objet sera à lui. Extrêmement intrigué, Alexandre fait des recherches et découvre tout un épisode de la Première Guerre mondiale qu'il ignorait. M. Licorne lui offre alors la médaille qu'il lui avait promise et lui fait don également d'une bible et des photos faisant partie du même lot. Cette bible recèle des feuillets écrits de la main d'un Allemand emprisonné. Alexandre les soumet à une de ses collègues germaniste, Clara, et ils sont électrisés par ce qu'ils découvrent : une confession rédigée par un ancien officier devenu diplomate du IIIe Reich, à la veille de son exécution en 1946. Karl Aulick, soldat en 1914-1918 puis lieutenant d'Hitler, y déroule le parcours qui l'a mené dans un cachot de Budapest à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Au fur et à mesure de la traduction de ce testament, une histoire d'amour se noue entre les deux enseignants et d'autres secrets – à propos de Clara ou du mystérieux M. Licorne – viennent au jour…

11/2016

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Première guerre mondiale

La guerre des gaz (1914-1918). Les pharmaciens français dans l'action

La guerre chimique sur le front occidental de 1914 à 1918. La participation des pharmaciens à la protection des combattants et à la mise au point de nouveaux toxiques (agressifs chimiques). "La France n'a pas de chimistes, elle n'a que des pharmaciens." Telle est la célèbre phrase, assassine, qui émanerait du chimiste allemand Haber, l'instigateur de la guerre chimique allemande. Même si cette phrase n'a pas été prononcée, elle repose sur des vérités : le faible nombre des chimistes dans notre pays et la modestie de son industrie chimique. Ces deux arguments auraient influencé les décideurs allemands. La France ne devait pas pouvoir réagir efficacement une attaque chimique ! Beaucoup plus tard, remettant la cravate de la Légion d'honneur à une illustre membre du corps professoral pharmaceutique, le Grand Chancelier de l'Ordre devait s'exprimer ainsi : "On peut dire sans exagération que vous avez puissamment contribué à la victoire de 1918 : vous avez en effet sauvé notre armée d'un terrible danger, et vous lui avez fourni les moyens d'une riposte éclatante". Que s'est-il passé ? Le déclenchement de la guerre chimiques donné un nouvel essor aux activités des pharmaciens aux armées. C'est eux que l'on doit les premières identifications du toxique employé le 22 avril 1915, et les premières mesures de protection contre lui. Ils participent étroitement l'activité des laboratoires divisionnaires de toxicologie, des centres médico-légaux, et celle des organismes centraux de recherche de nouveaux moyens de protection mais aussi d'agression : les services chimiques français. Ce livre est le fruit de plus de vingt années de recherche effectuées par trois pharmaciens, en même temps historiens et spécialistes du sujet, dont deux docteurs ayant consacré leur thèse à cette thématique. Il apporte une nouvelle vision de ce qu'a été la guerre chimique, tant en France que du coté ennemi. Riche de plus de quatre cent pages et de plus de six cent illustrations issues d'archives officielles et de collections privées : beaucoup de photographies totalement inconnues, mais aussi des dessins et des cartes, il offre un panorama aussi complet et renouvelé que possible de cette "guerre dans la guerre", et se prolonge par quelques pages consacrées à la situation de l'arme chimique entre les deux guerres, et par une très riche annexe sur la protection individuelle allemande contre les gaz.

07/2021

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Littérature étrangère

Mensonges d'été

Bernhard Schlink nous propose dans ce recueil de nouvelles sept variations sur le thème du mensonge. Tout en illustrant des sujets de société très contemporains comme l’euthanasie ou les réseaux de prostitution, des thèmes plus classiques comme la jalousie, le conflit générationnel ou les regrets à la veille de la mort, l’auteur allemand scrute à chaque fois les fonctionnements du couple. Que ce soit le flûtiste modeste tombé amoureux d’une riche héritière ("Arrière-saison"), l’écrivain qui croit se protéger par des petits mensonges sans importance ("La nuit à Baden-Baden"), ou encore l’homme qui pense sauver son mariage en se coupant du monde ("La maison dans la forêt"), les héros de Schlink se distinguent souvent par une forme de lâcheté qui finit par les perdre. La nouvelle la plus dramatique du recueil est sans doute "L’inconnu dans la nuit" , où les non-dits dans un couple, qui doit surmonter le traumatisme dû à l’enlèvement de la femme pendant plus d’un an en Arabie Saoudite, auront des conséquences tragiques. Les trois dernières nouvelles ont en commun de mettre en scène des personnages plutôt âgés. Quand dans "Le dernier été" le personnage principal, atteint d’un cancer des os, souhaite recourir à l’euthanasie sans oser en parler à son épouse, le protagoniste de "Bach à l’île de Rügen" souhaite seulement se réconcilier avec son fils et lui parler de son couple, avant de mourir. La toute dernière nouvelle du recueil nous propose l’histoire d’une vieille dame qui parle à sa petite-fille des mensonges et des renoncements, et d’un fiancé abandonné… Bernhard Schlink possède un talent indéniable pour nous parler de ces situations en apparence banales qui posent néanmoins de vraies questions de morale. Sa capacité à esquisser des personnages incarnant des dilemmes et des interrogations d’ordre éthique, qui a fait le succès d’un livre comme Le liseur, se trouve ici condensé dans la forme courte et transposée dans des situations moins dramatiques et plus quotidiennes que dans ses romans. Mensonges d’été se situe néanmoins bien dans la continuité de l’oeuvre de Schlink. Le recueil a été un très grand succès dans les pays de langue allemande et devrait ravir son lectorat français tout autant.

