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Fasal Kanouté, Josée Charette

Extraits

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Littérature française

La chasse au mérou

La mission du poète est d'emmener le lecteur au fil de ses enchantements : c'est ce qu'une fois de plus réussit Georges Limbour avec la chasse au mérou qu'il fait entreprendre à Enrico, étudiant à l'Université de Salamanque. Grâce aux savantes techniques de l'auto-stop, Enrico traverse d'austères paysages brûlés de soleil ou de nuit qui le conduisent à Murcie puis Carthagène. Sur sa route, Nisé, belle joueuse de boules, lui donne un oeillet. Ensuite, apparaissant et disparaissant comme à travers la grâce absurde des songes tout baignés de lumière méditerranéenne, José et Pépé, Clindia et Aminda vont l'accompagner jusqu'au rivage où doit s'accomplir, non sans solennité, la chasse au mérou. Mais Enrico seul ose s'aventurer dans les vierges profondeurs sou-marines : ainsi va-t-il se trouver face à face avec le poisson fabuleux (illusion , rêve, génie ?) avant de lui livrer un combat sans merci. Le mérou meurt lentement. Le mérou est mangé au cours d'une fête. Ensuite, Enrico, dépouillé par sa conquête, retourne à Salamanque. Et s'il rencontre à nouveau Nisé sur sa route, Nisé qui lui offre une nuit d'amour inoubliable, ce n'est que pour marquer davantage sa solitude de vainqueur imaginaire. Qui est Enrico en fin de compte ? L'auteur de ce livre merveilleux nous laisse sur une ambiguïté donnant à l'oeuvre sa dimension profonde : a-t-il seulement recueilli l'étudiant à bord de sa voiture sur une route déserte ? S'est-il confondu avec lui au point de faire sien ce fragment étincelant de destinée ? Ou bien l'a-t-il inventé entre veille et sommeil afin de plonger plus profond dans les sources mêmes de son génie ? Entre ces diverses propositions, le lecteur a toute liberté de choisir ; dans quelque direction qu'il aille, il trouvera la bonne réponse : beauté, musique et vérité.

05/1963

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Beaux arts

Goya : du ciel à l'enfer en passant par le monde

Dans ce volume abondamment illustré, Werner Hofmann nous offre un vaste panorama de l'œuvre peint et gravé de Francisco Goya, introduisant le lecteur à la compréhension d'un univers visuel d'exception qui, dans son ambiguïté foncière et ses insondables énigmes, tient encore lieu aujourd'hui de métaphore du "monde comme asile de fous" : Enfer de l'Au-delà et enfer terrestre y sont intimement mêlés. Les pionniers et les novateurs de la fin du XVIIIe siècle et Francisco José de Goya y Lucientes fut certainement l'un des plus remarquables d'entre eux portent la marque d'une équivocité troublante, sur le plan à la fois moral et esthétique. Tel est ici le constat de Werner Hofmann, qui retrace d'un geste éclatant la vie et l'œuvre du peintre espagnol. Affirmant avec fierté qu'"il n'y a pas de règles en art", Goya rompt avec la tradition jusque dans ses peintures religieuses et déroule un extraordinaire et gigantesque éventail qui va des aimables cartons de tapisserie de sa jeunesse, avec tout le raffinement et la variété formelle du rococo, jusqu'aux écrasantes "Peintures noires" de ses dernières années, en passant par les séries graphiques des Caprices, des Désastres de la guerre et des Disparates, mais aussi par les genres du portrait où l'artiste fait preuve d'une pénétration peu commune, qu'il s'agisse de peindre l'individu ou la société, de la chronique de mœurs et du journal intime, dans ses albums de dessins. A suivre les clairvoyantes hallucinations du peintre, on comprendra que le monde est pétri de choses irrationnelles et absurdes. Goya en montre les abîmes, dans leur effroyable beauté et sans chercher à mettre un frein à leurs atrocités barbares, qu'il accentue au contraire par les sortilèges de son art. Inouïe et troublante, encore vivace aujourd'hui, la modernité de ses oeuvres tient tout entière à cet acte de création qui, sous la gouverne de la Raison, enfante un monde insensé.

10/2014

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Littérature française

Les Destins orchestrés

Julien, le narrateur, est un journaliste littéraire, installé depuis peu dans un petit appartement d'un vieil immeuble. Il pensait n'y rester que quelques mois mais il finit par aimer l'ambiance de ce lieu. Il y a là José, vieux communiste d'origine espagnole qui noie sa rancoeur dans l'alcool, il est le mari de la Jeanne la gardienne de l'immeuble. Elle se laisse aller depuis bien longtemps mais garde au fond des yeux une étincelle d'espoir. Pauline leur fille, lumineuse malgré un parcours chaotique, est leur rayon de soleil. Igor, un nouvel arrivant, pianiste russe émigré va changer le cours de leur vie. Il décide de rendre leur fierté à ses voisins cabossés par les épreuves de la vie. Tous les quinze du mois, il les réunit dans la cour intérieure de l'immeuble pour leur faire écouter diverses oeuvres musicales. A travers chaque morceau qu'ils découvrent ou réapprennent à aimer, ils se redressent. C'est un roman qui traite avant tout du pouvoir guérisseur de la création artistique, des liens qu'elle peut générer à travers le monde et les milieux sociaux. Il aborde également la face sombre de l'humanité que ce soit celle de la perversité dont peuvent être capables certains individus ou celle du mal collectif où chacun se dédouane derrière l'ordre établi alors que le vertueux devient hors la loi. Enfin le thème de la dégénérescence due à la vieillesse apporte le point final de cette histoire tirée du monde d'aujourd'hui. Brigitte Simonet est l'autrice d'un ouvrage intitulée Femmes de Guides pour lequel elle avait reçu le Prix René Desmaison en 2016. Elle a publié également deux albums jeunesse et anime des ateliers d'écriture après l'obtention d'un DU à l'université Paul Valéry de Montpellier. Les Destins orchestrés est son premier ouvrage de fiction.

12/2022

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Théâtre - Pièces

Antigonon, une brigade héroïque. Suivi de : Ces affaires ne sont pas mes affaires / Tiens tes enfants à l'alcool

Antigonon, une brigade héroïque : Cette pièce est un patchwork-cabaret qui pose un regard satirique, ironique et poétique sur les mythes et les héros de l'histoire de Cuba, de son indépendance à nos jours. La pièce se clôt sur une scène autour de laquelle les personnages s'appliquent à déconstruire un texte de José Martí : Abdala (1869), poème dramatique mettant en scène un jeune héros qui, contre l'avis de sa mère, décide de partir combattre pour défendre sa patrie face à une invasion étrangère. Réflexion sur l'histoire nationale mais aussi sur la façon dont elle est enseignée à Cuba. Ces affaires ne sont pas mes affaires : Cette pièce nous plonge au coeur de la " période spéciale " : la crise économique dans laquelle Cuba plongea à la suite de l'effondrement de l'Union soviétique. Les conséquences furent immédiatement visibles : magasin d'Etat vidés, pénuries d'essence, coupures d'électricité massives et à répétition. Une partie de la population cubaine choisit l'exil. Sur l'île, on cherche des solutions : pour parer au manque d'électricité, la population est sommée d'échanger ses vieux appareils électrodomestiques par d'autres, plus économiques. Les ampoules à incandescence, trop gourmandes en énergie, deviennent des pièces de musée. Tiens tes enfants à l'écart de l'alcool : Ce monologue a pour point de départ la mort du père, première étape d'une plongée dans un monde en putréfaction. De la merde, du sang, de la sueur, du sperme et des larmes, des descriptions glaçantes, une rage que rien n'apaise, cela serait vite irrespirable si ce n'était, aussi, formidablement drôle, grotesque, incongru comme ce poème en forme de chanson satirique sur les dangers d'une fellation en voiture... Ce jeu de massacre, où le fils fouille dans les entrailles du père agonisant pour en arracher la merde, a bien sûr valeur métaphorique : entre naufrage de la révolution et survie sordide.

11/2022

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Revues de psychanalyse

Revue des Collèges de Clinique psychanalytique du Champ lacanien N° 22, mars 2023 : Qu'est-ce qu'une clinique psychanalytique ?

