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Savane & Mousson

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Littérature étrangère

Mouvement sans fin

Vers 1860, dans sa modeste ferme du Canada britannique à peine gagnée sur la forêt, Robert Fraser est obsédé par sa recherche du mouvement perpétuel. Il a lu tous les écrits d'autres chercheurs, il connaît leurs réussites et leurs échecs ; il a fabriqué autour de sa maison de multiples automates que le vent anime ; mais, surtout, il a construit peu à peu une machine des plus compliquées, reliée à une grande roue que fait tourner la rivière. Tous ses essais, tous ses calculs tendent à couper un jour le contact entre la roue et la machine, celle-ci continuant à fonctionner de son propre mouvement. Ces longs travaux nécessitent plus de temps et d'argent que n'en possède un pauvre fermier. Sourd aux reproches de son épouse, aux doutes de ses voisins, il s'obstine pourtant, surtout après avoir trouvé sur ses terres les restes d'un animal préhistorique. Sera-ce la fortune ? La considération que lui porte un érudit de Toronto, passionné par les mêmes théories, lui permet d'exhiber dans les villes le monstre reconstitué. Mais la véritable bénédiction s'offre le jour où des myriades de pigeons s'abattent sur les arbres de sa ferme : famille, voisins, équipes venues de très loin s'emploient à capturer, à plumer, à emballer, à expédier cette viande précieuse, tout cela dans le bruit, la puanteur, une sorte de folie épique et sauvage que le style nous restitue par sa vigueur et sa candeur, sa gaucherie très volontaire et très savante. C'est une vaste fresque de kermesse flamande, des scènes de carnage et de désordre dont les résultats financiers permettront à Fraser de bâtir la maison de ses rêves et de perfectionner interminablement sa machine. Pourra-t-il lui donner un jour cette autonomie qui l'obsède ? Le désastre final laisse sa foi inébranlée. Il traverse, imperturbable, les épisodes burlesques ou pathétiques, les chagrins familiaux, la disparition de son fils repris par la forêt. Une vie entière dominée par une pensée généreuse, quel plus bel accomplissement pour un homme ? Mais, du planétarium que Fraser a construit dans l'espoir de l'associer au succès de sa machine, seule une planète sera retrouvée après la conflagration, et c'est la lune.

10/1985

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Philosophie

De Marx et du marxisme

Du génie effervescent de Kostas Papaioannou, mort à cinquante-six ans, en 1981, les historiens qui feront un jour l'histoire intellectuelle des années soixante retiendront en priorité, avant les beaux travaux sur la philosophie et l'art grec, sur la peinture byzantine, sur Hegel, sur Baudelaire et la modernité, la grande série d'essais régulièrement publiés pendant dix ans dans Le Contrat social, la revue de Boris Souvarine, et qui ont fait de lui l'un des savants les plus avertis de Marx et du marxisme et l'un des philosophes de premier plan engagé dans la critique du phénomène totalitaire. C'est cette série qu'en cette année du centenaire de la mort de Marx on trouvera ici réunie, précédée d'une importante présentation de Raymond Aron, et classée dans un ordre qui lui donne toute son actualité. Un premier groupe concerne le Marx philosophe des célèbres écrits de jeunesse. Un second porte sur les classes et la lutte des classes, cœur de la sociologie de Marx, qui constitue, aux yeux de l'auteur, la part centrale de son oeuvre, l'histoire et la logique conduisent ensuite aux relations entre léninisme au pouvoir. Les articles sue la politique étrangère, qui tournent autour de la russophobie de Marx et de l'expansion planétaire du capitalisme, apportent une sorte de conclusion. Le Marx qui se dégage de ces études ne se laisse pas enfermer dans une formule ou un slogan - et c'est là leur vertu. Sous leur apparence scientifique, elles sont inspirées, comme le souligne Raymond Aron, par la conscience angoissée de notre époque et l'inlassable dénonciation de la transfiguration de Prométhée en dieu protecteur de la société du mensonge, " transfiguration dont Marx ne fut ni tout à fait innocent ni le seul responsable. " C'est cette tension qui donne aujourd'hui encore tout son à-propos à cette vie de travail : la confrontation savante et passionnelle au " noir gaillard de Trèves ", comme l'appelait Engels, de celui dont Octavio Paz, dans le poème qu'il lui a consacré, célébrait " la conversation de grand fleuve et le rire de réconciliation ".

07/1997

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Littérature étrangère

Florilège

Avec ses contemporains Wang Wei et Du Fu, Li Bai (701-762) est un des plus puissants génies poétiques de l'empire des Tang. Né en Asie centrale, ce marginal, un peu bretteur, quatre fois marié, refusa de se présenter aux concours qui lui eussent ouvert le mandarinat. Mais, ni son penchant pour la pensée, voire la religion taoïstes, ni sa connivence avec le bouddhisme, ne l'empêchèrent de solliciter les grands : ainsi, du printemps 743 à l'automne 744, partagea-t-il les faveurs impériales à la cour de Xuan-zong. Impliqué, malgré son détachement de " clochard céleste ", dans les bouleversements de la révolte d'An Lu-shan, il connut la prison, l'exil, les ermites, les puissants, les errances, les montagnes et les rivières, le vin surtout. Subsistent plus de mille poèmes des formes variées choisis et classés ici par thèmes dominants : l'amitié, la femme, l'ivresse, etc., annotés pour que rien n'échappe au lecteur de notre langue qu'aura séduit, fasciné, et, disons-le, foudroyé la qualité des poèmes français, rythmés et rimés pour répondre aux structures métriques des originaux. Pour moi, qui jadis tentai de traduire deux des poèmes ici offerts par Paul Jacob en formes adéquates, je sais ce qui me reste à faire : les brûler. Lorsque Jacques Réda découvrit en manuscrit le précédent recueil de Paul Jacob, Vacances du pouvoir, il sut les célébrer dans La Nouvelle Revue Française comme en effet ils méritaient de l'être. Grâces lui en soient ici rendues. Je gagerai sans risque que ce Florilège traduit par un savant au tempérament de poète va enfin permettre aux amateurs de se délecter au ton, aux thèmes, aux mètres de Li Bai. Pour celui qui pensait qu'avec le vin, la poésie, elle seule, pouvait nous faire admettre ce que le ciel et la terre font de notre misérable espèce, qu'est-ce que cent ans, qu'est-ce que mille ans, qu'est-ce que douze cents ans et plus de retard ? Mourir en voulant cueillir un reflet de lune dans l'eau, quelle jolie fable du monde poétique et de la vie de Li Bai ! Etiemble

09/1985

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Pléiades

La Bible. Ancien Testament. Tome 1

"La Bibliothèque de la Pléiade avait inscrit depuis longtemps à son programme une traduction intégrale de La Bible. Cette traduction devait être, par ses qualités littéraires, digne des grands classiques français et étrangers qui ont établi le renom de la collection. Elle devait en même temps répondre aux exigences de précision qu'ont suscitées le développement de l'esprit scientifique, les progrès de la philologie et les découvertes archéologiques les plus récentes. Nul ne pouvait donc être plus qualifié pour diriger et réaliser cette publication que M. Edouard Dhorme, membre de l'Institut, professeur honoraire au Collège de France : à une connaissance parfaite de l'hébreu et des langues sémitiques antérieures ou postérieures à celle-ci, M. Dhorme joint, à un haut degré, le sens de la langue française. Pour la première fois en France, semble-t-il, un tel approfondissement de l'hébreu non seulement n'a pas empâté la vigueur, ni terni les nuances de notre langue, mais au contraire en a affiné les richesses. C'est en serrant l'original de plus près que le traducteur, a, du fond du génie français, fait surgir des pouvoirs endormis et comme une nouvelle écriture. Celle-ci épouse le style de chacun des auteurs originaux et rend sensible leur tempérament propre : ici un ton oral sans âge, ailleurs de savants effets littéraires, parfois la raideur des inscriptions archaïques ou le frémissement de vie et la jeunesse retrouvée de poèmes immortels. L'introduction et les notes, n'ayant point de thèses à défendre, soucieuses uniquement d'éclairer le texte, situent tout ce qui peut l'être dans l'état actuel de nos connaissances : coutumes, jeux de mots, histoire et géographie, philosophie et morale, etc. Elles portent la marque d'une grande sagesse et d'une prudence courageuse. M. Dhorme, qui connaît aussi bien les hardiesses hypercritiques que la théologie savante, sait défendre les droits du texte littéral contre toute interprétation tendancieuse et se réserver devant les hypothèses téméraires. Voilà qui ne saurait laisser indifférents ni les croyants ni les historiens : cette publication doit ainsi emporter l'assentiment unanime. Il se trouve de surcroît que c'est un grand événement littéraire". Bulletin Gallimard, oct. 1956.