06/2012

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XXe siècle

Filles d'un temps nouveau

L'affirmation de la place des femmes au coeur de l'Allemagne de l'entre-deux-guerres Hambourg, 1919. Tandis que l'Europe se relève avec peine de la guerre, un vent d'espoir et de folle liberté souffle sur une nouvelle génération née avec le siècle. Issue de la bourgeoisie, la jeune Henny embrasse la carrière de sage-femme, aux côtés de Käthe, fervente militante communiste. Elles croiseront Ida, riche aristocrate à l'âme rebelle, et Lina, farouchement libre et anticonformiste... Rien ne les destinait à se rencontrer, et pourtant les quatre jeunes femmes vont nouer une amitié indéfectible dans la folle ambiance des années 1920. Mais, très vite, la joie laisse place à des moments plus sombres, et leur sororité devra survivre à l'inexorable marche de l'Histoire. Une fascinante saga qui dessine en filigrane l'histoire d'une génération marquée par un siècle de guerres et de chaos. Traduit de l'allemand par Barbara Fontaine. A propos de l'autrice Carmen Korn, fille du compositeur Heinz Korn, est née en 1952 à Düsseldorf. Après une formation en journalisme dans la prestigieuse école Henri-Nannen-Schule, elle rejoint l'équipe du magazine Stern. Elle vit à Hambourg avec son mari et ses deux enfants. Sa saga Filles d'un temps nouveau a été un véritable phénomène en Allemagne : restant presque deux ans en tête de liste des meilleures ventes du Spiegel, elle s'est vendue à plus de 1, 5 million d'exemplaires. Traduite en sept langues, elle a également été couronnée de succès dans toute l'Europe. " Un roman puissant et extrêmement visuel. Carmen Korn explore toute une échelle de sentiments, la souffrance et la misère de la guerre, mais aussi l'espoir". Hamburger Abendblatt "Carmen Korn nous livre une formidable épopée, où les petits destins qui s'entremêlent parviennent à dépeindre l'Histoire". Adélina, de @livrovore "Intergénérationnel et historiquement intéressant. Ce roman nous immerge dans la guerre en abordant le quotidien des civils. Cette foule de personnages ne va pas quitter mon esprit de sitôt". Tiphaine, de @je. lis. mes. envies "Un roman immersif qui nous dévoile ses traumatismes de l'après-Grande Guerre ainsi que l'affirmation de la place des femmes dans sa société. Une plongée passionnante dans l'Allemagne des années 1920 à 1950". Carole, de @lafilleaux1001lectures

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Manifestes extrémistes

Historiciser le mal. Une édition critique de Mein Kampf d'Adolf Hitler

Historiciser le mal, une édition critique de Mein Kampf. Avertissement aux lecteurs. Historiciser le mal propose une analyse critique, une mise en contexte, une déconstruction, ligne par ligne, de Mein Kampf, une des sources malheureusement fondamentales pour comprendre l'histoire du XXe siècle. Nous avons agi en responsabilité en mettant en place un dispositif global afin de respecter l'exigence scientifique et éthique qui s'imposait. La nouvelle traduction présentée dans Historiciser le mal a été confiée à l'un des meilleurs traducteurs de l'allemand en langue française, Olivier Mannoni, qui a ensuite travaillé avec une équipe d'historiens, tous spécialistes du nazisme, de la Shoah et de l'histoire des Juifs. La rédaction d'Historiciser le mal a été menée dans le cadre d'un partenariat signé par Fayard avec l'Institut d'Histoire de Munich, qui a publié en 2016 une édition critique de Mein Kampf en Allemagne, un travail de référence qui a mobilisé une équipe d'historiens allemands. Historiciser le mal a été rédigé par un comité d'historiens, dirigé par Florent Brayard, qui a traduit, adapté, prolongé les 3 000 notes de l'édition allemande et rédigé une introduction générale et 27 introductions de chapitres. Dans la forme, les notes encadrent ainsi la nouvelle traduction et sont indissociables de sa lecture. L'ensemble compte près de 1 000 pages et constitue un jalon historiographique sur la genèse du nazisme. En définitive, l'appareil scientifique inclus dans Historiciser le mal est deux fois plus volumineux que la traduction du texte de Hitler. Il n'est pas question, bien évidemment, que la publication d'Historiciser le mal puisse être lucrative. Ainsi, la Fondation Auschwitz-Birkenau, chargée de la conservation du site du camp de concentration et d'extermination, percevra des droits au premier exemplaire vendu et la totalité des bénéfices qui pourraient être issus de la vente d'Historiciser le mal. Pour savoir où l'on va, il est indispensable de comprendre d'où l'on vient. Nous sommes convaincus que le travail des historiens est nécessaire pour lutter contre l'obscurantisme, le complotisme et le refus de la science et du savoir en des temps troublés, marqués par la montée des populismes. C'est le sens de notre démarche d'éditeur.

05/2021

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Finances publiques

Revue française de finances publiques N° 155, septembre 2021

SOMMAIRE - RFFP N°155 - Septembre 2021 . Editorial : Pour une institution de régulation des finances publiques, par Michel Bouvier SOUVERAINETE DE L'ETAT ET FINANCIARISATION DU DROIT La souveraineté de l'Etat à l'épreuve de la financiarisation du droit, par Katia Blairon La souveraineté monétaire au fondement de la souveraineté financière, par Sébastien Evrard Souveraineté monétaire et financiarisation, par Yamina Tadjeddine La financiarisation de la comptabilité publique : déconstruction d'une idée reçue, par Sébastien Kott La financiarisation du droit, la dette publique et la souveraineté de l'Etat, par Christophe Pierucci Succession d'Etats et dettes souveraines : entre respect de la souveraineté étatique et préservation de la souveraineté du peuple, par Mélanie Dubuy Les contournements du droit fiscal national. Un souverain sans pouvoir fiscal ? par Céline Viessant Solidarité budgétaire des Etats et métamorphose de la souveraineté politique, par Michel Bouvier Le concept britannique de souveraineté : un modèle transposable ? par Alexandre Guigue . DOSSIER : TIERS-LIEUX Le co-working à l'épreuve du home working. Quel avenir pour les tiers-lieux après la crise sanitaire ? par Fabien Bottini Les expériences Ville de Paris - Région Ile-de-France, par Marie-Christine Baranger Tiers-lieux à l'ère du numérique : Vers la mise en place de "tiers lieux" de la télémédecine ? par Amandine Cayol L'insaisissable fiscalité des tiers-lieux, par Jean-Raphaël Pellas . CHRONIQUE DE GOUVERNANCE BUDGETAIRE Chiffre(s), finances publiques et protection de l'environnement, par Christelle Ballandras-Rozet et Rémy Dufal Le droit public financier allemand. Un aperçu comparatiste, par Hugues Rabault . CHRONIQUE FISCALE CONSENTEMENT A L'IMPÔT : COMMENT LE REACTIVER ? . Quelle réalité du consentement à l'impôt dans le cas des pays en développement ? par Noureddine Bensouda Le recours à l'impôt est inévitable : mais avec quelle légitimité ? par Michel Bouvier La complexité fiscale, obstacle au consentement à l'impôt, par Alain Lambert Consentement à l'impôt et lutte contre la fraude fiscale, par Romain Grau Le Parlement et le consentement à l'impôt, par Charles Guené FISCALITE DES NON-RESIDENTS La fiscalité appliquée aux revenus de source française des contribuables domiciliés hors de France. Vers des aménagements de la réforme consacrée par la loi de finances pour 2019 ? par Simon Daragon . CHRONIQUE DE GOUVERNANCE FINANCIERE LOCALE L'ambivalence de la réforme de la fiscalité locale pour l'échelon départemental, par Camille Cubaynes . CHRONIQUE BIBLIOGRAPHIQUE Vient de paraître

