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Suicide Squad parodie

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Littérature étrangère

Le grand cercle

"Le Grand Cercle", paru à New York en 1933 aux éditions Charles Scribner's Sons, deuxième roman de Conrad Aiken (1889-1973), était jusqu'alors inédit en français. Poète majeur d'une oeuvre considérable, nouvelliste sublime, critique... , également éditeur d'Emilie Dickinson, homme dont la discrétion fut exemplaire, poursuivant la résonance de son temps sans y être esclave, et dont l'influence fut décisive sur des oeuvres telle celle, répétons-le, de Malcolm Lowry qui, de ses propres mots, reconnut en lui "un père spirituel" , Aiken est cependant resté dans l'ombre. Ce roman se compose de quatre grands chapitres évoquant des mouvements musicaux quasi indépendants les uns des autres, notamment le deuxième chapitre, lequel entièrement entre parenthèses, en flash-back, revient sur l'adolescence d'Andy, là où tout se serait joué en effet... Par ailleurs, ce second chapitre n'est pas sans rappeler de par son approche sensible de l'enfance et de l'adolescence sa nouvelle : "Etrange clair de lune". Andy devenu Andrew Cather le Borgne, héros ou plutôt anti-héros moderne, porteur d'une culture classique, est à l'image de l'écrivain lui-même. Les références y sont plus européennes qu'américaines ; Melville, Poe, aux côtés de Shakespeare, Michel-Ange et Dante, comptent parmi les présences d'un univers qui ne craint pas les outrances, les ruptures de temps et de ton. Ajoutons à ces présences, celle de Freud qui lut "Le Grand Cercle" et en fut séduit au point de vouloir rencontrer son auteur. Ecrit dans une période difficile dans la vie de son auteur se considérant, non sans humour, lui-même "posthume" , suite à une tentative de suicide, ce roman peut être considéré comme l'expérience d'une remontée vers un renouveau de la vie calquée sur la déconvenue banale d'un couple : une tromperie. Dans une lettre datée du 24 octobre 1932 à un ami, en fin de la rédaction du Grand cercle, "son fidèle vieux cauchemar" tel qu'il le qualifiait encore dans cette même lettre, Conrad Aiken notait : "On ne change jamais sans un Acte ? Mais les mots sont des actes, les idées sont des actes, les sentiments sont des actes, les attitudes sont des actes ? " Ces questions tangentes, sans réponses, qui se veulent aussi affirmatives, semblent en ce roman côtoyer l'impossible. Un grand cercle se dessine...

10/2017

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Littérature française

Le Crime de Lord Arthur Savile. Une nouvelle de Oscar Wilde

Le personnage principal de ce roman, Lord Arthur Savile, est présenté, à l'occasion d'une soirée donnée par Lady Windermere, à un chiromancien, Septimus R. Podgers. Ce dernier lit dans la paume de la main de Lord Arthur, un funèbre destin. On apprend au chapitre suivant qu'il s'agit d'un crime et par diverses circonstances, Lord Arthur croit comprendre qu'il sera l'auteur d'un crime. Alors qu'il voulait se marier avec Sybil Merton, sa fiancée, il décide qu'il n'a pas le droit de le faire avant d'avoir commis ce meurtre. Sa première tentative porte sur une tante âgée, Lady Clementina Beauchamps, qui souffre de brûlures d'estomac. Arthur lui donne une capsule empoisonnée à l'aconitine, qu'il présente comme un remède américain d'un nouveau genre, à prendre en cas de crise. Recevant un télégramme quelques semaines plus tard, il apprend sa mort et retourne victorieusement à Londres, pour apprendre qu'elle lui a légué une propriété. En triant les affaires de sa tante, Sybil trouve la pilule de poison, intacte ; ainsi, Lady Clem, sa tante est morte de manière naturelle et lui se trouve dans le besoin d'une nouvelle victime. Après réflexion, il contacte un ami anarchiste, qui lui procure une bombe dissimulée dans une pendule. Arthur l'envoie anonymement à un parent éloigné, le Doyen de Chichester. Malheureusement l'engin se révélera défectueux, réjouissant la fille du Doyen qui passera ses après-midis à produire des explosions minuscules et inoffensives avec l'horloge. Désespéré, Lord Arthur croit ses plans de mariage condamnés quand il rencontre Podgers, en pleine nuit, au bord de la Tamise. Il précipite alors le chiromancien dans le fleuve du haut d'un parapet. Quelques jours plus tard un journal annonce le suicide, puisque tel a été le résultat de l'enquête, de sa victime. Assuré maintenant du succès de son entreprise, Lord Arthur peut enfin se marier ! Quelques années plus tard, en visite chez le couple, lady Windermere confie en aparté à Sybil que M. Podgers était un horrible et avide imposteur et qu'elle même n'avait jamais cru en la chiromancie. Lord Arthur reste, quant à lui, persuadé qu'il doit tout le bonheur de sa vie à la chiromancie.

02/2023

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Histoire

Histoire Auguste et autres historiens païens

En 313, Constantin, empereur chrétien, accorde la liberté de culte à toutes les religions ; nul ne sera plus contraint de vénérer l'empereur à l'égal d'un dieu. En 391-392, Théodose, empereur très chrétien, interdit les cultes païens. Le monde a basculé. Ce qui est en cause, ce ne sont pas seulement des croyances et des cultes, mais toute une civilisation fondée sur la paideia - la culture, les moeurs et les pratiques de la Rome éternelle. C'est en ce sens que les historiens réunis dans ce volume peuvent être dits païens : nourris à l'antique paideia, ils en partagent toujours les valeurs. Ils écrivent entre 360 et 394 (avant 408 pour l'auteur des Vies et moeurs des empereurs) sous les règnes de princes chrétiens, occupent des postes importants, proches du pouvoir, et, par force, s'avancent masqués. De belles carrières restent ouvertes à ces lettrés, émules de Tite-Live, de Suétone ou de Tacite ; les empereurs chrétiens ne peuvent se passer d'eux. Les lois de 391-392 ne les réduisent pas au silence, mais ils sont assez lucides pour comprendre jusqu'où ils peuvent aller dans leur éloge du passé. La plupart évitent prudemment de parler du christianisme. L'Histoire Auguste, elle, s'autorise des moqueries, des parodies des Evangiles ou des Pères de l'Eglise, des allusions plus ou moins voilées. Le livre - trente vies d'empereurs, à partir d'Hadrien - est truffé d'indices révélant à des lecteurs choisis le fond de la pensée de son auteur, écrivain dissimulé, semet ridente, "souriant dans son for intérieur". Cet auteur pourrait passer pour le digne successeur du Suétone des Douze Césars. Il a du goût pour les frivolités d'alcôve, les anecdotes à portée moralisante, les prodiges et les oracles. Mais il se révèle en outre particulièrement imaginatif. L'Histoire Auguste n'est pas une oeuvre historique au sens moderne du terme : elle enrichit son récit par tous les moyens qu'offre l'écriture romanesque, jusqu'à effacer les frontières entre histoire et fiction. C'est l'occasion de savoureux morceaux de bravoure, d'autant plus soignés littérairement qu'ils sont historiquement douteux. Histoire sans autorité donc, mais pleine de vie et finalement de vérité : une oeuvre personnelle et sensible sur l'âge d'or du paganisme et sur son déclin. "Une effroyable odeur d'humanité monte de ce livre", disait Marguerite Yourcenar, qui y avait trouvé la matière des Mémoires d'Hadrien. Cette humanité en désarroi, c'est celle des païens qui assistent impuissants à la dissolution du monde auquel ils tiennent et appartiennent. A la bataille de la Rivière froide, en 394, les armées de Théodose affrontent l'usurpateur Eugène et le général Arbogast, soutenus par le parti païen. Théodose vainqueur, certains vaincus se donnent la mort. Parmi eux, Nicomaque Flavien senior, aristocrate, préfet du prétoire d'Italie, probable auteur de l'énigmatique Histoire Auguste.

