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Municipales. Banlieue naufragée

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Religion

Les cathos. Enquête au coeur de la première religion de France

On les croyait en voie de disparition, perdus dans une société non-croyante et vouée à la consommation, mais ils sont toujours là ! 56 % des Français se déclarent catholiques. Sur 65 millions d'habitants, 44 millions sont baptisés : le catholicisme demeure la religion de la majeure partie des Français. Si les catholiques vont de moins en moins à la messe, s'ils dépriment devant le mépris de leurs concitoyens, ils pratiquent leur foi différemment, sur Internet, lors de retraites spirituelles ou de pèlerinages. Des reportages vivants et variés qui montrent la diversité des fidèles, de leurs convictions, de leurs votes, de leurs engagements. De pèlerinages en groupes de prière, de soirées d'adoration silencieuse en concerts rock, Linda Caille a rencontré des geeks mais aussi des inconditionnels de l'action sociale, des accros à la messe en latin, des cathos des campagnes, des cadres du quartier des affaires de la Défense et les derniers prêtres-ouvriers. Des portraits émouvants et rares comme Claire qui vit en collocation avec des sans-abris à Grenoble ou cette grand-mère qui, lorsque la nuit tombe, part avec son déambulateur dans les couloirs pour cajoler ses copines de la maison de retraite, Des histoires surprenantes comme ces parents qui, médusés, regardent leurs adolescents se rendre à l'église avec leurs amis le dimanche soir pour une messe. Des parcours de vie étonnants comme ces jeunes prêtres en soutane qui relancent le patronage le mercredi pour les écoliers dans la banlieue lyonnaise. Une immersion surprenante dans une France où malgré les scandales pédophiles, le succès des mouvements scouts perdure. Si une majorité des manifestants contre la loi Taubira étaient catholiques, 40 % des fidèles étaient favorables au mariage des personnes de même sexe. Une enquête journalistique où Linda Caille décrit des citoyens qui retrouvent les racines de leur foi et de leur culture devant un islam revendicatif, des évangéliques en croissance et un gouvernement faisant à leur égard un usage maladroit de la laïcité. Entre volonté de reconquête et soif de spiritualité, les catholiques se renouvellent, sortent de leur mutisme et travaillent leurs manières de s'adresser à leurs concitoyens en utilisant les réseaux sociaux et les codes esthétiques actuels. Un pied dans leur société, l'autre dans leur Église, les cathos continuent de s'adapter et de surprendre.

02/2017

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Lecture 6-9 ans

La scène aux ados. Tome 3

Les 15 volumes disponibles de La scène aux ados regroupent une centaine de pièces originales d'environ 30 minutes, jouables notamment par des groupes d'adolescents et de jeunes adultes. Ils favorisent aussi le plaisir de lire le théâtre à l'école. Certaines pièces (convenant à tous les comédiens et publics) ont par ailleurs, adaptées ou non, fait l'objet de créations amateures et professionnelles. Le présent volume vous propose : Chambre noire (Laurent Contamin) – Le jour de ses 18 ans, la "bande des 10" attend Fabien dans sa chambre d'étudiant pour lui faire une surprise. Mais c'est Laetitia, une jeune fille inconnue, qui arrive. Tous croyaient connaître Fabien ; ce qu'ils vont découvrir ce soir-là va leur prouver qu'ils se trompaient. Le Ministère des intérieurs (Stanislas Cotton) – "Quand on pense avec ses pieds on a du jus de chaussette dans la tête." Le ton est donné. Les habitants d'un immeuble de banlieue, concierges compris, attendent la visite du Ministère des intérieurs. Pas de quoi pavoiser dans ce bout de territoire où la violence a remplacé le rêve. La cathédrale (Régis Duqué) – Un groupe d'adolescents a décidé de grimper sur le toit d'une cathédrale. Par défi. Sans autre objectif que de ses créer des émotions fortes, de jouer avec le vertige, de s'élever au-dessus des règles et des habitudes... Mais cette aventure n'est pas sans risque : certains n'en sortiront pas indemnes. Le sacrifice des anges (Françoise Gerbaulet) – 14 jeunes participent à un jeu télévisé, "Le sacrifice des anges", dans une ancienne usine de charcuterie. Le vainqueur sera "sacrifié" dans l'antre de la Staraque... Au-delà de la parodie, cette pièce brasse des thèmes au coeur des préoccupations des jeunes d'aujourd'hui. La robe de Gulnara (Isabelle Hubert) – Des réfugiés vivent misérablement dans des wagons désaffectés. Tout commence par une catastrophe : la jeune Mika fait une tache de goudron sur la robe de mariée de sa soeur. Après bien des péripéties, elle trouvera le moyen de réparer. Mais à quel prix... Ca y est, je pleure (Pierre Lorquet) – Un groupe de jeunes dans un parc. Un dealer de jeux vidéo vend une mystérieuse image à Emile. A peine l'a-t-il regardée qu'il fond en larme. La curiosité des autres est piquée au vif, mais Emile ne peut ni ne veut montrer cette image aux effets désastreux sur ceux qui la voient.

11/2019

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Football

Maradona. Edition actualisée

LE LIVRE DU PREMIER ANNIVERSAIRE DE LA MORT DE MARADONA. LE Livre Essentiel sur la légende planétaire du football Mercredi 25 Novembre 2020. 11h30. Diego Armando Maradona est retrouvé mort dans une chambre sans charme d'une maison de la banlieue de Buenos Aires. Il est mort seul. Diego Maradona s'est éteint en Argentine, sur ses terres qu'il aimait tant. C'est dans un quartier défavorisé de Buenos Aires qu'il s'est forgé un caractère hors norme. Il débute sa carrière en 1976, à 15 ans. Cette année-là, les militaires arrivent au pouvoir. Il devient un objet politique. En Argentine, on crie au génie et la presse affirme que Diego fait partie du patrimoine national. Ce n'est qu'après sa première Coupe du Monde en 1982 qu'il s'envole à seulement 21 ans pour Barcelone, une ville fermée, raciste. Il ne s'y sent pas bien. Il touche pour la première fois à la cocaïne et fait déjà polémique. En 1984, il quitte Barcelone pour rejoindre Naples. En 1986, il devient l'homme le plus connu de la planète après sa victoire à la Coupe du monde et sa "main de Dieu" contre l'Angleterre. Il démontre qu'il est capable de tout pour gagner, du meilleur comme du pire. S'il est toujours aussi fort avec un ballon, sa vie part en lambeaux. La drogue, la mafia, entre autres, lui font perdre pied. En 1991, il est contrôlé positif et quitte Naples du jour au lendemain. En Argentine, l'Etat le lâche, il est arrêté pour possession de drogue. Sa fin semble proche. Mais il rebondit, et s'entraîne comme un damné pour participer à la quatrième Coupe du Monde de sa carrière en 1994. A nouveau contrôlé positif, il crie à l'injustice. Il va alors vivre une longue traversée du désert. Il revient sur les terrains à Rosario, à Séville ou à Boca, mais n'est que l'ombre de lui-même. Diego grossit et se détruit. Deux fois, en 2000 et 2004, il côtoie la mort. Mais une nouvelle fois, il trouve la force de se reconstruire. En 2008, il est nommé sélectionneur de l'Argentine. En 50 ans, Diego a tout connu. Objet politique et médiatique, son ascension coïncide avec la médiatisation à outrance du football. En ce sens, c'est la première grande star planétaire de ce sport.

11/2021

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Littérature française

Allo dodo ?

