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Breton Soupault surréalisme

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BD tout public

Ar-Men. L'enfer des enfers

"J'ai choisi de vivre au fond du monde. Par temps clair, je crois apercevoir la silhouette sombre de la pointe du Raz qui s'avance comme une griffe. Plus à l'ouest, l'île de Sein résiste aux assauts incessants d'une mer jamais tendre... Maigre échine d'une terre que l'on prétend aujourd'hui engloutie. Et puis un chapelet de roches qui court jusqu'à moi : la Chaussée. Pendant des siècles les navires se sont fracassés sur ses récifs meurtriers. Un cimetière. Le territoire sacré du Bag Noz, le vaisseau fantôme des légendes bretonnes. A la barre oeuvre l'Ankou, le valet de la Mort. Au bout de cette Basse Froide, un fût de vingt-neuf mètres émerge des flots. Ar-Men. Le nom breton de la roche où il fut érigé. C'est là où je me suis posé, adossé à l'océan. Loin de tout conflit, de tout engagement, je suis libre. Ici, tout est à sa place... et je suis à la mienne. " Germain, Ar-Men, 1962. Au loin, au large de l'île de Sein, Ar-Men émerge des flots. Il est le phare le plus exposé et le plus difficile d'accès de Bretagne, c'est-à-dire du monde. On le surnomme "l'Enfer des enfers". Germain en est l'un des gardiens. Il y a trouvé sa place exacte, emportant avec lui sa solitude et ses blessures. La porte du phare cède sous les coups de butoir de la mer en furie, et l'eau vient griffer le crépi de l'escalier. Sous le crépi, médusé, Germain découvre des mots, des phrases, une histoire. Un trésor. Le récit de Moïzez. Fortune de mer trouvée parmi les débris d'un bateau fracassé, Moïzez grandit à l'écart des autres sur l'île de Sein. Merlin, natif de l'île, est son compagnon d'aventure, Ys la magnifique, son royaume perdu. Sur la Chaussée de Sein glisse le Bag Noz, le bateau fantôme, piloté par l'Ankou, le valet de la mort, et Moïzez est aux premières loges. Plus tard il participera à la folle entreprise de la construction d'Ar-Men, quatorze ans durant, de 1867 à 1881. Fébrilement, Germain note tout sur un carnet. Après le travail quotidien, une fois répété les gestes précis et nécessaires à l'entretien du phare et de son feu, Germain raconte encore et encore. Blottie au fond de la salle de veille, une silhouette est tout ouïe...

11/2017

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Beaux arts

Résonances ; Kandinsky et la nécessité intérieure. Coffret 2 livres, Edition bilingue français-allemand

Klänge est le titre de l'album mythique que publia Kandinsky en 1913 à Munich, à 300 exemplaires. C'est d'abord le recueil des poèmes écrits pendant sa période que l'on a qualifiée de « géniale ». Mais en outre, l'album était illustré par des gravures sur bois constituant une récapitulation de ses découvertes picturales : au total trente-huit poèmes accompagnés de cinquante-six bois gravés dont douze en trois ou quatre couleurs. Cet ensemble, du propre aveu de Kandinsky, donne la clef du passage du figuratif à l'abstrait autour des principaux thèmes qui habitent sa peinture. Cette réédition, réalisée avec le plus grand soin, vise à mettre entre les mains du lecteur l'équivalent de l'œuvre originale accompagnée des éléments de son interprétation. Le livre comprend une annexe destinée à éclaircir l'intention de Kandinsky, les thèmes complémentaires des poèmes et des gravures qui correspondent aux expériences fondatrices dont l'artiste veut rendre compte et qu'il s'attache à rendre perceptibles dans la représentation graphique et poétique. À travers cette étude et par la confrontation aux textes et aux images d'une rare beauté, le lecteur est introduit au cœur de l'aventure créatrice de Kandinsky. Il se révèle ici le grand inspirateur de Dada et de la poésie zaoum, mais aussi de la pensée russe de son époque dont il annonce et met en œuvre les principaux thèmes que l'on retrouve chez Vladimir Soloviev, Pavel Florensky ou Serge Boulgakov (cousin de l'artiste) — ou encore chez Fiodor Dostoïevski. C'est ce que montre l'analyse qui accompagne cette réédition en soulignant l'importance de la pensée de Kandinsky et de son invention poétique. Les gravures de Kandinsky, par ailleurs, parachèvent des thèmes préalablement explorés dans des esquisses, aquarelles, fixé-sous-verre ou huiles sur toile que reproduit l'illustration de cette seconde partie. La richesse de la vie, de l'œuvre et de la pensée de Kandinsky en font un des tout premiers acteurs de la modernité artistique. Ses théories et son action en tant que fondateur du Blaue Reiter ont influencé les acteurs de presque tous les mouvements ou écoles artistiques de son époque, de Dada au Bauhaus, en passant par De Stijl et le constructivisme russe. Admiré par André Breton, ami de Marcel Duchamp, de Paul Klee et de Hugo Ball, il eut aussi des échanges exemplaires avec les musiciens de son temps comme Arnold Schönberg ou Thomas von Hartmann.

10/2015

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Critique littéraire

Comment devient-on écrivain ? Sartre, Aragon, Perec et Modiano

Comment devient-on écrivain ? Partir de la question de Sartre, dans Les Mots, c'est interroger le rapport que quatre écrivains de générations différentes entretiennent avec l'Histoire du XXe siècle, en ce qu'il rend possible (Je n'ai jamais appris à écrire ou les incipit d'Aragon) impossible (W ou le souvenir d'enfance de Perec, Dora Bruder et Un pedigree de Modiano) de raconter ses débuts d'écrivain. Les rares et douteux souvenirs de la prime enfance n'ouvrent plus, chez Perec ou chez Modiano, aucun récit des commencements de soi, aucune esquisse de vocation, voulue par soi ou par les siens. L'enfance est fondatrice dans Les Mots comme Les incipit. Mais le livre de Sartre a été conçu pendant la guerre froide, Je n'ai jamais appris à écrire après l'écrasement du Printemps de Prague. Les Mots témoigne de la possibilité de se changer et de changer le monde, ce n'est plus le cas des Incipit. Pas de reniement de soi, ni de l'engagement communiste pourtant dans le livre d'Aragon. Il appartient aux images de dire la noirceur des temps et d'en revenir à A.B. : André Breton par qui, dans ce nouveau roman de la création aragonienne, tout a commencé. Alors que Je n'ai jamais appris à écrire ou Les incipit est un livre tout en B, W ou le souvenir d'enfance est un livre tout en V. Perec y explore deux " déportations " : celle des siens dans la fable olympique, la sienne propre, enfant, " déporté " à Villard de Lens pendant l'Occupation. Sur l'île règne un " sport" inspiré de celui que David Rousset a analysé dans L'Univers concentrationnaire, à Villard la " vie sans repère " qui a tant frappé le jeune Perec à la lecture du livre de L'Espèce humaine de Robert Antelme. Mais Perec fait disparaître le nom d'Antelme qui n'apparaît que dans les avant-textes de l'oeuvre. C'est autour d'un autre " pauvre et précieux secret " que se construit Dora Bruder : c'est la fugue qui relie Dora et le jeune Patrick, elle encore qui détache, en partie, l'histoire de Dora de celle des siens. W relie deux " déportations ", Dora Bruder délie deux disparitions. Chacun des livres retenus dans ce parcours relie, à sa manière propre, histoire de soi et histoire des siens. Mais des Mots à Un pedigree s'esquisse peut-être aussi un dénouement, une déliaison de l'intime et du collectif.

11/2012

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BD tout public

Le landais volant Tome 3 : Sketch sur le ketch

Où qu'il aille, où qu'il soit, le baron vit toujours des aventures aussi trépidantes que surprenantes ! À Tikal, une des plus belles cités Mayas, au nord-est du Guatemala, Jean-Dextre, pourtant rompu à tous les traquenards et malgré son flair occitan légendaire, est aux prises avec le seau de m****... C'est une coutume de bizutage des touristes ! Une expérience humiliante, qui le perturbe terriblement, car enfin, il n'est pas un touriste ! Arrivé, le 11 septembre 2001, dans un hôtel de luxe à Antigua, le baron est perplexe quant à la gravité de l'attentat perpétré contre les tours du World Trade Center, en comparaison au résultat du match crucial de football entre le Salvador et le Guatemala ; comme quoi, tout est relatif. À Ilha, au Mozambique, il découvre comment un Breton, architecte, arrivé il y a 25 ans et jamais reparti, a provoqué la grève du sexe chez les femmes du coin. Il vit alors une expérience unique avec la volupté, non sans s'être vivement inquiété d'une possible homosexualité, non qu'il soit homophone, mais humilié de cette révélation tardive, en pleine force de l'âge... À bord du Gitane III, un bateau de plaisance, ayant ni plus ni moins appartenu à l'ex-mari de Marlène Jobart, une certaine rouquine, vedette de cinéma dans les années 80, rien ne va. Il est vrai que l'équipage est fort disparate. Nous avons le capitaine René, particulièrement acariâtre et gueulard, qui préfère parler à la photo de Marlène Jobart plutôt qu'à sa femme Annie. Leur fils, Jack, un bellâtre, à la gueule d'acteur hollywoodien. Dédé, le frère de René, qui ne se lave plus depuis la mort de son épouse et, à n'en pas douter, ça remonte à loin... Vanille, une viticultrice. Milo, sourd et muet, très bon marin, il en faut un. Et une pimpante naufragée, recueillie à bord dès le début du voyage. Mais cet étrange équipage, explique-t-il cependant la disparition de la pipe, du coussin et du caleçon préféré (celui avec des Popeye partout dessus) du capitaine, ainsi que celle des pâtes et des biscuits ? Est-ce une mutinerie ? Y a-t-il un traître à bord ? Un rat par exemple, qui voudrait faire le tour du monde... La Mémé de Jean-Dextre aurait-elle raison : « Le bateau, y a deux moments heureux : quand on y monte et quand on en descend ! » ? Ah, mais combien la vie du chevalier-baron est palpitante depuis qu'il voyage !

