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Littérature française

L'âme du violon

Un vieux luthier Italien au XVIIème siècle, un tsigane orphelin qui vit de sa musique sur les chemins de la France des années 30, une jeune femme bohème qui rêve de voir un jour ses toiles exposées dans le Paris contemporain et un PDG infatigable dont le coeur n'est touché que par les airs classiques qui résonnent dans son bureau new-yorkais : si différents soient-ils, ces quatre personnages ont en commun, un objet, le violon. Giuseppe lui a consacré sa vie, penché sur son établi jour après jour pour le compte d'un célèbre atelier italien ; un drame va le pousser à sortir de sa solitude et à transmettre son art à un jeune apprenti pour tenter de réaliser l'instrument parfait. Lazlo joue sans cesse de celui qu'il a reçu en seul héritage ; son incroyable talent lui permet d'en vivre et d'espérer un jour gagner cette Amérique dont on lui parle tant, et vers laquelle on le suivra. Lucie se voit obligée de reprendre sa vie en main pour vendre l'instrument que sa grand-mère musicienne lui a confié afin de lui permettre d'acheter le matériel nécessaire à la préparation de sa première exposition. Un projet qui la mènera de Londres à Vichy, mais surtout loin de ses peurs. Et Charles se met à enquêter sur les traces de violons mystérieusement signés pour conquérir une musicienne qui a su, par son art, ré-enchanter son existence jusqu'ici réduite à des chiffres et des contrats. Il redécouvrira dans cette aventure les plaisirs simples de joies qui ne s'achètent pas. De 1630 à nos jours en passant par l'entre-deux guerres, de la Lombardie aux gratte-ciels de New-York en passant par Paris et la Camargue, Marie Charvet lie ces quatre destins pour révéler l'âme d'un violon unique qui changera à jamais la destinée de nos quatre personnages. En lutherie, l' "âme du violon" désigne l'ultime pièce que dépose l'artisan au coeur de l'instrument et qui détermine sa sonorité et sa vibration. Dans ce roman choral, musical et léger, conçu comme une fugue à quatre voix et dont les chapitres déroulent en alternance les vies de chaque personnage, elle permet à l'auteur de faire résonner ensemble trois époques, plusieurs cultures et d'accorder ces destins bouleversés par un même instrument.

04/2019

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Droit

Relations sociales dans les services d'intérêt général. Une comparaison France-Allemagne

Dans le contexte de la promotion et de l'intégration du marché intérieur européen initiées par l'Acte unique, un processus de dérégulation dans les services publics d'intérêt général a été engagé à l'aube des années 1990 au niveau communautaire en vue de favoriser l'émergence d'un grand marché des services à l'échelle européenne. Ce processus de dérégulation avait pour objet d'ouvrir à la concurrence les services d'intérêt général des pays membres qui, jusqu'alors, étaient généralement organisés en monopoles publics et constituaient pour ainsi dire des enclaves nationales échappant à la fois aux règles communes de la concurrence et, de surcroît, au droit commun du travail dans les pays membres. De ce fait même, les directives successives adoptées au niveau communautaire, puis transposées en droit national, ont non seulement modifié les modes de régulation économique, mais plus profondément encore les systèmes de régulation socio-professionnelle et de gestion des ressources humaines de ce secteur, remettant ainsi en question les particularités sociales du service public qui s'étaient affirmées dans la plupart des Etats membres depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Tel .est l'objet du présent ouvrage qui étudie et compare, principalement à travers le cas de la France et de l'Allemagne qui sont au centre de l'analyse, mais aussi à partir d'autres exemples européens, tels que celui de l'Autriche, de la Grande-Bretagne et de la Suède, les incidences de cette politique de dérégulation sur les relations collectives de travail et le management social des entreprises dans le secteur, désigné désormais sous le terme de services d'intérêt économique général (SIEG). Au-delà des singularités des expériences nationales qui ont marqué la structuration initiale, puis la transformation des anciens services publics, il ressort de l'analyse des effets que la dérégulation a induits dans le champ social un tableau d'ensemble très différencié, dans lequel coexistent des évolutions régressives en termes d'acquis sociaux statutaires, mais également de nouvelles formes d'organisation des rapports de travail. Les unes et les autres concourent à la modernisation économique et sociale de ce vaste ensemble qui, incluant des secteurs aussi essentiels que ceux de l'énergie, de la communication et des transports, sont d'une importance vitale pour la compétitivité des économies européennes.

08/2011

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Histoire des idées politiques

Démocraties et pensée unique. D'hier à demain

Un livre qui se dévore tout seul par sa présentation originale non académique. Depuis la nuit des temps, des chefs ont abusé de leur pouvoir. L'Antiquité en offre quelques exemples, tout comme la suite de l'Histoire en particulier depuis le 20e siècle en divers endroits du monde. L'auteur analyse le phénomène dictatorial à travers les lieux les époques et nombre de personnages connus ou moins connus. Il se penche également sur un sujet plus masqué, celui de la dictature sans visage, qu'elle soit technologique ou économique, chiffres à l'appui. Un ouvrage richement documenté. Les démocraties sont fragiles et malmenées. La place de l'Homme libre y est de plus en plus délicate. Le concept de choix est altéré. De tous temps des sociétés ont vécu sous le joug d'oppresseurs politiques, domestiques, économiques et depuis peu, technologiques. Nous les laissons souvent faire et parfois nous les appelons, sans voir la privation de liberté qui les accompagne. Bien sûr, la route vers le pouvoir non partagé s'avère escarpée, mais d'aucuns y sont parvenus en toutes régions et en toutes époques, comme si les peuples ne retenaient pas les leçons du passé. De manière invariable, tout se passe comme si la mémoire collective n'existait plus. Tel personnage s'impose par des images et des discours comme étant le sauveur providentiel ou le seul capable de comprendre ses contemporains, de percevoir leurs besoins. Qu'il soit économique ou politique, voire technologique, un bouc émissaire est désigné. Les opposants ou les contestataires crédibles sont muselés. Les intellectuels libres sont débranchés. Les personnes cibles semblent anesthésiées, suivant majoritairement ou non la personne ou la structure en qui elles placent leurs espoirs. Le schéma vers le pouvoir est souvent identique. Qu'importe que le système soit démocratique ou pas, qu'importe les balises. En grande partie, l'auteur se penche sur un sujet plus masqué, celui de la dictature sans visage, qu'elle soit technologique ou économique, chiffres à l'appui. Les puissantes multinationales s'y retrouvent. L'auteur fait le point sur les services secrets. Rien n'est rassurant, des cameras intelligentes aux choix des produits dans les commerces, de l'influence des multinationales à leur pouvoir financier, chiffres à l'appui. L'ouvrage est richement documenté pour qui veut creuser le sujet.

07/2023

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Professions médico-sociales

Epistémologie du soin infirmier : de la blouse blanche à la toge universitaire. Un modèle des soins et du travail relationnel en psychiatrie

L'auteur analyse l'évolution vers un troisième cycle universitaire et étudie les savoirs au coeur d'une discipline centrée sur le soin. Le modèle proposé insiste sur le travail relationnel, les liens entre approches du corps et de la réalité psychique. De la blouse blanche à la toge universitaire, le chemin a été long et semé d'embûches pour les infirmières. La création d'une section universitaire dite de "sciences infirmières" pose pourtant de nombreuses questions. Quel est l'objet de cette nouvelle discipline ? Comment les infirmières de terrain peuvent-elles y participer ? Les chercheuses doivent-elles intégrer des laboratoires dédiés ou rester près des patients et des soignants ? Comment les savoirs disciplinaires peuvent-ils enrichir les pratiques de terrain ? L'auteur revient sur ces questions et explore la longue histoire vers un troisième cycle en soins. Il montre que la professionnalisation est passée par l'exclusion des infirmiers de secteur psychiatrique qui a eu pour effet de dévitaliser le soin, d'éloigner du coeur de la profession, le travail relationnel. Au-delà de ce constat, l'ouvrage bâtit des ponts entre l'approche du corps et celle de la réalité psychique, invite à les relier au bénéfice de la profession. Le parcours épistémologique aboutit à une nouvelle définition du soin, objet de la discipline : tout dispositif, simple ou complexe, profane, sacré ou savant, qui vise à prévenir, accompagner, soulager, intégrer voire dépasser la souffrance physique, psychique ou sociale d'un individu ou d'un collectif. Des situations de soins sont ensuite développées et passées au crible de cette nouvelle définition. Il s'agit de vérifier si elles résistent à l'objectif d'unifier la discipline et d'oeuvrer à davantage l'ouvrir aux aspects relationnels, à la qualité de l'engagement du soignant, à sa capacité de s'exprimer en première personne. Orienter la recherche et l'écriture vers des récits sensibles, c'est en effet être plus à même de décrire la singularité de chaque rencontre, de chaque soin. Cet ouvrage contribue à la mise en évidence de l'essence du soin. Il s'adresse particulièrement aux infirmières en exercice, aux étudiants en soins infirmiers comme aux cadres formateurs, qui y verront la possibilité de cerner ce que l'auteur désigne comme les sciences du soin.