Allo Dodo ? 'Allo Dodo ? ' Ou de quelle manière un appel téléphonique inattendu peut-il faire remonter à la surface une vie entière ? Kim est une jeune femme issue d'une famille de la grande bourgeoisie Saïgonnaise. Après des études au couvent des oiseaux avec les soeurs franciscaines, elle s'apprête à obtenir ses diplômes de droit quand son pays tombe aux mains des communistes. Chi Taï, le père de celle-ci, accompagné de sa femme et de ses trois enfants, tente en vain de quitter le pays. Après quelques mois passés sous le joug du nouveau gouvernement, Thi Long, la mère de famille, va découvrir une possibilité de s'enfuir. Elle est apparentée à Bao Gang, le chef d'une triade locale. Le maffieux va exercer de fortes pressions sur un diplomate de l'ambassade de France afin que celui-ci lui procure un moyen de s'évader. Après un choix lourd de conséquences, ce sont les enfants de Chi Taï et Thi Long qui vont profiter des manigances de l'oncle Bao Gang. Rémy est né dans la très proche banlieue de l'est parisien au sein d'une famille communiste et syndicaliste. Il a grandi dans le monde ouvrier qui l'entoure. Dans le droit fil de la ligne partisane de son père, le jeune homme effectuera un voyage de plusieurs semaines en U. R. S. S. Son esprit critique et prompt à l'analyse éveillera en sa personne une nouvelle vision du monde. Kim et Rémy vont se rencontrer fortuitement lors d'une soirée à Paris. Le coup de foudre réciproque fera tomber toutes les résistances idéologiques et sociétales. Toutefois les attaques viendront de l'entourage de la jeune femme. Les différences culturelles, raciales et de statut social seront autant d'obstacles que le jeune homme devra affronter. Afin d'atténuer les susceptibilités de chacun, Kim préférera partir dans le Michigan finaliser ses études. Rémy ne pourra pas supporter cet abandon. Il sombrera dans le stupre. Après autant de débauche, c'est un incident grave qui le fera revenir à la raison. Il se reconstruira sans plus jamais penser à ce passé. Quarante ans plus tard, Kim réapparaîtra dans la vie de Rémy. Les deux anciens amants plongeant maintenant dans le troisième âge...

05/2023

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Littérature française

Comment trouver l'amour à cinquante ans quand on est parisienne (et autres questions capitales)

Comment fait-on à 18, 30, 40 ou 50 ans, pour changer le cours de sa vie insatisfaisante, et conquérir l’apaisement, peut-être même le bonheur et l’amour ? Ainsi pourrait-on résumer, de façon simple mais juste, le foisonnant et lumineux roman de Pascal Morin. Avec grande maîtrise, l’auteur nous entraîne dans une "ronde" d’une petite dizaine de personnages, d’âges et de conditions sociales et raciales différentes, tous saisis à un moment de questionnement et de basculement vers un avenir meilleur. Voici tout d’abord Catherine Tournant, professeur de français à Aulnay-sous-Bois, à la cinquantaine solitaire, élégante et cultivée, enfermée dans sa routine. Une femme plutôt perfectionniste mais chaleureuse avec ses élèves souvent médiocres, à l’avenir déjà socialement bouché, à l’image de cette Natacha Jackowska, dont la mère, obèse et au RSA, vient de mourir. Lors de travaux dans son appartement, entre ensuite en scène un jeune plombier d’origine africaine, Dimitri Diop, que sa copine vient de larguer par sms, puis son père, Robert, veuf très séduisant. Mais aussi Jérémie Lesdiguières, 38 ans, couturier branché et homosexuel, Eve-Marie Saada, psychanalyste fragilisée par la quarantaine. De scène en scène, ils viennent sur le plateau s’interroger sur eux-mêmes et le monde qui les entoure, et surtout se rencontrer, au-delà de tout ce qui pourrait les séparer. Catherine, par exemple, pourra-t-elle dépasser ses préjugés, en dépit de son antiracisme d’intellectuelle de gauche, pour tomber amoureuse de Robert, si attirant mais noir de peau ? Pascal Morin nous prend par la main dans ce conte moral d’un bel optimiste. Renversant les clichés (la prof de banlieue, le jeune black, la lycéenne paumée, etc.), il donne vie à des personnages profonds, chaleureux et convaincants, dans une langue agréable et fluide. C’est aussi, au-delà du plaisir de lecture que l’on prend à cet entremêlement de destins, un très beau roman sur Paris et les Parisiens, tous déracinés, exilés de province ou du Sénégal, sur la solitude contemporaine mais aussi la liberté que donne l’absence d’attaches, sur la différence et sa séduction, les rencontres qui nous construisent et nous amènent à devenir autres. Avec ce cinquième roman, Pascal Morin atteint une maturité… séduisante !

01/2013

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Jardinage

L'humeur paysagère

Quatre-vingt-dix jardins visités ou revisités, à Paris et en Ile-de-France, précédés de la remémoration d'une douzaine de paysages fondateurs ! Ceux-ci formant comme un voyage dans le passé depuis les jardins potagers d'une enfance ballottée entre la ville et la Bretagne, jusqu'aux grands paysages de l'Himalaya et du Japon en passant par les jardins italiens. L'ensemble est très éclectique. Les divers genres de jardins conçus depuis la Renaissance s'y trouvent tous présents, dans un choix personnel mais permettant de dresser un panorama des styles comme des idées. On peut suivre, dans un va-et-vient constant entre des lieux d'époques différentes, la relation changeante des hommes à la nature, pendant un peu plus de cinq siècles. Des parcs de châteaux, "classiques" ou "paysagers", à Fontainebleau, Chantilly, Versailles, Meudon, Sceaux, Saint-Cloud, Bagatelle, Ferrières, Boulogne..., des lieux uniques laissés par des hommes uniques, Chateaubriand ou Albert Kahn..., arpentés ou associés à des hommes aussi divers que Louis Franchet d'Espèrey et Karl Marx, Ingmar Bergman et Gaspar David Friedrich, Casanova et Sacha Guitry, des parcs et squares de Paris créés au XIXe siècle et tout le bazar du XXe, élégants jardins des années trente et cités-jardins, potagers de banlieue et "espaces verts" de grands ensembles..., jusqu'aux territoires végétaux les plus actuels, friches et coulées vertes dans les interstices ou jardins "partagés" dans les dents creuses de la ville. Aujourd'hui, on jardine à tout va pour se rassurer face à l'angoisse écologique. On fait semblant de sauver la planète en cultivant des carottes au pied de son immeuble. On programme de grands parcs urbains pour essayer d'être ensemble malgré une société du chacun pour soi. On fabrique des zones "naturelles" pour préserver des essences ou faire des classes de biologie pour citoyens ignorants. Ca part dans tous les sens, toutes les fonctions, toutes les formes. On s'y perd à coup sûr en essayant de résumer les cent dernières années sous une étiquette, comme on avait pu le faire pour les siècles précédents. Mais en mélangeant les époques, on fait de belles promenades, le corps et l'esprit surpris sans cesse par le côtoiement de l'héritage et de l'inclassable, et par la possibilité de penser notre époque en pensant ce qu'on a sous les yeux, que le constat soit tour à tour celui de la jubilation ou de l'accablement.

01/2015

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Littérature française

Le Grain de beauté

"Par contre, ça a été le choc quand j'ai vu l'hécatombe. Caravanes couchées sur le flanc, tentes éventrées, arbres tordus, de la caillasse partout, et çà et là, des vêtements trempés, des cartons de bouffe en goguette, des fils à linge enchevêtrés... Un désastre. J'ai reconnu un correspondant du quotidien Ouest-France. Il faisait son boulot, prenait moult photos. J'ai foncé sur l'emplacement de Manoune et Minouche. La tente avait vraiment morflé. Il restait quelques piquets tordus, des lambeaux de toile usée. En regardant de plus près, j'ai trouvé une chaussette blanche d'enfant et... c'était quoi ce truc informe en laine orange ? Triple con ! Je le reconnaissais, celui-là. C'était le doudou de Minouche. Elle le tenait pressé contre elle quand elle allait se coucher et il était souvent à côté d'elle, sur le plaid, certains matins au moment du petit-déjeuner. Un chien en laine tricoté, bourré de mousse, du moins, c'était le plus plausible. Un chien en forme de boudin. Oreilles tombantes, pattes courtes et queue en l'air. Un genre de Teckel. C'était l'œuvre de Mamoune, certainement." Prenez un petit port costarmoricain sur la côte du Goëlo en Bretagne. Nommez-le "Grain de Beauté". Situez le récit pendant la période estivale de l'année 1994, à tout hasard. Visualisez un camping avec vue sur le port. Placez çà et là quelques humains qui font ce qu'ils peuvent. Une jeune femme et sa fille, précaires et de passage, dignes et fières, un jeune professeur de mathématiques sentimental et légèrement dépressif, que sa femme vient d'abandonner et qui cherche l'amour. Des amis marocains, champions du kebab en banlieue parisienne, une baronne anticonformiste et ancienne taularde, des secrets de famille, un assassinat. Allongez d'une grande bourgeoise désœuvrée qui ne veut pas vieillir, d'un patron de bistrot très sympa. Complétez avec une jolie serveuse blonde et une dame de compagnie. Laissez mijoter à feu doux une semaine environ, puis verser en pluie une tente canadienne usagée, un vieux bus Volkswagen, une djellaba et un chien en laine tricoté. N'oubliez pas de porter le tout à ébullition et vous aurez la tempête du siècle, un orage à tout casser. Avec ce grain sur le "Grain", Périne Dourel fait souffler un vent de folie sur la Bretagne et signe une histoire de destins croisés haute en couleur.