11/2000

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Beaux arts

Georges Le Brun (1872-1914). Maître de l'intime

Paysagiste et peintre intimiste, marqué par le symbolisme, Georges Le Brun (1873-1914), originaire de Verviers en Belgique, apprend très tôt à peindre par l’aquarelle. Il ne cesse alors de pratiquer le dessin, notamment comme préparation à ses peintures : carnets, feuilles d’études, mais aussi grands dessins où perspective, échelle et dégradés de tons sont soigneusement calculés. Après un séjour à Bruxelles, Le Brun s’installe dans la Haute Fagne, région rurale de Wallonie. A l’instar de nombreux autres artistes, il pense y trouver une vie apaisante, atemporelle, à même de nourrir son art, dans le grand courant primitiviste qui imprègne l’art moderne au tournant du siècle dans toute l’Europe. Le Brun peint des paysages, des scènes de la vie rurale, des intérieurs intimistes : paysans silencieux occupés à des gestes ancestraux, études de bûcheron, de faucheur, d’éplucheur…, mais aussi paysages aux figures soit absentes soit minuscules, remarquables par leur absence de mouvement et leur « immanence ». L’artiste ne cherche pas à idéaliser mais au contraire à être vrai, à capter le point de vue le plus juste. Il observe, longtemps, patiemment, sans élaborer de discours social. La permanence de la vie rurale le séduit. En cela, son oeuvre évoque Millet et Pissarro, qui au-delà de leur engagement social, représentent le rythme ancestral du travail de la terre et l’harmonie entre paysans et nature. Le Brun partage aussi avec Pissarro l’esprit de synthèse, la sûreté du trait, la recherche de précision. Il nourrit également une passion pour la lumière, proche des impressionnistes défendus dans ses articles. Toute sa vie, en effet, Le Brun écrit des textes qui témoignent de ses prises de position antiacadémiques et de ses connaissances approfondies en art. Ses lettres d’Italie, ses récits de voyage et ses articles de presse notamment pour L’Art moderne, démontrent une écriture savante. Une production littéraire qui contraste avec l’image répandue du peintre, tout entier absorbé par la vie simple des Ardennes. Cette double identité, de bourgeois intellectuel et de peintre rustre, crée l’ambiguïté qui entoure la personnalité et l’art de Le Brun. Il meurt sur le front de l’Yser au début de la Première Guerre mondiale.

11/2015

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Musique, danse

600 mots de la musique. B, Genres et formes

Les deux tomes des 600 Mots de la musique couvrent l'essentiel du vocabulaire de la musique occidentale dite "savante". Le volume A contient les mots concernant la théorie, les procédés compositionnels, les pratiques, les esthétiques et courants musicaux. Ce volume B s'attache aux genres (cantate, lied, symphonie) et aux structures formelles (rondo, forme sonate, thème et variations). Les vocables relatifs à la facture instrumentale, qui appartiennent à un autre domaine, ont donc été écartés, ainsi que la terminologie propre aux traditions orales, musiques extra-européennes et populaires (chanson, jazz, pop, rock, etc.). Les mots les plus importants donnent leur titre aux entrées. Mais au sein des notices, des termes supplémentaires sont également définis (par exemple, "bécarre" apparaît dans la page consacrée à "altération") : il nous a semblé plus pertinent de mettre immédiatement en perspective des notions intimement liées et d'éviter la formule du dictionnaire qui aurait entraîné un grand nombre de redites. L'intitulé de quelques entrées associe deux ou trois mots ("ambitus, tessiture, registre", ou "chaconne et passacaille"), lorsqu'il s'avère judicieux de les traiter de conserve. Dans ce volume B, lorsqu'un même terme se décline en plusieurs catégories (par exemple, les différents types de concerto ou de symphonie), les notices sont disposées dans l'ordre chronologique afin de mettre en évidence la trajectoire historique. Dans l'index, les intitulés sont en revanche classés par ordre alphabétique. Cet index regroupe la totalité des termes et permet de retrouver aisément ceux qui ne disposent pas d'entrée propre. Dans le corps du texte, le signe ? désigne ceux qui sont explicités dans le volume A ; l'astérisque, ceux qui sont commentés dans le volume B. Par souci de lisibilité et d'accessibilité, les exemples musicaux des oeuvres anciennes sont imprimés en notation moderne et l'orthographe des citations anciennes est actualisée. La date indiquée à la suite d'une oeuvre correspond à l'année de son achèvement. Lorsque la composition s'étend sur un nombre d'années conséquent et qu'il nous semble utile de donner cette information, la date de début de composition est précisée en sus de celle de fin. La date d'édition se substitue à la date de composition lorsque celle-ci reste inconnue.

01/2021

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Philosophie

Le mythe de l'Etat

Avril 1945. Ernst Cassirer achève peu avant de mourir Le mythe de l'Etat : un ouvrage réalisé à la demande de ses amis afin de tenter de comprendre les origines et les causes du nazisme. Sans jamais prétendre réduire le tragique de l'Histoire, mais sans renoncer non plus à toute explication, il invite la modernité à repenser son rapport au mythe. Les déformations qu'il fait subir à la pensée ne sont-elles pas la préfiguration, voire la caution, des violences politiques qui viennent ensanglanter les sociétés ? L'obscur besoin d'ordre qu'il véhicule et qui hante les fondements de la culture n'est-il pas responsable de la transformation de celle-ci en cauchemar, lorsqu'elle s'avise de ne plus lui résister mais de se confondre avec lui ? Le XXe siècle n'a-t-il pas basculé dans le tragique parce que subitement la culture s'est mise à célébrer le culte du héros, de la race et de l'Etat tout en versant dans un pessimisme dénigrant la Raison ? Ce livre peut être considéré, à bien des égards, comme le testament philosophique de l'un des plus grands penseurs de ce siècle, et en tout cas du plus digne héritier des Lumières. Livre savant attaché à reconstituer la mémoire de la Raison en refaisant l'histoire de toute la pensée politique, c'est aussi un livre de philosophe plaidant, à travers une critique du mythe, pour que la raison politique ne déroge pas à la plus haute de ses fonctions : réaffirmer la culture contre les tentations d'ériger l'idéologie, et donc la violence, en raison. Pour Cassirer, trois cultes particuliers ont propagé la déraison en politique : 1/ le culte du héros qui défend la nécessité de dirigeants politiques forts, voire d'hommes providentiels ; 2/ le culte de la race, véhiculé par Gobineau ; 3/ la conception hégélienne de l'Etat, dans laquelle l'institution étatique n'a pas à être limitée par les droits individuels, car elle est une réalité suprême, transcendante, divine, qui n'a sa finalité qu'en elle-même. Cassirer reproche à cette théorie de fournir une justification à la toute-puissance de l'Etat totalitaire.

02/2020

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Littérature étrangère

LE GENTLEMAN TZIGANE

Dans Larengro. La première partie de ses souvenirs publiée ici 1996. George Borrow racontait son enfance et sa jeunesse ; Avec le Gentleman tzigane (1857), qu'il sous-titre sans ambiguïté. Suite de Larengro, il reprend son récit à l'endroit exact où il l'avait laissé : mais sans changer ni de propos ni de style, il affine son angle de vision. Dans l'édition originale en trois volumes de Larengro, le premier évoquait la vie de l'auteur jusqu'à la mort de son père et courait sur vingt et un ans : le second, qui couvrait son séjour à Londres et ses travaux alimentaires dans l'édition, s'étendait sur plus d'une année : le troisième - son voyage à pied dans l'ouest de l'Angleterre et ses aventures d' "homme aux semelles de vent " - ne représentait guère qu'un mois ou deux. Le Gentleman tzigane accuse encore cet effet de "zoom " puisqu'il est tout entier consacré aux semaines de ce périple - mi-juin.fin juillet 1825. Mais qu'on ne s'y trompe pas : tout ce qui faisait le charme de Larengro est bien là - personnages inattendus et situations cocasses, réflexions imprévues et pleines d'originalité sur la vie et le monde, désarmant mélange d'érudition et de naïveté, fraîcheur touchante des sentiments - et ne fait que gagner en précision et en profondeur. Quel bonheur, au détour d'un chemin creux, de retrouver la troupe des Gypsies - Jasper Petulengro et Tawno Chikno, bien sûr. Pakomovna... mais aussi de découvrir de nouveaux visages : Ursula, Sylvester, d'autres encore - de surprendre Francis Ardry qui descend de voiture dans une cour d'auberge, ou de renouer connaissance avec Murtagh, le vieux camarade d'école, bien mal en point mais promis à un grand avenir ! Quelle joie aussi de retrouver l'indomptable Isopel Berners et d'apprendre comment tournera cette idylle étonnante ! Rien en soi d'extraordinaire dans ces épisodes, mais grâce à la magie d'un style à la fois simple et savant, lumineux et ouvert sur le rêve. Borrow parvient à emporter son lecteur dans un monde étrange - et ce faisant, il lui montre comment transfigurer la réalité la plus quotidienne et charger son propre regard de poésie.