05/2021

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Histoire de France

Etre Juif. A Lyon et ses alentours (1940-1944)

Je pensais avoir fait le tour sur la réalité de la "question juive" en France pendant les années de notre déshonneur ; mais je dois l'avouer avec humilité et même honte que l'ouvrage Etre Juif... m'apporte un flagrant et frappant démenti. Sylvie Altar met à nue la réalité de notre mémoire trop souvent tue. Si nous pensions et affirmions que le grand public avait une connaissance peu pertinente et relative sur la persécution juive en ces années 1940-1944, avec la parution de Etre Juif.., cela ne peut plus être vrai. Cet oeuvre devient incontournable sur la connaissance des mécanismes de la Shoah. Comme l'écrit Serge Klarsfeld : On est en présence d'une grande fresque [...]. Et poursuit dans sa préface : C'est un récit passionnant [... ] une histoire qui se lit comme un roman. Si les faits se déroulent dans la n Capitale de la Résistance" et ses alentours, l'esprit dans sa réalité historique générale est de tout notre territoire, de cette science incomparable des faits, de cette horreur mis à crue, de toutes ces choses qui font oeuvre d'histoire. Nous avons, grâce à l'auteure, au travers du microcosme lyonnais, un lieu, un laboratoire où tout chercheur ou tout un chacun de nous peut apprendre, comprendre, reconstituer, analyser le vécu de celui désigné "Juif", et s'imprégner de l'ambiance, saisir les comportements des victimes et des bourreaux. Comme le constate Laurent Douzou : Cet ouvrage est à marquer d'une pierre blanche [...]. Dans ces pages est inscrite l'histoire de ces femmes, de ces vieillards, de ces enfants, de ces hommes qui étaient dénoncés et recherchés pour "Etre Juif". Ces persécutés — pour nombres futurs assassinés —, par leurs parcours personnalisés, leur résistance, leur diversité sociale ou religieuse, ici leur est donné enfin une humanité, sinon une vie d'humains, des êtres simplement et terriblement restés debout. Car même menacés, traqués, bafoués, outragés, méprisés... les Juifs tenteront de garder le contrôle de leur vie, de leur résistance, de leur désobéissance à un Etat scélérat, et sauvegarder une dignité face à l'imposture. Dans sa postface le Grand Rabbin de France Haïm Korsia avisera : Ce livre s'appuie sur un matériau humain, une densité des émotions, des sentiments et des valeurs qui ne laissent pas indifférent [...]. Dans ma volonté de vous faire partager cette découverte, je reprendrai à mon compte ces mots de Serge Klarsfeld : Ce livre est irremplaçable [...]. Michel Reynaud

10/2019

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Ecrits sur l'art

Feuillages. L'art et les puissances du végétal

Tout est feuille, nous dit Goethe, dont le regard vitaliste introduit au xviiie siècle une singulière extension à la définition du feuillage. Les parties de la plante ne seraient-elles pas toutes comme des modifications d'une seule et même forme : des feuilles transformées, soumises à mesure de leur croissance à des processus de déploiement ou, au contraire, de contraction et d'intensification ? Des feuilles transformées ? Et comment les arts, la peinture mais aussi la photographie et le cinéma, ont-ils composé avec cette forme à la fois volatile et détaillée, bruissante, massive et foliacée, autant qu'avec le milieu, avec l'air, la radiation solaire, sans quoi la forme-feuillage ne saurait exister ? Clélia Nau braque l'objectif sur un motif longtemps condamné à ne croître que dans les marges de l'art. Elle redonne voix à cette vie profondément autre, mystérieuse, à ces feuillages dont le mode d'existence spécifique est de bruire ou de végéter. Un bruire qui n'a pas pour seule fonction d'apporter un supplément de grâce, qui peut aussi perturber la fiction, interférer avec la fable représentée. Un végéter qui n'est pas qu'existence passive : en latin, vegetare désigne ce principe actif de vie grâce à quoi le végétal produit tout au long de sa vie de nouveaux organes, déploie, mieux, invente sa forme, marque même de sa vitalité. L'ambition de ce livre est de montrer par les images, par le pouvoir révélateur des détails, les puissances invisibles, les transactions secrètement à l'oeuvre dans le végétal. Il ouvre des perspectives inédites sur l'activité créatrice, sur la production des formes artistiques, en les ré-enracinant dans l'énergie même du vivant. Il nous apprend à regarder les oeuvres autrement, selon un point de vue non plus exclusivement humain, non plus systématiquement indexé sur la traditionnelle hiérarchie instituée entre les règnes. Ce que l'auteur promeut, c'est une nouvelle " écologie des formes " : les éléments inclus dans l'espace de la représentation sont à penser comme appartenant tous à une même communauté solidaire de vivants. Conçu comme une sorte de cabinet de curiosités végétales, l'ouvrage entend enfin suggérer que l'art est peut-être l'un des derniers lieux où le lien de l'homme avec la nature, si souvent questionné et partout menacé, trouve encore à se redéfinir et à se préserver.

10/2021

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Beaux arts

Voir double. Pièges et révélations du visible

Ce livre se propose d'explorer le vaste champ constitué par l' " image double " sur une période qui va de l'Antiquité à nos jours. L'expression désigne des catégories variées : image composite, image cachée, image naturelle, image potentielle, anamorphose, etc. A travers une centaine d'exemples, le livre envisage la manière dont les artistes ont exploité, selon les situations historiques et culturelles, les possibilités formelles et sémantiques des images doubles. En s'opposant à la doxa, ces images visent à surprendre, intriguer et solliciter le spectateur. La période couverte compte des temps forts - la Renaissance et la période contemporaine - qui correspondent aux moments et aux lieux où le recours à l'image double a été d'une intensité et d'une importance particulières. Dans l'art de la Renaissance, la présence fréquente de l'image double renvoie à une pensée marquée par l'analogie et l'anthropomorphisme, par le goût pour le paradoxe et l'énigme, par la réflexion morale sur les apparences trompeuses. A l'époque moderne et contemporaine, l'utilisation de l'ambiguïté et de la polysémie visuelles manifeste une réflexivité de l'image et participe d'une transformation de la communication esthétique, au terme de laquelle ce sont, selon la formule célèbre de Duchamp, les regardeurs qui font les tableaux. La sélection propose un éventail d'images et d'objets très divers non seulement par leur date et leur provenance mais aussi par leurs fonctions et statuts originels, de l'image de culte à la caricature en passant par le tableau de cabinet : comment rendre justice à ces différences tout en mettant au jour les modèles, les procédés, voire les mécanismes qui les traversent ? L'ouvrage propose d'analyser, outre des exemples inédits, quelques chefs-d'oeuvre envisagés pour la première fois sous l'angle de l'image double : La Mort de saint François de Giotto, la Madone Bardi de Botticelli, L'Escamoteur de Jérôme Bosch, la Vénus de Goltzius, Le Nu allongé de Bonnard, Le Rêve de Picasso. Spécialistes de périodes et aires culturelles variées - arts premiers, Antiquité, Moyen Age, Renaissance, période moderne, art contemporain -, les auteurs ont récemment réorienté le débat sur ce type d'images en l'envisageant dans une perspective historique et théorique large. Les essais introductifs de Michel Weemans, Dario Gamboni et Jean-Hubert Martin abordent les mécanismes de perception mis en oeuvre par l'image double, sa récurrence à travers les époques et les cultures.

09/2016

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Généralités

Origines et histoire de la Marine

Ce livre retrace l'histoire et l'évolution de la marine moderne. La découverte du Nouveau-Monde, en ouvrant aux navires à voiles un champ forcément interdit aux bâtiments à rames, donna naissance à une marine nouvelle. Les progrès de l'artillerie en assurèrent bientôt sur toutes les mers la prééminence. Le corps royal des galères, créé sous Charles VI, conserva néanmoins en France jusqu'en I749 son organisation propre, ses crédits spéciaux, ses officiers militaires et ses officiers de finances. Les vaisseaux ronds, - ce fut le premier nom sous lequel on désigna les vaisseaux à voiles, - auront eu, malgré leur perfection relative, une moins longue existence ; ils n'auront guère duré plus de deux siècles. Ces deux siècles comprennent toute l'histoire de la marine moderne, histoire héroïque et sanglante qui a traversé dans le court espace de deux cents années trois phases bien distinctes. La première de ces périodes est remplie par les luttes successives que l'Espagne soutient contre les Provinces-Unies, contre l'Angleterre, et en dernier lieu contre la France. Le gros des flottes se compose alors de navires d'une centaine de tonneaux, de trois ou quatre cents tout au plus. C'est le temps où, après en être venu aux mousquetades, on s'efforce de jeter à la faveur de la fumée les grappins sur le bâtiment ennemi. Les piques rendent alors plus de service que les canons. Dans la seconde période, l'Angleterre et la Hollande se disputent la suprématie des mers. Nous assistons à de grands combats éclairés par la lueur d'immenses incendies ; ce sont les vaisseaux qui ébauchent la victoire, ce sont les brûlots qui l'achèvent. Une troisième époque enfin semble s'ouvrir avec l'apparition de la marine de Louis XIV. Les lignes deviennent plus serrées et plus régulières, l'action du canon est plus efficace. Les véritables combats d'artillerie commencent, ils vont se prolonger jusqu'à nos jours. La marine à voiles a en quelque sorte trouvé sa position d'équilibre ; elle ne subit plus que des transformations de détail presque insignifiantes. C'est au contraire parce qu'elle se transformait dans ses dispositions les plus essentielles que, pendant presque toute la durée du XVIIe siècle, on la voit modifier sans cesse ses procédés de combat. Qu'étaient les vaisseaux ronds au début ?