Ce numéro 22 de la revue des Collèges de clinique psychanalytique du champ lacanien prend son élan d'une question : "Qu'est-ce qu'une clinique psychanalytique ? " Pour Lacan cette "question commence à partir de ceci qu'il y a des types de symptômes, qu'il y a une clinique. Seulement voilà : elle est d'avant le discours analytique, et si celui-ci y apporte une lumière, c'est sûr mais pas certain" . Si la psychanalyse n'est pas une science mais un discours, elle a pour tâche d'éclairer cette clinique qui la précède d'une façon originale, distincte des autres discours. En 1970, à l'occasion d'une intervention intitulée Apport de la psychanalyse à la sémiologie psychiatrique, Lacan revient sur le cas Aimée et interroge la différence entre sa position de psychiatre et de psychanalyste : "A la vérité, je ne vois pas une montagne ni rien qui me sépare de la façon dont j'ai procédé à cette époque-là. Ma patiente [... ] était vraiment très touchante. La façon dont j'ai procédé avec elle et ce que j'enseigne maintenant, je ne vois absolument aucune espèce de différence [... ]. Si on relit ma thèse, on voit cette espèce d'attention donnée à ce qui a été le travail, le discours de la patiente, l'attention que je lui ai apportée est quelque chose qui ne se distingue pas de ce que j'ai pu faire depuis". Apporter la plus grande attention au discours du patient jusqu'à s'en laisser enseigner distingue le discours analytique de celui de la science. A cette condition le discours analytique est susceptible d'éclairer cette clinique qui le précède. Avec les contributions de : Sidi Askofaré, Isabelle Boudin, Laurent Combres, Nadine Cordova, Jean-Claude Coste, Armando Cote, Jean-Pierre Drapier, Alexandre Faure, Bruno Geneste, Isabelle Geneste, Françoise Gorog, Jean-Jacques Gorog, Brigitte Hatat, Marie-Noëlle Jacob Duvernet, Bernard Lapinalie, Marie-José Latour, Phillipe Madet, Jean-Paul Montel, Muriel Mosconi, Pierre Perez, Sophie Pinot, Patricia Robert, Colette Soler, François Terral, Dominique Touchon Fingermann, Jean-Michel Valtat.

03/2023

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Histoire régionale

Dictionnaire familier d'Occitanie

Connaissez-vous l'Occitanie ? Entre Rhône et Garonne, du Massif central à la Méditerranée, des vignobles languedociens aux Pyrénées, cette région du sud est l'une des plus grandes des régions françaises, avec près de six millions d'habitants. Pour mieux faire partager ce territoire multiple et contrasté, une trentaine de spécialistes ont établi ce Dictionnaire aux 157 entrées. On y trouve aussi bien le Pic du Midi que le Port de Sète, des portraits du peintre Pierre Soulages ou des chanteurs Georges Brassens, Charles Trenet, Juliette Gréco ou Claude Nougaro. Un regard est porté sur les villes de Toulouse et de Montpellier, de Nîmes et de Perpignan, mais aussi de Castres, de Cahors, d'Alès, de Montauban ou encore de Carcassonne et de Lourdes... Les Ovinpiades, concours des jeunes bergers, y côtoient le CEA de Marcoule ainsi que de nombreux laboratoires de recherche. D'Auch au Larzac, on y rencontre D'Artagnan comme José Bové, de Pézenas à Carmaux, Boby Lapointe comme Jean Jaurès. L'Occitanie est une terre de résistances. Des Cathares de Montségur aux Camisards cévenols jusqu'aux Maquisards de la Seconde Guerre mondiale. L'Occitanie, c'est également un patrimoine naturel. Du pont du Gard aux Chemins de Compostelle, des garrigues languedociennes au Canal du Midi et au Cirque de Navacelles. Un patrimoine culturel aussi, du Festival de Radio-France Occitanie jusqu'aux cinémathèques et aux nombreux lieux de tournage pour le 7e art. Territoire en transition, résultat de la fusion entre Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées, l'Occitanie s'adapte au changement climatique, fait face aux risques de submersion marine, expérimente la ville intelligente. Patrie d'Olympes de Gouges et de la première femme médecin Madeleine Brès, adopté par l'écrivaine Lydie Salvayre, c'est aussi le pays d'Alfred Nakache, le nageur d'Auschwitz. Terre de vins et de gastronomie, aussi illustre par le roquefort que par le porc noir de Bigorre, l'Occitanie incite au tourisme, stimule la curiosité et invite à la découverte. C'est l'objet de ce livre.

07/2022

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Sciences politiques

La Politique du Paraguay

Le Paraguay est un Etat d'Amérique du Sud, indépendant depuis le 14 mai 1811. Il était auparavant une colonie espagnole. Les premières années d'indépendance du Paraguay sont marquées par la montée en puissance dès 1810, de José Gaspar Rodríguez de Francia, futur Dictateur (selon une référence romaine), élu pour cinq ans (1814), puis désigné comme Dictateur à vie (Perpetuo). Son obsession sera d'abord l'élimination de toute trace de la Couronne d'Espagne, puis des prétentions de Buenos Aires. Cette dernière enverra une petite armée commandée par le général Belgrano, qui sera vaincu aussi bien par les militaires dont l'allégeance était variable (Gamarra était loyaliste à l'Espagne, Yegros penchait pour Buenos Aires) que par la population qui rejeta l'invasion étrangère. Francia laissera planer l'équivoque sur ses positions de 1810 à 1811, éliminant ses opposants en s'appuyant sur le peuple d'abord de l'Intérieur (par opposition à la Capitale Asuncion), puis une grande partie des militaires de grades inférieurs et la population de la Capitale. Après la mort de Francia après un an de flottement, sa politique fut amendée par son successeur, Carlos Antonio López, autre civil qui parvint au pouvoir par une capacité de manoeuvre discrète. Exerçant un pouvoir toujours absolu mais consenti par le peuple, il ouvrit le pays aux techniques nouvelles (appel à des ingénieurs étrangers, envoi de boursiers en Europe, construction d'un chemin de fer, de chantiers navals, etc.), sans pour autant céder un pouce sur l'indépendance du pays, bien qu'il ait tenté d'établir des relations normales avec ses voisins et au-delà, en dépit de la pression de l'Argentine, du Brésil, de la Grande-Bretagne et des Etats-Unis, qui se faisait plus forte. Il cédera le pouvoir à son fils, Francisco Solano López, qu'il avait préparé dans ce but (voyage en Europe, médiation diplomatique entre factions argentines, commandement militaire, etc.), mais qui, nommé aussi commandant en chef, était fasciné par la chose militaire et ne cachait pas son admiration pour Napoléon Ier...

05/2021

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Préhistoire

Un bouquet d'ancêtres. Premiers humains : Qui était qui, qui faisait quoi, où et quand ?

Les incroyables découvertes paléontologiques et préhistoriques de ces derniers temps permettent de mieux comprendre l'origine africaine de l'Homme, survenue il y a 3 ? millions d'années, due à une simple nécessité d'adaptation à un changement climatique. Elles racontent les quelques millions d'années qui la précèdent comme ceux qui la suivent. L'ambition de ce livre est d'éclairer cette extraordinaire période qui voit la matière vivante se faire matière pensante. On y apprend que la lignée des Préchimpanzés et celle des Préhumains se sont séparées il y a une dizaine de millions d'années, la seconde s'établissant dans un milieu moins boisé que la première. On y voit ces Préhumains se mettre debout, marcher mais grimper encore. Six genres et une douzaine d'espèces illustrent ainsi cette extraordinaire radiation qui s'épanouit de 7 à 2 ? millions d'années dans l'arc intertropical, du Tchad à l'Afrique du Sud en passant par l'Ethiopie, le Kenya, la Tanzanie et le Malawi. Puis ces premiers humains, longtemps inféodés à la savane d'Afrique, en sortent et c'est en Israël, en Géorgie, en Turquie, au Pakistan, en Inde, au Laos, en Indonésie, en Chine, mais aussi, de l'autre côté, en Italie, en France, en Espagne, qu'on va les retrouver et les suivre, à partir de 2 ? millions d'années au moins en Asie, à partir d'un généreux million d'années en Europe... Et on y voit ensuite l'Homme moderne naître à son tour en Afrique, s'y déployer et en sortir il y a 200 000 ans. Cette belle histoire est bien entendu accompagnée de multiples événements qui tous posent de nouvelles questions qui la compliquent et l'enrichissent. Les conteurs, tous acteurs, sont Zeresenay Alemseged, Lee R. Berger, José Braga, Michel Brunet, Ronald J. Clarke, Yves Coppens, Anne Dambricourt Malassé, Fabrice Demeter, Robin Dennell, Yohannes Haile-Selassie, Sonia Harmand, Israel Hershkovitz, Dirk L. Hoffmann, Jean-Jacques Hublin, Marie-Hélène Moncel, François Sémah, Brigitte Senut et Amélie Vialet.

