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Lamine Senghor

Extraits

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Littérature étrangère

Le Labyrinthe de la solitude. (suivi de) Critique de la pyramide

Le labyrinthe de la solitude est un ouvrage capital de la littérature mexicaine contemporaine. " Le labyrinthe de la solitude, dit Octavio Paz, fut un exercice de l'imagination critique : une vision, mais aussi une révision du Mexique. Point du tout un essai sur la philosophie de l'essence du Mexique ou une recherche de notre prétendu être. Le mexicain n'est pas une essence, mais une histoire. De ce point de vue, le caractère des Mexicains n'a pas une fonction différente de celui des autres peuples : d'une part, il est un bouclier, un mur ; d'autre part, un faisceau de signes, un hiéroglyphe. Dans le premier cas, c'est une défense contre le regard d'autrui, mais qui nous immobilise et nous emprisonne ; dans le second, c'est un masque qui, en même temps, nous exprime et nous étouffe. Ce n'est donc pas la définition de l'essence du Mexique qui m'intéressait mais la critique : cette activité qui consiste, autant qu'à nous connaître, à nous libérer. " Le Mexique est un fragment, une partie d'une histoire beaucoup plus vaste. Les révolutions contemporaines en Amérique latine ont été et sont des réponses à l'insuffisance du développement, d'où procèdent aussi bien leur justification historique que leurs fatales et évidentes limites. Les modèles de développement que nous offrent aussi bien l'Est que l'Ouest sont des compendiums d'horreurs : pourrons-nous à notre tour inventer des modèles plus humains et qui correspondent mieux à ce que nous sommes ? Gens de la périphérie, habitants des faubourgs de l'histoire, nous sommes, Latino-Américains, les commensaux non invités, passés par l'entrée de service de l'Occident, les intrus qui arrivent au spectacle de la modernité au moment où les lumières vont s'éteindre. Partout en retard, nous naissons quand il est déjà dans l'Histoire ; nous n'avons pas de passé, ou si nous en avons eu un, nous avons craché sur ses restes. Nos peuples ont dormi tout un siècle et, pendant qu'ils dormaient, on les a dépouillés et ils vont maintenant en haillons. Et pourtant, depuis un siècle, sur nos terres, si hostiles à la pensée, ici et là, en ordre dispersé mais sans interruption, sont apparus des poètes, des prosateurs et des peintres qui les égaux des plus grands des autres continents. Allons-nous enfin nous montrer capables de penser une société qui ne soit pas fondée sur la domination d'Autrui et qui ne nous mène ni aux glacials paradis policiers de l'Est ni aux explosions de nausée et de haine qui interrompent le festin de l'Occident ? "

01/1990

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Littérature Espagnole

Melvill

Un père agonisant en proie à la fièvre et au délire raconte sa jeunesse, son Grand Tour, les palais vénitiens peuplés de figures fascinantes et maléfiques, sa ruine et son plus beau voyage, la traversée à pied du fleuve Hudson gelé ; un fils encore enfant, assis au pied du lit, recueille, attentif, ces derniers mots hallucinés. L'oeuvre d'Herman Melville, auteur magistral, incompris, bien trop en avance sur son temps et jugé fou et dangereux par certains critiques de l'époque, puiserait-elle sa source dans cet ultime legs paternel ? S'interrogeant sur les méandres de la fiction, qui oscille sans cesse entre réalité et imagination, Rodrigo Fresán aborde sous un jour nouveau l'énigme de la vocation littéraire. A la fois biographie souvent inventée, roman gothique peuplé de fantômes et évocation d'un amour filial, Melvill condense tout le talent, l'humour et l'immense culture du grand écrivain argentin. Traduit de l'espagnol (Argentine) par Isabelle Gugnon "Mevill est une invocation, une "séance" : les voix du père et du fils traversent le temps pour parler d'échec et de génie, des mystères de la baleine et des vampires dans le ciel de la nuit. Fresán invoque les héritiers de la tristesse et de l'obsession d'une écriture hypnotique d'une rare beauté. Ce roman est une invitation à marcher sur la glace". Mariana Enriquez "Une écriture puissante et hypnotique" El Mundo "Fascinant". El País "Passionnant pour les amateurs de Melville, mais aussi du pur Fresán". La Vanguardia "Une interprétation libre, totalement libre, débridée et très drôle de la relation entre Alan Melvill et son fils" . Juan Gabriel Vásquez Rodrigo Fresán est né en 1963 à Buenos Aires. En 1991, il publie son premier livre, Histoire argentine, qui est aussitôt un best-seller. En 1999, il s'installe à Barcelone où il travaille comme critique littéraire. Nourri de culture anglo-saxonne, de Philip K. Dick à John Cheever, il impose, avec Les Jardins de Kensington, Mantra et Le Fond du ciel, une oeuvre vertigineuse, fertile en rêves et en visions, qui fait de lui un écrivain atypique, transgresseur et incontournable. Il a reçu en 2017 le prix Roger-Caillois et, en 2018, La Part inventée a été couronné aux Etats-Unis par le Best Translated Book Awards. Après avoir vécu en Amérique latine, Isabelle Gugnon se consacre à la traduction d'auteurs de langue espagnole, parmi lesquels Antonio Munoz Molina, Manuel Vilas, Juan Gabriel Vásquez, Rodrigo Fresán, Carmen Posadas et Tomás Eloy Martínez.

01/2023

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Russie

Staline et le peuple. Pourquoi il n'y a pas eu de révolte

"Mes publications avec les statistiques d'archives sur la répression politique des prisonniers du Goulag et de l'"exil koulak" ont eu un impact significatif sur les soviétologues occidentaux, les forçant à abandonner leur thèse directrice des 50 à 60 millions de victimes présumées du régime soviétique. Les soviétologues occidentaux ne peuvent pas simplement rejeter les statistiques d'archives publiées comme une mouche importune, ils doivent en tenir compte. Dans "Le Livre noir du communisme", préparé par des spécialistes français à la fin des années 1990, ce chiffre a été ramené à 20 millions. Mais même ce chiffre "réduit" (20 millions), nous ne pouvons l'accepter. Il comprend à la fois un certain nombre de données fiables, confirmées par des documents d'archives, et des chiffres estimés (plusieurs millions) de pertes démographiques pendant la guerre civile, de personnes mortes de faim à différentes périodes, etc. Parmi les victimes de la terreur politique, les auteurs du Livre noir du communisme comptaient même ceux qui sont morts de faim en 1921-1922 (famine dans la région de la Volga causée par une grave sécheresse), ce que ni R. A. Medvedev ni beaucoup d'autres experts dans ce domaine n'avaient jamais fait auparavant. Néanmoins, le fait même de la diminution (de 50-60 millions à 20 millions) de l'ampleur estimée des victimes du régime soviétique indique qu'au cours des années 1990, la science soviétologique occidentale a connu une évolution significative vers le bon sens, mais qu'elle est restée bloquée à mi-chemin de ce processus positif. Selon nos estimations, strictement basées sur les documents, il s'avère qu'il n'y a pas eu plus de 2, 6 millions de "victimes de la terreur et de la répression politiques ", avec une interprétation élargie de ce concept. Ce nombre comprend plus de 800 000 personnes condamnées à mort pour des raisons politiques, environ 600 000 prisonniers politiques morts en détention et environ 1, 2 million de morts dans les lieux de déportation (y compris en "exil koulak"), ainsi que pendant leur transport (personnes déportées, etc.). [... ] En conséquence, nous avons quatre variantes principales de l'ampleur des victimes (condamnées à mort et tuées par d'autres moyens) de la terreur politique et des répressions en URSS : 110 millions (A. I. Soljenitsyne) ; 50-60 millions (la soviétologie occidentale pendant la guerre froide) ; 20 millions (la soviétologie occidentale pendant la période post-soviétique) ; 2, 6 millions (la nôtre, fondée sur des documents, des calculs)".

02/2022

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XVIIe siècle

Je n'appellerai pas à l'aide Tome 2

Irlande, 1685-1729. Dès le début du livre, nous sommes transportés dans l'ancien ordre gaélique : école de poésie, festins de chefs de clan, course de chevaux et Cour de Bardes. Mais la Guerre des Deux Rois mène à la trahison de LImerick, et nous accompagnons le héros, Egan O'Rathaille, sous l'oppression puis dans la résistance, et lors d'une très éclairante tour des Grandes Maisons du Munster. Il brave les épreuves les plus cruelles sans renoncer, jusqu'au délirant voyage dans les sept vallées de son esprit. Après nous avoir promenés des allées vertes du Kerry aux couloirs du pouvoir de Dublin, l'auteur nous entraîne sur la frégate d'un corsaire en guerre, puis sur l'île de Montserrat aux Antilles ; il nous présente des dizaines de personnages qui viennent de chaque couche de la population. Leurs amours sont tragiques, fortes ou frivoles, et leurs destins sont clivés comme celui de leur pays. L'écriture évolue de scène en scène : poétique, liée ou coupée selon l'ambiance, comme ces mélodies tour à tour sombres et entraînantes qui animent encore les soirées irlandaises. Cette immense fresque illumine le demi-siècle le plus noir de l'histoire de l'Irlande, et met en honneur la poésie gaélique, mais c'est surtout un monument au courage d'un homme qui - dit tout simplement - avance malgré tout. Tome 2 : L'oppression anglaise a brisé la famille d'Egan, mais aussi son propre entêtement dans la poursuite de son idéal. Poursuivi par des chasseurs de prime, il se réfugie chez les hommes forts du Munster qui résistent encore à l'envahisseur anglais. Ils soutiennent les guerres, en Europe et sur l'Atlantique, qui procurent espoirs et déceptions renouvelés. Hélas, le pire est encore devant Egan, mais il restera fidèle à lui-même jusqu'au bout. L'ancien ordre gaélique est inexorablement écrasé, mais au fond des vallées isolées, Egan trouve de l'amitié et du secours. Puis la menace jacobite s'éteint, le gouvernement guillaumite desserre son étau et la chasse aux poètes est oubliée. La famille Browne rentre dans ses terres et apporte un espoir de reconstruction : ce sera la dernière chance d'Egan. Cependant, ayant intériorisée la ruine de son pays, il lutte contre la folie. Amitié et résilience le porteront, d'indigence en dénuement, jusqu'à la famine de 1729. Son fils Cormac rentrera-t-il à temps ? Sauf exception, seules quelques strophes des poèmes apparaissent dans le récit. Ils sont disponibles en entier sur www. alphonsusstewart. org