03/2023

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Critique littéraire

Cahiers 1894-1914. Tome 12, 1913-mars 1914

L'année 1913 voit se poursuivre la série des petits cahiers cartonnés répertoriés de K à Q. Valéry consacre de nombreux passages à l'entreprise des Cahiers pour tenter de faire le point sur ses desseins et ses méthodes. C'est déjà le ton de ce qu'il appellera plus tard les "Mémoires de Moi". Investi depuis des années dans l'élaboration de ce qu'il nomme "My Psychology", il revient, avec le but affirmé de "se faire des concepts plus purs", sur des notions déjà examinées : le rêve. la mémoire, l'imagination, la surprise. mais aussi le hasard. Il revendique l'opposition entre sa démarche et celle du philosophe. et désigne connue l'aboutissement de sa réflexion la représentation du "fonctionnement d'ensemble" du vivant "monde, corps, esprit". Esquissant un autoportrait assez explicite, il analyse en moraliste un Ego cherchant en lui la généralité de l'humain. Ce qui frappe c'est l'attention accordée à la question religieuse. l'abondance et la régularité des réflexions dans les Cahiers de cette période. Faut-il y voir un écho des discussions nées de la crise moderniste qui secoue alors le monde catholique ? Ou y repérer une tentative d'interroger le mystère du croire ? Valéry d'autre part réfléchit depuis quelque temps à l'édition possible de ses anciens poèmes, mais le retour à l'écriture poétique n'est pas encore installé. C'est la guerre qui amènera le futur auteur de La Jeune Parque à se réfugier dans un labeur de "moine du Ve siècle". Avant 1911, nulle trace de l'élaboration du poème dans les Cahiers. Si des passages traitent de la poésie, c'est pour préciser un idéal plus que pour définir un but précis. Joint à ces Cahiers, un petit carnet ouvert en août 1914 est un document remarquable par sa variété. Elément parallèle des chantiers valéryens, il contient le premier jet de passages développés ensuite dans les Cahiers. D'août à octobre 1914. Valéry tient aussi un journal, ce qui est rare chez lui. Il note non pas ses réflexions sur un moment tragique, mais des détails de son vécu. Mais surtout le carnet apporte des éléments éclairant la genèse du grand poème. Complément bref du dossier de brouillons, il contient des bribes de vers qui cherchent leur forme définitive et trouveront leur place dans les diverses séquences de La Jeune Parque.

04/2012

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Droit

Jeu(x) et droit(s)

Le jeu est manifestement perçu comme une activité divertissante destinée à faire passer le temps. Le rapprochement du jeu et du droit pourrait donc apparaître contradictoire. Le jeu est futile, le droit est empreint de gravité. Parfois, la doctrine se plaît à comparer le droit au jeu pour la beauté de la rhétorique. Dans le procès civil, les parties sont à la fois partenaires et adversaires, chacune jouant ses cartes pour gagner et convaincre le juge qui arbitre. Difficile toutefois d'y voir de l'amusement. En réalité, le jeu peut être pris au sérieux. Il doit l'être quand il comporte plusieurs règles à suivre et lorsque l'esprit des joueurs est exacerbé, confinant aux ambitions lucratives. L'opposition entre le jeu et le droit s'amenuise alors progressivement. Les deux sont partout. Difficile d'imaginer une société qui ne joue pas ou une société sans règles de droit. Les connexions entre le jeu et le droit apparaissent d'abord sous un angle hiérarchique. Le jeu comme le droit sont des systèmes normatifs, mais le droit ne s'efface pas devant les règles du jeu. Il encadre très souvent le jeu comme divertissement. Le premier sens du jeu s'estompe pour laisser place aux actions du jeu, le rôle à jouer. Lorsqu'il désigne la manière de se comporter, l'exercice de droits et devoirs, le jeu de l'acteur juridique se dévoile au travers de la persona, ce masque de théâtre romain dissimulant sa vraie nature. Le droit autorise d'ailleurs des jeux d'ombre et de lumière sur la scène juridique comme la fiction, la dissimulation, l'apparence. Plus originalement encore, la manière de jouer laisse place aux actions mécaniques. Le droit peut être expliqué grâce au jeu. Le jeu est alors une méthode utilisée pour dévoiler et expliquer les interactions et connexions dont peuvent faire l'objet différentes disciplines du droit entre elles ou avec tout autre élément. L'analyse économique du droit en est une illustration. Pour finir, le jeu est compris de manière plus évanescente comme un modèle de pensée lorsqu'une théorie du jeu appuie ou devient une théorie du droit. Le jeu comme le droit sont, en définitive, deux notions dont les liens sont parfois insondables et vont bien au-delà des occurrences ici exprimées. La seule certitude est que les contributeurs de cet ouvrage se sont amusés à les révéler.

11/2019

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Faits de société

De l'amour et du crime, du sexe et des enfants

L'arrestation, puis l'annonce de la mort du milliardaire pédophile Jeffrey Epstein déclenchèrent en 2019 plusieurs vagues de révélations qui virent les grands médias jeter l'opprobre sur quelques personnages haut placés. Déjà mis en cause pour le viol d'une mineure en 1977, le cinéaste franco-polonais Roman Polanski dut faire face à une série de dénonciations pour des viols dont plusieurs femmes dirent avoir été victimes il y a 25, 35 et même 45 ans. Des féministes réussirent à perturber à Paris la projection de son dernier film, allant jusqu'à accuser les spectateurs de complicité avec le criminel. Puis on apprit les méfaits et la fuite à l'étranger d'un comparse d'Epstein, Jean-Luc Brunel, alias Benchemoul, directeur d'une agence de mannequins à Paris et fournisseur d'adolescentes pour mâles fortunés en quête de chair fraîche. S'ensuivit une interview, que les médias qualifièrent de calamiteuse, du prince royal d'Angleterre Andrew, qui dut à son tour de justifier d'avoir été vu et revu en compagnie du pédophile et, une fois au moins, enlaçant la taille d'une très jeune fille. Dernier scandale en date : la parution, début janvier 2020, des souvenirs d'une jeune femme qui raconte ce que furent ses rapports, quand elle avait 14 ans, avec Gabriel Matzneff qui en avait à l'époque plus de 50. Le point commun de ces affaires est que dans les quatre cas, les hommes ainsi accusés sont présentés comme des pédophiles (le mot désigne les adeptes du sexe avec les enfants), alors que leurs accusatrices étaient à l'époque toutes des jeunes femmes, ou des adolescentes parfaitement formées, donc plus du tout des enfants. La dernière de ces dénonciatrices, Vanessa Springora, va même plus loin en choisissant pour son livre le titre "Le Consentement". Elle était donc d'accord... Or si ni Roman Polanski, ni Jean-Luc Brunel, ni le prince Andrew ne se sont publiquement reconnus pédophiles, Gabriel Matzneff, lui, le revendique haut et fort. Comment peut-on qualifier de pédophiles et de criminels, des hommes ayant eu des relations sexuelles avec de jeunes filles pubères et, qui plus est, consentantes ? La lecture attentive de plusieurs écrits de Matzneff, m'a donné, il y a plus de vingt ans, la réponse à cette question.

02/2020

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Critique littéraire

Héloïse vierge et mère. Un cas de pédophilie incestueuse au 12e siècle

Le chanoine Fulbert est un pervers. Il fait sautiller sur ses genoux une écolière particulièrement éveillée. Nubile probablement, elle est aussi avancée dans les choses de la vie. Elle se trouve enceinte, nul ne sait comment. Les badineries de cet oncle - en réalité son père - tiennent du prodige. Abélard, le grand philosophe à succès, devient son ami. Son esprit en est tout retourné comme le cœur de cette ado. A son grand dam, il met les pieds - en tout cas les pieds - dans cette affaire amoureuse. Alors qu'ils se demandent où ils en sont, où est le sommet de l'amour, la grossesse d'Héloïse fait explosion ! D'où vient ce gamin, qu'elle désigne par un prénom d'avant-garde, Astrolabe, instrument du destin ? Abélard apprend bientôt que son amie est esclave. Le chanoine se l'est procurée au couvent voisin. Le philosophe pense que pour la délivrer de son joug, il suffit de l'emprunter à son propriétaire. Celui-ci est trop heureux si un benêt se charge bénévolement de la délivrance de son faix. Héloïse n'a peut-être pas connu l'homme Abélard qui n'a pas connu la fille. Mais elle porte un bébé. Le serment qu'il a échangé avec Héloïse l'oblige à devenir le père putatif. Un autre contrat le lie au représentant de l'Église, le chanoine oncle et père à la fois, plutôt deux fois qu'une. Il doit rendre la marchandise bien-aimée, Héloïse au beau sein. Il s'ingénie à ne pas remplir cette clause. Le chanoine se venge sauvagement. Il castre le philosophe et, par le même coup, tue l'amour physique du couple. Héloïse refuse le mariage. Elle ne veut pas qu'il soit dit que son amant est le père de son fils. Car le père de son fils, eh bien ! c'est son père à elle ! Elle refuse aussi de retourner chez celui qui l'a couverte et qu'elle sait ne pas pouvoir dénoncer. Son paladin la délivre. Elle choisit de se réfugier dans son couvent couveur, la pépinière du Prieuré d'Argenteuil. En se faisant nonne, elle épouse le Christ, seul capable de la sauver. Jusqu'ici les seuls éléments négociables de cette histoire sont érotiques. Il y a du sexe partout et un tas de choses qu'on n'a pas encore osé dire.

