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Photography jessy Seidler

Extraits

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Littérature française

Grand comme le monde

Pour la première fois, il tourne le dos à la caravane, au bois, à tout ce qu'il connait. Il tourne le dos au père et il répète : Je pars. Qu'est-ce qu'il pourrait dire d'autre ? Je pars pour dire le poids du corps, la brûlure du silence, la solitude, l'inévitable et le devoir. Je pars pour dire en un mot ce que mille ne sauraient révéler. Pour ne pas user le peu de force qu'il lui reste et d'un geste de la main montrer au loin ce qu'il laisse en haussant les épaules... . Un silence à hauteur d'homme, tapi dans le coeur d'un enfant. Ainsi débute l'histoire de Pepo. Une nuit de décembre, le père meurt. Commence alors pour l'enfant un long chemin d'apprentissage pour revenir au centre des hommes et de la Ville, celle qui, parait-il, avale la tête des gens. Tiraillé entre le besoin de vivre sa propre destinée et celui de ne pas trahir ses origines, il n'aura de cesse de faire des allers-retours entre sa vie d'enfant sauvage et son envie de retrouver une place dans le monde. Une histoire forte, universelle, incarnée. Véritable ode à la liberté et à la littérature. Lou Valérie Vernet signe ici, avec "Grand comme le monde" son tout premier roman. Auteure multicartes, elle a déjà publié trois thrillers, deux polars et sept autres livres passant du récit humoristique aux fragments de voyage, du Feel Good au spicilège poétique, du recueil de nouvelles au théâtre. Tous ses ouvrages confirment son talent à manier en virtuose l'art de la mystification et à sonder les profondeurs de l'âme. Par ailleurs, photographe amatrice, baroudeuse des grands espaces, essayiste et poète à la plume acérée, elle n'en reste pas moins attachée à sa devise préférée "Ne prenez pas la vie au sérieux, de toute façon vous n'en sortirez pas vivant" . B. Fontenelle.

06/2023

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Thèmes photo

L'arc sera parmi les nuages. Edition bilingue français-anglais

Invitée à la résidence INSTANTS au Château Palmer, Henrike Stahl a photographié le travail des vignerons, en s'immergeant dans leur monde. Elle a observé les jeunes de la banlieue de Bordeaux formés aux travaux de la vigne "Je les ai photographiés, j'ai observé les gestes transmis, les techniques. C'est l'une des premières choses qui m'a frappée en arrivant ici : la quantité de débutants se frottant au travail de la terre, encadrés par des vignerons plus expérimentés". Inspirée par des photographes comme Nan Goldin, Wolfgang Tillmans et Rineke Dijkstra, Henrike s'est orientée vers une photographie humaniste et intemporelle. Elle évite le sensationnalisme, choisissant plutôt de représenter les marges sans stigmatisation. Elle privilégie la beauté inattendue et travaille la matière vivante, utilisant des techniques qui ne déforment pas la réalité. Pour son projet au Château Palmer, elle a expérimenté en intégrant la nature dans son processus créatif, enterrant des portraits ou les exposant à des éléments naturels, reflétant l'interconnexion entre l'art, la nature et le vin. La nature, selon elle, est le curateur ultime de son exposition, soulignant le pouvoir et l'influence de l'environnement naturel sur son art. Ce livre est la deuxième édition de la résidence photographique INSTANTS organisée par Château Palmer et Leica. Henrike Stahl Photographe franco-allemande établie en France. Elle a documenté le travail des vignerons, mettant en lumière la transmission et le développement humain. Inspirée par des photographes humanistes, Henrike capture l'humanité avec tendresse et évite le sensationnalisme. Dans son projet à Château Palmer, elle a intégré la nature dans son art, laissant l'environnement influencer et transformer ses oeuvres. Pour Henrike, la nature est le curateur ultime, reflétant l'interconnexion entre l'art, l'homme et l'environnement. Une exposition aura lieu en avril/mais à la galerie Leica de la rue Boissy d'Anglas à Paris

04/2024

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Thèmes photo

Insulaire. Sur les traces de Saint-John Perse. Entretien avec François Sureau

Saint-John Perse, de son vrai nom Alexis Leger, né à Pointe-à-Pitre en 1887, s'installe au lieu-dit La Polynésie, sur la presqu'île de Giens, en 1957. "Je viens d'habiter presque un absolu", témoigne-t-il dans une lettre à Mina Curtiss, l'amie américaine qui lui a fait don d'une villa plantée face à la mer, Les Vigneaux. Perse y retrouve des parfums, un ciel, une étendue qui évoquent l'île antillaise de son enfance, mais il s'approprie aussi peu à peu une lumière, un relief, une terre méditerranéenne qui deviendront en partie la matière poétique de ses dernières oeuvres. La photographe Sandrine Expilly a elle-même une connaissance intime de ce lieu qu'elle a maintes fois arpenté depuis l'enfance : "Je connais presque par coeur ce bout de terre à l'extrême sud du Var, il ressemble à un navire tourné vers le large et m'emmène chaque fois vers un ailleurs. Plusieurs années durant, j'ai tourné autour de la maison où Saint-John Perse avait vécu, tenté de suivre ses traces, deviné et imaginé ses pas sur la presqu'île. Dans cette série photographique, je questionne la frontière entre terre et mer, entre paysage réel et onirique. J'utilise la matière naturelle du lieu afin d'apposer à mon tour ma propre trace". Si les photographies de Sandrine Expilly nous invitent à redécouvrir l'oeuvre de Saint-John Perse par le biais de la sensation, elles sont loin d'assigner sa poésie à un seul lieu. François Sureau, éclairant le parcours du poète dans un entretien en ouverture de ce catalogue, rappelle ainsi "le curieux exil qu'a été sa vie entière". Les images parviennent ici à entrer en résonance avec la poétique persienne, qui n'a de cesse de louer le monde dans toutes ses dimensions, d'élever ce chant à un absolu et de célébrer les forces élémentaires de la vie.

05/2023

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Photographie

Inventaire fini

Avant tout cinéaste, mais surtout photographe, Sébastien Lifshitz s'intéresse depuis toujours au statut de la photographie vernaculaire dans le champ des arts visuels en construisant une collection exceptionnelle de tirages de toutes les époques et de toutes les provenances. Après Mauvais genre (2016), qui présentait des images du travestissement, Photo perdue. Photo trouvée explore le spectre plus large de la technique photographique en elle-même. C'est à travers neuf thèmes incontournables comme l'identité, le jeu, l'amour ou encore la couleur que nous traversons l'histoire de la photographie mais aussi la façon de la pratiquer. Il est ici question de proposer des images amateurs qui sont liées entre elles par leur sujet et leur technique, mais qui sont surtout des productions anonymes, et dont le résultat visuel est si intéressant qu'il transforme leur statut en oeuvres. Le livre raconte des fragments d'histoires, en mêlant le temps et l'espace, qui se construisent grâce à la diversité du médium et dans laquelle chacun se retrouvera. Chaque série est accompagnée d'un texte qui recontextualise les images dans leur contexte historique. Les thèmes : La première entrée, Identité, met en relation différentes formes notamment des photographies d'identité judiciaire, médicales, des photomatons ou encore de publicité. Puis vient Amour et désir et l'imagerie de la vie de couple, jusqu'au fétichisme. Tout est raté aborde avec amusement les erreurs, problèmes techniques, mauvais cadrage ou surexposition. La série des Jeux photographiques propose des photomontages, des jeux de miroirs ou des déformations qui aboutissent à une photographie plastique. La vie en couleur explore l'apogée de la photographie couleur et notamment du Kodachrome. Faut que ça bouge traite du mouvement, du corps libéré et de la vitesse. Récits présente des histoires particulières, une femme dans Berlin, un sac... La dernière série, Tout doit disparaître, montre la destruction dans et de la photographie elle-même.