08/2021

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Histoire de France

Industriels et banquiers français sous l'Occupation

L'ouverture des archives des années 1930 et 1940, en particulier les fonds français et allemands de l'instruction des procès des ministres de Vichy en Haute Cour, permet de répondre aujourd'hui formellement à la question que posait en 1999 l'ouvrage Industriels et banquiers sous l'Occupation. La collaboration économique avec le Reich et Vichy : la haute banque et la grande industrie furent-elles confrontées au vainqueur allemand brutalement installé à l'été 1940 ou accueillirent-elles avec empressement leur partenaire privilégié, pour amplifier une collaboration "continentale" et "européenne" établie de longue date ? L'hypothèse d'un lien organique entre la "collaboration économique" - ou la Collaboration tout court - d'avant-guerre et celle de l'Occupation reflète ce qu'Alexandre Jardin appelle dans sa préface "l'effarante réalité", celle qui pousse à "entrer en déni pour trouver l'existence plus respirable". La continuité des pratiques du grand capital financier entre Crise et Occupation est désormais démontrée : vente au Reich de tout ce qui pouvait être vendu, des matières premières aux produits fabriqués, fondation de cartels "européens" à direction allemande, cession des titres français - qualifiés de 1940 à 1944 d'"aryens" ou de "juifs" et associations de capitaux, avec éviction, depuis l'invasion, des "capitaux juifs". Les sources révèlent le rôle décisif joué par les grands lieutenants de la synarchie dans "l'état français" et dans l'économie, désormais exclusivement mise au service de la machine de guerre allemande : industriels et banquiers eux-mêmes, hauts fonctionnaires, permanents ou d'occasion, ils appliquèrent, avec l'aide de l'occupant, un plan drastique de hausse du profit, de concentration du capital et de baisse des salaires. Délégués à tous les ministères économiques, ils investirent aussi l'Intérieur, poste utile au combat contre les "indésirables" intérieurs, étrangers ou français, les ouvriers "meneurs" ou non, mais aussi les modestes concurrents économiques, juifs ou "aryens"Les archives désormais accessibles éclairent enfin les étapes du passage des élites financières de la Collaboration, souvent poursuivie jusqu'aux limites de l'été 1944, au ralliement général à la Pax Americana et au triomphe du statu quo socio-économique de la Libération. Si "effarants" qu'ils soient, ces fonds imposaient de refaire l'ouvrage de 1999. Sa nouvelle version est une obligation bienvenue, à l'heure où une nouvelle bourrasque systémique renoue avec l'ère de Crise et de guerre.

08/2013

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Histoire de France

Szkolnikoff, le plus grand trafiquant de l'occupation

Le 10 juin 1945, un corps calciné est découvert à proximité de Madrid. L'homme est identifié sous le nom de Mendel Szkolnikoff, un Juif d'origine russe, curieusement détenteur d'un passeport allemand. Il s'agit sans doute du plus gros trafiquant de l'Occupation, plus important que le célèbre Joanovici. Arrêté avant guerre pour diverses escroqueries, il est, depuis 1941, un agent financier des Allemands, notamment de la SS. Mais l'affaire Szkolnikoff, c'est surtout le plus grand séquestre de la Libération : 2 milliards de francs de l'époque accompagnés de 2 autres milliards d'amende. Car Szkolnikoff a bâti en très peu de temps, pour le compte de l'occupant, un immense empire immobilier et hôtelier : il détient des rues entières de l'Ouest parisien et des dizaines de "palaces", essentiellement sur la Côte d'Azur. Tous ces biens étant mis sous séquestre à la Libération, l'affaire Szkolnikoff se prolonge jusqu'à nos jours. Cet ouvrage révèle que les autorités françaises poursuivent en effet les descendants de l'affairiste au nom d'une condamnation prononcée après sa mort, ce qui est illégal ! L'hôtel Martinez à Cannes, dont les procédures sont encore en cours, soixante-dix ans après les faits, est au coeur de ce rocambolesque dossier qui n'a pas livré tous ses secrets. Pour qui Szkolnikoff travaillait-il vraiment et d'où tirait-il ses protections ? De Himmler, de Goering l'affairiste, ou de plusieurs dignitaires nazis à la fois ? Quelles sommes, apparemment énormes, a-t-il mis à l'abri dans les banques monégasques, espagnoles ou suisses avant de mourir, et que sont-elles devenues ? D'où venait le mystérieux commando qui a capturé et tué Szkolnikoff en Espagne en 1945, après l'avoir délesté des 600 millions de francs en bijoux qu'il emportait dans sa fuite ? Szkolnikoff est-il même mort en 1945 ? Personnage à tiroirs, connu jusqu'ici des seuls spécialistes, Szkolnikoff n'avait jamais fait l'objet d'une recherche fouillée. Cette enquête, menée dans plus de 6000 cartons d'archives provenant de cinq pays différents, apporte enfin des réponses étayées aux multiples fantasmes autour de cette affaire. Ancien grand reporter et journaliste d'investigation à TF1, auteur de nombreux documentaires, Pierre Abramovici, est aujourd'hui historien.

01/2014

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Théâtre

Mises en scène d'Allemagne(s)