08/2021

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Histoire internationale

L'Idée d'Espagne. La difficile construction d'une idendité collective au XIXe siècle

Si le nationalisme a fait l'objet de nombreux débats et de nombreuses études historiques lors des dernières décennies, une lacune concernant le cas espagnol restait à combler. C'est ce que fait ce remarquable ouvrage de l'historien espagnol José Alvares Junco qui étudie la formation de l'identité collective en Espagne, ses succès, ses limites. Deux manières de considérer la question de la nation s'affrontent : celle qui voit en la nation une réalité naturelle et celle qui l'envisage contrite une création artificielle, comme le résultat de l'inculcation du sentiment d'appartenance de la part de l'Etat. C'est clairement dans la deuxième ligne théorique que s'inscrit le présent livre. Et c'est pourquoi il commence par analyser les origines de l'idée de nation espagnole qu'il trouve dans l'existence d'un sentiment de patriotisme ethnique. Il envisage ensuite le processus de construction du sentiment national proprement dit au XIXe siècle qui commence avec la guerre contre les troupes napoléoniennes. Deux visions de l'idée nationale vont progressivement s'affronter alors : celle des libéraux et celle des conservateurs qui trouvera son prolongement dans le national-catholicisme. Si chaque camp va élaborer une nationalisation de la culture, ni l'un, ni l'autre ne mènera à bien pour autant un travail de diffusion de l'identité nationale auprès de la population dur pays. En outre, deux facteurs essentiels pour la consolidation du sentiment national, l'entreprise coloniale et le combat contre un ennemi (le pays reste à l'écart du premier conflit mondial), manqueront à l'Espagne. Aussi aucun projet ne mobilisera les masses à l'orée du XXe siècle et les élites restent finalement dominées par un sentiment de décadence. Quiconque s'intéresse à la question de la nation trouvera dans cet ouvrage essentiel aussi bien une analyse approfondie du cas espagnol que de nombreuses pistes de réflexion sur ce sujet.

12/2011

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Histoire internationale

Essor des plantations et subversion antiesclavagiste à Cuba (1791-1845)

Lorsque lui parvint à Madrid où il se trouvait la nouvelle des débuts en 1791 de la révolution nègre dans la partie française de Saint-Domingue, Francisco de Arango y Parrerio qui fut l'oracle de la plantocratie cubaine comprit que l'heure de la félicité avait sonné pour les siens. De fait, dès les lendemains de la fameuse insurrection dite de Boukman qui ravagea la Plaine du Nord en Saint-Domingue, la grande île de Cuba va accueillir un contingent qui ira croissant de colons et de nègres français rescapés de la tourmente. L'intense transfert technologique et financier engendré par ce flux migratoire va modifier en profondeur les structures économiques du pays d'accueil et y altérer pour longtemps les relations sociales. Dès lors, l'esclavage cubain se métamorphosa en un système de production des plus coercitifs lié aux lois du marché. Dans ces conditions, on assiste à une remontée de l'insurgence nègre liée tant à l'entreprise des révoltes d'esclaves qu'à l'activisme des libres de couleur tout au long de la première moitié du XIXe siècle. Partant, il convenait de s'attacher au processus d'internationalisation du conflit nègre à Cuba dont les protagonistes ont été les Haïtiens et les Anglais mus par des desseins bien distincts. En contrepartie, la part a été faite aux mesures de répression et de dissuasion de la puissance coloniale qui sut tirer parti de la menace que constituait le " péril noir " pour juguler les velléités séparatistes à Cuba au temps des guerres d'indépendance de l'Amérique espagnole. Enfin, a été mise en lumière l'attitude des gens de Lettres cubains qui, en s'engageant dans la lutte contre l'esclavage et le préjugé de couleur, ont ouvert la voie aux Pères de la Patrie, de Carlos Manuel de Céspedes et Antonio Maceo à José Marti dont on connaît la geste insigne dans la seconde moitié du XIXe siècle.

10/2010

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Economie

L'altermondialisme en France. La longue histoire d'une nouvelle cause

Le rapide développement de la cause altermondialiste en France peut surprendre. Alors que la plupart des commentateurs évoquaient depuis la fin des années 1980 la crise du militantisme et le déclin de l'engagement, une association comme ATTAC, créée en 1998, est parvenue en quelques mois à rassembler plus de 30 000 adhérents. Et la présence française est massive dans les contre-sommets et les forums sociaux. Des milliers de jeunes, et moins jeunes, franchissent des centaines de kilomètres pour débattre avec d'austères experts de la dette du tiers-monde, du contrôle des institutions financières internationales ou des effets des politiques industrielles des pays développés sur l'environnement. Mais d'où vient une telle mobilisation ? Le roman des origines de l'altermondialisme raconte qu'il serait né avec les manifestations de Seattle contre l'OMC en 1999. En fait, le mouvement s'est construit à partir de traditions militantes qui ont trouvé à se reconvertir dans ce nouveau combat : la critique marxiste du capitalisme, les luttes contre la dette du tiers-monde, la gauche post-soixante-huitarde, l'anarchisme qui connaît une seconde jeunesse avec les " groupes d'affinités ", mais aussi le catholicisme social et le militantisme chrétien, très tôt tournés vers la solidarité internationale, les mobilisations paysannes, le syndicalisme ouvrier et les médias critiques et alternatifs. Cet ouvrage s'interroge ensuite sur le rôle essentiel qu'ont joué des événements et des acteurs tout à fait particuliers : l'évolution du syndicalisme et du monde associatif - mouvements des " sans ", coordinations et dissidences syndicales - ; les grèves de 1995 contre le Plan Juppé, ou les campagnes contre l'AMI en 1998 ; des personnalités tel que José Bové et, enfin, des médiateurs et des réseaux comme ceux du Monde diplomatique. Ce tableau, qui replace l'altermondialisme français aux côtés des cas italien, espagnol et américain, montre comment les idées, les savoir-faire et les militants passent les frontières, et comment le " local " s'articule étroitement avec le " global ".

01/2005

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Espagne

Nouvelles chartes visigothiques du monastère pyrénéen d'Asán. Edition français-anglais-espagnol

Le royaume visigothique de Tolède (VIe-VIIe siècles) est surtout connu à travers des sources normatives et narratives. Les documents de la pratique font presque totalement défaut jusqu'à très récemment, seul paraissait subsister le texte complet de deux chartes. Or la découverte et édition récentes de quatre chartes supplémentaires, provenant comme les deux précédentes du monastère pyrénéen Saint-Martin d'Asán, jette un jour nouveau sur le VIe siècle hispanique. Ce volume propose ainsi la première réflexion collective d'historiens, d'archéologues et de philologues sur le corpus des sin chartes d'Asán. Les contributions étudient l'ancrage territorial du monastère à travers les siècles et les systèmes d'exploitation qui le faisaient vivre, entre la plaine, le piémont et la haute montagne. Elles interrogent aussi l'expérience monastique pyrénéenne, l'une des premières connues en péninsule Ibérique, et ses liens avec le monachisme de Gaule méridionale et d'Italie. Elles découvrent la précocité inattendue du type documentaire de la charte de donation, socle s'il en est du travail des médiévistes. Elles mettent en évidence le rôle social de médiation joué par l'établissement ainsi que ses liens étroits avec le pouvoir royal arien, liens forgés à travers la manipulation du système fiscal et la nomination d'évêques issus d'Asán, et à la faveur de s situation de carrefour, dans un contexte de relations conflictuelles entre royaumes post-romains. Enfin elles incitent à reconsidérer avec attention certains documents plus tardifs liés au monastère : avec les dossiers hagiographiques de Victorien d'Asán et de Gaudiosus de Tarazona sont proposées ici les éditions critiques de leurs principaux témoins. Le corpus des chartes d'Asán, encore peu connu du public et des spécialistes, ouvre de nouvelles perspectives pour la ce des sociétés d'Europe méridionale dans les générations immédiatement postérieures à la fin de l'Empire tardif en Occident. Ont participé à cet ouvrage Roger Collins, Damian Fernández, Florian Gallon, Amancio Ida , José Carlos Martin-Iglesias, Christine Rendu. Marta Sancho i Planas et Guilermo Tomás-Faci.

