Recherche

Jakob Nolte

Extraits

ActuaLitté

Spécialités médicales

Actualités en échographie de l'appareil locomoteur. Tome 15

Ce quinzième tome des "Actualités en échographie de l'appareil locomoteur" regroupe les thèmes présentés durant la journée organisée par le service de radiologie du GH Pitié-Salpêtrière. Comme chaque année, ce livre comporte des sujets variés provenant de travaux récents et de corrélations écho-anatomiques. La hanche et les prothèses font l'objet de quatre chapitres. Gérard Morvan nous montre l'intérêt de l'échographie pour l'analyse du matériel prothétique, Anne Fustier fait la corrélation entre les différents types de prothèses et leur aspect échographique, Jeremy Lellouche précise le rôle de l'analyse ultrasonore dans la pathologie labrale et Denis Montagnon nous explique comment il ponctionne cette hanche en échographie. Le canal carpien est traité par trois auteurs. Jonathan Silvera en précise le bilan échographique préchirurgical, Lionel Pesquer nous détaille l'aspect post-opératoire et David Petrover insiste sur l'importance de la détection de cette branche motrice tellement importante que les américains, et surtout leurs assureurs, la surnomment "million dollar nerve". Trois chapitres sont consacrés à l'épaule. Raphaël Campagna et l'équipe de Cochin nous font réfléchir en nous montrant la faible précision diagnostique de bons nombres d'échographies d'épaule, Henri Guerini nous explique l'aspect post-opératoire de la coiffe et Raphaël Guillin nous détaille l'écho-anatomie de cette BSAD si souvent douloureuse. La cheville est abordée elle aussi par trois auteurs. Antoine Ponsot nous fait une étude écho-anatomique des retinacula des extenseurs, l'équipe de l'Insep nous montre l'importance des atteintes tibiofibulaires imposant un traitement spécifique alors que Bénédicte Daenen et celle de Liège nous propose un protocole de prise en charge des entorses en urgence et montre l'impact de l'échographie sur la prise en charge thérapeutique. Le poignet est abordé par trois auteurs. Viviane Créteur nous fait découvrir le ligament de Vickers, Antoine Moraux et l'équipe de Lille nous détaillent tout ce que l'échographie peut voir autour du pisiforme et Elodie Sibileau nous montre l'aspect écho-anatomique des ligaments collatéraux accessoires des métacarpophalangiennes. Les nerfs font l'objet de deux chapitres : celui de notre "maestro" Stefano Blanchi qui nous détaille l'importance de l'échographie pour l'étude des petits nerfs et celui de Paul Michelin qui nous explique l'aspect des torsions nerveuses. Philippe Meyer et l'équipe de Bordeaux nous démontrent le rôle du muscle plantaire et le muscle droit fémoral nous est détaillé du haut en bas par l'équipe de la Pitié. Quatre chapitres, et non des moindres, complètent le livre. Fethi Ladeb et l'équipe tunisienne nous montrent l'importance de l'échographie dans l'ostéomyélite et Denis Jacob fait la même démonstration pour la face médiale du coude. Audrey Massein nous fait découvrir les fractures de la graisse et Franck Lapègue, le "Clunk Syndrome " après prothèse du genou. Bonne lecture.

01/2019

ActuaLitté

Religion

Zoroastre. Vie et oeuvre du précurseur en Iran

Lorsque naquit Zoroastre, la foi dans les dieux était à vrai dire encore vivante en Iran, et pourtant elle menaçait de s'effondrer. Les croyances erronées se répandaient. Zoroastre avait pour tâche - en tant que précurseur de la Lumière de la Vérité - de mettre en garde le peuple iranien contre l'hérésie et, en allant beaucoup plus loin, il devait se servir de ce peuple pour conduire l'humanité vers la foi en Dieu, pour la préparer au Jugement dernier et à la venue du "Saoshyant", du Sauveur. Zoroastre qui, au début, n'a nullement connaissance de sa mission, ne la reconnaît que dans la solitude des montagnes et trouve le chemin de son accomplissement. Le lecteur captivé suit avec intérêt la façon dont le faux précurseur s'oppose à Zoroastre. En liaison avec l'activité qui se manifeste dans la Création, Zoroastre trouve les révélations de la Vérité. C'est alors que commence son activité : Les êtres humains doivent être guidés hors de la déchéance et de l'erreur vers la pureté des moeurs afin qu'ils puissent être peu à peu amenés à reconnaître la lumineuse Vérité. Zoroastre suit courageusement son chemin. A l'heure dite, il rencontre les compagnons dont il a besoin pour accomplir son oeuvre ; il reçoit des aides et des directives en provenance de sphères plus élevées et il grandit intérieurement dans sa mission. Le peuple iranien mûrit ; il devient capable de saisir les Commandements reçus par Zoroastre en provenance de la Lumière et de les mettre en pratique dans la vie quotidienne. Arrivé à un certain âge, Zoroastre note les révélations que, dans sa Sagesse, la Lumière lui a permis de recevoir ; l'apogée de ces révélations est l'annonce du Sauveur, du "Saoshyant" qui viendra au moment du Jugement. Il se sert à cet effet d'un langage imagé qu'il élargit sans cesse et grave sur de minces plaques de pierre. La valeur du livre intitulé "Zoroastre" ne repose pas seulement dans la beauté de la langue et dans l'explication des événements historiques, mais bien davantage dans l'expérience qui fait ressortir la Grandeur et la Sagesse de Dieu qui guide tout et envoie à chaque peuple, pour lui annoncer la Vérité, le précurseur dont il a besoin pour mûrir.

05/1991

ActuaLitté

Histoire de France

Autour d'un effort de mémoire. Sur une lettre de Robert Antelme

Robert Antelme est arrêté par la Gestapo et déporté en juin 1944. Il se retrouve à Dachau un an plus tard, presque moribond. Le camp est bloqué par les troupes américaines par peur du typhus mais deux amis, dont Dionys Mascolo, réussissent à le faire sortir. Commence alors un "voyage infernal et merveilleux". Il parle, pendant cinq semaines, et ne pense "mourir que de ce bonheur". Deux ans plus tard il publie aux éphémères Editions de la Pensée Universelle, qu'il a fondées avec Marguerite Duras, ce livre dont Blanchot dit qu'il est "le plus simple, le plus pur et le plus proche de cet absolu dont il nous fait souvenir, L'Espèce humaine".
Entre la parole "sans fin" et le récit nécessaire il y a la Lettre à Dionys Mascolo. Malraux note comme une évidence que si "maints déportés"... ont écrit leurs souvenirs, leur retour à l'humanité n'y figure guère". Mascolo réplique : "La Lettre de Robert dit précisément ce que l'on nous dit qu'il est impossible de dire, qui devrait donc rester inouï". Au-delà du "simple raccordement de mémoire", de la "réconciliation" ou de l'"examen de passage", comme au-delà de la trop claire "dénégation", s'ouvre l'espace d'une innocence, d'une "originelle indétermination", où l'homme nié revient à l'homme et où l'écriture à la fois précise et tremblée de la lettre anticipe sur la rédaction du livre.
Cet état, "jamais... il n'y renoncera, jamais n'en guérira, ou jamais ne le trahira". La "réincarnation" (littéralement : le retour à la chair) d'Antelme est exemplaire. "Le lieu d'où il parle, dit Mascolo, il nous y a précipités et nous n'en sommes jamais revenus". Il donne aux autres, "sans échappatoire" l'occasion de se voir du dehors et de se découvrir une vie et une politique. Autour de Robert Antelme, Dionys Mascolo, Marguerite Duras, Edgar Morin puis Elio et Ginetta Vittorini se regroupent "dans le sentiment d'une délivrance mutuelle".
Ils sont tous au Parti Communiste mais leur communisme, qui appartient aussi bien à Holderlin qu'à Marx, a sur la Révolution une "avance" que ne supporteront pas les staliniens. Il refuse catégoriquement "le non-homme de l'homme, armé de raison, instruit de morale et soucieux de perfection". L'expérience, ici, c'est aussi le "refus du message".

08/1997

ActuaLitté

Cinéma

Souvenirs

" C'est la légèreté, la grâce, la bonne humeur, la gentillesse, et cette espèce d'insouciance frôlant parfois la coquetterie, qui me semblent caractériser le recueil de ces quelques souvenirs d'un enfant du siècle et de la balle. " C'est ainsi que Marcel Ophuls présente dans sa préface les souvenirs de son père, Max Ophuls. Exilé à Hollywood en 1941, Max Ophuls a écrit ce livre à l'attention de l'attaché de presse du studio de Preston Sturges et Howard Hughes pour lequel il travaille, en réponse à la commande d'une note biographique destinée à le présenter au milieu du cinéma. " Dear Steve... " : par ces mots débute la rédaction de ces quelques feuillets promis, qui vont devenir une véritable autobiographie en même temps qu'une traversée du monde et du siècle depuis la Sarre où Ophuls est né en 1902, jusqu'à Berlin, Vienne, Paris, Zurich, et Hollywood. Max Ophuls fut tout d'abord un homme de théâtre. C'est en tant qu'acteur qu'il fit ses premières armes sur les planches. Rapidement, il devient un metteur en scène de renom au Burgtheater de Vienne où il rencontre l'actrice Hilde Wall qui deviendra son épouse. Sa carrière l'amène à Berlin où il rentre en contact avec les milieux cinématographiques aux tout débuts du parlant. Vient alors le récit d'une carrière cinématographique exceptionnelle qui débute en Allemagne avec La Fiancée vendue et Liebelei, se poursuit en France, où Max Ophuls s'est exilé devant la menace nazie, avec La Tendre Ennemie, Werther, De Mayerling à Sarajevo. Dans les années 40, à Hollywood où il a fui la France occupée, il tente de monter des projets de films et se penche sur une vie déjà bien remplie. Marcel Ophuls, né à Francfort en 1927, apporte un double éclairage à ces souvenirs. Par ses annotations, il confronte au récit de son père sa propre mémoire de témoin privilégié, ainsi que le finit des recherches récentes des historiographes de Max Ophuls. Les souvenirs de Max Ophuls sont augmentés de l'entretien donné en 1957 à Jacques Rivette et François Truffaut, qui permet de visiter, toujours en compagnie du cinéaste, la dernière partie de sa carrière, des films américains de la fin des années 40 et à son retour en France dans les années 50, avec les quatre chefs-d'œuvre : La Ronde, Le Plaisir, Madame de, Lola Montès.