02/2008

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Critique littéraire

Georges Bernanos encore une fois. Et quelques autres textes précédés de La France contre les robots ou le sermon aux imbéciles

Bernanos aura saisi dans la jeunesse de quoi perpétuer librement la seule oeuvre de rébellion qui tienne ?: l'insurrection contre le mensonge. Par cette sorte de philosophie politique enfantine, le vieux chevalier errant désigna d'un mot les tortionnaires et les bien-pensants de tous les totalitarismes à venir ?: "?Je dis que les tueurs ne sont venus qu'après les lâches.?" Oui on peut être lâche aussi devant la vérité. Dès 1937, il avait prédit que "?les massacres qui se préparent un peu partout en Europe risquent de n'avoir pas de fin ?", ils ne garderont que "?l'apparence des antiques guerres de religions ?" auxquelles on les compare ?: "?on ne se battra pas pour une foi, écrivait-il, mais par rage de l'avoir perdue, d'avoir perdu toute noble raison de vivre...?" Une décennie et quelques dizaines de millions de morts après, en 1947, dans l'illusion de la "?victoire des démocraties ?", Bernanos ne déclenchait qu'un silence glacial en déclarant que rien n'avait changé?: "?Il s'agit toujours d'assurer la mobilisation totale pour la guerre totale, en attendant la mobilisation générale. Un monde gagné pour la Technique est perdu pour la Liberté.?" Tandis que triomphent les générations successives plus déleurrées et froides que M. Ouine, Georges Bernanos est encore plus mal compris. C'est pourquoi Sébastien Lapaque, essayiste turbulent et critique aguerri (au Figaro), a raison de joindre ici à son premier livre, consacré à celui qu'il avait choisi pour capitaine il y a vingt ans, des textes de maturité qui éclairent la longue confrontation avec un monde régi par le mensonge, l'argent et le nihilisme. Si le déracinement industriel a produit aussi bien les moutons à égorger que les "?loups solitaires ?", du moins l'exil (ou le mal du retour) ne mène-t-il plus, avec Bernanos, aux embardées commodes de "?la hideuse propagande antisémite ?"?: l'attachement farouche à une civilisation chevaleresque nous en préserve en fin de compte, radicalement et définitivement. Le précieux héritage des peuples a été sauvé grâce à la parole biblique. Au contact des brutalités de la guerre, alors que se levait "?aux rives du Jourdain la semence des héros du ghetto de Varsovie ?", Bernanos avertit ?: "?Vous aurez à payer ce sang juif d'une manière qui étonnera l'Histoire.?"

04/2018

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Théâtre

Théâtre choisi. Tome 7, Tragédies sanglantes

Dans les trois pièces de ce recueil, Hanokh Levin crée une forme de tragédie moderne qui traduit sa vision du monde sans l'inscrire dans une réalité précise, tout en laissant une grande place à l'interprétation. L'Empereur. Dans cette reprise du mythe d'Ion, la jeunesse est sacrifiée et le salut, absent. Le jour de l'anniversaire de l'Empereur, devant le palais où accourt la foule, se rencontrent un orphelin qui rêve de retrouver les bras de sa mère, une princesse qui souhaite connaître son avenir et un couple royal qui espère, avant de mourir, obtenir une descendance. Le choc de leurs aspirations pose la question de la filiation et de l'implacabilité du destin. Fantasmagories. Un enfant est projeté dans l'horreur du monde en découvrant que ses nobles parents ne sont que des faux-semblants, qu'il est le fils de misérables paysans et qu'il doit être conduit au palais pour y être castré et devenir l'un des eunuques de l'impératrice. Pourtant, on lui avait prédit qu'il épouserait une princesse. Fût-elle morte, dût-elle le conduire à sa propre mort, l'enfant, jusqu'au bout, s'accrochera à cette chimère, subjugué par toutes les illusions, dont celles du théâtre. Mise à mort. Entre le groupe des bourreaux et celui des victimes, les jeux sont faits d'emblée : un être humain sera désigné pour mourir après avoir subi les pires humiliations. Bien qui" élue" pour changer la marche du monde, l'une des victimes échoue aux trois épreuves auxquelles elle accepte de se soumettre : l'amour, la servitude, la pitié. A travers ce dispositif, Levin nous permet d'observer jusqu'où l'homme est capable d'aller pour avoir la vie sauve. Mise à mort dialogue avec les mystères du Moyen-Age, L'Empereur avec la tragédie grecque, et Fantasmagories est une pure création. Se déploie ici une langue théâtrale renouvelée où l'abstraction de l'intrigue naît de situations effroyablement concrètes, servies par des dialogues d'une extrême concision poétique. Dans ce théâtre de la cruauté, Levin transforme le plateau en un lieu où va s'accomplir un mystérieux sacrifice. Au centre de l'action, des corps humains, torturés et humiliés, avancent inéluctablement vers la mort. Dans une succession de situations dérangeantes et violentes, Levin met à nu les mécanismes de l'âme humaine, révélés dans toute leur horreur au XXe siècle.

06/2018

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Proche-Orient

L'empire perse, les Grecs et le politique

L'empire perse achéménide fascine les Grecs, qui le perçoivent de façon très déformée, et qui comprennent mal son fonctionnement. Au ve siècle avant J. -C, son observation alimente leur réflexion politique, parallèlement à la stasis, terme par lequel ils désignent les conflits internes de leurs cités. Dans ce double exercice, Hérodote, les Tragiques et les Sophistes pensent le politique, et ils préparent la naissance de la théorie politique au siècle suivant. Le débat sur la meilleure constitution en procède : Hérodote le projette sur les conjurés perses de 522 (III, 80-82). La crise qui éclate cette année-là dans l'empire perse tient à ce que la succession de Cyrus, mort en 530 avant J. -C. , n'était pas réglée, bien qu'il ait désigné son fils Cambyse pour lui succéder. Ce dernier a probablement compromis lui-même ce processus, en faisant éliminer son frère Bardiya, en dévoyant à cette fin le rituel originellement babylonien du substitut royal, ignoré des Grecs en tant que tel, mais transformé par eux de façon totalement inconsciente sur le mode du dédoublement et de la ressemblance. L'instrument de cette machination, le mage Gauma¯ta, était devenu Bardiya, en vertu même du rituel, et il a prétendu régner à la place de Cambyse avant même sa mort, survenue selon toute apparence de façon accidentelle. Darius, probable cousin de Cambyse, a renversé le mage avec 6 conjurés, pour régner à son tour, en prétendant restaurer la légitimité dynastique. Le débat constitutionnel qui précède son avènement chez Hérodote est fondé sur une arithmétique élémentaire opposant constamment le petit nombre, réduit jusqu'au chiffre un, un effectif un peu plus important, mais qui demeure restreint, et le grand nombre. Cette distinction se retrouve entre la monarchie, pouvoir d'un seul, l'oligarchie, pouvoir d'une minorité, et la démocratie, pouvoir du grand nombre. Les Grecs l'appliquent au champ du politique, alors que le monde indien répartissait les fonctions duméziliennes selon le même critère. L'historiographie grecque des rois mèdes et perses est fondée sur une typologie d'inspiration tout aussi tri-fonctionnelle, qui réserve à chacun d'entre eux un rôle : roi fondateur et organisateur, roi guerrier, souverain lié à la Troisième Fonction. Cette typologie n'est pas un carcan rigide, et elle s'adapte à chacun des règnes, et à chacun des monarques.

03/2022

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Sociologie du travail

Concevoir le travail, le défi de l'ergonomie

Ecrit près de trente ans après la parution de Comprendre le travail pour le transformer, la pratique de l'ergonomie, ce livre prend acte de deux évolutions massives qui appelaient à la rédaction d'un nouvel opus : les transformations des modes de production et de travail d'une part, et les évolutions de l'ergonomie elle-même, en particulier l'approfondissement de son programme sur la conception. Il a pour ambition de fournir des ressources conceptuelles et méthodologiques pour contribuer à la fabrication du travail humain. Son objectif est de ne pas laisser la réalité, l'épaisseur et le devenir de l'activité humaine dans l'ombre de l'implicite et de l'impensé. Son programme est de faire du travail un objet de connaissance, et de contribuer à expérimenter et à dessiner aujourd'hui les bases et les principes du travail humain de demain. Il est composé de six parties : -la première désigne les enjeux auxquels nous sommes actuellement confrontés, tant du point de vue des évolutions des systèmes de production que de la santé des protagonistes : -la deuxième partie discute une diversité de modèles de la santé et de la performance, ainsi que la rationalité d'action dans laquelle est engagée l'ergonomie (l'intervention) et ses nécessaires dimensions éthiques ; -la troisième partie est centrée sur la méthode d'intervention que nous proposons de mettre en oeuvre ; -une quatrième partie approfondie la méthode au plan des outils et des techniques ; -la cinquième partie discute quelques-unes des interpellations sociétales et des convocations disciplinaires auxquelles nous semble aujourd'hui confrontée l'ergonomie ; -et comme cet ouvrage a été terminé juste avant la pandémie de la Covid-19, il nous a semblé utile de confronter la pertinence des thèses défendues à cette crise inédite dans un sixième chapitre. L'analyse qui en est fournie nous conduit à réaffirmer notre projet : maintenir vivante la bataille du travail réel, et persévérer sur la voie d'une émancipation par le travail. Au final, cet ouvrage est avant tout destiné à ceux qui feront l'ergonomie de demain : nos étudiants, nos collègues jeunes et moins jeunes, et de manière générale à toutes celles et ceux qui voudront s'engager dans l'exercice professionnel exigeant qu'est la pratique de l'ergonomie.