01/2023

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Revues

L'enseignement des mathématiques - Revue 93

L'enseignement des mathématiques fait partie des enjeux prioritaires de tous les systèmes éducatifs. A travers dix études de cas, réparties sur quatre continents, ce numéro se propose de cerner quelles mathématiques sont enseignées dans le monde, et dans quels buts. Quatre textes portent sur des pays européens (France, Islande, Portugal et Royaume-Uni). Ils manifestent d'assez nettes différences en ce qui concerne l'organisation de l'enseignement des mathématiques et les résultats des élèves. Deux articles venus d'Asie (Chine et Inde) montrent un éclairage original sur un enseignement des mathématiques qui puise ses racines dans des cultures ancestrales mais évolue, sans doute davantage qu'en Europe, au rythme des mutations sociales et économiques de ces pays. Les deux articles sur des pays d'Amérique latine (Argentine et Chili) insistent sur les efforts des chercheurs pour équilibrer savoirs disciplinaires et didactiques dans la conception des programmes et la formation des enseignants. L'article sur le Québec propose une voie qui retient l'attention, en façonnant une culture des mathématiques en contexte scolaire, tracée dans la continuité et avec pragmatisme, qui aboutit à des résultats enviables pour les élèves. Cet ensemble est complété d'une analyse des résultats en mathématiques issue d'une évaluation internationale menée dans les pays francophones d'Afrique subsaharienne (Pasec 2019). Cette étude met en évidence le faible niveau des acquis en primaire et, du côté des enseignants, la fragilité de leurs connaissances, aussi bien en termes didactiques que de contenu. A la lecture de ce dossier, se font jour cinq questions liées les unes aux autres. Les enjeux actuels de l'enseignement des mathématiques sont-ils les mêmes partout ? Quels sont les contenus mathématiques à enseigner et comment ont-ils évolué durant les dernières décennies ? Comment ces mathématiques sont-elles enseignées, avec quelles marges de manoeuvre des écoles et des enseignants ? Qui enseigne les mathématiques et quelle est la place de la formation des enseignants ? Enfin, que nous disent les évaluations nationales et internationales, telles que Pisa et Timss, des effets de cet enseignement et quel est leur impact ? En matière d'enseignement des mathématiques, les systèmes éducatifs sont nombreux à rencontrer de grandes difficultés pour atteindre les objectifs qu'ils se sont fixés, aussi bien sur la qualité de la formation réservée à tous les élèves que sur l'égalité des chances selon l'origine sociale ou le genre, ou encore sur le recrutement des enseignants. Un numéro coordonné par Jean-François Chesné, coordinateur exécutif du Centre national d'étude des systèmes scolaires et Johan Yebbou, inspecteur général de l'éducation, du sport et de la recherche

10/2023

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Littérature étrangère

Manège

Manège est un petit bijou, une oeuvre d’une efficacité et d’une simplicité prodigieuse, un récit qu’on engloutit d’une traite avec passion. Il nous raconte une enquête policière et littéraire autour d’un supposé accident : l’incendie qui vient interrompre abruptement la fête du quatre-vingt- huitième anniversaire d’un patriarche local, don Guido Carrión, et l’exhibition de plus beaux chevaux andalous de son haras. Après l’incendie, le corps de Douro II, l’étalon aux cent mille dollars, l’un des animaux préférés de don Guido, est retrouvé carbonisé au fond des écuries du domaine de la famille Carrión, le domaine Palo Verde, une superbe propriété dans l’arrière-pays de la côte pacifique du Guatemala. Un avocat et un écrivain, qui ont assisté à la découverte du cadavre, vont mener l’enquête sur cet « accident » et au cours de leurs recherches, comme dans les meilleures tragédies grecques, ils vont nous montrer la face cachée d’une famille et d’un pays rongés par la violence et par le mal. Mais, comme toujours, l’essentiel est ailleurs, car, en réalité, ce roman est censé ne pas exister : l’avocat voudrais pousser l’écrivain à écrire un livre sur cette affaire, mais celui-ci, après avoir risqué sa vie à plusieurs reprises au cours de l’enquête, décide de ne pas l’écrire car il serait trop dangereux de le faire. Nous avons donc devant nous un objet paradoxal : un roman qui ne sera jamais écrit, ou qui n’a jamais été écrit, ou encore, qui ne peut plus être écrit aujourd’hui au Guatemala ou en Amérique latine… Avec Manège, Rodrigo Rey Rosa atteint dans son oeuvre un niveau de réalisme sans précédent, qui ne doit rien au sang versé dans chaque chapitre. Plus subtile, la violence est partout, comme l’air que l’on respire, et elle devient de fait l’une des formes de la respiration naturelle du récit. Elle ne trouve plus d’explication ni de justification sociale ou politique : les riches et les pauvres, les jeunes et les anciens, les délinquants et les hommes les plus honnêtes, tous habitent désormais la maison de la violence avec un naturel que le roman nous fait sentir au plus profond de nous-mêmes. C’est pourquoi, à la fin, tout reste ouvert et la vie continue… dans la violence, bien entendu. Un roman remarquable, sobrement et efficacement raconté avec une prose agile, toujours colorée d’un certain charme exotique.

09/2012

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Critique littéraire

Avec une légère intimité. Le concert d'une vie au coeur du siècle

Madeleine Lioux est née dans la musique. Ses parents, mélomanes tous les deux, avaient toujours imaginé pour elle un avenir de concertiste. Elle-même ne pouvait rêver mieux et s'apprêtait à suivre le chemin exigeant de l'artiste. Mais le destin allait en décider autrement. C'est par la musique qu'elle rencontre Roland Malraux, qui, assistant un soir à l'un de ses concerts, n'a pu l'oublier. Rencontre fulgurante et décisive. Le temps passé avec Roland sera magique, mais bref. Bientôt le drame frappe. Résistant de la première heure, Roland est capturé par la Gestapo, alors que, mariée depuis un peu plus d'un an, Madeleine attend leur premier enfant. Elle ne le reverra plus ; il ne connaîtra jamais son fils. Son beau-frère, l'écrivain André Malraux, le demi-frère aîné de Roland, vient de son côté de perdre la mère de ses deux jeunes garçons, Josette Clotis. Il propose à Madeleine de partager une maison. Graduellement, l'arrangement se mue en sentiments. Deux ans plus tard Madeleine et André se marient. De toutes les femmes dans la vie d'André Malraux, Madeleine, la plus discrète, est sans aucun doute celle qui, pendant plus de vingt ans, a partagé les moments les plus marquants de la vie de l'homme de lettres devenu ministre, celle qui a été à ses côtés dans les plus grands triomphes comme dans les pires épreuves. C'est elle qui l'accompagne dans tous les voyages officiels, du Japon en Chine, en Egypte, en Amérique latine, et surtout aux Etats-Unis où une magnifique entente s'établira vite entre les couples Malraux et Kennedy. C'est à New York qu'elle reprendra le fil de sa vie de musicienne, quand, quelques années plus tard, après une série de tragédies qui auront endeuillé leur entente, Madeleine et André se sépareront. Elle travaillera aux côtés du brillant chorégraphe Georges Balanchine et du grand Isaac Stern. Plus tard, c'est le Japon qui la réclamera. De ce récit fascinant, qui mêle histoire, art, politique et culture, ressort le portrait d'une femme "belle, pure, éternelle", comme le lui disait son amie Jackie Kennedy, et d'un être qui a su faire du don de soi un des plus beaux arts. Cet ouvrage, enrichi de nombreux documents d'époque issus des archives personnelles de la famille Malraux et de très beaux fac-similés, dresse aussi le portrait d'un siècle passionnant, dont Madeleine ressuscite pour nous le parfum.

10/2012

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Littérature française

Sex toy

Didrie est une adolescente de treize ans qui va mal. Elle sèche le lycée et préfère traîner avec une bande de garçons de son âge qui passent leur temps à se saouler et à surfer de façon compulsive sur des sites pornos. Bien qu’elle déteste cette atmosphère, Didrie s’enlise dans l’alcool, peut-être à cause de cette obsession d’une sexualité malsaine qu’elle a le sentiment de voir dans les yeux de tous les hommes, y compris dans ceux de son propre père. L’effroi et le dégoût que lui inspirent le viol, la prostitution et la pédophilie empêchent son corps de se développer. Romantique sous ses allures de rebelle, elle voue un amour chaste et absolu à son amoureux, Frankie, qui lui permet tout juste d’échapper à une existence de plus en plus sordide. Mais à force de perdre pied avec la réalité, ses pires cauchemars vont prendre le dessus, jusqu’à faire d’elle à la fois la victime et l’instigatrice d’un drame effroyable. Écrit selon le point de vue d’une jeune fille basculant dans la folie sans s’en apercevoir, Sex Toy est un monologue ininterrompu qui semble avoir été rédigé d’un seul souffle. Dès la première page, on est happés, emportés par un flot qui emprunte ses mots au registre des adolescents d’aujourd’hui. Avec une sensibilité époustouflante, Jean-Marie Gourio réussit à épouser les pensées d’une gamine de treize ans, rendant compte des difficultés de la puberté, et d’un rapport ambivalent, entre fascination et répulsion, au corps et au sexe. Le ton est suffocant, les mots sont crus, d’une violence presque insoutenable. Mais comment restituer autrement la commotion intérieure suscitée par ces images pornographiques sur des jeunes gens fragiles, entièrement livrés à eux-mêmes ? En s’emparant de phénomènes récents tels que la consommation pathologique d’alcool chez les jeunes, l’invasion incontrôlée du porno dans leur quotidien, le danger des réseaux sociaux sur Internet, Jean-Marie Gourio décrit des ados fracassés par la vie, incapables de distinguer ni le bien du mal ni la réalité de la fiction, et qui souffrent d’une perte complète de repères. Sans porter aucun jugement sur ses personnages, il exhibe froidement les mécanismes de la tragédie qui va se dérouler sous nos yeux. Roman noir au suspense infernal, Sex Toy est aussi un livre sans concession qui suscite une réflexion sociale. Un livre coup de poing qui questionne la société sur son incapacité à protéger la jeunesse, un réquisitoire puissant et troublant contre la démission des adultes face au désarroi des adolescents.