07/2016

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Littérature française (poches)

Pense à demain

En ce 15 août 1963, jour férié, Paris désert, Christine Lewenthal traîne au jardin du Luxembourg ; Antoine, un jeune projectionniste de ciné-club de banlieue, fonce en 2 CV sur les routes d'Ile-de-France vers la ferme de ses parents, au-dessus de laquelle se dresse la demeure ancestrale du Mesnil, une ruine perdue dans les ronces que visite à l'instant Alex, jeune historien affligé de strabisme et spécialiste des ostraca, qui a sauvé des flammes un document bouleversant. Au même moment, une étudiante allemande débarque à Paris, une autre jeune fille prépare son mariage et un pianiste de Kinvara, petit port d'Irlande, donne un concert à Prague... Ces jeunes gens, qui s'ignorent encore les uns les autres, sont de leur temps : une fois tournée la page des années noires, on construit des barres d'immeubles aux périphéries, on ouvre des supermarchés, et les paysans prennent le nom d'agriculteurs. Un mur divise l'Europe de l'Est et de l'Ouest, mais Martin Luther King marche en Alabama, Johnny Hallyday électrise ses fans place de la Nation. L'époque n'est pas romanesque, pas héroïque : elle est pragmatique, tout occupée à son présent euphorique, sa prospérité économique. Et le bidonville de Nanterre fait le plein. Dans les décombres incendiés d'un domaine, dans les ruines d'une guinguette perdue au fond d'un quartier populaire, sur les hauteurs de Zurich, dans les caves où croupissent les archives de l'infamie, apparaissent les fantômes hideux d'un passé qui ne passe pas... Mais qui "tourne la manivelle" de l'Histoire ? De quel sordide passé aux crapuleuses ramifications mêlant politique et affairisme les uns et les autres sont-ils comptables ? De quels terribles marécages - et parfois quels charniers - s'élèvent les existences ? Qui a pouvoir de désigner le visage du crime, d'absoudre sa face et d'abolir son image ? Comment naissent les histoires, sinon par leur fin, souvent ? Ainsi le présent est-il prescrit par hier, et demain, illisible, chiffré au passé, souvent très antérieur. Dernier volume d'un grand roman séculaire qui débute en 1913 avec Dans la main du diable, et se poursuit dans les années 1930 avec L'Enfant des ténèbres, Pense à demain couvre une période qui s'étend des années 1960 à septembre 2010 et clôt une trilogie romanesque d'une ampleur et d'une ambition rares dans le paysage littéraire français contemporain.

01/2012

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Religion

Moses Mendelssohn. La naissance du judaïsme moderne

Il est des vies qui ne valent que par leurs œuvres. Telle est bien l'existence de Moses Mendelssohn (1729-1786). Issu d'un milieu pauvre et pieux, il se fit très tôt remarquer par ses dons intellectuels, salués par les plus grands de ses contemporains - Kant, Goethe, les frères Humboldt, sans oublier Lessing qui en fit le héros éponyme de sa pièce sur l'amour du genre humain, Nathan le Sage. Père fondateur d'une dynastie d'une quarantaine d'aristocrates, de banquiers, d'industriels, de juristes, d'officiers, de politiciens, de professeurs d'université, de religieuses et d'un compositeur- Felix Mendelssohn -, Moses fut un pivot des Lumières allemandes et européennes : soucieux de réconcilier la foi et la raison, il n'eut de cesse de souligner l'immortalité de l'âme ; de prouver que, par la raison, l'homme pouvait, tout autant que par l'observance des rites et la récitation des prières, accéder à la Révélation divine; de défendre enfin la singularité du judaïsme, seule religion dont la Loi a été révélée. De là, sa défense et illustration de la foi de ses ancêtres et son engagement dans la bataille en faveur de l'émancipation civique de ses coreligionnaires, pour lesquels il traduit le Pentateuque en allemand mais en caractères hébraïques, afin que la culture juive puisse innerver la culture allemande. Il entend célébrer les noces des Lumières allemandes (Aufklärung) et des Lumières juives (Haskala). L'Europe intellectuelle se précipite sur ses ouvrages. Celui qui, dans la journée, tenait les livres de compte d'une soierie, " Monsieur Moyse, grand savant juif à Berlin " devient, de son vivant, le " Platon allemand ".Vénéré à l'égal de Maimonide, son nom chemine en France lors des débats sur les juifs à l'Assemblée nationale entre 1789 et 1791, puis grâce à Mirabeau. Il y a quelques années encore, son portrait se trouvait aussi bien à Rehavia chez les juifs allemands de Jérusalem que dans la banlieue de Boston ou dans le "quatrième Reich ", Washington Heights à New York, partout où les juifs allemands s'exilèrent. Car la vie réelle de Moses Mendelssohn, c'est la postérité de son œuvre essentielle : la " symbiose judéo-allemande ". La débauche d'intelligence issue de cette mystérieuse alchimie et illustrée par les noms célèbres de Heine, Marx, Einstein, Freud, Schönberg et tant d'autres, naquit grâce à Moses Mendelssohn, le Dernier Moïse.

05/2004

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Critique littéraire

Raymond Radiguet

Le moins que l'on puisse dire c'est que Raymond Radiguet (1903-1923) n'est pas né avec une cuillère en argent dans la bouche, et qu'il n'a guère profité de la notoriété attachée au Diable au corps, l'un des romans français les plus dérangeants du premier XXe siècle. Ni qu'il ait été facile à cet adolescent - l'aîné de sept enfants venu de la banlieue Est de la capitale - de s'imposer, à seize ou dix-sept ans, parmi les écrivains, peintres ou musiciens de la nouvelle génération apparus à la faveur de la Première Guerre. Il est pourtant devenu le familier de Cocteau, de Max Jacob, le commensal de Jean Hugo, Poulenc, Auric, Milhaud, Satie. Il a séduit Aragon, Breton, Picabia, Picasso, Man Ray et tant d'autres avant d'être lancé par Grasset avec un fracas dont les échos ne sont pas encore tout à fait estompés aujourd'hui. Mais les embûches dont il a triomphé et sa mort infiniment pathétique - à vingt ans, de la typhoïde... - ne font pas de Radiguet un auteur dont la destinée attirerait le regard plus que l'œuvre. Il suffit de le lire, de le suivre dans sa correspondance et dans les Mémoires des contemporains : il y a chez ce jeune homme une densité, une fureur de vivre, une précocité et une maturité de talent éclatantes. Le Diable au corps et Le Bal du comte d'Orgel sont des livres novateurs qui portent une charge subversive dont on n'a guère conscience de nos jours. Quant aux voies empruntées par ce jeune homme pour se construire, elles forcent le respect ou bien font sourire, mais elles révèlent un tempérament peu ordinaire. Non, Raymond Radiguet n'est pas la créature de Cocteau ni celle de Bernard Grasset. N'a-t-il pas, au bout du compte, joué aussi son propre jeu ? A l'approche du centenaire de sa naissance, Monique Nemer lui consacre une biographie définitive à l'aide de nombreux documents inédits avec une science aussi sûre que subtile des réseaux intellectuels et artistiques à Paris autour de 1920. Elle dévoile un Radiguet inconnu, combien plus vigoureux que l'image connue d'enfant-prodige/enfant-roi que ses amis ont, peut-être par frivolité, donnée de lui.

09/2002

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Littérature française

Le souffle des hommes

Après Un dieu dans la poitrine, un deuxième roman porté par la même fougue et la même fureur de vivre, où l'on retrouve l'orphelin Phérial, cet Oliver Twist des temps modernes, à l'âge où c'est à lui d'apaiser ses démons et d'apprendre à devenir père... Un roman d'apprentissage toujours sur le fil, au rythme des battements de son coeur. Le souffle des hommes s'ouvre en plein bombardement de l'Otan, le 24 mars 1999. Dans la fumée des décombres, les hommes courent à leur perte en tenant leurs bras arrachés. La fureur des bombes démolit la Serbie et Belgrade en feu laisse monter la sourde plainte de tous ces visages n'ayant pas cru que la punition finirait par arriver. Au milieu du chaos, deux jeunes amoureux, Phérial et Danie, parviennent à filer en zastava vers Novi Sad avant de rejoindre la Serbie, puis la Roumanie, la Hongrie, l'Allemagne et enfin Paris, dans une épopée pour laisser derrière eux la folie des hommes. C'est un Phérial au seuil de sa vie d'adulte, lui l'orphelin balloté de famille d'accueil en famille d'accueil, cherchant ses origines avec une vitalité insensée. Lui qui ne comprend rien aux affaires belliqueuses de cette terre qui lui est encore très étrangère, lui qui est serbe depuis si peu. Dans son autre pays, la France, on vit en paix. Mais chaque fois qu'il retourne en Serbie, quelque chose change, quelque chose d'infime qui semble rendre l'été suivant plus enflammé que le précédent. Après ce bombardement qui lui coûtera son grand amour, Phérial sombre et s'installe en banlieue parisienne, rattrapé par ses démons. Car comment vivre quand on est un éternel réfugié, étranger à soi, à sa famille, à son propre pays ? Quand c'est à lui de devenir père, il renonce à ses rêves de comédien pour vivre une vie d'intérimaire, tragédie ordinaire d'une vie perdue à la gagner. Et le vertige revient. Que fait-on d'une mère qui ne veut pas de nous ? D'un père mort avant de l'avoir rencontré ? Comment supporter la joie quand celle-ci renvoie au vide originel ? Seuls le souffle de vie, un optimisme féroce et l'amour - celui de son fils et d'Anna, puis d'Alice et enfin, toujours, du théâtre - guideront Phérial à la portée des étoiles.