04/2021

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Religions orientales

Les maîtres du karma

LES MAITRES - Les grandes religions donnent des noms divers à cet Homme parfait, mais quel que soit le nom, l'idée reste la même ; qu'il soit Mithra, Osiris, Krishna, Bouddha ou Christ, toujours Il symbolise l'homme devenu parfait. Il n'appartient pas à une religion seulement, Il ne fait point partie d'une nation seule, d'une famille humaine unique ; Il n'est point emprisonné dans les formes d'une foi particulière. Partout c'est Lui le plus noble, le suprême idéal. Toutes les religions Le proclament, en Lui est leur raison d'être à toutes. Il est l'Idéal auquel aspire toute foi et une religion ne remplit efficacement sa mission qu'en raison de l'intensité de la lumière qu'elle projette, de la précision des enseignements qu'elle formule sur la voie qui conduit vers Lui. Le nom de Christ qui désigne l'Homme parfait par toute la chrétienté est le nom d'un état bien plus que celui d'un homme. "Le Christ en vous, c'est l'espoir du triomphe", telle est la pensée de l'instructeur chrétien. Au cours de leur longue évolution, les hommes parviennent à l'état de Christ, car tous doivent accomplir en leur temps le pèlerinage séculaire et Celui qui est connu sous ce nom en Occident est l'un des "Fils de Dieu" qui ont atteint le but final de l'humanité. Ce nom a toujours comporté un attribut : l'Oint du Seigneur, qui indique un état, et cet état chacun doit l'atteindre. Il est dit : "Regarde au dedans de toi, tu es Bouddha" et "Jusqu'à ce que Christ soit né en vous". KARMA - Nous vivons dans le domaine de la loi, nous sommes environnés de lois que nous ne pouvons briser ; voilà qui est évident. Cependant, lorsque nous avons reconnu que ce fait est réellement une partie de notre vie, lorsque l'existence de ce fait nous apparaît dans le monde moral et mental aussi bien que dans le monde physique, nous sommes tentés jusqu'à un certain point de nous abandonner au sentiment de notre faiblesse, comme si nous nous sentions dans les griffes de quelque puissance redoutable, qui nous aurait saisis et nous ferait tournoyer à son gré, où elle veut.

04/2022

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Arts premiers

Anangu Collective. Edition bilingue français-anglais

La Fondation Opale et 5 Continents lancent une série de monographies consacrées aux principaux artistes et oeuvres d'art aborigènes d'Australie. La première de ces monographies a pour objet deux grands tableaux réalisés par un collectif d'artistes, hommes et femmes, de la région APY (Anangu Pitjantjatjara Yankunytjatjara) ainsi que l'installation Kulata Tjuta : Kupi Kupi, due à des artistes de cette même région. Réalisées en 2018, les deux toiles sont, tout comme l'installation, issues d'un processus de production collaboratif, emblématique de la tradition des aborigènes d'Australie. Ces oeuvres majeures, nourries en particulier des histoires mythiques du "Temps du Rêve" , caractéristiques de l'imaginaire de ces peuples, sont les pierres angulaires de la collection qui constitue le coeur de la Fondation Opale. La Fondation Opale, à l'instar de sa fondatrice et cheville ouvrière Bérengère Primat, a une relation particulièrement forte et vivante avec les artistes et les ateliers d'art de cette région d'Australie centrale, où ses représentants se sont rendus à maintes reprises. Les deux toiles, auxquelles ont respectivement collaboré plusieurs femmes et plusieurs hommes, artistes reconnus de longue date au sein de leur communauté, ont été commandées à leurs auteurs par Bérengère Primat, et le processus de leur réalisation est abondamment documenté. Ce magistral témoignage artistique atteste du dynamisme et de l'actualité de l'art aborigène d'Australie à l'époque contemporaine, ainsi que de la relation intime qu'entretiennent les habitants avec leur terre. Kupi Kupi, réplique de l'installation de 2010 Kulata Tjuta (les deux titres signifient respectivement "tourbillon" et "nombreuses lances" en langue pitjantjatjara), est une oeuvre monumentale composée de 1 500 lances, en même temps qu'une métaphore de la société anangu contemporaine et de la direction imprévisible dans laquelle celle-ci évolue. Le mot Gay'wu désigne en yolngu, langue du nord-est de la Terre d'Arnhem, un dilly bag, c'est-à-dire un petit sac en tissu fait de fibres, et qui contient, selon la tradition, la sagesse et la connaissance. Les monographies qui suivront ont pour ambition de faire connaître au monde entier quelques-uns des plus remarquables artistes aborigènes d'Australie ainsi que leurs oeuvres, qui nous offrent un aperçu de la culture et de la sagesse ancestrales des peuples "premiers" de la région.

05/2021

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Antiquité - Essai

Etudes de philologie et d'histoire ancienne. Tome 5, D'Alexandrie à Rome. L'itiniéraire de l'historien Appien

L'expression "monde gréco-romain", contestée par certains, correspond néanmoins à une réalité, incarnée, entre autres, par l'historien Appien, un notable d'Alexandrie, évidemment bilingue, qui préféra le barreau à la sophistique et acquit assez de réputation pour plaider à Rome devant plusieurs empereurs, dont Hadrien et Antonin le Pieux. Il se lia d'amitié avec Cornelius Fronton et obtint sur le tard, par son entremise, la procuratèle qu'il ambitionnait. Il n'était assurément pas le premier Alexandrin à s'installer dans les bureaux du Palatin, mais sa trajectoire nous est de mieux en mieux connue grâce à des documents nouveaux. Un papyrus d'Oxyrhynchos, publié depuis peu, éclaire d'un jour entièrement nouveau le "grammairien" Apion, qui fut aussi un poète admiré, honoré en Grèce et en Italie, fort éloigné de la caricature dessinée par Flavius Josèphe. Les Alexandrins firent de lui l'un des leurs et l'on peut penser qu'Appien compte parmi ses descendants. C'est le point de départ de ce livre. La découverte à Rome du sarcophage d'un Appien qui ne saurait être que l'historien ouvre d'autres horizons. Son épouse, la "noble Eutychia", était probablement la fille d'un grammairien natif de Sicca, près de Carthage, ami de Cornelius Fronton, lui-même originaire de Cirta. On comprend mieux dès lors comment Appien fut introduit dans le cercle de Fronton, et aussi pourquoi l'histoire des guerres puniques fut le premier sujet qu'il aborda. Comme le grammairien de Sicca semble avoir composé lui aussi une histoire des provinces de l'Empire, peut-être à la demande d'Hadrien, l'entreprise d'Appien paraît moins isolée qu'on ne le pensait. Alexandrie et Rome étaient l'une et l'autre les capitales de la Terre et du Monde, promises à l'éternité. Hadrien en était persuadé et c'est sans doute la raison pour laquelle il désigna Appien pour exercer la prêtrise d'une Vénus astrale en qui s'incarnait la Fortune de Rome. Cette biographie de l'Alexandrin n'est donc pas seulement l'histoire d'un provincial de l'époque antonine parfaitement intégré dans le système impérial. C'est aussi celle d'une époque, marquée entre autres par les dégâts du fanatisme juif et par l'évolution du paganisme, qu'Hadrien engagea dans des voies nouvelles.