08/2012

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Histoire internationale

L'INQUISITION A L'EPOQUE MODERNE. XVème-XIXème siècle, Espagne, Portugal, Italie

Un véritable océan d'archives dispersées à travers le monde (et certaines toujours inaccessibles, comme celles de l'Inquisition romaine ?) ; une " légende blanche " fabriquée dès le XVIe siècle par les inquisiteurs eux-mêmes et par les pouvoirs politiques qui se servaient d'eux ; une " légende noire " propagée par les victimes et leurs proches, entretenue par les pays protestants ; des pamphlets et des apologies par douzaines ; des travaux d'historiens par centaines. Une institution, créée au XIIIe siècle, régénérée (si l'on peut dire) à l'aube des temps modernes en Espagne, au Portugal et dans leurs possessions d'outre-mer ainsi que dans de nombreux Etats italiens, et abolie seulement au XVIIIe siècle - voire au XIXe siècle dans certains cas ; l'un des appareils bureaucratiques les plus puissants jamais sécrétés par les sociétés d'Ancien Régime. Un monolithisme théorique, imposé par la papauté aux " tribunaux de la foi ", mais sur le terrain une hydre asservie aux pouvoirs publics et à leurs visées politiques et sociales, contrainte d'épouser leurs conflits et composée d'hommes aux personnalités et aux ambitions contradictoires. L'Inquisition - ou plutôt les Inquisitions - ne se laisse pas aisément saisir dans sa totalité. Sa compléxité défie la synthèse. Ce n'est que sur la longue durée et par une démarche comparatiste que peuvent apparaître les traits fondamentaux de cette police de la foi et des mœurs, et que s'observent les effets de la répression de l'hérésie sur les sociétés dans lesquelles elle s'est enracinée. La nouveauté et l'originalité du présent ouvrage résident dans son souci de comprendre l'Inquisition à travers quatre des aspects qui lui confèrent malgré tout une certaine unité dans le temps et dans l'espace. Les rites et l'étiquette, qui constituent des formes d'affirmation à usage externe et interne, permettent de situer la position des inquisiteurs et de leur entourage face aux pouvoirs civils et ecclésiastiques ; les formes d'organisation révèlent les mécanismes de la prise de décision et de fonctionnement ; les modes d'action sont riches d'enseignements sur les objectifs stratégiques et tactiques des tribunaux de la foi : enfin, les systèmes de représentation (notamment l'emblématique) affichent les programmes mis en œuvre. Par-delà les images rendues familières par la littérature de combat - bûchers, tortures, répression du judaïsme, du protestantisme, de la sorcellerie, surveillance de la pensée par le contrôle des livres -, cet ouvrage dévoile tout un pan mal connu des structures mentales dans les sociétés de l'Europe latine.

06/1995

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Sciences historiques

Documents diplomatiques français 1973. Tome 1, 1er janvier - 30 juin

Il y a des années qu'on considère comme des tournants. 1973 est de celles-là, et comme on le verra, cela est vrai pour le second semestre comme pour le premier. Parmi les événements les plus marquants : - C'est d'abord l'aboutissement des négociations de Paris sur le Vietnam avec les accords de janvier 1973, qui signifient le retrait des forces américaines. Est-ce la paix en Indochine ? Très rapidement, on se rend compte que ce n'est qu'une trêve. Les deux régimes vietnamiens violent les accords, et n'ont nullement renoncé à obtenir une victoire militaire totale. - C'est aussi le discours d'Henry Kissinger, le 23 avril 1973. Censé ouvrir une "Année de l'Europe" il apparait comme l'expression d'une volonté américaine de maintenir les Etats européens au rang de puissances régionales dans un monde toujours dominé par la bipolarisation entre les deux grands. - En effet, le discours est suivi par la rencontre Nixon-Brejnev de juin et le fameux accord sur la prévention de la guerre nucléaire. Il n'en faut pas plus aux Européens, et en particulier aux Français, pour croire à une connivence entre Américains et Soviétiques pour consolider, à leurs dépens, leur coexistence pacifique, et pour tout dire leur condominium. - Cependant à Washington se développe le scandale du Watergate : au début, en 1972, il s'agit d'un simple fait divers, mais l'affaire devient politique et met en difficulté le président Nixon qui doit admettre la culpabilité de certains de ses collaborateurs. Du coup, sa popularité est en chute libre et notre ambassadeur constate que l'exécutif est paralysé, le président directement menacé et le Congrès renforcé. - On est aussi à la veille d'une redistribution des cartes sur le plan géopolitique. Car se dessine un rapprochement complètement inattendu entre la Chine, sortie de la révolution culturelle, et l'Amérique de Nixon. -En Amérique latine, l'heure est au recul de la démocratie et à la multiplication des coups de force : l'armée prend le pouvoir ou quand elle l'assume déjà, comme en Uruguay l'exerce avec rudesse. Au Chili, on est à la veille du "golpe" qui va mettre un terme à l'expérience de l'Unité populaire du président Salvador Allende : les diplomates français en poste à Santiago notent la vie politique bloquée, l'agitation de plus en plus vive de la société chilienne et rendent compte d'un premier soulèvement militaire. Ce qui se dessine est une décennie de dictatures militaires dans ce continent.

04/2019

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Religion

Teresita, la théologie de la tendresse. Une fille de la charité chez les indiens en équateur

Née dans les Landes il y a 90 ans, Teresita est une femme énergique, déterminée, en lutte permanente contre l'injustice. Rebelle de nature, elle a su dompter sa fougue pour en faire sa force. Fille de la Charité, elle prononce ses voeux en 1951. Après une première mission en Égypte, elle part en Équateur en 1968. Suivant les préceptes de Vincent de Paul, elle vit au milieu des pauvres. Dans la province côtière d'Esmeraldas, elle active un service aux malades, des cours d'alphabétisation, des ateliers de formation pour les femmes, crée même un collège public. Un grave accident l'immobilise deux ans à l'hôpital. Elle termine sa convalescence à la Casa Santa Cruz auprès de Mgr Proaño, grande figure de la théologie de la libération, et entreprend une nouvelle mission dans la Sierra. En 1984, elle y crée la Mission indienne Flores, ouvre un centre de formation, des jardins d'enfants, un service de santé, un accompagnement aux vieillards abandonnés. Elle y travaille aujourd'hui à assurer sa relève avec l'équipe des jeunes Indiens qu'elle a formés. L'Équateur où elle a passé plus de la moitié de sa vie est aujourd'hui en pleine mutation. Sous le gouvernement de Rafael Correa, la nouvelle constitution reconnaît la langue et la culture indiennes, l'enseignement et la santé sont désormais gratuits, un gigantesque réseau routier et un accès aux nouvelles technologies sur l'ensemble du territoire désenclavent les secteurs les plus reculés. Toujours en marche, Teresita approuve et accompagne ces changements jusque dans les communautés de base des sommets. Ce livre a pour propos de faire connaître davantage son action, d'élargir le cercle de ses soutiens, contribuant ainsi à la pérenniser. Priorité y est donnée à la parole de Teresita, à travers les multiples conversations et échanges épistolaires avec l'auteur en Équateur et en France, dans sa correspondance avec différents interlocuteurs et dans les archives de la Mission Flores. Elle dit l'enfance, la vocation religieuse, la guerre, et la construction d'une personne et d'une oeuvre sans cesse en transformation dans la vie aux côtés des Indiens Puruháes, pauvres parmi les pauvres. Après de nombreux voyages en Amérique latine où elle a participé activement au développement des échanges culturels avec l'Europe, Sylvie Viaut a rencontré Sor Teresita à la Mission indienne Flores (Équateur). Elle est secrétaire de l'association SOL-I-FLOR-E (Solidarité avec les Indiens de Flores Équateur).

11/2015

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Affirmation de soi

Le Dernier Indochinois. La quête de soi entre France et Orient

L'auteure plonge de manière originale dans le processus de la remise en question par les rencontres et le voyage d'une personne qui recherche la lumière en elle, qui veut se réorienter. Raphaël part en Orient, pour y trouver un ressourcement salutaire. Dans l'ambiance du Viêt-Nam, il va trouver le chemin vers lui-même et se reconstruire. Cet ouvrage met en scène Raphaël, divorcé, A banquier, qui vit seul en France et n'a que son travail pour compagnon. A l'approche du midi de sa vie, un peu perdu, il s'interroge et se remet en question. Il s'investit dans une thérapie. Des faits nouveaux vont le bouleverser, l'aidant enfin à envisager une vie nouvelle, plus épanouissante. Son existence est inintéressante, sclérosée. Il a une fille, mais la période d'adolescence les a éloignés. Son rapport avec sa mère n'est pas des plus équilibrés, les non-dits ont largement pollué leur relation. Son père, il ne l'a jamais connu. A A la cinquantaine, Raphaël décide de prendre sa vie en main. Lors d'un voyage en Egypte, il rencontre un vieil homme. De révélation en révélation, il apprend à se construire, à se découvrir une nouvelle identité. A Cette aventure le mène au Viêt-Nam, non loin du Delta du Mékong, aux abords de la rivière Saïgon, qui traverse la ville du même nom que l'on nomme aujourd'hui Ho-Chi-Minh City. L'ouvrage signe une quête d'identité et de vérité d'un homme usé et transparent, qui va renaître à la vie et même trouver l'amour auprès de la belle Nam Vinh, une perle précieuse. Myriam Mounier a été journaliste de presse écrite pendant vingt ans en France, en particulierA dans les Alpes et à Marseille. Elle deviendra enseignante pendant près de dix ans à l'étranger, principalement en Amérique latine. Des opportunités l'ont ensuite, emportée vers le Caire, en Egypte et sur le continent asiatique, via le Viêt-Nam et le Sri Lanka. Passionnée par les voyages et les cultures, elle joint l'utile à l'agréable. L'auteure a déjà écrit deux ouvrages en autoédition, Une Part de Liberté, en 2020, et L'Espoir Désenchanté, en 2021. Avec Le dernier Indochinois, elle signe son premier ouvrage grand public distribué aux éditions ECE-D, Paris. Son projet de nouvelle vie lui permet de partager la créativité de son imagination au service du développement de l'estime de soi et de la reconquête de la liberté, de la vie, du mieux-être.