03/2021

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Histoire du sport

"Mon slip était trop petit"

Un superbe éloge de la mauvaise foi dans le sport. C'est une évidence, les perdants sont plus nombreux que les gagnants. En football, un seul champion du monde pour 31 battus, une seule gagnante à Roland-Garros ou Wimbledon pour 127 malheureuses. Au coeur de cette masse sportive à la mine défaite, on distingue deux catégories : celle des vaincus qui reconnaissent avec humilité la supériorité de l'adversaire. Et l'autre, celle des mauvais perdants, qui brandit le déni comme un étendard et la mauvaise foi comme un bouclier. Car le mauvais perdant ne s'avoue jamais battu ! Devant l'évidence et la sanction du résultat, il refuse de renoncer à sa certitude d'être le meilleur. L'esprit chagrin, le corps brûlant de déception et, il faut bien le dire, la raison en berne, le mauvais perdant balance parfois tout et n'importe quoi. Au mieux de sa (mé)forme, il nous emmène sur un drôle de terrain : s'il a échoué, juré craché, il n'est pas responsable. C'est le cheval, trop court sur pattes pour ses jambes trop longues ; c'est le ramasseur de balle, trop lent ; la nourriture empoisonnée, la pluie qui tombe, le vent qui souffle, l'herbe trop haute ou le gazon trop sec ; c'est le ballon, trop bondissant ; c'est la génétique qui l'a fait trop chétif ; c'est les fantômes qui hantent les chambres d'hôtel, les grenouilles qui font du bruit ; les chaussettes trop rêches, un slip trop petit... La mauvaise foi est internationale, elle touche les vedettes (Antoine Griezmann, José Mourinho, Renaud Lavillenie, Deontay Wilder...), et concerne tous les sports, du football au cricket, en passant par le tennis, la boxe, le billard ou le lancer de fléchettes. Une fois n'est pas coutume, saluons donc les laissés-pour-compte de la gloire, les cocus de la compétition, les battus d'un souffle ou les vaincus à plate couture, les malchanceux et les mal en point.

10/2022

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Sports

Carnets taurins. Chroniques inédites, souvenirs et gourmandises : 20 ans de périple tauromachique

L'importance de Jacques Durand, et ce pour quoi on ne le remerciera jamais assez, c'est d'avoir installé dans la langue française les questions fondamentales de la tauromachie. Ce qu'il nous a amené, à nous qui ne sommes ni toreros, ni éleveurs, ni écrivains, juste des badeurs acharnés, c'est une langue qui traduise enfin la joie et la grandeur des émotions que nous ressentons dans les arènes. En s'appuyant sur deux principes: les histoires, petites et grandes, qu'il va pêcher dans les fonds de mémoire, et qu'il conte avec un talent précieux, et sa capacité magique à faire passer, dans la langue même, le grand souffle du mystère taurin. Des histoires, il y en a plein les pages - comme on dit plein les yeux - de ce livre qui salue les vingt années de la route des toros suivie passionnément, mais tranquillement, par Jacques Durand. Au fond, ce n'est pas un album, c'est le fond des poches de Jacques qui nous est ici entrouvert: ses photos, ses notes d'hôtel ou de restaurant, toute la petite quincaillerie du souvenir superbement mise en page et où se découvre en prime le courrier des lecteurs de Libération, haineux ou drôle, les collections de billets, de rencontres, le petit bout de toile jaune de la doublure de la dernière muleta de José Tomas avant sa retirada, offert par Zocato, ou un parte medical de l'infirmerie de l'arène de Cordoue... C'est un livre magnifique, qui résonne des fureurs, des joies et des peines, des fumées, des frôlements de la soie des capes de paseo, des odeurs de viande rôtie, des vins, rouges de Rioja, ou blancs de Sanlucar, de l'odeur âcre des rendez-vous ratés. Ou pas. C'est un chant pour la route des toros, celle qui s'ouvre à nouveau devant nous, chaque fois, dans les étés qui commencent.

12/2008

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Théologie

Nouvelles contributions à un chistianisme d'avenir. Journée d'études du 30 septembre 2023

Cet ouvrage fait suite à la journée d'études du 30 septembre 2023. Cent trente personnes ont pris part au programme qui a mis en valeur les nouvelles recherches et hypothèses dans les domaines de l'exégèse et d'une doctrine chrétienne pour notre temps. Jacques Musset a présenté Jésus comme un prophète, en insistant sur sa parfaite humanité. Jésus n'était pas le fils de Dieu, au sens ontologique du concile de Nicée. Son message et sa pratique nous ont révélé un Dieu d'amour qui accompagne les humains. Jean-Pol Gallez est revenu, lui, sur l'oeuvre de Joseph Moingt, en mettant en relief le fil rouge du théologien jésuite : l'Evangile est une puissante invitation à l'humanisation. De son côté, José Arregi s'est attelé à proposer de nouvelles représentations de Dieu, au-delà des conceptions théistes encore en vigueur. Sa pensée nous a entraînés dans l'histoire du Cosmos et la profondeur de la conscience. L'après-midi a commencé par la transmission, en visioconférence depuis Montréal, d'un message de Bruno Mori. Il s'est poursuivi avec une intervention de Paul Blanquart sur le questionnement : "Jésus est-il prophète ou Messie ? ". Puis Paul Fleuret a parlé de la Bible comme paroles d'humains parlant de Dieu. Ce qu'a poursuivi Odile Ponton, animatrice de groupes Bible et autrice d'un important volume de commentaires bibliques. Gilles Castelnau a clos les interventions en nous racontant l'histoire de l'aide libérale du protestantisme français. Tout au long des séances, la prise de parole des participants a relancé la discussion. Cet ensemble de contributions vient enrichir le débat autour de l'avenir de la voie chrétienne. A une époque où " le christianisme traditionnel est à l'agonie ", comme l'écrit John Shelby Spong en entrée de son Quatrième évangile, ce livre nous offre ainsi sa part de repères et de raisons d'espérer.

02/2024

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Sculpteurs

Denis Monfleur. Peuples de Pierre, Edition bilingue français-anglais

Première exposition personnelle d'envergure consacrée en France à Denis Monfleur, "Peuples de pierre" présente une centaine d'oeuvres de l'artiste. Denis Monfleur est l'un des rares sculpteurs de sa génération à perpétuer la tradition ancestrale de la taille directe et à se confronter aux pierres les plus dures. Son travail s'inscrit dans une tradition séculaire de la sculpture, de l'art roman à Giacometti en passant par Michel-Ange, Picasso ou encore Dubuffet. L'exposition "Peuples de pierre" donne à voir l'intérêt de l'artiste pour la figure humaine qui, par son aspect mi-figuratif mi-abstrait - traits du visages absents ou à peine esquissés -, accède à une dimension universelle et intemporelle. Son oeuvre est loin des effets de mode et des catégories esthétiques usuelles avec une dimension spirituelle que l'on retrouve dans plusieurs oeuvres (Christ, Anges, Prophètes, Moines). Autodidacte et actif depuis la fin des années quatre-vingt, Denis Monfleur se partage entre son atelier de Fontenay-sous-Bois (Val-de-Marne) et celui de son Périgord natal. Après avoir débuté comme praticien de José Subira-Puig et Marcel van Thienen, il développe une approche personnelle. A l'exception d'une oeuvre de jeunesse utilisant encore le bronze et le bois (Kafka, 1983), la plupart des oeuvres exposées s'échelonnent de 2010 à 2023, années marquées par son entrée à la galerie Claude Bernard à Paris. Il s'agit d'une étape charnière dans la carrière de l'artiste qui élargit alors son vocabulaire plastique par l'utilisation de nouvelles techniques et de nouveaux matériaux comme le granit, le basalte ou encore la diorite. Il explore aussi les riches possibilités de la polychromie, avec un travail poussé sur les patines et développe une technique inédite d'émaillage de lave volcanique. Les titres de ses oeuvres sont volontairement évocateurs et convoquent l'histoire antique, la mythologie, l'humour, l'histoire de l'art, notamment à travers l'hommage à des artistes iconiques, comme Delacroix ou encore Picasso.

06/2023

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Littérature étrangère

Apprendre à prier à l'ère de la technique. Position dans le monde de Lenz Buchmann

" Tout l'art de l'auteur tient dans cette faculté à nous dévoiler, d'une main sûre, les méandres attachants ou dérangeants, mais toujours fascinants, de la psyché - sans jamais oublier un doigt d'ironie. " Le Monde des livres " Ce qui le fascinait chez les gens étranges, c'était l'absolue liberté avec laquelle ils faisaient leurs choix individuels. Chez le fou ou le mendiant qui erraient dans les rues en demandant du pain, Buchmann voyait des hommes pouvant choisir, avec une liberté pure et sans conséquences, leur morale individuelle. Une morale à nulle autre pareille, sans équivalent aucun. Un fou n'était pas immoral, un mendiant non plus. C'étaient des individus sans égal, de même qu'un roi n'a pas de pair, n'a personne à ses côtés. Buchmann regardait avec admiration ces hommes qui avaient dans leur poche un système juridique unique, avec leur nom à la fin. D'une certaine manière, c'était cela que Buchmann désirait : être le héraut d'un système légal dont les lois ne s'appliqueraient qu'à lui, d'une morale qui ne serait ni celle du monde civilisé ni celle du monde primitif, qui ne serait pas la morale de la cité ni même celle de sa famille, mais une morale qui porterait son nom, rien que son nom, inscrit à son fronton. " Lenz Buchmann envoûte et révulse, obsédé qu'il est par la force et la puissance. Apprendre à prier à l'ère de la technique s'immisce dans ses fibres, ses terminaisons nerveuses, les cellules de son cerveau, celui d'un homme à l'intelligence terrifiante par son absence absolue d'affect. Tavares affronte le XXIe siècle, qui expérimente l'effondrement des utopies et des idéologies. Et l'on s'incline devant son talent, comme l'ont fait Antonio Lobo Antunes, Enrique Vila-Matas, Alberto Manguel, ou José Saramago. Ce livre a reçu le prix du Meilleur Livre Etranger - Hyatt Madeleine 2010 et le Grand Prix Littéraire du Web - Cultura 2010.