07/1998

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Esotérisme

Jacques Bergier. Une légende... un mythe

Cet hommage collectif à Jacques Bergier témoigne de sa force de caractère et de son intelligence hors du commun, de son sens de l'honneur et de sa générosité qui ont fait de lui un héros de la Seconde Guerre mondiale, puis un "éveilleur de conscience". Sous la direction de Claudine Brelet, cet ouvrage réunit des auteurs venus d'horizons aussi divers que l'est l'oeuvre de Bergier, notamment la poétesse Janine Modlinger qui fut sa secrétaire, Hélène Renard, directrice de Canal Académie - la radio sur Internet de l'Institut de France, l'éditeur Jean-Pierre de Monza, des ingénieurs de Sup Aéronautique, divers auteurs, écrivains de science-fiction et de fantastique, dont Nicole Bamberger, Claude Seignolle, André Ruellan, Richard D. Nolane, F. Darnaudet, Claude Thomas, Ch. Moreau, J : P. Desthuilliers, S. Caillet, Jacques Vallée... et Patrick Clot, président-fondateur de l'association des Amis de Jacques Bergier dont il représente la famille. Ingénieur chimiste, Jacques Bergier réalisa, entre autres, la première synthèse du polonium. Engagé dans le réseau Marco Polo, Jacques Bergier, alias "Jacques Verne", fit partie du "groupe des Ingénieurs" (avec Helbronner et Ezkenazi) qui espionna les avancées techniques des nazis et leur utilisation de l'énergie atomique. Arrêté à Lyon en 1943 par la Gestapo, il fut envoyé à Neue Bremme, puis à Mauthausen. II reçut les plus hautes distinctions militaires des Alliés et les Russes s'inspirèrent de lui pour le héros du film, L'Homme qui arrêta la foudre (Et l'Angleterre sera détruite), consacré à l'opération qui permit de détruire Peenemünde où se construisaient les V1 et V2. Après la guerre, il se consacra à la promotion de la science-fiction et de faits négligés par la science officielle. De son livre, Le Matin des magiciens, manifeste du réalisme fantastique écrit avec L. Pauwels, naquit la revue Planète qui, traduite en une douzaine de langues, créa un phénomène éditorial doublé d'un véritable remue-méninges sur des sujet reflétant l'immense savoir de Jacques Bergier, apparemment aussi inépuisable que son humour, qui avoua que son plus grand bonheur fut d'être immortalisé par Hergé sous les traits du savant chauve et initié Mik Ezdanitoff, dans Vol 714 pour Sydney.

03/2011

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Autres encyclopédies (6 à 10 a

Trop forts, les mots !

"C'est vrai qu'ils sont forts, les mots ! Nous vivons avec eux, nous nous servons d'eux pour parler et pour e crire, nous croyons les connai tre, et puis, tout d'un coup, ils nous e chappent". Ainsi Alain Rey, éminent spécialiste de la langue française, responsable du dictionnaire Le Robert, introduit ce livre dans lequel il raconte l'histoire d'une cinquantaine de termes. Histoires de mots, savantes et amusantes L'idée de ce livre ? "Prendre quelques mots, ceux qu'on dit et qu'on entend souvent, et aller les regarder de près". Plus de 400 d'entre eux sont approchés à travers des récits érudits, facétieux, mais pourtant très simples, vivants et imagés. 49 entrées par ordre alphabétique permettent de voyager dans notre langue, de Avions à Viande en passant par Dragons, Image ou Robes... On y apprendra que les mots "salade" et "salaire" viennent du mot "sel" ou comment un savant a fabriqué le mot "dinosaure" (le saurien qui fait peur) et aussi pourquoi, au Canada, on dîne à midi et on soupe le soir... Une exploration de la langue française Dans cet ouvrage, l'auteur raconte ce que re ve lent les signes du langage, d'ou ils viennent, comment ils nous montrent les choses ; et cela sur le ton de ses chroniques, bien connues, diffusées sur France Inter entre 1993 et 2006. Le choix d'une cinquantaine de mots ressources, piochés dans l'univers des jeunes lecteurs est mûrement réfléchi par ce maître du langage. Ecran, avion, bédé, pantalon, tomate, fesse, fraise, ordi, magique et les autres permettent d'explorer notre langue française d'une façon humoristique et gourmande. Une autre vision de la langue française Quand une grande plume de la lexicographie se met au service d'une vulgarisation intelligente, voilà que cela donne un livre hors du commun ! Passionnant, à lire comme un roman, cet ouvrage apporte un éclairage (d)étonnant sur la langue française, aux plus jeunes comme aux plus grands... Et imaginé avec des illustrations rigolotes, il nous montre que les mots savent aussi plaisanter et jouer.

08/2022

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Littérature Italienne

Nocturne de Gibraltar

Porté par un style versatile et surprenant, Nocturne de Gibraltar s'adonne à un joyeux sabotage du roman d'investigation. A Barcelone, un jeune journaliste interviewe l'écrivain Enrique Vila-Matas. Mais tout va de travers ; le journaliste est retrouvé mort, et Vila-Matas s'est volatilisé. Un détective revêche, "fier ennemi des Lettres" , se lance à la poursuite de l'assassin présumé avec sa soeur, Soledad, médecin légiste et lectrice très cultivée, qui semble être impliquée dans l'affaire bien plus qu'elle ne le devrait. S'enclenche un dispositif romanesque entrelaçant lettres, entretiens et truculentes péripéties (dont un championnat du monde de détectives littéraires où se défient Poirot, Montalbano, Maigret et Sherlock Holmes). Un policier au carré, joueur et diabolique, qui, sur un savant fond d'hommages et de citations, conduit le lecteur jusqu'à Gibraltar, où des poètes revendiquent un espace pour la littérature. L'auteur Né à Naples en 1989, Gennaro Serio travaille pour le journal il manifesto. Il écrit également pour divers périodiques, dont il Venerdì et Alias. En 2019, il a obtenu avec Nocturne de Gibraltar le plus prestigieux prix italien décerné aux primo-romanciers : le prix Italo Calvino. Le jury a salué "l'audacieuse expérimentation métalittéraire menée dans le texte avec une langue polymorphe, dans le sillon des modèles cosmopolites de Vila-Matas et Bolano. Un polar sophistiqué à l'accent ironique et parodique qui voit les personnages voyager dans les lieux de culte de l'écriture en Europe, jusqu'à la Gibraltar de l'immortelle Molly Bloom". Le postfacier Né en 1948 à Barcelone, Enrique Vila-Matas est l'un des plus grands écrivains espagnols vivants. Maître des textes métalittéraires, il mène un travail continu d'invention à partir de sa propre oeuvre. Citons notamment Bartleby et compagnie (2002), Le Mal de Montano (2003) ou Paris ne finit jamais (2004). Comme un jeu de miroir, l'écrivain signe la préface de ce roman qui a fait de lui l'un des protagonistes. La traductrice Après avoir enseigné, puis travaillé en bibliothèque universitaire, Maïa Rosenberger se consacre désormais entièrement à la traduction : essais journalistiques, ouvrages d'histoire de l'art, romans graphiques et littérature.