10/2010

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Littérature française

Le temps des bohèmes

Le temps des Bohèmes est le roman vrai des aventuriers de l'art moderne entre les deux guerres, quand Paris était encore la capitale du monde. Première saison : Bohèmes. Sur les trottoirs de Montmartre et de Montparnasse, entre le Bateau-Lavoir et la Closerie des Lilas, allaient les sublimes trublions : Jarry, son hibou et ses revolvers, Picasso sympathisant anarchiste, Apollinaire l'érotomane, Modigliani et ses femmes, Max Jacob et ses hommes, Aragon le flambeur, Soutine le solitaire, Man Ray, Braque, Matisse, Breton et les autres... Ils venaient de tous les pays. Ils étaient peintres, poètes, sculpteurs, musiciens. Fauves, cubistes, surréalistes, fêtards, amoureux - libres. Pendant trois décennies, ils menèrent le bal des plumes et des pinceaux. Ils y convièrent des brocanteurs devenus marchands, des couturiers-mécènes, une poignée de milliardaires, des filles de rues peintes comme des princesses. Leurs vies sont flamboyantes comme leurs ouvres. Et leurs ouvres, belles comme la vie. Ils demeurent à jamais les personnages de leurs propres légendes. Deuxième saison : Libertad ! Une fresque dont les héros s'appellent Malraux, Saint-Exupéry, Dos Passos, Prévert, Hemingway, Orwell, Dali. Un kaléidoscope d'enthousiasmes et d'illusions tendu entre la montée du fascisme et la guerre d'Espagne. Ce sont des temps déraisonnable : là, Aragon vend son âme à Staline ; ici, Gide pontifie aux obsèques de Gorki ; ailleurs, Gala passe des bras d'Eluard à ceux de Dali tandis que Picasso peint et que Robert Capa photographie tout ce qui bouge - ou meurt. Nous sommes entre Paris, Madrid, Berlin et Moscou, dans une époque qui hésite avec désinvolture entre l'espoir et le chaos. Troisième saison : Minuit. De la débâcle de 1940 à la Libération, voici l'épopée des écrivains, des artistes et des intellectuels sous l'Occupation.Char, Paulhan, Vercors, Sartre et Beauvoir, Camus, Picasso, Cocteau, Aragon et Elsa, Matisse, Prévert, Desnos, Saint-Exupéry, Prévost, Drieu La Rochelle, Beckett, Marc Bloch, Mauriac et tant d'autres : le grand bal de la France qui écrit, peint, dessine, filme, joue, publie, collabore, résiste, s'accommode. Tel un metteur en scène, Dan Franck nous entraîne dans sa ronde : de Paris à Marseille dans la débandade de l'exode, de Marseille à New York dans les bateaux de l'espoir, de Paris à Berlin dans les trains de la honte, des gares de la déportation aux camps de la nuit et du brouillard, on partage avec admiration, stupeur ou incrédulité les destins croisés de cette génération dont la tragédie de l'Histoire a transformé la vie en roman.

10/2015

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Histoire de France

Constance de Bretagne (1161-1201). Une duchesse face à Richard Coeur de Lion et Jean sans Terre

En 1166, le duc de Bretagne Conan IV doit abdiquer après s'être révélé incapable d'endiguer la fronde contre son seigneur, le roi d'Angleterre et duc de Normandie Henri II Plantagenêt, suzerain du duc depuis 1158. Conan lui remet également sa fille, âgée de cinq ans, destinée à lui succéder à sa mort. La petite Constance va donc grandir en Angleterre. A cette époque, la cour anglaise vibre aux récits des exploits du roi Arthur popularisés par le clerc gallois Geoffroy de Monmouth. Son livre, l'Histoire des rois de Bretagne, publié vers 1135, appelle à la renaissance bretonne en évoquant avec Arthur le premier roi légendaire de la Bretagne armoricaine, Conan Mériadec. Ces récits invoquant la gloire de la terre dont elle était l'héritière n'ont pas laissé Constance indifférente, elle dont le père portait le même prénom royal que le compagnon du roi Arthur ! Dans un tel environnement, la jeune fille dut se dire très tôt qu'elle reprendrait le flambeau de la lutte pour l'indépendance bretonne dès que possible. En 1181, Constance épouse Geoffroy Plantagenêt qui, comme sa femme, prendra fait et cause pour l'indépendance du duché. De cette union, en 1187, naîtra un fils que Constance appellera Arthur... Le nouveau-né est vu comme la réincarnation du roi légendaire, appelé à libérer les Bretons de la domination anglaise. Successivement, Henri Il puis, après sa mort en 1189, Richard Coeur de Lion qui lui a succédé, tentent de s'emparer de l'enfant. Leurs tentatives sont vaines en raison de l'opiniâtreté de la duchesse. Après la mort de Richard sans héritier direct en 1199, la duchesse défend les droits de son fils à la couronne anglaise. Constance, dont les historiens s'accordent à dire que son deuxième mariage avec Guy de Thouars (avec qui elle aura trois filles) fut un mariage d'amour, apparaît comme un personnage d'une étonnante modernité et, peut-être, comme la plus grande duchesse bretonne.

10/2018

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Littérature étrangère

Moi, Claude, Empereur Tome 3 : Le divin Claude et sa femme Messaline

Dans ce dernier volet des mémoires de l'empereur Claude, nous le voyons céder peu à peu à griserie du pouvoir. Il entreprend la conquête de l'Angleterre. La guerre de chars attelés à des poneys, menée par les Bretons, le déroute d'abord, mais il a tôt fait d'adapter son armement et ses méthodes de combat à ces tactiques guerrières qui lui sont inconnues. Sa victoire le rend populaire et Rome lui fait un triomphe. Messaline, sa troisième épouse, le mène par le bout du nez. Aveuglé par la passion, il sera le dernier à apprendre les débordements et les indélicatesses de sa femme : trafic de droit de cité, de titres de sénateur, de monopoles commerciaux. Non contente de se refuser à lui, elle sa vautre dans le stupre avec une audace confondante. C'est la vieille maîtresse de Claude, Calpurnia, ancienne prostituée au grand cœur, qui lui ouvrira les yeux sur l'atmosphère de corruption qui règne autour de lui à son insu. Mais Claude ne se consolera pas de l'exécution de Messaline, à laquelle il n'a pu ni voulu s'opposer. Pour sa perte, il épousera Agrippine, qui lui réservera le sort que l'on sait. Avec un parti pris avoué d'anachronisme, Robert Graves fait revivre cette période des débuts de l'ère chrétienne comme s'il s'agissait d'un épisode de l'histoire moderne. Le parallèle entre l'Antiquité et l'actualité est sous-jacent tout au long de l'ouvrage. Certes, les mœurs ont changé à bien des égards, mais les hommes, eux, demeurent tels qu'ils ont toujours été : intègres ou rusés, lâches ou courageux, avides de pouvoir ou d'argent, pervers, glorieux. Ce journal imaginaire, fondé sur une scrupuleuse documentation historique, est aussi passionnant qu'un roman, aussi vivant que le reportage d'un témoin oculaire. Il laisse du divin Claude l'image humaine, trop humaine d'une destinée intemporelle.

06/1978

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Sciences historiques

Auray 1860-1980. Chronique des quartiers

Comme de nombreux ports bretons de fond d'estuaire, Auray commerce pendant des siècles avec ses voisins, mais aussi avec l'Espagne, l'Angleterre et les pays nordiques. C'est au moment où la souveraineté de ce trafic maritime est mise en cause par le chemin de fer que débute la visite de la ville. Les premiers pas de Jacques Guillet nous conduisent à la gare, celle par ou le "mal" arrive. Le nouveau quartier retient toute l'attention de l'auteur : il pousse la porte de certains commerces et s'invite aussi dans des familles qui nous font découvrir le monde si particulier des cheminots. La longue avenue de la gare, bordée de maisons bâties dans l'entre-deux-guerres, nous amène au centre-ville, dont le commerce et les marchés attirent des chalands venus des campagnes voisines et des îles de Houat, Hoedic, et même d'Yeu. Autour de l'église, des halles et de la mairie, artisans et commerçants sont essentiellement au service du monde agricole. Au cours du dernier quart du XIXe siècle, une activité émerge rapidement au point de devenir une véritable industrie : la fabrication de meubles. Comment résister aux odeurs de bois, de cire et de vernis quand d'anciens patrons ou compagnons sont prêts à évoquer cette période faste ? Alors que des témoins sont encore là pour faire revivre leur enfance au temps des derniers caboteurs, l'auteur évoque le combat qui oppose le port au chemin de fer. ce duel n'est qu'un baroud d'honneur puisqu'un nouvel "adversaire", qui se tenait jusque-là en embuscade, remportera la mise : le transport routier. Cet ouvrage relate les attentes et les craintes, les ascensions et les déclins propres à toutes les périodes de grands bouleversements. Il s'appuie sur les archives publiques, mais il serait bien fade sans le témoignage des Alréens qui se souviennent et qui racontent, avant d'aller enfin chercher la boîte de photos ou l'album de famille, pour notre plus grand plaisir.

06/2012

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Phénomènes occultes

La mer hantée. Journal de bord à l'usage des chasseurs de fantômes

La terre ferme ne détient pas l'exclusivité des phénomènes paranormaux. Les spectres peuplent aussi les océans. Pour s'en convaincre, il suffit de garder en mémoire les récits des gens de mer. Loin de relever de la légende pure, certains pêcheurs, marins, capitaines au long cours ou équipages de la " Royale " ont connu une expérience surnaturelle. Les journaux de bord regorgent d'incidents troublants que la raison seule ne parvient pas à expliquer. Apparitions spectrales, naufrages tragiques, épaves à la dérive, batailles navales fantomatiques qui se rejouent sans cesse, disparitions inexpliquées de navires, plages de Normandie ou de la lointaine Singapour, hantées par les victimes de la Seconde Guerre mondiale, phares bretons - tel celui de Tévennec - qui rendit fous presque tous ses gardiens, ou encore les îles maudites - telles Lokrum dans l'Adriatique - où rôdent dans un silence sépulcral les moines fantômes d'une abbaye, ainsi que Poveglia l'Italienne et ses victimes de la Grande Peste, qui sont plus présentes qu'on ne le croit. Les paquebots de croisière ne sont pas en reste. A bord des plus luxueux et plus modernes géants des mers, les fantômes de membres d'équipage et de passagers décédés à bord sont aperçus par des touristes au détour d'une coursive ou sur un pont, tranquillement accoudés au bastingage. Ces histoires possèdent tous les ingrédients pour composer des récits macabres. Sylvie Havart nous fait revivre les expériences les plus terrifiantes, aux frontières du surnaturel. Elle nous propose de découvrir un florilège des énigmes marines les plus déroutantes et d'explorer les profondeurs abyssales où se cachent d'étranges créatures. Prenez le large, larguez les amarres, carguez les voiles et embarquez pour une traversée du paranormal maritime. Ne craignez rien moussaillons, ces êtres, qui peuplent parfois les rêves des matelots, ne sont plus de ce monde. Cependant, n'oubliez jamais, en mer... tout peut arriver...