01/2022

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Photographes

Monographie

Il y a plus de 25 ans, Takeshi Shikama, qui est né et vit à Tokyo, décide de s'installer à la campagne, dans la province de Yamanashi. Pour construire une maison sur le terrain qu'il possède, il faut abattre un certain nombre de conifères centenaires. Takeshi participe au déblayement du terrain et racontera plus tard son expérience, lorsque la sève des arbres coupés lui coulait sur les bras, imprégnant sa peau et son esprit. Au Japon, ou la forêt recouvre 80% du territoire, on considère que les arbres aussi ont une âme. Takeshi ne s'en doute pas, mais cette expérience va bouleverser sa vie. Sept années plus tard, ce citadin de souche s'aventure dans la forêt pour s'y promener. Il s'y perd et se retrouve au milieu d'un sous-bois, tapis d'ombres et parsemé d'éclaircies. C'est à ce moment qu'il ressent un lien profond avec la nature, comme si la sève des arbres abattus s'était mêlée à son sang. Il décide alors de revenir le lendemain pour immortaliser cette épiphanie émotionnelle, à l'aide d'une chambre photographique. Après une carrière dans le design, son oeil est aguerri à la composition. Abordant l'obscurité comme point de départ il laisse l'oeil cheminer vers la lumière, symbole d'espoir. S'attelant à photographier les forêts du Japon, il laisse son instinct le guider, et se met à l'écoute de la nature. "Ce n'est pas moi qui choisi les arbres à photographier, c'est eux qui me choisissent, " dira-t-il. "Ils m'appellent et me demandent de réaliser leurs portraits". Il nommera sa première série : "Respiration Silencieuse des Forets", dont il réalise un ouvrage (2008). C'est en venant aux Rencontres d'Arles en 2008, et avec l'aide de Yukiko, sa femme, assistante et interprète, que Takeshi Shikama confronte son travail au monde professionnelle de la photographie. Alors que la plupart des candidats aux Portfolio Reviews viennent munis de CDs, clés USB ou books de tirages numériques, Takeshi apporte plusieurs boîtes d'épreuves au platine/palladium qu'il a réalisé lui-même. Le photographe se révèle être aussi un artisan du tirage. Les participants sont subjugués. Le collectionneur Bill Hunt en pleur d'émotion. La route sera encore longue avant sa première exposition en galerie, mais le photographe à enfin la confirmation, de par ses pairs, qu'il est sur la bonne voie. Grace aux expositions organisées sur plusieurs continents, l'artiste aura l'occasion de voyager. Il appliquera ce même regard contemplatif pour créer de nouvelles séries autour des espaces sauvages (Yosemite, Galicia, Isle of Skye) ou ceux domptés par l'homme (Urban Forests, Valley of Beauty, Garden of Memory). La période que nous vivons, entre le réchauffement climatique et la pandémie, nous fait prendre conscience de l'importance qu'a la nature dans nos vies. Ce livre souhaite réconforter et renforcer le sentiment d'émerveillement et d'attachement que nous éprouvons pour notre planète. A défaut de changer les mentalités, cet ouvrage restera un témoin durable et universel des trésors que recèle notre Terre mère, pour les générations futures.

11/2022

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Esthétique

La beauté civile. Splendeur et crise de la ville

Jamais, dans l'histoire, on n'a construit autant que de l'après-guerre à aujourd'hui, et même que de 1955 à nos jours ; et jamais on n'a produit autant de laideur. Alors que la recherche de la beauté pour les corps, le vêtement, les objets, souvent sous forme d'injonctions distillées par toutes les propagandes de la mode, de l'image de soi, du design, accordées au rythme d'une consommation industrielle à la fois et paradoxalement standardisée et vécue comme individuelle, devenait un trait distinctif de l'époque où nous vivons, le visage du monde a subi un enlaidissement puissant au point de sembler, dans l'ordre civil comme dans l'ordre écologique, presque irrémédiable. Les villes, tout particulièrement, en ont souffert - devenant souvent non seulement les symptômes, mais les causes du mal qui les affecte. "Beauté", "laideur" : c'est très sciemment, et parfois de façon polémique, que Giancarlo Consonni reprend ici les notions mêmes sur lesquelles la modernité, singulièrement tardive, a jeté la suspicion, les reléguant dans un passé révolu, et dans ce qu'elle baptisait du nom d'idéologie, comme telle prétendument dépassée pour laisser place ardemment à un autre rapport aux choses et à l'espace dont nous mesurons aujourd'hui le résultat. L'auteur, afin d'éviter la critique si prévisible et convenue de ces notions, devenue un véritable pont aux ânes, prend soin d'adjoindre le qualificatif de "civil", appelé non seulement par le sujet qu'il traite, la ville, mais par une tradition philosophique et juridique très vivante en Italie depuis Vico. Deux questions parcourent les textes formant la matière de ce livre : quels sont les secrets de la beauté urbaine que nous avons héritée de l'histoire et d'où prend-elle naissance ? Quelles sont les causes d'une si vaste extension de la laideur ? Pour répondre à ces deux questions essentielles, Giancarlo Consonni emprunte quelques itinéraires où s'entrelacent passé et présent : la relation à la nature et à la clairière dans la fondation des villes et leur récit, la relation entre ville et campagne chez un penseur de la civilité comme Cattaneo redevable à son maître Romagnosi, les jeux toujours présents de la lumière et de la couleur dans les villes italiennes, la révolution urbaine liée à l'architecture moderne et les effets souvent fâcheux qu'elle a produits, la question de la mesure dans le bâti et l'urbanisme, les symptômes visibles de la dégradation civile, etc. Ces analyses confirment la fécondité de la notion de "beauté civile" formulée par Giambattista Vico, et déclinée après lui, au moment même des premières transformations industrielles, par les deux grands esprits que furent Romagnosi et Cattaneo. La beauté des villes et de l'architecture a trouvé le lieu et pour ainsi dire le terreau de son développement dans les liens civils, dans la tension vers une identité collective profondément attachée à ce qui peut donner sens et raison, donc représentation, à la manière d'habiter le monde. La crise actuelle de la beauté urbaine et des paysages renvoie à une crise bien plus vaste, dont l'auteur examine les causes sans renoncer à indiquer des issues possibles.

04/2021

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Religion

PREDICTIONS DE SOEUR YVONNE-AIMEE DE MALESTROIT. Une vérification exceptionnelle dans l'histoire de ce charisme

Peut-on prédire l'avenir ? Non, disent Bergson, et les théologiens classiques : sauf intervention mystérieuse du Dieu transcendant. En général on ne parle des prophéties qu'après leur réalisation, et le texte peut y avoir été conformé après coup. Ainsi, la plupart des exégètes pensent-ils prudent de ne dater les textes des prophéties bibliques qu'après réalisation. - Connaissez-vous des cas où la prédiction ait été écrite avec certitude antérieurement à la réalisation ? a demandé l'abbé Laurentin aux Bollandistes. - Nous n'en connaissons pas, a répondu le doyen. Les prédictions d'Yvonne-Aimée constituent donc un cas unique : une première. 1. Ses prédictions ont été écrites avant l'événement, par obéissance : La critique historique, la graphologie et les expertises en écriture le prouvent absolument. 2. Il s'agit souvent d'événements imprévisibles : en 1922, Yvonne-Aîmée a vu des hommes en vert envahir la France, tandis que des " cylindres " tombaient sur les villes. L'armée allemande n'avait pas encore adopté l'uniforme vert. Les prédictions précisent la date de la Deuxième Guerre mondiale : 1939. Yvonne a prévu ses 5 décorations de guerre, dont la Légion d'Honneur, que de Gaulle tint à lui remettre personnellement, et le " grand général " qui vint " la saluer " lui aussi, à l'occasion de la sixième. Elle a prédit à ses amis et à ses ennemis (des inconnus), la date de plusieurs morts, etc. 3. Elle l'a prédit sans rien y comprendre. Elle était humiliée d'écrire par obéissance de telles folies. Et cela éclaire la nature même des prophéties, y compris bibliques. 4. Ces prédictions ne sont pas une performance de diseuse de bonne aventure. Elles ont un rôle fonctionnel pour sa vie, pour sa mission, pour la France et pour le monde. La guerre mondiale a été " abrégée " lui dit Jésus et conduite à un dénouement heureux, grâce à l'offrande qu'elle avait faite de sa vie. Ce dossier invite à prendre au sérieux les charismes extraordinaires d'Yvonne-Aimée, que certains avaient déclaré surfaits, illusoires, voire hystériques. Mais surtout, ces prédictions ne sont que le surcroît d'un amour extraordinaire et d'une union hors série avec le Christ. Yvonne-Aimée m'a fait comprendre, disait Mgr Picaud (qui fut désigné, pour être son censeur et son directeur de conscience) jusqu'où Dieu peut aller, dans sa familiarité, pour qui vraiment se donne à Lui. C'est l'ultime leçon de cet incroyable, rigoureux... et passionnant dossier.

10/1995

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Actualité et médias

La pensée blanche

Un livre personnel et percutant sur un thème original par un joueur de football légendaire, très aimé des Français Un jour, je demande à mon plus ancien ami : " Eric, tu as bien conscience que moi, je suis noir ? - Ouais. - Mais si moi, je suis noir, toi, tu es quoi... ? - Ben, je suis normal. " Ce drôle de mot, " normal ", a été pour moi comme un détonateur. J'ai réalisé brutalement que les Blancs ne se voient pas blancs et, plus largement, qu'ils n'ont pas conscience de la position de domination dans laquelle l'histoire les a placés. Pourtant, quand on leur demande : " Est-ce que vous aimeriez être traités comme la société traite les personnes noires ? ", tous sans exception répondent : " Non. " C'est bien qu'ils savent. Mais que savent-ils vraiment ? Et pourquoi l'acceptent-ils ? De ces interrogations est né cet essai, où j'essaie de décrypter la manière dont la supériorité blanche s'est enracinée dans les esprits au fil des siècles, au point de sembler " aller de soi " encore aujourd'hui. C'est cela, la pensée blanche : je parle, je signifie aux autres ce qu'ils doivent être, mais personne n'est autorisé à parler de moi. La longue domination des hommes sur les femmes fonctionne selon le même principe. Ce livre revisite tout d'abord certains pans de l'histoire : les conquêtes coloniales, l'esclavage, les empires, le Code Noir, l'instrumentalisation de la science et de la religion, la post-décolonisation et le pillage des ressources naturelles, le vol du patrimoine africain... Il examine les mécanismes intellectuels invisibles qui assoient la domination des Blancs. Il désigne le racisme ordinaire de nos sociétés, tissé d'une succession de petits faits parfois connus, parfois pas du tout : joueurs de football noirs accueillis par des cris de singe, discriminations à l'embauche, contrôles policiers au faciès, politique de " quotas " des minorités... Pour autant ce n'est pas un livre " anti-Blancs " : il ne s'agit pas pour moi de pointer quiconque du doigt. Je ne demande qu'une seule chose : qu'on ouvre les yeux avec honnêteté et lucidité sur des faits. Mon rêve est que nous soyons capables d'affronter les problèmes sans préjugés, comme des femmes et des hommes qui descendent tous du même ancêtre. Ce livre entend participer à sa manière à la libération des esprits pour que nous puissions un jour dépasser les couleurs de peau, pour finir par nous considérer comme ce que nous sommes : des êtres humains.