11/2022

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Littérature française

Une bonne raison de se tuer

A Los Angeles, tandis que l'Amérique s'apprête à élire un nouveau président, Laura, en proie à une résignation qui semble insurmontable, et Samuel, dévasté par la douleur et la perte, vacillent au bord du précipice, insensibles à l'effervescence de leur pays. Ils ne se connaissent pas. Leurs destins vont se croiser. Pourront-ils se sauver l'un l'autre ? L'action se déroule le 4 novembre 2008, date de l'élection de Barack Obama. A Los Angeles comme partout ailleurs, c'est une journée d'exaltation, d'espoir de renouveau et d'attente fiévreuse. Mais tandis que l'Amérique semble retenir son souffle, impatiente de connaître l'issue de ce jour historique, pour Laura et Samuel, cette journée sera la plus longue et la plus terrible de leur vie. Car aujourd'hui Samuel doit se rendre aux funérailles de son fils, Paul, qui vient de se suicider à l'âge de dix-sept ans. Et Laura, femme seule de quarante-cinq ans, serveuse dans une cafétéria, a décidé de se donner la mort le soir venu. Pour chacun d'eux, l'enjeu sera le même : comment échapper au déroulement implacable de cette journée ? Samuel pourra-t-il surmonter son chagrin, ne serait-ce que le temps de la cérémonie ? A-t-il même le droit de survivre à l'absence de celui qui n'aurait jamais dû partir avant lui ? Et quel sens donner au geste de son fils, un geste d'autant plus révoltant qu'il est inexpliqué ? Laura, elle, a mûrement réfléchi son choix. Personne ne la regrettera, ni son fils indifférent ni son ex-mari qui, lui, a su refaire sa vie. Cette dernière journée aura-t-elle un goût moins fade que toutes celles qu'elle vient de laisser derrière elle ? Un goût d'exceptionnel qui pourrait la faire changer d'avis ? Samuel et Laura ne se connaissent pas encore. Pourtant ils ont déjà beaucoup en commun. Ils vont d'ailleurs se rencontrer... au crépuscule.

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Critique littéraire

L'Homme que l'on croyait

Six mois se sont écoulés depuis la mort de Romain Gary. En accord avec sa volonté, je me dois de faire la déclaration suivante :A la fin de l'année 1972, Romain Gary me dit qu'il avait l'intention d'écrire « toute autre chose sous un tout autre nom », parce que, insista-t-il, « je n'ai plus la liberté nécessaire ».Au mois de mars 1973, il finissait le premier jet de Gros-Câlin et l'achevait définitivement au mois de décembre de la même année. Il choisissait alors comme pseudonyme Émile Ajar.Il demanda à un ami de faire parvenir ce texte aux Éditions Gallimard. Pour des raisons d'organisation, le manuscrit fut publié au Mercure de France, au printemps 1974.Au printemps 1975, Romain Gary écrivait de nouveau sous ce même pseudonyme un livre qui sortirait sous le titre de La Vie devant soi. Il me demanda de signer le contrat de publication de ce livre, toujours sous ce même pseudonyme d'Émile Ajar.Le livre fut publié au mois de septembre 1975. A ce moment-là, ni son éditeur, Claude Gallimard, ni celui d'Émile Ajar, Simone Gallimard, ne savait qui écrivait sous ce nom. Ils l'ignoreront jusqu'à sa mort.Pour ce qui me concernait, nul ne connaissait mon identité civile personnelle. Je donnai une interview pour asseoir le personnage. Puis, reconnu, je dus en donner d'autres.Après le prix Goncourt décerné à La Vie devant soi, le romancier écrivit sous ce même pseudonyme deux autres livres : Pseudo, publié en 1976, et l'Angoisse du Roi Salomon, publié en 1979.Le 3 décembre 1980, pour les raisons qu'il a données dans son dernier message, Romain Gary se suicida.Nul n'a su jusqu'à sa mort qu'il était l'auteur dissimulé sous ce pseudonyme. Dès son premier livre signé Ajar, Romain Gary fut déterminé à ne jamais révéler de son vivant qu'il en était l'auteur.Paul Pavlowitch

11/2010

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Critique littéraire

Les étoiles meurent d'elles-mêmes. Dialogues d'outre-tombe entre Nelly Arcan et Sophie Podolski

Philippe Sollers a participé à la reconnaissance de Sophie Podolski en la publiant dans sa revue "Tel Quel" et en rééditant en 1974 son unique livre : "Le Pays où tout est permis". Titre, par ailleurs, de l'exposition que lui ont consacré tout récemment le Centre Wiels (Bruxelles) et la Villa Vassilieff (Paris). Née en 1953 à Bruxelles, Sophie Podolski s'est donnée la mort en 1974 à l'âge de 21 ans. Au cours de sa vie-éclair, elle a subi quelques internements psychiatriques, a produit de nombreux dessins et publié une seule oeuvre de son vivant dans laquelle elle déploie un long monologue halluciné et digressif, faisant fi des conventions de la langue et abordant de nombreux thèmes. Pour elle, ce qui semble importer dans tous les cas, c'est de combler le vide. Nelly Arcan s'est fait connaître très rapidement avec la publication successive des romans "Putain" (2001) et "Folle" (2004) au Seuil. Ces deux oeuvres autofictionnelles relatent de manière crue la vie d'une prostituée de luxe, obsédée par la beauté des apparences. Le style de la romancière a quelque peu dérouté et, en même temps, emballé la critique littéraire qui a souligné la forme de la litanie, étouffante et dense, servant un récit tout entier construit par associations et digressions. Nelly Arcan s'est suicidée en 2009 à l'âge de 36 ans. Dans cet "essai dialogué" , forme originale et récurrente chez l'essayiste, Jacques Beaudry propose un dialogue posthume entre ces deux femmes artistes chez qui il a tout de suite reconnu une parenté d'esprit et de mal-être. Il y sera question de jeunesse, rébellion, provocation, créativité, sexe, drogues et une brutale crudité d'expression qui exprime un désir d'atteindre en toute chose la dernière extrémité qui reflète les vertiges du monde. Les dialogues qu'on lira ici ont été composés à partir de propos authentiques dont ils reprennent souvent la lettre et respectent toujours l'esprit.

09/2018

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Littérature étrangère

Grandeurs imaginaires

Dans une grande ville de Russie, dans le courant de l'année 1937, vit une femme douce et aimante, Eulalie, son fils et son père Grigori Voladev, vieillard dépravé, égoïste et gourmand. Un jour, Eulalie est heurtée par un certain Simionov. Celui-ci la raccompagne chez elle et prend l'habitude de lui rendre visite de temps en temps. Un jour de septembre, Grigori est arrêté par le N. K. V. D. Après un emprisonnement douloureux, il est relâché par l'entremise de Simionov. Mais il sait à présent que sa fille connaît sa vraie personnalité : celle d'un "agent secret" de la police. Quand celle-ci lui demande de reprendre son rôle de mouchard, il préfère se suicider. Cependant, la pauvre Eulalie est rejetée par ses anciennes compagnes de bureau qui la tiennent pour une dénonciatrice. Il lui restera à apprendre que le mystérieux Simionov n'est autre que Lioubkine, le tout-puissant chef tchékiste qui, avec l'aide de son complice Soupronov, a fait régner sur la ville un régime de terreur. Lioubkine est compromis à son tour. Il reçoit une mission de Moscou et doit se rendre en Iran. Mais il sait que, de toute façon, qu'il réussisse ou non, on le tuera. Au cours d'une scène d'ivresse il tue sa maîtresse et vient faire ses adieux à Eulalie, qui le démasque enfin. Comment des innocents avouent des crimes et finissent par croire à ces crimes ; ce que la torture physique peut faire d'un homme ; comment, pour fuir leurs doutes, les bolcheviks se précipitaient dans l'action violente ; comment le communisme, né d'une foi, est devenu une machine monstrueuse ; comment aussi une âme innocente et tendre a pu résister à cet écrasement : tels sont les thèmes principaux de ce livre. Livre violent, passionné, qui peint de façon magistrale un univers désespéré où la victime est unie au bourreau - mais où il reste une "force terrible", celle de la conscience.

02/1959

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BD tout public

O nuit ô mes yeux. Le Caire / Beyrouth / Damas / Jérusalem

Dans ce livre il y a les cabarets du Caire, les studios, villas, casinos du Caire, les maris, les amants, l'alcool, les somnifères, l'argent, les suicides, les brownings, les scandales, les palaces. Il y a le chant, la musique, la voix, les ovations, les triomphes, la gloire. Il y a l'audace, le génie, l'aventure, la tragédie. Il y a des poètes et des émirs, des danseuses, des banquiers, des officiers, des imams, des cheikhs, des actrices, des khawagates, des musiciens, des vamps, des noctambules, des révoltés, des sultans, des pachas, des beys, des espionnes, des prodiges, des rois d'Egypte et la cour. D'éminents journalistes, de célèbres compositeurs, des patronnes de clubs, des grands chambellans, des joueurs de oud. Il y a la petite paysanne du delta et la princesse druze, le fils du muezzin et le chanteur solitaire, la star juive et le colonel héroïque. Il y a Asmahan, Oum Kalthoum, Abdelwahab, Farid el Atrache, Samia Gamal, Leïla Mourad, Nour el Hoda, Sabah, Fayrouz, il y a les astres de l'Orient. Il y a la classe, le glamour, la touche, le style. Il y a l'amour, la passion, la haine, la vengeance. Il y a des verres et des cigarettes, des cartes à jouer, des jetons, des dés, des bijoux, des drapeaux, des corans. Il y a les cinémas de Beyrouth, les palais de Damas, les quais d'Alexandrie, les rues de Jérusalem, la cour de Bagdad. Il y a la radio, les disques, les micros, les caméras, les génériques, les néons, le rideau, l'orchestre, le concert, le public, la transe. Il y a la voix des Arabes. Il y a les grands hôtels, le Saint-Georges, le King David, l'Orient Palace, le Mena House. Il y a la chute de l'Empire ottoman et il y a la guerre en Palestine, il y a la prise du canal de Suez et la défaite de 1967, il y a un siècle au Proche-Orient.

