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Poches Littérature internation

Quand plus rien n'aura d'importance

Ce dernier roman d'Onetti est conçu comme un journal, celui de Carr, le narrateur. Mais un journal discontinu dans les faits et dans les dates, sur une quinzaine d'années, car les feuilles en ont été éparpillées. Une manière de nous inciter à comprendre, dans les ellipses, les carences, les oublis, ce qui est essentiel dans son histoire. Son monde est unique, fermé. Mais à l'intérieur, rien n'est étanche. Une fois encore il se déroule à Santamaria, ce lieu mythique d'Amérique latine, un patelin perdu, introuvable sur une carte, où les hommes vivent parce qu'ils sont condamnés à vivre, sans illusion. Les créatures qu'il croise et convoque sont autant de revenants auquel il a imposé un destin commun et absurde au fil de son œuvre : le sinistre docteur Diaz Grey ; Petrus, l'infâme propriétaire du chantier, sa fille Angélica Inés, et leur domestique Josefina ; le typographe Lanza, vieux républicain espagnol qui discute avec le curé Bergner ; Barthé l'apothicaire flaubertien.... L'intrigue n'a pas vraiment d'importance : un homme répond à une petite annonce et se retrouve perdu dans ce patelin, au milieu d'un trafic de contrebande d'on ne sait quoi. Alors il éprouve des sensations. Celles de son corps qui vieillit, une certaine nostalgie parfois, de l'Europe, de Paris, des visions de jeunesse, de femmes jeunes, qui réveillent le désir oublié, à côté des autres femmes qui ne sont là que pour satisfaire des nécessités physiologiques. Malgré son dénuement, l'univers est résolument urbain, comme s'il s'était produit un immense cataclysme qui avait laissé l'homme seul sur terre, entouré de loups, ses semblables. L'antécédent littéraire est Céline, et le Bardamu du Voyage auquel Carr se compare. La ville est pourrie par le temps et par l'ennui, la misère, l'indifférence et les rancœurs. Mais toutes ces petites choses font une histoire et un autre personnage, un autre homme, le gardien de celle-ci, le docteur Diaz Grey, qui conserve les secrets des habitants de Santamaria, surtout ceux des femmes qui viennent le consulter. Une double mémoire donc : celle du docteur, ordonnée, chronologique, et celle du narrateur, éparpillée. " (Jacobo Machover, Le Magazine littéraire) Dans son dernier roman, dont le retentissement a été immense dans le monde hispanique au moment de sa parution, Juan Carlos Onetti convoque les personnages de ses œuvres antérieures. Mais dans ce journal tenu par un frère jumeau du héros du Puits (1939), toute tentative de retrouver le temps perdu se solde par un échec. A l'image de l'Amérique latine de cette fin de siècle, exsangue, laminée par les dictatures, la corruption et l'impérialisme. Ces bribes d'histoires, ces images fugitives, ces confidences inachevées s'embrouillent et balbutient. Un univers qui part en lambeaux et que quitte une admirable voix, tour à tour, grave, drôle ou discordante, avant de s'éteindre dans le silence des adieux et de la mort.

01/2012

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Monographies

Matthieu Laurette. Une monographie dérivée (1993-2023), Edition bilingue français-anglais