08/2023

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Sciences historiques

Georges Claude. Le génie fourvoyé

Georges Claude (1870-1960), est sans doute l'inventeur français le plus fécond ; ayant tant marqué son époque de nombreuses et géniales inventions, qui prospèrent encore dans l'industrie contemporaine, comment peut-il être, aujourd'hui, autant ignoré du grand public ? La réponse est à chercher dans les bouleversements du Xxe siècle : " l'homme aux 250 inventions ", qui fut un chercheur infatigable et opiniâtre contre l'avis des scientifiques dominants était mondialement connu et admiré avant le dernier conflit mondial. Elu à l'Académie des sciences en 1924, honoré par quantité d'Universités et d'organismes internationaux, il lança d'innombrables projets. Qu'on en juge ! Il est à l'origine d'Air Liquide (dont la raison sociale demeure : société anonyme pour l'étude et l'exploitation des procédés Georges Claude), des Lampes Claude, de la Société Chimique de La Grande Paroisse, du tube au néon, de nombreuses armes de guerre en 14, de la synthèse de l'ammoniaque par hyperpression, de l'énergie thermique des mers... Les Américains appelèrent ce génie créatif l'" Edison français " ! Cet élève de l'École Municipale de Chimie et Physique Industrielles de Paris, qui fut à la fois électricien, journaliste, physicien, chimiste, ingénieur, économiste, voulu cependant devenir tribun et se noya dans le chaudron hautement toxique de la politique. Le Cassandre des années 30 s'entêta pour soutenir son ami Pétain dans un collaborationnisme suicidaire et se fourvoya dans les excès de l'extrême droite. Ce rival des scientifiques allemands ne voyait alors d'avenir que dans la grande Europe... d'Adolf Hitler. Trop d'intérêts et les déchirements de l'Histoire le condamnèrent à l'oubli. Rémi Baillot, avec la même ténacité que l'inventeur, a reconstitué et cherché à comprendre ce parcours fourmillant d'aventures, de combats et de conquêtes. À l'appui de nombreuses illustrations originales, il a replacé dans l'histoire de la Science et de la politique au XXe siècle, la tragédie passionnante de ce Gaulois intrépide, courageux, savant, inspiré, fier, mais aussi terriblement sourd et follement jusqu'au-boutiste. II sort de l'oubli Georges Claude, ce génie fourvoyé.

02/2010

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Criminalité

Lucky Luciano, testament

Petit immigré sicilien dans le New York des années 1900, Luciano fait les quatre cents coups avec d'autres gamins du Lover East Side : Meyer Lansky, qui restera son ami, Frank Costello ou Rugsy Siegel. Viendront ensuite Al Capone, Vito Genovese, Alberto Anastasia, Dutch Schultz ou Nucky Johnson. C'est le temps du trafic d'alcool, des braquages et des règlements de comptes. En 1920. Luciano rejoint la famille d'un des parrains de New York. Il veut bousculer les vieilles traditions de la mafia. Son projet de syndicat du crime et son sens aigu de la stratégie l'amènent à devenir après une guerre sanglante le chef des cinq familles de Cosa Nostra. Il est alors l'un des hommes les plus puissants d'Amérique, même lorsqu'il est incarcéré après avoir été lâché par Franklin Roosevelt qu'il a contribué pourtant à faire élire... Lorsque les Etats-Unis s'engagent dans la Seconde Guerre mondiale. Lucky Luciano profite de la situation. Il raconte dans son livre comment, en exerçant un incroyable chantage sur les autorités américaines, il obtiendra une libération anticipée. En 1946, à Cuba, alors aux mains de la mafia, Luciano organise la conférence de La Havane qui réaffirme son leadership sur le syndicat du crime. Considérant les énormes bénéfices potentiels d'un marché en pleine expansion, il va à la fin de sa vie tisser des liens avec les mafias italiennes, et organiser le trafic international de stupéfiants avec les trafiquants corses et la pègre marseillaise. Hollywood s'intéresse à sa légende : en 1961 le producteur Martin Gosch imagine avec Luciano un scénario basé sur la vie du parrain. Le film ne verra jamais le jour tant la mafia américaine craignait ses révélations. Alors, à la veille de sa mort, le parrain dicte cet incroyable testament à son ami Martin Gosch et au journaliste Richard Hammer. C'est à partir de ces mémoires que Mario Puzo et Francis Ford Coppola ont créé le personnage mythique de Don Corleone dans le Parrain. C'est à partir du testament de Lucky Luciano que Sergio Leone a imaginé Il était une fois l'Amérique.

02/2022

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BD tout public

Alex, Eurêka et l'inspecteur Lestaque 6 - Attention : Danger !

Contenu de l'album : - Episode 13 : LES MASQUES BLANCS 31 planches parues initialement dans le journal COURS VAILLANTS en 1963 Avant son arrestation, le repris de justice PERROT avait pris l'initiative d'adhérer à la bande internationale des " Masques Blancs ". Bien lui en a pris car celle-ci ne va pas tarder à le faire évader de la prison de Fresnes, avec l'aide involontaire de l'avocat SCHMIDT. Témoin de cette exfiltration, ALEX, EUREKA et LESTAQUE tentent de s'interposer et se retrouvent prisonniers de la bande et en route pour l'Alaska où se trouve son repaire. Mais ce n'est pas fini, car cette aventure les mènera ensuite jusqu'au Mexique. - Episode 14 : L'HONNEUR DE LESTAQUE 30 planches parues initialement dans le journal J2 JEUNES en 1963-1964 Plusieurs banques de Marseille sont cambriolées en peu de temps et les témoins sont unanimes : le coupable c'est... LESTAQUE ! Après une rapide enquête, il s'avère qu'il s'agit d'une manoeuvre de son ennemi juré et sosie le fameux GIVREUR ! Mais l'histoire ne s'arrête pas là, car notre inspecteur favori va alors faire semblant d'être en cavale afin d'infiltrer la bande et laver son honneur ! - Episode 15 : L'HOMME AU MANTEAU GRIS 30 planches parues initialement dans le journal J2 JEUNES en 1964-1965 Des " responsables " dans la police ont eu la très bonne idée de confier des micro-films ultra secrets à l'inspecteur FRICOT avec la mission (secrète ! ) de les transmettre au ministère de la défense... Evidemment il ne va pas tarder à gaffer. Au restaurant avec ALEX, EUREKA et LESTAQUE qui viennent déjà de le tirer d'un mauvais pas, il trouve le moyen d'échanger son manteau avec celui d'un autre client. Un manteau gris qui contenait évidemment les précieux documents !!! Vol ou hasard ? Espion ou quidam ? Une aventure qui va conduire nos 4 amis à Nice, Rome puis Londres à la poursuite de ce satané manteau gris et leur faire croiser la route de Robert RIGOT, le dessinateur de FREDERI LE GARDIAN et FRED LE VAILLANT.

05/2020

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Musique, danse

Brahms

Nul autre n'était plus qualifié que Claude Rostand, grand spécialiste de la musique allemande romantique, pour traiter un sujet qui avait été jusqu'alors complètement négligé par la littérature musicale de notre pays. C'est, en effet, le premier livre complet et exhaustif paru à ce jour en français. Cet ouvrage considérable, Claude Rostand (1912-1970) y a consacré plusieurs années de sa carrière de critique et de musicographe, rassemblant tous les documents les plus récents à l'époque, lui permettant de tracer le portrait véridique d'une des plus grandes et attachantes figures du romantisme, et de faire justice d'un certain nombre de légendes qui en faussaient souvent la vérité. A travers les correspondances, les mémoires, les récits, les articles de journaux, il a su s'introduire au plus intime de son sujet et nous faire connaître la physionomie profonde d'un homme et d'un artiste parfois étrange, souvent déroutant, mais combien attachant pour qui le connaît. La valeur toute particulière du Brahms de Claude Rostand tient à ce que l'auteur a fait tout en même temps oeuvre d'historien d'une part, et de savant d'autre part. L'ouvrage comprend un élément biographique, récit très attachant, très vivant, au long duquel nous suivons le musicien presque jour après jour durant toute sa carrière. En outre, ce récit brosse une vaste fresque de l'Europe musicale d'alors : les grandes capitales de la musique, le cénacle de Schumann à Dusseldorf, celui de Mendelssohn à Leipzig, la Rome lisztienne de Weimar, Vienne à l'époque de François-Joseph et de Johann Strauss, etc. Nous y voyons vivre ou mourir Schumann, Liszt, Berlioz, Wagner, Hugo Wolf, Bruckner. Dans ce livre vivant, varié et passionnant, Claude Rostand a intercalé un élément qui, pour technique qu'il soit dans une certaine mesure, n'en reste pas moins à la portée de l'amateur moyen : toutes les oeuvres sans exception sont analysées de façon que cet ouvrage puisse également être consulté comme un guide et un dictionnaire brahmsiens. Toutes les oeuvres sont ainsi situées dans leur ambiance historique, psychologique, poétique et sentimentale, et expliquées sommairement et clairement du point de vue strictement musical.