11/2022

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Histoire de l'art

Paris et nulle part ailleurs. 24 artistes étrangers à Paris 1945-1972

De 1945 au début des années 1970, des centaines de peintres et de sculpteurs, d'Europe, des Etats-Unis, d'Amérique latine, du Maghreb, de l'Afrique sub-saharienne du Moyen et de l'Extrême Orient, ont fait de Paris leur destination de prédilection. Ils viennent pour apprendre l'art moderne dans les académies et les ateliers d'artistes mais aussi rencontrer leurs confrères et se faire connaître dans les galeries et les salons. Malgré les difficiles conditions de travail et de logement, ils s'y établissent, pour quelques mois ou quelques années, et font à nouveau de Paris l'une des capitales de la création artistique mondiale donnant à l'abstraction, à la figuration, au cinétisme, à l'art de performance, une nouvelle actualité. Comment le sentiment d'expatriation qu'ils vivent apparaît-il dans leurs oeuvres ? Telle est la question que pose l'exposition Paris et nulle part ailleurs qui aura lieu au musée national de l'Histoire de l'immigration de Paris du 27/09/22 au 22/01/23, à travers les peintures et sculptures de vingt-quatre d'entre eux - célèbres ou moins - révélatrices de leur relation à la patrie d'origine ou au lieu de destination. Si, pour quelques-uns, c'est le souvenir du pays quitté qui l'emporte et se reflète dans leurs travaux, d'autres font naître du métissage de leurs expériences artistiques premières avec la révélation de la modernité parisienne une esthétique nouvelle. Parallèlement, alors que certains aspirent à un art universel fondé sur le langage pur des formes et des couleurs pour transcender toutes les frontières, c'est un sentiment d'étrangeté définitive du monde qui domine parfois chez les artistes les plus rétifs à toute installation, ce dont témoignent leurs créations fondées sur un regard sans complaisance sur la société de leur temps. A travers une centaine d'oeuvres, mais aussi un choix de photographies et d'interviews filmées, Paris et nulle part ailleurs propose d'éclairer à la fois par l'exposition et par son catalogue cet épisode très particulier et mal connu de l'histoire de l'art à Paris. Les 24 artistes de l'exposition : Shafic Abboud, Eduardo Arroyo, André Cadere, Ahmed Cherkaoui, Carlos Cruz-Diez, Dado, Erró, Tetsumi Kudo, Wifredo Lam, Julio Le Parc, Milvia Maglione, Roberto Matta, Joan Mitchell, Véra Molnar, Iba Ndiaye, Alicia Penalba, Judit Reigl, Antonio Seguí, Jesús Rafael Soto, Daniel Spoerri, Hervé Télémaque, Victor Vasarely, Maria-Helena Vieira da Silva, Zao Wou-Ki.

09/2022

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Edition

L'édition au XIXe titre siècle : acteurs, territoires, spécialités. Histoire et civilisation du livre, vol. XVIII

Sommaire / Contents - L'édition au XIXe siècle : acteurs, territoires, spécialités - J. -D. MELLOT, J. -C. GESLOT, "Editeurs et édition au XIXe siècle : un nouveau souffle historiographique ? " - Recensement et identification des gens du livre - F. BARBIER, "L'éditeur en pays allemands : la Saxe à l'époque moderne (milieu du XVIe - début du XIXe siècle)" ; J. -D. MELLOT, N. AGUIRRE, "Prosopographies d'éditeurs : apports et perspectives d'une entreprise pionnière, le Répertoire d'imprimeurs / libraires (vers 1470 - vers 1830) de la Bibliothèque nationale de France" ; M. -C. BOUJU, "Le Maitron des ouvriers du livre et du papier : enjeux, méthodologie et perspectives" ; F. VALLOTTON, "Cartographier le monde du livre en Suisse : outils, besoins et nouvelles attentes à l'ère numérique" ; W. KIRSOP, "L'Australie et l'Océanie" ; M. M. DEAECTO, "Les gens du livre au Brésil : outils, approches et perspectives de recherche" - Edition et territoires - P. SOREL, "L'édition en Bretagne au XIXe siècle" ; V. ALBERTI, "L'apport des archives privées à la connaissance des éditeurs corses au XIXe siècle" ; G. FEYEL, "De l'édition locale au service de l'édition parisienne. L'imprimerie Durand à Chartres (1822-1914)" ; V. SARRAZIN, "Pourquoi et comment se faire éditeur ? Les Degouy à Saumur, 1797-1830" ; L. GRANJA, "Les Garnier à Paris et à Rio de Janeiro : être éditeur en France ou en Amérique Latine ? " ; A. PEÑAS RUIZ, "Mujer, francesa e independiente en el comercio madrileno de libros del siglo XIX : el caso de Clémentine Denné Schmitz" - Spécialités éditoriales - C. de COURREGES D'AGNOS, "L'édition militaire au travers de deux portraits : les maisons Corréard (Paris) et Verronnais (Metz)" ; F. BERTRAN DE BALANDA (? ), "Robert "Emile" Babeuf et le Nain tricolore. Anamorphoses de l'opposition libérale dans les débuts de la Seconde Restauration" ; A. de BREMOND D'ARS, "Devenir éditeur à Paris sous la Restauration : l'itinéraire d'Eugène Renduel" ; D. LERCH, "L'éditeur lithographique Engelmann à Paris (XIXe et XXe siècles)" ; M. SABLONNIERE, "Pour un recensement des éditeurs de musique en France au XIXe siècle : les "marges" de l'édition musicale" - Etudes d'histoire du livre - J. -B. KRUMENACKER, "Un imprimeur lyonnais inconnu de la fin du XVe siècle : Jean Du Jardin" ; A. LEVY, J. K. FARGE, "Un unicum parisien à Toronto : l'Abbreviatio exponibilium de Gaspar Lax (1521)" , M. -D. LECLERC, "Lire et écrire dans l'almanach : François Domergue lecteur du Messager boiteux de Strasbourg (1847-1878)" ; F. WAQUET, ""Une petite affaire française qui ne reposait pas sur le profit... ". Les Cours de droit, éditeur de polycopiés" ; Y. BITTY, "La bibliothèque religieuse imaginaire de l'israélite français au XIXe siècle" - Livres, travaux et rencontres - Livres reçus 2021-2022.

12/2022

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Correspondance

Correspondance. Tome II, Le songe impérial. Lettres V - X / Epistolae V - X

La correspondance de Dante Alighieri (1265-1321), rédigée dans une prose latine rythmée sophistiquée et métaphorisée, est l'une des parties les moins explorées de l'oeuvre multiforme du grand poète. Dans ses treize lettres subsistantes, toutes écrites pendant les années d'exil (1302-1321), le génie multiforme de Dante s'adapte à la société de son temps, en abordant les thèmes les plus divers : controverses philosophiques et courtoises sur la nature de l'amour, propagande politique pour la cause impériale et contre Florence, défense passionnée du retour à Rome de la papauté, présentation de la Comédie, négociations pour son retour d'exil et pour son parti, secrétariat pour une comtesse s'adressant à une reine... Cette correspondance n'a fait l'objet d'aucune grande édition-traduction en français, et d'aucun commentaire de grande ampleur en France depuis les travaux désormais lointains d'André Pézard. En Italie même, l'importance de travaux récents n'empêche pas de constater un malentendu concernant les lettres de Dante, qui sont toujours examinées à l'aune du reste de sa production, sans tenir compte des caractéristiques de l'art de la rédaction épistolaire (ars dictaminis) qui conditionnait l'écriture de tels textes à la génération du poète. La présente traduction-édition renouvelle la perception de ces textes en proposant un nouveau texte, parfois très différent de ceux établis par les éditions italiennes, et en mettant en lumière son inscription dans la société de son temps. Ce second tome affronte la partie centrale de la correspondance. En 1310-1311, le poète se fait politique pour soutenir le programme de restauration du pouvoir impérial en Italie du Nord mis en application par Henri VII de Luxembourg. Les trois grandes lettres "impériales" V, VI et VII, destinées aux , pouvoirs italiens, à Florence et au roi des Romains, sont une extraordinaire ode à la monarchie universelle. Dante y reprend les arguments de la Monarchia, tout en déployant son inventivité rhétorique. Dans un feu d'artifice stylistique et conceptuel, toutes les ressources de sa culture sont convoquées sur un mode prophétique pour chanter l'avènement d'un nouvel âge d'or, et menacer Florence rebelle des foudres d'un châtiment à la fois temporel et spirituel. Les lettres "féminines" VIII-X, plus courtes, sont de véritables orfèvreries, non moins étonnantes. Dante, secrétaire de la comtesse Gherardesca di Battifolle, y écrit à la reine des Romains Marguerite de Brabant, déployant une rhétorique féminine pour chanter ce "songe impérial" . La présente traductioncommentaire propose un nouveau texte, et un commentaire mettant en valeur des sources et des modalités d'utilisation non repérées jusque-là.