04/2002

ActuaLitté

Documentaires jeunesse

Loomy et loofy, le journal de bord. La grande traversée vers l'île du Bonheur avec Loomy et Loofy

Dans le journal de bord, Loomy et Loofy reprennent les enfants par la main pour leur offrir plus encore ! - Savoir s'affirmer avec les copains - Savoir résister aux influences négatives - Savoir prendre des décisions bonnes pour eux. Toujours en s'amusant, ils apprennent facilement à s'affirmer et à gagner en joie de vivre à l'aide des connaissances précieuses transmises par Loofy, et ses potions magiques ! Lors de cette quête inoubliable, Loofy montre à chaque enfant comment prendre confiance en lui et vaincre ses peurs. En 21 étapes clés, votre enfant renforce les aptitudes acquises avec l'album " incident à l'école "afin que les bons réflexes deviennent définitifs. Loomy et Loofy, leurs nouveaux compagnons pleins de tendresse, emmènent les enfants vers une meilleure connaissance de soi et des autres. Un cadeau unique pour un enfant unique. Une aventure à découvrir au quotidien, en autonomie ou en famille, de 6 à 8 ans, et jusqu'à 99 ans... . Note importante : Le Journal de Bord fait partie intégrante de la méthode : Grandir avec Loomy. Il est donc indispensable d'avoir découvert au préalable l'épisode : Loomy et Loofy (incident à l'école) en livre ou en vidéo, avant de se lancer dans l'aventure du Journal de Bord. > PARENTS par Véronique Bertrand "C'est simple, efficace et donne la clé aux enfants pour prendre les bonnes décisions" > ALLOFAMILLE par Asma C'est un véritable bijou qui aide votre enfant à affronter les aventures du quotidien > FEMME ACTUELLE HELLOCOTON par Stéphanie Donne les clefs à l'enfant pour qu'il puisse construire son estime de soi > NEOPRODUITS par Y.Dupuy C'est le plus court chemin pour une enfance heureuse et une adolescence sereine ! > R.G.B 92.2 par G.Rohr et A.D Fait grandir plus sereinement en toute autonomie > MAGAZINE Déclic par la rédaction La petite Loomy et son espiègle compagnon Loofy sont les héros d'un modèle psycho-éducatif , un concept audacieux qui apporte de nouveaux appuis aux parents et aux enfants > LA GAZETTE par J.CANU Offre aux enfants les meilleurs outils qui existent > DADDYCOOOL par la rédaction Les nouveaux amis des KIDS apprennent aux enfants à se protéger, à se sentir bien, et à s'ouvrir aux autres, avec des étapes à franchir, des missions à remplir et des pouvoirs à acquérir. > S'AMUSER ENSEMBLE par Stef "évite qu'un petit souci ordinaire n'ait de conséquences à long terme"

09/2018

ActuaLitté

Religion

Mundaka Upanishad, suivi de Mandukya Upanisad et Karika de Gaudapada. Tomes 4 et 5

La Mundaka Upanisad appartient à l'Atharvaveda et à l'école de Saunaka. Il est probable que le texte de l'Upanisd a été l'objet de maintes additions et interpolations. Tel qu'il est actuellement, on peut le considérer comme l'une des sources de la Bhagavad Gîtâ. Le titre semble signifier qu'il s'agit de l'Upanisad des " hommes à la tête rasée " et l'on a rapproché cette donnée de la mention finale du " voeu de la tête " (traité composé par des ascètes qui se rasaient la tête, ou allusion à la libération de l'esprit). Cette Upanisad admet la valeur du ritualisme mais enseigne qu'il ne suffit pas pour assurer un salut définitif. Le sage doit accéder à la connaissance du brahman par la connaissance du purusa (forme cosmique du brahman), et de l'âtman (forme du brahman dans l'homme). On a noté des coïncidences de pensée et de forme avec des textes bouddhiques et surtout jaïna. Cette Upanisad est relativement récente, postérieure en tout cas à la Chândogya Upanisad. La doctrine de la transmigration et du karman y apparaissent toutes constituées. La Mândûkya Upanisad porte le nom d'une école du Rgveda, mais elle appartient au groupe d'écrits se rattachant à l'Atharvaveda. C'est un texte très court, qui ne comprend que douze sûtra ; selon l'opinion générale, cette Upanisad serait, parmi celles qui sont considérées comme anciennes, une des plus récentes, peut-être même la plus récente. L'objet de l'enseignement de la Mândûkya Upanisad est le thème commun à la plus grande partie de cette littérature ; I'identité de l'âtman individuel et du brahman-âtman universel. L'auteur s'attache à poser l'équivalence de la réalité, suprême, absolue et de la syllabe sacrée OM. Outre sa propre valeur doctrinale, la Mândûkya Upanisad présente un autre intérêt considérable, c'est d'avoir donné lieu à l'une des oeuvres les plus originales et les plus importantes de la philosophie indienne : les kârikâ de Gaudapâda, lesquelles sont, en quelque sorte, greffées sur l'Upanisad. On ne sait que peu de chose de l'auteur. Beaucoup supposent qu'il fut le maître de Govinda, lequel n'est connu que pour avoir été, à son tour, le maître de Sankara.

01/1999

ActuaLitté

Littérature étrangère

Journal (1939-1943)

Fils de la poétesse Marina Tsvetaeva, Gueorgui Efron, que l'on appelait Murr, est né en Tchécoslovaquie, le 1er février 1925 et a grandi en France jusqu'à l'âge de quatorze ans. En 1937, son père et sa soeur retournent en URSS, suivis en 1939, par Marina et Murr. Après l'arrestation d'Ariadna et de Sergueï Efron, Gueorgui et sa mère restent seuls, contraints de déménager et de vivre des maigres revenus de Tsvetaeva. Au début de la guerre, Marina Tsvetaeva et son fils sont évacués à Elabouga. Submergée par la misère, la solitude et l'incompréhension, elle se suicide le 31 août 1941. Envoyé au front, son fils fut tué au combat le 7 juillet 1944. Murr commence à tenir son Journal dès son arrivée en URSS. Les dernières notes datent d'août 1943, quelques mois avant sa mort. La première partie de ce document plonge dans la réalité soviétique la plus ordinaire et la plus brutale qui soit. Sa force vient de la disproportion entre sa banalité et les grands bouleversements dont il se fait l'écho. Gueorgui Efron ouvre une Fenêtre sur le monde pour se livrer à une observation continue de l'ordinaire soviétique. Il note une foule de pensées et d'émotions, de faits et de détails quotidiens qui évoquent l'atmosphère de Moscou sous la Terreur, à la veille de la Seconde Guerre mondiale. La seconde partie s'ouvre sur la terrible année 1941. C'est l'invasion de l'URSS par l'Allemagne, l'évacuation précipitée en Tatarie, puis le suicide de Tsvetaeva. Murr, devenu orphelin, désormais livré à lui-même, commence une vie errante et incertaine. Le Journal prend alors une autre dimension et devient un témoignage sur la survie. L'obsession de la faim devient le leitmotiv des années 1942-1943, elle ne le quitte jamais. Quelque chose se brise dans la personnalité du jeune homme. Mais le Journal continue de s'écrire. La vie devient plus oppressante, et se trouve suspendue aux ordres arbitraires. La descente aux enfers se fait en temps réel ; le document est saisissant, non par la puissance de l'émotion, mais par l'adhérence matérielle à la situation, face aux horreurs impassibles du quotidien. L'écriture devient un état second. Le cahier s'arrête lorsque son auteur est happé par la guerre, lorsqu'il n'y a plus de papier ni de crayon.