09/2010

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Littérature étrangère

Les choses et les gens

Les Choses et Les Gens sont deux séries de proses brèves qui font suite à Les Bêtes publiés en français dans la collection Biophilia chez José Corti en 2011. Les Choses se composent de 167 courtes proses ; des observations du poète qui se définit en évoquant les habitations de Sienne et de Florence, quelques objets et surtout la nature environnante. Ces fragments explorent l'immédiateté de la relation du narrateur entre l'extérieur et l'intérieur et sa lutte contre l'évocation de souvenirs. Souvent en affrontement avec lui-même dans une nature qui le pousse à la rêverie ou à la nostalgie qu'il combat férocement, le poète ne trouve de répis que de très courts instants et toujours dans un équilibre précaire. Le narrateur est complexe et torturé, porté par les errements "jusqu'à penser que mon âme était restée collée sous le sable mou, que la mer l'emportait parfois avec elle pour ensuite la rapporter". Une des grandes originalités de ce texte réside dans le déroutant va-et-vient entre une nature personnifiée qui sonde le poète et la minutieuse exploration de celle-ci par celui-ci. Les Gens ne contiennent que 70 fragments mais les textes sont légèrement plus longs. Il s'agit principalement de portraits psychologiques de femmes très différentes, de tout âge et de diverses formes de parenté avec le narrateur. Il y développe, entre autres, l'impossibilité de vivre le moment présent et sa fascination de la narration. Les Gens qui l'entourent se transforment alors en personnages de fiction. La puissance de ces textes se déploie discrètement à travers la création stylistique et la narration étonnante qui en font immanquablement un des chefs d'oeuvre de la prose poétique italienne du XXe siècle. Deux nouvelles, Les locataires et Un bistrot, clôturent ce recueil en donnant un aperçu de l'exceptionnelle maitrise narrative de Tozzi sous une forme plus longue.

11/2019

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Autres collections (6 à 9 ans)

Le général Dourakine

Le général Dourakine par la Comtesse de SégurLe Général Dourakine est un roman pour enfants écrit par la comtesse de Ségur. Il est publié sous forme de feuilleton à partir du 14 novembre 1863 et fait suite à L'Auberge de l'Ange gardien. Le roman relate les souvenirs qui ont profondément marqué la jeune Sophie, future comtesse, notamment le servage en Russie et l'usage du knout du général envers ses serfs. Le récit est composé sous forme de dialogue et les caractères des personnages sont simplifiés à l'extrême, personnifiant le bien ou le mal à l'instar des deux nièces du général : Mme Dabrovine (l'ange) et Mme Papofski (le démon). Le général Dourakine lui-même, caricature de l'aristocrate autoritaire à l'accent russe très marqué, est un personnage au tempérament volcanique, mais qui révèle un grand coeur. Son nom vient du russe : dourak, qui signifie imbécile et participe à la ridiculisation du personnage. Le général Dourakine rentre en Russie, accompagné de la famille Dérigny. Peu après son arrivée à Gromiline, le général retouve ses deux nièces, bien que soeurs, elles sont on ne peut plus différentes. Mme Papofski est cupide, cruelle et hypocrite, elle bat son personnel et même ses huit enfants. Mme Dabrovine, veuve inconsolable, convertie au catholicisme, éduque du mieux qu'elle peut sa fille et ses deux fils, leur inculquant des valeurs telles que la compassion et le respect des plus faibles, comme le peuple polonais opprimé par les Russes. Mme Papofski, bien que déjà très riche, convoite l'héritage de Gromiline, alors que Mme Dabrovine, pauvre depuis la mort de son mari, accepte son sort stoïquement. Un jour, un étranger vêtu de haillons, arrive au château. Il s'agit du prince polonais Romane Pajarski, ancien aide de camp du général Dourakine. Déporté en Sibérie après avoir été condamné à tort pour complot contre la Russie en vue de reconquérir l'indépendance de la Pologne, il est parvenu à s'évader. Pour éviter une dénonciation par Mme Papofski, le général, sur les conseils de Dérigny, présente le prince sous le nom de M. Jackson, engagé en qualité de précepteur pour Alexandre et Michel Dabrovine. Pressentant malgré tout le danger grandir, le général prépare son retour définitif en France. Prétextant une maladie de Mme Dabrovine nécessitant une cure thermale en Allemagne, ils partent avec "M. Jackson" et les Dérigny, laissant la direction de Gromiline à Mme Papofski se voyant déjà maîtresse du domaine. Celle-ci entre dans une rage folle (qui lui sera fatal

06/2021

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XVIIIe siècle

De la main d'une femme. Charlotte Corday, une femme en quête de liberté

Il y a 230 ans, le 13 juillet 1793, Marie Anne Charlotte de Corday d'Armont, 24 ans, assassinait l'ami du peuple Jean-Paul Marat, député montagnard dont la radicalité et la violence avait fait l'ennemi numéro 1 des royalistes. Quatre jours plus tard, elle était guillotinée. On s'oppose encore aujourd'hui sur ce drame immortalisé par le célèbre tableau de David. Et de Charlotte, l' "ange de l'assassinat" pour Lamartine, on ne sait plus très bien quoi retenir : jeune femme fragile instrumentalisée par les forces de la réaction ou héroïne en quête de liberté ? Criminelle aveugle ou redresseuse des torts de la Révolution ? Martyre ou bourreau ? Lointaine cousine de Charlotte Corday, fascinée par cette parente à la si singulière destinée, Astrid de Laage s'est plongée dans l'histoire familiale et dans celle de son ancêtre. A plus de deux siècles de distance, elle interroge son propre rapport à la noblesse, au lignage, et aux contraintes sociales si oppressantes pour une jeune femme du XVIIIe siècle. Et elle retrace le chemin qui aura mené Charlotte du couvent de Caen et de la maison de sa tante où elle résidait en 1793 jusqu'au 30, rue des Cordeliers, l'actuelle rue de l'Ecole-de-Médecine, où ce soir de juillet elle allait porter le coup de couteau fatal à Marat. Imprégnée de littérature antique et d'idéal romantique, républicaine proche des Girondins, révulsée par la tyrannie sanguinaire qu'illustre Marat, Charlotte passe à l'action. Elle assumera totalement son geste, affrontera sur l'échafaud la haine populaire, persuadée de sauver son pays. Astrid de Laage donne avec humanité et finesse une présence sensible à Charlotte mais aussi à Marat et aux femmes qui l'entourent, sa compagne Simonne Evrard au premier chef. Elle raconte une journée comme les autres du Paris révolutionnaire, la frénésie urbaine, la tension brûlante qui anime Charlotte au fil de son périple, les souffrances d'un Marat éreinté par sa maladie, les craintes de ses proches, les violentes critiques dont il est l'objet. Elle rend aussi à la jeune femme le mystère qui est le sien. Car de ce choix ultime, suicide pour la cause, volonté sans faille, nul ne peut mesurer la profondeur et l'enjeu personnel. Pour sa cousine contemporaine, mesurant les empêchements, les forteresses qui enfermaient les femmes de l'époque, Charlotte n'a pas le choix. Seule action possible pour sortir de sa condition : la violence. Se perdre pour exister - faute de ne pas pouvoir exister autrement.