10/2015

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Romans historiques

LES RÉCITS D'ADRIEN ZOGRAFFI. Tome 2

Figure assez connue de la littérature de l'entre-deux-guerres, Panait Istrati tombe dans un oubli quasi complet pendant plusieurs décennies ; son oeuvre est interdite en France durant la guerre et en Roumanie durant le régime communiste. Rattrapé par la misère, malade et seul, il tente de se suicider à Nice en janvier 1921. Il est sauvé et on trouve sur lui une lettre non envoyée qu'il avait écrite à Romain Rolland. Celui-ci en est averti et lui répond promptement en l'encourageant dans sa démarche d'écrivain. Durant des séjours en Union Soviètique, il devine, derrière l'accueil réservé aux hôtes étrangers, la réalité de la dictature stalinienne, qui lui inspire l'écriture de Vers l'autre flamme, confession pour vaincus, ouvrage coécrit avec Boris Souvarine et Victor Serge dans lequel, il dénonce sans concession l'arbitraire du régime soviétique. Selon Louis Janover, "Istrati décrit l'exploitation impitoyable des travailleurs par une bureaucratie prête à tout pour défendre ses privilèges" . L'ouvrage, contient la fameuse réplique d'Istrati à l'un des leitmotifs de l'argumentaire communiste ("on ne fait pas d'omelette sans casser des oeufs"), à savoir : "Je vois bien les oeufs cassés, mais où donc est l'omelette ? " Extrait : Il voulut répondre, mais elle le quitta. Cloué sur place, Adrien la suivait du regard ; elle allait droit devant elle, tout droit, comme sa vie avait été droite, simple, douloureuse ; quant au seul écart dont elle s'était rendue coupable, elle ne le regrettait pas, encore qu'il lui coûtât cher. Avec son cachemire sur la tête, sa blouse en tissu bon marché, son mouchoir à la main droite, elle soulevait légèrement de sa main gauche la jupe trop longue qui ramassait la poussière, et elle tenait les yeux fixés devant ses pieds, comme si elle eût cherché quelque chose -- quelque chose qu'elle n'avait pas encore perdu, quelque chose qu'elle était en train de perdre.

10/2022

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Romans historiques

LES RÉCITS D'ADRIEN ZOGRAFFI. Tome 3

Figure assez connue de la littérature de l'entre-deux-guerres, Panait Istrati tombe dans un oubli quasi complet pendant plusieurs décennies ; son oeuvre est interdite en France durant la guerre et en Roumanie durant le régime communiste. Rattrapé par la misère, malade et seul, il tente de se suicider à Nice en janvier 1921. Il est sauvé et on trouve sur lui une lettre non envoyée qu'il avait écrite à Romain Rolland. Celui-ci en est averti et lui répond promptement en l'encourageant dans sa démarche d'écrivain. Durant des séjours en Union Soviètique, il devine, derrière l'accueil réservé aux hôtes étrangers, la réalité de la dictature stalinienne, qui lui inspire l'écriture de Vers l'autre flamme, confession pour vaincus, ouvrage coécrit avec Boris Souvarine et Victor Serge dans lequel, il dénonce sans concession l'arbitraire du régime soviétique. Selon Louis Janover, "Istrati décrit l'exploitation impitoyable des travailleurs par une bureaucratie prête à tout pour défendre ses privilèges" . L'ouvrage, contient la fameuse réplique d'Istrati à l'un des leitmotifs de l'argumentaire communiste ("on ne fait pas d'omelette sans casser des oeufs"), à savoir : "Je vois bien les oeufs cassés, mais où donc est l'omelette ? " Extrait : Il voulut répondre, mais elle le quitta. Cloué sur place, Adrien la suivait du regard ; elle allait droit devant elle, tout droit, comme sa vie avait été droite, simple, douloureuse ; quant au seul écart dont elle s'était rendue coupable, elle ne le regrettait pas, encore qu'il lui coûtât cher. Avec son cachemire sur la tête, sa blouse en tissu bon marché, son mouchoir à la main droite, elle soulevait légèrement de sa main gauche la jupe trop longue qui ramassait la poussière, et elle tenait les yeux fixés devant ses pieds, comme si elle eût cherché quelque chose -- quelque chose qu'elle n'avait pas encore perdu, quelque chose qu'elle était en train de perdre.

10/2022

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Romans historiques

LES RÉCITS D'ADRIEN ZOGRAFFI. Tome 4

Figure assez connue de la littérature de l'entre-deux-guerres, Panait Istrati tombe dans un oubli quasi complet pendant plusieurs décennies ; son oeuvre est interdite en France durant la guerre et en Roumanie durant le régime communiste. Rattrapé par la misère, malade et seul, il tente de se suicider à Nice en janvier 1921. Il est sauvé et on trouve sur lui une lettre non envoyée qu'il avait écrite à Romain Rolland. Celui-ci en est averti et lui répond promptement en l'encourageant dans sa démarche d'écrivain. Durant des séjours en Union Soviètique, il devine, derrière l'accueil réservé aux hôtes étrangers, la réalité de la dictature stalinienne, qui lui inspire l'écriture de Vers l'autre flamme, confession pour vaincus, ouvrage coécrit avec Boris Souvarine et Victor Serge dans lequel, il dénonce sans concession l'arbitraire du régime soviétique. Selon Louis Janover, "Istrati décrit l'exploitation impitoyable des travailleurs par une bureaucratie prête à tout pour défendre ses privilèges" . L'ouvrage, contient la fameuse réplique d'Istrati à l'un des leitmotifs de l'argumentaire communiste ("on ne fait pas d'omelette sans casser des oeufs"), à savoir : "Je vois bien les oeufs cassés, mais où donc est l'omelette ? " Extrait : Il voulut répondre, mais elle le quitta. Cloué sur place, Adrien la suivait du regard ; elle allait droit devant elle, tout droit, comme sa vie avait été droite, simple, douloureuse ; quant au seul écart dont elle s'était rendue coupable, elle ne le regrettait pas, encore qu'il lui coûtât cher. Avec son cachemire sur la tête, sa blouse en tissu bon marché, son mouchoir à la main droite, elle soulevait légèrement de sa main gauche la jupe trop longue qui ramassait la poussière, et elle tenait les yeux fixés devant ses pieds, comme si elle eût cherché quelque chose -- quelque chose qu'elle n'avait pas encore perdu, quelque chose qu'elle était en train de perdre.

10/2022

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Romans, témoignages & Co

Marche ta peine

Ulis est beau, charmeur, charmant. Il plaît aux filles et est très populaire au collège. Enfin. . . il était. Car, depuis ce qui est arrivé à Noah, tout le monde le déteste. Pour échapper au centre de détention pour mineurs, Ulis doit participer au programme "Marche ta peine"  : deux mois de randonnée à travers la France, au côté d'André, un homme bourru et taiseux, qui a remplacé à la dernière minute l'éducateur qui devait l'accompagner. Deux mois pour que le garçon réfléchisse à ce qu'il a fait. Car Ulis ne comprend pas ce qu'on lui reproche  : après tout, ce n'est pas lui qui a poussé ce boloss de Noah par la fenêtre ! Il n'y est pour rien s'il a voulu se suicider ! Pas après pas, étape après étape, Ulis remplit le journal que la juge lui demandé de tenir et revient sur son histoire, sur ses souvenirs. Pas après pas, étape après étape, Ulis apprend à connaître André, un homme mystérieux, qui lui fait rencontrer des gens de son passé  : Dédé dans sa tente de SDF, Margareth dans son immense demeure. . . Tous ont la même photo de groupe, datant d'une autre époque. Tous semblent partager le même secret. Et si ce secret porté par André permettait à Ulis d'avoir une autre lecture de sa propre histoire ? Et si, à force d'avancer dans son voyage, le garçon finissait par avancer dans sa tête ? Un road-trip plein de suspense et d'humanité Un roman dans lequel on traverse les paysages de la France, en accompagnant pas à pas les deux protagonistes, des personnages forts et complexes, avec le désir ardent de découvrir quel lourd secret ils portent dans leurs sacs à dos. Un roman indispensable sur le harcèlement Avec beaucoup de subtilité et une empathie qui n'a rien de complaisant, Maryvonne Rippert décortique les mécanismes du harcèlement scolaire. Une histoire à mettre entre toutes les mains, notamment à l'occasion de la Journée nationale de lutte contre le harcèlement scolaire, le 5 novembre.