08/2014

ActuaLitté

Critique littéraire

Allégories de la lecture. Le langage figuré chez Rousseau, Nietzsche, Rilke et Proust

Comme le note justement le traducteur dans sa préface, "à sa mort en 1983, Paul de Man était parmi les plus célèbres théoriciens de la littérature aux Etats-Unis, où il enseignait depuis plus de trente ans et où son nom était presque universellement associé à la critique déconstructrice. L'oeuvre de de Man reste cependant assez peu connue en Europe, bien qu'une discussion s'y soit récemment entamée sur 1' "affaire de Man" à la suite de ses activités journalistiques en Belgique de 1940 à 1942. Comme ce débat a inévitablement soulevé la question du rapport entre son journalisme et son oeuvre critique et théorique, la publication de celle-ci en Europe s'avère aujourd'hui particulièrement urgente ". Depuis la mort de Paul de Man, on mesure encore mieux la richesse de l'héritage. De nombreux ouvrages posthumes voient le jour aux Etats-Unis The Rhetoric of Romanticsm (1984), The Resistance to Theory (1986), Critical Wrltings (1989), Aesthetic Ideology (à paraître en 1990). Mais de son vivant, en dehors de nombreux articles (dont certains parurent directement en français dans Critique ou dans Poétique dont il fut membre du Conseil de Rédaction jusqu'à sa mort), Paul de Man n'a publié que deux livres, Blinduess and Insight (1971) et Allegories o f Reading (1979), considéré unanimement et à juste titre comme son oeuvre fondamentale. On voit en effet s'y rassembler les grands motifs d'une interprétation originale de la philosophie, du langage, de la littérature, de la rhétorique et de la politique. Cette interprétation s'avance à travers des lectures toujours singulières et inventives (Rousseau, Nietzsche, Rilke, Proust, etc.). Elle noue en une sorte d'idiome théorique inédit des traditions qui restent souvent intraduisibles l'une à l'autre : une déconstruction dont le style paraît plutôt lié à la philosophie continentale, une critique de la tradition des formalismes et du "New Criticism", une pragmatique et une théorie du "speech act" performatif déplacée, refondue puis mise en oeuvre dans l'approche de textes littéraires, philosophiques ou politiques, une réélaboration savante et audacieuse de la rhétorique traditionnelle. La critique de l'idéologie esthétique et organiciste, l'articulation d'une pensée du politique sur une théorie de la littérature, l'analyse des paradoxes de la promesse ou d'une certaine illisibilité du lisible, tout cela paraît faire de ce livre une des provocations les plus saisissantes de ce temps.

09/1989

ActuaLitté

Poésie

Sur cette terre, à nous prêtée... Les Chants de Nezahualcoyotl, roi de Texcoco

" Ô Princes, sachez-le bien, / Sachez-le, Aigles et Jaguars, / Le jade et même l'or / Aussi là-bas s'en iront, / Là-bas, où-sont-les-Décharnés... / Nous partirons, peu à peu nous disparaîtrons, / Il ne restera rien... " Les Chants de Nezahualcoyotl expriment la tristesse de tout un peuple, d'une civilisation splendide à son apogée qui se sent condamnée à disparaître. " A peine cinquante ans après que ces chants furent prononcés, note J. M. G. Le Clézio, tandis que les musiciens frappaient sur leurs tambours et soufflaient dans leurs buccins, et que les danseurs emplumés tournaient dans la cour du palais, la mort et la destruction sont venues de l'autre côté du monde. " On pourrait faire un parallèle entre les Psaumes du roi David et ces Chants du roi Nezahualcoyotl, poèmes de plainte et de désolation. L'un et l'autre voient leur fils périr d'une mort cruelle. Et tous deux élèvent leur plainte vers Dieu : YHWH - le dieu un qui protège et sauve - ou " Celui-par-qui-vivent-toutes-choses ", " le-Dieude-l'immédiat-voisinage ", le dieu inconnu à qui Nezahualcoyotl fait ériger un temple. " Ainsi les choses nous sont-elles confiées, / Ici, 0 mes amis, / Seulement ici, dans ce monde. / Demain, après-demain, / Comme le veut le coeur / De Celui par-qui-vivent-toutes-choses, / Nous irons dans sa maison, / O mes amis. ". Après avoir écouté un Chant de Nezahualcoyotl, le philosophe Ludwig Wittgenstein confiait à l'un de ses proches : " Voilà pourquoi tout cela est remarquable, c'est ce à quoi Platon rêvait - qu'un philosophe fût roi. Il me semble que dans toute culture on trouve un épisode intitulé Sagesse. Après on peut s'attendre à ce qui suit : Vanité des vanités, tout est vanité. ". Législateur et bâtisseur de génie, protecteur des artistes mais aussi redoutable chef de guerre, Nezahualcoyotl ne cesse de s'interroger sur la fragilité de ce monde. Et ses vers désespérés font de lui un frère d'angoisse en ce début d'un nouveau siècle : " C'est en vain que je suis homme / En vain que je suis sorti / De la maison du Dieu... / Suis-je vraiment sorti / Suis je vraiment un homme ? " Mexico fut détruite le 13 août 1521, moins d'un demi-siècle après la mort du roi-philosophe.

01/2010

ActuaLitté

Poésie

La Troisième Main

En épigraphe de la note finale de son recueil, Michèle Finck a placé ce mot d'ordre de Rilke : "Faire des choses avec de l'angoisse." Comme Balbuciendo était placé sous le signe de la double épreuve d'une séparation et de la mort du père, La Troisième Main a été écrit dans des circonstances très particulières : "Ce livre, composé d'une suite de cent poèmes d'extase musicale, a été écrit dans le noir et la pénombre, après une opération de la cataracte. Comme si, en opérant les yeux, on avait ouvert quelque chose de plus profond : brèche dans l'écoute ; non pas poèmes sur la musique, mais poèmes à et avec la musique ; poésie et musique intensément mêlées, qui tournoient tout au bord du silence. Noir avec torche de musique." Sept parties jalonnent cet itinéraire nocturne à travers les grandes oeuvres musicales, des plus classiques aux plus contemporaines : Vers l'au-delà du son ; Musique, opus neige et feu ; Pianordalie ; Violoncelle psychopompe ; Musique devance l'adieu ; Golgotha d'une femme ; Musique heurte néant. Comment décrire la subtile alchimie qui transmute la musique entendue en poème, comme un précipité de quelques mots, nullement descriptifs ni impressionnistes, mais rendant la même chose autrement, par d'autres moyens qui ne sont plus les sons mais les mots, avec leur propre économie et leur rayonnement propre. Il s'agit de transcription comme telle ouverture d'opéra de Rossini ou tel symphonie de Beethoven a pu être transcrite pour piano solo par Lizst. Et l'étrange est que les noms des oeuvres et des interprètes deviennent eux-mêmes comme des éléments du texte. Citons le premier de ces poèmes-transcriptions, comme un coup d'archet : "Bach : Cantate lch habe genug. /Hans Hotter. Anthony Bernard. //Seigneur, c'est assez. Baryton descendu /Tout au fond des sons jusqu'à la douleur. /Tout au fond du silence jusqu'à l'amour. / La musique relie les vivants aux morts. / Elle est leur étreinte. Leur bouche-à-bouche." Ainsi chemine l'écriture en creusant sans cesse davantage, du Lamento d'Arianna de Monteverdi au Kat'a Kabanova de Janacek ; du Chevalier à la rose de Strauss à Sequenza Ill de Berio ; des Leçons de ténèbres de Couperin au Strange Fruit de Billie Holiday ; de la Lulu-Suite de Berg au Arsis et Thésis de Michaël Levinas.

01/2015

ActuaLitté

Littérature française

Les Bonnabel Tome 3 : Les oubliés de Monastir

Les Bonnabel est le titre d'un cycle littéraire composé d'une suite de douze ouvrages. L'odyssée débute pendant la Grande Guerre pour s'achever un siècle plus tard. L'ensemble du récit décrit la vie d'une famille huguenote originaire de la Drôme ; ses membres sont cruellement éprouvés par les conséquences guerrières, et la folie meurtrière des hommes. A partir d'archives nationales, la collection Les Bonnabel évoque avec réalisme des évènements, et des grandes figures historiques du pays, conférant à la totalité de l'oeuvre une cohérence et une véracité d'une parfaite justesse sur la dimension militaire, politique, religieuse et de science humaine et sociale. Les épisodes de la dodécalogie Les Bonnabel se composent comme suit : Tome I : Les veuves blanches. Tome II : Les sacrifiés de l'Argonne. Tome III : Les oubliés de Monastir. Tome IV : Les galopins sanglants. Tome V : Les fanatiques de L'oustacha. Tome VI : Les enfants de Mussolini. Tome VII : Les enragés de la défaite. Tome VIII : Les triangles roses. Tome IX : Les oubliés du Vercors. Tome X : Les enfants de Boches. Tome XI : Les amants de Bouillante. Tome XII : Les justiciers. Note préliminaire de l'auteur : Le front d'Orient qui retient l'essentiel des troupes austro-hongroises et leurs alliés bulgares loin des combats qui ravagent la terre de France est ignoré du gouvernement français comme du haut commandement. Le corps expéditionnaire français est venu sauver l'allié serbe d'un désastre irréparable, le rejet à la mer, et, sous le commandement de Sarrail, a méthodiquement entrepris la reconquête de la terre des Karageorgevitch. Les "poilus d'Orient" mènent des combats d'abord désespérés puis victorieux aux côtés de leurs frères d'armes de Nys ou de Belgrade. Ils gagnent les coeurs et cimentent une amitié qui ne s'effacera pas de sitôt. Mais à Paris, on méconnaît leur sacrifice et Clemenceau prend soin de ralentir leur irrésistible montée vers Vienne. Il n'aurait pas fallu que le clairon du cessez-le-feu se fasse entendre dans la capitale des Habsbourg avant que dans les plaines torturées de Champagne. Quatre ans plus tard, avec le retour des poilus d'Orient, personne ne songe plus à dissocier les mérites et les listes des morts continuent de s'allonger au gré des exhumations, des fouilles, des études minutieuses de listes. Les fruits de la victoire prennent des goûts amers.