10/2019

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Littérature française

Ana et le temps d'aimer

Après une guerre interminable et meurtrière, la France relève la tête et Paris redevient la capitale des arts et des lettres. Si elle vénère la tragédienne Sarah Bernhardt, elle accueille à bras ouverts, écrivains Américains fuyant la prohibition, tel Ernest Hemingway, le photographe Man Ray, le peintre Japonais, Tsuguharu Foujita, et tant d'autres artistes venant de l'Est. Léo Paillet, célèbre couturier du Tout Paris, et Ana, sa compagne, les côtoient à La Closerie des Lilas, au Dôme, et dans tous les lieux festifs de la Capitale où ils tentent, ensemble, de faire naître un monde nouveau. En août 1923, Léo et Ana, native de la Terre de feu, embarquent à Bordeaux pour l'Amérique du Sud, rejoindre Ushuaia célébrer leur mariage. Le voyage sur le paquebot Massilia est long et pendant ces trois semaines, la vie du bateau s'avère animée : intrigues, rites du passage de l'Equateur, couples qui s'aiment ou se déchirent. Lors de la première escale, le couple découvre Dakar et la beauté de l'île de Gorée, autrefois sinistre lieu de rassemblement d'esclaves africains en partance pour l'Amérique. Mais la magie du lac Rose, adoucit ces cruels souvenirs. A leur retour d'Ushuaia, les jeunes mariés retrouvent leur maison de haute couture aux mains d'un suppléant indélicat. A l'instar de Gabrielle Chanel, Ana ouvre une boutique à Deauville où elle fait une douloureuse découverte qui la force à fuir, ce qui ne sera pas sans conséquences sur sa vie future. Réfugiée à Bordeaux, elle tente de se reconstruire. Par le plus grand des hasards, elle y retrouve un jeune Basque rencontré sur le bateau, qu'elle pourrait aimer si le souvenir récurrent de Léo ne la poursuivait pas. De rebondissement en rebondissement, le destin d'Ana va basculer vers l'inattendu, et la surprise finale n'en sera que plus étonnante.

09/2018

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Montagne

L'Alpe N° 103, hiver 2023 : Architectures. De l'utopie à la réalité

Pionniers, utopiques, farfelus, iconiques, ces grands projets d'architecture qui ont changé la face des Alpes... . Ou qui auraient pu la changer ! Trop souvent résumée au seul chalet traditionnel, l'architecture des Alpes est depuis longtemps protéiforme. Laboratoire architectural, l'arc alpin a vu naître de nombreux projets pionniers, principalement dans les domaines touristique (palaces, sanatoriums, stations de ski), industriel (barrages) et dans celui des transports (téléphériques). Aujourd'hui, le défi à relever est immense pour répondre aux nouvelles contraintes environnementales et aux mutations démographiques. Dans ce numéro, L'Alpe va s'arrêter sur quelques projets architecturaux, en s'interrogeant sur le rôle de l'architecture dans le développement d'un territoire. Au sommaire : - De l'utilité de l'utopie. Et si les contre-modèles proposés par l'utopie aidaient à imaginer la montagne de demain ? - Grenoble. Retour sur trois utopies architecturales qui auraient pu métamorphoser la ville. - La conquête prométhéenne de la montagne par la construction de lignes ferroviaires, téléphériques et viaducs. - Respirez ! A la fin du XIXe siècle, les sanatoriums d'altitude poussent à toute vitesse dans les Alpes. L'architecture même de ces établissements est pensée selon une vision idéalisée du bon air de la montagne. - Dans la lignée des palaces de la riviera lémanique, la ville de Bulle, en Gruyère, se vit elle aussi dotée de son Grand Hôtel moderne. Mais ce rêve s'est rapidement évanoui... - Pour une architecture insurrectionnelle. Les projets de Chanéac tentent de redonner une place aux individus dans la fabrication de leur cadre de vie. - Portfolio. Le photographe allemand Patrick Lambertz s'est emparé d'un stéréotype de l'architecture suisse, le chalet, pour en faire un inventaire à sa manière. - Style "pastiche" , régionalisme, modernisme : le "rêve blanc" et ses modes architecturales. - L'architecture écoresponsable : l'utopie du présent ? Manifeste pour un habitat durable. - Et un village renaît de ses cendres... Les exemples de Paraloup, d'Ostana ou de Campofei montrent comment la rénovation architecturale a permis la régénération de certaines régions des Alpes du Sud.

12/2023

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Littérature française

Portrait en pied de Suzanne

Dans une ville inconnue d'Europe de l'Est, un homme exilé de Paris, solitaire et qui ne comprend pas la langue locale, erre par les rues... Honteux de sa corpulence, il fait pourtant diverses rencontres féminines, qui vont le conduire à se blesser le pied gauche. De cette plaie purulente, il ne tarde pas à tirer un étrange plaisir : car y apparaît Suzanne, son amour disparu... Ce conte noir à l'ambiance kafkaïenne (on pense ici au Château) bascule alors dans une histoire d'amour fou éminemment "toporienne" . Après Le Locataire chimérique (1964), inspiré du Procès, puis Joko fête son anniversaire (1969), hommage à La Métamorphose, Portrait en pied de Suzanne (1978) vient compléter dans l'oeuvre de Roland Topor sa trilogie noire romanesque, placée sous le signe de Kafka. Préfacée par Eric Chevillard, cette nouvelle édition est augmentée de six illustrations inédites. Roland Topor (1938-1997) : peintre, dessinateur, écrivain, dramaturge, poète, chansonnier, cinéaste, acteur, photographe, etc. Remarqué très tôt pour ses étranges dessins au graphisme original (dans Arts, Bizarre et Hara-Kiri), il reçoit le prix de l'Humour noir dès 1961 et crée le mouvement d'avant-garde Panique avec Arrabal et Jodorowsky. Son premier roman, Le Locataire chimérique, sera adapté au cinéma par Roman Polanski ; son deuxième, Joko fête son anniversaire, recevra le prix de Flore en 1970 ; il écrira aussi des recueils de nouvelles, des pièces de théâtre et des livres concepts. Du long-métrage d'animation La Planète sauvage (avec René Laloux, prix spécial du Jury à Cannes en 1973) au meilleur film sur Sade, l'étonnant Marquis (avec Henri Xhonneux), en passant par les émissions télévisées Merci Bernard, Palace et Téléchat, Topor marquera également de son empreinte le cinéma et l'audiovisuel. Certaines de ses images (affiches pour Amnesty International ou les films L'Empire des sens et Le Tambour) ont fait le tour du monde, toujours relevées d'un humour noir féroce.

02/2019

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Romance sexy

La loi du désir. Dans ton regard ; Sur ta peau ; Contre tes lèvres

Dans ton regard Une main ferme sur sa nuque, des lèvres exigeantes contre les siennes, des yeux d'un bleu intense. . . Holly n'a jamais oublié le baiser que lui a donné Nick des années plus tôt. Depuis, la vie s'est chargée de lui rappeler que les contes de fées n'existent pas, et le prince charmant encore moins. Mais quand Nick, choisi pour jouer le rôle principal dans la pièce qu'elle vient d'écrire, pose sur elle le même regard que ce soir-là, Holly sent de nouveau son corps s'embraser. . . Sur ta peau Une araignée derrière l'oreille, des initiales au creux de la cheville et une étoile de mer sur la hanche. . . Le corps de Devin est comme un jeu de piste, envoûtant et troublant. Sur sa peau, Gabe découvre son histoire, ses rêves et ses déceptions. Et soudain cette nuit, qui ne devait être que l'assouvissement d'un feu brûlant, devient plus, bien plus. Il veut Devin dans son lit, dans sa vie. Mais elle est la femme la plus libre, la plus sauvage et la plus fragile qu'il ait jamais rencontrée. Alors, pour l'apprivoiser, Gabe sait qu'il n'a qu'une solution : l'étourdir de plaisir, encore et encore. Contre tes lèvres De retour dans sa ville natale après huit années passées à parcourir le monde en tant que photographe, Ivy s'attendait à tout, sauf à goûter au feu de la passion entre les bras de Cade. Cade qui, avec son sourire ravageur, son regard intense et son corps sculpté, a accepté de poser à moitié nu pour le calendrier des pompiers dont elle s'occupe. Alors elle l'observe, sentant le désir la consumer. Et lorsqu'un soir elle se décide à l'embrasser, Ivy le comprend immédiatement : un monde de plaisir vient de s'ouvrir à elle. . . Romans réédités