09/1990

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Pléiades

La Bible : l'Ancien Testament. Tome 2, Les quatre grands prophètes, Les douze petits prophètes, Les trois livres poètiques, Les cinq rouleaux, Les deutérocaniques

"La Bibliothèque de la Pléiade avait inscrit depuis longtemps à son programme une traduction intégrale de La Bible. Cette traduction devait être, par ses qualités littéraires, digne des grands classiques français et étrangers qui ont établi le renom de la collection. Elle devait en même temps répondre aux exigences de précision qu'ont suscitées le développement de l'esprit scientifique, les progrès de la philologie et les découvertes archéologiques les plus récentes. Nul ne pouvait donc être plus qualifié pour diriger et réaliser cette publication que M. Edouard Dhorme, membre de l'Institut, professeur honoraire au Collège de France : à une connaissance parfaite de l'hébreu et des langues sémitiques antérieures ou postérieures à celle-ci, M. Dhorme joint, à un haut degré, le sens de la langue française. Pour la première fois en France, semble-t-il, un tel approfondissement de l'hébreu non seulement n'a pas empâté la vigueur, ni terni les nuances de notre langue, mais au contraire en a affiné les richesses. C'est en serrant l'original de plus près que le traducteur, a, du fond du génie français, fait surgir des pouvoirs endormis et comme une nouvelle écriture. Celle-ci épouse le style de chacun des auteurs originaux et rend sensible leur tempérament propre : ici un ton oral sans âge, ailleurs de savants effets littéraires, parfois la raideur des inscriptions archaïques ou le frémissement de vie et la jeunesse retrouvée de poèmes immortels. L'introduction et les notes, n'ayant point de thèses à défendre, soucieuses uniquement d'éclairer le texte, situent tout ce qui peut l'être dans l'état actuel de nos connaissances : coutumes, jeux de mots, histoire et géographie, philosophie et morale, etc. Elles portent la marque d'une grande sagesse et d'une prudence courageuse. M. Dhorme, qui connaît aussi bien les hardiesses hypercritiques que la théologie savante, sait défendre les droits du texte littéral contre toute interprétation tendancieuse et se réserver devant les hypothèses téméraires. Voilà qui ne saurait laisser indifférents ni les croyants ni les historiens : cette publication doit ainsi emporter l'assentiment unanime. Il se trouve de surcroît que c'est un grand événement littéraire". Bulletin Gallimard, oct. 1956.

01/1990

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Histoire littéraire

L'Harmonica de verre et miss Davies. Essai sur la mécanique du succès au siècle des Lumières

Une jeune fille fait son entrée. La voici qui s'assoit derrière un objet oblong supportant une trentaine de bols de cristal enchâssés du plus large au plus petit. Elle mouille ses mains, puis se met à frotter les verres dans un ordre qu'elle est la seule, alors, à connaître. La friction délicatement rythmée crée une mélodie inouïe et saisissante. A la fin du xviiie siècle, l'" harmonica de verre " a suscité l'engouement de la bonne société européenne tout à la fois férue de musique et de curiosités mécaniques puis, quasiment avec une même passion, l'effroi. Fallait-il craindre ses effets sur les nerfs ? Aujourd'hui son nom même est oublié, de même que celui de sa première interprète Mary Ann Davies, longtemps accompagnée au chant par sa soeur, Cecilia. Celui qui mit au point l'instrument, en revanche, est demeuré célèbre puisqu'il n'est autre que Benjamin Franklin. Entremêlant les carrières heurtées des deux musiciennes avec l'itinéraire auréolé de gloire du savant et homme politique américain, Mélanie Traversier nous invite à parcourir les différents mondes de la musique au siècle des Lumières : les artistes et leurs publics, les entrepreneurs de spectacle, les facteurs d'instruments, les inventeurs, les réseaux savants et diplomatiques. En relevant leurs étrangetés qui bousculent le grand récit de la modernité, en questionnant le rôle des femmes dans l'histoire des inventions, elle met au jour une mécanique du succès qui ne fait pas seulement jouer les ressorts de l'émotion musicale, mais aussi ceux des sciences et des techniques, au temps où l'instrument de musique était conçu comme une machine à faire advenir l'innovation. Maîtresse de conférences HDR à l'université de Lille, Mélanie Traversier est historienne et comédienne. Ses travaux portent sur l'histoire sociale du spectacle, le paysage sonore et les études de genre dans l'Europe des Lumières. Elle a notamment publié Gouverner l'opéra. Une histoire politique de la musique à Naples, 1767-1815 (EFR, 2009), Le Journal d'une reine. Marie-Caroline de Naples dans l'Italie des Lumières (Champ Vallon, 2017) et codirigé La musique a-t-elle un genre ? (Editions de la Sorbonne, 2019).

03/2021

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Beaux arts

Fugues

Fuguer n'est pas une mince affaire. Il peut s'agir de fuir son domicile ou d'entreprendre une escapade sans conséquence. La fugue est également, bien sûr, une écriture musicale. Singulièrement, la suite des dessins de Marie Mirgaine apporte sa pierre à l'édifice que constitue cette longue et savante histoire de la fugue. Comme en musique, effectivement, les créations de Marie Mirgaine ont la rigueur d'une suite d'imitations ouvrant la voie à l'alternance d'un thème qui s'enchaîne à travers la reprise (comme on le dit d'un canon pour le chant) : reprise et répétition de couleurs, de formes et d'impulsions articulées les unes aux autres. Ainsi se consitutent des dynamiques, des trajectoires où chaque nouveau mouvement des personnages en fuite (en fugue) reprend certains aspects des précédents pour obtenir pleinement l'accomplissement de ses propres énergies. Il y a même là une sorte d'ardeur, on pourrait dire, ce qui ne saurait nous étonner, si l'on songe un instant à la racine de ce mot fugue, de l'italien fuga, dont l'une des variantes : foga, a produit le mot fougue. Et plus encore : la fugue fait également écho aux notions de jointures et d'ajustements, agencement ou combinatoire de parties, le propre même, à bien y regarder, des compositions dessinées de Marie Mirgaine dont la technique, comme elle l'explique elle-même, est d'ajuster, d'organiser, en les superposant les uns aux autres, des morceaux de papier de toutes espèces. A n'en pas douter, il s'agit donc ici d'un art (cet ars, cette habilité, cette technique) dont la signification repose en son fond sur les notions d'assemblage et d'organisation. D'un art dont l'objet, peut-être, serait d'échapper par la fugue (la fuite vers nulle part) à l'immobilité, au poids cadavérique de la mort même, pour mieux lancer un hymne à l'impulsion, à la poussée de la vie, dont le rythme relèverait à la fois de la pulsion d'un choeur et du battement du coeur.

04/2019

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Fantasy

L'Age de la folie Tome 2 : Le problème avec la paix

Ancienne reine des affaires à Adua, Savine dan Glokta a tout perdu lors des émeutes de Valbeck. Sa fortune, son flair et sa réputation... Il ne lui reste plus que son ambition et une solide absence de scrupules. Pour un héros de guerre comme Leo dan Brock, la paix est une source d'ennui et de frustration. Mais avant de repartir au combat, il lui faut forger des alliances... et la diplomatie n'est pas son fort. Pendant ce temps, son amie Rikke lutte pour maîtriser son don maudit - avant qu'il finisse par avoir sa peau. Fraîchement couronné, Orso doit avant tout se garder des coups de poignard que lui réservent ses " partisans ". Sans pour autant négliger ses ennemis désireux de libérer le peuple de ses chaînes, les nobles, concentrés sur leurs intérêts privés, ou encore les créanciers qui l'attendent au tournant de la dette. L'ancien temps est mort et ses monarques avec. Les nouveaux découvriront vite que rien n'est éternel. Ni les pactes, ni les allégeances... ni la paix. La nouvelle trilogie de Joe Abercrombie, située dans le même univers que La Première Loi et Terres de sang. " Des batailles violentes et viscérales, une action brutale, un rythme frénétique : Abercrombie accumule les trahisons, les renversements d'alliance et les coups de théâtre. Son meilleur livre à ce jour. " George R. R. Martin " Ces livres sont bons, vraiment très bons. Ils m'ont littéralement happé... un univers parfaitement construit et des personnages fascinants. " Patrick Rothfuss " Le ton morbide, drôle et impitoyable de cette Fantasy sombre et adulte n'est pas sans rappeler celui de Iain Banks. " Lev Grossman, Time Magazine " Abercrombie écrit de la Fantasy comme personne d'autre. " The Guardian " Joe Abercrombie a créé un univers qui tient la comparaison avec ceux de George R. R. Martin en termes de drame, d'intrigues politiques et, bien entendu, d'effusions de sang. " SciFiNow " Abercrombie saupoudre d'humour noir les moments d'action sanglante. Il compose une histoire où la nature humaine profonde, mélange de ténèbres et de lumière, est dépeinte avec une grande finesse. " Publishers Weekly