05/2023

ActuaLitté

Droit

L'état civil. Validité des actes étrangers, transcription, recours

Toutes les personnes sont amenées dans la vie courante à produire des actes ou des extraits d'actes d'état civil afin de prouver des liens familiaux ou d'établir la survenance d'événements comme la naissance, le mariage ou le décès. Un étranger ou une étrangère doit produire des documents d'état civil pour faire valoir son droit à entrer en France, à y séjourner, à s'y faire rejoindre par sa famille ou à acquérir la nationalité française... Or la présentation de documents d'état civil provenant de certains pays se heurte à une suspicion de fraude presque systématique de la part des autorités françaises qui condamne les requérants à renoncer à leur droit ou à s'engager dans une longue et complexe procédure contentieuse. Suspects encore : le Français ou la Française qui envisage d'épouser une étrangère ou un étranger car l'officier de l'état civil français cherchera à débusquer le mariage "blanc" ; si le mariage a été célébré à l'étranger par les autorités locales, sa transcription dans les registres de l'état civil français relève souvent du parcours du combattant. Cette note porte essentiellement sur l'état civil des étranger·e·s en France mais ce sujet ne peut pas être isolé. Il relève en effet d'abord des principes généraux qui s'appliquent à l'état civil de toute personne vivant en France. L'état civil des Français·es résidant hors de France ou des étranger·e·s qui acquièrent la nationalité française est aussi abordé ; leurs conséquences sont importantes, notamment en cas de mariage franco-étranger. Enfin, lorsqu'une personne obtient le statut de réfugié ou d'apatride en France, un nouvel état civil se substitue à l'état civil étranger. Avant de produire un acte d'état civil étranger aux autorités françaises, autant se prémunir le mieux possible de probables contestations en veillant à sa légalisation (pour les pays où elle est requise) et à sa conformité aux formes usitées dans le pays ... Cela n'empêchera pas, bien souvent, que la "force probante" du document soit tout de même contestée. D'où la nécessité de connaître les voies de recours lorsque des vérifications d'état civil bloquent une demande administrative (visa, titre de séjour...) ou une demande transcription d'un acte étranger concernant un Français ou une Française.

03/2011

ActuaLitté

Histoire de France

Dans le secret des archives britanniques. L'histoire de France vue par les Anglais 1940-1981

Qui mieux que nos meilleurs ennemis pour comprendre les soubresauts de l’histoire de France ? De ce côté-ci ou de ce côté-là de la Manche, ambassadeurs, conseillers diplomatiques ou agents secrets britanniques ont noirci des milliers et des milliers de notes et de télégrammes pour relater, quasiment au jour le jour, l’actualité française. Informations confidentielles, analyses et recommandations doivent aider le gouvernement de Sa Majesté à mener avec finesse le subtil pas de deux qui se joue depuis des siècles avec ces sacrés Français. Les auteurs ont ainsi choisi parmi ce véritable trésor que constituent les National Archives une quarantaine de documents exceptionnels qui traitent des grandes heures de notre histoire (la guerre, la décolonisation, Mai 68) mais aussi de faits moins connus qui ont marqué la mémoire collective, par exemple, les obsèques du général de Gaulle ou la maladie de Georges Pompidou. Ce qui frappera les lecteurs, c’est la liberté de ton de ces écrits, comme si nous redécouvrions avec stupeur des faits pourtant familiers. Tout commence avec la chute de la France au printemps 1940 à travers le récit poignant de l’ambassadeur britannique qui doit fuir, avec le gouvernement français, à Tours et à Bordeaux. Des officiers de renseignement sont bien sûr dans le bocage normand les jours suivants le D-Day pour collecter un maximum d’informations sur l’accueil du général de Gaulle par les populations. On y suit encore les procès de Pétain et celui de Laval, « fable décevante » selon les mots du diplomate chargé d’envoyer chaque jour un compte-rendu au Foreign Office. Les auteurs ont également mis à jour des pépites insolites. En 1970, une note est remise au chancelier de l’Échiquier qui doit se rendre en visite à Paris. Son objet est de dresser le portrait de Valéry Giscard d’Estaing : « les performances, les ambitions et les possibilités de monsieur Giscard sont presque trop belles pour être vraies ». Qui a loué la clairvoyance des Anglais ? De la première apparition dans l’histoire anglaise du colonel Charles de Gaulle, « fervent partisan de l’attaque » dès la déclaration de guerre, à l’élection du « romanesque et hédoniste » François Mitterrand en 1981, notre histoire défile ainsi sous l’œil étonné et souvent caustique de nos si terribles voisins.

09/2012

ActuaLitté

Critique littéraire

Cahiers 1894-1914. Tome 12, 1913-mars 1914

L'année 1913 voit se poursuivre la série des petits cahiers cartonnés répertoriés de K à Q. Valéry consacre de nombreux passages à l'entreprise des Cahiers pour tenter de faire le point sur ses desseins et ses méthodes. C'est déjà le ton de ce qu'il appellera plus tard les "Mémoires de Moi". Investi depuis des années dans l'élaboration de ce qu'il nomme "My Psychology", il revient, avec le but affirmé de "se faire des concepts plus purs", sur des notions déjà examinées : le rêve. la mémoire, l'imagination, la surprise. mais aussi le hasard. Il revendique l'opposition entre sa démarche et celle du philosophe. et désigne connue l'aboutissement de sa réflexion la représentation du "fonctionnement d'ensemble" du vivant "monde, corps, esprit". Esquissant un autoportrait assez explicite, il analyse en moraliste un Ego cherchant en lui la généralité de l'humain. Ce qui frappe c'est l'attention accordée à la question religieuse. l'abondance et la régularité des réflexions dans les Cahiers de cette période. Faut-il y voir un écho des discussions nées de la crise moderniste qui secoue alors le monde catholique ? Ou y repérer une tentative d'interroger le mystère du croire ? Valéry d'autre part réfléchit depuis quelque temps à l'édition possible de ses anciens poèmes, mais le retour à l'écriture poétique n'est pas encore installé. C'est la guerre qui amènera le futur auteur de La Jeune Parque à se réfugier dans un labeur de "moine du Ve siècle". Avant 1911, nulle trace de l'élaboration du poème dans les Cahiers. Si des passages traitent de la poésie, c'est pour préciser un idéal plus que pour définir un but précis. Joint à ces Cahiers, un petit carnet ouvert en août 1914 est un document remarquable par sa variété. Elément parallèle des chantiers valéryens, il contient le premier jet de passages développés ensuite dans les Cahiers. D'août à octobre 1914. Valéry tient aussi un journal, ce qui est rare chez lui. Il note non pas ses réflexions sur un moment tragique, mais des détails de son vécu. Mais surtout le carnet apporte des éléments éclairant la genèse du grand poème. Complément bref du dossier de brouillons, il contient des bribes de vers qui cherchent leur forme définitive et trouveront leur place dans les diverses séquences de La Jeune Parque.

04/2012

ActuaLitté

Récits de voyage

Dans les forêts de Sibérie

Sylvain Tesson, pour rassasier son besoin de liberté, a trouvé une solution radicale et vieille comme les expériences des ermites de la vieille Russie : s’enfermer seul dans une cabane en pleine taïga sibérienne, sur les bords du Baïkal, pendant six mois. De février à juillet 2010, il a choisi de faire l’expérience du silence, de la solitude, et du froid. Sa cabane, construite par des géologues soviétiques dans les années brejnéviennes, est un cube de rondins de trois mètres sur trois, chauffé par un poêle en fonte, à six jours de marche du premier village et à des centaines de kilomètres d’une piste. Vivre isolé du monde nécessite avant tout de s’imposer un rythme. Le matin, Sylvain Tesson lit, écrit, fume, ou dessine. Puis ce sont cinq longues heures consacrées à la vie domestique : il faut couper le bois, déblayer la neige, préparer les lignes de pêche, réparer les avanies de l’hiver… Le défi de six mois d’ermitage, c’est de savoir si l’on réussira à se supporter. En cas de dégoût de soi, nulle épaule où s’appuyer, nul visage pour se lustrer les yeux. L’inspecteur forestier Chabourov qui l’a déposé sur cette grève le premier jour le savait. Il lui a glissé, énigmatique, en se touchant la tempe : « Ici, c’est un magnifique endroit pour se suicider ». La solitude finira par se révéler fertile : quand on n’a personne à qui exposer ses pensées, la feuille de papier est un confident précieux ; le carnet de note, un compagnon poli. C’est ce journal que nous offre à lire Sylvain Tesson. En notant minutieusement, presque quotidiennement, ses impressions face au silence, ses luttes pour survivre dans une nature hostile, ses désespoirs, ses doutes, mais aussi, ses moments d’extase, de paix intérieure et d’osmose avec la nature, Sylvain Tesson nous fait partager une expérience hors du commun. Finalement « la vie en cabane apprend à peupler l’instant, à ne rien attendre de l’avenir et à accepter ce qui advient comme une fête. Le génie du lieu aide à apprivoiser le temps ». Une expérience comme seule la littérature peut la ressaisir afin qu’elle ne soit pas seulement une aventure isolée, mais une aventure exceptionnelle à la portée de tous.