08/2022

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Poésie

Eléments d'un songe

Les Eléments d'un songe se présentent comme une suite de variations dont le thème initial est emprunté à L'Homme sans qualités de Musil. A la suite de cet écrivain, grand rêveur en quête d'états parfaits où l'on puisse oublier la laideur de la vie et l'horreur de la mort, mystique sans Dieu, passionné de la nature, Jaccottet cherche lui-même patiemment, en philosophe et en poète, les solutions qui permettent de vivre. Des images de femmes, tantôt exaltées, tantôt douces et plus enclines que l'homme à la résignation, s'associent fréquemment à ces méditations. Pour l'une d'elles, qui a tenté de se suicider avec du poison, il écrit " Ce n'était pas le ciel qu'il lui aurait fallu, mais la terre seulement un peu éclairée et l'air plus frais, et pouvoir passer sans horreur dans la boue. " Les remèdes habituels contre cette douleur de vivre et cette crainte de la mort, sagesse, religions, et jusqu'à la psychanalyse, paraissent à l'auteur sans pouvoir. L'amour semble capable d'effacer pour un temps ces angoisses ; mais " si le corps cherche la possession, l'âme n'en veut pas. La chance de Dieu est d'être insaisissable ". En fait, Dieu affleure à toutes ces méditations ; mais l'auteur voudrait redécouvrir " le feu des religions sans passer par la vie étroite d'une piété qu'il n'accepte pas ". Où peut mener cette mystique sans Dieu, cette soif inextinguible de beauté et d'harmonie, ce refus hautain de la réalité quotidienne, qui viennent buter sans cesse contre l'idée de la mort ? On est frappé par la noblesse et la poésie de ces méditations ; par la variété de ces thèmes que l'auteur développe, par son honnêteté foncière. Il s'agit, pour lui, plutôt que de pessimisme, d'une trop grande exigence, d'une ambition trop haute, qui ne désespère pas complètement de s'accomplir.

08/1961

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Historique

Charlotte Salomon. Les couleurs de l'âme

Harlotte Salomon (née à Berlin, 16/04/17 - morte à Auschwitz, 10/10/43) est une jeune artiste juive issue d'une famille prospère dont la mère s'est suicidée alors qu'elle n'avait que neuf ans. Elle fréquente l'école des arts purs et appliqués jusqu'en 1938, date à laquelle la montée de l'antisémitisme la pousse à s'enfuir dans le sud de la France pour vivre avec ses grands-parents. En 1941, vivant désormais seule, elle commence à peindre ce qui deviendra l'oeuvre de sa vie : plus de 1000 gouaches à caractère autobiographique. Ses séquences, présentées comme des fragments de film, sont parsemées de mots mais aussi de suggestions musicales contemporaines qui en font le script de tout une comédie musicale, des années avant que le genre soit à la mode. En 1943, elle confie son oeuvre au médecin local dans une grande valise avec le souhait qu'il "garde ceci en sécurité, c'est toute ma vie". En septembre de la même année, elle épouse un autre réfugié juif allemand, Alexander Nagler. Tous deux sont arrêtés et elle est transportée à Auschwitz alors qu'elle est enceinte de cinq mois. Elle ne reviendra pas... Gian Marco De Francisco est architecte, dessinateur et illustrateur basé à Tarante. Il a publié plusieurs romans graphiques. Il est le cofondateur de l'école de bande dessinée Grafite située à Tarente, Bari et Lecce. Il a d'ailleurs créé le premier centre régional d'apprentissage de la bande dessinée dans les Pouilles et continue d'en être le coordinateur. Ilaria Ferramosca est scénariste et auteur. Elle a réalisé des scénarios pour les éditeurs BeccoGiallo, Tunué, 001 Edizioni et Edizioni Voilie. Elle a été parmi les finalistes du prix national Italo Calvino (XXVe édition). Elle enseigne l'écriture de scénarios dans les locaux de Lecce et de Tarente de l'école de bande dessinée Grafite, où elle dirige également le cours de formation pour les professeurs.

01/2023

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Ecrits sur l'art

Les muses ne dorment pas

" Un "tableau mort" - en termes de vente aux enchères - qualifie les oeuvres qui ne peuvent être authentifiées pour quelque raison étrangère à l'oeuvre même. Mais parfois ces dénommés "tableaux morts" suggèrent plus de vie que bien d'autres toiles authentifiées par convenance". Quand elle visite, dans le cadre de la collection "Ma nuit au musée" , les salles du musée Thyssen-Bornemisza, à Madrid, en mars 2019, Zoé Valdés cherche des toiles qui n'y sont pas, ou n'y sont que dans son souvenir. Sachant que l'art l'a sauvée "de la constante incurie sociale et politique" qui régnait à Cuba, Zoé va faire une étrange plongée dans un monde mi-chimérique mi-réelle qui nous entraîne à la poursuite de deux muses, et deux peintres célèbres, Balthus et Bonnard. Comment les aborder, ces deux maîtres de la pose suggestive, érotique, infantile, faussement innocente, que par le roman-résurrection du passé ? Le livre se divise alors en deux parties : la première met en scène, sous l'apparence joueuse de l'imaginaire, une jeune modèle qui pose pour Balthus, jouant au chat et à la souris avec le maître du "Passage du commerce Saint-André" . Qui regarde qui ? Qui désire qui ? L'art produit-il du rêve, à mi-conscience, ou au contraire du réel brûlant ? La deuxième partie nous montre une autre muse, Renée de Monchaty, amante idéalisée par Pierre Bonnard dans "Femme à sa toilette" , et qui se suicida par amour déçu, en 1925. Les muses sont des jeunes filles, des adolescentes parfois, des innocentes sacrifiées sur l'autel du désir des peintres. Aujourd'hui, elles feraient des procès. A l'époque, elles n'avaient le choix que de poser pour de l'argent, ou pire, par dévotion. Dans ce récit somnambulique et sensuel, teinté du réalisme magique de l'Amérique latine, le vrai et le faux s'entrelacent comme des fleurs vénéneuses. Traduit de l'espagnol par Albert Bensoussan

06/2021

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Littérature étrangère

La femme tombée du ciel

Une catastrophe écologique provoquée par la multinationale Domidion lors de la construction d'un oléoduc élimine toute forme de vie dans l'océan près de Samaritan Bay, sur la côte de Colombie-Britannique, et fait des victimes parmi les autochtones de la réserve voisine qui jadis accueillait la migration annuelle des tortues, des oiseaux et des touristes. Les deux personnages principaux du roman sont les responsables de cette catastrophe et vont chercher leur rédemption, chacun à sa manière. Le chercheur Gabriel Quinn, scientifique génial qui a mis au point le défoliant mortel GreenSweep, puis lutté contre sa mise en vente, dévoré de culpabilité, vient s'installer secrètement dans la réserve polluée, d'où est originaire sa propre mère, dans l'intention de se suicider. Il y rencontre des survivants qui vont lui redonner goût à la vie : Mara Reid, peintre ayant grandi sur la réserve, dont la sexualité décomplexée initiera Gabriel ; Nicholas Crisp, sage et coloré doyen des lieux ; Sonny, jeune maître des tortues, collectionneur d'objets vomis par la marée. Dorian Asher, le PDG de Domidion, narcissique et attachant à la fois, ne lit rien, n'aime pas les Arts, est même indifférent à la procédure de divorce instruite par sa femme. Il tente d'oublier un nouveau scandale écologique qui s'annonce (cette fois-ci dans une rivière de l'Alberta) en fuyant dans de luxueux hôtels, savourant sa solitude et avec pour unique obsession le choix de sa nouvelle montre... Gabriel et Dorian ne se reverront pas mais, liés par le désastre, ils connaîtront des sorts inattendus. La femme tombée du ciel est un livre à l'humour satirique dévastateur. Thomas King use habilement des traditions amérindiennes pour mieux faire ressortir la monstruosité de l'homme contemporain vis-à-vis de son environnement : le lobby des armes, l'industrie chimique, l'agriculture à haut rendement, le capitalisme sont férocement critiqués tout au long de ce roman foisonnant et engagé, baigné d'une lumière poétique des origines, indispensable et guérissante.