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Fantasy

L'âge de la folie Tome 2 : Le problème avec la paix

Ancienne reine des affaires à Adua, Savine dan Glokta a tout perdu lors des émeutes de Valbeck. Sa fortune, son flair et sa réputation... Il ne lui reste plus que son ambition et une solide absence de scrupules. Pour un héros de guerre comme Leo dan Brock, la paix est une source d'ennui et de frustration. Mais avant de repartir au combat, il lui faut forger des alliances... et la diplomatie n'est pas son fort. Pendant ce temps, son amie Rikke lutte pour maîtriser son don maudit - avant qu'il finisse par avoir sa peau. Fraîchement couronné, Orso doit avant tout se garder des coups de poignard que lui réservent ses " partisans ". Sans pour autant négliger ses ennemis désireux de libérer le peuple de ses chaînes, les nobles, concentrés sur leurs intérêts privés, ou encore les créanciers qui l'attendent au tournant de la dette. L'ancien temps est mort et ses monarques avec. Les nouveaux découvriront vite que rien n'est éternel. Ni les pactes, ni les allégeances... ni la paix. La nouvelle trilogie de Joe Abercrombie, située dans le même univers que La Première Loi et Terres de sang. " Des batailles violentes et viscérales, une action brutale, un rythme frénétique : Abercrombie accumule les trahisons, les renversements d'alliance et les coups de théâtre. Son meilleur livre à ce jour. " George R. R. Martin " Ces livres sont bons, vraiment très bons. Ils m'ont littéralement happé... un univers parfaitement construit et des personnages fascinants. " Patrick Rothfuss " Le ton morbide, drôle et impitoyable de cette Fantasy sombre et adulte n'est pas sans rappeler celui de Iain Banks. " Lev Grossman, Time Magazine " Abercrombie écrit de la Fantasy comme personne d'autre. " The Guardian " Joe Abercrombie a créé un univers qui tient la comparaison avec ceux de George R. R. Martin en termes de drame, d'intrigues politiques et, bien entendu, d'effusions de sang. " SciFiNow " Abercrombie saupoudre d'humour noir les moments d'action sanglante. Il compose une histoire où la nature humaine profonde, mélange de ténèbres et de lumière, est dépeinte avec une grande finesse. " Publishers Weekly

01/2022

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Littérature française

Comme un, Commune. Ou les tribulations de Théo et Madeleine Fischer, du Paris libre de 1871 à Rio

Déporté en Nouvelle-Calédonie pour son activisme sous la Commune de Paris, l'Alsacien Théo Fischer écrit, afin de ne pas sombrer dans la folie, à sa femme, Madeleine, et à son fils, Alexandre, dont il est sans nouvelles depuis le 21 mai 1871. Typographe devenu franc-tireur sous le siège de Paris puis secrétaire de rédaction au "Journal officiel de la Commune", Théo nous narre sa rencontre avec sa farouche amazone, son amitié pour François, déserteur exilé au Brésil, la découverte de son frère d'Algérie grâce au musicien Francisco Salvador Daniel, ses altercations musclées avec les policiers Gautier et Mattei, ses combats de rue contre "Oreille-Cassée" et ses sbires - Théo a appris la savate avec le communeux Joseph Charlemont notamment... -, ses missions contre les ulhans aux côtés des Garibaldiens du XIIIe... Madeleine et Théo nous entraînent dans le Paris de la Commune, quand le peuple, adulte et "las des tyrans" , monte à l'assaut du ciel, réinvente la démocratie, sépare l'Eglise de l'Etat, rend l'instruction publique gratuite, laïque et obligatoire, instaure l'égalité salariale entre les hommes et les femmes. Autant de mesures politiques censurées par la IIIe République, héritière des bourreaux versaillais. Avec le clan Fischer, nous croisons la route de Paul Verlaine, Arthur Rimbaud, Gustave Courbet, Eugène Pottier, Jean-Baptiste Clément, Elisée Reclus, Emile Zola, Victor Hugo, Georges Clemenceau, Nadar, mais aussi l'anarchiste Mikhaïl Bakounine, que Théo et ses camarades protégeront du terroriste Netchaïev. Madeleine et Théo nous font redécouvrir Charles Delescluze, Arthur Arnould, Eugène Varlin, Théophile Ferré, Nathalie LeMel, Louise Michel, figures intègres et attachantes d'un Paris révolutionnaire qui illuminera le monde de sa clarté humaniste au point d'être la référence des révolutions du XXe siècle, qui souvent la trahiront en pensant la venger. Mais le martyre de la Commune, dont s'est nourrie la légende rouge chère aux marxistes orthodoxes, vaut en définitive moins que son dynamisme innovateur, joyeux et fraternel qu'illustrent avec esprit Madeleine, Théo, Jeanne, Joseph, Lukas, Henry Bauër, un des fils d'Alexandre Dumas. Dumas ! Et si "Comme un, Commune" était avant tout un roman de cape et d'épée ?

11/2014

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Sociologie

L'appel du texte. Sociologie du savoir bibliste

Livre le plus traduit dans le monde, la Bible est aussi un recueil d'écritures saintes dont le long commentaire jusqu'à nos jours a rencontré les sciences humaines. Le questionnement de Spinoza sur l'origine, la forme et la finalité des textes transmis a suscité une aventure intellectuelle singulière qui se poursuit aujourd'hui dans les cercles transatlantiques d'exégèse. Un espace savant en a résulté au carrefour de la théologie, de la philologie, de l'histoire, et plus récemment de la narratologie et de l'anthropologie. Son inscription dans le système universitaire n'en est pas moins variable suivant les pays. En France, la séparation entre facultés de théologie et de lettres ne lui a pas permis d'acquérir l'autorité académique qu'il a dans d'autres pays occidentaux. Quelques érudits s'y distinguent cependant, tels Ernest Renan, Alfred Loisy ou Marie-Joseph Lagrange, dont les successeurs ont vu leur énergie critique libérée après la Seconde Guerre mondiale. Que reste-t-il aujourd'hui de ce savoir au moment où les Eglises se replient sur la défense de leurs traditions, où les humanités déclinent, mais où en même temps la curiosité publique pour l'histoire des religions gagne les médias ? Sans qu'ils se définissent par une discipline ou une profession particulière, les "biblistes" qui font le succès de certaines séries télévisées témoignent-ils d'une compétence ou d'un métier spécifiques ? Peut-on parler d'eux comme d'un "collège invisible" qui actualiserait le programme de recherche spinozien ? L'enquête ethnographique tente d'y répondre en délimitant le noyau cognitif de l'exégèse critique, en explorant ses réseaux de sociabilité intellectuelle, en retraçant ses parcours individuels, en décryptant ses épreuves publiques. Se dessine de proche en proche un milieu fragile mais au savoir substantiel qui partage à l'échelle mondiale un commun "appel du texte". Cet appel se manifeste au fil d'années d'études des langues et des traditions ; il se traduit par l'acquisition définitive du sentiment de la pluralité irréductible des symboles et des significations d'une parole qui se veut pourtant unique.