09/2011

ActuaLitté

Critique littéraire

Puzzle

Je n'ai pas oublié ce qu'un jour m'a dit Paul Valéry à qui j'avais donné mes premiers poèmes à lire : "Vous y arriverez parce que vous n'avez pas grand chose à dire." Sur le moment, à la maison, on se gaussa. On espérait bien que la leçon serait entendue et que, "côté azur", j'allais enfin en rabattre. Pour moi, restait le regard appuyé de Valéry. Des années plus tard, il y eut ce moment d'exaltation folle où, en lisant Les Cahiers, je retrouvai textuellement la remarque qui m'avait été faite, suivie de cette phrase : "Que fais-je d'autre moi-même ? Si d'aventure il m'arrive d'avoir une idée, je m'empresse d'en prendre note, ne serait-ce que parce que je ne suis pas certain d'en avoir une autre. Qu'est-ce que la pensée, sinon le dénombrement des pensées ?" Si c'est en mai 1981 que j'ai décidé de trier ces notes que, dans des cahiers rayés de deux tonalités de gris, j'avais rédigées au hasard des circonstances et de l'aléa des idées, c'est qu'alors quelque chose flottait dans l'air comme un rappel à l'ordre des valeurs essentielles. Non par forfanterie mais parce que telle avait toujours été ma façon de vivre, c'est parce que, tout de même, j'estimais avoir obtempéré aux injonctions de ces valeurs-là, que je me décidai à reprendre mon journal. Il me semblait qu'en retenant certains de mes textes, éventuellement en les réécrivant, j'apporterais ma contribution à l'apurement général. Je fus d'autant plus conforté dans mon entreprise que je constatai que ceux des passages dans lesquels j'avais relaté un élémentaire courage, du point de vue littéraire, répondaient du meilleur dont j'étais capable. J'ajoute que jamais comme à la faveur de la mise en forme de ces fragments-là, je n'ai éprouvé à ce point combien le monde s'articule à merveille. Ils sont dans ma mémoire comme des morceaux de vie qui, s'ils font corps avec le reste, n'en ont pas moins chacun leur unité. Ce pourquoi j'entendais les laisser en l'état vient de ce qu'ils réduisent l'écriture à l'essentiel. L'ambition de tout écrivain n'est-elle pas que, le lisant, on se persuade que s'il a écrit, il a aussi... désécrit ?

06/1986

ActuaLitté

Histoire de France

LE PROCES PAPON. Un journal d'audience

Avant même l'ouverture du procès, la cause semble entendue : Maurice Papon, secrétaire général de la préfecture de la Gironde sous l'Occupation, est coupable. Mais, au fil des audiences, il devient bientôt clair que l'instruction, en quatorze ans, a été pour le moins mal faite ; que l'Histoire, celle des historiens cités à comparaître, est plus nuancée dans ses analyses des chaînes de responsabilité administrative ; que les témoignages des grands acteurs témoins de la Résistance divergent sensiblement d'un tableau en noir et blanc ; que la Mémoire des enfants et parents des victimes déportées doit se contenter d'obtenir réparation d'un fonctionnaire de rang moyen, alors que ses supérieurs hiérarchiques, jamais inquiétés, sont morts en toute quiétude au cours de l'instruction ; que nombre de parties civiles ont cru ne faire qu'une bouchée d'un accusé prompt à se défendre, vif à confondre de pseudo-témoins à charge, à nier ses responsabilités historiquement avérées mais judiciairement difficiles à établir cinquante-cinq ans après. Au terme d'un procès-fleuve, une peine de dix ans est prononcée qui ne satisfait ni le Droit, ni l'Histoire, ni la Mémoire. La Cour d'assises innocente Maurice Papon des faits de complicité d'assassinat retenus contre lui par l'instruction et l'arrêté de renvoi ; elle juge l'accusé coupable de complicité d'arrestation et de séquestration, ce qui est peu s'il s'est agi de juger Vichy et son administration ; elle introduit en France la gradation des peines en matière de crime contre l'humanité ; elle esquive, enfin, le grand débat juridique visant à définir ce crime suprême soit comme un crime de droit commun à évaluer selon les intentions présidant à chaque acte, soit comme un " crime de bureau ", s'insérant dans un processus génocidaire plus vaste, où la responsabilité se mesure à l'aune non plus seulement de l'acte de l'individu mais du rôle qu'il assume dans une chaîne criminelle de responsabilité. Le délitement du procès Papon, au fil des audiences, Eric Conan, l'un des rares journalistes à avoir assisté à toutes les audiences, nous le donne à lire dans ce Journal. Il note les propos de chacun, restitue l'atmosphère, tendue, pathétique ou cocasse, livre les moments et les discours clés. Le lecteur de ce document de référence découvre bientôt comment un procès, longtemps jugé improbable, se révéla progressivement un procès impossible.

05/1998

ActuaLitté

Beaux arts

Dada Africa

La révolte artistique Dada qui naît à Zurich au coeur de la tourmente de la Grande Guerre en 1916 exprime un rejet des valeurs traditionnelles de la civilisation qui auraient conduit au désastre de cette période. Dans ce cadre, une réévaluation d'autres systèmes de pensée et de création s'opère et conduit de nombreux artistes d'avant-garde à se pencher et à s'approprier des types de productions artistiques radicalement autres. Pour la première fois, et en coopération avec le Musée Rietberg de Zurich et la Berlinische Galerie, une exposition est consacrée à la confrontation des dadaïstes avec l'art et la culture de pays extra-européens. Les mises en scène des "Soirées nègres" au Cabaret Voltaire, faisant appel à tous les sens, associant musique, poésie et danse, s'attaquent à la notion même de l'art et remettent en cause les valeurs artistiques ayant cours jusqu'alors. Dès 1917, la galerie Coray à Zurich expose côte à côte des objets africains avec des oeuvres  dadaïstes. La  même  année,  Tzara écrit sa "Note sur l'art nègre", publiée dans la revue SIC où il affirmait "du noir puisons la lumière". Les masques de Marcel Janco, les costumes de Sophie Taeuber-Arp, les collages de Hannah Höch ou encore les oeuvres collectives refusant la notion d'auteur témoignent de ces recherches pour un nouveau langage formel. Cette exposition pluridisciplinaire permettra de confronter des oeuvres extra-occidentales à la fois africaines mais aussi amérindiennes ou encore asiatiques aux productions dadaïstes mettant en lumière des processus d'échanges et d'appropriation par ces artistes. Les peintures, sculptures, photocollages, photographies dada seront mêlés aux sculptures extra-occidentales dans des jeux de résonnances appuyés par la mise en scène scénographique de l'exposition. L'étape parisienne mettra également en lumière le terreau fertile préexistant dans la capitale française pour les arts extra-européens et la manière dont cela a pu nourrir le mouvement. Ainsi, l'exposition trouve-t-elle toute sa place au musée de l'Orangerie, en mettant en avant les liens du galeriste Paul Guillaume avec les acteurs gravitant autour de dada et autour de l'art africain à cette époque. L'étape de l'Orangerie ouvrira d'ailleurs sur l'importance que ce sujet a pu revêtir dans la genèse des liens du mouvement surréaliste avec les arts extra-occidentaux.

10/2017

ActuaLitté

Pléiades

Oeuvres romanesques. Tome 5, La Ville ; La Demeure ; Les Larrons

Ce volume s'ouvre sur les deux derniers romans de la "trilogie" des Snopes. Une trilogie, certes : Faulkner l'avait conçue comme telle en 1938, à moins que, comme lui, on ne remonte au tout premier projet, qui date de 1925-1927. Mais si Le Hameau paraît dès 1940, quinze années passent, et quelques grands livres paraissent, avant que le romancier ne revienne aux Snopes. La Ville (The Town) est publié en 1957 ; La Demeure (The Mansion), en 1959. Dans ce dernier volet, Faulkner fait figurer une note liminaire qui pourrait passer pour un "mot d'excuse" - "on trouvera des divergences et différences dans le déroulement de cette chronique particulière au long de trente-quatre années" -, mais qui est en fait l'affirmation de sa liberté. La vie est mouvement ; "la seule alternative au mouvement est l'immobilité, la stase, la mort" ; "l'auteur aime à penser, et espère, que l'oeuvre de toute sa vie fait partie d'une littérature vivante". Du "coeur humain et de ses dilemmes" Faulkner croit désormais savoir tout ce que l'on peut apprendre. Il écrit alors Les Larrons (The Reivers), son dernier "tour de force". Un roman comique, "l"heureuse et souriante conclusion d'une carrière", peut-être, mais bien plus que cela : un roman de formation, et la récapitulation de toute l'oeuvre dont défilent, sous un éclairage nouveau, les grands motifs et les hautes figures : un grand-père banquier qui a tout du "jeune colonel" Falkner, le portrait apaisé d'un père ailleurs faible ou absent, l'exploration de la barrière raciale, la découverte de la sexualité à Memphis, chez la Miss Reba de Sanctuaire, le Mal qui rôde, incarné par le jeune Otis, un Popeye mineur, et, enfin, deux objets de désir antagonistes et échangeables, un cheval de course apparenté à celui de Parabole et le pétaradant emblème de la modernité, l'automobile, qui, avant d'être un "symbole sexuel national" dans L'Intrus et dans La Ville, était déjà l'un des ressorts de Sartoris en 1929. Les Larrons paraît le 4 juin 1962. Faulkner meurt le 6 juillet, peu après une chute de cheval. Ce volume, dont les traductions ont été profondément révisées, clôt la série de ses romans dans la Pléiade. Un volume consacré aux nouvelles paraîtra prochainement.