11/2021

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Histoire de France

Petites patries dans la Grande Guerre

"Nous sommes relevés par le 65e, des Bretons qui, avec vingt-cinq kilomètres dans les jambes et douze heures sac au dos sans arrêt, ne se plaignent pas et s'entassent sans un mot dans les abris. C'est une race plus sympathique que nos Méridionaux du 16e corps, à qui la division était rattachée". Par ces quelques mots griffonnés dans ses carnets en décembre 1915, le Bourguignon Pierre Perrin, mobilisé dans un régiment dijonnais, dit bien la force des stéréotypes régionaux dans la France de la Grande Guerre, les tensions qui en résultent parfois aussi malgré l'Union sacrée affichée. Pourtant, en dépit des profonds renouvellements de l'historiographie du conflit depuis une trentaine d'années, cette dimension régionale et périphérique des différents phénomènes, loin de Berlin, Londres ou Paris, reste très inégalement prise en compte par la recherche universitaire. En questionnant les liens essentiels entre "petites" et "grande" patries, ce livre souhaite interroger, pour lui-même, le fait régional en guerre. Conditions du recrutement et de la mobilisation, force des solidarités nées d'origines géographiques communes, cultures gustatives spécifiques, traditions musicales valorisées, langues locales ou régionales contribuant à forger une "langue des tranchées", constitution et évolution de stéréotypes régionaux combattants sont quelques-unes des pistes ici empruntées : elles permettent, entre autres, de mieux comprendre comment la "petite patrie" interagit avec la grande et contribue à renforcer la capacité des soldats à endurer les conditions dans lesquelles ils survivent au quotidien. En certains cas, la défense du pays conduit d'ailleurs à une redéfinition des identités régionales, à leur renforcement notamment. On l'aura compris : la région est ainsi moins le cadre de l'étude que l'objet même de la réflexion, à travers des contributions portant sur la Bretagne, la Normandie, le Nord-Pas-de-Calais, mais aussi l'Alsace alors allemande ou encore l'Empire britannique, plus particulièrement le Québec et la Nouvelle-Zélande.

09/2013

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Sciences politiques

Capital, travail et mondialisation. Vus de la périphérie

En ce début du XXIe siècle, le néolibéralisme occidental joue son leadership mondial face à des puissances dites émergentes : Chine, Inde, Brésil...Tandis que d'un côté s'accumulent les fonds souverains, de l'autre se creuse le fossé de la dette souveraine. Les raisons profondes de ce paradoxe sont connues et l'on peut les retracer depuis l'antiquité et le Moyen-âge à travers l'histoire de l'évolution de l'ordre marchand occidental. Pour l'Amérique la plus conservatrice actuelle cependant, les ennemis de l'Occident chrétien et capitaliste ont surtout les visages de l'islamisme radical et de la Chine considérée comme toujours communiste. Le premier adversaire du capitalisme occidental ne se trouve-t-il pas pourtant en son propre sein, tapi dans les excès de sa tendance ultralibérale ? Quelles chances aura le discours ci-dessus auprès des gurus de Wall Street, de la City et de Bretton Woods ? Leurs idéologues, exonérant les responsabilités internes, semblent privilégier pour l'instant la thèse d'un conflit civilisationnel. Tandis que la colère des masses spoliées enfle et menace de basculer les sociétés dans la violence et le chaos, c'est tout juste si le capitalisme établi consent en Occident de petites réformettes. Ce n'est pourtant pas cela qui mettra fin à la crise actuelle qui est loin d'être terminée quoiqu'on en dise. Depuis deux siècles, la mondialisation libérale fait des victimes par centaines de millions partout dans la périphérie ; elle touche de plus en plus aujourd'hui les masses du centre. Comment combattre de tels excès sans comprendre le système qui les génère? Comment sortir du manichéisme qui veut que quiconque critique l'ultralibéralisme ne soit qu'un dangereux socialiste ? Comment faire passer l'idée simple que les idéologies ne sont que des outils entre les mains de groupes organisés - religieux, chefs de guerre et marchands - pour empêcher les travailleurs de jouir concrètement des deux valeurs centrales d'une démocratie véritable, la liberté et l'égalité ?

02/2011

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Sciences historiques

La fin des terroirs. La modernisation de la France rurale (1870-1914)

Voici un portrait saisissant, nouveau, étrange du paysan français du XIXe siècle. Etrange en effet, et étranger, ce " sauvage " couchant dans des huttes sur des bottes de fougère, largement illettré, ignorant le système métrique, la monnaie et la langue française, parfois même le plus grand pays au-delà du sien. Les proverbes - ce livre en fourmille -, les chansons et les contes populaires, les témoignages des contemporains - fonctionnaires, magistrats, prêtres, militaires, instituteurs, touristes - constituent la palette de l'historien Eugen Weber. L'un des bénéfices de son approche est de faire apparaître le fossé qui sépare la France des villes de la France des campagnes, et la diversité de ces dernières. Fiction d'une nation une et indivisible, qui ne fut réalisée qu'au XXe siècle. La communauté paysanne n'est pas une non plus. De notables différences existent entre les paysans bretons et ceux du Limousin, de l'Ardèche, des Alpes, du Morvan, des Pyrénées, entre les parlers, les coutumes, l'alimentation, l'habitat, les modes de cultures... Autant de chapitres encore sur les fêtes et les veillées, la religion, l'émigration, la criminalité et la nuptialité, les communications et la politique, les foires et les marchés, la circulation des nouvelles... Une foison de détails tantôt saugrenus, tantôt monstrueux, insoupçonnés. Weber fait renaître, ce monde disparu. Car le " sauvage " s'est urbanisé, civilisé, policé. Il a gagné les villes, parce que c'est là qu'on peut gagner sa vie ; et les modes des villes l'ont gagné à leur tour. Les grandes peurs, les anciennes croyances, la misère, les maladies ont reculé. Comment ce monde est-il passé de son isolement à l'ouverture sur l'extérieur, d'une économie de subsistance à une économie de marché, de l'usage de la langue locale à celui de la langue officielle ? Weber analyse les facteurs de changement : la francisation de la France.

01/1998

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Autres vignobles

Le renouveau de la vigne et du vin en Bretagne

Historiquement, depuis les temps gallo-romains, le territoire de la Bretagne a toujours accueilli la vigne et produit du vin. Autour de Nantes bien sûr, donnant des appellations célèbres comme le muscadet et le gros-plant, mais aussi dans bien d'autres zones propices comme la vallée de la Rance, la presqu'île de Rhuys, celle de Guérande... L'auteur revient sur ce parcours millénaire et sur le succès des vins nantais, afin de mieux décrire ensuite le progressif abandon de la viticulture en dehors des bords de Loire au sens large, et ses causes qui sont multiples. Les motivations commerciales et les contraintes administratives n'étant pas les moindres. Pourtant, les vins nantais ont désormais rénové leur image, diversifié leur production, affiné leurs goûts. Surtout, de nouveaux vignobles ont vu le jour depuis vingt ans, replantations parfois très urbaines assurées par des passionnés qui, de joyeux farfelus parfois clandestins peuvent être aujourd'hui regardés comme pionniers. Car, le réchauffement climatique aidant, mais aussi grâce à une meilleure connaissance des pratiques adaptées à ses sols, la Bretagne renoue un peu partout avec la vigne. Et des cépages anciens sont remis à l'honneur, du pays de Retz aux îles du Ponant, en passant par Quimper et, de nouveau, les coteaux du fleuve Rance, à cheval entre Côtes d'Armor et pays Rennais. Ce livre très illustré en couleur de cartes, documents d'archives, photographies récentes, cartes postales anciennes fait le tour de ces initiatives. Il analyse, à l'appui d'une documentation impressionnante, autant scientifique qu'humaine, les trajectoires passées et contemporaines de cette activité dont l'intérêt par le grand public va croissant, du niveau local au national. Toutes les études prouvent que le renouveau de la vigne en Bretagne est lancé, et que demain les vins bretons, bien plus variés et riches qu'on ne le pense, tireront leur épingle du jeu. Un livre-découverte à consommer sans modération.

10/2022

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Littérature française

Paris était notre maîtresse. Histoire de la génération perdue

La nouveauté heurte. Elle n'est pas toujours perceptible. C'est souvent dans l'ombre qu'ont vécu les inventeurs et les précurseurs. On les a déclarés rêveurs et amuseurs. Ils ont eu la vie dure. L'inattention, le rejet, c'est le sort qu'ont subi les Américains de la Génération perdue, Lost Generation. Les plus remarquables n'ont peut-être jamais été connus. Ils ont disparu dans la nature. Les uns sur un matelas sale. D'autres dans des virées solitaires et des sauts dans le vide sans témoin. Eux seuls ont perçu leur originalité, leur nouveauté et leur misère. Ils étaient courageux, brutaux, moqueurs. Connus ou inconnus, les auteurs et acteurs de la Génération perdue ont voulu caractériser la condition humaine d'une époque, celle des années 20 et 30. Il y avait chez eux du sublime, de la jouissance, de l'orgueil et de la résignation. L'art et la littérature n'ont été qu'un aspect de leur vie. Ils avaient aussi beaucoup besoin d'action. Action et écriture se conjuguent bien. Les Américains de Paris des années 20 et 30 ont renouvelé le genre littéraire. Ils n'avaient rien de surréaliste et de dadaïste comme les Européens. Ils ont créé un fonds et un style qui correspondaient mieux au changement d'époque. Sous un aspect fantasque, blasé, ironique, ils ont décrit une part de l'humanité des temps modernes. On pourrait les résumer ainsi : -Qui êtes-vous ? -Je me cherche. -Où allez-vous ? -Je me le demande. -Que signifie votre vie ? -Rien. A leur retour aux Etats-Unis, ils portent sur leur pays un sentiment opposé à celui qui les a fait partir. Ils ne désirent alors rien de plus que de réintégrer la société américaine. L'Amérique du temps vit dans la démesure. Elle surpasse en créativité toutes les sociétés du monde d'alors. Elle a changé d'esprit. Elle juge maintenant ses expatriés acceptables. Eux le lui rendent bien. Ils se fondent avec délice dans la nouvelle Amérique et deviennent de good Citizen. Ils sont lus. Quelques-uns sont nobélisables. Beaucoup exercent des activités commerciales, éditoriales et autres. La plupart ont écrit quelques lignes sur la France à la fois de façon plaisante puisqu'ils parlaient de leur jeunesse, mais aussi avec de sévères critiques envers un pays qui les avait tant affligés par sa vétusté, sa saleté et son immobilisme. Ils ont aussi rempli leur vie d'autre chose que de papier. Ils ont multiplié les fugues, couru le monde, participé aux événements du temps, bref brûlé la chandelle par les deux bouts. Ils ont eu, plus que d'autres peut-être, le sens de l'insignifiance des choses et de leurs personnes. La mort compte moins quand on est dans l'action et qu'on a le sens de la dérision.