03/2023

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Photographie

Reportages pour mémoire

« J'appartiens a` la ge´ne´ration des « baby-boomers... », ces Franc¸ais ne´s au lendemain de la Seconde Guerre mon- diale. A` ma naissance, le monde e´tait se´pare´ en deux blocs : le monde communiste sous la domination de l'Union sovie´tique et le monde occidental sous l'influence du capitalisme. On parlait du « Rideau de fer » qui courait au cœur d'une Allemagne divise´e, aux frontie`res de la Hongrie, de la Tche´coslovaquie et de l'Autriche. des cen- taines de kilome`tres de barbele´s nous empe^chaient de rencontrer nos fre`res d'Europe. Puis les peuples ont eu raison des obstacles mais d'autres conflits sont ne´s, d'autres re´volutions ont vu le jour et la Guerre froide s'est transforme´e. La photographie est ce qui nous reste quand le petit e´cran s'est e´teint. Face a` l'image vide´o elle a valeur d'e´ternite´. L'image fixe est ma passion premie`re. durant quarante anne´es de reportage te´le´vise´, je me suis rarement se´pare´ de l'appareil photo qui m'a permis d'e´terniser les e´ve´nements et les situations ve´cues, afin de les conserver comme te´moignages personnels et comme des pages d'histoire. Je suis ne´ deux ans apre`s la fin de la deuxie`me guerre mondiale et j'e´tais donc encore trop jeune pour e^tre mobilise´ dans les guerres coloniales qui ont suivi, Indochine et Alge´rie. Mais en tant que reporter a` la radio et a` la te´le´vision, j'ai vu et ve´cu les conflits qui ont marque´ les trente de´cennies du sie`cle passe´ et le de´but de ce XXIe`me sie`cle. J'en ai aussi paye´ le prix pour avoir e´te´ otage durant de longs mois pendant la guerre du Liban avec mon e´quipe de reportage. Mais ma passion pour le me´tier de journaliste ne s'est jamais e´teinte. Elle est reste´e intacte. A l'heure ou` les me´tiers de journaliste et de reporters sont de plus en plus de´crie´s, j'ai la faiblesse de continuer d'y croire ». De l'Arabie du roi Fayc¸al aux re´voltes arabes en passant par la re´volution iranienne, le ge´nocide au Rwanda, la famine en Somalie, le conflit d'Afghanistan, la monte´e en puissance de la Chine, j'ai voulu pre´senter mon regard sur le monde et livrer ce te´moignage sur mon itine´raire.

10/2015

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Littérature française

Les nouvelles aventures du fakir au pays d'Ikea

Rappelez-vous l'épisode précédent : L'extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikea ? ; soit Ajatashatru Lavash Patel, qu'on expectorera selon les goûts et la virtuosité phonique achète-une-truelle ou jette-un-tas-de-choux, as de l'arnaque fakirique en tout sens et madré épateur de gogos. Après un soubresautant tour du monde emboîté dans une armoire Ikea qui l'avait vu, par avion ou par cargo, transbahuté d'Angleterre en Espagne et de Paris à Tripoli, nous avions laissé l'homme coulant les plus doux des jours avec Marie Rivière, la dame de son coeur et écoulant par palettes entières le récit de sa déménageante saga. Les gens heureux étant privés d'histoires et comme d'urgence il nous en faut une, voilà. Alors que notre héros macère dans l'aisance avec la volupté d'un cornichon dans la saumure et se confit dans le plus gras bien-être, son éditeur retoque son second opus, lisse à l'excès et bien bouffi de consensualité. Pour la faire brève, notre fakir est devenu mou du clou, glabre du sabre et son tapis de braises vire à la moquette haute laine. Réagissez, mon bon ? ! Et notre Patel de repartir à la reconquête de soi. Cap sur la Suède pour rencontrer Dieu lui-même, l'Allah de la clé Allen, le maître d'Ikea, et se fournir en Kisifrotsipik, la Rolls du tapis à clous. Par chance, dès l'aéroport, les choses vont mal : emporté dans une louche affaire de diamants, confronté au baron Shrinkshrankshrunk, patron de Nespressé et roi de la dosette corsée, au professeur Ronaldo, gemmologue brésilien, sauvé de la mort par une édition polonaise d'Autant en emporte le vent, il se retrouve cloué dans une commode et largué en pleine Baltique, d'où il sera sauvé pour coulisser dans la confraternité d'un cirque belge et apporter une assistance magique à des réfugiés syriens. Tout cela entrecoupé de souvenirs d'enfance marqués par la férule et la duplicité de son maître et initiateur Baba Ohrom. Alors, on avale sa boussole, on ravale sa carte et on mise à l'aveugle. Avec la seconde aventure de son fakir, Romain Puértolas, en digne fils de Verne et parfait gendre d'Alexandre Dumas, réaffirme cette vérité d'évidence : le monde n'est qu'une commode Ikea, assemblée par un fakir, pleine de fausses portes et de doubles fonds, et que l'on assemblera jamais ? !

05/2018

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Maroc

Pistes du Maroc Tome 11. Le Jebel Sagho

Le nouveau guide de Jacques Gandini vient de paraître. Avec Hoceine Ahalfi, ils ont exploré par le menu le jebel Sagho, cette magnifique région très sauvage du Sud Maroc, aux paysages époustouflants située à l'est de Ouarzazate et au sud de la vallée de l'oued Dadès. Interrompue par la crise sanitaire, la publication de ce onzième volume de la collection "Pistes du Maroc" rassemble 59 itinéraires totalisant 2500 kilomètres et 1100 waypoints. Le djebel Sagho est le prolongement oriental de l'Anti-Atlas, une montagne volcanique avec mamelons granitiques, orgues basaltiques, chaos de schistes noirs, de grès roses... aux portes du Sahara. A perte de vue de grands espaces sauvages, arides. Une terre désolée faite pour le DPM solitaire. Et à mille lieues à la ronde, le silence pour seul compagnon. Une plénitude absolue et l'envie de prendre la piste. Des plates étendues aux monts vallonnés, des reliefs aiguisés aux canyons abrupts : la nature pure, originelle. Le caractère est fort, rustique mais le coeur est doux. Les couleurs tendres et suaves. Ocre, rose, brun, violet, le nuancier s'étire dans un dégradé de pastels chatoyants accompagné parfois d'une chaleur écrasante. Eldorado au coeur du désert, rares sont les oasis ; modestes taches verdoyantes dans l'infiniment grand, c'est elles qui rappellent que nous sommes sur le sol africain. Le charme sauvage du Sagho tient à sa géologie exceptionnelle : hautes falaises et pitons abrupts, d'escarpements tabulaires et de profonds canyons au milieu desquels circulent des caravanes de chameaux et de mulets. Lorsqu'on arrive sur ces immenses plateaux, l'horizon lunaire est si vaste, que naît l'envie d'aller partout à la fois pour voir si ailleurs, c'est vraiment aussi beau ! Le Sagho surprend aussi par la richesse de ses lumières : limpides comme celles du Sahara tout proche, ou parfois en demi-teinte, comme dans la vallée du Dadès voisine. Le Sagho c'est aussi le Maroc des derniers nomades berbères, descendants des anciens seigneurs Aït Atta. A l'automne, après avoir quitté les neiges du Haut Atlas, ils installent leurs tentes de laine sombre sur les pentes du jebel jusqu'au printemps. Ils ne savent ni lire ni écrire, mais se dirigent avec certitude au milieu des montagnes de l'Atlas et du désert marocain. Dans le Sagho, ils ont construit des maisons de pierre crue, creusé des puits, planté des amandiers, cultivé le blé, l'orge et divers légumes. D'autres ont constitué des troupeaux de chèvres et de moutons, des caravanes de dromadaires. Sédentaires en majorité aujourd'hui, semi-nomades ou nomades...

07/2022

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Froid, climatique

Isolation intérieure des bâtiments. Isolation des combles. Isolation en sous-face des planchers bas. Ouvrages en plaques de plâtre avec ou sans isolation, 2e édition

Le guide "Isolation intérieure" traite de différentes techniques : isolation des combles ; isolation en sous face des planchers bas ; ouvrages en plaques de plâtre avec ou sans isolation. ? La partie "Isolation des combles" a été entièrement remise à jour en application des NF DTU 45. 10 (isolation des combles par panneaux ou rouleaux en laines minérales) et 45. 11 (isolation thermique de combles par soufflage d'isolant en vrac). Elle commente et illustre les principes de conception et de mise en oeuvre pour les principales techniques d'isolation des combles perdus ou aménagés et aborde les points essentiels de la mise en oeuvre de produits d'isolation en combles ? : choix, calcul de l'épaisseur d'isolant, précautions contre la condensation, pose du pare-vapeur, risque incendie, points singuliers (trappes d'accès, équipements électriques, conduits de fumée, etc.) et spécificités liées à la rénovation. En cas de présence d'un conduit de fumée, ce sont les préconisations du NF DTU 24. 1 qu'il faudra respecter (distances de sécurité entre le conduit et l'isolant). ? La partie "Isolation en sous face des planchers bas" présente les trois techniques d'isolation largement utilisées pour isoler les planchers bas donnant sur des locaux non chauffés ou sur l'extérieur : la projection de laine minérale (NF DTU 27. 1), les panneaux rapportés fixés mécaniquement et l'isolation posée en fond de coffrage. Elle expose les exigences réglementaires auxquelles ces systèmes sont soumis et met l'accent sur l'importance du traitement des ponts thermiques de liaison afin d'obtenir une performance thermique maximale. Elle fournit des fiches techniques appliquées à chaque procédé étudié en décrivant leur mise en oeuvre. En termes de conception, des dispositions spécifiques sont apportées sur les performances thermiques, acoustiques, mécaniques et de sécurité vis-à-vis des risques liés à l'incendie. ? La partie "Ouvrages en plaques de plâtre avec ou sans isolation" expose les précautions à prendre lors de la conception et de la réalisation d'ouvrages en plaques de plâtre en détaillant les dispositions des normes NF DTU 25. 41 et 25. 42 et des Documents Techniques d'Application concernés (GS9 et GS20). Y sont commentées les conditions de mise en oeuvre des principaux ouvrages en plaques de plâtre vissées sur ossatures métalliques, plafonds (horizontaux ou inclinés), cloisons (de distribution ou séparatives), doublages de murs extérieurs, gaines techniques mais aussi des ouvrages collés (doublages, habillages) et des cloisons en panneaux alvéolaires. Pour chaque système, différents points sont abordés : implantation et traçage, mise en oeuvre, points singuliers, outillage, traitement des joints, sans oublier la réception des ouvrages, les fixations et accrochages ainsi que l'application des finitions.