07/2022

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Photographie

Hatarakimono project

Ce projet, qui s'inscrit dans le mouvement artistique BRICOLAGE, a été conçu à mi-chemin entre imaginaire et réalité selon une approche ludique et expérimentale de la photographie propre à l'artiste K-NARF, où passé, présent et futur sont toujours interconnectés. "HATARAKIMONO", ??? ? ?? / ??? est un mot japonais très particulier qui décrit avec une connotation extrêmement positive un travailleur consciencieux, un bosseur. C'est un homme ou une femme qui aime faire son métier, quel qu'il soit, et qui le fait bien, sans prétention. Dans la continuité de son oeuvre artistique qui consiste à transformer le Super-Ordinaire de notre époque en une Archive Visuelle Extra-Ordinaire pour le futur, l'artiste français K-NARF a lancé, en septembre 2016 à Tokyo, le PROJET HATARAKIMONO. Constitué de plus d'une centaine de portraits d'ouvriers japonais, ce projet documente et préserve l'un des piliers les moins médiatisé de la culture nippone avant qu'il ne disparaisse complètement de notre société moderne : le respect pour tout type de métiers ainsi que pour les personnes qui les exercent. Il aura fallu plus d'un an à K-NARF pour arriver à créer cette collection de portraits sans précédent ; cela aura nécessité l'organisation de trente-quatre séances photos réalisées grâce à un studio portable pour photographier les HATARAKIMONO un par un sur leurs lieux de travail. Chaque portrait a la particularité d'être présenté en triptyque et d'être réalisé entièrement à la main sous forme de tirages TAPE-O-GRAPHIQUES originaux, un procédé de développement photographique néo-vintage mis au point par K-NARF il y a une dizaine d'année. A partir de 2018, pendant une période de deux ans, une EXPOSITION INVENTAIRE du PROJET HATARAKIMONO va voyager à travers le monde, elle sera ensuite précieusement archivée pour une durée de vingt-trois ans, jusqu'en 2042, afin d'être éventuellement montrée à nouveau dans une sélection de musées internationaux déjà choisis : 1/ International Center of Photography, New York (ETATS-UNIS), 2/ Art Gallery of New South Wales, Sydney (AUSTRALIE), 3/ Musée Guimet, Paris (FRANCE), 4/ British Museum, Londres (ROYAUME-UNI), 5/ Nezu Museum, Tokyo (JAPON), parce que nous voyons toujours la beauté de ce que nous avons perdu lorsqu'il est déjà trop tard.

10/2018

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Thèmes photo

Lost Shadows

En Camargue, Marco Rigamonti a rencontré un monde premier, l'eau et la terre épousant leurs intensités sous un ciel de lumière pure. Les paysages qu'il contemple sont silencieux. L'homme est passé par là, qui disparaîtra plus vite que la forme des lieux. Percevant les correspondances entre les objets façonnés et le territoire qui les porte, le photographe aborde l'espace comme on le respire, calmement, les poumons se remplissant d'air, puis se vidant. Ses images sont ainsi dépouillées d'affects faciles ou de sentimentalité, la psychologie étant le plus souvent une taie entre le regardeur et les scènes qu'il reçoit. Au pays des manades, Marco Rigamonti propose un voyage dans l'ocre et la grâce de toute présence, entre allègement du moi et solennité très ancienne. Il y a dans ses rectangles de vision de la gravité, mais aussi de l'absurde et de l'humour spontané, sans moquerie. L'émouvante intimité des choses y rencontre le saugrenu, ou l'incongru, et l'éclat de la vérité de ce qui est, simplement baigné de soleil, la malice du spectateur. On entre en ses photographies comme on pénètre dans une arène sans savoir d'où viendra l'animal qu'il nous faudra affronter dans un combat plus spirituel que physique. Les signes de la culture camarguaise sont montrés, entre sentiment de survivance de l'ethos d'un peuple et surprise d'advenue. Si l'on perçoit ici de l'oisiveté, ce n'est pas au sens du vice que déploraient nos grands-mères, et les affairés du Spectacle tournant sans fin dans le vide, mais au sens du souci du soi des Antiques, cette sagesse dans l'approche du temps et des corps jetés dans l'impermanence. C'est une attente sans drame sous la brise chaude, ou les rayons de plomb, une conscience de la maturation nécessaire pour que chaque entité - végétale, animale, humaine - arrive à son terme en développant le meilleur de son suc. Marco Rigamonti a photographié un Far-West français à la fois drôle et sauvage, ouvert à tous les êtres ayant su préserver leur part d'indocilité, leur liberté, leur grain de folie. La Camargue qu'il révèle, sèche et recouverte d'eau séminale, est une puissance, un royaume camarade pour les solitaires, un désert où affronter, front droit, la Camarde. Dans le dialogisme de ses images, un tuyau d'arrosage est bien plus qu'une ligne de caoutchouc serpentant dans le sable, c'est aussi, dans la conversation secrète des formes, l'arcature surplombant une fontaine en construction, le rail d'un train fantôme, ou la courbe délicieuse d'un tobogan. S'il est identifiable sur une carte de géographie, l'espace qu'arpente l'artiste italien est aussi de l'ordre d'une cosa mentale peuplée de signes pouvant paraître étranges pour les non-initiés, comme des archétypes sibyllins. On peut penser à la peinture métaphysique de Giorgio De Chirico, et à la sensation troublante d'un monde de pure autonomie échappant à la causalité ordinaire. En ces territoires de sable et de poussière, des Aliens débarqueront peut-être, les tables de pique-nique arachnéennes n'étant d'ailleurs pas sans rappeler tel épisode fameux de La Guerre des étoiles. Par petites touches et décalages de détails, presque imperceptiblement, Marco Rigamonti nous fait entrer dans une fiction où un homme torée une camionnette, et où les éléments de la réalité semblent concourir à la construction d'un vaste trompe-l'oeil. Plane en ce pays unique, et rempli d'artefacts, une âme taurine gigantesque, comme si le moindre acte, la moindre scène, était regardée par qui a déjà été soumis au combat ultime, et l'a perdu. Voyant défiler les grandes étapes de son cadre familier, le bel animal trépassé prend le temps, luxe pour une noble bête à cornes élevée pour la lutte - mais l'éternité n'est pas pressée -, d'aller flâner du côté de Piémanson, de ses caravanes parfois éventrées, de ses pirates, de ses baigneuses graciles et de ses touristes égarés. Par la stupeur sereine de ses images, et leur douce ironie, le photographe affirme qu'il n'y a pas de pureté identitaire, mais un jeu, certes sérieux, intime, avec les codes de l'appartenance, ce qui ne peut que réjouir. Faulkner l'écrivait : "Le temps ne passe pas, il n'est même pas passé". Fabien Ribery

09/2023

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Paramédical

Handi'taf

Bien plus qu'un livre consacré au handicap, Handi'taf est un outil pédagogique, par les photographies, les témoignages, les informations, les portraits de vie qu'il offre. Destiné à tous, et pas seulement aux entreprises, il propose une réflexion sur le travail, les parcours, des difficultés d'accès à une vie professionnelle. En situation de handicap ou non, chacun est, peu ou prou, concerné par les questions qu'il aborde. Précieux est donc ce nouvel opus de l'oeuvre de Jean-Baptiste Laissard. Depuis 10 ans, photographe inlassable, il s'applique à ouvrir, au-travers de ses livres et expositions, des voies renouvelées de compréhension, bien au-delà du seul handicap. Ses photographies nous parlent. Elles façonnent positivement notre regard, les témoignages qui les accompagnent donnant à voir une autre image de la diversité humaine. Elles révèlent en même temps la dimension profonde du mouvement inclusif, en montrant que l'égal accès à l'ensemble des droits ne prendra chair que concrètement traduit par la participation de tous à l'ensemble des domaines qui composent la société : l'éducation, l'habitat, les transports, les espaces publics, les lieux d'art, de culture, de sport, de tourisme, de loisirs... Les lieux professionnels n'y font pas exception. Or, reconnaissent-ils, de façon effective, que tout membre de la Cité doit bénéficier de la liberté de "faire oeuvre", à sa mesure ? Au nom de l'équité, veillent-ils à s'adapter à la diversité des besoins : accompagnement vers l'emploi, professionnalisation, adaptation de poste, maintien dans l'emploi, passerelles entre les milieux de travail ordinaires et protégés... ? Car "la première égalité, c'est l'équité", comme le proclamait justement Victor Hugo. L'équité : telle est bien la visée primordiale, la condition impérative d'une société plus vivable, plus juste. Plus digne. C'est cette préoccupation qui infiltre ce livre de Jean-Baptiste Laissard, attentif à redonner un visage humanisé au monde du travail, dont on peut espérer beaucoup s'il permet à chacun d'apporter sa contribution aux évolutions d'une société, dont il se sent ainsi partie prenante. vi4 9 uAOAPT Prix France 20 € TTC resTOLLIOnCe ® . ; 9 ® HAN i_,Ì.=,1 c.,) une OAP1C11 FBNPAlft