10/2011

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Poésie

Par les fossés et les haies. Paysages et saisons, édition bilingue français-alsacien

Emile Storck et Nathan Katz ont reçu en 1966 à Freiburg l'Oberrheinische Kulturpreis. Deux poètes représentatifs de l'humanisme rhénan, appartenant l'un et l'autre à cette génération qui dut traverser deux guerres mondiales et changer de nationalité. Scolarisés dans la langue allemande, devenus citoyens français, ils firent tous deux le choix d'écrire en dialecte alsacien, se résignant à n'être lus que d'un public limité. Si Emile Storck, mort en 1973, n'a pas vu la renaissance de la culture alsacienne, son ami Nathan Katz sera salué par le héraut de la nouvelle génération, André Weckmann, comme " notre père à tous " et auréolé d'une soudaine gloire. L'intégralité de l'oeuvre dialectale de Nathan Katz a été publiée en édition bilingue (Arfuyen, 2001-2003). Celle d'Emile Storck est restée méconnue. Pourtant Katz n'avait-il lui-même affirmé qu'elle était plus " forte " que la sienne ? Cette injustice est aujourd'hui réparée : la traduction réalisée par le Cercle Emile Storck permet de découvrir une écriture aussi personnelle que savante, ainsi qu'une langue aux immenses ressources. Les poèmes de Storck donnent à entendre ce que la langue alsacienne aurait pu devenir. Inapte à la comédie sociale, Storck n'avait d'autre joie que de courir les forêts et les prés de sa vallée : plantes, oiseaux, insectes n'avaient pour lui pas de secret. Sa grande passion allait aux papillons, dont il était devenu un spécialiste et qu'on retrouve dans maints poèmes, voletants, éclaboussants de couleurs. Resté célibataire, Storck s'éteignit dans la maison paternelle. Tout près demeurait son aîné Joseph, agrégé d'allemand comme lui, devenu maire de Guebwiller en 1971. Les temps n'étant pas propices, manuscrits et collections furent dispersés. Joseph mourut en 1989. Ce qu'il avait fait en Limousin, pendant la guerre, pour sauver des enfants juifs n'a pourtant pas été oublié : en 1998 lui a été conféré le titre de Juste parmi les Nations. Il faut espérer que la postérité fera aussi mémoire de son cadet, le poète Emile Storck.

03/2013

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Critique littéraire

L'oeuvre de Nicolas de Vérone. Intertextualité et création dans la littérature épique franco-italienne du XIVe siècle

Dans la première moitié du XIVe siècle, Nicolas de Vérone composa en franco-italien, un langage littéraire, mixte et artificiel, propre aux écrivains du nord-est de l’Italie, trois poèmes en forme de chansons de geste, mais dont les sujets étaient fort différents : une épopée dans la tradition carolingienne, La Prise de Pampelune, qui conte les exploits légendaires de Charlemagne et de Roland en Espagne, une Pharsale, qui présente les derniers moments de la guerre civile romaine entre César et Pompée, et une Passion. L’objet de ce livre est de dégager ce qui fait l’unité et l’originalité de cette oeuvre, sous l’apparente diversité des textes qui la constituent. Chacun d’entre eux est porteur d’une forme particulière de vérité, vérité épique, vérité historique, vérité religieuse, mais ils illustrent tous une identique conception de l’idéal humain proposé par le poète à son public : un héroïsme renouvelé qui associe à la traditionnelle prouesse épique un souci permanent de sagesse et de modération, et aussi, même dans la Passion, une remarquable réticence devant toutes les manifestations du surnaturel chrétien et des autres formes de merveilleux. Nicolas de Vérone réinterprète ainsi de manière personnelle la tradition héritée des trouvères français, et l’écriture épique est mise au service d’une vision nouvelle du monde et de l’homme : la transcendance n’est plus explicite, l’individu acquiert une conscience de lui-même et une complexité inhabituelles, et l’ordre du monde repose sur un projet politique bien éloigné des vieilles conceptions féodales. Ce qui donne à l’oeuvre de Nicolas sa cohérence profonde, ce n’est pas seulement le choix d’un langage et d’une technique poétique consciemment définis par leur origine française et leur altérité, c’est surtout une forme d’humanisme assez caractéristique de l’épopée franco-italienne du Trecento, mais qui, chez ce poète, se singularise de façon très remarquable par une particulière tonalité stoïcienne. L’étude de cette oeuvre conduit donc à rendre justice à un écrivain dont l’originalité et l’importance ont été trop souvent mal perçues, et à porter un regard nouveau sur la littérature épique du XIVe siècle et sur ses rapports avec la culture savante contemporaine.

04/2011

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Histoire de France

Faire l'histoire de la résistance

Dès la Libération, "taire l'histoire de la Résistance " a été perçu comme une tache posant des problèmes spécifiques aux historiens. On ne peut comprendre les vicissitudes d'une historiographie à la fois riche et complexe sans prendre en compte les moyens mis en oeuvre pour faire face à ce défi, et notamment les travaux du Comité d'histoire de la Deuxième Guerre mondiale, qui pilota jusqu'en 1980 la plupart des travaux menés sur la Résistance. Pionnier par le recours aux enquêtes orales, unique par l'utilisation d'un réseau de correspondants régionaux, anciens résistants pour beaucoup, ce Comité est le signe le plus visible. d'un phénomène plus général : l'implication des résistants et de leurs associations dans l'historiographie de la Résistance. Celle-ci a donc été dès l'origine au coeur de questions aujourd'hui ressassées : la relation conflictuelle entre histoire savante et mémoire individuelle et collective, la possibilité même d'une histoire du temps présent, les risques d'une histoire officielle - sachant que le Comité n'en était pas moins animé et piloté par des historiens professionnels, et non des moindres puisque Lucien Febvre en fut le premier président. Organisé par la Fondation de la Résistance et l'Institut d'Etudes Politiques de Lyon, ce colloque avait donc pour enjeu d'évaluer le degré de pertinence de l'affirmation courante selon laquelle on serait passé progressivement " de la mémoire à l'histoire ", de poser les jalons pour une étude dépassionnée des relations entre historiens et acteurs en histoire contemporaine et du lien entre évolution historiographique et demande sociale. Sans prétendre à l'exhaustivité, tant le champ couvert par le Comité fut vaste, les contributions rendent compte de sa genèse, de ses méthodes, de ses publications, des problèmes rencontrés pour accéder aux archives. Pour mettre en perspective son apport, d'autres acteurs de cette historiographie ont été évoqués aux niveaux régional et national mais aussi international avec les travaux des historiens anglo-saxons et le regard des historiens allemands. Des comparaisons avec la Belgique et l'Espagne ont enfin permis de mieux mesurer les problèmes communs à l'étude des résistances en Europe.

05/2010

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Littérature étrangère

La grandeur inconnue

Ce volume se compose de trois parties qui correspondent à chacune des trois activités, littéraire, philosophique et épistolaire, de l'écrivain. Dans la première partie ont été rassemblées des ouvres littéraires : le premier roman de Broch, La Grandeur inconnue, publié en 1933 et seulement réimprimé en 1961. Le personnage central est un jeune savant qui en arrive, comme Broch lui-même, à la suite d'un drame et de l'expérience de l'amour, à douter de l'efficacité de l'instrument logico-mathématique pour saisir la totalité du réel et à reconnaître, à côté, la valeur de l'intuition poétique et mystique comme moyen de connaissance. A la suite de ce roman figurent le début d'un roman inachevé, Filsmann, et deux nouvelles : Le Miroir de la mer et Le Retour de Virgile au pays natal. Dans la deuxième partie, les essais qui ont été rassemblés donnent une idée de l'évolution de la pensée de Broch, depuis son essai de jeunesse : Note pour une esthétique systématique, encore tout plein de l'influence de Schopenhauer et d'une philosophie de la vitalité inspirée par Nietzsche, jusqu'à ses essais de maturité : La vie sans idée platonicienne et Esprit et Esprit du temps où l'on trouve le thème central de la pensée de Broch : la désintégration du système des valeurs, consécutive à l'obscurcissement progressif d'une vision théologique du monde. La troisième partie de ce volume rassemble les lettres de Broch à Willa Muir, traductrice anglaise des Somnambules, qui recueillit l'écrivain chez elle, en Ecosse, quand l'Autriche fut annexée au Reich national-socialiste. Les lettres, qui vont de 1931 à 1940 et ne figurent pas dans le volume de lettres déjà publié, contribuent à préciser la conception que se fait Broch du roman nouveau, dans une période où toutes les valeurs et surtout celle de la littérature sont en question. Elles sont aussi un précieux document des réactions d'un esprit lucide et prophétique devant la montée et le déferlement du national-socialisme. Tous les écrits rassemblés dans ce volume ont donc le mérite de faire connaître des ouvres inédites ou peu connues d'un écrivain et d'un penseur dont l'importance littéraire et philosophique ne cesse de grandir.