Matthieu Laurette Une monographie dérivée (1993-2023) 336 pages Bilingue français-anglais 800 reproductions Format : 31 x 21, 5 cm Relié Textes : Julien Blanpied, Inès Champey, Dorothée Dupuis, Alex Farquharson, Cédric Fauq, Nicolas Surlapierre & invités Graphisme : Syndicat Editions du MAC VAL ISBN : 978-2-900450-16-1 Office : 17 novembre 2023 35 euros Matthieu Laurette est né en 1970 à Villeneuve-Saint-Georges. Après des études dans les écoles d'art de Rennes puis de Grenoble, il entame sa carrière artistique au milieu des années 1990. Emblématique de sa génération, il est lauréat du prix Ricard en 2003. Son travail, entré dans nombre de collections publiques et privées, a été exposé internationalement dans les plus prestigieuses institutions. Il a précédemment participé à trois expositions collectives au MAC VAL (Situations, Cherchez le garçon et Lignes de vie). Artiste protéiforme, Matthieu Laurette utilise les médias de masse et l'industrie du divertissement comme lieu et outil de production, décalant ainsi l'idée même d'atelier : le réel est son atelier. Véritablement multimédias, ses oeuvres balaient un vaste spectre de mises en formes : de l'intervention télévisée à l'installation en passant par les récents développements sur Instagram, il dessine de nombreuses stratégies d'infiltrations alliant art conceptuel, culture populaire, critique institutionnelle, réflexions économiques et problématiques sociétales. Matthieu Laurette recourt à des mécanismes existants (marketing, médias de masse, industries culturelles...) pour créer ses propres oeuvres. Celles-ci interrogent, entre autres, la notion même de valeur. Elles mettent en questions le rôle et la place de l'art et de l'artiste à l'heure du spectacle généralisé et mondialisé. Pétri d'histoire de l'art, il oeuvre à la croisée du réel et du symbolique. Ce travail, à bien des égards annonciateurs de questionnements ultracontemporains (décroissance, approche décoloniale), se construit selon une logique de projets au long cours. Jonglant avec les mécanismes de La Société du Spectacle de Guy Debord, les oeuvres de Matthieu Laurette jouent sur les processus auto-réalisateurs, créant ainsi des sortes de boucles de feedback au sein des dispositifs informationnels à grande échelle. Sous le commissariat de Cédric Fauq, l'exposition rendra compte de trente années de création en une scénographie qui mettra en évidence la dimension rhizomatique de ce travail, des Apparitions (depuis 1993) infiltrant le régime télévisuel aux Produits remboursés (1991-2001) menant une réflexion aiguë et en acte de la consommation, du Citizenship project (depuis 1996) interrogeant l'idée même d'identité nationale aux Je suis un artiste (depuis 1998), Things et Demands and Supplies (depuis 2010) interrogeant le statut et la fonction de l'art et de l'artiste... La monographie rétrospective qui accompagne l'exposition a été conçue en étroite collaboration avec les graphistes Syndicat (Sacha Léopold et François Havegeer), qui explorent l'interaction entre métier et économie dissimulée derrière la production et la distribution de textes et d'images. Déjà à l'origine de l'exposition MATTHIEU : Une rétrospective dérivée, 1993-2015, présentée au festival Chaumont design graphique en 2015, ils avaient alors reproduit des images des oeuvres de l'artiste sur des objets fabriqués en masse, personnalisables à la demande sur internet. Cette rétrospective dérivée est à la lointaine origine de cette actuelle "Monographie dérivée" , riche de plus de 800 illustrations, qui revient sur l'ensemble de la production de l'artiste, invitant des auteurs qui suivent pour certains son travail depuis ses débuts. Exposition au MAC VAL : 21 octobre 2023-3 mars 2024