10/2019

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Photographie

Linda McCartney. The Polaroid diaries, Edition français-anglais-allemand

Dans la lignée de Life in Photographs, la monographie best-seller parue chez TASCHEN, découvrez un aspect plus intime et très personnel de l'oeuvre photographique de Linda McCartney dans The Polaroid Diaries. Le recueil se concentre sur le regard singulier de McCartney sur le monde et sa famille, à travers des portraits de Paul McCartney et des quatre enfants du couple. On les voit faire des grimaces ou habillés de pyjamas assortis. On voit James s'asperger d'eau, et Mary et Stella jouer à se faire belle. On les voit en train de danser, de manger, de faire de l'équitation, et dans une multitude d'instants de la vie quotidienne dans leur ferme du Sud de l'Angleterre. L'alternance des portraits, natures mortes et scènes d'intérieur témoignent de l'oeil aiguisé de McCartney attiré par les motifs, les textures, les couleurs et une lumière élégante. Ses images, aléatoires en apparence, sont parfaitement composées et révèlent une sensibilité artistique unique. Paul raconte, dans l'introduction : "Elle regardait simplement les choses. Dans bien des photos, il s'agit juste d'un clic. Savoir reconnaître quand une grande photo survient devant vous, puis enclencher au bon moment... Ce qu'elle faisait tant de fois que cela m'impressionnait". The Polaroid Diaries rassemble plus de 200 moments "parfaits" depuis le début des années 1970 jusqu'au milieu des années 1990, aux côtés d'une préface signée par Chrissie Hynde et d'un essai du critique d'art Ekow Eshun. Le livre présente aussi des paysages lumineux d'Ecosse et d'Arizona et met en lumière l'étrangeté de la célébrité, quand par exemple Steve McQueen ou Adam Ant surgissent dans le champ. D'autres images bienveillantes de chats, d'agneaux, de chevaux et de poules prouvent son amour des animaux. Un aperçu, à une époque où Instagram n'existait pas, de la vie d'une famille extraordinaire, et un hommage à l'héritage de Linda, artiste profondément engagée, ainsi qu'à la magie instantanée du Polaroïd. Egalement disponible en Edition collector et en deux Editions d'art limitées comprenant chacune un tirage numéroté et signé par Paul McCartney

09/2019

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Sciences historiques

Corse, terre d'accueil, terre d'exil. 1914-1918

La déclaration de guerre en août 1914 a généré en Corse une histoire particulière. En effet, île éloignée de plus de 100 km de la terre ferme française, sa situation géographique la destinait tout naturellement à devenir un lieu de détention pour les différentes catégories de prisonniers ennemis. De plus, tout apport de main d'oeuvre, qu'il soit constitué de ressortissants de pays ennemis ou amis, était le bienvenu dans cette île vidée de sa jeunesse, partie au front. Dans une oeuvre précédente, parue en 2014, Simon Giuseppi a présenté le cas d'un millier d'internés civils austro-allemands évacués de la France continentale et détenus dans l'ancien couvent de Corbara. Pour coïncider, cette fois-ci, avec la commémoration de l'Armistice et la fin des hostilités du premier conflit mondial, ce deuxième ouvrage complète et élargit l'histoire de l'internement dans les couvents de Cervione, Oletta, Morsiglia et Luri, puis décrit et analyse la présence dans l'île de milliers de prisonniers de guerre allemands, turcs, bosniaques etc... et autant de réfugiés, pour la plupart serbes et israélites syriens. Parmi ces étrangers venus de tous horizons, un grand nombre a contribué, par leur travail volontaire ou forcé, au fonctionnement voire à la survie de l'administration et de l'économie insulaires. D'autres ont préféré consacrer le temps de leur captivité au développement de leur talent d'artiste ou d'écrivain. Les recherches menées par l'auteur ont fait resurgir la production artistique de prisonniers civils et de réfugiés qui constitue un véritable reportage graphique, venant enrichir et authentifier son récit. La parole est donnée, comme il se doit, aux auteurs allemands qui ont tenu à raconter leur version des conditions de détention, parfois sérieusement différente de celle qui émerge de la lecture des archives françaises. Enfin, les remarquables clichés réalisés en 1916 par l'opérateur-photographe Isidore Aubert lors d'une tournée des différentes communautés étrangères permettent au lecteur de mieux appréhender la réalité de cette période de l'histoire de la Corse, terre d'accueil et terre d'exil, période assez récente et pourtant bien mal connue.

12/2017

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Critique littéraire

Pierre Loti

Il y a cent ans, après avoir définitivement clos son journal intime tenu toute sa vie durant, Pierre Loti (1850-1923) publiait chez Calmann-Lévy un remarquable récit autobiographique de l'adolescence : Prime jeunesse. Cent ans plus tard, chez le même éditeur, Alain Quella-Villéger, qui entend redonner à l'homme et à l'oeuvre une seconde jeunesse, nous livre ici, non pas le roman d'une vie, mais une vie de roman ! Une existence fascinante, bercée entre tentation des ailleurs et besoin de refuge, entre conformisme et transgression, tant l'homme apparaît fantasque, inattendu, désinvolte, révolté, hédoniste jusqu'à l'excès, goinfre et gouffre à la fois ; mille vies n'auraient jamais pu l'assouvir. Il édifie à Rochefort une maison-palais exotique. Un véritable roman-photo le montre tour à tour spahi, Albanais, acrobate de cirque, bédouin sur dromadaire, à dos d'éléphant en Inde ou fumant le narghilé en Turquie, mandarin à Pékin, joueur de pelote basque, pêcheur breton, Osiris, soldat des tranchées en 14-18 ou bien encore presque nu... Voici la figure singulière d'un officier de Marine anticolonialiste et grand ami de l'Islam devenu académicien français à 42 ans, bourgeois quasiment bigame et ami des têtes couronnées autant que des matelots athlétiques. On a trop souvent réduit à l'exotisme le plus kitsch celui qui fut l'un des écrivains "engagés" du début du XXe siècle et dont on ne cesse de découvrir aujourd'hui la savoureuse modernité. Et une oeuvre dont la magie, d'Aziyadé à Pêcheur d'Islande, de Madame Chrysanthème à Ramuntcho, opère encore, celle d'un inclassable écrivain-voyageur, remarquable dessinateur et photographe, qui nous emmène de l'île de Pâques à Istanbul, de la Terre sainte à la Patagonie, de Pékin à New York, de Tahiti au Sénégal, de la vallée du Nil à celle du Gange. Sacha Guitry écrivit qu' "on devrait mentir en racontant la vie de Pierre Loti, on devrait dire aux jeunes gens : vivait jadis un écrivain que l'on admirait tellement dans son pays qu'une escadre l'accompagnait quand il faisait le tour du monde" ...

09/2019

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Photographie

Helmut Newton. Magnifier le désastre

On reconnaît immédiatement une photographie d'Helmut Newton. Comme s'il avait inventé un monde, le sien, à nul autre pareil, et une écriture photographique singulière, totalement maîtrisée, apollinienne, presque froide. Et, de Newton, l'imaginaire collectif a retenu une iconographie triomphante, solaire, faite de femmes en gloire, athlétiques, puissantes et désirantes, d'un érotisme glacé, de piscines californiennes à la David Hockney, de palaces fastueux, de fourrures et de bijoux. Bref, le monde des riches. Mais on sait moins le versant obscur, dionysiaque de l'oeuvre : la satire des riches et des puissants, l'élaboration d'un érotisme des ténèbres, où se jouent rituels SM, minerves, prothèses, enserrements du corps, et qui ouvre l'apollinisme apparent des images à la blessure dionysiaque. Jusqu'à la mise en scène des " doubles " à l'inquiétante étrangeté freudienne, des " écorchés ", des vrais-faux cadavres, des meurtres. Jusqu'à la cruelle lucidité, enfin, de son regard sur le vieillissement des corps - y compris le sien, qui fut confronté à la maladie. Surtout, et d'autant plus qu'il en a très peu parlé et s'est toujours refusé à en faire son fonds de commerce, on ignore que le jeune Helmut est d'abord un Juif berlinois rescapé de l'extermination nazie, dont la vie a sans cesse rejoué la figure mythique du Juif errant et qui trouva dans Paris, sa ville d'élection, le lieu où s'enraciner enfin, après Singapour, l'Australie, Londres et Los Angeles. Et c'est précisément à l'aune de cette judéité, jamais revendiquée comme telle mais douloureuse, que l'auteur a voulu réexaminer le corpus newtonien : en témoignent ces corps de femmes puissantes qui s'avèrent la réplique du corps aryen glorifié par le nazisme, le fétichisme des uniformes, du cuir et des casques, la présence obsédante des chiens, ou encore les portraits de Léni Riefensthal, l'égérie du Troisième Reich. Mais, de ce désastre " germanique ", Newton n'aura jamais fait la plainte amère ou rageuse : il a choisi, tout au contraire, de le magnifier. Premier essai consacré à l'oeuvre du photographe Helmut Newton.