10/2020

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Rock

Ferry, Eno, Roxy. Le Rock BCBG

Roxy Music, ce n'était pas un groupe lambda. Ces musiciens faisaient un rock glamour, à la fois progressif et rétro, futuriste, passéiste, ironique, distant, dérangeant. On les écoutait, intrigués. On perdait vite ses repères. Ces Anglais avaient un look pas possible, comme des rockers fifties échappés du futur. Les lunettes de mouches mortes de Phil Manzanera, les fourrures "mère-grand" de Brian Eno, c'était décadent. Au milieu de tant de disques fanés, qui rappellent à quel point les seventies furent parfois décevantes, Roxy Music brille encore. Bryan Ferry au chant, Andy Mackay au saxophone, Phil Mazanera à la guitare, Paul Thompson à la batterie, Brian Eno au synthé... Eno ne restera pas longtemps au sein du groupe. Il préférera tenter l'aventure en solo. Il sera l'un des pionniers de l' "ambient music" et un producteur recherché. Nous avons tenté d'esquisser des vies parallèles de Brian Ferry, rocker BCBG, et de Brian Eno, pionnier de l'électronique. Comment Roxy Music a-t-il été perçu à l'époque ? On ne savait pas trop si c'était de l'art ou du cochon. En 1973, on les considérait un peu comme le groupe à la mode, mais moins intéressant que David Bowie, moins mélodique. On croyait avoir affaire à un feu de paille. Ce ne fut pas le cas. Bryan Ferry a poursuivi une carrière solo, avec le succès que l'on sait. On l'a pris pour un mondain, c'est avant tout un cinéphile. Il a hanté les années 30, le répertoire de Cole Porter. Il a même repris du Dylan. L'étiquette "rock BCBG" est un peu ironique. Pourtant elle semble moins péjorative que celle de "rock FM" , qui désigne un rock formaté pour les radios américaines, un rock commercial et souvent insipide. Le rock BCBG, c'est une esthétique - un rock raffiné, sans être du rock prog. Sorti en mai 1982, l'album Avalon, par exemple, n'est ni new wave ni after punk. C'est plutôt un album anti-punk, mais sans agressivité aucune, sans déclaration de guerre. Pas du rock engagé. Plutôt du rock dégagé. Des airs qui se perdent dans les brumes, vers l'île des fées. Bryan Ferry a dû détester le punk qui lui avait coupé les ailes en 1977, l'avait terriblement ringardisé et réduit à l'image de crooner rétro. Il a attendu son heure, sinon sa revanche. Cinq ans après les Sex Pistols et les Clash, Roxy Music publie Avalon. C'est au tour des punks de se sentir relégués, de voir leur image ternie.

01/2023

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Littérature française

Nestor rend les armes

Nestor est comme exilé dans son propre corps. Il est obèse. Le monde extérieur lui est hostile, les moindres gestes du quotidien sont pour lui une souffrance : depuis longtemps déjà, Nestor ne parvient plus à nouer ses lacets, descendre un escalier est une épreuve et parcourir les cent mètres qui le séparent du supermarché une expédition. Enfermé dans sa solitude, son existence apparaît comme une succession d'instants et de mouvements détachés les uns des autres : "Il se laissait glisser, conscient qu'à n'avoir aucune raison de vivre, on n'en a pas non plus pour mourir. Il flottait. Parfois il se disait que les émotions ne pouvaient plus atteindre son coeur à cause des barrages de graisse à franchir. Alors, pensait-il, il valait mieux ne pas maigrir. Il serait terrassé par une rafale d'émotions enfouies dans ses plis. Il était une boîte fermée". De cet être désigné au regard des autres comme un monstre, Clara Dupont-Monod tente de saisir le mystère. Celui dont le seul horizon est la photo d'un phare du bout du monde accrochée dans sa cuisine devient sous nos yeux un personnage, riche de l'histoire de son exil : argentin, arrivé en France pendant la dictature, il y retrouve une jeune femme qu'il épouse et avec qui la vie est douce. Jusqu'au drame qui inexorablement les éloigne l'un de l'autre au point qu'il finira enfermé dans la rassurante forteresse de sa propre chair. Au fil des pages, et comme à l'insu du lecteur, l'obèse réduit à sa particularité physique prend la dimension d'un être humain ordinaire. Contraint de trier les papiers de sa femme, il se retrouve confronté, à travers lettres et journaux intimes, à la vérité qu'il fuyait. Une brèche s'entrouvre alors dans le système de défense de celui à qui seule la nourriture apporte du réconfort - ses repas sont orchestrés comme des campagnes militaires et ingurgités dans sa cuisine, devenue son refuge. A force de patience et de tendresse, une jeune femme, médecin, parviendra peut-être à conjuguer sa propre solitude à celle de ce patient peu ordinaire. La langue poétique et précise de Clara Dupont-Monod agit comme un charme puissant pour suggérer l'indéfinissable attachement, tissé de leur besoin de chaleur et de leur détresse, qui naît entre ces deux-là... L'écrivain se garde bien de conclure : trois issues s'offrent au lecteur, comme s'il était impossible qu'une si belle histoire finisse mal.

08/2011

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Linguistique

Langue

Dans cet essai, il s'agit de comprendre pourquoi la prévalence de la langue est avant tout un outil du pouvoir afin de discréditer toute forme d'émancipation langagière et donc politique. En France, la " langue française " a été construite par une élite à partir du XVIIe siècle afin de devenir à la fois un objet de culte national et un instrument de domination sociale. Ainsi homogénéisée, fixée, sacralisée, la notion de langue a totalement évincé une autre manière d'envisager le langage et les pratiques langagières, définissables à travers le terme de parole. Au nom de sa domination, " la langue " a entraîné des hiérarchisations visant à dévaloriser des formes non institutionnalisées ou non écrites auxquelles on a collé des étiquettes telles que patois, dialectes, pidgins, mélanges, petit-nègre, etc. Bien entendu, ces hiérarchies ont été exportées pendant la colonisation afin d'imposer la langue supposée " civilisée " du colon face aux langues africaines uniquement appréhendées à l'aune de cette vision politique du langage : sans écriture, sans complexité, sans flexion, les langues africaines n'étaient pas considérées comme de vraies langues. Pourtant " kan " en bambara, ou " làkk ", en wolof, ne désigne pas plus la " langue " que " le parler " ou toute autre manière de communiquer dont dispose un ensemble de personnes afin de vivre, de philosopher ou de créer, à un moment donné dans un espace donné... C'est à une tout autre façon de penser le langage que nous portent les pratiques langagières. Observer la vie du langage en société à partir de la notion de " parole " change la manière même d'appréhender la société et l'histoire. A travers les particularités liées aux interactions, aux dialogues, aux échanges que suppose ce terme, nous souhaitons inverser la perspective : parler est avant tout un outil d'émancipation, et c'est ce qui dérange actuellement les tenants de ce que certains nomment la " novlangue ". En cheminant à travers l'éclosion d'une parole libre en 1968 ou plus récemment en 2019-2020 avec les Gilets Jaunes, jusqu'à l'invention d'une parole libre notamment avec l'exemple du nouchi de Côte-d'Ivoire, ce livre se veut un retour à la parole comme force vive des rapports humains face aux rapports de pouvoir qu'instaure " la " langue. Enfin, un dernier détour par l'examen de l'imposition d'un discours managérial à dominante autoritaire nous permettra de comprendre pourquoi la prévalence de la langue est avant tout un outil du pouvoir afin de discréditer toute forme d'émancipation langagière et donc politique.