12/2021

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Poésie

Poésie spatiale. Une anthologie

Pierre Garnier est un poète, écrivain, critique et traducteur français né le 9 janvier 1928 à Amiens. Il vit aujourd'hui à Saisseval. Après des études en France et en Allemagne au détour de la guerre, il débute en poésie au sein de l'Ecole de Rochefort sous l'oeil de Jean Rousselot. Il entre ensuite aux éditions André Silvaire qui deviendront avec la revue Les Lettres le pivot de la poésie spatiale, mouvement qu'il fonde avec sa femme Ilse Garnier. Quant à Ilse Garnier, elle est une poétesse spatialiste française née en 1927 à Kaiserslautern en Rhénanie-Palatinat en Allemagne. Elle rencontre Pierre Garnier en 1950, qui deviendra son mari. Le spatialisme, terme créé par Pierre Garnier, se rattache à la poésie concrète, mouvement poétique international né dans les années 50, avec des ramifications aux Etats-Unis, en Amérique Latine, en Europe et au Japon. Parmi les poètes qui ouvrirent sur la poésie concrète, on trouve Mallarmé (avec son poème Jamais un coup de dés n'abolira le hasard), Cummings, Pound... Pierre & Ilse Garnier sont importants à un double titre : Poètes, ils ont creusé par leurs recherches formelles l'espace de la poésie spatiale, en ont toujours reculé les limites pour qu'il soit toujours un terrain de réflexions, d'expérimentations et d'émotions ; Ambassadeurs sans répit, ils ont été les premiers à faire connaître, en France, toutes les formes de poésies concrètes qui existaient à travers le monde, en multipliant les contacts et les projets avec des poètes japonais, brésiliens, cubains, uruguayens, américains, autrichiens, suédois, italiens, espagnols, allemands, tchèques, etc., participant ainsi activement de ce qui fut peut-être la plus grande internationale poétique jusqu'à ce jour. De plus, leur activisme fit beaucoup pour la génération des poètes qui suivit : effectivement, des poètes comme Julien Blaine ou Jean-François Bory doivent beaucoup à leur activisme et à leur générosité... cette anthologie se découpe en trois parties : de la page 5 à 67 : un essai d'Isabelle Maunet-Saillet, intitulé "la poésie spatiale : vers Ilse et Pierre garnier". Dans cet essai, l'auteure retrace la naissance et l'histoire de la poésie spatialiste, la resitue dans son contexte littéraire, historique et politique, en dégage les principaux enjeux et nous offre quelques clés de lecture essentielles ; de la page 69 à 247 : la totalité des manifestes et textes théoriques écrits par Ilse et Pierre Garnier de 1962 à 1966 ; de la page 249 à 643 : une anthologie des principaux poèmes d'Ilse et Pierre Garnier, quimet en évidence l'évolution de leur écriture, leur singularité qui fait de cet espace poétique un espace unique, et les liens (intellectuels, poétiques, politiques, affectifs) qui lient les deux poètes.

11/2012

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Sciences politiques

Les manipulations de l'information. Un défi pour nos démocraties

Les manipulations de l'information ne sont pas nouvelles mais leur actualité récente est liée à la combinaison de deux facteurs : les capacités inédites de diffusion et de viralité offertes par internet et les réseaux sociaux, et la crise de confiance que vivent nos démocraties et qui dévalue la parole publique allant jusqu'à relativiser la notion même de vérité. Ce phénomène qui s'est illustré par plusieurs ingérences électorales ces dernières années menace la sécurité nationale. Le CAPS et l'IRSEM ont donc uni leurs forces pour l'étudier. Ce rapport est le fruit d'une enquête de terrain (une centaine d'entretiens menés dans une vingtaine de pays) pour mieux saisir la nature du problème et identifier les bonnes pratiques mises en oeuvre par les Etats et les sociétés civiles. Il s'appuie également sur l'abondante littérature scientifique disponible. Ecartant la notion vague et polémique de fake news, et d'autres (propagande, influence, désinformation, etc.) souvent trop étroites ou trop larges pour s'appliquer précisément au problème, il parle de "manipulations de l'information" pour désigner la diffusion intentionnelle et massive de nouvelles fausses ou biaisées à des fins politiques hostiles. Il analyse d'abord les causes, qui sont à la fois individuelles, relevant de la psychologie et de l'épistémologie (des failles cognitives et une crise de la connaissance), et collectives, liées à la vie en société (une crise de confiance dans les institutions, une crise de la presse et une désillusion à l'égard du numérique), avant de voir qui en profite, c'est-à-dire qui sont les acteurs de ces manipulations - en se focalisant sur celles qui sont d'origine étatique et qui visent les populations d'autres Etats, constituant donc des ingérences. Ce rapport examine ensuite les conséquences, en tâchant de dégager quelques caractéristiques communes des plus récentes campagnes, en termes de facteurs de vulnérabilités et de moyens mis en oeuvre. Il explore également d'autres terrains - autres par rapport à l'espace post-soviétique, l'Europe et l'Amérique du Nord qui sont les plus connus - et notamment le Moyen-Orient, l'Afrique et l'Amérique latine. Dans une troisième partie consacrée aux réponses, il fait la synthèse des contremesures adoptées par les différents acteurs - Etats, organisations internationales, société civile et acteurs privés -, en commençant par tirer les leçons de la tentative d'ingérence dans la dernière élection présidentielle française ("Macron Leaks"). Pour finir, ce rapport tente d'anticiper les défis futurs - défis technologiques, tendances de la "guerre de l'information" russe, scénarios possibles - et formule 50 recommandations concrètes partant du principe que les manipulations de l'information constituent un défi de longue haleine pour nos démocraties, auquel elles devront apporter une réponse participative, libérale et respectueuse des droits fondamentaux.

08/2019

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Sciences politiques

Le capitalisme, cancer de l'humanité. Une économie inhumaine et meurtrière, une société malade, la vie sur Terre en péril

Sur sept milliards d'habitants que compte la planète, 4,5 souffrent de la faim ou sont juste au-dessus du seuil de famine, alors que, parallèlement, 80 milliardaires possèdent, à eux seuls, autant que la moitié de la population terrestre. En 2016, le patrimoine cumulé de 1% de la population mondiale dépassera celui des 99% restants, ce qui est sans précédent. Si la crise pèse lourdement sur tous, elle semble au contraire bénéficier aux plus riches et jamais l'inégalité n'a été aussi vertigineuse : aux Etats-Unis, elle est passée de 1 à 40 après la guerre à 1 à 1000 (! ) de nos jours. Si la situation s'améliore dans les pays émergents, les classes moyennes des pays développés sont en voie de paupérisation et la pauvreté s'étend. Jamais la richesse du monde et la productivité du travail n'ont été aussi élevées dans l'histoire, mais seule une petite minorité en profite pleinement, au détriment des autres, car elle détourne et accapare cette richesse, vampirisant l'humanité, qui doit également faire face à des fléaux provoqués par l'avidité de ces parasites et qui mettent en danger l'existence même de la vie sur Terre et celle de l'espèce humaine. La misère pourrait être éradiquée ; Victor Hugo la considérait déjà comme une anomalie que rien ne justifiait et qui n'existait que pour entretenir l'opulence des plus riches, tant il est vrai qu'une indécente richesse n'est possible qu'au prix d'une indécente pauvreté et inversement. Les pandémies pourraient être vaincues (ce n'est souvent qu'une question de moyens), elles s'aggravent, de même que les tensions internationales (1750 milliards engloutis en armements dans le monde, en 2014, l'une des raisons pour lesquelles le désarmement est si difficile, car les profits retirés sont gigantesques). Cette minorité possède tous les pouvoirs : économique, médiatique, politique — qu'ils soient étiquetés de droite ou de "gauche", les "partis de gouvernement" sont tous convertis aux dogmes néolibéraux et pratiquent en fait la même politique, une fois aux commandes. La société est malade, le chômage s'étend, mais on persiste à ne pas diminuer la durée de la vie active et de la semaine de travail, ce que l'on faisait jadis. Le capitalisme, car c'est de cela qu'il s'agit en fait, devenu fou, est de plus en plus sévèrement mis en accusation, y compris par les plus hautes autorités religieuses. Un autre univers, plus humain, plus juste, est pourtant possible, pour le bien de l'immense majorité (comme le montrent des prix Nobel d'économie), il n'est que temps de travailler à son avènement, bientôt il sera trop tard, et les dommages seront devenus irréversibles.

11/2015

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Art mural, graffitis, tags

Affiches cubaines. Révolution et cinéma, 1959-2019

Le renversement de la dictature du général Batista le 1er janvier 1959, à laquelle succède le gouvernement révolutionnaire présidé par Fidel Castro, amorce de profonds changements dans la société et l'esthétique cubaines. D'une logique capitaliste avec ses codes visuels empruntés aux Etats-Unis, Cuba se tourne vers un système communiste où prédominent institutions et commande publiques. La production graphique délaisse la publicité pour se mettre au service des idéaux du nouveau régime : l'engagement politique national, la solidarité internationale avec les pays du tiers-monde par le biais de l'OSPAAAL (Organisation de Solidarité des Peuples d'Afrique, d'Asie et d'Amérique Latine) - dont Ernesto Che Guevera est l'un des instigateurs -, et l'éducation culturelle des masses, notamment par le biais du cinéma promu par l'ICAC (Instituto Cubano del Arte e Industria Cinematográficos) créé en mars 1959. Dans le contexte économique du pays, où la rareté de l'électricité rend la télévision et la radio peu accessibles, l'affiche devient le mode de communication le plus efficace. Durant les années 1960-1970, âge d'or de l'affiche cubaine, les graphistes cherchent à créer un style un rupture avec la manière hollywoodienne, qui s'éloigne aussi de la propagande soviétique. Les pénuries de matériaux - papier, encre -, stimulent la créativité en imposant des contraintes. La sérigraphie, technique d'impression artisanale largement adoptée, détermine les grandes lignes de cette nouvelle école : solides contours noirs et choix restreints de couleurs appliquées en aplats. Les affiches commandées par l'OSPAAAL, pliées en quatre et glissées dans la revue Tricontinental diffusée à travers le monde, cherchent à faire passer des messages simples évoquant l'union dans la lutte révolutionnaire tout en transcendant la barrière de la langue, d'où l'émergence de leitmotivs graphiques immédiatement reconnaissables : drapeaux et symboles nationaux, poing levé... L'ICAIC, de son côté, produit des affiches spécifiquement cubaines, souvent dessinées, pour chaque film diffusé. Grâce aux festivals de cinéma, elles sont connues et collectionnées dès les années 1960. Cette âge d'or est suivi d'une période mois féconde, marquée par "el período especial" , crise économique en temps de paix après l'effondrement du bloc de l'Est. Le nombre d'affiches produites d'effondre, la bureaucratie omniprésente entrave la créativité, et de nombreux graphistes phare émigrent. Ce champ de création connaît un renouveau depuis le début des années 2000, dans le domaine culturel plutôt que celui de la communication à grande échelle, renouant avec une dimension expérimentale et artistique. A travers cette production artistique, populaire dans le sens où elle s'adresse à tous et investit l'espace public, ce livre invite à voyager dans le passé et le présent d'un pays dont l'histoire récente reste peu étudiée.