07/2021

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Beaux arts

Cahier de Mïrka Lugosi

Une érotique, certes ! Un fétichisme aussi. Et nous pourrions même ajouter un grand accent surréaliste. Cependant, l'univers de Mïrka Lugosi semble toujours et déjà bien ailleurs, même s'il s'inscrit de fait dans une histoire. A cet égard, deux citations. La première, Pierre Jean Jouve : Nous avons connaissance à présent de milliers de mondes à l'intérieur du monde de l'homme, que toute l'oeuvre de l'homme avait été de cacher... La seconde, Georges Bataille : Ce qui est en jeu dans l'érotisme est toujours une dissolution des formes constituées. Ces deux vues en appellent à l'idée d'une sorte de nuit profonde, voire menaçante, doublée d'une sorte de déréglement plus ou moins périlleux. A rebours, le cahier de Mïrka Lugosi semble échapper à ces coupures entre un dehors et un dedans, un monde diurne et un autre nocturne, entre une continuité et sa rupture. En effet, ce cahier se présente au premier abord comme studieux. On pourrait là penser à ces études de mains (genre Dürer, par exemple) où se trouvent répétées et reprises sur une feuille des mains tournées et retournées, quand Mïrka Lugosi étudie, elle, les tensions des verges, les galbes des jambes, la courbe ou le plein des seins, la plastique des corps. Il s'agirait en quelque sorte de donner à voir un toucher, un grain, une vision, une cambrure, une position. Et plus encore : la tension même de cette cambrure, le fantasque même de cette position. C'est pour quoi ce cahier ne dévoile pas un monde qui serait caché, parce que le monde de ce cahier échappe aux dispositions qui voudraient séparer l'apaisement et le trouble, le vil et le noble, alors qu'il n'y a pas ici (regardons bien ! ) plus habillé qu'un nu ou même plus nu qu'un habillé. Un cahier à l'onirisme déboussolé en ce que la suite de toutes ses scènes ne stagnent pas dans le crépusculaire du rêve, parce qu'elle accéde à la lucidité du plein éveil élaboré délicatement et patiemment à la pointe du crayon. Un cahier raffiné, subtil, élégant, diablement délicat et complexe, qui se voudrait comme une histoire de l'oeil, ou comme l'histoire d'un oeil, celui de Mïrka Lugosi, où le visible semble toujours précisément ce qui ne peut être que vu. Un cahier fondamentalement excentrique, tout compte fait (c'est-à-dire hors du centre, hors d'un centre qui n'aurait nul lieu d'être), et véritablement et magnifiquement obscène (c'est-à-dire hors de scène, hors de toute représentation). Comme si les dessins de Mïrka Lugosi ne représentaient rien, jamais, mais présentaient toujours, encore, tellement, et ne tenaient leur être que de ces seules présences.

04/2019

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Histoire du cinéma

Demandez le programme ! - Une histoire du cinéma (1894-1930) vue par les programmes des lieux de pro

Comment le cinéma muet était-il vu, en son temps ? Avec cet ouvrage, l'étude de l'expérience des spectateurs s'enrichit d'une analyse détaillée des programmes de cinéma, dans leur contenu et dans leur matérialité. Des feuilles imprimées les plus modestes aux merveilleux livrets du Gaumont-Palace, ces documents témoignent de la culture matérielle de l'époque (1894-1930). Comment le cinéma muet était-il vu, en son temps ? Avec cet ouvrage, l'étude de l'expérience des spectateurs s'enrichit d'une analyse détaillée des programmes de cinéma, dans leur contenu et dans leur matérialité. Des feuilles imprimées les plus modestes aux merveilleux livrets en couleurs du Gaumont-Palace, de l'affichette foraine à la brochure de style Art déco, ces documents témoignent de la culture matérielle de l'époque (1894-1930). Au croisement des arts visuels et des techniques publicitaires, ils reflètent l'extraordinaire variété du cinéma des premiers temps, tenu pour un spectacle vivant, une " attraction ". Les projections, avec leurs accompagnements musicaux, prenaient place en ville ou au dehors des centres urbains. Outre les salles des quartiers populaires ou bourgeois, les programmes évoquent d'autres intérieurs : baraque foraine, café-concert, music-hall, salle de théâtre. Ces sources d'une exceptionnelle qualité, jusqu'ici peu étudiées, font apparaître en creux le public de l'époque du muet, ses sensations et ses émotions, individuelles et collectives. SOMMAIRE Rencontre entre Jean-Jacques Meusy et Laurent Véray Retour aux sources Laurent Mannoni Essai de typologie des programmes de cinéma, 1896-1930 laurent guido - Du music-hall au cinéma, le programme comme modèle spectaculaire Jean-Marc Leveratto, Fabrice Montebello, Pierre Stotzky Le café et la mise en forme du loisir cinématographique dans la France de la Belle Epoque Francesca Bozzano Pierre Sarrus et les tournées du Ciné-Phono-Scène dans le Sud-Ouest de la France durant les années 1910-1920 Martin Barnier Les sons du cinéma muet à travers les programmes. Des séances de forains jusqu'aux salles spécialisées Laurent le Forestier Marchés et modes de consommation des films en France : considérations méthodologiques Laurent Véray Montrer des films en 1915-1918. Etudes de deux séries de programmes caractéristiques du spectacle cinématographique de la période Emmanuelle Champomier Les programmes des salles de cinéma dans la presse française des origines à la fin des années 1920 François de la Bretèque Loin de Paris : les programmes dans la presse quotidienne régionale et les hebdomadaires locaux de l'Hérault entre 1908 et 1920 Annie Fee L'évolution artistique du cinéma à travers les programmes et les cartons d'invitation des années 1920 Carole Aurouet La " revue-programme " du Studio 28 : une archive de salle et un manifeste surréaliste pyrogène Maurice Gianati Un ciné-club d'avant-garde dans les années 1930 : les Amis de l'Art cinématographique de Liège