04/2017

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Actualité et médias

Les abandonnés de la République. Vie et mort des Amérindiens de Guyane française

La Guyane : le plus vaste département français, un 6e de la surface de l'Hexagone, 9 000 Amérindiens de différentes ethnies, qui vivent pour l'essentiel au bord des fleuves frontaliers (Maroni et Oyapock) à l'intérieur du territoire. Depuis plusieurs années, un drame se joue dans le silence et l'indifférence : une épidémie de suicides parmi les jeunes avec un taux vingt fois plus élevé qu'en métropole, et une contamination au mercure due à l'orpaillage clandestin qui provoque une catastrophe sanitaire. Depuis trente ans, la France n'a rien fait pour ces populations : conditions de vie déplorables, éloignement imposé aux jeunes enfants, destruction de la culture et de l'identité amérindiennes, emprise des sectes... L'exploitation clandestine de l'or dans la forêt amazonienne française a des conséquences désastreuses sur l'environnement. De 10 à 20 000 chercheurs d'or clandestins opèrent en Guyane et créent une insécurité permanente que les forces de l'ordre ont du mal à gérer sur un territoire aussi vaste. Pour les populations amérindiennes, la réalité de l'orpaillage, c'est un véritable état de guerre, aggravé par la destruction de l'environnement. Selon l'Organisation Mondiale de la Santé, les Amérindiens du Haut-Maroni sont parmi les plus touchés au monde par la contamination au mercure. Ils s'empoisonnent en consommant l'eau et les poissons des fleuves qui traversent leur territoire. Plus de 25 % des enfants connaissent des altérations neurologiques. La France leur a offert une nationalité et un drapeau, des ressources (RSA et allocations familiales) sans pour autant leur donner un accès aux droits, à l'éducation et à la santé. Absence quasi-totale d'infrastructures, d'équipements et de services publics, la République les laisse vivre dans des conditions socio-économiques désastreuses. Lorsqu'elle était députée de Guyane, Christiane Taubira était l'une de leurs avocates les plus acharnées. Ce livre est le premier ouvrage d'envergure consacré aux Amérindiens de Guyane française et il devrait provoquer un électrochoc dans l'opinion publique.

09/2014

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Psychologie, psychanalyse

Virginia Woolf. L'écriture refuge contre la folie

"Je suis faite de telle sorte que rien n'est réel que je ne l'écrive" écrit Virginia Woolf (1882 - 1941) en 1937. Les textes de cet ouvrage, qui réunit psychanalystes et chercheurs en littérature anglaise, éclairent la singularité de l'écriture de Virginia Woolf, écriture si étroitement nouée à son histoire et qu'elle remet sur le métier d'un texte à l'autre. Virginia Woolf fut violée par ses demi-frères, elle souffrit de la mort prématurée de sa mère, de son père, de sa demi-soeur et de son frère, et elle mit fin à ses jours pendant la guerre. Les auteurs de ce livre ont cependant pris la position de ne pas tenir Virginia Woolf pour une déprimée, une "victime exemplaire" des théories du traumatisme, mais bien plutôt de cerner sa bataille avec les mots contre une douleur d'existence. La lecture de son oeuvre révèle la tâche infernale à laquelle elle s'est livrée et les moyens qu'elle a trouvés pour se protéger de ce qu'elle nomme son "horreur". Les textes rassemblés ici suivent l'écrivain à la trace, dans ses écrits fictionnels, auto-biographiques, et, particulièrement, dans ses écrits les plus tardifs car c'est là que s'exposent de façon fulgurante son ironie et l'éclatement de son monde intérieur. N'oublions pas, enfin, que Virginia Woolf - éditrice de Freud avec son mari - fut elle-même traversée par la psychanalyse ; elle en témoigne fréquemment dans son Journal. Seul le recours incessant à l'écriture donne pour elle consistance à la réalité, "sans le secours d'aucun discours établi", comme l'avance Jacques Lacan du "dit schizophrène" dans son texte "l'Etourdit". L'écriture de Virginia Woolf témoigne du mystère incessant qu'elle fut pour elle-même sans que l'on puisse ici, toutefois, conclure qu'écrire aura réussi à apaiser sa certitude de "redevenir folle", hantise confiée à son mari dans la dernière lettre qu'elle lui laissa avant de se suicider.

03/2011

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Sciences politiques

Terreur et martyre. Relever le défi de civilisation

Depuis le 11 septembre 2001, deux Grands Récits opposés se sont disputés l'intelligence du monde : la guerre américaine contre la terreur et l'exaltation du martyre par les jihadistes. En voulant nous sauver du Mal - l'un pour parachuter la démocratie au Moyen-Orient, l'autre pour assurer l'apothéose de l'islamisme radical sur la planète - ils ont enfanté la barbarie. En restent des images d'abjection et de violence qui peuplent les écrans de télévision et d'ordinateur : otages occidentaux égorgés en Irak, victimes déchiquetées d'attentats-suicides, prisonniers musulmans dénudés à Abou Ghraïb ou torturés à Guantanamo. Mais sur le terrain, ni les néo-conservateurs ni Al Qaida ne l'ont emporté, basculant au contraire dans la déchéance morale. Et ils ont ouvert la voie à leur ennemi commun de Téhéran - ravivant les conflits entre chiites et sunnites, entre Persans et Arabes, sur les rives pétrolifères d'un Golfe désormais hanté par la menace nucléaire. Avec les succès remportés par le Hezbollah face à Israël, la conquête de Gaza par Hamas, le fiasco de l'occupation de l'Irak, la paix américaine, qui devait simultanément sécuriser l'État hébreu et les flux d'hydrocarbures, s'est avérée une chimère. Comment rompre le cercle vicieux de la Terreur et du Martyre ? L'Europe, pourtant marginalisée depuis le 11 septembre, cible d'attentats islamistes à Londres ou Amsterdam, prise en otage par l'affaire des caricatures du Prophète, secouée par les émeutes des banlieues françaises, représente paradoxalement le vecteur de la rencontre concrète entre tous ceux qui partagent la même volonté de relever le défi de civilisation face à cette barbarie. En construisant un espace de prospérité qui s'étende jusqu'au Golfe à travers la Méditerranée, elle établira les contours d'une nouvelle région fournissant le seul cadre adéquat pour la paix- à condition qu'elle fasse preuve de courage politique.

03/2008

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Théâtre

Cailloux

La pièce se passe à Capri, mais c'est un Capri hors saison, débarrassé des touristes et des estivants, réduit à sa petite société cosmopolite qui, sur ce "caillou", espère trouver un remède à son angoisse. Arrive le vieux Douglas Forstetner, ex-roi du chocolat. Il est venu à Capri pour y acheter une maison et chercher à entrer dans ce milieu plein de prestige à ses yeux. Il est accompagné de son secrétaire, un jeune Hongrois réfugié, sans argent, sans papiers, sans appuis. Douglas lui fait cruellement sentir à quel point il dépend de lui. Le jeune Hongrois pourtant s'éprend de Sandra et, poussé par elle, il va lutter pour retrouver sa liberté. Par snobisme, Douglas multiplie les attentions à l'égard d'une Américaine, Marjorie Watson, dont tout peut faire penser qu'elle est une des reines de New York. En réalité, c'est une petite employée, à qui le hasard a fait gagner une certaine somme et qui s'en est servie pour vivre son rêve : mener la grande vie pendant quelques mois. Elle aime Vos, un peintre qui a renoncé à la peinture et qui a cru trouver à Capri son équilibre et sa paix. Déçue, à bout de ressources, Marjorie finira par se suicider. Pour sauver le jeune Hongrois, Sandra vole l'argent de Forstetner. Elle sera arrêtée. Le jeune Hongrois renonce au combat. Il accepte son esclavage. A côté de ces deux couples qui luttent pour leur bonheur, gravitent d'autres personnages dont l'exemple contribuera à les acheminer vers la défaite : Cetrilli, le play-boy mâtiné de bourgeois ingénu, lady Ambersford qui vole les petites cuillers, lady Noakes qui les rapporte, Passiekoc, l'antiquaire somnambule, Jacquot, le joli parasite. Comme l'île sur laquelle ils vivent, tous ces personnages sont des cailloux. Ils sont atteints de ce mal contemporain : l'impossibilité de communiquer. Il s'agit ici d'une pièce où l'essentiel peut-être se trouve dans ce qui est suggéré, non dans ce qui est dit.