09/2019

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Beaux arts

Le double voyage : Paris-Athènes (1919-1939)

?" Paris m'a ouvert les yeux " écrit le sculpteur grec Apartis, élève de Bourdelle, arrivé dans la capitale française en 1919. " C'est l'Acropole qui a fait de moi un révolté ", déclare pour sa part Le Corbusier en 1933. Nous saisissons là l'essence même du " double voyage " : durant l'entre-deux-guerres, intellectuels et artistes traversent la Méditerranée orientale dans les deux sens, d'Athènes à Paris et de Paris à Athènes, chacun puisant dans ce va-et-vient fécond ce qui lui manque : les Grecs viennent se former à Paris et se frotter aux grands courants artistiques du moment, les Français partent en Grèce à la recherche d'une Antiquité renouvelée et découvrent un pays qu'ils ne soupçonnaient pas. Le poète Séféris, le romancier Théotokas, l'architecte Pikionis, le compositeur et chef d'orchestre Mitropoulos, tous sont passés par Paris, où deux Grecs, Christian Zervos et Tériade, jouaient un rôle déterminant au sein des avant-gardes artistiques. Dans l'autre sens, des personnalités aussi diverses que les architectes Ernest Hébrard et Le Corbusier, le photographe Eli Lotar, le sculpteur Ossip Zadkine, ou encore l'écrivain Raymond Queneau, ont trouvé en Grèce les éléments d'une autre modernité, tandis que Roland Barthes, venu en 1937 jouer Les Perses d'Eschyle avec les étudiants de la Sorbonne, éprouve à Athènes un trouble dont, comme Freud, il se souviendra quarante plus tard. Le double voyage est issu d'un programme franco-grec de recherche pluridisciplinaire qui exploite de nombreuses sources documentaires inédites ; il offre un aperçu de la richesse et de la variété des échanges littéraires et artistiques entre les deux pays durant l'entre-deux-guerres et vient combler une lacune dans un domaine de l'histoire culturelle encore très peu exploré. S'adressant aussi bien au chercheur spécialisé, qui y trouvera une bibliographie très complète et des données nouvelles, qu'au lecteur de bonne volonté, qui y découvrira un sujet passionnant, il a pour ambition de devenir un ouvrage de référence pour un public très large, en France comme en Grèce.

05/2018

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Régionalisme

Mangées. Une histoire des mères lyonnaises

Mangées. "Qu'elles aient basculé dans le luxe, façon Brazier, ou soient restées fidèles à une cuisine plus économe, les mères avaient nourri la ville entière. On passait de l'une à l'autre comme on change de chemise, se régalant ici d'une tarte légère à la praline, là d'un saint-marcellin crémeux ou d'une salade de cochonnailles. Souvent du solide, parfois de l'aérien. Toujours des produits frais. Pas de congélateur et quelquefois (chez les anciennes) pas de frigo. Elles formaient à elles seules une famille méconnue, hétéroclite et laborieuse, dessinant une géographie sociale de la ville, déroulant un siècle d'histoire. Elles avaient façonné les quartiers, les avaient bercés, accompagnés." C'est avec la mère Brazier qu'Etienne Augoyard commence son feuilleton sur les mères cuisinières pour Le Progrès de Lyon. Jamais à court d'informations ni d'envolées lyriques, le journaliste a bien l'intention de tout révéler sur celle à qui le Michelin attribua, dès 1933, trois étoiles pour ses deux restaurants. Mais Monica Jaget, sa camarade photographe, ne l'entend pas de cette oreille : ils n'ont que dix jours pour boucler leur série d'articles... On comprend vite que le livre de Catherine Simon fonctionnera comme le "making of" de leur enquête. Au gré de leurs investigations - et de leurs querelles -, s'écrit sous nos yeux la vie de ces femmes de tête et de pouvoir, pionnières en matière de cuisine, mais aussi, sans le dire, d'émancipation féminine. Ces filles de ferme, travailleuses acharnées à qui rien n'a été offert, ont témoigné d'une volonté de fer pour ouvrir leurs propres restaurants, à une époque où elles n'étaient pas censées disposer seules d'un compte en banque ni gérer un commerce. Sur les traces des mères les plus célèbres - de La Génie à Marie - Thé Mora, en passant par Eugénie Brazier, Léa Bidaut ou Paule Castaing -, le récit nous invite à un voyage étonnant, à la fois historique et gastronomique, dans Lyon et ses environs. Grâce au passionnant travail de Catherine Simon, les mères lyonnaises redeviennent ce qu'elles étaient : des femmes d'exception, à qui le monde de la restauration doit un chapitre essentiel de son histoire.

02/2018

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Histoire internationale

Bourgarel, le Colombien. Voyages d'un diplomate français dans la Colombie du XIXe siècle

Entre 1893 et 1900, Ernest Bourgarel, ambassadeur de France en Colombie, a rassemblé au cours de ses périples dans les provinces, une incomparable collection de photographies et noté ses impressions dans ses carnets de voyages. Ce livre présente quelques bribes de ce trésor récemment découvert. Plus qu'une simple présentation de photographies anciennes, cet ouvrage s'aventure sur les traces du voyageur-photographe et de ses motivations profondes de collectionneur. Et lorsque ce voyageur n'est autre que l'ambassadeur de France en titre dans une Colombie de la fin du XIXe siècle, à la veille d'une nouvelle guerre civile, ces documents nous révèlent une extraordinaire vision d'un pays qui se construit. Ernest Bourgarel était un érudit de ce siècle des révolutions. Un diplomate qui a passé sa vie à voyager, dans les pays où il était en poste, à la découverte de l'autre. La Colombie a été son coup de coeur. Dans ses écrits et ses photographies, il en décrit la géographie, l'organisation, la culture, ses forces et faiblesses. Son instabilité endémique. La puissance de l'image comme document de voyage est ici décryptée par des spécialistes. Des chercheurs français et colombiens apportent également leur éclairage historique et ethnologique au lecteur qui veut connaître la vieille Colombie, coeur de la nouvelle Amérique latine de Bolivar. La plupart de ces photographies étaient inconnues jusqu'alors. Elles amènent un regard neuf sur ce pays ancien. Comme un atlas mémoriel, ce livre pousse au nécessaire exercice de mémoire, chantier salvateur dans un pays où la paix s'érige après cinquante ans de guerre civile. Après avoir fait don aux Archives du ministère des Affaires étrangères du fonds photographique et documentaire Bourgarel, sa famille a décidé d'en rendre public les documents les plus marquants dans le cadre de l'année France-Colombie 2017 afin que s'affermissent les liens entre ces deux pays. Sous la direction de Charles-Henry Dubail et Marie-Claude Dubail-Acero, une équipe pluridisciplinaire franco-colombienne a entrepris un travail de recherche dont cet ouvrage constitue la première pierre.