02/2023

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Poésie

Les centaures & autres poèmes

Pour la première fois en français, ici dans la traduction du polonais d'Isabelle Macor, il nous est donné de lire enfin l'oeuvre poétique de Zuzanna Ginczanka (1917-1944), reconnue par les plus grands de son temps (Gombrowicz, Tuwim, et bien d'autres) comme une poète au génie précoce. Ce livre important en nombre de poèmes (110) se veut aussi un hommage à Zuzanna Ginczanka, et rend compte de l'évolution et de la diversité de son oeuvre, composée sur seulement dix années, tragiquement interrompue : elle meurt assassinée à l'âge de 27 ans en 1944 dans la banlieue de Cracovie après avoir été arrêtée par la gestapo une seconde fois. Ainsi ce livre démarre-t-il avec son premier poème connu ("Banquet estival" , écrit alors qu'elle était encore lycéenne en 1931) pour se poursuivre chronologiquement jusqu'à son dernier, "Non omnis moriar" , où elle nommait expressément ces dénonciateurs à Lvov (actuellement Lviv, en Ukraine) où elle fut arrêtée une première fois, avant de l'être à nouveau à Cracovie et ne plus revenir. Ce, en passant par une variété de poèmes relevant de la parabole, de la satire, de l'observation du monde et de la vie humaine saisie dans son regard... , selon un gai savoir grammatical où s'affirme librement sa féminité (fait remarquable), et où la nature abonde, cependant que, avec le pressentiment d'une catastrophe imminente, l'inquiétude s'installe. (Ainsi, dès 1934, un poème comme "Agonie" ne laisse aucun doute sur sa lucidité politique dans une Europe "secouée d'une toux / aux rythmes soldatesques" .) Les Centaures fut précisément le seul recueil de Zuzanna Ginczanka publié de son vivant, les autres poèmes étant quant à eux parus en revue ou dans la presse. Et elle n'aura eu guère le temps d'en composer un autre. Ce livre en édition bilingue comprend également, pour une plus grande appréciation, des documents (photographies, reproductions de manuscrits, etc.), des notes, et (au moins) une postface de la traductrice. Nous sommes plusieurs à vouloir que ressurgisse une telle voix des décombres de l'extermination. En Pologne, elle revit déjà plus particulièrement depuis 20 ans. Des ouvrages importants sur sa vie et son oeuvre y sont encore tout récemment parus. Et plus proche de nous, en France, un film documentaire lui a été consacré : "Tout de moi ne disparaîtra pas" (2022) de Joanna Grudzinska.

03/2024

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Littérature française

Richie

"Richie". C'est ainsi que ses étudiants le surnommaient, scandant ce prénom, brandissant sa photo, comme s'il s'agissait d'une rock star ou d'un gourou. Le soir de sa mort énigmatique dans un hôtel de New-York, une foule de jeunes gens se retrouva, une bougie à la main, devant le temple de la nomenklatura française, Sciences Po. Quelques jours plus tard, le visage mélancolique de Richard Descoings couvrait la façade de l'église Saint-Sulpice. Sur le parvis, politiques, grands patrons et professeurs défilèrent silencieusement, comme si l'on enterrait un roi secret. Au premier rang, l'épouse et l'amant du défunt directeur pleurèrent ensemble sa disparition. Après des années d'enquête, Raphaëlle Bacqué nous livre ce destin balzacien : l'ascension vertigineuse au coeur de la vie politique française d'un fils de bonne famille, amateur de transgression. Un de ces hommes qui traversent leur temps et le transforment. Il a fait de Sciences Po le vivier de tous les pouvoirs. Distribuant à l'élite des cours rémunérés, faisant de son conseil d'administration une pièce maîtresse de l'échiquier politique, le Tout Paris l'adorait. Mais il a aussi ouvert les amphithéâtres aux élèves des banlieues. Envoyé ses étudiants dans les universités les plus prestigieuses du monde. Changé la vie de milliers de jeunes gens. Tout juste s'interrogeait-on sur ce directeur homosexuel, pourtant marié à une femme dont il avait fait sa principale adjointe. Monarque éclairé mais omnipotent, encensé par les médias puis brûlé avec le même entrain, personne ne l'a percé à jour. Raphaëlle Bacqué nous entraîne aujourd'hui sur ses pas ; dans les boîtes du Marais, les cabinets ministériels de la gauche et les salons sarkozystes ; dans les soirées étudiantes déjantées, les bureaux du conseil d'Etat, les couloirs de la Cour des comptes et les plus grandes universités du monde ; dans ses nuits solitaires réchauffées par des substances interdites. Personne n'a résisté à la folie de Richard Descoings. Surtout pas lui.

04/2015

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Psychologie, psychanalyse

Manuel à l'usage de ceux qui veulent réussir leur [anti oedipe

Tout " psy " peut être amené, à un moment ou à un autre, à donner son avis de spécialiste sur des questions dites de société ou sur les malaises que ladite société suscite. Une littérature aujourd'hui conséquente tente ainsi de livrer au plus grand nombre les secrets du bonheur psy. C'est ce que Stéphane Nadaud appelle la " popsy ". Or force est de remarquer que, quel que soit le domaine sur lequel elle disserte (le stress au boulot, l'éducation des adolescents, la question homoparentale, les violences dans les banlieues), la popsy s'appuie toujours sur le rapport que nous avons à la normalité, et prend systématiquement pour modèle l'cedipe. C'est pour cela qu'elle peut être considérée comme une des formes les plus abouties du familialisme. Si la popsy est efficace - et utile - pour nous aider à réussir notre cedipe (ou plutôt à le rater le moins possible), la médaille a un revers : elle peut faire de nous des sujets aliénés (assujettis) à une normalité illusoire. En nous bornant à la recherche d'un bonheur œdipien que les popsys nous promettent, nous risquons surtout de perdre de vue la nécessaire et vitale résistance au principe dominant de subjectivation (processus de création de sujets) qui nous aliène et qui s'impose sur toute la planète, à savoir le Capitalisme, lequel ne nous accepte comme sujets que si nous restons au mieux des consommateurs, au pire des marchandises à consommer. Dès lors, comment satisfaire à la nécessité d'être bien dans son corps, dans son boulot, dans sa famille, dans sa vie (de réussir son œdipe), et continuer à penser que je peut être un autre, c'est-à-dire que d'autres façons d'être sujet sont constructibles ? Que d'autres horizons subjectifs, anti-oedipiens, peuvent advenir ? C'est tout le pari de ce manuel, construit comme un jeu de piste, comme l'arpentage de cet apparent paradoxe.