04/1962

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Littérature française (poches)

L'autre rive

" En quête de ses véritables origines, Benoît fut élevé par une mère adoptive aussi affectueuse que crasseuse, ancienne faiseuse d'anges devenue taxidermiste. [D'Ecorcheville,] cette cité des ténèbres nichée au bord du Styx, Georges-Olivier Châteaureynaud énumère les particularismes avec une délectation hypnotique. "Le régime n'avait rien d'une dictature. Une séducture, ou plutôt une enjôlure", précise-t-il, humant jusqu'à l'ivresse les recoins d'une ville hors du temps, où "les ragots couraient à la surface des jours avec une désarmante facilité, comme le feu dans l'herbe sèche." Bombes propulsant le récit à une vitesse frénétique, ses phrases fascinent par leur mélange de cynisme et de candeur, de lucidité ricanante et de crédulité enfantine. Ersatz flamboyant de Prague et de Bagdad, de Londres et du Caire, Ecorcheville est régie par un "principe d'incertitude" doublé d'une vérité imparable : "S'il existe une chose digne d'être sue, cette chose est forcément cachée." Peuplée d'êtres aussi excentriques que leurs noms (Superbe et Aimé Proquinquor, Alcyon et Bételgeuse, Onagre, Cambouis ou Fille-de-Personne), c'est l'antichambre cotonneuse de l'au-delà. Quiconque se lève à l'aube et se tapit sur les berges du fleuve peut voir les défunts s'embarquer vers leur dernière demeure. Si la mort est omniprésente dans ce livre trépidant et guilleret, elle prend les formes les plus inattendues (églises abandonnées comme des squelettes, machines à suicides mitraillant les volontaires pour 10 euros, pluies de mouches crevées criblant les murs), et reste une fatalité distrayante. D'une grande malice, Georges-Olivier Châteaureynaud chatouille les questions métaphysiques pour écouter le rire qui en sourd. Un peu comme l'incroyable personnage de Faunet, un satyre qui met ses pieds de bouc dans le plat et bouscule toutes les âmes d'Ecorcheville sur son passage. Y aura-t-il quelqu'un pour offrir ce livre à Jean-Pierre Jeunet ou à Tim Burton ? " Marine Landrot, Télérama. Cont

10/2017

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Littérature française

Les villes de la plaine

Les Villes de la plaine est un roman antique, campé dans une civilisation imaginaire qui emprunte des traits à l’Egypte et à la Babylonie, mais aussi à l’Ancien Testament. Une civilisation du Livre, monothéiste avant l’heure, qui malgré son exotisme nous est bien plus proche qu’il n’y paraît. Asral, le personnage-clef du roman, est scribe : sa mission est de produire une copie neuve du « testament d’Anouher », ce héros mythique qui donna des lois à la ville de Sir. Très vite il s’avise que la langue sacrée qu’il transcrit est vieillie, que ses mots ont changé de sens, et que par conséquent la vraie fidélité à l’esprit des lois consisterait à les reformuler, afin qu’elles soient à nouveau comprises telles qu’elles avaient été pensées quatre ou cinq siècles plus tôt. Il se lance dès lors, secrètement, dans la rédaction d’une deuxième « copie », qui est en fait une traduction. Son garde, un fruste montagnard, est pour lui un soutien précieux : pas seulement pour aller chercher des rouleaux de papyrus supplémentaire dans les magasins du haut palais, en prétextant que la réserve a brûlé. Mais aussi pour l’aider, par son bon sens et son recul d’étranger nouvellement arrivé, à trouver le mot juste : c’est qu’Ordjeneb (Ordjou pour les intimes, écrit malicieusement l’auteur) ne maîtrise ni la langue ni les codes de cette ville, qui en est confite. Il le paie chèrement le jour de son arrivée, c’est la première scène du livre, quand, demandant sur la place du marché le sens des paroles d’une chanson, il transgresse un interdit en prononçant le nom d’Anouher. Trois solides gaillards le tabassent et il ne doit le salut qu’à une jeune veuve qui l’héberge pour la nuit… Le lendemain matin, elle lui conseille d’aller voir le scribe, dont elle est la lingère et dont elle sait qu’il cherche un domestique. C’est tout le talent de Diane Meur que de parvenir, dès les premières pages de son livre, à incarner ses personnages dont les puissants affects embarquent le lecteur pour des épisodes haletants. Car il n’est pas question que de lettre et d’esprit dans ce formidable roman. Ordjou s’est follement épris de la belle lingère dont tout le sépare pendant qu’Asral soupire pour un jeune chanteur du faubourg des vanniers… Quant à l’entreprise de traduction du scribe, elle n’est pieuse qu’en apparence : les juges de la ville, exégètes attitrés de l’Ecriture, ont tôt fait d’en avoir vent et d’en mesurer le caractère subversif. Et les découvertes d’Asral sur un texte dont il comprend qu’au fil du temps il a été amendé, interpolé, voire amplifié, seront démystifiantes sur un plan religieux et, sur un plan politique, proprement révolutionnaires. Au point que, l’entreprise d’élucidation devenue hérésie et schisme, le cadre figé de la vie à Sir explose, entraînant une guerre civile qui devient rapidement guerre tout court. Car l’autre ville de la plaine, peuplée de transfuges et de bannis de la première (elle est à Sir ce que le Nouveau Monde est à l’ancien), se lance dans un jeu retors d’alliances. La dissension religieuse tournera à l’affrontement territorial et ethnique… La ville de Sir survivra-t-elle ? A long terme, il semble bien que non, quelques flash-forwards nous montrent une expédition d’archéologues prussiens, vers 1840, en train de mettre au jour ses premiers vestiges. Diane Meur, entre mythe et archéologie, érudition et parodie, brosse une fresque d’autant plus éblouissante qu’elle donne d’intéressantes clefs de réflexion sur le monde d’aujourd’hui… sans que jamais ne soit perdu le pur plaisir du mensonge romanesque.

08/2011

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Policiers

Les cicatrices

Centralia, Etat de Washington. La vie d'Owen Maker est une pénitence. Pour s'acheter la paix, il a renoncé à toute tentative de rébellion. En attendant le moment où il pourra se réinventer, cet homme pour ainsi dire ordinaire partage avec son ancienne compagne une maison divisée en deux. Il est l'ex patient, le gendre idéal, le vendeur préféré de son beau-père qui lui a créé un poste sur mesure. Un type docile. Enfin, presque. Car si Owen a renoncé à toute vie sociale, il résiste sur un point : ni le chantage au suicide de Sally ni les scènes qu'elle lui inflige quotidiennement et qui le désignent comme bourreau aux yeux des autres ne le feront revenir sur sa décision de se séparer d'elle. Mais alors qu'une éclaircie venait d'illuminer son existence, Owen est vite ramené à sa juste place. Son ADN a été prélevé sur la scène de crime d'un tueur qui sévit en toute impunité dans la région, et ce depuis des années. La police et le FBI sont sur son dos. L'enfer qu'était son quotidien n'est rien à côté de la tempête qu'il s'apprête à affronter. " Un polar original et addictif. " Le Parisien " Machiavélique. " Femme Actuelle " Une romancière à suivre de près. " CNEWS " Claire Favan fait partie des pointures du thriller féminin français. " Femmes d'aujourd'hui " Claire Favan est une grande auteure de thrillers, de suspense. " NYCTALOPES " J'aime tout simplement les ouvrages qui me mettent une bonne claque ! Ici tout y était. C'est bien simple, j'ai dévoré ce livre ! Quel talent ! L'écriture est franche, sans fioritures. " ARIA AND BOOKS Avec Les Cicatrices, j'ai été bluffée, subjuguée et tellement emportée par cette histoire qui est OUFISSIME !!! Je le classe directement dans les livres " à lire absolument " ! Les lectures de Moe " Claire Favan ou l'art de manipuler le lecteur ! J'ai tout bonnement adoré ma lecture ! " Les lectures de Linzio " Par un jeu habile de narration l'autrice parvient à nous surprendre, s'amusant de ces ressors pour mieux nous tromper. " Les Pipelettes en parlent Claire Favan travaille dans la finance. Elle est l'autrice, entre autres, de l'inoubliable diptyque composé du Tueur intime (prix VSD du Polar 2010, prix Sang pour Sang Polar 2011) et du Tueur de l'ombre, de Serre-moi fort (prix Griffe noire du meilleur polar français 2016) et, récemment, d'Inexorable. Roman après roman, elle poursuit son exploration des contre-jours de l'humanité.