03/2023

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Littérature étrangère

Fille de l'air

Née en 1909, Jean Batten était une aviatrice néozélandaise mondialement célèbre dans les années 1930 : en quatre ans à peine, elle battit plusieurs records, notamment entre l'Angleterre et l'Australie, qu'elle rejoignit en quatorze jours et vingtdeux heures dans son petit avion de tourisme, un Gipsy Moth. Fiona Kidman, dans ce nouveau roman, se penche sur le destin de celle qui fut surnommée la "Garbo des airs". Derrière la légende d'une femme séductrice et prête à tout pour la gloire, la romancière traque une vérité plus complexe : celle d'une enfant jolie, douée et gracieuse, dont la mère, passionnée d'aviation, détermina certainement les choix – au-dessus de son berceau, elle avait accroché une photo de Louis Blériot –, et qui acheva sa vie solitaire en 1982, après avoir volé pour la dernière fois en 1939. Malgré les incessantes bagarres entre son père, un dentiste volage, et sa mère, ancienne comédienne, l'enfance de Jean, à Rotorua, puis à Auckland, est idyllique : tout sourit à cette gamine dégourdie que les cartes fascinent, qui apprend à communiquer en morse en observant son frère et qui, sur sa balançoire, veut encore s'envoler plus haut. Envoyée en Angleterre sous le prétexte d'étudier la musique, elle y suivra en réalité, et toujours avec la complicité de sa mère, des leçons de pilotage. Son talent, sa détermination, feront le reste : plusieurs pilotes de renom, fascinés, financeront ses premiers vols. La gloire, pourtant, sera de courte durée : quatre années haletantes, que Fiona Kidman met en scène sans rien cacher des péripéties – une succession de records, mais également deux crashs, dont un dans le désert irakien –, des déboires sentimentaux et des doutes de son héroïne. Le sort bascule pour elle en 1937, quand l'homme qu'elle aime disparaît corps et biens dans l'avion qu'il pilotait. Elle poursuit vaillamment sa carrière, étrangement indifférente à la guerre qui vient. Le 27 août 1939, malgré l'interdiction formulée par le Foreign Office, elle obtient – de la part d'un ami de la femme de Göring – un passe-droit pour survoler le territoire allemand. Sa naïveté – ou son inconscience – lui coûtera cher : aucune de ses propositions de servir dans les airs ne sera entendue, et son avion sera réquisitionné. Après la guerre, Jean sombre dans un profond détachement. Elle ne cherche plus à voler, part s'installer à la Jamaïque, voyage en Europe et, quand sa mère meurt à la fin des années 1950, reste définitivement seule. Avec ce portrait passionnant et perspicace d'une pionnière assoiffée de liberté qui, au fond, n'est elle-même que dans les airs, Fiona Kidman donne une nouvelle preuve de son talent à raviver la mémoire de ces héroïnes féminines dont l'audace fut déterminante pour le destin de son pays.

04/2017

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Religion

Les deux maisons. Essai sur la citoyenneté des Juifs (en France et aux Etats-Unis)

Les deux Républiques, la Française et l’Américaine, sont depuis leur commencement au cœur de l’imaginaire politique moderne, suscitant d’innombrables analyses comparatives de leurs vertus et de leur exceptionnalisme : elles s’offrent comme des voies d’accès contraires au bonheur, avec chacune leurs obstacles qui émanent de leur logique propre. La Révolution française, prolongeant l’action de l’État fort, construit un espace public qui s’efforce de laminer toutes les formes d’appartenance identitaire en cantonnant celles-ci au seul espace privé. L’accès à la citoyenneté vaut l’attribution de tous les droits et suppose l’abandon de tous les privilèges, de toutes les fidélités. Cela suppose donc la fin de la nation juive qui se trouve, au contraire, pleinement reconnue en tant que telle par les révolutionnaires américains. Les Juifs français, dès le XIXe siècle, n’ont de cesse de perpétuer des formes de sociabilité qui leur sont propres et limitent la pure et simple assimilation, mais leur intégration leur permet l’accès aux sommets de l’État, selon une mobilité vers l’élite politico administrative sans égale dans l’Histoire. Destin exceptionnel qui a pour revers l’explosion antisémite, de l’Affaire Dreyfus à Vichy. Les Juifs américains ne connaissent en rien ce destin brillant. Leur entrée naturelle dans la nation américaine est limitée à une émancipation formelle et à la reconnaissance de la pérennité de leur culture. Cette légitimité ne vaut qu’à l’échelle de l’État fédéral, et il faudra attendre 1940 pour que les lois fédérales s’appliquent pleinement au niveau des États. Décentralisé, faiblement institutionnalisé et peu différencié de l’Establishment protestant, l’État américain se révèle peu favorable aux Juifs : jusqu’au XXe siècle, les Juifs américains, moqués par la grande presse, se voient refuser l’entrée dans les hôtels, les clubs, les fraternités, les résidences, voire des universités (Harvard, Yale, Princeton). D’où un surprenant paradoxe : l’émancipation à la française ouvre la porte à l’entrée des Juifs comme citoyens dans l’espace public en laminant quelque peu le judaïsme comme toutes les identités autres que nationale ; l’émancipation à l’américaine se révèle davantage propice à l’épanouissement du judaïsme qu’à l’entière reconnaissance des Juifs en tant que citoyens. Après la destruction de la voie allemande par le nazisme, l’extinction du judaïsme d’Europe de l’Est, l’effacement de toute trace de vie juive dans le monde arabe, seuls les modèles français et anglo-saxons demeurent au XXIe siècle les deux derniers paradigmes que suivent les Juifs contemporains de la Diaspora. La construction d’une maison, d’une vie sereine et pleine au sein de chacune de ces deux Républiques s’inscrit donc, à chaque fois, dans une « géographie de l’espoir » faite de promesses distinctes mais aussi de désillusions dissemblables.

09/2012

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sociologie du genre

Les leurres postmodernes contre la réalité sociale des femmes

LA REALITE SOCIALE DES FEMMES CONTRE LES LEURRES POSTMODERNES On constate de nos jours, à l'échelle de la planète, une dévalorisation voire une négation des femmes. Elles sont réduites soit à une apparence de la féminité avec la "théorie queer" , soit à un ventre à louer avec la pratique de la GPA (gestation pour autrui). Non seulement elles représentent la majorité des classes sociales les plus démunies, mais elles demeurent sous la menace de violences liées à la domination masculine - la situation actuelle des Iraniennes et des Afghanes en témoigne. Et même dans les pays où elles ont arraché le droit à disposer de leur corps, ce droit reste une conquête fragile : l'application de la loi permettant l'IVG, votée en France en 1975, est de plus en plus difficile ; des Etats d'Amérique latine ont récemment autorisé l'avortement, mais la Cour suprême américaine l'a interdit en juin 2022... Dans les années 1970 en France, le MLF (Mouvement de libération des femmes) a attaqué avec force le rôle social imposé aux femmes par le capitalisme et le patriarcat sur la base de leur sexe biologique. Il y a une trentaine d'années, le "genre" - traduction du gender utilisé par les féministes américaines - était encore considéré comme le synonyme de ce rôle social. Aujourd'hui, avec la diffusion vulgarisée de la "théorie queer" et des analyses intersectionnelles, il désigne fréquemment une "identité" reposant sur le seul "ressenti" des personnes : il suffirait de se déclarer femme ou de s'en donner l'allure pour en être une. Un peu partout dans le monde, des féministes s'insurgent contre cette nouvelle définition d'une femme parce qu'elle fait perdre de vue l'origine de son oppression - ses organes sexuels, avec leurs capacités procréatrices - et le vécu des femmes dans leur grande majorité, à savoir une double journée de travail pour assurer la reproduction sociale et une large part de la production économique. Néanmoins, des dictionnaires, des textes de loi ou des déclarations d'organismes internationaux attestent de sa progression partout. En France, deux facteurs la favorisent : sa propagation, dans les médias et sur les réseaux sociaux, à la fois par des élites politiques et intellectuelles et par divers milieux militants ; la censure de toute remarque concernant l' "identité de genre autodéclarée" et ses conséquences pour l'émancipation des femmes. Quiconque s'y risque peut être insulté-e ou menacé-e par des "transactivistes" , ou poursuivi-e pour "transphobie" devant les tribunaux. Il est pourtant urgent de contester le bien-fondé de théories appartenant au postmodernisme, le courant de pensée qui a contribué à forger avec le néolibéralisme, dans les années 1980, une idéologie valorisant les "classes moyennes" et leur style de vie pour conforter l'ordre établi - alors que celui-ci est toujours à détruire.