03/2006

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Littérature arabe

Des choses qui arrivent

En neuf nouvelles, l'écrivain algérien Salah Badis dessine le portrait d'une ville - Alger et ses environs - et d'une galerie de personnages confrontés à la difficulté de vivre et d'aimer au quotidien dans une société sclérosée. " Personne ne veille sur la nuit à Alger. Ici, la nuit est assez grande pour veiller sur elle-même, la nuit est adulte. " Un couple qui rêve d'ouvrir une laverie automatique à Alger ; un musicien amateur et mythomane dont la petite amie et son père meurent soudainement en Turquie ; un étudiant qui se demande quel serait " le bonheur potentiel de ses journées " ; un éditeur pris entre le manuscrit d'un écrivain tunisien des années 1930 et les affres du terrorisme contemporain ; Madame qui tient un salon de coiffure ; Monsieur Krimou et sa Peugeot 505 ; un jeune homme dans sa ville sinistrée par un tremblement de terre ; une femme qui rêve obstinément d'un appartement ; un preneur de son ballotté entre ses multiples désirs. Ils et elles s'appellent Kahina, Amin, Maria, Imen, Madjid, Madame Djouzi, Selma... Ils sont plus ou moins jeunes, commerçants, étudiants, éditeurs, ils cherchent à faire la fête, à s'aimer, ils se remémorent leurs vies et scrutent les stigmates du temps qui passe. Ce sont autant de personnages en butte aux contraintes sociales et politiques de l'Algérie des années 1980 jusqu'à la fin des années 2010, pays marqué par la fin de règne, laborieuse et pathétique, du président Bouteflika et les prémices du Hirak (mouvement de révolte citoyen de février 2019), en passant par la sanglante décennie 1990. Dans le décor décati et sublime de la ville d'Alger et de ses banlieues anonymes pleines de vie, Salah Badis exprime les sourdes contradictions de son pays par petites touches sensibles où se conjuguent conflit de génération, mal-être, incompréhensions, amours noires et quête de tendresse. Par sa prose poétique, son sens du détail, il donne vie à des existences qui tentent de n'être pas que chimériques.

10/2023

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Faits de société

Rendez-nous la France !

"A quel moment est-ce arrivé ? A quel moment au juste nos "technos", ces fameuses têtes bien faites, ont perdu le sens de l'Etat, pour se transformer en cost-killers gérant notre pays avec la poésie d'un fichier Excel et la vision d'un lapin nain ? A force de coupes budgétaires, ils fracturent la France, opposant villes et campagnes, banlieues et provinces qui, chaque jour, meurent de voir les services publics fermer, les trains passer sans s'arrêter, et souffrent du même abandon de l'Etat. Ils mettent à genoux nos hospitaliers, nos infirmiers, nos professeurs, nos policiers, nos pompiers... Ces fantassins de la République qui en font toujours plus, avec toujours moins de moyens. Ils sont incapables de préserver notre héritage qu'ils préfèrent brader. La France est à l'os et pendant ce temps, ils engloutissent un "pognon de dingue" dans des métastases bureaucratiques qui prolifèrent sans cesse. Des usines à gaz toujours plus inventives, toujours plus coupées du terrain pour nous engluer sous la paperasserie. La vérité, c'est que cette caste n'a plus d'ambition pour la France. Si seulement elle pouvait voir ce pays comme nous le voyons. L'aimer comme nous l'aimons. Nous faire confiance et libérer les talents et les forces vives qui y fourmillent. Alors la France retrouverait enfin son rang et sa fierté". Depuis quinze ans, Isabelle Saporta enquête sur la France, parcourt ses territoires et révèle les dessous opaques de l'agro-industrie, des lobbies, des grands vignobles ou encore l'absurdité des normes administratives, dans ses best-sellers : Le Livre noir de l'agriculture, Vino Business, Foutez-nous la paix ! . Ses combats l'ont menée à s'engager en politique et cette expérience lui a appris de l'intérieur comment fonctionnait le système. Rendez-nous la France ! est la somme de ce travail de terrain, le cri de colère d'une citoyenne engagée et la nouvelle enquête d'une journaliste courageuse.

09/2020

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Histoire de France

De la Ve République au néoféodalisme

La société française est en crise. Les grands repères sont brouillés. Le poids de l'Etat n'a jamais été aussi lourd et son autorité jamais aussi faible. Des pans entiers de souveraineté ont été transférés à des fonctionnaires autocrates. Sur les décombres de la nation, le féodalisme, modèle de société que l'on pensait appartenir au passé, refait surface. À maintes reprises, dans ses heures les plus sombres, la France a tenté de renouer avec ce mode de gouvernance. Au cours des XIXe et XXe siècles, les tentatives pour restaurer l'ordre ancien ont échoué, l'Etat étant suffisamment fort pour les contrer. Après l'épisode vichyste et les errements de la IVe République, la guerre du Vietnam, la crise algérienne... le Général de Gaulle était parvenu à faire croire à une restauration de l'Etat. Les événements de Mai 68 ont sonné le glas de ces illusions. Le Général parti, les vieilles tendances néo-féodales reprenaient le dessus et sous la longue présidence de François Mitterrand, le processus de décomposition de la nation et de l'Etat, amorcé dès la Ve République, connaîtra une formidable accélération. Sous les habits de la modernité, les grandes seigneuries triomphent : technocrates à la tête des administrations, barons des entreprises du CAC 40, princes des médias, rivalisent face à un pouvoir d'Etat devenu moribond, si ce n'est complice. La classe ouvrière et la petite bourgeoisie sont les grandes victimes d'un pouvoir émietté incarné par la bureaucratie, les associations caritatives et les nouveaux " évêques verts " chargés du salut de nos âmes... La tentation pour le néo-féodalisme semble l'emporter sur une République vacillante : renversement des valeurs, retour des corporations, remplacement de la " sécurité sociale " par la " charité sociale ", ghettoïsation des banlieues, victimisation de leurs habitants, réveil du corporatisme, du fanatisme et du sentiment de culpabilité chez les Français... l'auteur met en garde contre les effets à long terme de ce néo-féodalisme sur l'Etat, la Nation et les valeurs démocratiques.

09/2011

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Psychologie, psychanalyse

Violences et souffrances à l'adolescence. Psychopathologie, psychanalyse et anthropologie culturelle

La violence à l'adolescence est un problème endémique qui ne cesse de se développer dans les sociétés industrielles dites " post-modernes ", posant des questions tant aux parents, aux éducateurs qu'aux soignants. L'auteur tente de montrer ici d'une part que les violences scolaires et/ou physiques, certes en augmentation, ne sont que la face visible de violences qui, à l'adolescence et dans notre société, sont beaucoup plus nombreuses que celles dont on fait le titre des journaux. Le rappel de l'existence de différentes formes de violences, les distinctions avec l'agressivité, ses rapports à la peur et l'effroi ou la perte du sentiment d'appartenance, les spécificités du processus chaotique qu'est l'adolescence, ou les différentes structures psychiques chez lesquelles la violence est un mode de régulation des tensions internes, sont ici évoqués. Aussi aux violences scolaires dont on parle souvent faut-il ajouter celles des toxicomanies, des addictions, voire de la boulimie-anorexie, sans compter celle d'avoir des parents séparés, ou/et au chômage, sans reconnaissance symbolique et stabilité financière. Ajouter encore la violence d'habiter dans des banlieues au chômage, l'exclusion et le racisme comme seul horizon, celle de la consommation offerte aux regards et aux appétits des plus démunis ou celle encore de la " désymbolisation " et de la perte de certaines références identitaires et culturelles. L'auteur tente de montrer que le sujet ayant présenté des actes de violence active ou passive est d'abord un sujet qui souffre, singulièrement dans son identité, et qu'une compréhension psychopathologique de ces comportements ne peut se passer d'une compréhension du contexte socio-culturel dans lesquels ils surviennent, contexte favorisant largement ce qu'on nomme ici " les pathologies de l'altérité ". La dernière partie de cet ouvrage tentera donc de faire correspondre certains concepts et descriptions psychopathologiques avec ceux décrits par les sociologues concernant notre société " en réseau " génératrice de violence... de civilisation.

06/2001

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Sociologie

Le mal de Paris

Paris a été chanté, filmé, raconté tant de fois ! Mais Paris, aujourd'hui, fait-il encore rêver ? Des photos de Robert Doisneau aux films de Marcel Carné ou aux polars de Léo Mallet, une vision en noir et blanc, réverbères et pavés luisants sous la pluie, a façonné notre imaginaire, avant de se transformer en clichés de cartes postales. La ville estelle condamnée à devenir un musée à ciel ouvert, centré sur sa splendeur patrimoniale ? Ou peut-elle se redéployer, se muer en capitale du XXIe siècle et se projeter dans un nouvel imaginaire grand parisien ? Amoureuse des mégapoles et nouvelle flâneuse de notre post-modernité, Régine Robin revisite Paris à l'aune de cette incertitude. Le Belleville populaire de son enfance, inventorié par Georges Perec, n'existe plus depuis longtemps. Il n'était pas vraiment joli, reste un peu de mélancolie. Le quartier où elle habite, près de la gare Montparnasse, à l'ombre de la tour, a été métamorphosé dans les années 1960. On le dit moche, pour elle qui l'arpente, il a son atmosphère, sa poésie, comme les nouveaux espaces, du côté de Bercy ou de la Bibliothèque de France. Foin de nostalgie donc, de "c'était mieux avant", comme si on ne pouvait choisir qu'entre l'image carte-postale d'autrefois et les quartiers-villages pour bobos qui se jouent la comédie de "l'authenticité". Ses déambulations nous mènent au delà du périphérique, découvrant ce qui palpite derrière cette frontière, dans ces banlieues malaimées de la petite et de la grande couronne, où vivent 10 millions d'habitants et où des mondes se rencontrent. Les parcours insolites auxquels elle nous invite croisent aussi la littérature et le cinéma. Dans ses pas, et ceux des architectes, des artistes, des écrivains avec lesquels elle chemine, on prend le pari d'un Grand Paris, avec des rêves à sa mesure.