08/2017

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Photographie

Parêtre

La photographie entretient un rapport complexe et subtil avec la réalité : elle la reproduit de manière fidèle mais ne l'est pas puisqu'elle est soumise au regard subjectif du photographe. Celle que pratique Nathalie Amand emprunte tout autant aux mises en scène et aux poses obscènes des toutdébuts de la photographie pornographique - dès les origines, ces daguerréotypes scandaleux circulaient sous le manteau et à la construction de soi sous le régime des apparences, qui donnera ses quartiers, nobles et vains, à la photographie de studio Second Empire. Claire ou noire, toujours en retard sur la vérité des choses, toujours en avance d'un temps sur leur vanité, la chambre des secrets au carré affûte à votre insu ses ensorcelantes danses du voile... "Cet état de fait m'a toujours poussée à fabriquer mes images. J'inter - viens et je manipule le réel lors de la prise de vue. Essayer de montrer les choses telles qu'elles sont m'intéresse peu, ce qui compte pour moi est la relation que j'entretiens avec elles au moment où je les photographie. J'aime montrer ma propre vision des choses plutôt que les choses ellesmêmes. La photographie doit me surprendre et m'apporter un regard différent sur ce qui m'entoure. En ce sens elle est un témoignage de ma relation au monde, elle est expérience. Mes recherches sont essentiellement axées sur les notions du temps à travers des thèmes picturaux classiques tels que le nu, l'autoportrait, le portrait, le paysage, la nature morte et les vanités. Ceux-ci sont abordés de manière théâtralisée sous forme de séries réalisées pour la plupart au grand et moyen format. L'aspect esthétique y prend une part prépondérante afin de mettre en évidence la beauté et la fragilité en toute chose et nous amener à nous interroger sur nous même". (N. A.)Nathalie Amand est professeure à l'Académie des Beaux-Arts de Tournai. Pratiquant l'argentique et le moyen format depuis toujours, elle affectionne les mises en scène et la photographie en studio, mais aussi le paysage, la nature morte, le collage grotesque... Elle publie à l'occasion de la biennale de photographie en Condroz (août 2019) sa première monographie, Parêtre, aux éditions Yellow Now (série Angles vifs).

10/2019

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Photographie

Diane Arbus

A Londres, en janvier 2005, l’exposition consacrée à la photographe Diane Arbus s’achève en gloire. La presse entière acclame ce travail longtemps jugé dérangeant, voire « pervers » comme le disait Susan Sontag. Les collectionneurs s’arrachent les tirages à prix d’or : « Boy with a toy grenade in his hand », cliché légendaire, se vend à 350.000 dollars. Nan Goldin, Steven Meisel ou Cindy Sherman sont les disciples de ce style noir et blanc, au format carré sans concessions, parfois dévoyé entre le « porno-chic » et le trash. Il manque quelqu’un pour le happy end. Diane Arbus n’est plus là pour savourer la revanche sur le milieu frelaté de la mode où les directeurs artistiques l’exploitaient au rabais. En juillet 1971, à l’âge de 48 ans, un jour de moite chaleur new-yorkaise, un ami la trouve les veines tranchées, dans sa baignoire. Diane Arbus, née Nemerov sur Central Park West, petite fille gâtée de l’upper-class juive américaine, puis mère de famille se levant à 5 heures du matin pour courir les cirques ou les asiles psychiatriques, est une artiste en photographie. Passée par la photographie de mode, travaillant pour Condé-Nast, Harper’s Bazaar ou Vanity Fair, fréquentant Richard Avedon et Irving Penn, elle consacre son temps aux frivolités qu’on maquille. Elle s’émancipe vite, se brûle au contact des damnés de la ville. C’est l’une des premières, sinon la seule avec Lisette Model, à saisir les ombres errantes de Manhattan : elle saisit au vif avaleurs de sabre, femmes à peau de serpent, nudistes militants, aliénés hilares, géants, jumelles sibyllines au regard de glace, photographiés au flash dans des hôtels miteux ou des recoins hors la loi de Central Park. Le Barnum américain, côté coulisses. « Je suis née tout en haut de l’échelle, et depuis toute ma vie, j’en ai dégringolé aussi vite que j’ai pu » disait-elle. Alors, comment rester intacte quand l’ambition d’une artiste est de traverser le miroir des apparences. Au risque de le briser. Se briser, aussi.

09/2009

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Photographie

Cindy Sherman. La rétrospective

Les photographies de Cindy Sherman ne sont pas des autoportraits. Bien qu'elle soit le modèle de ses propres personnages, là n'est pas l'essentiel. Sa démarche suppose qu'elle travaille seule et assume de multiples rôles : photographe, modèle, coiffeuse, maquilleuse, costumière, styliste. A l'aide de tout un arsenal de déguisements, de fards, de perruques et de prothèses, Sherman transforme à volonté son aspect et son environnement, créant une multitude de compositions et de personnages étranges, comme ceux du clown ou de la vedette de cinéma, ou d'autres tirés de l'histoire, de l'art ou des contes de fées. A travers ses travestissements, elle a crée une oeuvre étonnante qui dérange, amuse et choque, où le questionnement de l'identité croise celui, contemporain, du corps et de l'image. Cette rétrospective comprend ses oeuvres les plus récentes, dont certaines inédites. Cindy Sherman est une des figures les plus importantes de l'art contemporain, au-delà du seul domaine de la photographie qui est à priori le sien : elle a construit sa réputation internationale sur le travail conjoint, extraordinaire, qu'elle mène sur l'image et son corps depuis trente ans. Se prenant exclusivement pour modèle, elle s'est photographiée sous les aspects et les traits de personnages les plus différents, tout à tour comiques ou dérangeants, déplaisants ou émouvants. Pour élaborer ses photographies, Cindy Sherman assume les multiples rôles d'auteur, de metteur en scène, de maquilleuse de plateau, de coiffeuse et de costumier. Accompagnant une rétrospective majeure de l'artiste au MoMA, cette publication traite thématiquement des différents modes d'explorations de Sherman : artifice et fiction, mise en scène et théâtralité, culture pop, horreur, mythes, contes de fées et grotesque ; le sexe, le corps et les notions de genre et d'identité de classe. Parmi les oeuvres et séries, analysées ici, dont les célèbres Untitled Film Stills (1977-1980), Centerfolds (1981), History Portraits (1989-1990), deux séries récentes sont reproduites pou al première fois dans un ouvrage, dans la perspective de l'examen des derniers développements de l'oeuvre. L'artiste s'explique sur ces différentes voies à travers une interview extrêmement précise et fouillée avec le cinéaste atypique John Waters.

02/2012

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Thèmes photo

André Kertész in Corsica. Edition bilingue français-corse

L'oeuvre immense d'André Kertész (1894-1985) s'est constituée au gré de travaux de commandes et c'est à l'une d'elle que cet ouvrage se consacre : un reportage sur la Corse commandé par la prestigieuse revue Art et Médecine (parution : décembre 1933) accompagnée des textes de Abel Bonnard de l'Académie française, Paul Morand et André Thérive,). Le 12 ou le 13 mai 1933, il s'embarque pour la Corse, dans ses bagages, il emmène trois appareils : un Rolleiflex, un appareil 6x9 cm (folding) et une petite chambre 9x12 cm. Un carnet de prises de vue, reproduit dans l'ouvrage, permet de préciser les étapes du photographe sur l'île de Beauté du 14 au 20 mai. Il entame son circuit par le golfe de la Liscia, avant de terminer sa journée à Piana où son regard est attiré par les hommes assis à l'ombre de l'église. Le lendemain, après avoir déambulé dans les rues de Calvi, il visite l'île Rousse et Belgodère, dont il photographie le cimetière. Au soir, il prend une chambre à l'hôtel du Mouflon d'Or à Zonza, d'où il se rend à Porto-Vecchio avant de faire étape à Bonifacio. Il termine son périple à Ajaccio avant de rembarquer pour le continent. Comme à son habitude, il n'a pas photographié la Corse comme une destination de villégiature, mais les paysages et des moments de la vie quotidienne des habitants de l'île. En cinq ou six jours, cheminant en automobile sur des routes rocailleuses, il a réuni une petite centaine d'images (toutes reproduites dans le livre) alternant paysages et scènes de la vie quotidienne. Au-delà de son talent, cette série, par le nombre de lieux visités, montre l'implication professionnelle de Kertész. Certaines images du reportage sur la Corse vont alors connaître une nouvelle actualité et devenir emblématiques du travail de Kertész, notamment la photographie du chevet de l'église de Piana que Kertész intégrera dans son livre rétrospectif Soixante ans de photographies publié aux éditions du Chêne en 1972.