01/2024

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Critique littéraire

Études anglaises - N°1/2014

Claire Vial : Clothing the debate : textiles, text-isles and the economy of gift-giving in four Middle English Breton lays Textiles, both as clothes and elements of the codified knightly costume, play a major structuring role in the Breton lays. Whether embodied in recurring poetic motives or staged in descriptive pauses, these text-isles, or recognisable textual islands, contribute to the spiralling aesthetic of the Breton lays with issues of their own, involving narrative and character development, processes of social signposting and potential theatricality. Pièces d'étoffes, vêtements, éléments du costume chevaleresque... sont dotés d'une fonction structurante majeure dans les lais bretons en moyen-anglais. Sous la forme de motifs poétiques itératifs ou de pauses descriptives singulières, ces îlots textuels récurrents participent de l'esthétique en spirale caractéristique des lais anglais, qu'ils enrichissent de problématiques qui leur sont propres, liées au développement des personnages et de l'intrigue, à l'affichage du statut social et aux effets de théâtralité. Denis LAGAE-DEVOLDERE : "Nothing of what is writ" (4. 2. 199) : silenced texts in Measure for Measure Focussing on an aspect often neglected by critics, this paper suggests a word-by-word exploration into the trajectory of the various written texts, letters or "writs" in Measure for Measure. With the New Historicism notion of negotiable, volatile authority/auctoriality, this is an attempt at probing into the political and dramatic consequences of the letter-writing activity and its implications on the ever slippery notion of truth. Such "writs" are turned into instruments of manipulation, and deceit, which defy reason, and call for what one could call blind faith, from both the characters on stage and the off-stage audience. En s'intéressant à un aspect souvent négligé par la critique, cet article propose une analyse détaillée de la trajectoire des messages écrits dans Measure for Measure. Il examine les conséquences dramatiques et politiques de l'activité d'écriture frénétique, notamment celle du Duc Vincentio, producteur de textes à la fois vrais et faux, lus ou tus, à suivre à la lettre ou à lire à l'envers. On verra ainsi comment Shakespeare utilise la chose écrite et l'événement d'écriture pour en faire un signifiant dramatique qui est bien plus qu'un procédé? : par-delà les notions d'autorité et d'auctorialité ainsi mises à mal, les textes de Measure for Measure interrogent le concept de connaissance et celui de vérité, explicitement décliné dans sa version plurielle, et invitent les personnages comme les spectateurs à un acte de foi dramatique. Guyonne Leduc : The dramatic import of letters within letters in Frances Burney's Evelina (1778) That no attention has been paid to the rather numerous letters within letters in this epistolary novel might seem surprising for any critic studying Evelina. Yet a careful reading of those letters within letters, that seem to pass unnoticed in a novel where sight is the most important of the five senses and where the (mis) interpretation of signs is central, proves rewarding if only from a dramatic viewpoint. Indeed, some of those (enclosed, copied, mentioned, commented upon, etc.) letters within the letters collected by the "editor" trigger not just one of the two plots (the quest for Evelina's name and, at least, social identity) but also changes in geographical places, new turns in the two plots (the second one being the love plot), a comic episode, etc. If some of them thwart the reader's expectations, all of them make it possible to approach one of the key issues broached in the novel. Les lettres dans les lettres, pourtant assez nombreuses dans ce roman épistolaire, n'ont pas retenu l'attention, ce qui peut paraître étonnant pour quiconque étudie Evelina. Pourtant, une lecture minutieuse de ces lettres dans les lettres, qui semblent passer inaperçues dans un roman où la vue est le plus important des cinq sens et où l'interprétation (erronée) des signes est centrale, s'avère fructueuse, ne serait-ce que du point de vue dramatique. En effet, quelques-unes de ces lettres (incluses, recopiées, mentionnées, commentées, etc.) dans les lettres collationnées par l' "éditeur" déclenchent, non seulement l'un des deux intrigues (la quête du nom et de l'identité, au moins sociale, d'Evelina), mais aussi des changements géographiques, des tournants dans les deux intrigues (la seconde étant l'intrigue amoureuse), un épisode comique, etc. Si certaines déçoivent les attentes du lecteur, toutes permettent d'aborder l'une des questions-clés traitées dans le roman. Jean-François BAILLON : Tableaux vivants, still lives : tracing Terence Davies in The House of Mirth (2000) This article attempts to trace the presence of Terence Davies as author of The House of Mirth through three distinct but concurrent strategies. First, the recurrent use of symmetrical patterns at every level appears to link the film to Davies's previous output and signals the presence of a mega-narrator. Secondly, the structuring reference to classical Hollywood melodrama can be referred both to Davies's previous films and to his own personal taste. It is also a way for him to claim his attitude to the source material as fundamentally cinematic. Lastly, self-referential scenes at key moments in the narrative foreground the nature of the film as artefact. Cet article tente de repérer les traces de la présence de l'auteur Terence Davies dans The House of Mirth au moyen de trois procédures distinctes mais convergentes. D'abord, l'usage récurrent de figures symétriques à tous les niveaux relie le film à la production antérieure de Davies et signale la présence d'un méga-narrateur. Ensuite, la référence structurante au mélodrame hollywoodien classique renvoie aussi bien aux films précédents de Davies qu'à son propre goût personnel. C'est aussi pour lui un moyen de revendiquer l'essence profondément cinématographique de son attitude envers le texte-source. Enfin, quelques scènes autoréférentielles situées à des moments clés du récit mettent en avant la nature du film comme artifice. Antoine CAZE : Helen in Egypt et Trilogy : les écritures de guerre de H. D. Toute l'oeuvre de H. D. s'enracine dans l'expérience de la guerre. Cet article ­s'attache à montrer comment cette condition première de l'écriture conduisit la poète américaine à inscrire les grandes séquences poétiques que sont Helen in Egypt et Trilogy dans l'intervalle qui à la fois relie et sépare les modes épique et lyrique. En dépit de l'ordre de composition de ces deux recueils - le premier étant postérieur de dix ans au second - la récriture du mythe qu'est Helen in Egypt, transposant l'épopée sur un mode lyrique, est ici envisagée comme le creuset dans lequel se forge l'écriture de Trilogy : événement traumatique à maints égards pour H. D. , la guerre dont se nourrit son imaginaire ne peut en effet être abordée qu'à rebours du temps, dans une logique de l'après-coup (Nachträglichkeit) que rejoue ici la relation entre mythe antique et histoire contemporaine. La voix à la fois transpersonnelle et intime que crée H. D. dans Trilogy - celle d'une "communauté lyrique" - peut alors être comprise comme la tentative d'une médiation qui lui permettrait d'articuler le trauma. H. D. 's entire oeuvre is premised upon the experience of the war. In this article, I attempt to show that such a seminal condition for her writing led H. D. to pitch the tone of her war-related poetic sequences-Helen in Egypt and Trilogy-in the middle ground between the epic and the lyric. In spite of the chronological order of composition of these two books, the first written some ten years after the second, I contend that H. D. 's re-writing of the Helen story, transposing it from the epic to the lyric, can be understood as the crucible in which the materials for Trilogy are melted. For indeed, H. D. can deal with the traumatic event of the war, which so deeply affected her imagination, only by going against the current of time, according to a logic of the aftershock (Nachträglichkeit) which is structurally implicit in the way she intertwines Greek myth with twentieth-century history. The poetic persona which H. D. creates as a speaker in Trilogy, both transpersonal and intimate, may thus be seen as an attempt on her part to mediate and articulate trauma. Yves FIGUEIREDO : De Mount Auburn à Central Park : aux origines du park movement Le park movement américain a été très largement étudié et historicisé depuis les années 1970, mais ses origines ont fait l'objet de peu d'études. Il serait le produit de l'action combinée de trois facteurs : urbanisation et industrialisation, développement du tourisme et des loisirs, renouveau du regard sur la nature. Cet article examine les limites de ces interprétations sur la période précédant immédiatement la création des premiers parcs et étudie l'apport des cimetières paysagers au développement du park movement. The American park movement has been extensively studied and historicized since the beginning of the 1970s, but its origins have been little documented or analyzed. It is understood as resulting from the combined action of three factors : urbanization and industrialization, development of tourism and leisure, evolving perceptions of nature. This paper examines the limits of such interpretations on the period immediately preceding the foundation of the first parks and studies the contribution of rural cemeteries to the park movement. Andrew DIAMOND : Cutting through the "Fog of War" : World War II and the fracturing of the New Deal order in the urban North While the New Deal created a new relationship between ordinary citizens and the federal government with its work relief programs, welfare system, and laws protecting organized labor, this relationship began to sour in a northern wartime context marked by massive black migration, widespread racial conflict, and increasingly militant civil rights organizations. Pressured by black mobilization and the outbreak of violent civil disorders in major war production centers between 1941 and 1943, federal, state, and city authorities moved to create a range of race relations organizations devoted to fighting racial discrimination and fostering interracial cooperation. These organizations, some which were of a quasi-official nature, quickly became fixtures on the local political scene, playing active roles in countering the campaigns of whites to keep blacks out of their neighborhoods and to retain the privileges of whiteness at work. What follows constitutes an attempt to understand how white residents and workers perceived and responded to these new race relations organizations. I will argue that in the eyes of average white residents and workers whose interests seemed to run up against them, the proliferation of these organizations worked to recast the role of the state from protector of the working man to protector of black rights, thereby fracturing the young New Deal order. Le New Deal a mis en place une nouvelle relation entre les citoyens ordinaires et le gouvernement fédéral grâce à ses programmes de création d'emplois, son système d'assistance sociale et ses lois protégeant les droits des ouvriers. Mais cette relation commença à se détériorer dans le contexte de la mobilisation du Nord pour la guerre, caractérisé par une migration massive des Noirs, des conflits raciaux fréquents et des organisations noires de droits civiques de plus en plus militantes. Sous la pression des organisations de défense des droits civiques et des troubles violents qui éclatèrent dans les grands centres de production militaire entre 1941 et 1943, les autorités fédérales, ainsi que celles des Etats et des municipalités créèrent toute une série d'organisations chargées de lutter contre la discrimination raciale et de promouvoir la coopération interraciale. Ces organisations, dont certaines étaient quasi-officielles, devinrent rapidement des éléments essentiels de la scène politique locale, et jouèrent un rôle actif pour contrer les campagnes des Blancs visant à maintenir les Noirs en dehors de leurs quartiers et à conserver sur leur lieu de travail les privilèges attachés à la peau blanche. Cet article essaie de comprendre comment les habitants et les ouvriers blancs des villes du Nord ont perçu ces nouvelles organisations chargées des relations interraciales. Il défend l'idée selon laquelle, aux yeux des habitants et ouvriers blancs ordinaires dont les intérêts se heurtaient aux objectifs de ces organisations, leur prolifération a contribué à transformer leur vision du rôle de l'Etat du protecteur du travailleur en protecteur des droits des noirs.

05/2014

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Géographie

Tourisme et insularité. La littoralité en question(s)

L'essor du tourisme moderne tient en grande partie à sa composante ludique, et à la nature comme à la qualité des produits qu'il est en mesure de proposer aux touristes occasionnels et aux vacanciers avides de dépaysements divers, en période estivale en particulier. Le tourisme balnéaire a depuis lors occupé une place essentielle dans la demande comme dans l'offre y afférentes. En témoigne la surfréquentation saisonnière des littoraux les plus attractifs ou accessibles, caractérisée à la fois par les gratifications qu'en attendent ceux qui les visitent ou y résident, autant que par les inconvénients qui en résultent pour les territoires ainsi mis en tourisme. Les îles offrent pour leur part, outre le dépaysement évoqué et l'opportunité de découverte de modes de vie et de cultures plus endogamiques, spécifiques ou préservées, un rapport superficie-littoralité d'autant plus exceptionnel et attractif qu'elles sont de dimensions modestes et constituent des espaces sans équivalents. Les caractéristiques de l'insularité doivent dès alors être rapprochées de la problématique d'occupation du littoral, à des fins touristiques en particulier. Au moment où l'on s'interroge, face au tourisme "classique", sur l'intérêt et les avantages de tourismes "alternatifs", et où l'activité touristique ne saurait échapper à la prise en compte des problématiques de développement local, appréhendées en termes d'intégration et de durabilité, de gestion participative et communautaire, la question de la relation de l'insularité à la littoralité ne peut être esquivée. C'est là l'objet de ce nouvel ouvrage, qui propose des contributions d'auteurs de différentes origines, à l'endroit de territoires insulaires eux-mêmes divers. Il aborde successivement, à cet effet, la présentation des pratiques touristiques dont ceux-ci sont les cadres ; puis celle des conditions et modalités de leur gestion touristique durable. Jean-Marie Breton est professeur émérite de droit public à l'Université des Antilles et de la Guyane, consultant international, fondateur et ancien directeur du Centre de recherches et d'études juridiques sur l'environnement, le tourisme et l'aménagement (CREJETA), président de la Section Caraïbes de la Société Française pour le Droit de l'Environnement (SFDE), membre de l'Académie des sciences d'Outre Mer (Paris). Ses travaux et expertises et ceux des équipes qu'il dirige portent principalement, dans la Caraïbe comme en Afrique, dans l'Océan Indien, les Amériques et l'Asie, sur la gestion participative des ressources naturelles, dans les aires protégées notamment, sur le cadre légal et institutionnel des parcs nationaux et des réserves naturelles, sur l'élaboration et l'harmonisation des législations et réglementations environnementales ; et sur la mise en cohérence des activités touristiques avec les contraintes environnementales, à travers les problématiques complexes du tourisme alternatif et du développement durable.