01/2014

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Pédagogie

Je veux faire battre le coeur de l'école

Le cours Alexandre Dumas accueille cette année 108 enfants, de la maternelle à la 3è. L'école est située à Montfermeil, à deux pas de Clichy-sous-Bois et de la cité des Bosquets où avaient débuté en 2005 des émeutes qui avaient embrasé les banlieues. Dix ans plus tard le quartier a changé, et l'école en préfabriqué fait partie de ce vaste chantier. Elle a pour devise : Eduquer, Instruire, Cultiver, Orienter, des mots qui trouvent un écho particulier ici. L'enjeu est considérable : redonner le goût d'apprendre à des élèves déscolarisés ou démotivés, s'adapter à chaque enfant en fonction de son parcours et de son rythme, créer de l'harmonie au sein de classes diverses avec des enfants venant de tous les horizons. Albéric de Serrant nous raconte avec la passion qui l'anime la genèse de cette aventure exceptionnelle, comment cette école est née, qui sont les professeurs qui l'animent avec lui, leurs parcours atypiques, leur vocation, quelles méthodes ont été testées et retenues, quelles règles se sont imposées pour structurer la journée des élèves. Les rituels ont toute leur importance : chaque lundi dans la cour de l'école les objectifs de la semaine sont énoncés par le directeur, chaque matin dans cette même cour les élèves, en uniforme, assistent à la levée du drapeau, chaque midi pour les élèves, après le repas (préparé par les parents), c'est le temps des "services" : vaisselle, coup de balai dans la cour, chaque soir le directeur rend ses "avis" toujours devant l'ensemble des élèves... Le cours Alexandre Dumas fait partie de ces écoles qui changent la vie des élèves, qui fait naître des vocations, des passions, la curiosité. Albéric de Serrant nous raconte son parcours, celui d'un élève confronté à l'échec et aux fautes d'orthographe, celui d'un homme qui devait devenir prêtre et qui est finalement mari et père de cinq enfants, celui d'un directeur qui doute, qui cherche, et qui parvient à dénicher le talent que chaque enfant a en lui.

09/2015

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Psychologie, psychanalyse

Sans père et sans parole. La place du père dans l'équilibre de l'enfant

Où sont passés les pères ? Les bouleversements de mai 1968, le mouvement féministe des années soixante-dix, une justice qui privilégie la mère dans la garde de l'enfant et une médecine qui, avec la procréation assistée, tend à se substituer au père, tels sont les jalons d'une évolution des mœurs sans précédent. Au cours de ces trente dernières années, la figure paternelle s'est peu à peu lézardée. Les conséquences en sont lourdes. Un nombre impressionnant d'enfants ne voient jamais leur père, la délinquance se développe dans les villes et les banlieues et les Institutions prenant en charge la santé mentale de l'enfant sont débordées. Il devient urgent de redonner leur place aux pères et de redéfinir leur rôle dans l'épanouissement de l'enfant. Etre père, ce n'est pas être un substitut de la mère. C'est occuper dans la vie mentale de l'enfant une place dont dépendent sa construction et sa santé psychique. Un enfant se conçoit autant dans des propos et des désirs partagés que dans un acte sexuel. Si le rôle de la mère est de porter l'enfant dans son corps, celui du père est de le porter dans ses pensées et ses désirs. Interdire à l'enfant de comprendre qu'il est le fruit du désir de ses deux parents, c'est le condamner à l'emprise d'un mono-parentalisme dévorant, qui le prive de tout accès à l'autonomie et le rend Incapable de s'intégrer à la société. Ecoutant des enfants, des pères et des mères depuis plus de vingt ans, Didier Dumas montre, à travers les propos, les souffrances et les " folles " des petits et des grands, que cette méconnaissance du rôle du père dans la construction psychique et spirituelle de l'enfant est la première cause de tous ses désordres mentaux. Et que les troubles dus à la démission des pères se transmettent et se répètent, en s'aggravant, d'une génération à l'autre.

04/1999

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Sciences politiques

Terreur et martyre. Relever le défi de civilisation

Depuis le 11 septembre 2001, deux Grands Récits opposés se sont disputés l'intelligence du monde : la guerre américaine contre la terreur et l'exaltation du martyre par les jihadistes. En voulant nous sauver du Mal - l'un pour parachuter la démocratie au Moyen-Orient, l'autre pour assurer l'apothéose de l'islamisme radical sur la planète - ils ont enfanté la barbarie. En restent des images d'abjection et de violence qui peuplent les écrans de télévision et d'ordinateur : otages occidentaux égorgés en Irak, victimes déchiquetées d'attentats-suicides, prisonniers musulmans dénudés à Abou Ghraïb ou torturés à Guantanamo. Mais sur le terrain, ni les néo-conservateurs ni Al Qaida ne l'ont emporté, basculant au contraire dans la déchéance morale. Et ils ont ouvert la voie à leur ennemi commun de Téhéran - ravivant les conflits entre chiites et sunnites, entre Persans et Arabes, sur les rives pétrolifères d'un Golfe désormais hanté par la menace nucléaire. Avec les succès remportés par le Hezbollah face à Israël, la conquête de Gaza par Hamas, le fiasco de l'occupation de l'Irak, la paix américaine, qui devait simultanément sécuriser l'État hébreu et les flux d'hydrocarbures, s'est avérée une chimère. Comment rompre le cercle vicieux de la Terreur et du Martyre ? L'Europe, pourtant marginalisée depuis le 11 septembre, cible d'attentats islamistes à Londres ou Amsterdam, prise en otage par l'affaire des caricatures du Prophète, secouée par les émeutes des banlieues françaises, représente paradoxalement le vecteur de la rencontre concrète entre tous ceux qui partagent la même volonté de relever le défi de civilisation face à cette barbarie. En construisant un espace de prospérité qui s'étende jusqu'au Golfe à travers la Méditerranée, elle établira les contours d'une nouvelle région fournissant le seul cadre adéquat pour la paix- à condition qu'elle fasse preuve de courage politique.

03/2008

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Histoire de France

François Mitterrand, les années d'alternance. 1984-1986 / 1986-1988

Après Changer la vie : les années Mitterrand, 1981-1984, cet ouvrage de référence présente la période 1984-1988 et couvre tous les champs : action politique, économique et sociale, relations internationales et culture, avec l'ambition de restituer le contexte général de l'action de l'Etat durant ces années et dans les divers domaines de la vie publique. Plusieurs formes d'"alternances" sont ici étudiées, car ces années représentent la recherche de nouveaux équilibres politiques. Le gouvernement Fabius impose une voie spécifique ; la cohabitation introduit une situation inédite dans le fonctionnement des institutions ; la réélection de François Mitterrand autour du thème de la "France unie" témoigne de nouveaux rapports de force. Tous ces éléments laissent entrevoir la lente évolution vers une bipolarisation encore incomplète autour du Parti socialiste et des droites RPR-UDF, le déclin du Parti communiste et la percée concomitante d'une extrême droite. Ceci, alors que sur la scène internationale une nouvelle détente Est-Ouest se profile dont la France se veut le fer de lance et que, parallèlement, le couple franco-allemand déploie son ambition européenne. La libéralisation des marchés, l'internationalisation, les rapports entre acteurs publics et privés, les nouvelles évolutions technologiques, les changements dans la protection sociale posent la question du rôle de l'Etat, lui-même pris entre contraintes et volonté d'action avec, en toile de fond, la préoccupante montée du chômage. La culture continue de bénéficier de l'attention soutenue des pouvoirs publics, notamment en matière de médias, alors que les efforts se portent sur l'éducation, que la jeunesse s'exprime dans la rue et que la question des "banlieues" et de la politique de la ville - après les grandes lois de décentralisation - apparaît plus nettement. La quarantaine d'études publiées par des spécialistes en rend compte au mieux, sur la base d'archives souvent inédites, d'entretiens avec les acteurs et d'un minutieux travail de synthèse.