01/2023

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Histoire de l'art

Très chères baronnes de Rothschild

Si le nom est célèbre et évoque immédiatement des générations de banquiers, les baronnes de Rothschild ont elles aussi marqué leur époque. Souvent dotées d'une forte personnalité, elles ont connu des destins hors du commun. Modèles de philanthropie et collectionneuses au même titre que les hommes de la famille, elles se sont également illustrées par des passions plus personnelles, comme le ski, le golf, l'architecture, la danse, le théâtre ou le vin... A travers douze portraits, l'ouvrage fait revivre des femmes qui ont su tracer leur route, avec fantaisie, panache, esprit et toujours un grand sens du devoir, rendant cette famille de Rothschild encore plus fascinante et attachante. De Béatrice, célèbre pour sa villa du Cap Ferrat, à Miriam qui a consacré sa vie à l'étude des puces, en passant par Noémie, fondatrice de la station de sports d'hiver de Megève, Cécile, amie de Greta Garbo et grande golfeuse, ou Bethsabée, protectrice de la danseuse Martha Graham. Faut-il encore présenter Nadine de Rothschild ? Starlette dans les années 1950, elle épouse en 1963 le baron Edmond de Rothschild. Un changement de vie radical qu'elle assume avec zèle et esprit. Elle se transforme en maîtresse de maison exemplaire et écrit un guide de savoir-vivre qui devient un best-seller. D'autres ouvrages sur sa vie et les célébrités qu'elle a rencontrées connaîtront le même succès. Convertie au judaïsme, elle poursuit avec enthousiasme l'engagement de la famille en Israël. Elle fait aussi sienne la passion de son mari pour le vin et devient l'ambassadrice de Megève. Son franc-parler et son humour font merveille sur les plateaux de télévision. Après avoir vécu au château de Pregny, elle s'est retirée dans la campagne suisse. E ? ric Jansen est journaliste et photographe. La de ? coration, les jardins, le marche ? de l'art, les collectionneurs sont ses domaines de pre ? dilection. Il est l'auteur de Louis Benech, douze jardins en France (Gourcuff-Gradenigo), Louis Benech, douze jardins ailleurs (Gourcuff-Gradenigo), Nouveaux Cabinets d'amateur (Gourcuff-Gradenigo) et de Jean-Louis Deniot Destinations (Rizzoli).

01/2023

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Thèmes photo

Le cirque bidon

Vers 1975, un jour, deux hommes, un instituteur et un agriculteur, creusent un puits dans la terre d'une ferme bretonne nommée "Bourlinguette" . Epuisés, ils s'arrêtent, s'essuient le front et s'appuient sur leurs pioches. L'un dit : "Bon dieu, quel cirque ! " et l'autre répond : "Un cirque ce serait plus drôle ! " L'idée fait son chemin : un cirque, pourquoi pas ? Ils construisent une roulotte, trouvent un cheval et rameutent quelques copains... Et un beau jour, un convoi insolite s'ébranle : le cheval, la roulotte, le triporteur, la mobylette, la remorque, les vélos et une dizaine d'artistes. En offrant une seconde vie à l'oeuvre photographique de Bernard Lesaing parue en 1981, cette réédition souhaite inscrire celle-ci dans une autre temporalité, et ainsi la partager avec un public nouveau. Partager bien-sûr la qualité esthétique, poétique et documen- taire de ces photographies, mais également l'envie irrésistible de remettre en lumière, quarante ans plus tard, une aventure humaine et artistique hors du commun. Créé par Paul Roulleau, agriculteur poète et vision- naire, le Cirque Bidon emporte sa tribu, son imagi- naire et son langage bien au-delà de ce qu'il pouvait imaginer lui-même au tout début de son aventure. Combien d'artistes de cirque ou de rue ont-ils un jour décidé de prendre la route après avoir croisé les roulottes et les chevaux du Cirque Bidon au détour d'un chemin ? Touchés par l'anachronisme et l'au- dace de la démarche tout autant que par la chaleur humaine de cette bande d'artistes haute en couleurs, combien de circassiens en herbe ont-ils rêvé au fil des pages de ce livre devenu rare, et par là même presque mythique ? La réédition de cet ouvrage prend tout son sens dans cette invitation à (re)découvrir une histoire bien réelle faite d'amitié, de désirs, de convictions et d'uto- pies. Celle de jeunes gens qui, empruntant un chemin radical sans pétrole ni électricité ni propriété, n'ont certes pas changé le monde, mais en ont assurément inventé un, ici sous le regard sensible d'un jeune photographe.

09/2021

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Thèmes photo

Au travail !

Cet ouvrage s'inscrit dans la collection Les carnets, une collection - mise au point avec Bernard Plossu - qui se propose de revisiter les archives d'un photographe ou d'un collectionneur et d'en extraire des séries thématiques (des faits, des objets, des situations, des évocations...). Au travail ! dévoile une sélection de photographies de l'impressionnante collection privée de Véronique Marit. Composée d'images glanées et chinées, cette collection est dédiée aux photographies trouvées (albums de famille, photographies anonymes, photos d'amateurs...) prises entre la fin du XIXe siècle et les années 1960. Un texte de Philippe Marczewski introduit cette série d'images. "Les photographies rassemblées par Véronique Marit témoignent d'une époque où travailler était au centre de tout. Le travail tenait lieu d'organisation sociale, de lieu où se faisait la communauté, où se créaient des liens d'autant plus importants que le labeur occupait la majeure partie de la vie des femmes et des hommes [... ]. Les communautés nées du travail étaient aussi le lieu de l'entraide et de la solidarité, le lieu de luttes communes pour acquérir des droits. Le lieu de fêtes, de cafés, de maisons du peuple, d'amicales sportives. Le monde du travail était plein d'une vie dépassant le travail. [... ] Ces photographies témoignent de l'épopée d'un corps social, et dans leur majorité, d'une classe sociale, dure à la peine, jamais gagnante de la lutte. C'est une épopée de chaque jour, pleine de noblesse. Pleine de moments joyeux et de camaraderie, sans doute, mais dont il ne faudrait pas oublier qu'ils n'étaient que les maigres compensations de semaines harassantes et de vies très souvent écourtées. Pour reprendre les mots de Raoul Vaneigem : "De la force vive déchiquetée brutalement à la déchirure béante de la vieillesse, la vie craque de partout sous les coups du travail forcé. " Et au dos des images, comme un conseil offert par mille voix venues du passé, je suis sûr qu'on peut lire, écrits au crayon, ceux de Debord : "Ne travaillez jamais. "" Philippe Marczewski. Extrait de son Avant-propos.

09/2021

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Thèmes photo

Richesses et couleurs sauvages des Hautes Vosges

Usée et rabotée par les vents, la montagne vosgienne domine la plaine d’Alsace à l’est et la plaine des Vosges à l’ouest. Couverte en grande partie de forêts de résineux, sauf sur les crêtes, elle dissimule sous cette marée verte une mosaïque de milieux différents. Vallées, étangs, tourbières, prairies et rivières se succèdent tout au long des paysages et abritent une faune assez diversifiée, voire très rare. Une faune précieuse et discrète qui enrichit et rend vivante la grande forêt vosgienne. Cependant l’image des Vosges n’est pas idyllique, de plus en plus aujourd’hui les territoires s’urbanisent. L’espèce humaine qui a besoin de plus en plus d’espace grignote peu à peu des biotopes qui étaient favorables à la faune sauvage. Du fait de la mécanisation de l’agriculture, les haies sont arrachées et laissent de grandes surfaces monotones, sans arbres et sans reliefs, n’offrant plus aucune protection pour les animaux sauvages. Régulièrement les associations de protection de la nature alertent sur les déséquilibres que ces aménagements engendrent, mais sont rarement entendues. L’homme dans sa course au profit ne sait pas s’arrêter. En conséquence pour un promeneur, la rencontre avec le sauvage devient de plus en plus rare. Elle est surtout liée à la chance. Pourtant lorsque cela se produit, le coeur bat plus vite devant la beauté et la grâce de l’animal qui se dévoile un instant, hélas toujours trop court à notre regard. Indispensable à notre équilibre, la nature nous est nécessaire. Que serait une forêt où plus aucun oiseau ne chanterait ? Que serait la campagne sans l’alouette ou l’hirondelle ? Que serait la forêt sans le cerf ou le renard ? Il est difficile d’imaginer un tel constat. Pourtant c’est ce qui est en train d’arriver. Photographe animalier, j’ai vu au fil des années, petit à petit diminuer les effectifs des animaux sauvages. La diminution est surtout importante pour les oiseaux plus sensibles aux produits de toutes sortes répandues dans les champs et sur les prairies. Beaucoup de photographies de cet ouvrage sont aujourd’hui difficiles à réaliser. Devant ce constat, ce livre d’images se veut être un témoin de la richesse et de la beauté