11/2016

ActuaLitté

Littérature française

Le raviveur de souvenirs

Léonard Burton, ancien entrepreneur ayant mis la clé sous la porte se retrouve dans une situation embarrassante : alors qu'il pensait sournoisement se reconvertir en raviveur de souvenirs pour arnaquer les habitants du quartier, il croise le chemin de Marcus, jeune homme bien décidé à trouver du travail rapidement et prêt à tout pour en venir à ses fins. Ensemble, ils deviennent involontairement détectives privés lorsque le nouvel apprenti voit une annonce dans le journal : Isabella Navajias recherche son ex-conjoint et promet de payer gracieusement celui ou celle qui lui viendrait en aide. L'offre s'avère alléchante pour le commis en pâtisserie qui voit là un moyen de maintenir sa place. Qui pouvait savoir que le compagnon en question était le fameux Léonard Burton, presque disparu de la surface de la terre ? Combien de chance y avait-il pour que leur destin se croise de cette façon ? Qui est réellement la belle Taline, employée aux pompes funèbres, qui fait tourner le coeur de Marcus ? Toutes ces questions, sans réponses, ne dissimulent-elles pas de lourds secrets difficiles à avouer ? - Bonjour ! - Voici mon patron ! Je vous présente Isabella Navajias, notre future cliente. A l'entente du nom, Burton s'étouffa. Il fut pris d'une quinte de tout si forte qu'il lui était presque devenu impossible de respirer. La jeune femme posa le journal sur la table. (...) - Enchantée ! Je suis Isabella. Et vous ? Léonard paniqua. Impossible pour lui de lui donner sa véritable identité ! Il regarda autour de lui, face à la rue, et s'improvisa un surnom quelque peu ridicule. - Lampa ! Monsieur Lampa... Daire ! (...) Marcus regarda Burton avec un sourire niait. Elle lui faisait de l'effet cette jolie dame ! - Bien, maintenant que les présentations sont faites, je vais vous présenter plus amplement le dossier. Très professionnellement, Marcus sortit une pochette de son sac de cuir. - Donc si je reprends la requête de ma cliente, celle-ci recherche son ancien compagnon, (...), quel est le prénom de cet horrible individu ? - Léonard Burton ! Marcus toussota. Il venait de comprendre pourquoi son patron était si gêné et pourquoi il ne devait plus l'appeler par son nom officiel, tout s'expliquait ! Il se rendit compte de la gourde qu'il venait de faire. De peur de perdre son emploi, il joua le jeu. - Je prends note...

09/2017

ActuaLitté

Paranormal, Bit-lit, Science-f

Dans la noirceur de l'espace Tome 1 : Prisonnier de guerre

Brady Garrett doit rentrer chez lui. Engagé de force dans l'armée, il a été affecté au Défenseur Trois, l'une des stations du réseau conçues pour protéger la Terre des attaques extraterrestres. Il déborde de colère, de peur, et de mal du pays. S'il ne revient pas chez lui, il perdra sa famille, mais il n'y a pas d'autre moyen de le faire que dans un sac mortuaire. Cameron Rushton a besoin d'un coeur artificiel. Quatre ans plus tôt, il a été capturé par les Sans-Visage, la race alien responsable de la quasi-destruction de la Terre. A son retour, et suite à des erreurs médicales, Brady devient son stimulateur cardiaque humain et temporaire. Sauf qu'ils partagent davantage qu'un battement de coeur : ils partagent des pensées, des souvenirs et des rêves particulièrement réalistes. Brady n'a pas le temps de s'inquiéter de son attirance croissante pour un autre homme, en particulier quand il s'agit du type dans l'univers capable de lire dans ses pensées. Cela ne signifie rien. Ce n'est que de la biochimie. A présent, les Sans-Visage sont sur le point de faire leur retour, et personne ne semble pouvoir les en empêcher. Cam prétend que tout le monde s'en sortira, mais c'est sûrement un menteur et un traître, comme le croit l'armée. Mais ce n'est pas grave. Les types comme Brady ne s'attendent pas à des fins heureuses. #MM #ScienceFiction #Aliens #Militaire #GayForYou #Dystopie #SpaceOpéra #Extraterrestres --- "C'est amusant, sexy, plein de suspense, triste, et tout simplement EXTRAORDINAIRE. Je le recommande à tout le monde ! J'ai adoré, j'ai adoré, j'ai adoré". - Nick Pageant (Goodreads) "Je suis en fait assez bouleversée après avoir lu cette romance étonnante. Dans la noirceur de l'espace n'était pas du tout ce que je pensais et attendais. Au lieu de cela, j'ai obtenu quelque chose de tellement mieux. Si, si bon... romantique, poétique, joliment écrit et avec une histoire à la fois surprenante, amusante, affectueuse et aussi assez effrayante par moments. La note maximale ! " - Ingie (Goodreads) "C'est la première histoire solo de Lisa Henry que je lis, mais ce ne sera certainement pas la dernière ! Lisa, vous êtes une source d'inspiration impressionnante. Vous m'avez soufflée avec vos mots. Vous, chère madame, savez écrire ! " - Jenni Lea (Goodreads)

03/2023

ActuaLitté

Roman d'amour, roman sentiment

Là où mon coeur te retrouvera... T1. Pour le meilleur. Pour le pire. ( Romance médiéval fantasy )

Si on lui avait dit il y a quelques mois que son avenir allait être bouleversé de la sorte, elle ne l'aurait jamais cru. Tandis qu'elle s'avançait vers l'autel dans sa robe conçue spécialement pour ce mariage, Aélis repensait à tout ce qui l'avait conduite vers cet homme qui l'attendait et devant lequel elle allait devoir dire oui. A vrai dire, elle cherchait encore où se trouvait la folie de cette entreprise. Hormis cette obligation orchestrée par le Roi lui-même, il n'y avait rien qui aurait pu la pousser dans les bras de celui qui lui tournait le dos au bout de cette allée. Honnêtement, qui pourrait vouloir épouser l'homme le plus craint de la contrée, le duc Callum A. Callistar ? Le chevalier au nombre de faits de guerre le plus impressionnant, mais aussi ayant fait couler des rivières de sang derrière lui au point d'être surnommé par ceux qui l'ont croisé le Chevalier de Sang. On le dit sans pitié, sans une once de compassion. Il décapite, transperce, étripe, égorge avec ses troupes au nom du Roi Mildegarde, régnant sur le royaume d'Avéna depuis plus de deux décennies. Il est son fidèle bras droit. Sa lame à travers le royaume. Si le Roi continue de garder son séant sur son trône, c'est grâce à cet homme qui lui permet de conserver aussi bien ses terres que d'en conquérir de nouvelles. Et la voilà donc promise à ce guerrier implacable ! La voilà donc sur le point de devenir Duchesse des Terres d'Althéa, son fief, seule et loin des siens. La voilà, commençant une nouvelle vie. Une vie dont elle n'aurait jamais pu en soupçonner les rebondissements auxquels elle a eu à faire face depuis son arrivée... Note auteur : A tous ceux qui adorent les histoires en fantasy où l'héroïne est entourée de chevaliers valeureux toujours présents pour la servir. Pour toi qui a été transporté par des animes/mangas tels que Yona Princesse de l'aube, Saint Seiya ou encore Sailor Moon. Parce que tu es peut-être, comme moi, fan des webtoons, Like wind on a dry branch, Under the oak tree, L'impératrice remariée, Béatrice ou Père, je ne veux pas me marier. A tous ceux qui ont maté 500 fois La caverne de la rose d'or à la TV... Je te dédie cette saga.