10/2023

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Religion

Un prêtre français au Chili. 50 ans au service du monde ouvrier

En 1957, Pie XII publiait l'encyclique "Fidei Donum" pour demander aux Eglises d'Europe d'envoyer des prêtres dans les pays du Sud. En 1961, Jean XXIII, par une lettre adressée au cardinal Liénart, réitérait cette demande aux évêques de France pour l'envoi, dans le même esprit, de prêtres en Amérique latine. Sans compter les religieux partis au titre de leur congrégation, ce seront plus de 300 prêtres diocésains qui, de 1963 à 2012, vivront ainsi leur ministère pour des mandats de plus ou moins longue durée. Parmi eux, certains font figure en raison de la longévité de leur présence et de la dureté des événements qu'ils ont eu à affronter. Ainsi Pierre Dubois, ordonné en 1955 pour le diocèse de Dijon et arrivé au Chili en septembre 1963 et y a résidé jusqu'à aujourd'hui. Pendant ce demi-siècle, il s'est efforcé de développer l'ACO local (MOAC au Chili) afin d'aider les plus pauvres à prendre en main leur destinée. II y est retourné définitivement en août 2010 pour y mourir, sans espoir d'un nouveau congé en France en raison d'une santé qui lui interdit de prendre à nouveau l'avion. Pierre y a vécu la période de la dictature militaire dans l'un des quartiers les plus réprimés de la capitale Santiago, "La Victoria". Dans ce quartier, une partie de la population avait investi un terrain vague. Après des années de lutte, elle avait fini par obtenir en 1966 son droit d'occupation. L'extrême droite chilienne, qui n'avait pas accepté le fait, le lui fera payer sous la dictature de Pinochet (incursions multiples de la police, plusieurs dizaines de morts...). C'est dans ce contexte qu'un autre prêtre "Fidei Donum", André Jarlan, vicaire de Pierre, sera tué par une balle perdue le 4 septembre 1984. Pierre Dubois, lui, est amené à y tenir un rôle particulièrement courageux et risqué. Il va s'interposer à plusieurs reprises entre les carabiniers et les manifestants, ce qui lui vaudra plusieurs arrestations et l'expulsion du Chili en septembre 1986, avec les deux prêtres qui vivaient avec lui à La Victoria. Il y reviendra le 12 mars 1990, le lendemain du jour où Pinochet quittait le pouvoir. Il y recevra "La nationalité chilienne" en 2001 des mains du Président du Chili, Ricardo Lagos. Pierre Dubois est décédé à Santiago le 28 septembre 2012. Dès le début de sa présence au Chili, Pierre écrivait des lettres à sa famille qui, rapidement, se sont transformées en "Circulaires à ses amis". Basé en grande partie sur cette correspondance, ce livre, qui retrace l'engagement de Pierre Dubois, est aussi une chronique de cinquante ans de vie sociale et politique au Chili.

10/2012

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Histoire ancienne

Histoire de la Gaule. Une confrontation culturelle, VIème siècle avant J.-C. - Ier siècle après J.-C.

L'historien d'aujourd'hui ne peut envisager la Gaule et les Gaulois de la même manière que ses prédécesseurs : la génération de Jullian fut marquée par la revanche sur l'Allemagne, celle de Carcopino par la colonisation et celle de Hatt par la décolonisation. De plus, l'éventail méthodologique, qui s'est élargi et affiné (de l'épigraphie latine à la photographie satellitaire) depuis un siècle, permet de considérer cette histoire sur la longue durée, c'est-à-dire sur le large demi-millénaire qui s'ouvre au début du vil siècle av. J.-C. (fondation de Marseille). Bien avant la première intervention militaire romaine (125 av. J.- C.), le commerce étrusque puis grec eut une incidence considérable sur la vie même des habitants de la Gaule. Le vin eut ainsi une fonction beaucoup plus large que celle que lui assignent les sources grecques et latines - étancher la " soif celtique " - et modifia en profondeur, avec d'autres produits et objets du monde méditerranéen, les sociétés celtiques. Le commerce joua donc un rôle majeur dans la confrontation de deux civilisations, celle des Grecs et des Romains - fondée sur la pierre -, celle des Celtes - caractérisée par le bois et le torchis. Il n'importe guère finalement qu'un jour les Italiens aient, dès le milieu du IIe siècle au sud, pris le relais des Grecs, qui eux-mêmes avaient évincé les Étrusques : les échanges avaient dépassé l'ajustement de l'offre et de la demande pour remplir un véritable rôle culturel. Rome prit le problème autrement, imposant armées, colons et provinces. Cette brutalité ne constitua pourtant pas en soi une rupture et se borna à donner de tout autres dimensions aux relations économiques et aux contacts culturels. Une fois la saignée césarienne opérée, les Romains cherchèrent en outre à séduire, et de leur côté les Gaulois ne furent ni ces hommes falots faits de sable et de vent que décrit Mommsen ni des vaincus acculturés prêts à s'incliner devant la splendeur des décors urbains ou des autres formes de la civilisation méditerranéenne. La romanisation passa ainsi par un demi-millénaire de commerce, par de subtils accords politiques symbolisés par les cérémonies du culte impérial au Confluent des Gaules (Lyon), et par un élargissement du droit de cité (au milieu du Ier siècle ap. J.-C., les citoyens romains de Gaule étaient les égaux de ceux nés sur les bords du Tibre). Tout fut dit au concile de Reims (70 ap. J.- C.) où les notables assemblés refusèrent les chemins de la rébellion : ils étaient devenus non pas des Gallo-Romains - le terme est une invention contemporaine -, mais des Romains des provinces des Gaules.

04/1997

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Littérature étrangère

Ada ou l'Ardeur. Chronique familiale

Le Château d'Ardis - les Ardeurs et les Arbres d'Ardis -, voilà le leitmotiv qui revient en vagues perlées dans Ada, vaste et délicieuse chronique, dont la plus grande partie a pour décor une Amérique à la clarté de rêve - car nos souvenirs d'enfance ne sont-ils pas comparables aux caravelles voguant vers la Vinelande, qu'encerclent indolemment les blancs oiseaux des rêves ? Le protagoniste, héritier de l'une de nos plus illustres et plus opulentes familles, est le Dr Van Veen, fils du baron "Démon" Veen, mémorable personnalité de Reno et de Manhattan. La fin d'une époque extraordinaire coïncide avec la non moins extraordinaire enfance de Van. Il n'est rien dans la littérature mondiale, sauf peut-être les réminiscences du comte Tolstoï, qui puisse le disputer en allégresse pure, innocence arcadienne, avec les chapitres de ce livre qui traitent d'Ardis. Dans cette fabuleuse propriété de campagne de l'oncle de Van, Daniel Veen, grand amateur d'art, un ardent amour d'enfance va naître et se développer en une série de scènes fascinantes entre Van et la jolie Ada, une gamine vraiment exceptionnelle, fille de Marina, l'épouse entichée de théâtre de Daniel. Le fait que leurs relations ne sont pas qu'un dangereux cousinage, mais présentent un aspect défendu par la loi, est suggéré dès les premières pages. Malgré les nombreuses complications de l'intrigue et de la psychologie, le récit va bon train. Avant même que nous ayons le temps de souffler et de contempler tranquillement le nouveau décor au milieu duquel le tapis magique de l'auteur nous a "versés", une autre charmante créature, Lucette Veen, sueur cadette d'Aria, s'emballe pour Van, notre noceur irrésistible. La destinée tragique de Lucette représente un des highlights de ce délicieux livre. Le reste de l'histoire de Van a pour sujet - présenté d'une manière franche et colorée - sa longue aventure amoureuse avec Ada. Leur roman est interrompu par son mariage dans l'Arizona avec un éleveur de bétail dont l'ancêtre fabuleux découvrit l'Amérique du Nord. Le mari meurt, les amants sont réunis. Ils passent leur vieillesse à voyager ensemble et à séjourner dans les nombreuses villas, chacune plus belle que l'autre, que Van a érigées un peu partout dans l'hémisphère occidental. La délicatesse du détail pittoresque n'est pas le moindre des ornements de la présente chronique : une galerie treillissée ; un plafond peint ; un joli jouet échoué parmi les myosotis d'un ruisseau ; des papillons et des orchis papilionacés en marge du roman ; un lointain voile vu d'un perron de marbre ; une daine héraldique qui tourne la tête vers nous dans le parc ancestral ; et bien des choses encore.

12/1991

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Psychologie, psychanalyse

L'AME ET LE SOI. Renaissance et individuation

Lorsque, après s'être séparé de Freud sur le statut du religieux et du mythe dans la psychanalyse, Jung a peu à peu établi sa conception d'une réalité de l'âme, puis, comme il le dira dans Psychologie et alchimie, de la réalité d'un monde propre à cette âme, il ne reviendra plus jamais sur cette conquête décisive où se jouait pour lui, semble-t-il, un élément déterminant de vérité. Encore faut-il s'entendre sur ce qu'on appelle le religieux : loin d'en faire un irrationalisme devant lequel on s'inclinerait - contresens répandu mais qu'il est urgent aujourd'hui de dissiper enfin - , Jung l'a toujours conçu selon la leçon de son étymologie latine, c'est-à-dire une attitude et une volonté très soigneuses de prise en considération, d'examen, d'évaluation. En bref, il s'agit pour lui, précisément, d'une démarche rationnelle qui, loin de nous incliner à nous laisser emporter par le sacré, tend au contraire à le mettre à distance, à s'expliquer avec lui et, en bout de course, à en rendre raison. Tout le travail d'une psychologie pratique est alors un travail de différenciation, où l'homme se recouvre dans son intégrité : l'individuation, telle qu'elle était déjà annoncée dans les Sept Sermons aux morts, n'est rien d'autre que ce processus où l'âme se découvre dans son entièreté, c'est-à-dire dans sa vérité singulière, vérité qui ne s'exprime que sous la puissance du symbole. De ce rapport de Jung au religieux, La Vie symbolique traitait déjà, dans le domaine particulier du christianisme et de ses hétérodoxies. En attendant les Essais sur la symbolique de l' esprit qui viendront en clore le cycle, le présent volume est surtout centré sur l'accès que nous avons à la vie de cette âme, sur les étapes successives du processus d'individuation, sur la fonction d'ordre psychique qui s'y révèle et qui garantit à la fois qu'elle organise les relations du moi et du soi, du conscient et de l'inconscient. D'une certaine façon, tout homme est comme l'objet d'un autre sujet que lui-même. C'est cet autre sujet qu'il doit pouvoir considérer dans sa pleine lumière, et en le reconnaissant, le mettre du même coup en rapport avec sa subjectivité initiale. L'inconscient lui-même, selon Jung, est rempli "d'étincelles"comme autant de conscience qui réclame à advenir, et ces étincelles "correspondent aux particules lumineuses prisonnières dans la physis obscure, dont la réunion était la préoccupation essentielle du gnosticisme et du manichéisme" (Mysterium conjunctionis).

05/1990