Depuis plusieurs décennies, la scène allemande est l'objet d'une fascination sans équivalent dans le monde. En France tout particulièrement : à peine remis de l'"éblouissement" (Roland Barthes) du Berliner Ensemble, le public a pu découvrir, dès les années 1970, une nouvelle génération de metteurs en scène qui renouvelait profondément les modes de travail et les enjeux de la création théâtrale. D'autres depuis ont suivi sans discontinuer, au point que l'exceptionnelle vitalité de ce paysage artistique apparaît toujours comme un modèle et un point de référence obligé. Pourtant, on pourrait reprendre mot pour mot, aujourd'hui, le jugement formulé par Bernard Dort en 1981 : "Sans doute une des raisons du rapport ambivalent que les Français ont au théâtre allemand vient-elle de leur méconnaissance ou, du moins, de leur connaissance fragmentaire, à éclipses, de celui-ci". Trente ans plus tard, en effet, ce que nous savons de ce théâtre reste parcellaire. Bien qu'il soit toujours plus présent sur nos scènes, il n'existe aucun ouvrage d'ensemble pour mettre en perspective les oeuvres de ses metteurs en scène, éclairer leurs choix et analyser leurs conditions de production. C'est ce manque que le présent ouvrage se propose de combler, avec une traversée de plus de quarante ans de créations théâtrales majeures, choisies parmi celles qui ont renouvelé les modes de travail et marqué les mémoires. Replacés dans leur contexte de production, examinés à partir d'enquêtes minutieuses dans les archives, les spectacles, étudiés selon les principes des "Voies de la création théâtrale", font l'objet d'analyses approfondies qui restituent toute la complexité de leurs enjeux et la variété de leurs modes d'élaboration. Réalisé par une équipe de chercheurs internationale, ce volume entend tout à la fois élargir le regard porté sur les scènes d'Outre-Rhin et lui donner une plus grande précision, par le croisement d'approches globalisantes et d'examens détaillés. On y trouvera donc aussi bien l'étude du paysage économique et institutionnel, un aperçu des modes de travail, l'histoire de certains établissements ou le parcours de quelques personnalités que la focalisation sur des réalisations emblématiques. De Stein à Ostermeier, de Grüber à Marthaler, de Peymann à Richter, de Zadek à Castorf, de Schleef à Pollesch, Rimini Protokoll et bien d'autres encore, ce sont ainsi deux générations de maîtres de la mise en scène dont les productions sont ici présentées.

01/2014

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Littérature française

Les Éblouissements

Gottfried Benn : 1886-1956. Sept moments de la vie d'un poète expressionniste allemand. Médecin de surcroît. Son premier recueil : Morgue, fait scandale. Ce sont ses souvenirs de la maison des corps. On retrouve l'auteur en garnison à Bruxelles, durant la Grande Guerre. Il s'occupe des filles qui contaminent "patriotiquement" l'armée allemande. Il assiste aussi à une mémorable exécution capitale. Il fut témoin de la mort que l'on reçoit, de celle que l'on donne. Il s'est frotté aux putains cariées de vérole. Le plus bas de la misère humaine. Il décrit ceci et cela, crûment, dans des textes hantés par de noires fulgurances. En marge, il connaît aussi l'extase. Mais même un visionnaire peut s'aveugler. Lui qui fuyait l'Histoire, il choisit, pour la rejoindre, la pire des occurrences. Quand la plupart des écrivains allemands fuient le nazisme, il choisit de rester, et devient - pour peu de temps - un compagnon de route de la barbarie... Renié par les émigrants, il sera bientôt proscrit par le nouveau Reich. Il est rejeté par tout le monde à la fois. Le voici censuré, réduit pour plus de dix ans au silence. Pourtant, après la fin de la seconde guerre, la génération de "l'année zéro" découvre en lui, quelquefois, le précurseur des idées qui vont circuler dans l'Occident à reconstruire. Sa parole circule à nouveau. Mais revient-on jamais tout à fait d'un voyage au bout du fourvoiement ? Gottfried Benn dans tous ses états. Poète révolutionnaire, intellectuel rallié, puis persécuté, réhabilité enfin... Médecin des plus démunis, des disgraciés. Amant cannibale, endeuillé. Père absent, aimant. Lui prêter une série d'interlocuteurs qui traversent près de trois quarts de siècle d'existence : un professeur d'anatomie, sa première femme, une prostituée, sa fille, sa dernière compagne. Pour dire cela : une fiction, bien sûr. Rien qu'une fiction. Qui raconte l'erreur d'une vie, et la vie d'une erreur. Le plus court chemin entre Histoire et histoire, c'est encore d'imaginer. Le biographe, ici, n'a d'autre choix que de se faire historien, et le chroniqueur n'a d'autre ressource que de devenir romancier. Mais le romancier, à son tour, n'a de chance d'y voir clair que de se découvrir poète. Pierre Mertens

12/1987

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Histoire de France

Napoléon II

A elle seule, l'énumération des noms successivement attribués au fils de Napoléon durant sa courte existence - vingt et une années - suggère le destin contrarié qui fut le sien : son père le voulut Roi de Rome (1811-1814) ; pendant quelques jours en 1815, il fut nominativement Napoléon II empereur des Français, mais les puissances européennes en firent un prince de Parme (1816) ; pour finir, son grand-père maternel, François II d'Autriche, lui donna le titre de duc de Reichstatd, du nom d'une petite bourgade de Bohême... Il serait excessif de dire qu'après l'abdication du Grand Empereur, Marie-Louise, sa mère, s'occupa de lui, et, à deux reprises (1815 et 1830), le " fils de l'Aigle " - l'Aiglon de Rostand - se vit préférer, pour régner sur la France, des rejetons de l'ancienne dynastie... Ultime grimace du Destin : ses cendres revinrent à Paris le 15 décembre 1940, restitués par l'Allemagne nazie qui croyait ainsi se gagner la faveur des vaincus... Bien qu'il n'y ait jamais un seul instant prêté la main, le duc de Reichstadt - élevé à Vienne comme un prince allemand sous la férule de l'empereur François - fut pourtant la cible de tous les regards, de toutes les craintes et de tous les espoirs : en France, mais aussi ailleurs, on redoutait ou on rêvait, selon que l'on approuvait ou non l'ordre de la Sainte-Alliance, de le voir se faire le porte-drapeau des idées nouvelles. Plus étonnant encore, c'est après sa mort (1832) qu'il se montra le plus dangereux : son nom devint un véritable mythe qui se conjugua avec la légende délibérément forgée par le Grand Empereur depuis son rocher de l'Atlantique sud. Aux poètes et dramaturges qui s'étaient emparés dès les années 1820 de l'histoire romantique d'un jeune homme à la santé chancelante, répond en écho toute une littérature (qui trouvera son accomplissement avec le drame composé par Rostand en 1900) frémissant d'émotion pour ce destin brisé. Rarement dans les temps modernes, un mythe politique aura connu une telle fortune et une telle force. L'évocation de sa genèse et des raisons de son succès importe à l'historien autant que le récit minutieux d'une vie brève et sans événements saillants...