03/2014

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Histoire de la psychologie

Les formes de la croyance

"Lorsqu'il mourut à l'âge de 87 ans, Pierre Janet travaillait à un ouvrage sur la croyance dont le manuscrit inachevé est resté inédit. Tout nous porte à croire que Janet avait à formuler un dernier secret qu'il a peut-être emporté dans la tombe, mais dont il nous reste quelques fragments épars" . H. F. Ellenberger, "Pierre Janet philosophe" (1973) Les Formes de la croyance constitue la toute première édition de l'essai resté inachevé du philosophe, médecin et psychologue français, Pierre Janet (1859-1947). Cet ouvrage aux relents testamentaires - issu des ultimes leçons au Collège de France de ce savant autrefois mondialement connu, pourfendeur de la psychanalyse - l'a conduit à réviser sur le tard la partie la plus intéressante de son système théorique, bousculé dans ses convictions par sa lecture des Deux Sources de la morale et de la religion d'Henri Bergson. Selon Janet, plusieurs "formes de la croyance" - délirantes, religieuses, philosophiques, scientifiques, historiques et enfin mystiques - s'emboîteraient, en se fructifiant non sans s'opposer. Ebauchées à la lisière du social et de l'individu, elles seraient inhérentes à l'évolution de la pensée humaine ayant fait l'objet, au gré des époques, des lieux, des cultures et civilisations, de transformations psychologiques notables. Traversé par maintes fulgurances - esquissant entre autres certains rapports d'affinités et lignes de rupture entre "mythes religieux" et "récits délirants" - cet écrit foisonnant révèle surtout comment Janet, pétri d'un scientisme revendiqué assimilant les mystiques à des malades mentaux, tel son cas central, Madeleine "l'extatique de la Salpêtrière" , est parvenu à renverser partie de ses conceptions à un âge déjà avancé. Aussi, non sans faire controverse, ira-t-il jusqu'à apparenter lesdits mystiques à des "révolutionnaires" porteurs d'un message avant-coureur à l'adresse de la société moderne, à contre-jour des cadres scientifiques étouffant l'expression de la subjectivité. Par extension, ces réflexions peuvent indéniablement entrer en résonance avec certaines questions agitant le temps présent... La retranscription in extenso du manuscrit, accompagné d'une série de textes annexes qu'agrémente un appareil critique, est précédée d'une double présentation. Elle rend compte, via une foule d'archives inédites, de la trajectoire intellectuelle de l'homme inscrit dans un contexte spécifique et de réseaux, entretissés d'interactions contrastées qu'il put entretenir avec des contemporains - Bergson, Charcot, Ribot, Freud, Jung, Breton, Lacan, Delay, Leiris, Bataille, mais aussi Raymond Roussel, ou Nathalie Sarraute, etc. -, ainsi que de la genèse et des "éclipses" de cet essai longtemps demeuré méconnu. Une postface consacrée au devenir de la vaste bibliothèque personnelle de Janet, dispersée après sa mort, vient ponctuer cet ouvrage appelé à faire référence.

10/2021

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Littérature russe

Théorie du monologue

Né à Moscou le 29 août 1938, Vladimir Kazakov a eu une vie aventureuse. Il termine le lycée en 1955. Fréquente une école militaire d'où il est expulsé en 1956. Il entre ensuite à l'Université, d'où il est à nouveau expulsé en 1958. Pendant les quatre années suivantes, il travaille à Kolyma, au nord-est de la Russie connu pour son goulag et ceux qui s'y sont retrouvés, à l'instar de Varlam Chalamov... Il est tour à tour orpailleur, bûcheron, enseignant chez les nomades tchouktches, charpentier, soutier, marin, etc. De retour à Moscou, il erre un certain temps dans les rues. Devient joueur de cartes professionnel... En 1965, il commence à écrire ; l'année suivante, il fait la connaissance du poète avant-gardiste Andreï Kroutchenykh, lequel aura sur lui une influence incontestable. C'est alors qu'il se consacre entièrement à l'écriture (poésie, prose, théâtre). Il meurt à Moscou en 1988. Ses écrits paraissent clandestinement (samizdat), avant de circuler, à partir de 1971, en Occident, et tout particulièrement en Allemagne. "Théorie du monologue" paraît en 1982 (in le recueil "Vie de la prose", dans une édition allemande de langue russe comprenant des proses de la première moitié des années 1970... L'oeuvre de Vladimir Kazakov poursuit à sa manière les efforts artistiquesdes futuristes et des Obérious. Il est notamment à rapprocher de Alexandre Vvedensky, mais aussi, pour une certaine mise en scène de l'intime comme dans ce texte, de Guennadi Aïgui et de Sasha Sokolov dans son obsession narrative... "Théorie du monologue" peut d'abord surprendre par son titre en rapport à son contenu : 35 lettres d'amour adressées à une femme, entre décembre 1973 et juin 1974, sans que ses réponses à elle nous soient données. D'où toutefois l'indication que ce titre nous convie de recevoir, grave et ironique. Cependant qu'à lire ces lettres une à une, nous devons bien comprendre que réponses et lettres de la part d'Irina, la femme aimée, lui ont bien été transmises. Cependant encore il se pourrait qu'il se le soit imaginé... Livre d'amour alors, et amour que l'on aurait à juste titre droit de qualifier, tout comme chez Breton, de "fou" . Folie paraissant se préciser au fur et à mesure des lettres à la croisée des mots, à compter qu'il n'y a pas de véritable amour qui ne le soit pas, "fou" en miroir de ce que de l'être aimé nous recevons, toutes choses mises en rapport selon une synesthésie (dans des "lignes" de pluie, des rayons de lumière...) qui l'amplifie. C'est que ce livre démontre (et démonte) en ces lettres un rapport qui ne se peut théorisé que sous une forme inattendue à laquelle Vladimir Kazakov, coutumier des déplacements, se prête, traversant l'angoisse.

06/2022

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Littérature française

L'ombre d'une vie ou L’ADN des célèbres colons français, qui ont construit l’île Bourbon, en héritage

"Totoche ! 20/20 en latin ? Comment elle fait pour avoir ces notes tout le temps ?" s'étonne Barret, un jeune garçon châtain clair de la 3e1, épiant la classe tandis que le prof distribue les copies de la 4e1. Serait-ce le génie des Cadet, les célèbres colons dont Marie descend ? Il est dit que les descendants sont des intellectuels, des universitaires... Avec presque 16/20 de moyenne générale, Marie décroche son BEPC d'office. La même année, la propriété de ses parents est dans le viseur de la commune de Saint-Denis. Tandis qu'elle étudie Tartuffe de Molière en classe de seconde, elle voit sa mère pleurer chaque soir. - Ma vie est si triste qu'on peut en faire un roman ! dit-elle, lasse. - Ne pleure pas ! J'écrirai ton roman un jour ! Je dirai au monde entier comment ils se comportent ! promet-elle. Marie a la trouille de perdre ses parents. Crise cardiaque, mort inexpliquée... Des connaissances tombent chaque jour car la mairie de Saint-Denis rase les biens des petits possédants pour y installer du béton. Juin1979, la commune a déjà fait main basse sur la propriété. Tout sourire, le nervi du maire, une femme redoutable, ayant la mère dans son collimateur, pose dans le journal de l'île de la Réunion sur l'immense terrain des parents, bras dessus, bras dessous, entourée du député Debré et de Legros, le maire, son acolyte. Marie ignore encore qu'en même temps que leur périple, et ce depuis 1963, se joue la tragédie des petits Réunionnais arrachés à leurs familles privées d'instruction sous l'Ordonnance Debré. L'histoire bégaie. Après la déportation des esclaves arrivés dans les cales de bateaux, voilà qu'on affrète des avions spéciaux déportant de jeunes enfants que l'on soustrait aux familles pour les installer en métropole, bannissant les liens. Marie ne comprend pas la cruauté de ces hommes sans scrupule d'un Etat censé protéger.

07/2019

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Histoire militaire

Hommes et ouvrages de la ligne Maginot. Tome 3

Ce tome trois est le point d'orgue de la série d'ouvrages qu'Histoire & Collections consacre a la célèbre ligne fortifiée du Nord-Est, système défensif qui avait été conçu et réalisé pour protéger la France d'une attaque brusquée allemande. Le présent livre débute le 3 septembre 1939, jour de la déclaration de guerre : quelle est alors la situation de la ligue Maginot, quel va être son rôle dans la timide offensive de la Sarre, et quels moyens seront ensuite mis en oeuvre durant les huit mois de la "drôle de guerre" pour compléter nos fortifications, de la mer du Nord à la frontière suisse, tels sont les sujets évoqués dans la première partie de cet ouvrage. La seconde partie présente l'inventaire, totalement inédit et extraordinairement détaillé, secteur par secteur, de toutes les fortifications du Nord et de l'Est, du plus imposant ouvrage comptant 1000 hommes d'équipage, à la moindre casemate n'abritant que quelques combattants. Le répertoire est intégral et, grâce à sa cartographie unique, il permet notamment aux amateurs et touristes d'aujourd'hui de retrouver les vestiges de la ligne Maginot partout où ils subsistent. La troisième partie, enfin, relate l'attaque allemande du 10 mai 1940 et les six semaines de Btlitzkrieg : la ligne de défense attaquée sur sa partie la plus faible le long de la Meuse, le drame de l'équipage de la Ferté, la chute des ouvrages du Nord fin mai, puis en juin les assauts déclenchés contre la ligne Maginot proprement dite en Lorraine, en Alsace et sur le Rhin. L'action déterminée des équipages restés seuls sous le béton après le départ des troupes d'intervalle, la prise de haute lutte de certains ouvrages, et finalement la livraison de l'ensemble de la Ligne invaincue, comme triste conséquence de l'Armistice du 22 juin 1940. Une fantastique page d'histoire illustrée a profusion en noir et blanc — avec 500 photos d'époque — et en couleurs : rotes et plans, insignes métalliques, uniformes et fanions des équipages d'ouvrages.