03/2020

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Théâtre

Le ping-pong

Le Ping-Pong (1955), pièce politique qui inaugure chez Adamov une veine nouvelle, constitue à bien des égards un cas dans sa production littéraire. Le flipper d'Adamov est au théâtre français ce que l'"assommoir" est au roman du même nom : une machine à asservir les hommes. Elles sont rares, les pièces dont le vrai héros est une machine. C'est le cas du Ping-Pong, où ce qui s'appelait à l'époque de sa rédaction le billard électrique, et qui se nomme aujourd'hui le flipper, se trouve - Adamov le dit - au "centre de la pièce". Ce jeu régit les propos et le comportement des sept personnages qui ne vivent que pour lui (Annette, ouvreuse de cinéma, Arthur, flâneur, et, dans une moindre mesure, Victor, étudiant en médecine), ou grâce à lui (le Vieux, chef du "Consortium" fabriquant les flippers, son secrétaire, Roger, Mme Duranty, et Sutter, agent chargé de relever les recettes). Et deux d'entre eux - Annette, qui se suicide devant un stand, et le Vieux, frappé en plein délire d'invention - meurent même à cause de lui. C'est l'enfer du jeu à la manière d'Adamov et c'est la première curiosité de la pièce. Il y a une deuxième curiosité : tout rivés qu'ils sont à la machine, les personnages ne sont pas des automates. Chacun a donc son caractère et son destin, ce qui amène à souligner la troisième curiosité de la pièce : la présence d'un comique qui n'existe sous cette forme dans aucune autre pièce d'Adamov. Car l'auteur - dont le titre lui valut de passer un temps pour un champion de ping-pong ! - s'est beaucoup amusé en composant la pièce, et c'est l'écho de ce rire qui la parcourt de bout en bout. Enfin, Le Ping-Pong amorce un spectaculaire tournant chez Adamov. Au vrai, c'est presque d'une révolution qu'il s'agit, puisque au drame strindbergien, nourri des rêves de l'auteur et situé dans une intemporalité voulue, succède brusquement, sous l'effet d'une conversion plus nette au marxisme qui coïncide avec la découverte de Brecht et suit de peu la rupture l'"avant-garde" incarnée par Beckett et Ionesco, un tableau de moeurs étroitement inséré dans le contexte des années 1950. Il n'y a plus de rêves dans Le Ping-Pong, il y a des faits qui, désignant clairement une réalité socio-économique (l'emprise d'un jeu qui rapporte et fait perdre beaucoup d'argent), jettent un regard critique sur la France de cette époque.

01/2012

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Philosophie

Traité sur la tolérance. Un texte pour la réhabilitation de Jean Calas, protestant faussement accusé et exécuté pour avoir assassiné son fils

Le Traité sur la tolérance est une oeuvre de Voltaire publiée en 1763. Ce texte vise la réhabilitation de Jean Calas, protestant faussement accusé et exécuté pour avoir assassiné son fils afin d'éviter que ce dernier ne se convertisse au catholicisme. Dans ce Traité sur la Tolérance, Voltaire invite à la tolérance entre les religions et prend pour cible le fanatisme religieux (plus particulièrement celui des jésuites chez lesquels il a fait de brillantes études étant jeune homme) et présente un réquisitoire contre les superstitions accolées aux religions. En janvier 2015, à la suite de l'attentat contre Charlie Hebdo, l'ouvrage de Voltaire se place au sommet des ventes des librairies un peu partout dans le monde. Ses ventes en France explosent en 2014 avec 185 000 exemplaires. L'oeuvre voltairienne fait suite au procès, à la condamnation à mort et à l'exécution de Jean Calas, père de famille huguenot, le 10 mars 1762. Jean Calas appartient à une famille protestante à l'exception de sa servante, catholique, et d'un de ses fils, converti au catholicisme. A la suite de la mort par suicide supposé de son fils aîné, la famille Calas se retrouve faussement accusée d'homicide volontaire. La famille est mise aux fers et le père, à la demande populaire, et sur ordre de 13 juges, est condamné à mort malgré l'absence de preuve. Le contexte historique est alors encore fortement marqué par les guerres de religions françaises des siècles précédents. A la suite de l'exécution de Jean Calas, qui plaide son innocence jusqu'à sa mort, le procès est rejugé à Paris et, le 9 mars 1765, la famille Calas est réhabilitée. La table des matières reproduite ci-dessous montre bien la démarche philosophique de Voltaire pour faire progresser le concept de tolérance. Il commence par un rappel des faits, poursuit en montrant que la tolérance devrait être naturelle pour le genre humain. Il se réfère aux anciens Grecs et Romains, puis détruit ensuite toutes les objections et notamment celle du martyr. Il investigue dans le Judaïsme, qu'il connaît bien, et n'y trouve pas plus de trace d'intolérance. Ensuite, il se penche sur la Chrétienté. Il donne sa conception du rapport entre Jésus-Christ et la tolérance en montrant constamment des signes de respect, d'allégeance, et en fournissant le plus possible de références chrétiennes comme Jésus-Christ lui-même, la Bible et les évangiles, et de nombreux auteurs chrétiens.

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Littérature française

Métamorphose d'un crabe

Christo, jeune surveillant, est nommé pour son premier poste. Il se voit comme un ethnologue embusqué, observant personnels et détenus. Mais se perdant dans son propre labyrinthe, il tente plusieurs chemins, avant que son projet ne prenne une tournure particulière. L'histoire de l'humanité prisonnière de l'autre côté des murs. "Des briscards de la délinquance émane une odeur puissante, dont il faut s'écarter, et dans sa malignité elle fissure les murs de détention. Peu importe la réalité, la vie morne des truands. Plus forte qu'elle, toute une imagerie de manade, un monde massif. Ou bien alors une arène avec des coqs de combat. Des cornes, des serres, du pointu. Le rond est féminin". Autant prévenir, avec Métamorphose d'un crabe pas de vue sur la mer, de bar terrasse et d'ensoleillement record : on y vit gris, ça gagne petit, à la rude, sans trop d'air et avec nul sourire. Ce que nous dévoile, au fil de ce monologue fiévreux, de cette confession rêche, Sylvie Dazy, c'est la prison au quotidien, la vie et rien d'autre d'un fonctionnaire de la pénitentiaire. Les plaisirs et les jours d'un maton lambda, mais qui médite l'écriture d'un "grand livre sur la prison". Notre homme s'appelle Christo, un gars du Nord, nanti d'une absurde licence d'anglais, poussé à l'ombre de la prison de Bapaume et qui, loin du café familial, "lève l'ancre pour une exotique nature" à savoir le monde de la tôle. Car là, sans doute avec son goût de l'écoute et de son oeil d'ethnologue, il pense assouvir son goût d'un ailleurs périlleux, d'une aventure en temps réel : "Du danger parfois, du risque, des armes. De la solidarité entre hommes aussi, et de la joie, les surveillants aimaient rire fort. Le matin serait une aventure". Mais si l'aventure est là, elle prend surtout l'allure d'une ronde sans fin, rythmée par le choc des talons et le cliquetis des clés, le grondement des roulantes et les alertes soudaines : suicide, feu, émeute, une vie de déambulations dans un sempiternel corridor ponctué de remontrances, de promotions et de mutations. Ensuite viennent les hommes, surveillants et surveillés, balances et demi-chefs, faux potes et vrais dingues. "La prison est une drôle d'école, on y travaille autant à la louche qu'au pinceau délicat, c'est ce que personne ne veut comprendre".

08/2016

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Musique, danse

Fugue pour violon seul

Dans les années 1970, alors que l’Albanie s’enfonce dans l’isolement et la répression sous le joug de son dictateur Enver Hoxha, Tedi Papavrami grandit, entouré de son père Robert, violon solo de l’orchestre de l’opéra de Tirana et brillant professeur de violon au conservatoire, et de sa mère, programmatrice musicale à la radio d’État. Dans leur maison épargnée par le découpage communautaire, Tedi est aussi entouré de l’affection de sa grand-mère et de son grand-père, Dodo, médecin à la retraite qu’il admire. Malgré son exigence démesurée et son peu de foi en son fils unique trop gâté, Robert Papavrami découvre chez Tedi des prédispositions tout à fait exceptionnelles pour le violon dès l’âge de quatre ans. L’enfant un peu paresseux ne cesse de chercher des subterfuges pour ne pas travailler, mais sous la férule intransigeante et intraitable de son père, il va développer techniquement et artistiquement ses dons. À huit ans seulement, il se produit en concert avec l’orchestre philarmonique de Tirana et sa virtuosité hors du commun, sa vélocité fulgurante sont remarquées. Un flûtiste français, Alain Marion, conquis par ce jeune prodige, obtient pour lui une bourse en France où il débarque à l’âge de onze ans, à la fois effrayé et émerveillé par cet "autre monde" qui lui avait toujours paru inaccessible. Sous la direction du grand violoniste Pierre Amoyal, Tedi prépare le concours d’entrée au Conservatoire national supérieur de musique de Paris qu’il réussit brillamment. Son père venu l’accompagner quelques mois doit cependant repartir au pays. Tedi reste alors seul, livré à lui-même, cantonné dans un appartement lugubre de l’ambassade, entouré d’un personnel froid et hostile. Pour ne pas succomber à la détresse d’une telle situation, il va se plonger corps et âme dans la pratique de la musique et dans la lecture. À la fin de ses études, désireux de continuer une carrière prometteuse qui serait compromise par un retour en Albanie, Tedi, et ses parents qui l’ont rejoint à Paris, demandent l’asile politique. Leur famille restée en Albanie devra payer leur liberté d’un prix très lourd : ses grands-parents et la famille de sa mère sont déportés et internés jusqu’à la chute du régime, en 1991. De retour en Albanie pour une tournée deux ans plus tard, Tedi y reverra son grand-père avant qu’il ne se suicide en 1993.