ActuaLitté

Littérature française

Un certain art de vivre

Voici l'art de vivre de Dany Laferrière. Sous forme de maximes, de réflexions commentées, de rêveries, cent pages pour devenir soi-même un peu japonais. " J'ai voulu savoir comment les choses s'étaient passées dans cette vie où je n'ai pas cessé de bouger, souvent malgré moi. Toutes ces villes où j'ai vécu (Port-au-Prince, Petit-Goâve, Montréal, New-York, Miami, Paris, Tokyo), assez pour les intégrer en moi sans devenir sédentaire pour autant. Je suis passé, à peine étonné, du sud au nord, du rhum au vin, de l'été à l'hiver, jusqu'à devenir un cerisier en fleurs. J'ai franchi clandestinement les frontières de classes, de races ou encore celles qui séparent un pays d'un autre. J'ai accumulé diverses expériences au fil des jours ensoleillés ou pluvieux, mais je n'avais pas encore évalué ce parcours. L'été dernier, j'ai découvert sous forme de réflexions fulgurantes, de haïkus langoureux, de descriptions hâtives d'un lieu, d'une situation ou d'un état d'esprit, ce qui s'était passé dans ma vie durant ce dernier demi-siècle. Lecteur horizontal, j'ai choisi de vivre dans ma baignoire ou dans mon lit sans quitter l'espoir qu'une inconnue frappe à ma porte. Je note que la plupart des gens veulent savoir ce que l'écrivain cache alors que je me contente de ce qu'il tente de me faire voir. Pour rester dans cette simplicité proche de l'enfance, j'ajouterai que je lis une page les yeux ouverts, pour la repasser dans ma tête les yeux fermés. L'eau chaude de la baignoire me permet de fuguer en regrettant de ne pas l'avoir fait à certains moments comme la fois où j'ai manqué de prendre cette petite route de terre qui m'appelle depuis si longtemps, et cela même si j'ignore où elle me mènera. J'ajouterai que c'est quand on n'a rien à faire que le temps devient précieux. Mais pensant que la vie est linéaire, je tente vainement d'en sortir en prenant le bon chemin au mauvais moment. Pour finalement comprendre que ces petites notes, comme des touches de couleur, me dessinent un portrait naïf. Ce mince livre m'aura pris plus de temps qu'aucun autre. " D. L

10/2023

ActuaLitté

Compositeurs

Mozart ou le silence

Ce livre est un bijou d'intelligence et de subtile écoute de Mozart. Une invitation à sortir des sentiers battus et à laisser de côté les poncifs officiels pour, enfin, entrer dans la célébration du silence, jamais égalée, à laquelle nous convie l'oeuvre du compositeur. Dès la publication en 1960 de son premier livre, La philosophie tragique, Clément Rosset ne cessa plus d'écrire. Non seulement des livres de philosophie, mais aussi des récits, des pièces de théâtre, des essais sur ses artistes de prédilection. Parmi ces derniers, Mozart et le silence, devant être suivi de Note sur Jacques Offenbach, écrits en 1967 et 1970 respectivement, d'après la bibliographie que Clément Rosset établit lui-même vers 1970, préservée à la Bibliothèque Nationale. Partant essentiellement de l'opéra chez Mozart - ; son genre préféré, crucial à sa compréhension - ; , Clément Rosset démontre, à rebours des thèses musicologiques en vigueur, l'indifférence du génie autrichien à l'égard de la psychologie de ses livrets. A contre-sens des clichés en vigueur qui accordent un sens ou une intention aux airs sublimes de Don Giovanni, de Cosi fan Tutte ou des Noces de Figaro, l'auteur oppose une musique pure, finalement proche du silence et débarrassée de tout prétexte ou de toute arrière-pensée. A son retour du Canada, où l'essai sur Mozart fut rédigé, Rosset le propose à un éditeur qui le refuse, ainsi que d'autres manuscrits. Le texte reste alors inédit pendant une vingtaine d'années. Dans une série d'entretiens biographiques, Rosset raconte à ce sujet qu'au moment où il s'apprêtait à les mettre à la poubelle, il offrit quelques-uns de ces manuscrits à son ami Didier Raymond, estimant que ce dernier parviendrait probablement, de par son " entregent ", à les faire publier - ; ce qui fut le cas du Mozart, qui voit le jour chez Mercure de France en 1990 sous le titre de : Mozart. Une folie de l'allégresse, signé donc Didier Raymond. Discrète et ironique vengeance : c'était l'éditeur qui avait refusé le texte quelque temps auparavant. Ce même livre fut réédité chez Le Passeur en 2013 sous le titre Le cas Mozart. Il est aujourd'hui présenté au public sous son titre original, rendant justice à son auteur à titre posthume.

09/2021

ActuaLitté

Esotérisme

Les Sifflets Enthéosoniques ; Une Investigation au Sein des Civilisations Précolombiennes, du Son...

Le sens de l'univers peut-il être glané par l'expérience des sifflets péruviens enthéosoniques ? L'auteur Denis Casarsa partage une note enthousiaste d'optimisme dans un travail absorbant, qui expose les merveilles de ces outils précolombiens de la conscience, des instruments dont les accords particuliers se rencontrent pour s'unir et révéler une nature spirituelle immanente. Les Sifflets Enthéosoniques, Une Investigation au Sein des Civilisations Précolombiennes, du Son, du Chamanisme et de la Nature de l'Unité offre un aperçu sans précédent sur la façon dont sifflets péruviens sont en mesure de révéler par le son ce que nos mots ne peuvent exprimer de la nature même de l'existence.
Ce travail rare et résonnant partage avec nous la façon dont les harmoniques créés par ces instruments recèlent en eux un potentiel pour la paix et le bien-être dans nos vies quotidiennes. Avec des détails captivants et une perspective aigue, cet ouvrage très instructif ouvre la voie des possibilités infinies qui sont en nous, qui peuvent être réalisées en ouvrant notre conscience à cette expérience mystique et chamanique.
Les Sifflets Enthéosoniques sont des instruments précolombiens de transformation et d'éveil de la Conscience utilisant le pouvoir inhérent au son. Le langage des sons produits par les sifflets est utilisé comme une voie d'accès pour synchroniser notre résonance acoustique avec Gaïa, notre Terremère. Ces vases communicants produisent des "sons fantômes" ou "battements binauraux" , inducteurs d'une transe chamanique sonore, accordant notre manifestation avec la conscience planétaire et révélant notre potentiel le plus intime.
Ce livre et l'expérience enthéosonique induite sont fascinants ! L'auteur vous embarque dans un voyage de découverte de cette technologie spirituelle du son révélant les profondeurs insondables de cette antique connaissance humaine. Des tombes de hauts dignitaires et prêtres précolombiens, à la redécouverte des sifflets dans les années 1970, par des comptes rendus d'expériences des sifflets et des études scientifiques, l'auteur explore une connaissance occulte de l'alchimie, de l'Hermétisme et de la magie initiatique, pour révéler notre nature innée la plus profonde, celle de notre unité essentielle, indicible, non perceptible uniquement par des mots.
L'ouvrage de Denis Casarsa "Les Sifflets Enthéosoniques, Une Investigation au Sein des Civilisations Précolombiennes, du Son, du Chamanisme et de la Nature de l'Unité" tente de faire connaître ces instruments exceptionnels, afin que d'autres aussi, puissent eux-mêmes atteindre cette connaissance cachée et Conscience que ces sifflets peuvent offrir pour un plus grand bien-être dans le monde d'aujourd'hui.

08/2014

ActuaLitté

Pléiades

Souvenirs et récits

"Quelque paradoxale que puisse paraître au premier abord cette affirmation, l'oeuvre de Tolstoï, dont ce n'était certainement pas le dessein, est, en partie, une vaste autobiographie. Cet homme qui a été tellement avide de se dépasser, qui pendant les trente dernières années de sa vie a cru sincèrement penser pour le monde entier, qui a tellement écrit, vécu si longtemps, s'est raconté de la naissance à la mort, puisque ses premiers souvenirs remontent à l'époque où il était encore au maillot et que la dernière note de son Journal fut dictée le 31 octobre 1910, à la petite gare d'Astapovo où il était déjà alité, malade, et où il devait mourir huit jours plus tard. Les différentes périodes de sa vie sont éparses dans son oeuvre, transposées sur des plans divers : romans, souvenirs, confessions, écrits didactiques, mais, avec un certain recul, il nous est loisible de rapprocher les fragments de cette mosaïque. D'autre part, c'est sans doute un des écrivains sur lequel nous sommes le mieux renseignés. Le dix-neuvième siècle est l'époque des correspondances, disertes et inspirées. Et dans ce temps-là, chacun gardait le moindre brouillon. On a conservé plus de dix mille lettres de Tolstoï, près de cinquante mille lettres de ses correspondants, personnalités diverses qui lui écrivaient de tous les coins du monde et dont certaines se contentaient de mettre sur l'enveloppe : Léon Tolstoï, Iasnaïa Poliana, Russie. Les documents rassemblés depuis sa mort nous permettent de suivre presque au jour le jour cette grande existence. Or, ce qui frappe, après avoir suivi les détours capricieux de chacune des périodes de cette vie, avec ses contradictions apparentes, c'est sa continuité : adolescent tourmenté qui s'analyse jusqu'à l'hébétude, jeune homme sensible aux "attachements de la chair et du monde" et formulant quotidiennement les règles d'une vie austère, officier au Caucase et en Crimée et détestant la guerre, écrivain à la gloire naissante qui rejette de prime abord les moeurs littéraires, plus tard apôtre du renoncement mais restant sur ses terres au milieu des siens, il est et restera toute sa vie semblable à lui-même, c'est-à-dire double, abritant en lui à la fois un être de passion et un être moral : se contredisant, s'opposant ou se confondant, prenant à tour de rôle le pas l'un sur l'autre, ces deux êtres sont présents en lui à chaque instant". Sylvie Luneau.