05/2023

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Littérature étrangère

La Dernière joie

Voici les dernières errances de Knut Pedersen, le vagabond perpétuel que nous avons suivi de lieu en lieu et d'amour déçu en amour vain dans Sous l'étoile d'automne et Un vagabond joue en sourdine. Nous retrouvons dans ce troisième roman, inédit en français, ce qui fit le charme des deux premiers : la connivence instinctive avec la grande nature du Nord, ses forêts, ses animaux, ses ciels sans fond que multiplie l'eau des lacs et des rivières, que cernent les pics des montagnes redoutables où l'accident fatal vous guette. Et, de nouveau, voici la Femme, instable et fantasque, éperdue d'amour : de soi ? de l'autre ? qui le saura ? Une fois de plus, l'écriture épouse avec bonheur les intermittences du coeur et réussit à suggérer ce qui ne se peut dire. Mais La Dernière joie se situe, dans l'oeuvre de Knut Hamsun, à l'articulation exacte entre inspiration d'ordre psychologique et sentimental et préoccupations désormais orientées fortement par l'idéologie. On y pressent la montée de thèmes qui seront bientôt majeurs : refus de notre prétendue civilisation, détestation d'une culture qui coupe l'être humain de ses véritables racines, exécration de la masse, de la ville, anglophobie, et cette misogynie qu'il faut entendre bien plus comme un aveu de déception profonde (mais pouvait-il en aller autrement chez ce pèlerin de l'absolu en amour ? ) que comme une réelle aversion. On prendra garde pourtant que ce pessimisme n'est pas irrémédiable. La " dernière joie " n'est qu'un trompe-l'oeil. Elle est multiple, en vérité. Il n'est pas nécessaire de s'arrêter sur ses premières formulations : ce serait la solitude, loin des hommes, ou la mort. Elle est, en fait, tout entière dans la récompense suprême, un enfant qui est toute la vie, la vie renouvelée, recréée, infiniment porteuse de promesses. Régis Boyer Né en 1859 en Norvège, Knut Hamsun était fils de paysans et autodidacte. Ses premiers écrits passèrent inaperçus, et il dut émigrer aux Etats-Unis. Peu après son retour, en 1890, La Faim lui apporta la célébrité. De nombreux romans suivirent. La Dernière joie fut publiée en Norvège en 1912, trois ans après Un Vagabond joue en sourdine et six ans après Sous l'étoile d'automne. Knut Hamsun obtint le Prix Nobel en 1920. Son talent s'est exprimé également à travers des récits de voyages, contes, nouvelles et pièces de théâtre. Il est décédé en 1952.

04/1994

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Sciences politiques

Souvenirs de police. La France des faits divers et du crime vue par des policiers (1800-1939)

Qu'il s'agisse de vol, de crime, de moeurs ou de pouvoir, ce livre rassemble les grands textes des " policiers écrivains ". Policiers, ils ont découvert le corps, traqué l'assassin, livré une tête à trancher à la justice sévère de leur temps ; écrivains, ils ont consigné leurs enquêtes, leurs intuitions, leurs idées. A l'âge de la retraite, ils publient, racontent, revivent les moments forts d'une carrière, non sans se donner le plaisir de régler au passage quelques comptes. Certains, imitant Vidocq, ne font que donner des indications à un " teinturier ", un homme de lettres famélique qui va mettre en forme le récit ; d'autres, comme les commissaires Goron ou Macé, se révèlent de véritables écrivains, des narrateurs efficaces qui ont le sens de l'image et du raccourci saisissant, des stylistes qui savourent la joie de ressusciter en beau français les horreurs de la chronique criminelle. On trouve même quelques versificateurs dans la confrérie, comme Clovis Pierre, " le poète de la Morgue ", et surtout l'énigmatique Ernest Raynaud, auteur aux deux visages : le poète symboliste ami de Verlaine, mais aussi le commissaire de police qui parsème ses récits aigres-doux de citations littéraires et de références classiques. L'écriture, en transformant le policier en témoin, lui ouvre un champ beaucoup plus vaste que le seul angle professionnel. Débarrassé du souci de protéger la société, l'écrivain policier se donne pour horizon une ambition élargie, pour ainsi dire pédagogique et quelquefois encyclopédique : celle de faire comprendre le monde qu'il a traversé, d'expliquer la marche de la police et du crime, non sans entrer dans les mobiles mêmes et les raisons des criminels qu'il a pourchassés. Il en résulte une littérature peu moraliste en définitive, qui décrit la délinquance pour ce qu'elle est, le produit d'une société à un moment du temps. S'il juge, c'est à l'aune de sa propre sensibilité que l'écrivain policier acquitte ou condamne, décernant parfois des éloges paradoxaux à ceux des malfrats qui l'ont marqué. De l'ancien préfet de police craint et respecté – Gisquet, Andrieux, Lépine – jusqu'au petit inspecteur des Moeurs qui se sait l'objet du mépris public, ces Souvenirs de police nous transmettent la mémoire tue des générations d'avant-guerre. De la révolution industrielle à la crise des années 1930, la France a ses zones d'ombre que les autobiographies d'écrivains policiers trouent de leur fanal lumineux, signalant les complaisances et les convoitises de nos arrière-grands-pères, les passions troubles de leurs élites.

11/2016

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Policiers

Kirnoya la noire

Depuis des mois, la fin du monde est le sujet de conversation préféré. L'on s'interroge… l'on s'inquiète… L'idée m'est alors venue d'écrire quelques lignes sur une fin éventuelle, la fin des temps. Ceci me rappelle une histoire vraie que je m'en vais vous conter : j'avais huit ans, je dormais dans une chambre toute rose comme une bonbonnière. La maison de mes parents était posée à l'orée d'une forêt magnifique. Un matin, je m'éveille assise dans mon lit, mes avant-bras posés sur mes genoux, mes mains arrondies comme si elles emprisonnaient quelque chose. Maman entre dans la chambre : "Debout elaine, le déjeuner est prêt ! - Maman, j'avais cueilli un bouquet de fleurs pour offrir à ma maîtresse et je ne les ai plus !" Souriante, Maman me rassure : "Tu as rêvé ma chérie, allons vite !" J'avais effectivement rêvé mais ce rêve était si réel qu'il m'a amenée à la réflexion... "Maman, j'avais vraiment ce bouquet entre les mains, il était !! s'il n'est plus c'est parce que je suis éveillée ? - Bien sûr ! - Mais alors peut-être que le Bon Dieu dort en ce moment et que nous sommes son rêve… je suis dans son rêve mais je n'existe pas réellement ? lorsqu'Il va se réveiller, je n'existerai plus ? - Tu as trop d'imagination, ce n'est qu'un rêve et tu es bien là !" Pourtant ce rêve m'a poursuivie et me poursuit encore, c'est ce qui a fait que, très jeune, je me suis sentie attirée par tout « l'irrationnel ». Je cherchais l'explication de l'inexplicable ! J'ai étudié toutes les religions, anciennes et modernes, j'ai suivi ma religion avec ferveur et passion jusqu'à ce qu'elle ne m'apporte plus ce que j'attendais d'elle : la réalité ! Je sentais des mystères derrière les paraboles et j'ai voulu savoir, mais que sais-je en vérité après des années de recherche ? Pourtant j'ai gardé ma religion et mon amour pour le Divin... La philosophie m'a attirée. N'était-ce pas la porte qui menait vers d'autres réalités ? Je n'étais pourtant pas satisfaite. Il me manquait quelque chose mais je ne savais pas quoi lorsque j'ai rencontré l'ésotérisme. Pour autant Kirnoya la Noire est une pure fiction, j'ai joué à mixer des faits réels, la peste noire, les attentats, les viols avec les faits de mon imagination. Je tiens à dire que je ne suis ni voyante extralucide ni médium, et lorsque je ferme mes yeux, je ne vois que du noir ! ter : j'avais huit ans, je dormais dans une chambre toute rose comme une bonbonnière. La maison de mes parents était posée à l'orée d'une forêt magnifique. Un matin, je m'éveille assise dans mon lit, mes avant-bras posés sur mes genoux, mes mains arrondies comme si elles emprisonnaient quelque chose. Maman entre dans la chambre : "Debout elaine, le déjeuner est prêt ! - Maman, j'avais cueilli un bouquet de fleurs pour offrir à ma maîtresse et je ne les ai plus !" Souriante, Maman me rassure : "Tu as rêvé ma chérie, allons vite !" J'avais effectivement rêvé mais ce rêve était si réel qu'il m'a amenée à la réflexion... "Maman, j'avais vraiment ce bouquet entre les mains, il était !! s'il n'est plus c'est parce que je suis éveillée ? - Bien sûr ! - Mais alors peut-être que le Bon Dieu dort en ce moment et que nous sommes son rêve… je suis dans son rêve mais je n'existe pas réellement ? lorsqu'Il va se réveiller, je n'existerai plus ? - Tu as trop d'imagination, ce n'est qu'un rêve et tu es bien là !" Pourtant ce rêve m'a poursuivie et me poursuit encore, c'est ce qui a fait que, très jeune, je me suis sentie attirée par tout « l'irrationnel ». Je cherchais l'explication de l'inexplicable ! J'ai étudié toutes les religions, anciennes et modernes, j'ai suivi ma religion avec ferveur et passion jusqu'à ce qu'elle ne m'apporte plus ce que j'attendais d'elle : la réalité ! Je sentais des mystères derrière les paraboles et j'ai voulu savoir, mais que sais-je en vérité après des années de recherche ? Pourtant j'ai gardé ma religion et mon amour pour le Divin... La philosophie m'a attirée. N'était-ce pas la porte qui menait vers d'autres réalités ? Je n'étais pourtant pas satisfaite. Il me manquait quelque chose mais je ne savais pas quoi lorsque j'ai rencontré l'ésotérisme. Pour autant Kirnoya la Noire est une pure fiction, j'ai joué à mixer des faits réels, la peste noire, les attentats, les viols avec les faits de mon imagination. Je tiens à dire que je ne suis ni voyante extralucide ni médium, et lorsque je ferme mes yeux, je ne vois que du noir !