12/2023

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Archéologie

Archéologie médiévale N° 51/2022

Delphine Cense-Bacquet avec la collaboration de Murielle Meurisse-Fort, Tarek Oueslati, Didier Pousset et Sabrina Save L'habitat alto-médiéval du Chemin de Visemarais à La Calotterie (Pas-de-Calais) : approches de l'occupation d'un quartier du portus de Quentovic 7 Edward Impey Une image sur pierre d'un château en bois : un graffiti médiéval au château de Caen 55 Astrid A. Noterman, Alison Klevnäs, Edeltraud Aspöck, avec la collaboration de Martine van Haperen et Stephanie Zintl La perturbation des sépultures mérovingiennes est-elle " élémentaire " en archéologie ? Nouveaux regards sur les réouvertures de tombes au haut Moyen Age en Europe 69 Mélinda Bizri, Quentin Borderie, Gaëtan Jouanin, Yannick Mazeau, Coline Lejault, Guillaume Saint-Didier, Sabrina Save, Alys Vaughan-Williams, avec la collaboration de Magali Labille, Amélie Laurent-Dehecq, Jean-Michel Morin, Dany Souchet Vivre aux ixe-xie siècles sur le promontoire de Gien (Loiret) : architecture, activités et environnement d'un habitat privilégié 93 Chronique des fouilles médiévales en France en 2020 Répartition régionale des chantiers de fouilles médiévales 167 I - Constructions et habitats civils - environnements rural et urbain 171 II - Constructions et habitats ecclésiastiques 215 III - Constructions et habitats fortifiés 241 IV - Sépultures et nécropoles 279 V - Installations artisanales 289 VI - Archéologie subaquatique, épaves et installations portuaires 299 VII - Diverses chroniques 307 Bulletin critique Patrice Beck et Benjamin Saint-Jean Vitus (dir.), Le couvent des Cordeliers du Mont Beuvray. Histoire et archéologie (Panayota Volti) 311 Aurélia Bully, Sébastien Bully et Alain Dubreucq (dir.), Colomban et son influence. Moines et monastères du haut Moyen Age en Europe (Pascale Chevalier) 313 Emmanuelle Boube, Alexis Corrochano et Jérôme Hernandez (dir.), Du royaume Goth au Midi Mérovingien, Actes des 34es Journées d'archéologie mérovingienne (Toulouse, novembre 2013) (Claude Raynaud) 314 Marie-Cécile Truc (dir.), Saint-Dizier " La Tuilerie " (Haute-Marne). Trois sépultures d'élite du vie siècle (Florence Carré) 316 Anne Baud et Christian Sapin (dir.), Cluny. Les origines du monastère et de ses églises (Pierre Martin) 319 Pierre Gillon et Christian Sapin (dir.), Cryptes médiévales et culte des saints en Ile-de-France et en Picardie (Christian Gensbeitel) 321 Marie-Christine Bailly-Maître (dir.), L'entreprise minière de Brandes, xie-xive siècles (Danielle Arribet-Deroin) 323 Michael Lewis et Ian Richardson, Inscribed Vervels. A Corpus and Discussion of Late Medieval and Renaissance. Hawking Rings found in Britain (Baudouin Van den Abeele) 324 Marion Foucher, Annie Dumont, Lukas Werther et Doris Wollenberg (dir.), Inland Harbours in Central Europe : Nodes between Northern Europe and the Mediterranean Sea (Camille Gorin) 328 Claudine Munier et Inès Pactat (dir.), Le verre du viiie au xvie siècle en Europe occidentale (Elisabetta Neri) 332 Giovanna Bianchi et Richard Hodges (dir.), The nEU-Med project : Vetricella, an Early Medieval Royal Property on Tuscany's Mediterranean (Luc Bourgeois) 333 Marianne Senn et Jürg Tauber, Eisenverhüttung im Dürsteltal. Ein Hochofen des 13. Jahrhunderts in Langenbruck (Alexandre Dissier) 337 Marie-Hélène Corbiau, Baudouin Van Den Abeele, Jean-Marie Yante et Anne-Marie Bultot-Verleysen, La route au Moyen Age. Réalité et représentations (Sandrine Robert) 338 Etienne Hamon, Mathieu Béghin et Raphaële Skupien (dir.), Formes de la maison. Entre Touraine et Flandre, du Moyen Age aux Temps modernes (Florence Journot) 340 Yves Henigfeld, Philippe Husi et Fabienne Ravoire (dir.), L'objet au Moyen Age et à l'époque moderne. Fabriquer, échanger, consommer et recycler (Julie Renou) 342 Alice Vanetti, Archéologie du bâti, Histoire et épistémologie des origines à nos jours (France, Italie, Suisse) (Bastien Lefebvre) 345 Morimond 1117-2017. Approches pluridisciplinaires d'un réseau monastique, Benoît Rouzeau et Hubert Flammarion (dir.) (Denis Cailleaux) 347 Livres et périodiques reçus 349

03/2022

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Sociologie

Revue de philologie, de littérature et d'histoire anciennes volume 94-1. Fascicule 1