12/1996

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Romans historiques

Civetta. L'égérie du peintre

Une curieuse intuition a guidé Béatrice, jeune comédienne française, devant ces rochers tortueux se reflétant dans les eaux de la Meuse. Un étrange person- nage lui propose de l'emmener sur l'autre rive, mais l'embarcation chavire sous l'effet d'une tornade et Béatrice sauve la vie du passeur. Celui-ci l'héberge dans son refuge pour la nuit et, au matin, la guide vers une grotte où elle découvre, sur une paroi, le dessin d'une chouette. Au sortir de la caverne, elle trébuche et chute du haut des rochers. Quand elle retrouve ses esprits, elle est seule et ne reconnaît rien du paysage. Cette situation échappe à sa raison. Est-ce farce qu'on lui joue, rêve-t-elle ? Une nef tirée par un cheval remonte le fleuve vers elle. L'embarcation est celle de Joachim Patenier, grand peintre paysagiste de la Renaissance, Dinantais de souche qui exerce son art à Anvers. Il la recueille et l'emmène ultérieurement dans sa ville d'adoption, où se trouve son atelier. Elle y devient son intendante, rencontre le gratin de la société anversoise du début du 16e siècle, dialogue avec l'humaniste Erasme, ami du peintre... Mais comment une jeune femme d'aujourd'hui peut-elle réagir et se comporter dans un siècle qui n'est pas le sien, mais dont elle connaît l'avenir ? De manière parfois surprenante, ce qui crée pas mal de quiproquos. A plusieurs reprises, cette connaissance du futur fait vaciller cette femme savante qui fascine tout qui la rencontre, ...parce qu'elle prend conscience qu'elle influe sur ce qui sera. Parallèlement, elle tombe follement amoureuse du jeune peintre Herri Bles, disciple de Patenier et lui aussi originaire des bords de Meuse, de Bouvignes exactement... Pour détourner Herri de la belle Française, Pétronille, la fille de Patenier qui a des visées sur le disciple de son père, use de toutes les fourberies pour les séparer. Ainsi, Joachim Patenier propose à Herri de suivre Albrecht Dürer dans son périple en Zélande où il court mille dangers sur cette mer du Nord dé- montée, qui tape les habitations inondées jusqu'au toit. Herri et Albrecht Dürer échappent de justesse à la mort et le jeune peintre refuse de continuer le voyage en compagnie du téméraire Allemand. Il reste à Veere, petite ville prospère de Zélande où, par une habile manoeuvre, Béatrice l'y rejoint...

11/2019

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Policiers

NNT visions. L'ennemi invincible

Il s'appelle Luc, il fait plus de deux mètres de haut et est très sportif. La première moitié de son curriculum vitae est de couleur noire, la seconde moitié est remplie de son amour onirique pour sa famille et de sa passion pour son travail. Certains l'appellent " le cauchemar de tous les criminels ", car au cours de sa longue carrière, le commissaire en chef a mené avec succès de nombreuses enquêtes sans exception. Sa série de succès semble menacée lorsqu'il trouve des pistes importantes dans l'affaire Berta. Lui et sa famille deviennent soudainement les cibles d'un homme puissant qui utilise une série d'astuces pour atteindre des objectifs encore peu clairs pour la police. L'auteur Thiess Matt-Eron a donné le coup d'envoi de sa dernière série de thrillers policiers, NNT-Visions, dont les trois premiers épisodes ont été publiés en août 2019. Les livres racontent l'histoire de Luc, inspecteur en chef d'un département de la police des Etats-Unis de la liberté (USF), et explorent son passé et son présent en soulevant de nombreuses questions sur la nature de la vie, la vérité et l'amour. Après une disparition d'enfant, les habitants de l'USF craignent le pire. Le cas de Geo, un jeune garçon porté disparu de l'appartement de sa mère, fait rugir les médias des semaines durant et fascine le public. La série se déroule dans l'USF, un état moderne fictif comprenant des individus parlant de nombreuses langues du monde réel telles que l'anglais, le français, l'allemand et le chinois. L'histoire, les coutumes et la politique de ce peuple sont révélées progressivement au fil de la série, établissant une ambiance destinée à représenter une fusion des cultures mondiales. Bien que fictive, la série NNT-Visions vise à transmettre aux lecteurs un message pertinent sur le monde d'aujourd'hui. En vue de préparer un tel message, chaque livre commence par poser une série de questions rhétoriques au lecteur, qui trouvera des réponses précises tout au long du livre. Connues sous le nom de "USF Quiz Arena", certaines des questions portent sur l'adaptabilité de l'âme à des vérités non désirées, sur le danger que représente ou non le véritable amour en comparaison avec la drogue, et sur la possibilité de traverser l'enfer pour aller au paradis.

04/2019

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Philosophie

La lutte, pas la guerre. Ecrits pacifistes radicaux (1918)

Les jubilés sont l'occasion de découvertes et de redécouvertes. Parmi les documents à tort négligés ou tombés dans l'oubli les trois écrits du philosophe Ernst Bloch contribuent à une meilleure connaissance du courant pacifiste qui s'est développé en Allemagne après 1916. Ils furent écrits en 1918, pendant un séjour en Suisse (1917-1919) qui avait pour but officiel la rédaction d'un article commandé par l'Archiv für Sozialwissenschaft und Sozialpolitik sur les idées pacifistes dans ce pays. Bloch fut pendant ces années-là un des principaux collaborateurs de Die Freie Zeitung, un journal de Berne largement diffusé et opposé aux menées du gouvernement allemand : il y publia plus d'une centaine d'articles. Le journal en appelait non pas au pacifisme mais à une lutte active contre le bellicisme de l'Allemagne ; il souhaitait carrément la victoire des pays de l'Entente (France, Italie, Royaume-Uni, Etats-Unis), et saluait à la fois le plan de paix du Président américain Wilson et la Révolution russe. Le premier de ces trois textes, "Une défaite de ses armées est-elle nuisible ou utile à l'Allemagne ?" présente aux Allemands les avantages d'une défaite militaire : elle serait d'abord et avant tout une défaite de l'autoritarisme prussien (dont l'auteur esquisse une analyse idéologique et historique) et elle rendrait possible à l'Allemagne un renouveau sur les plans politique et moral, principalement l'instauration d'une démocratie. Le deuxième texte, "Vade-mecum pour les démocrates d'aujourd'hui" , qui est le plus long, développe davantage ces thèses contre la Prusse et l'Autriche. Il vante les idéaux politiques américains (libéralisme politique et démocratie) et les promesses du nouveau socialisme russe, dont l'Allemagne pourrait s'inspirer pour sa régénération. Les analyses historiques et idéologiques sont riches, nuancées et originales. Le troisième texte, "Sur quelques programmes politiques et utopies en Suisse" contient des exposés particulièrement riches sur le courant internationaliste d'inspiration catholique, sur la tendance socialiste marxiste, et sur la tendance anarchiste en Suisse. Bloch est proche de ce dernier point de vue, ce qui lui permet un jugement lucide sur les limites de l'approche déterministe marxiste. D'une grande richesse théorique et historique, ces trois textes étonnent par la position libérale et anarchiste de leur auteur, qui permet de mettre en perspective son ralliement ultérieur au marxisme. La traduction est accompagnée de notes explicatives.