01/2019

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Actualité politique France

Lettre à mes frères musulmans

L'homme de gauche qui a dénoncé les émirats de la République s'adresse ici aux musulmans de France pour leur dire ses critiques et ses attentes. Mais aussi ses espérances. A l'heure où l'Etat s'engage contre le séparatisme islamique, un manifeste trait-d'union pour redonner sens à la fraternité de notre devise. A l'heure de la loi contre le séparatisme et pour la laïcité, comment combattre le mal sans céder à l'angélisme mais aussi sans renoncer à la vocation de la France à l'universalité ? De même que dans Les émirats de la République il dénonçait la mainmise des islamistes sur les banlieues, François Pupponi alerte dans cette Lettre à mes compatriotes musulmans surlesimpératifsd'une juste intégration. Par-delà les musulmans intégrés et les musulmans radicalisés, il s'adresse au plus grand nombre des musulmans de France, délaissés par les politiques, oubliés par l'opinion, minorés par les associations et qu'il s'agit de soutenir afin qu'ils ne basculent pas dans le mauvais camp. C'est en connaisseur du terrain et en praticien engagé que le plus lucide des élus de la nation dans ce domaine pose les vraies questions. Comment déjouer la tentation totalitaire, la dérive identitaire, l'archipelisation de la société ? Comment définir un islam conforme aux institutions de la République, compatible avec les valeurs européennes, en adéquation avec le XXIe siècle ? Mais surtout, et d'abord comment inscrire cette mutation dans la loi avec réalisme et avec attractivité ? Jamais l'envers du décor n'avait été révélé avec autant de vérité. En se montrant critique à l'égard des non-dits hypocrites, des calculs intéressés et des écueils prévisibles, c'est un document choc et un manifeste libre que livre ici François Pupponi. Un essai iconoclaste et salutaire appelé, à la base comme au sommet, à faire grand bruit. 135 x 210, 240 p.

05/2021

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Sciences historiques

Bonifacio, histoire, patrimoine, langue et culture

Très ancienne cité génoise en terre corse, le préside de Bonifacio constitue à lui seul un monde à part : un promontoire rocheux face au large et balayé par les vents. Réputé Port des Lestrygons dans l'Antiquité -présentés ici par Olivier Battistini de l'Université de Corse, la place médiévale d'un prétendu comte Boniface d'époque carolingienne a résisté à nombre de sièges aragonais, français et turc évoqués ici par Philippe Colombani, docteur en histoire de l'Université de Corte. Ensuite, Jean-Christophe Liccia, historien et ancien Président-fondateur de Petre Scritte, retrace pour nous ce que fut Bonifacio - patrie de marins, de corailleurs et charpentiers de marine. Le Professeur Michel Vergé-Franceschi, maître d'oeuvre de l'ouvrage, s'attache aux origines bonifaciennes de l'Empereur, Napoléon étant issu des plus vieilles familles génoises du préside, dont les Salinieri, et surtout les Cattaccioli, négociants, banquiers, notaires et hôtes de Charles Quint et de Cortès en 1541. Mais c'est Madame le Pr Claude Degott-Serafino, qui oeuvre aujourd'hui au sein de la municipalité de sa ville ancestrale, loin de sa Faculté de médecine parisienne, qui fait de cet ouvrage un vrai livre d'art avec Les monuments religieux de Bonifacio. Le préside ayant été fortement ébranlé dans ses Bouches par la tragédie de la Sémillante, il revenait à Michèle Battesti, docteur en histoire, directrice (h.) du Domaine défense et société à l'Institut de recherche stratégique de l'Ecole militaire (ministère de la Défense) de brosser pour nous ici l'historique de La Société centrale de sauvetage des naufragés, création du Second Empire. Forte personnalité bonifacienne, le cardinal Zigliara a trouvé son biographe avec Raphaël Lahlou. Enfin, le Pr Jean-Marie Comiti (Corte) consacre tout un chapitre à une langue spécifique : le parler bonifacien. Cet ouvrage constitue le tome XX des vingt Journées Universitaires de Bonifacio publiées aux éditions Piazzola (Ajaccio). Que le Pr Claire Huetz de Lemps (Sciences-Po-Bordeaux) soit remerciée de sa Préface qui retrace ces vingt années de travaux réalisés grâce à 250 conférenciers venus ici, en vingt ans, à l'initiative du Dr Jean-Baptiste Lantieri et de Jean- Charles Orsucci, maires de Bonifacio, sous la direction scientifique du Professeur Michel Vergé-Franceschi, avec l'étroite collaboration de Professeur Alain di Meglio (Corte) et d'Hélène Portafax (mairie de Bonifacio), véritable cheville ouvrière du tout.

06/2019

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Poésie

Le Printemps et le reste

Au début des années 1920, le monde se remet d'une guerre mondiale sanglante et d'une pandémie grippale encore plus meurtrière. Les milieux artistiques d'Europe et d'Amérique bouillonnent de créativité, explorent de nouvelles voies, discutent, échangent : les idées et les formes traversent régulièrement l'Atlantique. En 1922, Yeats obtient le Prix Nobel et Rilke publie les Elegies de Duino : la vieille poésie se porte bien. Mais c'est aussi l'année où Eliot fait paraître La Terre Vaine, ce sera une déflagration pour un médecin américain au mitan de sa vie, auteur de livres de poésie, il est aussi pédiatre et met les enfants au monde ; il s'appelle William Carlos Williams. Il répond à la charge poétique d'Eliot avec un livre fou, libre, inclassable : Le Printemps et le reste. Petit livre à la couverture bleue, imprimé à 300 exemplaires Dijon par l'imprimerie Darantière qui avait imprimé le Ulysse de Joyce quelques mois plus tôt. Aujourd'hui considéré comme l'un des plus grands poèmes du XXe siècle, Le Printemps et le reste est un véritable manifeste pour l'imagination - un livre hybride où alternent des sections de prose et de vers libres, qui apostrophe le futur, mais avec les pieds campés dans le ici et maintenant. Il cristallise en déclarations dramatiques, énergiques et magnifiquement cryptiques la façon dont le langage recrée le monde. La poésie est faite de mouvement pour Williams, il désarçonne le lecteur - le terrifie dira Robert Creeley -, déjoue ses attentes, multiplies les chausse-trappes, plante mille questions et s'esquive sans apporter de réponses. Cela ressemble à de l'improvisation, c'est débridé, fou, solaire. Multiple et furieux. Amusé et insensé. Naufrages, meurtres mondiaux, déferlements de couleurs, la voix s'arrête et repart, navigue entre les blancs et les lacunes, commence à l'impromptu comme au milieu d'une conversation et se tait brusquement. Williams croit en l'imagination, mais l'imagination chez lui ne tourne pas le dos à la vie. Il propulse la poésie américaine dans une tension vivante du présent, et la conduit à un carrefour. Le carrefour de la modernité dont Le Printemps est le reste est la boussole espiègle et détraquée. La nouvelle traduction de Valérie Rouzeau rend toute la vivacité de ce livre majeur de la poésie américaine.

06/2021

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Mer

100 ans de paquebots. Histoires, récits et témoignages

Ancrage Historique Un paquebot est un navire spécialisé dans le transport de passagers. Ce nom vient de l'anglais "?packet-boat ", désignant les navires transportant du courrier. Les premiers grands paquebots sont apparus au début du 19e, lorsque les migrations internationales étaient fortes. De nombreuses innovations techniques telles, que la machine à vapeur et les coques en acier, ont permis aux paquebots de gagner en taille et en vitesse et ont donné lieu à de véritables compétitions entre puissances, notamment entre le Royaume-Uni et l'Allemagne. Après deux âges d'or, au tournant des deux siècles, puis dans l'entre-deux-guerres, le règne du paquebot s'est estompé pour laisser place à l'avion. On distingue deux types de paquebots. Les paquebots de lignes (dont les plus célèbres sont les transatlantiques) sont affectés à des lignes régulières pour le transport de passagers et de courrier. Ce type de paquebot a majoritairement disparu dans les années 1960/1970. Les paquebots de croisière assurent pour leur part des voyages touristiques en diverses parties du globe et représentent, au début du 21e siècle, l'écrasante majorité des paquebots. Les paquebots ont laissé une forte empreinte dans la mémoire collective. Certains comme le Queen Mary ou le France sont ainsi devenus de véritables symboles nationaux, tandis que d'autres comme le Titanic ont frappé les esprits par leurs malheurs. Ils ont également inspiré le cinéma et la littérature, contribuant à créer un véritable " mythe du paquebot ". Ce livre vous ouvre les portes du mythe. Le livre La traversée des océans au temps de la voile était une aventure incertaine et parfois dangereuse. A travers des témoignages de voyageurs, Philippe Rouyer fait revivre les plus belles heures du tourisme maritime : de l'invention des machines à vapeur à leur modernisation, c'est l'ère industrielle qui se déploie devant nous. L'accent est également mis sur la clientèle des paquebots : de la classe privilégiée aux voyageurs d'affaires ou encore aux voyageurs de troisième classe, nombreux témoignages et articles d'époque font état de ce qu'étaient le luxe des croisières et leurs dangers. Une analyse des différents incidents de navigation, ainsi que des célèbres naufrages, vient étayer le propos et illustrer les besoins d'améliorations ou de recours à la technologie effectués tout au long du XXe siècle pour rendre les croisières les plus calmes possibles.