Sébastien Barbara. - Les phalanges de Socrate (X. , Mem. , I, 3, 11-13) Xénophon (Mem. , I, 3, 11-13) attribue à Socrate une image rapprochant les baisers des beaux garçons des envenimements causés par les araignées dites phalanges (? ??? ? ??? ). Parallèlement, Platon (Smp. , 217e-218b) prête à Alcibiade l'image de la morsure de vipère à propos de l'amour-philosophie. Ces images issues des topoi populaires de la morsure-piqûre de l'amour témoignent d'une tendance des socratiques à développer des comparaisons en rapport avec la sphère médicale et des échanges entre philosophes et médecins dans l'Athènes des Ve-IVe s. Dans le cas des phalanges le témoignage de Xénophon atteste, par sa date haute, une diffusion précoce de savoirs iologiques précis, notamment le lien causal entre symptômes critiques et morsure de la veuve noire méditerranéenne (Latrodectus tredecimguttatus Rossi) qui n'est pourtant pas facile à établir. Pauline Belin. - Le concept de consuetudo dans les traités rhétoriques de Cicéron Cet article se propose d'explorer les implications du terme consuetudo dans les traités rhétoriques cicéroniens où le terme est utilisé : De inuentione, 84-83 av. J. -C. , De oratore, 55 av. J. -C. , Brutus, 46 av. J. -C. , Orator, 46 av. J-C. , et les Partitiones oratoriae, 46 av. J. -C. Cette étude du terme de consuetudo entend retracer les origines du concept linguistique de consuetudo, formulé par Cicéron et repris par Quintilien dans l'élaboration de son Institution oratoire, et précisera les liens entre le sens général du terme et l'acception proprement linguistique qu'il acquiert, tout en éclaircissant les enjeux de ces différentes acceptions. Jaime Curbera. - Les noms de la mandragore selon Dioscoride Cet article traite des six noms de mandragores transmis dans le De materia medica de Dioscoride (? ??? ? ??? ? , ??? ? ??? ? ? , ??? ? ??? / ??? ? ??? , ??? ? ?? , ??? ? ??? ? ?? , ??? ? ??? ? ??? ), ainsi que des quinze synonymes donnés dans les manuscrits alphabétiques de Dioscoride. L'article met l'accent sur l'aspect lexical (étymologie, brachylogie, emprunts), mais il traite inévitablement d'autres questions, comme les prières des herboristes, et il propose de nouvelles lectures pour les noms corrompus (? ??? ? ? , ??? ? ??? , ??? ? ??? ? ?? , ??? ? ??? ). Une dernière annexe explique un curieux nom de la plante en grec moderne (? ??? ? ??? ). Concepción Fernández Martínez. - Rythmes métriques accidentels ou locutions idiomatiques dans des inscriptions gauloises considérées comme carmina (CIL, XIII, 1983, 1972, 2073, 2216, 1849) L'article analyse les possibles formes métriques d'une série d'inscriptions latines considérées comme métriques, afin de décider de leur inclusion ou de leur exclusion du corpus des Carmina Latina epigraphica des Gaules. En outre, l'article propose une édition critique et un commentaire philologique de ces inscriptions. Jorge Martínez-Pinna. - Le nom de Servius Tullius Cet article traite du nom de Seruius Tullius, roi de Rome. Un lien avec le terme latin seruus, ainsi qu'une origine étrusque semblent peu admissibles. Au contraire, l'analyse de ce nom révèle une origine latine du personnage et son appartenance à un niveau social élevé. Jean-Louis Perpillou. - Anges et démons Dans ce texte posthume, qui fait suite à "Pouvoirs d'un chiffre" , paru dans ??? ? ??? ? ??? ? ? . Mélanges offerts à Charles de Lamberterie (Louvain, Peeters, 2020, p. 637-650), Jean-Louis Perpillou examine trois nouvelles séries d'exemples de la formule "3 fois 9" : les inscriptions d'Asie Mineure impliquant le dieu Mèn, un rite agraire lituanien et son correspondant grec (Hérodote VIII, 137), ainsi que des bylines russes qui relatent des pratiques magiques adressées à des démons ou des (arch)anges. La valeur non comptable de cette formule, très probablement héritée, s'y trouve confirmée. Gerd Van Riel, Victor Gysembergh. - L'Athéna de Saïs dans l'In Timaeum de Proclus Dans sa discussion du mythe de l'Atlantide, raconté par un prêtre de Saïs dans le Timée de Platon, Proclus se tourne vers la relation entre la déesse Athéna et la cité de Saïs en Egypte septentrionale. L'une des connexions astrologiques mentionnées par Proclus est qu'Athéna était un des astres arctiques. Dans ce contexte, le texte reçu du Commentaire sur le Timée de Proclus fait référence à certains qui lient Athéna à "la lune qui est là-bas" . Dans cet article nous analysons les diverses explications et émendations du texte. Nous examinons leur valeur par rapport aux spéculations astronomiques des Egyptiens et des Grecs, mettant à profit de récentes découvertes sur la transmission textuelle du commentaire de Proclus. A partir de cet examen, nous proposons de corriger le texte transmis. Inés Warburg. - De Lerina insula : tradición manuscrita, textos y edición El poema De Lerina insula, atribuido a Dinamio de Marsella (? 595 c.), celebra en dísticos elegíacos la fundación cristiana de San Honorato mediante una serie de tópicos tradicionales sobre la isla "santa" y sus habitantes. Dos códices de Isidoro de Sevilla (ms. Klosterneuburg 723 del siglo XII y ms. Göttweig 64 (78) del siglo XIII) incluyen la colección de inscripciones romanas conocida como Sylloge Turonensis ; en el apéndice de esta síloge se conserva el poema - no epigráfico y no romano - de Dinamio. Esta contribución propone una edición crítica del poema a partir de ambos testimonios, ya que las dos ediciones del siglo XIX se basan alternativamente en copias de uno de los dos manuscritos : la primera edición de 1888, en una copia de Klosterneuburg 723 y la segunda edición de 1897, en una copia de Göttweig 64. Los testimonios derivan de un ascendiente en común, pero ambos textos son independientes y complementarios.

02/2022