11/2018

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Policiers

Sherlock Holmes : son dernier coup d'archet

2 août 1914. La nuit vient de tomber sur la campagne anglaise. L'air est suffocant et immobile. Sur la terrasse d'une longue maison basse à lourds pignons, deux Allemands fument le cigare tout en échangeant des propos confidentiels. Von Bork est le plus dévoué des agents du Kaiser et le plus astucieux des agents secrets. Ses qualités l'ont recommandé pour une mission en Angleterre, capitale. Elle touche à sa fin et il devrait être de retour à Berlin d'ici une semaine. Le baron von Herling, secrétaire principal de la légation, est venu lui rendre une petite visite. Ils ont l'arrogance de ceux qui sont convaincus d'avoir accompli avec succès leur mission. Ils sont en pleine séance de flatterie et d'autocongratulation. Depuis quatre ans, dans une atmosphère lourde qui pressent le conflit mondial, von Bork passe des documents top-secrets au gouvernement allemand concernant la défense et la sécurité du royaume. Son coffre-fort déborde de casiers épais étiquetés : " Gués ", " Défenses côtières ", " Avions ", " Irlande ", " La Manche ", etc. Mais il lui manque le joyau de la collection sur les transmissions de la marine. Altamont, un Irlandais d'Amérique qui voue une haine farouche à l'Angleterre, doit le lui apporter d'un instant à l'autre. Le secrétaire s'en va. Préoccupé par l'imminence de la tragédie européenne, il ne remarque pas une petite Ford qu'il croise dans la rue du village. Au volant, un homme à la forte charpente et à la moustache grise. A l'arrière, un homme qui aurait pu passer pour une caricature de l'oncle Sam. A l'aube de la Première guerre mondiale, alors qu'il vit en ermite dans le Sussex avec ses abeilles et ses livres, Sherlock Holmes sort de sa retraite pour venir en aide au Premier ministre de Sa Gracieuse Majesté britannique et régler une affaire d'espionnage d'une importance capitale. Cette enquête, pleine d'humour malgré l'atmosphère pesante de la situation, joue sur la fausse absence de Sherlock Holmes. Maître de l'illusion et du déguisement, le célèbre détective prend ici les traits d'un Irlandais d'Amérique. Plus d'un siècle après sa création, Sherlock Holmes, doté d'un sens aigu de la logique et d'une expertise en criminalistique, continue de fasciner.

01/2016

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Critique littéraire

Description du tableau cosmique. Edition bilingue français-grec ancien

La Description du Tableau cosmique de Jean de Gaza est une ekphrasis en vers (703 hexamètres de style nonnien et 29 trimètres iambiques répartis en deux prologues) composée vers le début du VIe siècle de notre ère. Elle appartient au milieu culturel de l'Ecole de Gaza dont Jean est le plus éminent représentant poétique. D'autres membres de ce groupe d'auteurs pratiquant en milieu chrétien une rhétorique classicisante ont récemment été publiés (Procope de Gaza, éd. Amato et alii, 2014) ou sont actuellement en cours de publication dans la C. U. F. (Chorikios). Le poème décrit dans les moindres détails une oeuvre d'art perdue pour nous dont le souvenir s'est cependant conservé grâce à lui. Cette cosmographie représentant l'univers sous une forme allégorique rassemblait une soixantaine de personnifications (parmi lesquelles l'Océan, la Terre, la Mer, les Vents, les Heures, Aion, le Soleil etc...). Elle était l'un des ornements des bains d'hiver de la ville de Gaza. Jean de Gaza réussit ainsi la délicate mission d'interpréter cette iconographie de facture "classique" dans une perspective qui mêle les influences chrétiennes et néoplatoniciennes. La présente édition critique est fondée sur l'examen du manuscrit principal qui n'est autre que la seconde partie du codex de l'Anthologie palatine (Paris. Suppl. gr. 384). La traduction est la première jamais proposée dans une langue contemporaine (on compte par ailleurs une traduction latine due à Frédéric Morel en 1619 et une paraphrase en allemand par Paul Friedländer dans son édition de 1912). Une introduction, des notes de commentaire et un lexique complètent l'ouvrage, ainsi qu'une liste des passages des Dionysiaques cités par Jean de Gaza et une liste des ouvrages cités. Delphine Lauritzen est ancienne élève de l'Ecole Normale Supérieure (Ulm), agrégée en Lettres classiques et docteur en Etudes grecques. Elle a publié à ce jour une quinzaine d'articles dans le domaine de la poésie et de l'art de l'Antiquité tardive et a codirigé deux ouvrages collectifs, en collaboration avec Michel Tardieu, Le voyage des légendes. Hommages à Pierre Chuvin, Paris 2013 [CNRS Editions] et avec Eugenio Amato et Aldo Corcella, L'Ecole de Gaza : espace littéraire et identité culturelle dans l'Antiquité tardive, Leuven 2015 [Peeters].

09/2015

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Beaux arts

Des musées de Metz au musée de la cour d'or. Histoire des collections, reflets d'un territoire

Absente des envois fondateurs de la circulaire Chaptal de 1801, il faut attendre 1839 pour que la Ville de Metz se dote d'un musée. Il est alors créé sous l'impulsion des sociétés savantes locales et des artistes de l'Ecole de Metz. Malgré un budget limité, le développement des collections et de l'institution suit un modèle traditionnel dans l'histoire des musées français jusqu'à la chute du Second Empire. Mais, entre 1871 et 1918 avec l'annexion de l'Alsace-Moselle au Reich allemand, celui-ci va connaître de profondes transformations dans un contexte politique inédit. Il profite des avancées de la science allemande, notamment dans le domaine de l'archéologie. Les musées de Metz entrent alors dans une première période prospère avec la construction de nouveaux bâtiments et un accroissement constant des collections archéologiques. L'établissement n'est plus seulement un musée des Beaux-Arts, mais aussi un important musée archéologique et même un musée de site avec la découverte dans ses sous-sols des anciens thermes gallo-romains de Metz en 1932. Durant la Seconde Guerre mondiale, il devient un outil de propagande au service de l'occupant et sert de centre de collecte aux objets spoliés par les nazis. Il faut attendre la nomination de Gérald Collot en 1957 pour que les musées de Metz connaissent un nouvel âge d'or. De 1964 à 1980, ce conservateur, attentif aux projets de rénovation urbaine, intègre dans les collections de multiples témoignages patrimoniaux qu'il réussit ainsi à sauvegarder. En les étendant, il transforme la présentation des oeuvres des musées de La Cour d'Or et crée un des premiers musées d'Architecture médiévale en Europe. Le lancement du programme de rénovation du musée a encouragé la rédaction de ce texte où la période la plus récente est présente grâce à une série d'entretiens réalisés avec les personnalités liées à l'histoire du lieu ces quarante dernières années. Issus d'une fondation classique, les musées de Metz, par leur inscription dans un territoire marqué par l'Histoire et deux guerres mondiales, sont un exemple peu ordinaire dans le paysage muséal français. Véritable institution transnationale où les visions française et allemande cohabitent, confrontée à la création d'une annexe du Centre Pompidou, un ouvrage relatant son histoire, mais également les enjeux politiques, culturels et sociaux à l'oeuvre, s'avérait plus que nécessaire.