09/2012

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Histoire internationale

Algérie . Les années de tous les dangers

Où va l'Algérie ? La question posée il y a plus de trente ans par Mohamed Boudiaf a survécu à son auteur et concentre à elle seule toutes les interrogations suscitées par la situation dramatique que connaît le pays. En effet, comment est-on passé de la stabilité politique et de l'essor économique des années 1960-1970 à l'anomie actuelle ? Quels acteurs et quels facteurs ont catalysé l'engrenage de la violence et de la répression ? Quels facteurs socio-économiques et politiques ont favorisé ce processus de désintégration ou de désagrégation de l'État algérien ? Comment le principe fondamental de la " légitimité politique ", déjà bien discutable depuis la prise du pouvoir par Boumediène en 1965, atteint-il un degré d'érosion quasi absolu le long de la décennie Chadli ? Comment expliquer le non-engagement de la société civile dans la lutte sans merci que se livrent les actuels détenteurs du pouvoir et les prétendants islamistes à ce même pouvoir par la force, alors que cette même société civile a investi massivement, durant la période 1988-1990, le champ politique par le débat démocratique que d'aucuns espéraient irréversible ? On peut s'interroger sur l'attitude des soutiens extérieurs du régime dont les nombreuses hésitations et tergiversations laissent penser qu'ils n'ont pas toujours apprécié à leur juste valeur les enjeux et les diverses causes de la crise multiforme qui secoue l'Algérie. Est-ce en raison de la perte de crédibilité du pouvoir sur la scène internationale ; crédibilité largement entamée sur le plan intérieur ? Quels limons fertilisèrent le terrain sur lequel le Front Islamique de Salut put s'épanouir jusqu'à devenir la pièce centrale de l'échiquier politique algérien Autant de questions qu'il nous paraît utile de poser. Tenter d'y répondre en oubliant les catégorisations dans l'air du temps, nous semble infiniment plus enrichissant dans 1a compréhension de l'histoire récente de l'Algérie que n'importe quelle polémique où les figures de style d'une langue longtemps bâillonnée sont présentées pour de la Pensée, et où l'oubli de soi, c'est-à-dire d'où l'on vient et d'où l'on parle, amène souvent à prendre pour de l'analyse, de simples vues de l'esprit.

04/1994

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Sciences historiques

La dernière catastrophe. L'histoire, le présent, le contemporain

Naguère suspecte, voire rejetée, l'histoire du temps présent a pris aujourd'hui une place sans commune mesure dans l'espace public comme à l'Université - avec l'explosion du nombre d'étudiants en cette matière. A cela, plusieurs raisons : la mémoire et le patrimoine ont envahi l'espace public et scientifique ; le témoignage a pris l'allure d'un impératif social et moral ; la justice temporelle s'est muée en tribunal de l'histoire pour juger de crimes politiques vieux de plusieurs décennies mais dont l'après-coup continue de cheminer dans notre présent. Une évidence, dira-t-on. Mais mesure-t-on pour autant le revirement qui se joue ici ? Car le passé n'est plus cet ensemble de traditions à respecter, d'héritages à transmettre, de connaissances à élaborer ni de morts à commémorer ; c'est un constant «travail» de deuil ou de mémoire à entreprendre, tant s'est enracinée l'idée que si le passé doit être arraché des limbes de l'oubli, seuls des dispositifs publics ou privés peuvent l'en exhumer, avec ou sans l'aide de l'historien. Tel est le «présentisme» : devenu un problème à résoudre, et désormais un champ de l'action publique, le passé - et singulièrement le passé proche, celui des dernières catastrophes en date - n'est pas oublié, il est constamment mobilisé et reformulé selon les urgences du jour. L'exigence de vérité propre à la démarche historique s'est muée en exigence sociale de reconnaissance, en politiques de réparation, en discours d'excuses à l'égard des victimes. La question de la contemporanéité n'est pas nouvelle : elle s'est posée à travers les âges, mais Henry Rousso prend la mesure de sa profonde transformation au cours des deux grands après-guerres du XXe siècle et définit ses enjeux fondamentaux : comment écrire une histoire en train de se faire ? Comment mettre à distance la proximité apparente ? Comment se battre sur deux fronts à la fois - celui de l'histoire et celui de la mémoire, celui d'un présent que l'on ne veut pas voir passer et celui d'un passé qui revient hanter le présent ? La nouvelle histoire du contemporain, toute entière inscrite dans cette tension, est plus que jamais marquée par l'incertitude, l'instabilité et l'inachèvement.

11/2012

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Critique littéraire

Les franco-maghrébines. Autres voix/écritures autres

Qu'en est-il de la littérature "beur" au féminin ? Ce précédent volume consacré aux écrivaines de la deuxième et troisième génération venues du Maghreb qui s'était emparée du verlan pour revendiquer une origine arabe vue au miroir de la France des années quatre-vingts trouve ici un prolongement. En effet, le présent ouvrage aborde les écrits d'une génération en marche vers une troisième voie, celle des Franco-Maghrébines, ne reniant ni leur origine du nord de l'Afrique ni leur nationalité et leur vie françaises. Dès lors, la problématique posée par leurs oeuvres s'avère différente de leurs aînées "beurettes" car il s'agit de dire en quoi t comment elles se sentent à la fois totalement françaises mais aussi héritières d'une culture qu'elles souhaitent conserver comme une preuve de la richesse de leur identité. Ce volume n'a d'autre ambition que d'en définir à travers vingt-huit textes les perspectives, les démarches, tout comme les aléas et parfois les découragements, au sein d'une France de plus en plus frileuse quant au regard porté sur les cultures multiples qui fleurissent sur son territoire. L'expression de ce nouveau métissage, consenti, revendiqué et le plus souvent riche d'apports dans la littérature contemporaine trouve dans ces pages une représentation variée tant sur le plan artistique que sur celui de l'expression humaine d'une condition dont on souhaite qu'elle ne soit plus l'objet d'une catégorie spécifique de la littérature, mais bien un apport riche et varié aux écrits contemporains. L'objectif principal de l'ouvrage est de tenter aussi de pallier un manque grâce aux différentes contributions dans son projet de présenter différentes écrivaines franco-Maghrébines telles que Rénia Aouadène, Sabrina Bakir, Rachida Bali, Lamia Berrada-Berca, Nadia Berquet, Nadia Bouzid, Nora Chaouche, Amale El Atrassi, Sarah Frikh, Fatna Gourari, Sihem Habchi, Nora Hamdi, Nadia Lakehal, Noreil, pour ne citer que celles-ci, afin de prouver l'évolution de ce fait littéraire. Encore faudrait-il que la diversité de leur écriture, la richesse de leurs expériences, les différenrs styles qu'elles proposent et leurs innovations formelles soient pris en compte littérairement et institutionnellement. Sinon, ces autres voix, comme d'autres d'ailleurs auront été que des écritures autres vides sans échos.