01/1960

ActuaLitté

BD tout public

Ar-Men. L'enfer des enfers

"J'ai choisi de vivre au fond du monde. Par temps clair, je crois apercevoir la silhouette sombre de la pointe du Raz qui s'avance comme une griffe. Plus à l'ouest, l'île de Sein résiste aux assauts incessants d'une mer jamais tendre... Maigre échine d'une terre que l'on prétend aujourd'hui engloutie. Et puis un chapelet de roches qui court jusqu'à moi : la Chaussée. Pendant des siècles les navires se sont fracassés sur ses récifs meurtriers. Un cimetière. Le territoire sacré du Bag Noz, le vaisseau fantôme des légendes bretonnes. A la barre oeuvre l'Ankou, le valet de la Mort. Au bout de cette Basse Froide, un fût de vingt-neuf mètres émerge des flots. Ar-Men. Le nom breton de la roche où il fut érigé. C'est là où je me suis posé, adossé à l'océan. Loin de tout conflit, de tout engagement, je suis libre. Ici, tout est à sa place... et je suis à la mienne. " Germain, Ar-Men, 1962. Au loin, au large de l'île de Sein, Ar-Men émerge des flots. Il est le phare le plus exposé et le plus difficile d'accès de Bretagne, c'est-à-dire du monde. On le surnomme "l'Enfer des enfers". Germain en est l'un des gardiens. Il y a trouvé sa place exacte, emportant avec lui sa solitude et ses blessures. La porte du phare cède sous les coups de butoir de la mer en furie, et l'eau vient griffer le crépi de l'escalier. Sous le crépi, médusé, Germain découvre des mots, des phrases, une histoire. Un trésor. Le récit de Moïzez. Fortune de mer trouvée parmi les débris d'un bateau fracassé, Moïzez grandit à l'écart des autres sur l'île de Sein. Merlin, natif de l'île, est son compagnon d'aventure, Ys la magnifique, son royaume perdu. Sur la Chaussée de Sein glisse le Bag Noz, le bateau fantôme, piloté par l'Ankou, le valet de la mort, et Moïzez est aux premières loges. Plus tard il participera à la folle entreprise de la construction d'Ar-Men, quatorze ans durant, de 1867 à 1881. Fébrilement, Germain note tout sur un carnet. Après le travail quotidien, une fois répété les gestes précis et nécessaires à l'entretien du phare et de son feu, Germain raconte encore et encore. Blottie au fond de la salle de veille, une silhouette est tout ouïe...

11/2017

ActuaLitté

Littérature érotique et sentim

Il était une fois noël #4

Tempêtes de neige & Seconde chance : Erik Josef est un homme d'affaires de quarante-trois ans, récemment divorcé avec un objectif en tête : finir son dernier projet de l'année pour qu'il puisse passer ses vacances à Tahiti. Mais une rencontre à l'aéroport avec Seth, un jeune homme bavard et une tempête de neige risquent bien de mettre à mal son rêve de vacances sous le soleil. Flocons de neige & Chansons : Dans les semaines qui précèdent Noël, Will Johnson est en déplacement professionnel et loge dans un petit hôtel dans le nord de l'Etat de New York. Rien ne sort de l'ordinaire, jusqu'à ce qu'il se rende compte que sa fenêtre donne sur le patio de l'un de ses chanteurs gays favoris, une étoile montante du monde de la chanson, Rex Garland. Et la routine de Will se trouve d'autant plus perturbée quand il entend le processus créatif de Rex alors qu'il peine à écrire une chanson de Noël originale. Lorsque Will est frappé par l'inspiration, il décide de partager ces paroles avec son idole en lui laissant une note sur la table de son patio. Cela déclenche une réaction en chaîne. Le plus beau des cadeaux : Après cinq ans, Alex Stern et Rafe Hazelton ont ce qui semble être le mariage parfait. Alex commence ces dernières années en tant que résident, et la clinique vétérinaire de Rafe est plus active que jamais. Pour Rafe, la seule chose qui manque est un enfant, mais Alex, inquiet de devenir un homme semblable à son père, n'en est pas aussi sûr. Il ne veut pas faire la moindre erreur. L'arrivée à l'hôpital d'une nouvelle patiente va les conduire sur un nouveau chemin. Un noël sauvage : Le métamorphe Jaguar, Brent, est sur la mission la plus importante de sa vie : retrouver ses frères disparus. Séparés des années auparavant lorsque leur maison familiale a été attaquée par les Corbeaux, Brent n'a jamais oublié ses frères et soeurs perdus et fera tout pour les ramener à la maison. Puis il découvre qu'un homme détient la clé de leur emplacement, un métamorphe nommé Daniel. Ce dernier fuit les Corbeaux depuis qu'ils ont presque éradiqué tous ses semblables. Se cachant en vivant en tant qu'humain, la dernière chose qu'il veut est d'être aspiré dans le monde des métamorphes. Même le plus jeune des enfants sait que les chats et les oiseaux ne se mélangent pas.

12/2020

ActuaLitté

Littérature française

Du plus grand désordre à l'ordre parfait. Balades aux lisières du Monde

Trois lettres accompagnent ce livre : l'une au président Jimmy Carter, ancien président des USA, qui a eu à gérer l'accident de Three Mile Island (TMI), l'autre au Pape François et enfin une troisième à la jeunesse engagée dans la lutte contre le changement climatique. Comment la nature construit-elle des ouragans ? Et peut-on apaiser ces structures auto-organisées ? On révèle aussi le moyen à utiliser pour calmer les phénomènes chaotiques qui ont envahi les soupapes de sécurité alors qu'elles sont chargées de protéger les populations, les installations et l'environnement. L'accident de Three Mile Island en est l'exemple type. C'est l'objet de la lettre ouverte envoyée au président Carter (sa réponse est jointe). Notre monde est un mélange subtil d'ordre et de désordre ; il est resté longtemps en partie incompréhensible. Les découvertes en physique au cours des deux derniers siècles ont conduit à des développements considérables, repris pour l'essentiel dans ce livre écrit avec le souci de la clarté. Ce texte rappelle les bouleversements successifs qui ont ébranlé la science et ont permis d'éclaircir les notions d'ordre et de désordre, de bien et de mal disent les philosophes, notions qui interpellent l'humanité depuis l'Antiquité. Dans les années 1970, la théorie du chaos bouscula notre vision déterministe du monde et les structures dissipatives de Prigogine mirent en évidence l'émergence d'ordre lorsqu'un système dissipatif est poussé loin de l'équilibre. Or certaines de ces structures dissipatives naissantes sont néfastes pour le genre humain, et peuvent conduire à des désastres. C'est ainsi qu'une tempête tropicale peut devenir un ouragan, c'est-à-dire un énorme moteur thermique mobile sur la surface de l'océan qui vient s'essouffler sur les terres habitées en y semant la désolation. On propose donc de détruire cette structure dissipative dangereuse en supprimant l'ordre qui s'est introduit lors de sa formation. Mais est-il permis d'éliminer de l'ordre dans la nature ? C'est l'objet de la note adressée au Pape François et aux autorités religieuses. Ainsi, dans ce livre, on s'intéresse au désordre complet, lorsqu'on supprime l'ordre dans une structure dissipative, avec applications aux soupapes des centrales nucléaires et aux ouragans. Et on évoque aussi l'ordre parfait, lorsqu'on élimine le désordre. On est alors tenu de faire référence aux descriptions disponibles dans les textes sacrés. Et on est surpris !

08/2022

ActuaLitté

Littérature française

Nevermore

La narratrice de ce nouveau roman de Cécile Wajsbrot, une femme, traductrice, s'isole à Dresde pour traduire "Le temps passe" , partie centrale de La Promenade au phare, de Virginia Woolf, dans laquelle la romancière anglaise tentait d'écrire le temps pur en évoquant ses effets : la dévastation progressive d'une maison devenue inhabi- tée. Tandis que nous la voyons habiter peu à peu le texte et les lieux, et s'immerger dans les arcanes de la traduction, les fantômes qui peuplent la ville étrangère et ses propres fantômes intérieurs ne tardent pas à resurgir et à se mêler à son travail. Ainsi le thème de la dispari- tion récente d'une amie écrivain dont le souvenir la hante s'entretisse au journal dans lequel elle note au jour le jour - comme on ne l'avait sans doute jamais fait jusqu'ici dans une fiction-, les réflexions qui naissent des tâtonnements, des doutes suscités par la progression de son travail et par la tentative de s'approcher au plus près de la créa- tion d'un écrivain d'une autre époque, dans une langue autre. La lecture-commentaire de ce texte sur la dévastation du temps et la vie de la traductrice dans une ville jadis dévastée de la guerre ne font qu'un, sont intimement liés, retentissent sans cesse l'un sur l'autre. Un peu comme dans Mémorial, où, relatant un voyage en Pologne sur les traces de sa famille, elle parvenait à rendre une voix aux âmes des disparus, Cécile Wajsbrot réussit ici à rendre parfaitement justes, naturelles, les soudaines apparitions de l'amie disparue : on est trou- blé, ému, la grande réussite du roman est qu'à aucun moment cela ne paraisse forcé. Comme souvent, dans cette oeuvre, des thèmes secon- daires viennent s'intercaler en contrepoint ou même au sein du récit principal et en accroître la résonance. Il en va ainsi des pages qui évoquent la High Line, à New York, pour évoquer un autre type de métamorphose engendrée par le passage du temps. Mais il faudrait citer aussi d'autres leitmotive : ainsi la catastrophe de Tchernobyl, qui est comme une accélération à plus grande échelle de la dévastation décrite dans "Le temps passe" ; ou, a contrario, un thème qui tra- verse tout le récit comme l'image même du rôle de l'écrivain, ou de sa traductrice : celui des cloches (et, plus généralement, de la musique) qui avertissent de l'imminence du désastre ou, après que celui-ci a eu lieu, subsistent comme les derniers vestiges d'une vie humaine dans les villes englouties.

02/2021