03/2018

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Romans historiques

La grande saga des Tavernois-Jackson. 1re époque

Ce roman historique retrace sur deux siècles l'incroyable aventure de deux familles, l'une française, l'autre chinoise, qu'un destin hors du commun réunira au Nouveau Monde, pour former un " Empire dynastique américain " : les Tavernois-Jackson. Ils franchiront les mers et les océans, acteurs ou victimes des plus grands bouleversements engendrés par ce vent de liberté soufflant sur les sociétés, déclenchant sur son passage, révoltes et révolutions. Du port de Nantes vers les côtes africaines, Jean Tavernois, le patriarche de cette dynastie aux origines modestes, fils de tonnelier français, embarquera dès l'âge de sept ans en qualité de moussaillon. De traversées en naufrages, devenu capitaine en moins de trente ans, il amassera une fortune colossale grâce à la traite négrière. Installé dans la Petite-Hollande, élu député du Tiers état, il sera bien malgré lui la victime des affres de la terreur, et rejoindra dans un exil forcé, ruiné, le Nouveau Monde. Ses deux fils, Marc et Philippe, dans cette période trouble fuiront une autre révolution, celle des esclaves de Saint-Domingue. Contraints, pour sauver leurs vies, d'abandonner la plantation caféière familiale, ils émigreront jusqu'aux contrées fertiles du Mississipi. De l'Empire du Milieu, jusqu'aux îles de Sumatra et Bornéo, Mei, jeune aristocrate Mandchou, pourtant pressentie future épouse impériale, choisira avec un certain courage de s'affranchir définitivement du luxe dangereux des murs dorés de la Cité interdite. Elle préférera assumer un destin de femme libre, encouragée dans ses choix par son grand amour, Zihao, misérable paysan, devenu par ses seules connaissances des sciences médicinales " Haut Castrateur " au service de l'Empereur. Sans se retourner, affrontant les redoutables pirates de la Mer de Chine, de Beijing à Pondichery, nous les suivrons dans leur incroyable aventure qui les conduira jusqu'aux rives du Delaware en Pennsylvanie. Ils deviendront, grâce à un ami commun des Tavernois, citoyens Américain. Alors Mei et Zihao, sous le nouveau nom de Jackson, partiront à la conquête du Nouveau Monde. Incroyable et stupéfiante saga familiale, riche en couleurs et en aventures, illustrant à merveille cette citation du Marquis de Lafayette : " Une fois lancée, la balle de la liberté fera le tour du monde. " Maud Tavernois-Jackson, leur arrière-petite-fille, la cinquantaine triomphante et ancien mannequin fraîchement élue Sénatrice de New-York, nous raconte...

12/2015

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Histoire régionale

Royan et la mer. De la fin du Moyen Age au début du XIXe siècle

Rejetés dans l'ombre par Bordeaux, les ports de l'estuaire de la Gironde sont mal connus. L'ouvrage met en lumière l'un d'eux : Royan, premier abri et première ville que les voiliers rencontraient au sortir des redoutables passes de l'embouchure. De la fin du Moyen Age au XIXe siècle, routiers et cartes marines, récits de marins et de voyageurs posent Royan en portier de la "rivière de Bordeaux". "Château-port" médiéval à l'abri de ses fortifications jusqu'à sa destruction en 1631, puis havre d'échouage mal protégé où s'abrite une cinquantaine de barques et de chaloupes locales, comment évolue le paysage portuaire royannais ? Quel aspect avait le port médiéval ? Comment la ville s'est-elle reconstituée autour du bourg de Saint-Pierre après 1631 ? Royan est au coeur de multiples activités maritimes. Presque toutes sont liées à Bordeaux dont Royan est le port de service. A partir d'exemples concrets, on suit les barques royannaises de cabotage qui transportent les barriques de vin jusqu'en Bretagne et en Irlande ; on les voit animer au XVIIIe siècle l'intense trafic interne à l'estuaire, sans compter le va-et-vient des chaloupes des pilotes qui entrent ou sortent les navires de l'estuaire. Quelle relation les Royannais entretiennent-ils avec la mer ? Pour les 200 à 300 marins, la navigation est source de travail depuis les matelots et les capitaines engagés sur les trois-mâts bordelais de la route des Antilles, jusqu'à ceux qui ne quittent guère les eaux de l'estuaire. Comment s'organisent les carrières des gens de mer ? Quels sont les risques du métier ? Par ailleurs, quel regard portent les autres Royannais, d'abord des paysans, sur la mer et sur leur rivage familier ? Vivre sur le littoral signifie des ressources complémentaires par les pêches sur l'estran, les naufrages ou les travaux de manutention. Mais la mer, avec les tempêtes, les "volements de sable" et les menaces des attaques venues de l'Océan lors de chaque guerre, est aussi synonyme de dangers et de peurs. Traversant plus de cinq siècles durant lesquels les Royannais se sont lancés sur la mer, l'étude se clôt à l'aube d'un changement majeur. A partir de 1820, avec l'arrivée des premiers vapeurs venus de Bordeaux avec leurs "cargaisons" de touristes, Royan se mue en une station balnéaire. La mer n'a plus le même sens.

03/2021

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Dictionnaires divers

Les voyages extraordinaires de Jules Verne . Le dictionnaire illustré des personnages

Un collector. Depuis une génération plus aucun écrit n'existe. Ce livre a des allures d'inédit pour les jeunes et les amateurs au regard de son contenu. Visionnaire et avant-gardiste, Jules Verne a composé un univers via ses ouvrages. L'auteur en a fait un dictionnaire illustré reprenant le monde, les lieux, les personnages, les références de Verne de manière originale. Avec 2.384 personnages, humains et non-humains, environ 260 illustrations originales de l'édition Hetzel et trois planches philatéliques, ce dictionnaire consacré exclusivement aux personnages des Voyages extraordinaires est probablement le plus complet et le plus détaillé sur l'oeuvre Verne, la plus connue, la plus lue et ayant conduit au plus grand nombre de films et de téléfilms au monde. Le but de ce dictionnaire "collector" est d'inciter les jeunes et les moins jeunes à lire, ou à relire Jules Verne, dont les Voyages extraordinaires les moins connus du grand public pour la richesse de leurs enseignements. Parmi ceux-ci : P'tit-Bonhomme, Famille-Sans-Nom, Les Naufragés du Jonathan, etc. Tirage limité pour amateurs. Il a souvent été reproché à Jules Verne son côté didactique souvent fastidieux, mais n'oublions pas que les Voyages extraordinaires ont été publiés dans la Bibliothèque d'éducation et de récréation de l'éditeur Hetzel et qu'en plus des histoires proprement dites on trouve dans les Voyages extraordinaires des digressions très détaillées d'histoire, de géographie, de zoologie, de botaniques, de géologie... L'aspect didactique reste présent dans ce dictionnaire mais lorsque je l'ai jugé nécessaire, ces compléments d'information sont devenus des notes de bas de page. Tous les personnages humains et non-humains sont mentionnés et décrits par Jules Verne, en italiques dans le texte, avec la donnée du ou des chapitres où ils sont cités. Les 257 illustrations de ce dictionnaire proviennent de l'édition originale Hetzel et sont complétées par la donnée de leurs auteurs. A celles-ci s'ajoutent trois planches philatéliques de Jules Verne et de ses oeuvres. On y trouve également quatre planches en couleurs de cartes à jouer représentant des personnages des principaux Voyages extraordinaires et deux photographies : celle de sa maison natale à Nantes et celle de sa tombe à Amiens. Ce dictionnaire se termine par une sélection de ressources documentaires – Le Tour de Jules Verne en 80 références – destinée à inciter les lecteurs (trices) à approfondir l'oeuvre de Jules Verne.

02/2024