10/2018

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Littérature étrangère

Le voyage de Kokochkin

On est en 2005. Fiodor Kokochkin, un alerte nonagénaire, professeur émérite de biologie, retourne à New York sur le Queen Mary. Juif, il a dû émigrer aux Etats-Unis où il est devenu un scientifique mondialement connu. Chaque jour offre le tableau de cette sociabilité si particulière des traversées transatlantiques où les conversations de table, les distractions programmées, les promenades sur le pont sont autant d’occasions de rencontre. C’est ainsi que Kokochkin retrouve toute sa verdeur en se faisant le chevalier servant d’une jeune (pour lui) architecte de cinquante ans, Olga Noborra. L’humour tout en subtilité de Schädlich donne ici toute sa mesure. Mais ces aimables instantanés du présent sont entrecoupés de retours sur le passé, un passé qui fut tout sauf aimable. En effet, si le vieux monsieur revient d’Europe, c’est qu’il a voulu revoir les lieux de son enfance et de sa jeunesse, et à son luxueux voyage immobile sur la mer fait contrepoint son voyage sur terre doublement fatigant, à cause des longs trajets épuisants mais plus encore de l’émotion que ces retrouvailles avec les lieux de son passé suscitent. A commencer par St-Pétersbourg, où Kokochkin est né et où il a vécu jusqu’à l’assassinat de son père, député menchevik, par les Bolcheviks ; puis Odessa où sa mère allait retrouver une partie de l’intelligentsia russe en exil – Bounine, qui l’aidera, et surtout Nina Berberova, dont elle partagera l’exil. Devenues de grandes amies, elles émigrent près de Berlin, là où vivait une grande colonie d’artistes et d’intellectuels russes, parmi lesquels notamment Maxime Gorki. Kokochkin fréquente alors un lycée allemand à Templin, dont on peut admirer au passage la pédagogie progressiste, et plus tard l’Institut de biologie de Berlin. C’est alors que l’arrivée des nazis l’oblige à fuir une fois de plus et il se réfugie provisoirement à Prague. Il parvient quatre ans plus tard à gagner les Etats-Unis tandis que sa mère, qui n’est pas juive, vit à Paris, comme Nina Berberova. Cette double fuite au péril de sa vie devant les deux régimes totalitaires les plus sanglants du XXe siècle, évoquée dans l’atmosphère faussement rassurante du grand paquebot, donne à ce roman une profondeur légère qui est la marque du grand écrivain qu’est H. J. Schädlich.

02/2012

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Sociologie

Esquisse d’une théorie générale de la magie

La magie est depuis longtemps objet de spéculations. La magie comprenant des agents, des actes et des représentations : nous appelons magicien l'individu qui accomplit des actes magiques, même quand il n'est pas un professionnel ; nous appelons représentations magiques les idées et les croyances qui correspondent aux actes magiques ; quand aux actes, par rapport auxquels nous définissons les autres éléments de la magie, nous les appelons rites magiques. Il importe dès maintenant de distinguer ces actes des pratiques sociales avec lesquelles ils pourraient être confondus. Les rites magiques et la magie tout entière sont, en premier lieu, des faits de tradition. Des actes qui ne se répètent pas ne sont pas magiques. Des actes à l'efficacité desquels tout un groupe ne croit pas, ne sont pas magiques. La forme des rites est éminemment transmissible et elle est sanctionnée par l'opinion. D'où il suit que des actes strictement individuels, com¬me les pratiques superstitieuses particulières des joueurs, ne peuvent être appelés magiques. Les pratiques traditionnelles avec lesquelles les actes magiques peuvent être confondus sont : les actes juridiques, les techniques, les rites religieux. On a rattaché à la magie le système de l'obligation juridique, pour la raison que, de part et d'autre, il y a des mots et des gestes qui obligent et qui lient, des formes solennelles. Mais si, souvent, les actes juridiques ont un caractère rituel, si le contrat, les serments, l'ordalie, sont par certains côtés sacramentaires, c'est qu'ils sont mélangés à des rites, sans être tels par eux-mêmes. Dans la mesure où ils ont une efficacité particulière, où ils font plus que d'établir des relations contractuelles entre des êtres, ils ne sont pas juridiques, mais magiques ou religieux. Les actes rituels, au contraire, sont, par essence, capables de produire autre chose que des conventions ; ils sont éminemment efficaces ; ils sont créateurs ; ils font. Les rites magiques sont même plus particulièrement conçus comme tels ; à tel point qu'ils ont souvent tiré leur nom de ce caractère effectif : dans l'Inde, le mot qui correspond le mieux au mot rite est celui de karman, acte ; l'envoûtement est même le factum, krlyâ par excellence ; le mot allemand de Zauber a le même sens étymologique ; d'autres langues encore emploient pour désigner la magie des mots dont la racine signifie faire...