11/2014

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Psychologie, psychanalyse

Homoanalysants. Des homosexuels en analyse

Le débat sur le mariage pour tous exacerbe les passions. La famille, la filiation, la civilisation seraient en péril. L’homosexualité, car c’est elle dont il s’agit malgré les dénégations des anti, mettrait en cause nos fondements naturels. L’argument est lancé : il y a une Loi naturelle et, sauf à sortir de l’humain, il faut s’y conformer et la défendre. À rebours, la psychanalyse répond, avec Jacques Lacan, que la nature (comme toute réalité pré-discursive) n’existe pas, et fait ce constat : le XXIe siècle voit le Nom-du--Père (et ses corrélats : l’Oedipe, l’Autre, la Loi, le surmoi, la castration) perdre de ses prérogatives pour assurer un ordre amoureux. Si certains s’en désolent, d’autres s’essayent aux bricolages pour y suppléer. Quelles sont les nouvelles formes des rencontres contingentes entre les sexes ? Quels sont les nouveaux partenaires de jouissance ? Ce livre interroge l’homosexualité masculine à partir de la clinique psychanalytique, celle déposée jour après jour dans le cabinet de l’analyste. Aucun des analysants présentés n’est venu en analyse pour se débrouiller avec son homosexualité en tant que telle, autrement dit, pour y renoncer, choisir le sexe féminin, oser la faire savoir… Honte ou gêne ou remords coupables sont dépassés. Le désir, par contre, avec ses embrouilles actuelles, leur fait question, il affole, rend malheureux, angoisse, fait vaciller, hésiter, partir, quitter, revenir, refuser ou multiplier les partenaires… Ils doivent inventer leur vie quant à leurs choix de jouissance. Ces inventions ouvrent à une clinique de la rencontre, toujours contingente. Il questionne également l’homosexualité du poète Jean Genet, en un temps où un tel choix faisait scandale. Dans ses romans (interdits), il glorifie cette homosexualité humiliée et masochiste où il se fait enfant puni. Son oeuvre théâtrale, jouée sur les scènes nationales, y fera réponse par une chute de cet érotisme des mots. Il écrira désormais à partir de cet "objet invisible", cette "blessure", qui décline l’être comme manque. Qu’est-ce qui a rendu ce changement radical, dans sa vie, dans sa création littéraire ? Le Père n’est plus ce qu’il était. Les inventions singulières de ces homoanalysants d’aujourd’hui, nous obligent, comme pour Genet, à repenser notre savoir psychanalytique sur le sexuel et l’homosexualité masculine.

11/2013

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Dictionnaires

24 heures dans une vie (pas si) privée. 250 conseils pratiques pour protéger vos données personnelles sur Internet

Notre domicile est protégé par une porte d'entrée verrouillée qui assure notre sécurité. Notre intimité et notre vie privée sont protégées par des portes qui séparent les pièces et les rideaux qui couvrent nos fenêtres. Mais, qu'en est-il de notre vie privée et de notre sécurité dans le domaine numérique, en particulier sur Internet ? Que ce soit une enceinte, un ordinateur, un smartphone ou une tablette, quelles précautions devons-nous prendre pour que ces machines ne connaissent pas tout de nous, et bien plus que n'importe qui ? C'est devenu une évidence : l'environnement numérique est aujourd'hui extrêmement intrusif, les outils et services numériques que nous utilisons au quotidien collectent des données personnelles en permanence sans même que nous nous en rendions compte. Les risques sont nombreux : publicité hyper ciblée, vol de données, piratage, harcèlement, l'actualité nous en donne chaque jour des exemples. Face à cet état de fait, chacun se pose les mêmes questions : que faire et comment faire ? Est-il véritablement possible de protéger et sécuriser ces informations privées ? Ce guide a pour objectif de répondre à ces questions. Il s'adresse à tous ceux qui utilisent quotidiennement un ordinateur, une tablette, une enceinte connectée, une montre connectée ou un smartphone... donc à tout le monde ! Pour comprendre les risques, il vous emmène au fil des pages, dans le quotidien de Maxime, un salarié qui, à chaque moment de la journée, accumule les ennuis par son utilisation inconsciente du numérique : fuites de données, piratages, collectes des données personnelles, Maxime met à mal sa vie privée et professionnelle sans s'en douter. Ce guide est composé de vingt chapitres qui s'organisent autour d'un récit décrivant les habitudes de Maxime au cours d'une journée type. Chacune de ses habitudes est détaillée pour mettre en lumière la problématique posée, apporter des explications, des exemples complémentaires et bien sûr, proposer des solutions adaptées en fonction du niveau de chacun, de l'utilisateur novice en informatique à l'utilisateur ayant déjà de bonnes connaissances. Ces solutions s'appuient sur de nombreux conseils d'utilisation, le paramétrage des outils existants et l'installation de services ou logiciels majoritairement libres (et gratuits). Le livre se termine par des ateliers pratiques détaillant comment paramétrer efficacement les outils ou services utilisés par tous que sont Facebook, Google, Chrome et Twitter.

02/2022

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Droit

Le chômage partiel

Le chômage partiel, malgré son importance socio-économique, n'a qu'assez peu retenu l'attention des juristes. Aussi, il est apparu nécessaire d'une part de renouveler son analyse dans le cadre des rapports entre employeur et salarié ; d'autre part d'adjoindre à cette approche une étude sous l'angle du droit de l'emploi. En ce qui concerne les rapports de travail, il s'agit d'examiner les conditions de la licéité de la mise en chômage partiel ; après avoir envisagé la question dans le cadre civiliste de la responsabilité contractuelle, la recherce s'attache à montrer la spécifité des solutions de la jurisprudence sociale et la politique juridique sous-jacente ; sur un plan plus général, c'est la question de l'articulation entre pouvoir de direction et contrat de travail qui est posée. Par ailleurs, la mise en chômage partiel ouvre une période de pertubation à l'égard des relations contractuelles, mais aussi des institutions représentatives du personnel : perturbation, au reste, qui a nécessité la création d'un système - original - d'indemnisation dont le rôle dans l'analyse juridique est essentiel. Dans le cadre du droit de l'emploi, est mise en relief la dimension du chômage partiel à la fois comme mode d'adaptation du temps de travail aux variations de l'activité de l'entreprise et comme alternative au licenciement. Avec cette dimension, on entre au cœur des relations triangulaires qui lient - et opposent - le salarié, l'employeur et l'Etat, et suscitent des institutions juridiques particulières, notamment les conventions conclues entre l'Etat et les entreprises. L'indemnisation publique du chômage partiel, par la socialisation du coût de la " non-rupture " du contrat de travail qu'elle induit, apparaît ici comme un des instruments d'incitation par lesquels s'opère l'intervention de l'Etat sur le marché du travail, c'est à dire la politique de l'emploi ; ce dernier aspect conduit à établir une corrélation entre régime de la suspension du contrat et régime de la rupture, et à préconiser une approche juridique plus globale - et équilibrée - de la problématique du chômage partiel, qui assumerait l'ambivalence de l'institution. On le devine, à travers l'étude du chômage partiel, sont visitées - ou revisitées - de nombreuses provinces du droit social.

06/1998

ActuaLitté

Littérature française

Oeuvres complètes. Volume 10, L'Erotisme ; Le Procès de Gilles de Rais ; Les Larmes d'Eros

"Les trois livres qui composent ce volume, L'Erotisme (1957), Le Procès de Gilles de Rais (1959) et Les Larmes d'Eros (1961), les derniers qu'ait écrits Georges Bataille, sont essentiels à sa compréhension. Le projet de fonder les données d'une histoire universelle les relie. Chacun à sa façon s'affronte au scandale de la pensée que constitue l'érotisme. Car l'érotisme n'est pas seulement ce qui, en l'homme, met l'être en question : il est plus gravement "l'approbation de la vie jusque dans la mort". Guidé par la rage de Sade et la traque du sacré (cette négation de la pensée), Bataille pousse son interrogation dans les paradoxes du désir, de l'interdit et de la transgression. Motif après motif (la guerre, le mariage, l'inceste, l'orgie, les liens troubles de la mystique et de la sensualité), le désordre des sens le conduit à une connaissance du dedans, sensible. C'est en tout cas ce qui l'attache, pièces du procès en main, à l'excès que condense, en son décor de forteresse et de tombe, Gilles de Rais, le monstre sacré, le prodigue insensé qu'ont emporté l'ivresse, le délire, l'enfantillage et la niaiserie, dans la nuit du meurtre répété. Rédigé dans la fièvre et la maladie (Bataille meurt le 8 juillet 1962), le dernier livre publié, Les Larmes d'Eros, reprend encore ce fil des figures d'Eros à travers les mythes, les fresques et la peinture : "Je doute, dit Bataille à la fin, qu'un ensemble ait été rédigé dans un aussi violent désordre." C'est ce qui rend les nombreux inédits, qui accompagnent ces textes, si poignants. Comme habités de la conscience heureuse de la mort, et de cette désolation de n'avoir pu qu'entrevoir, tel un enfant lorgnant entre les planches de la palissade, les raisons de la comédie qui nous est jouée : "Au balcon des sanglots, sans nous y être attendu, nous apercevons un monde qui ne nous laisse d'autre possibilité de repos que le malheur, ou l'absence de repos concevable." Ce n'est pourtant pas que l'angoisse, l'érotisme ou la mort s'opposent au rire : dans l'instant, au contraire, ils se composent." Francis Marmande.

02/2011