05/2021

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Psychologie, psychanalyse

Le Séminaire. Livre X : L'Angoisse 1962-1963

Tout ce que nous savons d'absolument nouveau et original sur la structure du sujet et la dialectique du désir que nous avons à articuler, nous analystes, nous l'avons appris par quelle voie ? Par la voie de l'expérience du névrosé. Or, que nous a dit Freud à ce propos ? Que le dernier terme où il soit arrivé en élaborant cette expérience, son point d'arrivée, sa butée, le terme pour lui indépassable, c'est l'angoisse de castration. Qu'est-ce à dire ? Ce terme est-il indépassable ? Que signifie cet arrêt de la dialectique analytique sur l'angoisse de castration ? Ne voyez-vous pas déjà, dans le seul usage du schématisme que j'emploie, se dessiner la voie par où j'entends vous conduire ? Elle part d'une meilleure articulation de ce fait de l'expérience que Freud a désigné dans la butée du névrosé sur l'angoisse de castration. L'ouverture que je vous propose, la dialectique qu'ici je vous démontre, permet d'articuler que ce n'est point l'angoisse de castration en elle-même qui constitue l'impasse dernière du névrosé. (Extrait du chapitre IV) L'insecte qui se promène à la surface de la bande de Mœbius, s'il a la représentation de ce que c'est qu'une surface, peut croire à tout instant qu'il y a une face qu'il n'a pas explorée, celle qui est toujours à l'envers de celle sur laquelle il se promène. Il peut croire à cet envers, alors qu'il n'y en a pas, comme vous le savez. Lui, sans le savoir, explore la seule face qu'il y ait, et pourtant, à chaque instant, il y a bien un envers. Ce qui lui manque pour s'apercevoir qu'il est passé à l'envers, c'est la petite pièce qu'un jour j'ai matérialisée, construite, pour vous la mettre dans la main, celle que vous dessine cette façon de couper le cross-cap. Cette petite pièce manquante, c'est une sorte de court-circuit qui l'amènerait, par le chemin le plus court, à l'envers du point où il était l'instant d'avant. Cette petite pièce manquante, le a dans l'occasion, l'affaire est-elle donc résolue parce que nous la décrivons sous cette forme paradigmatique ? Absolument pas, car c'est le fait qu'elle manque qui fait toute la réalité du monde où se promène l'insecte. Le petit huit intérieur est bel et bien irréductible. Autrement dit, c'est un manque auquel le symbole ne supplée pas. (Extrait du chapitre X)

06/2004

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Religion

Attente de Dieu

Ce livre nous apprend le vrai sens de l'illumination qui a fait passer Simone Weil d'un agnosticisme anticlérical à une recherche religieuse qui n'a plus cessé jusqu'à sa mort. Il apporte aussi la réponse à des questions qu'un public de plus en plus étendu, et de tous les pays, n'a cessé de se poser en lisant les différentes publications posthumes qui se sont succédées de façon désordonnée durant ces quinze dernières années. Le titre Attente de Dieu désigne bien l'attitude spirituelle fondamentale de Simone Weil. A condition de l'entendre, non dans un sens passif et définitif, mais comme l'ardente "vigilance du serviteur tendu vers le retour du maître" et comme le stade provisoire d'une recherche qui préfère au plaisir de la chasse l'écoute de la vérité en une intime communion. L'expérience intérieure s'exprime donc dans ces pages avec le double accent de l'intensité et de l'inachevé. C'est un dialogue avec soi-même, avec les autres, avec Dieu, jusqu'aux niveaux les plus profonds et les plus émouvants de l'existence, dans lequel le lecteur se sent constamment interpellé et entraîné. Née à Paris le 3 février 1909, Simone Weil a été élevée dans un complet agnosticisme. Elle éprouve un sens aigu de la misère humaine, qui engendre en elle le plus vif sentiment de compassion envers les pauvres, les travailleurs, les déshérités. Elle est anti-religieuse, militante syndicaliste, éprise de la révolution prolétarienne, mais indépendante de tout parti. Jeune agrégée de philosophie elle partage son salaire avec des chômeurs. En 1934, elle abandonne sa chaire de professeur et se fait ouvrière. En 1936, elle s'engage dans la guerre d'Espagne. En 1938, une illumination transforme sa vie : "Le Christ est descendu et m'a prise.". En 1941, réfugiée dans le midi, elle fait la connaissance des Dominicains de Marseille et de Gustave Thibon ; elle diffuse Témoignage chrétien. En 1942, elle s'embarque pour New-York avec ses parents ; elle n'a de cesse de servir, à Londres où elle arrive fin novembre 1942. Mais la souffrance morale, intellectuelle, physique l'achemine rapidement à l'hôpital, puis au sanatorium d'Ashford, où elle meurt le 24 août 1943. De toute son oeuvre, ces pages spontanées et brûlantes sont des plus propres à communiquer ce qu'elle appelait ses "intuitions pré-chrétiennes" et à faire comprendre ses hésitations personnelles devant le baptême sacramentel.

10/2008

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Sociologie

Les juifs

On sait combien ce sujet a été au coeur des préoccupations de nombreux Pères du Concile et combien, en particulier, le problème de l'antisémitisme met en interrogation la conscience des'" chrétiens. Par-delà les fluctuations du texte conciliaire sur le problème juif, ce cahier désire faire le point sur la signification religieuse du judaïsme, pour le catholique et pour le juif, et aussi sur le problème historique et humain de l'antisémitisme. L'examen loyal de ce sujet peut, en effet, permettre de mieux cerner l'originalité du christianisme par rapport à sa source historique, et de mieux entrer dans la compréhension du fait juif comme, interrogation permanente et inéluctable à la conscience chrétienne. Pour pénétrer au vif du sujet, il a été fait appel à deux éminents spécialistes qui, dans un souci de mutuelle charité, n'ont voulu taire aucune difficulté en se limitant à l'essentiel du débat. Jean Daniélou. Le R. P. Daniélou, s. j. , doyen actuel de la Faculté de Théologie de l'Institut catholique de Paris, est un des plus importants des théologiens français. Spécialiste de l'histoire des origines chrétiennes, il a été un des principaux artisans du renouveau des théologies biblique et patristique et y a consacré de nombreux ouvrages qui font autorité. Loin de se cantonner à la pure recherche théorique, J. Daniélou se révèle un des plus actifs promoteurs d'une théologie vivante, soucieuse à la fois de ses sources traditionnelles et de sa responsabilité dans un monde qui pose d'urgents problèmes à la réflexion chrétienne. Véritable missionnaire de l'intelligence de la foi, et particulièrement engagé dans le dialogue judéo-chrétien, le R. P. Daniélou était tout désigné pour présenter avec compétence le point de vue catholique dans la discussion qui fait l'objet de ce cahier. André Chouraqui. André Chouraqui est né à AÏN-TEMOUCHENT (Algérie). Après des études secondaires au Lycée d'Oran, il fait des études de Théologie à l'Ecole Rabbinique de France, des études de Piµ1osophie à la Sorbonne, Langues Orientales. Docteur en droit, lauréat de la Faculté de Droit de Paris, il est avocat au barreau d'Oran. De 1941 à 1945, il dirige un réseau de résistance en Haute-Loire. Conseiller personnel de Ben Gourion de 1959 à 1963, il devient Maire-Adjoint de Jérusalem en 1964. Président de l'Alliance Israélite Universelle, André Chouraqui fait des conférences et des voyages en Afrique, en Amérique, en Europe et au Proche-Orient.

04/1997

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Histoire de France

Pierre Sellier. Le "clairon de l'armistice"

Le clairon, chargé de la transmission des ordres militaires lorsqu'on ne disposait pas de moyens sophistiqués pour se faire entendre sur de grandes distances, est un combattant qui se trouve souvent en première ligne et possède un statut militaire, contrairement aux musiciens. Lors de la Première Guerre mondiale, il était une figure populaire, tout comme le tambour d'Arcole en son temps. Incorporé le 8 octobre 1913 au 172e RI à Belfort, Pierre Sellier ne devient clairon que le 3 février 1915. Après quatre ans d'épreuves, de vicissitudes et de pérégrinations, il entre dans l'histoire. Lorsque l'arrivée des représentants du gouvernement allemand est annoncée sur la route d'Haudroy-La Capelle, le 7 novembre 1918, le capitaine Lhuillier sait qu'il devra déclencher sur toute la ligne de front concernée, une sonnerie de cessez-le-feu. Il désigne "Pierre Sellier, 26 ans, ce caporal bien bâti, au large front et au grand nez droit, originaire de Beaucourt, près de Sochaux", pour accompagner, sur une automobile du cortège, des parlementaires jusqu'à La Capelle et exécuter les sonneries. Il s'agit d'un beau combattant dont la croix de guerre porte plusieurs clous en bronze et en argent. La légende s'installe ensuite. En effet, "pour une majorité des combattants, l'armistice c'est avant tout un son, celui d'une sonnerie réglementaire de l'armée française, celle du cessez-le-feu. La presse s'empare d'un nom, celui du clairon Pierre Sellier, qui devient ainsi le clairon de l'armistice." Mais Pierre Sellier fut seulement le clairon du 7 novembre. S'il refusa plusieurs sollicitations internationales, dont une tournée aux Etats-Unis, il multiplia les prestations commémoratives et mémorielles au cours des années suivantes. Dès le 11 novembre 1925, il se rendit régulièrement au pied du monument de la Pierre d'Haudroy qui marque l'endroit où arrivèrent les plénipotentiaires allemands et où il fit sonner son clairon. Cette cérémonie eut les honneurs du cinéma et conserva au fil du temps une belle ampleur grâce à des patronages et des invités prestigieux. 50 000 personnes y participèrent en 1935 et le prince de Monaco y assistait en 1938. Très attaché à ses racines, Pierre Sellier vécut avec son épouse pendant des décennies dans la région de Beaucourt, sa ville natale, qui mêlait nouveautés (la ville avait son tramway) et cités ouvrières où s'entassait une forte main-d'oeuvre attirée par le dynamisme des établissements Japy Frères.

10/2018