06/2021

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Photographie

Cosmic Communist Constructions Photographed. Edition français-anglais-allemand

Dans cet ouvrage, le photographe Frédéric Chaubin dévoile 90 bâtiments situés dans 14 anciennes républiques soviétiques qui témoignent de ce que l'on pourrait considérer comme la quatrième époque de l'architecture soviétique. Ses images poétiques révèlent une renaissance inattendue de l'imagination, un bourgeonnement jusqu'ici inconnu qui s'est développé de 1970 à 1990. Contrairement aux années 1920 et 1930, on ne distingue ici ni "école" ni tendance dominante. Ces constructions représentent un élan chaotique provoqué par un système qui tombait en décrépitude. Leur diversité annonce la fin de l'Union soviétique. Profitant de l'effondrement de cette structure monolithique, des trous dans le filet qui devenait plus lâche, des architectes ont revisité toutes les périodes et tous les styles, remontant aux sources ou innovant librement. Certains audacieux réalisèrent des projets qui auraient fait rêver les constructivistes (le sanatorium de Druzhba, à Yalta), d'autres ont laissé parler leur imagination d'une manière expressionniste (le Palais du mariage de Tbilissi). Une colonie de vacances, inspirée d'esquisses d'un prototype de base lunaire revendique son influence suprématiste (camp de jeunes Prométhée, à Bogatyr). Sans oublier l' "architecture parlante" qui s'est généralisée pendant les dernières années de l'URSS : un crématorium orné de flammes de béton (crématorium de Kiev), un institut technologique avec une soucoupe volante écrasée sur le toit (institut de Kiev), un centre politique qui vous observe comme Big Brother (la maison des soviets de Kaliningrad). Ce puzzle de styles témoigne de tous les rêves idéologiques de cette période, de l'obsession du cosmos à la renaissance de la vie privée, tout en soulignant la géographie de l'URSS, montrant comment les influences locales ont apporté leurs détournements exotiques avant de porter le coup fatal à ce pays. Cosmic Communist Constructions Photographed, de Frédéric Chaubin a été élu meilleur livre d'architecture de l'année 2010 au Festival international du livre d'art et du film de Perpignan.

02/2011

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Littérature française

L'étoile du Hautacam

Où sont passés les rêves de Simon Meyer, ses rêves de cinéma, de grand spectacle ? Qu'est devenue sa passion pour les formes populaires ? Les emballements : reniés ; les collections : revendues ; l'appartement : vidé. La flamme est éteinte. Quand cette histoire commence, Simon quitte la ville pour s'établir dans son village d'enfance. Mais au moment de le rejoindre, un étrange événement le précipite dans un autre monde. Le rideau s'ouvre sur un monde imaginaire, un monde presque similaire au nôtre, à la seule différence que le village est désormais perché à quinze kilomètres d'altitude au sommet d'une gigantesque tour de béton armé. L'endroit est à l'image de la décrépitude de Simon, superficiel, sans âme, d'une propreté asphyxiante. Ses 365 jours d'ensoleillement annuel en font un site visité par les touristes du monde entier. Simon l'intègre tout à fait naturellement et reprend sa vie là où il l'avait laissée sur Terre, entre footings et missions d'intérim. Il apparaît peu à peu que notre héros n'est pas étranger à la situation insolite des lieux. Son retour, puis ses retrouvailles avec son premier amour, ne sont pas sans conséquences. Un danger plane sur le village, un danger auquel Simon pourrait bien être lié. Alors il n'a plus d'autre choix que d'assumer l'influence mystérieuse de ce galet de magma qualifié de Coeur-étoile, moteur du territoire céleste, symbole de force et de passion. Toutes les fictions qui l'ont bercé durant sa jeunesse, cette mémoire enfouie, remontent à la surface pour s'incarner dans sa vie et l'entraîner dans une suite d'aventures rocambolesques, avec son lot de rebondissements, de coups de théâtre et de personnages farfelus et attachants. L'Etoile du Hautacam fait le pari de l'action, du romanesque, jouant avec l'invraisemblable et les clichés, lorgnant sans détour du côté du cinéma d'animation, du blockbuster hollywoodien, du manga japonais. C'est une fable épique, un roman à grand spectacle.

01/2016

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Grandes réalisations

Le Collège Trefaven. Lorient

Une page se tourne à Lorient. Les collèges Le Coutaller et de Kerentrech ferment et le nouveau collège de Tréfaven, conçu par l'agence d'architecture Valéro Gadan, accueille quelque 480 élèves et a surtout sa propre histoire à construire. "Le projet veut être l'expression de la sobriété et de la durabilité. Toutes les façades, quelles que soient leur orientation, donnent du sens à l'équipement et à son contexte. La volumétrie du bâtiment avec les événements nécessaires à l'affirmation de certaines fonctions font partie d'une réflexion globale. Le bâtiment se déploie en "O" , et positionne la cour de récréation au centre de la composition. La forme volontairement plus fermée est travaillée dans sa limite périphérique comme une bande épaisse qui gère la mise à distance et permet de créer des jeux de pleins et de vides, des percées visuelles et des transparences. L'approche architecturale globale de notre conception à consisté à regrouper et identifier les différents volumes programmatiques. Les espaces fonctionnels ont été abordés non pas comme une succession de volumes autonomes, mais plutôt comme une volumétrie continue. Assemblés entre eux, l'ensemble des volumes regroupés forment une unité participant à l'homogénéité de l'édifice. Les façades sont travaillées sur le thème de l'art optique de la cinétique. Elles se déclinent en strates horizontales, où s'alternent des rythmes de pleins et de vides, créant des perceptions différentes suivant l'angle de vue. Associé au soubassement en béton, un dispositif de lames verticales bois, avec une face recouverte d'une plaque colorée, crée un jeu de reliefs et de rythmes cinétiques et permet d'unifier l'ensemble. Au-dessus du socle, les façades sont traitées par un revêtement aluminium à ondes variées. La variation du rythme des nervures accentue l'effet de stratification recherché. La vêture composée de pliures variées va refléter la lumière, créant un effet qui n'est pas sans rappeler les reflets de la mer sous la lumière variée d'une journée". Agence d'architecture Valéro Gadan

03/2023

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Beaux arts

Architecture : mettre en forme et composer. Volume 13, continuum spatial

La notion de " continuum spatial " est un mode d'organisation de l'espace rendu possible notamment par l'usage d'ossatures métalliques puis en béton armé autorisant une certaine autonomie des enveloppes par rapport à la structure bâtie. Il ne doit pas être seulement envisagé sous son seul aspect formel et ses effets plastiques, mais aussi comme une façon d'habiter l'espace avec des pratiques spécifiques. Les limites entre les intérieurs habités et le contexte extérieur commencent à s'estomper. Un mode de vie nouveau ouvre la voie à un processus de dissolution entre domaines privé et public. Les caractères associés aux anciennes manières de définir l'espace, notamment résidentiel, par pièces distinctes et séries de plans se succédant dans une enfilade, disparaissent au profit de mise en continuité des parois-limites des pièces entre elles. De nouvelles enveloppes spatiales introduisent et mettent en valeur des suites modulables de vues, de lumières ou de passages entre les intérieurs et les extérieurs, avec une dématérialisation partielle de ces enveloppes tirant parti de correspondances d'alignements, de l'implicite à l'explicite. Les rapports plein-vides, les jeux de lumières directes ou réfléchis, les distributions sont effectivement modifiés. L'auteur distingue deux types d'opération pour décrire et analyser ce mode d'organisation en " continuum " : la décomposition et la fusion. Le pavillon de Barcelone de Mies van der Rohe (1929) et l'orphelinat d'Aldo van Eyck (1959) sont des références de décomposition contrôlée où les architectes utilisent un principe de dissociation et de compénétration des limites avec apparition d'espaces intermédiaires et des effets alternés d'ouverture et de fermeture. Le pavillon de la Finlande d'Alvar Aalto pour l'Exposition universelle de New York (1939) et la maison Duncan de Bruce Goff (1965-1967) déclinent des procédés de fusion. Ce mode exploite un jeu de déformations continues des parois sur le thème de l'ondulation dont les replis donnent lieu à des effets divers entre enveloppes internes et externes.

08/2019

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Thèmes photo

Par nos fenêtres. Vues d'Ivry-sur-Seine

Ianna Andreadis a invité les habitants d'Ivry à participer depuis chez eux à un projet de photographie partagée : prendre une vue de la ville depuis leur fenêtre, en incluant le cadre de celle-ci, frontale et axiale. Le résultat produit un panorama spectaculaire et compose un tableau collectif de la ville d'Ivry, un catalogue sensible des manières d'y habiter. D'avril 2020 à avril 2021, dans la période si particulière des confinements successifs, l'artiste Ianna Andreadis a invité les habitants d'Ivry à participer depuis chez eux à un projet de photographie partagée. La règle du jeu a été donnée d'emblée : prendre une vue de la ville depuis leur fenêtre, en incluant le cadre de celle-ci, frontale et axiale, sans déformation exagérée des perspectives. Le résultat produit un panorama spectaculaire et très varié de la ville, où chacun exerce un regard entre l'intime du chez-soi et son extérieur familier, du plus proche au plus lointain. Recouvrant tous les quartiers, les points de vue alternent entre motifs architecturaux emblématiques de la banlieue parisienne et paysages d'une apparente banalité. Identification d'une ville avec son coeur et ses marges, ses horizons et ses vues sur cours, places, rues et cités, ses matériaux de béton, brique et ses végétaux... Ces vues expriment l'emprise du temps : le temps qui passe (ou qui ne passe pas) - heures, jours, saisons, le jour et la nuit ; le temps qu'il fait - neige, pluie et soleil sous d'extraordinaires ciels d'Ile-de-France. L'ensemble compose un tableau collectif de la ville d'Ivry et forme le catalogue sensible des manières d'y habiter. Le texte d'Ianna Andréadis dévoile une partie du processus de cette " fabrication urbaine plurielle " qui peut s'adapter à d'autres villes comme elle l'a déjà fait pour Athènes (Fenêtres d'Athènes, éditions Agra, 2016). Danièle Méaux poursuit ici une réflexion féconde sur ce qu'elle nomme les " géo-photographies " et s'interroge sur le sens de la photographie collaborative.