04/2013

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Littérature française

Un libraire

L'histoire d'une amitié entre un libraire et l'autrice, construite au fil des lectures. Un destin bouleversant " Raconter Jacques et témoigner de son destin singulier, si beau et si tragique à la fois, ce serait raconter au nom des libraires, pour eux et pour nous tous qui faisons ensemble société, quel libraire, essentiel parmi les essentiels, il demeure à jamais. Jacques Allano était libraire en Bretagne, à Saint-Brieuc. Faute de successeur, il était sorti de sa retraite, prise presque dix ans plus tôt, pour revenir en octobre 2019 à la tête de la librairie dont il était le cofondateur, Le Pain des rêves, et empêcher sa fermeture. Il en a été profondément heureux jusqu'au 16 mars 2020. Confronté à ses fragilités pendant le premier confinement, il s'est suicidé quelques jours après la réouverture de la librairie, le 16 mai 2020. Jacques était de la haute lignée des libraires. Un serviteur avant tout, humble et tenace, à la mémoire encyclopédique, au désordre savant parmi lequel seul un libraire peut se retrouver, et à l'amour inconditionnel des livres. Un homme qui, dans sa soixante-dixième année, avait repris du service dans cette librairie - sa vie, son oeuvre. Et moi qui ne supportais pas l'idée que ce lieu fût déserté et réduit au triste état de dent creuse dans un centre-ville en souffrance, je l'avais accompagné, abandonnant mes rêves d'écriture. Devant les clients et les représentants, Jacques m'appelait sa collaboratrice, faisant sonner clairement chaque syllabe. Pour le taquiner, entre nous, je lui disais patron. Un jour, presque à la fin, en riant, lui qui n'avait pas d'enfant, et moi non plus, il se rendit compte que j'aurais pu être sa fille. J'avais travaillé à ses côtés jusqu'au 15 mai ; soucieuse, j'avais aussi veillé sur lui comme sur un fils. Puis je me suis retrouvée seule. Brutalement seule dans la librairie le samedi 16 mai à 10 heures. Le téléphone. Le silence. Jacques était mort. Dans un premier temps, l'idée de raconter Jacques me parut révoltante à différents égards. Comment écrire sans trahir sa pudeur ? Comment faire avec les trous, les lacunes, les mystères, les contradictions ? Comment faire avec mon chagrin ? Mais un dimanche de novembre, alors que chaque jour depuis sa mort je lui parlais intérieurement, comme au temps du Pain des rêves que nous avions partagé en frère et soeur de livres, je commençai à lui écrire. " Mérédith Le Dez

09/2021

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Beaux arts

Vincent Van Gogh en 15 questions

Vincent Van Gogh, le premier des écologistes ? Gauguin a-t-il trahi ? Le suicide de qui ? Ce petit livre pédagogique explique en quinze textes clairs et concis la portée décisive de l'oeuvre tout en renversant les idées reçues régulièrement véhiculées sur l'artiste. La folie de Van Gogh a marqué sa vie et son oeuvre de façon tragique, et a aussi contribué à cette vision romantique de l'artiste incompris et maudit dont la gloire fut cruellement posthume. De ces pertes de contrôle, le peintre parle très tôt et son instabilité se manifeste dès les années de collège. Mais le jeune homme, lecteur boulimique et affamé d'images, croit aussi aux vertus thérapeutiques de l'art et du monde rural qu'il commence par idéaliser. Très tôt, il sentira le besoin de se rapprocher du monde du travail, afin de soulager les nécessiteux, puis les peindre. C'est d'abord le monde de la mine, où il apporte la parole du Christ, qui passe dans ses dessins, ce sera ensuite celui des travailleurs de la terre. Le peintre Millet domine déjà ses pensées. Mais Van Gogh n'entend pas peindre en suiveur autodidacte, ni se contenter d'une existence marginale. Il va se perfectionner avec une détermination sans faille. D'Anvers à Paris, son cursus est cumulatif, efficace et impressionnant. Maîtrisant parfaitement les données du marché de l'art, il enrôle Theo, son frère cadet, dans un pari sur l'avenir. Vincent sait que l'impressionnisme étant en passe de devenir une valeur marchande, le futur finira par sourire à la génération qui vient après... Le 20 février 1888, il s'installe à Arles qui marque le tournant, le zénith, le point culminant, le plus grand épanouissement de la décennie de l'activité artistique de Van Gogh. Des centaines de tableaux et de dessins naissent alors, plus solaires, plus fervents, plus élaborés et poignants que jamais. Avec l'aggravation de sa schizophrénie, il ne reste plus à Van Gogh que de conquérir Paris. Mais qui, en dehors de Theo et peut-être de Gauguin, peut comprendre le vrai secret de cette peinture qui tend à l'éclat majeur, à la maîtrise d'elle-même entre les crises qui se rapprochent ? En raison de l'incompétence du docteur Gachet, la dernière sera la bonne. Reste les milliers de preuves, devant Dieu, d'un moderne qui aurait tant aimé devenir à la fois le Rembrandt et le Delacroix de son temps... Au-delà des mythes poisseux, cette folie-là reste à comprendre.

02/2019

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Histoire du droit

Traité sur la tolérance. Un texte pour la réhabilitation de Jean Calas, protestant faussement accusé et exécuté pour avoir assassiné son fils

Le Traité sur la tolérance est une oeuvre de Voltaire publiée en 1763. Ce texte vise la réhabilitation de Jean Calas, protestant faussement accusé et exécuté pour avoir assassiné son fils afin d'éviter que ce dernier ne se convertisse au catholicisme. Dans ce Traité sur la Tolérance, Voltaire invite à la tolérance entre les religions et prend pour cible le fanatisme religieux (plus particulièrement celui des jésuites chez lesquels il a fait de brillantes études étant jeune homme) et présente un réquisitoire contre les superstitions accolées aux religions. En janvier 2015, à la suite de l'attentat contre Charlie Hebdo, l'ouvrage de Voltaire se place au sommet des ventes des librairies un peu partout dans le monde. Ses ventes en France explosent en 2014 avec 185 000 exemplaires. L'oeuvre voltairienne fait suite au procès, à la condamnation à mort et à l'exécution de Jean Calas, père de famille huguenot, le 10 mars 1762. Jean Calas appartient à une famille protestante à l'exception de sa servante, catholique, et d'un de ses fils, converti au catholicisme. A la suite de la mort par suicide supposé de son fils aîné, la famille Calas se retrouve faussement accusée d'homicide volontaire. La famille est mise aux fers et le père, à la demande populaire, et sur ordre de 13 juges, est condamné à mort malgré l'absence de preuve. Le contexte historique est alors encore fortement marqué par les guerres de religions françaises des siècles précédents. A la suite de l'exécution de Jean Calas, qui plaide son innocence jusqu'à sa mort, le procès est rejugé à Paris et, le 9 mars 1765, la famille Calas est réhabilitée. La table des matières reproduite ci-dessous montre bien la démarche philosophique de Voltaire pour faire progresser le concept de tolérance. Il commence par un rappel des faits, poursuit en montrant que la tolérance devrait être naturelle pour le genre humain. Il se réfère aux anciens Grecs et Romains, puis détruit ensuite toutes les objections et notamment celle du martyr. Il investigue dans le Judaïsme, qu'il connaît bien, et n'y trouve pas plus de trace d'intolérance. Ensuite, il se penche sur la Chrétienté. Il donne sa conception du rapport entre Jésus-Christ et la tolérance en montrant constamment des signes de respect, d'allégeance, et en fournissant le plus possible de références chrétiennes comme Jésus-Christ lui-même, la Bible et les évangiles, et de nombreux auteurs chrétiens.

11/2022