02/2023

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Notions

 Communauté ou société. . Tönnies versus Hobbes

A Communauté ouA société. A TönniesA versusA Hobbes Jean Jacob, né en 1964, est enseignant-chercheur en science politique à l'université de Perpignan. Il a collaboré à de nombreuses revues et publié notammentA Les sources de l'écologie politique, Arléa-Corlet, 1995A ; A Histoire de l'écologie politique, Albin Michel, 1999, trad. jap. , Ryokufu Shuppan, 2005A ; A Le retour de " l'Ordre nouveauA " Les métamorphoses d'un fédéralisme européen, Librairie Droz, 2000A ; A L'Antimondialisation Aspects méconnus d'une nébuleuse, Berg International Editeurs, 2006. A A A A A A A A A A A A A A On peine aujourd'hui à imaginer à quel point l'ouvrage Communauté et sociétéA du sociologue allemand Ferdinand Tönnies a bouleversé le champ académique au début du XXème siècle. Sciences sociales et parfois sciences humaines ont décliné à foison la thématique, tandis que l'opinion publique s'en emparait, en lui donnant une couleur sombre et parfois funeste (le nazisme, Vichy), en dépit des avertissements de son auteur. Au fil du temps, la distinction académique s'est ainsi mue en lieu commun équivoque, puis trouvée marginalisée voire exclue du champ scientifique. On s'est alors empressé d'oublier que Max Weber avait affiné la distinction, qu'Emile Durkheim lui avait subtilement substitué une autre opposition conceptuelle, et que la politique comparée américaine avait avec acuité, lors de ses premiers pas maladroits, tiré utilement profit de cette oeuvre. A A A A A A A A A A A On a surtout oublié que l'oeuvre de Ferdinand Tönnies avait, comme aucune autre auparavant, sérieusement amendé la fable de Thomas Hobbes, le fameuxA Léviathan, à laquelle Tönnies reconnaissait une belle rigueur mais à laquelle il opposait aussi la persistance du fait communautaire. Car c'est bien la figure d'un individu possessif cher à Hobbes que l'on trouve omniprésente dans laA GesellschaftA dépeinte sous des traits rêches par Tönnies. Tandis que maints travaux ethnologiques (Maine, Gierke), philosophiques (Spinoza, Schopenhauer, von Stein...) lui avaient offert l'occasion de souligner que laA GemeinschaftA repose sur une entraide naturelle entre des personnes respectueuses de leurs différences. On ne peut aujourd'hui que mesurer les dégâts de cet oubli, tant la majestueuse autorité de l'Etat occidental peine sur tous les continents à se substituer durablement à maintes communautés.

03/2023

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Littérature française

Manuscrits de guerre

Ce livre est constitué de deux textes qui s’éclairent mutuellement. Les deux manuscrits figuraient sur deux cahiers différents, parmi le fonds important de textes dont, pour certains, Julien Gracq n’avait pas souhaité qu’ils soient publiés avant longtemps. Le premier texte est un Journal, qui commence le 10 mai et se termine le 2 juin 1940, écrit à la première personne. C’est un moment crucial de la guerre puisque, après la fameuse « drôle de guerre » et l’inaction qui a commencé à éprouver le moral des Français, l’offensive éclate, brutale. Le lieutenant Poirier (Julien Gracq) a été affecté sur le front et, avec ses hommes, se retrouvent d’abord le long de la frontière belge puis, soumis à des mouvements et des ordres contradictoires et souvent incohérents. Ce qui fascine dans ce Journal, tenu à chaud, c’est son aspect inéluctable et prémonitoire. Comment, en un temps aussi court, la défaite militaire a-t-elle été aussi rapide et totale. Comment se sont comportés les soldats français, belges, anglais sur ce mouchoir de poche. Comment est-on passé aussi rapidement à une véritable débâcle, les alliés étant encerclés dans la région de Dunkerque (Les Pays-Bas ayant capitulé le 15 mai, les Belges le 28. Seule une partie du corps expéditionnaire britannique et une petite partie des troupes françaises échapperont à l’étau allemand). Ce qui étonne enfin, outre cette description palpable d’une défaite annoncée, c’est l’acuité de la perception, tant des choses de la guerre que des rumeurs qui l’entourent, tant des comportements humains que du cadre où elle se déroule. Le second texte est un récit qui part de la réalité de ces souvenirs pour en faire une fiction, passionnante dans la mesure où l’on voit concrètement comment Julien Gracq passe de la réalité à la fiction (le récit commence le 23 mai) et pourquoi une distance beaucoup plus grande était nécessaire dans le temps, comme dans les circonstances, pour aboutir à la vision plus ample du Balcon en forêt, et non plus comme ici une interrogation sur le basculement des événements et le destin, sensibles dans les trois dernières phrases : « Pour devenir un reître, il lui semblait soudain qu’il ne fallait peut-être pas tant de choses. Non, vraiment pas tant de choses. Seulement trois ou quatre instantanés bien choisis ».

04/2011

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Romans historiques

Les eaux de la colère

Les Eaux de la colère mêle de façon subtile histoire et fiction. Cette fresque minutieuse de l'Alexandrie cosmopolite de la fin du XIXe siècle propose une reconstitution documentée de l'épi démie qui frappe alors la ville. Alexandrie, 1883. Un navire marchand en provenance de Calcutta arrive dans le port de la cité égyptienne. Outre sa cargaison d'étoffes, il transporte un dangereux passager clandestin, invisible à l'oeil nu : le microbe du choléra. Depuis Paris, Louis Pasteur dépêche sur place un groupe de jeunes scientifiques chargés de découvrir le microbe avant le Dr Robert Koch (le chercheur allemand qui a identifié l'année précédente le bacille de la tuberculose), lequel a également rejoint Alexandrie. Il en va de l'honneur de la France. L'équipe se compose de Louis Thuillier, d'Emile Roux et du vétérinaire Edmond Nocard, accompagnés de Marcus, leur assistant. Selon les instructions de Pasteur, ils installent leur laboratoire dans l'enceinte de l'Hôpital européen et se mettent au travail. Rapidement, ils font la connaissance de plusieurs notables alexandrins, parmi lesquels le docteur Malina, un juif dont la famille vit là depuis trois siècles. Sa fille Este, dix huit ans, d'abord indifférente aux recherches des Français, finit par leur proposer son aide. A force de côtoyer Louis Thuillier, elle se met à envisager un avenir à ses côtés, tout en éprouvant une furieuse envie de comprendre les subtilités du monde microscopique qu'il lui fait découvrir. Cependant, l'épidémie continue ses ravages, alors que les travaux des deux équipes concurrentes stagnent. Puis peu à peu, la rémission s'annonce, les décès se font plus rares, le danger semble s'éloigner et les chercheurs, moroses et découragés, voient le microbe leur échapper : pour Thuillier, Roux et Nocard, un retour en France est donc imminent. Et Louis espère bien repartir en compagnie d'Este... Les Eaux de la colère mêle de façon subtile histoire et fiction. Cette fresque minutieuse de l'Alexandrie cosmopolite de la fin du XIXe siècle propose une reconstitution documentée de l'épi démie qui frappe alors la ville. Le récit, dans lequel le microbe du choléra est un personnage à part entière, prend des allures de roman policier. Dans lequel rebondissements, attente, découragement, espoirs ne sont pas sans évoquer une certaine actualité...

05/2021