09/2023

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Poésie

Langue de neige

Ce livre de texte et de photographies propose des alternances et des lectures dédoublées, mille nuances de dire et mettre en scène la matière neige. A partir d'une expérience de bilinguisme, il offre une leçon d'équivalence, caractéristique de l'activité poétique. Les photos montrent des espaces sans échelle où la matière est montrée au risque de sa disparition dans la page. Ce livre de texte et de photographies propose des alternances et des lectures dédoublées. Il est à la fois un exercice littéraire et visuel. à partir d'une expérience de bilinguisme, il offre une leçon d'équivalence, caractéristique de l'activité poétique. Il ne s'agit pas à proprement parler d'une traduction (ici du français et du russe) mais d'un travail de langue qui opère comme un outil les mille nuances de la matière neige. Ce n'est pas dit de la même façon, de la même manière ni de la même matière en français et en russe. A commencer par qui parle : femme en français, homme en russe. Par coïncidences successives avec ces bruits de langue, l'oeil est sollicité par d'autres entailles. Les photographies mettent en scène des espaces sans échelle où la matière est montrée au risque de sa disparition dans la page. Matière aux limites du visible, travaillée par le vent qui l'anime de signes étranges et y inscrit de subtiles traces, la neige, dans les empreintes fixes que collecte le photographe. Les repères habituels dans le paysage hivernal se brouillent ou s'effacent, le temps même qu'un page se tourne, qu'un sommet s'efface. Les métamorphoses les plus ténues forment d'éphémères compositions. Ici aussi une leçon d'équivalence qui se défie du temps et des échelles est exposée. Les grains d'halogénure d'une pellicule photographique sont des cristaux sensibles et noircis par la lumière. Projetés et agrandis sur le papier positif ces points noirs deviennent des nuages de flocons blancs. Dans la lignée d'une collection où se jouent de expériences poétiques (plus largement littéraires) et des expériences visuelles (sur tous supports), ce livre explore la question de la fixité des traces et de la prise en compte de leur passage dans la mémoire humaine.

11/2021

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Thèmes photo

Hakanai Sonzai

Les images de Pierre-Elie de Pibrac parlent d'obsolescence et donnent à voir la fragile beauté de notre condition humaine. Poursuivant son travail photographique sur la résilience, Pierre-Elie de Pibrac se rend au Japon en 2020 ; pays qui a connu le terrible tsunami de Fukushima et où les habitants se livrent peu sur leurs émotions, leurs inquiétudes psychiques et intimes. Poursuivant la démarche initiée dès 2016 lors d'un voyage d'un an sur l'île de Cuba durant lequel il photographia le quotidien des populations délaissées des ouvriers du sucre et la fin de l'utopie castriste, Pierre-Elie de Pibrac entreprend de sillonner la région de Fukushima pour aller à la rencontre de personnes dont le destin a été bouleversé suite au séisme. Lors de ce long périple, le photographe saisit des instants de vie : les Japonais sont au coeur des dérives de l'anthropocène, sujet brûlant de nos sociétés modernes. Réalisés à la chambre - mode de prise de vue hérité des origines de l'invention du médium -, ses portraits résultent de rencontres durant lesquelles, à rebours du geste furtif du reporter, hommes et femmes, adolescents et adultes se sont livrés sur leur histoire personnelle, leur fragilité, leurs inquiétudes existentielles. Ces visages semblent au premier abord tous emprunts d'une même impénétrabilité. Mais pour qui prend le temps de les scruter, ils apparaissent alors d'une grande singularité et constituent au final une galerie de portraits universels. Doucement, on entre dans la vie de chacun d'eux, chacun est devenu un personnage qui exprime la fuite du temps, la difficulté d'être au monde, une certaine mélancolie. Pays où la pression sociale et l'exigence du paraître influent fortement sur l'identité de la personne, mais aussi pays où les forces aléatoires de la nature, avec ses séismes terrestres et marins récurrents, le Japon a développé depuis des siècles le concept de mono no aware, une sensibilité pour l'éphémère, une perception aigue de la vanité et de l'impermanence des choses. Ponctués de portfolios d'images aux profonds noir et blanc, ces portraits tous pris dans des décors et lumières naturels, nous immergent dans la culture japonaise. Une atmosphère mystérieuse plane.

10/2023

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Thèmes photo

Et bientôt l'obscurité

Un photographe illuminé et un écrivain "polarisé" ne peuvent faire que des étincelles dans la ville de Rennes ! La situation, ouverte sur la mer et tendue vers d'autres horizons, imprime l'identité bretonne et ses territoires, elle relie ses paysages et ses habitants à la manière d'un port d'attache, mi-terre, mi-mer, ancrage réconfortant en même temps que matière à utopies. C'est ici, depuis cet "espace tangible" que s'est imaginé Territoire rêvé Bretagne, un programme triennal de résidences, qui offre à six artistes - trois photographes et trois écrivains - d'explorer librement la géographie des lieux traversés pour créer une oeuvre poétique reliant le visible et l'invisible se concluant par un livre. Rennes est la troisième ville après Saint-Malo en 2019 et Chartres de Bretagne en 2020, à accueillir ce programme avec les photographies de Guillaume Zuili et la nouvelle de Pascal Dessaint. Il s'agit d'une déambulation dans une ville fantôme entre rêves et réalité, prétexte à divaguer et à inventer de nouvelles images mentales et photographiques. Guillaume Zuili est représenté par l'agence Vu et la galerie Clémentine de la Ferronnière. Il questionne les notions d'empreinte et de signe, interroge la nature même du médium photographique, en mêlant les techniques et en portant une attention particulière aux tirages. Il révèle entre plein soleil, néons nocturnes et l'abstraction du grain, les impressions et les atours d'un univers fantasmé qui n'existe déjà plus. Pascal Dessaint est un écrivain français, une voix essentielle dans le paysage du polar ayant su imposer une approche toute personnelle du roman noir, en délaissant les rebondissements et intrigues policières. Son texte courant dans le livre s'apparente à un roman-photo. "C'était près de la gare, d'où on n'arrivait ni repartait plus. Il voulait profiter de la pluie et marchait dans les flaques. Une enseigne aurait pu le faire sourire : Rennes sous la Pluie. Il n'en tombait jamais plus tant désormais. Et c'était bon à entendre, cette musique de l'eau, qui éclabousse, qui cingle, qui martèle. Il dansait maintenant, dans d'autres flaques, et il pensait : le pied dans la pluie laissera toujours une trace invisible". .

05/2023

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Botanique

Une Orchidée qu'on appela Vanille

Ce livre s'adresse aux passionnés de la botanique comme aux curieux de l'Histoire, aux cuisiniers en herbe comme aux simples gourmets. Nicolas Bouvier est le grand écrivain du voyage, ou plutôt, comme il aimait à le préciser, de "l'état nomade" . Ici, il nous emmène sur la route des épices, l'or des voyageurs, objet de convoitise et même, on le sait, monnaie d'échange multimillénaire. Liée à l'histoire du café comme à celle du chocolat, ces "drogues" qui ont changé l'Europe, celle de la vanille a quelque chose de romanesque : d'un obscur aromate mexicain mentionné pour la première fois au XVème siècle, elle finira par devenir, après moult pérégrinations et autres péripéties que l'auteur suit à la manière d'un enquêteur, un incontournable de nos livres de recettes. Nicolas Bouvier (1929-1998), écrivain, poète, essayiste, photographe, iconographe et voyageur, est né à Genève. Il a publié une dizaine d'ouvrages, dont L'Usage du monde, Le Poisson-Scorpion, Chronique japonaise, Journal d'Aran et d'autres lieux, et aux éditions Metropolis, Routes et Déroutes (entretiens avec Irène Lichtenstein-Fall) en 1992, L'Echappée belle en 1996 et La Chambre rouge en 1998. La première édition de Une Orchidée qu'on appela Vanille date de 1998. Nous la reproduisons ici dans son intégralité au format poche. Elle comprend ledit texte sur la vanille - qui était initialement destiné à un chocolatier de la Suisse centrale (qui, ruiné, n'a finalement rien pu en faire...), - enrichi de longs prolégomènes intitulés "Petite histoire de la vanille et quelques réflexions d'un cancre amoureux des plantes" et d'une iconographie où l'on reconnaît l'homme de métier. Nicolas Bouvier avait aussi tenu à inclure à cet ouvrage des recettes de Jules Gouffé, pâtissier célèbre de la fin du XIXème siècle. Michèle Stroun, éditrice, y adjoignit également la reproduction d'un "mot écrit à l'encre rouge pour Eliane, sa femme, petit mot intime, d'amour et de vanille" ainsi que de "six pages de manuscrits, arabesques noires tailladées de rouge" , comme elle l'explique dans une très belle postface relatant l'émouvante rencontre qui donna naissance à notre livre.

11/2023