03/1968

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Poésie

Gestes et opinions du docteur Faustroll, pataphysicien. Suivi de l'Amour Absolu

"Gestes et opinions du docteur Faustroll, pataphysicien peut et doit se lire comme un récit de voyage, la relation d'un long périple qui conduit le savant docteur, expulsé de son domicile, non point vers des pays "imaginaires" mais dans les univers bien réels nés de l'imagination des poètes et des peintres du symbolisme ou de plus loin encore. Des livres, des tableaux, que l'huissier a saisis pour gage de loyers impayés, sont évoqués, insaisissables à jamais, peuplant les îles où le docteur aborde, des êtres, étranges, horrifiques ou séduisants ; ainsi l'impécunieux docteur est riche de toutes les merveilles jaillies de l'art et des rêves des hommes et il converse à chaque escale avec les créatures uniques qui ont le pouvoir de traverser les temps et les mondes. Qu'on remonte aux origines homériques ou celtiques du récit de voyage, toute errance est quête, apprentissage et appréhension de la connaissance, laquelle ne compte que si elle est absolue. Mais le docteur Faustroll, c'est son originalité, est un Socrate à l'envers ; il ne cesse d'apprendre, et de nous apprendre, qu'il sait déjà tout. Sa mort même ne lui fait rien découvrir puisque, dès sa naissance, qui lui donne aussitôt soixante-trois ans, il est déjà au-delà et en dehors des catégories et des dimensions communes. L'Amour Absolu raconte l'histoire d'un homme condamné à mort pour avoir tué sa mère après s'être livré avec elle à des relations incestueuses. On constate aussitôt l'absurdité d'un tel "résumé" qui définirait tout aussi bien un roman naturaliste pimenté de situations vaudevillesques et de grivoiserie (ce qui, au demeurant, n'était pas rare dans la littérature fin-de-siècle). L'équation érotique de Jarry n'est pas aussi simple : la femme est à la fois la mère, la maîtresse, la soeur, l'épouse et la Sainte Vierge car le condamné à mort est Dieu et il lui faut vivre, avant que l'aube paraisse, toute sa genèse et sa passion tel Dieu en son Fils" Noël Arnaud, Henri Bordillon.

06/2005

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Pléiades

Mémoires 1716-1718. Tome 6, Additions au journal de Dangeau

De 1716 à 1718, Voltaire bat le briquet à la Bastille ; M. et Mme du Maine ameutent une prétendue noblesse ; au-delà des Pyrénées, Alberoni joue au Matamore ; et Saint-Simon combat : contre les bâtards qui transforment Paris en "égout des voluptés", contre le Parlement qui se croit en Angleterre, contre les scélérats, les mystères, les prétentions... Il nous donne de la Régence une peinture sans pareille, qui témoigne une fois de plus de sa capacité de sévérité, de finesse et d'émotion. Sur l'abbé Dubois : Alberoni "osait traiter de visionnaire l'abbé Dubois qu'il nommait l'instrument de toutes les mauvaises intentions du Régent. Mais c'était le Régent qui était l'instrument de toutes les mauvaises intentions de l'abbé Dubois [...] qui, sciens et volens, sacrifiait la France, l'Espagne, la réputation de son maître à son ambition de se faire cardinal". Sur Mme de Sabran : "C'est elle qui, soupant avec M. le duc d'Orléans et ses roués, lui dit fort plaisamment que les princes et les laquais avaient été faits de la même pâte, que Dieu avait dans la création séparée de celle dont il avait tiré les autres hommes." Sur Mme de Castries : "Ce n'était qu'esprit et âme, sans presque de corps ; le sien était petit, et si mince qu'un souffle l'eût renversée [...] C'était une petite poupée manquée, foncièrement savante en tout, sans qu'il y parût jamais, mais pétillante d'esprit, souvent aussi de malice, avec toutes les façons, les grâces, et ce tour et cette sorte d'esprit et d'expressions charmantes et uniques, si vantés et si singulièrement propres aux Mortemarts." Des lignes qui prennent pour nous une résonance particulière, depuis que Proust, lecteur assidu de Saint-Simon, a décrit "l'esprit Guermantes". Ce tome VI de la nouvelle édition des Mémoires de Saint-Simon contient également les additions au Journal de Dangeau pour les années 1716-1718 et trois appendices : "Requête de MM. les ducs et pairs", "Mémoire en faveur de la liberté du commerce", "Extrait sur le pays de l'alleu".

11/2000

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Sociologie

Emile Durkheim à Bordeaux (1887-1902)

Fondateur de la sociologie française, Emile Durkheim (1858-1917) deviendra célèbre en écrivant plusieurs ouvrages qui font toujours référence dans le monde. Il rejoint la Sorbonne en 1902 où il parvint à inaugurer la première chaire de sociologie en 1913. La guerre interrompit son activité et sa vie, avec la perte de son fils André dont il ne se remit pas. Mais qui sait que Durkheim passa plus de la moitié de sa carrière à la Faculté des Lettres et des Sciences de Bordeaux ? Qu'il y rédigea ses deux thèses sur La Division du travail social (1893) et Montesquieu (en latin), Les Règles de la méthode sociologique (en 1894 puis 1895) et Le Suicide (1897) ? Qu'il professa des cours publics sur la religion (1894,, 1900), le suicide (1889), les origines de la famille patriarcale, l'évolution du droit pénal, l'histoire du socialisme, etc. ? Qu'enfin il y conçut les cinq premiers volumes de L Année sociologique ? Cet ouvrage trouve sa source dans une exposition réalisée au musée d'Aquitaine de Bordeaux. l'ancien bâtiment de la Faculté. Il propose un retour sur les quinze années bordelaises du sociologue, les plus productives. Il présente des données inédites sur le cadre de vie de Durkheim, les maisons qu'il a habitées, sa famille, mais aussi sur son cadre de travail, ses étudiants (parmi lesquels on trouve Marcel Mauss, Marcel Cachin) et ses collègues. Il donne à voir de nombreux documents (archives, photographies). certains inédits, qui rendent plus attrayante cette vie de savant et d'homme de livres. Ont également participé à cet ouvrage deux historiens, Elsa Clavel et Emmanuel Naquet. La première reconstitue le milieu de la Faculté des Lettres de Bordeaux ; le second fait le point sur l'engagement de Durkheim dans l'affaire Dreyfus, également à Bordeaux où il anima la section bordelaise de la toute jeune Ligue des droits de l'homme. Emile Durkheim à Bordeaux paraît à un moment de riche actualité éditoriale sur le sociologue (édition critique réalisée par Myron Achi mastos sur Les Formes élémentaires de la vie religieuse, 1912, ainsi qu'un collectif co-dirigé par Matthieu Béra).

02/2014

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Littérature française

L'Anglaise d'Azur

Artiste, botaniste, dessinatrice, première femme ayant publié un ouvrage avec des illustrations photographiques, Anna Atkins (1799-1871), fille du grand chimiste John George Children fait partie des pionnières de la photographie à l'instar de Constance Fox Talbot, Clémentine Hawarden et Julia Margaret Cameron. Fille unique et chérie d'un grand savant trois fois veuf qui habite avec elle au British Museum, elle reçoit une éducation scientifique hors du commun, aussi bien en chimie, en botanique qu'en zoologie. A l'âge de 25 ans elle produit deux-cent cinquante dessins pour illustrer la version anglaise du classement des coquillages de Lamarck, traduite par son père. Contemporaine de John Keats, de Lord Byron et de Jane Austen, elle vit au coeur du cercle des amis et collègues scientifiques de son père, en ayant accès aux travaux des pionniers de la photographie comme John Herschel qui lui enseigne la technique du cyanotype. Son époux John Pelly Atkins Henry est ami de William Fox Talbot qui brevète le calotype à la même période. De quarante à cinquante ans, Anna Atkins effectue plus de quatre-cent cyanotypes, afin de reproduire sous forme de dessins photogéniques à fond bleu les familles des algues, des fougères et des fleurs essentiellement britanniques. A la mort de son père, elle rédige une émouvante biographie sur la vie de ce dernier. Moderne par sa liberté de créer, volontaire par sa puissance de travail et exemplaire par son inlassable curiosité scientifique, Anna Atkins a laissé des oeuvres d'art inoubliables dont les bleus azuréens éblouissent encore aujourd'hui ceux qui les contemplent. Cette fiction inspirée de faits réels raconte le destin d'Anna Atkins, "l'Anglaise d'Azur", une femme d'apparence ordinaire qui va rendre sa vie quotidienne extraordinaire grâce à l'art et à la science dans une Angleterre victorienne emportée parla révolution industrielle et la tourmente romantique. Héroïne inconnue qui traverse son siècle avec passion, Anna Atkins a été remise à l'honneur par Google sur son moteur de recherche le 16 mars 2015 pour commémorer le 216e anniversairede sa naissance.

08/2018