Dorothée Dupleix, Elodie Heu, Emilie Kasazian, Delphine Ripaud

Luce est une adolescente qui aime avoir le look gothique. Lorsqu'elle découvre une lettre de sa mère où celle-ci expose devoir s'absenter quelques temps, Luce est ravie: enfin en paix! Dès le premier soir, elle peut organiser une méga fiesta avec alcool à profusion et invités par milliers. Le lendemain, un des invités a décidé de jouer les prolongations: une jeune fille, Moony, reste avec son chien et son copain dealer dans l'appartement de Luce. Bon... Luce s'y adapte. Au bout d'un mois, la jeune fille commence à se poser des questions... C'est quand même bizarre, sa mère ne donne pas de nouvelles...

C'est sûr, au début, c'est super d'être sans parents pour surveiller le moindre de nos faits et gestes. Oui, mais. Mais les parents sont aussi utiles bien souvent. Il y a des choses compliquées à gérer et l'affection manque aussi, parfois. Luce part alors à la recherche de sa mère et commence son enquête.

Et ce qu'elle va découvrir sur le passé de sa mère va vraiment l'étonner. Eh oui! Les parents aussi n'ont pas la vie facile. Eux aussi ont été jeunes, ont souffert, en ont eu marre. Luce va peu à peu mieux comprendre sa mère... alors que celle-ci n'est pas là.

de Maryvonne Rippert est un roman où chacun se retrouve. Les scènes s'enchaînent rapidement, nous montrant toutes les séquences de la vie avec un grand réalisme. Luce est vraiment une jeune fille attachante, il serait vraiment dommage de ne pas la rencontrer! Vous aimez la musique, vivre dans votre bulle? Vous aimez aussi le Soleil et prendre votre indépendance? Lisez Metal Mélodie et partagez l'expérience de Luce !

Avec son QI supérieur à la moyenne qui lui a valu le surnom de « cerveau », avec l’avance scolaire que en découle et qui fait d’elle la petite de la classe, avec cette timidité de petite dans une classe de grands au milieu desquels elle se découvre des émotions nouvelles lorsque les yeux de Lucas la regardent, Lou Bertignac avait souhaité assez fort passer inaperçue et espéré que Monsieur Marin oublierait de lui faire subir le passage obligé de l’exposé devant toute la classe.

Pas assez fort cependant : le « radar » ne l’a pas laissé s’esquiver.

Alors face au vide qui s’est ouvert devant elle, elle s’est lancée et a jeté en pâture : « les sans abris » ! Trop général ? Précisez ? « L’itinéraire d’une jeune femme dans la rue ». Des supports ? « Le témoignage. Le vécu ».

Car Lou a rencontré No à la gare d’Austerlitz. Au hasard d’un de ses moments-plaisirs qu’elle passe à observer les gens et leurs émotions.

No qui, pour quelques bières et quelques clopes, à la table d’un café (c’est au moins un moment passé dans un peu de chaleur), va un peu se raconter en évitant soigneusement de dire l’essentiel et surtout toute la vérité. Et lui fournir la matière d’un exposé que Lou ne pouvait que rendre brillant.

Puis disparaître alors que Lou, après son succès devant la classe confirmé par le 18 attribué par Monsieur Marin, voulait lui dire merci.

Les mots de Delphine de Vigan sont justes et clairvoyants.

Elle parle d’espoirs et de désespoirs qui gagnent et perdent tour à tour.

Elle raconte des vies brisées qui peuvent se reconstruire et d’autres qui ne sauront jamais retrouver totalement la chaleur du soleil malgré tous les éventails possibles de respirateurs artificiels imaginés pour les assister.

Elle raconte comment des oiseaux blessés peuvent se rencontrer se parler, se soigner. Mais elle dit aussi que ces guérisons ne sont pas irrévocables et qu’une corde brisée ne pourra plus jamais redonner sa note.

Elle dit combien est dure la vie qui distribue au hasard les bonheurs et les coups bas. Et comment ceux-ci modèlent à l’aveuglette les êtres qui les subissent.

Elle dit qu’il n’est pas toujours facile de vivre dans un grand appartement vide de Neuilly, mais que c’est encore plus difficile dans la rue avec une vie résumée dans une valise.

Elle dit comment est simple et souvent inéluctable cette dégringolade vers ce qui ressemble fort à l’enfer.

Elle dévoile discrètement toute cette violence latente, menaçante ou effective, subie dès lors qu’il n’existe plus de refuge pour se protéger un peu.

Elle insiste en pointant du doigt tous les étages de la misère matérielle et morale qui existe, mais qui se cache pour qu’on ne la voie pas. Ces vies brisées en cascade. Et qu’on cherche souvent à ne pas voir aussi ? Et qu’il existe toujours quelqu’un pour en profiter ou pour exploiter la détresse d’un plus mal loti.