12/2021

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Histoire internationale

1917. L'année qui a changé le monde

1917 est une année décisive dans le déroulement de la Première Guerre mondiale mais aussi dans l'histoire du monde, et pas seulement d'un point de vue géopolitique ou militaire avec ses grandes batailles (Chemin des Dames, Caporetto) ou ses grands événements (échecs des pourparlers de paix lancés par l'Autriche-Hongrie et le pape, effondrement de la Russie, basculement de la Grèce dans le camp allié, premières mutineries et grèves des tranchées…). Dans tous les domaines, y compris scientifiques, culturels, intellectuels ou sociaux, cette année, comparable à 1789 ou 1815 par son ampleur, marque un bouleversement durable dont les conséquences se font encore ressentir de nos jours. 1917, c'est d'abord l'année des deux révolutions en Russie, donnant naissance au premier Etat communiste et à un mouvement politique mondial qui hantera tout le XXe siècle, drainant dans son sillage des dizaines de millions de victimes. C'est aussi l'année où, pour la première fois, les Américains interviennent militairement en Europe, loin de leur territoire. Ce ne sera pas la dernière… Leur motivation morale (Wilson) deviendra un leitmotiv jusqu'à nos jours pour justifier leurs interventions sur toute la planète. 1917, c'est encore l'année de la déclaration Balfour, qui promet aux Juifs la création d'un Etat sur les décombres de l'empire ottoman avec des conséquences sur l'équilibre de la région qui se poursuivent toujours ; la déclaration de Corfou, prévoyant la création (artificielle) d'une Yougoslavie, future épine sanglante dans l'histoire de l'Europe jusqu'à une date récente ; l'apparition de la notion de « guerre totale » dont les régimes fasciste, nazi et communiste développeront le concept jusque dans l'industrialisation des massacres ; le vote de l'Espionnage Act aux Etats-Unis, toujours en vigueur en 2016 ; la naissance du mouvement artistique dada et l'apparition pour la première fois du terme de surréalisme, qui bouleversera l'histoire des arts au XXe siècle. Mais aussi : la découverte des films de Charlie Chaplin, l'exposition où Duchamp présente son urinoir (« Fountain »), acte de naissance de l'art conceptuel, les premiers Ballets russes qui révolutionnent l'histoire de la danse, la création de la Coupe de France de football, l'invention de l'heure d'été pour réaliser des économies d'énergie en France, le premier décollage d'un avion sur un navire en marche, la formation du ministère charnière de Clemenceau, l'épopée de Lawrence d'Arabie, les morts de Buffalo Bill, Léon Bloy, Edgar Degas ou Durkheim, la naissance de Danielle Darrieux (toujours vivante), les apparitions de la Vierge à Fatima, les exploits aériens de Guynemer et Richthofen, la création du service de cinéma aux armées, les premier films de vampires et de super héros au cinéma, Marcel Proust qui termine le premier volume d'A la recherche du temps perdu, etc. L'ambition de cet ouvrage est de montrer 1917 sous tous ses aspects à l'aide d'une chronologie sélective, très écrite, commentée et richement illustrée. En ressort la conviction que cette année a bouleversé l'histoire du monde en creusant la tombe de l'Europe et partant de l'occident. Des focus seront également proposés pour raconter le 1917 de personnalités politiques et culturelles de premier plan (Hitler, Mussolini, Staline, De Gaulle, Churchill, Roosevelt, Ho Chi Minh, mais aussi Hemingway, Céline, Jünger, Drieu La Rochelle, Aragon, Picasso …).  Un livre absolument novateur et fera date.

11/2016

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Littérature française

GHERASIM LUCA. L'intempestif

L'œuvre de Gherasim Luca pourrait se prêter à la légende d'une traversée du dadaïsme, du surréalisme et de la " poésie sonore ", aventures de la création, qui fondent notre épopée moderne. Elle entretient pourtant avec ces avant-gardes une relation d'intimité qui n'est pas " allégeance " ni dialogue. Dès les premiers textes, l'écriture poétique naît du litige entretenu à l'égard des mythes littéraires, suspecte les récits rétrospectifs et lutte contre toutes les figures édifiantes auxquelles la modernité aime à associer l'écrivain. Elle tire sa singularité d'une intransigeance nourrie à l'encontre de ses propres idéaux. L'intempestif caractérise alors cette voix discordante qui s'empare des représentations philosophiques contemporaines et les place sous une lumière qui révèle subtilement les tensions irrésolues qui les traversent. La poésie est ici la danse de la pensée lorsqu'elle refuse toute précaution, et " comme le funanbule à son fil s'accroche à son propre déséquilibre ". Cette approche poétique de l'abstraction philosophique révèle les désirs qui la nourrissent et dessine, dans la langue, les contours sensuels parcourus par l'idée avant son expression. La poésie de Gherasim Luca, au moment même où elle se voue à la matérialité du langage, inventant son " bégaiement " inspiré, décèle en effet dans cette syntaxe désarticulée le moyen d'une relecture démystificatrice de l'héritage, littéraire et philosophique, dont notre modernité poétique se réclame. Ce questionnement impromptu des valeurs de l'excès et de la subversion qui commandent notre représentation moderne de la littérature se manifeste dans des textes où la place réservée au lecteur est elle-même d'une instabilité radicale. L'interprétation se voit contrainte d'avouer son intéressement et sa violence. La démystification n'est pas la fin ultime de cette œuvre. La création poétique se voue à la conquête de l'incertitude. S'esquisse une théorie poétique du signe, qui, de recueil en recueil, fait se rejoindre la tragique d'une fuite éperdue du sens et la jubilation d'une chasse vouée à la répétition indéfinie. L'humour, si rarement associé à la poésie en France, devient soudain l'indice d'une distance intérieure du langage qui ne saisit sa proie qu'en se faisant, voluptueusement et désespérément " ombre ". Gherasim Luca poursuit cependant l'invention d'une " physique élémentaire " de la langue poétique. Il refuse le constat ou la déploration de l'absurde, qui contemple mélancoliquement la désertion du langage par les " valeurs " qui fondaient autrefois sa transcendance. Dans l'immanence des qualités plastiques et sonores de la langue, un rythme est conquis. La fuite de la signification, qui se dérobe à mesure qu'elle se construit, devient un geste érotique qui ouvre le discours au surgissement d'autrui. Le langage est-il ici un nouveau dieu trompeur et furtif, tout puissant ? Certes, le rire se glisse imperceptiblement derrière le sérieux de chaque acte aveugle devant ses propres risques et immuablement solitaire : il en révèle la nature théâtrale. Mais la " ruse " du langage s'effondre dès lors que surgit le dernier geste intempestif de cette poésie. Un autre rire éclate dans les mots, rire héraclitéen, qui exerce la séduction du néant pour mieux démentir sa victoire : Gherasim Luca opère l'union improbable de la tradition apocalyptique et de l'humour. L'effondrement humoristique du sens rejoint alors son relèvement : la catastrophe se fait révélation par le rire, et le désir, la silhouette d'un Thanastos énergumène.

07/1998

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Cinéastes, réalisateurs

Luis Buñuel, roman

Luis Bunuel, roman est la dernière grande oeuvre laissée inédite par Max Aub . Compilée, sélectionnée et éditée par Carmen Peire, elle constitue à la fois une biographie impressionnante et unique qui révèle le véritable visage du cinéaste hispano-mexicain. Bien au delà, ce texte constitue également l'analyse détaillée d'une génération d'intellectuels qui a traversé le XXe siècle. C'est un livre qui n'a pu voir le jour qu'en 2013 et qui paraît aujourd'hui en français, pour le plus grand plaisir de tous. L'auteur y dresse un grand portrait de sa génération et une étude approfondie et novatrice des avant-gardes européennes du début du XXe siècle. Ces éléments en font un texte essentiel pour connaître la culture de l'époque que ces deux grands protagonistes de notre temps ont vécue. "Chaque homme est un phénomène. Tout groupe d'entre eux - unis par l'âge, autant ou plus que par la langue et le mode d'expression -, en est un autre. Ce livre tend à distinguer Luis Bunuel, célèbre Aragonais né en 1900, des pairs de sa génération, et à expliquer comment ils étaient et pourquoi. Si j'ai sous-titré ce texte "roman" c'est parce que je veux rester au plus près de la vérité. Les anecdotes, les histoires, l'invention d'un personnage ou d'un fait valent bien mieux que les documents. Connaîtra-t-on mieux Bunuel si je reproduis son acte de naissance plutôt que si je répète quelques erreurs de jeunesse, même si celles-ci ne sont pas aussi vraies qu'une photocopie du registre paroissial qui conserve la date du baptême et le nom de ses parrains ? Par contre, ce à quoi le roman peut le plus aspirer, c'est d'être une bonne oeuvre littéraire" . Luis Bunuel, roman est le titre de l'oeuvre que Max Aub était en train de finaliser sur Bunuel lorsque la mort l'a surpris et qu'il n'a pas pu totalement préparer pour l'édition. En 1985, la maison d'édition Aguilar publia le livre Conversaciones con Bunuel suivi de 45 entretiens avec des parents, amis et collaborateurs du cinéaste aragonais. Dans Luis Bunuel, roman, tous les entretiens réalisés par Max Aub avec le cinéaste ont été rassemblés, bien que selon certaines sources, ils ne fussent pas complets. Une grande partie du matériel qu'Aub avait l'intention d'inclure dans son travail est resté inédit. Quiconque souhaite obtenir plus d'informations sur le matériel resté dans l'encrier pourra consulter les archives de la Fondation Max Aub. En 2013, la maison d'édition espagnole Cuadernos del Vigía publia ce qu'elle annonça comme "le dernier grand texte inédit de Max Aux, Luis Bunuel, roman" . Ce livre de près de 600 pages se divise en 2 grandes parties : l'histoire de Luis Bunuel et de son époque à travers les nombreux entretiens que l'auteur a pu mener avec le cinéaste ; puis le dernier tiers du livre narre l'histoire des principaux mouvements artistiques du XXe siècle (dadaïsme, surréalisme, ultraïsme...) et le rapport de Luis Bunuel vis-à-vis de ces mouvements. Le résultat de la démarche littéraire de Max Aub est un livre unique, tout à la fois portrait d'un homme et de son époque. 2

10/2022