C’est un vrai breuvage dégrisant que Delphine de Vigan nous propose là, au sortir d’une période festive au cours de laquelle ces misères-là ont pu nous échapper un instant. Bien aidées en cela par des médias préférant nous parler de jet set que de tentes sur les quais de la Seine.

Mais elle n’oublie pas de nous rappeler que le sens de rotation de la langue, quand on embrasse, n’est pas forcément l’essentiel.

Depuis que Lola est partie vivre au Québec, les cousins sont loin les uns des autres. Ils restent cependant en contact grâce aux courriers postaux et électroniques. Faut dire qu'entre la fête des 50 ans de mariage de Papy Papillon et Mamy Framboise à préparer et les joies et les peines du quotidien à se raconter, les sujets de conversation ne manquent pas.

Pour la fête qui se déroulera l'été suivant, chacun ira de sa spécialité : Lola écrira un poème, Janna se chargera des pâtisseries, Tom jouera de la guitare, Zoé dansera... Maintenant que cette question est réglée, les problèmes plus personnels peuvent être abordés : Lola se réjouit – mais s'inquiète également – de l'adoption prochaine d'une petite sœur ; Tom la rassure en lui parlant de ses relations avec ses frère et sœur ; Janna parle de son amoureux… Jusqu'au jour tant attendu des retrouvailles.

Familles recomposées, premiers amours, adoption... Tom, Lola, Janna se confient par écrit, s'encouragent, se réconfortent dans un album original par sa forme : des lettres que l'on sort de grandes enveloppes, des cartes postales, des mails, des écritures et des dessins d'enfants… Défile ainsi sous nos yeux une tranche de vie de famille pleine de vie, d'amour et de joie qu' nous donne à voir dans des illustrations joyeuses aux couleurs vives.

À travers les échanges de ces trois cousins, Sylvie Poillevé nous dévoile les petits secrets d'une famille et nous rappelle l'importance de pouvoir se confier à quelqu'un, aussi bien dans les moments de bonheur que d'inquiétude.

Petits secrets au fil des lettres, un album épistolaire sur les liens familiaux.

Comme son nom l'indique, voici six livres qui composent la bibliothèque de nos deux héros: la facétieuse Rose et son petit frère Émile, dont une des grandes passions est les pâtes au ketchup . Parce qu'il n'y a pas d'âge pour aimer la diversité en lecture, ils nous proposent un polar plein de suspens, un livre de cuisine digne des émissions culinaires sur M6, un roman de science-fiction, une autobiographie ultra intéressante, une compil' des meilleures blagues d'Émile et un truc à l'eau de rose, parce qu'un peu d'amour fait toujours du bien .

On ne vous présente plus , auteur de cette micro-collection de six petits bouquins cartonnés totalement choupis . Vous y retrouverez son esprit inimitable (certains s'y sont essayés et y ont perdu le leur...), son humour et sa patte (au ketchup) unique en son genre ! Et ce que les parents aiment bien, avec monsieur Malone, c'est qu'il pense à eux aussi, un peu . Parce que c'est sympa de ne pas bâiller, soupirer et râler quand on fait la lecture à ses enfants, il a eu la bonne idée de glisser des tas, mais alors des tas de clins d'œil entre les lignes, juste pour vous ...

De fait, les différents livres reprennent les codes des genres littéraires tels que nous, adultes, les connaissons. Parfaitement portés par les illustrations pleines de peps de Lili Scratchy, vous ne résisterez pas longtemps à l'envie d'ajouter à votre petite grande bibliothèque La grande petite bibliothèque de Rose et Émile ! Achetez et dévorez-la, avec des pâtes au ketchup en accompagnement, évidemment !

Vive, acérée, drôle… et joueuse, Maria Pourchet. "Feu", ce sont des mères qui maugréent comme dans un Woody Allen, une passion brûlante qui consume, une Banquise qui s’écroule, et au milieu de tout ça, Laure et Clément, flamboyants.

En 1699, Ilaria Tagianotte naît à Venise dans une famille de marchands d'étoffes. Ses parents, Francesca et Giacomo, ayant perdu trois enfants, la confient à la Pietà, une institution religieuse renommée pour son enseignement musical sous la direction de maîtres comme Antonio Vivaldi.

Dès son jeune âge, elle montre un intérêt pour la musique. Placée en pouponnière, elle apprend à lire et rêve de jouer du violon. Elle devient copiste de Vivaldi et découvre sa passion pour la musique, véritable voix intérieure. La Pietà, avec ses 867 pensionnaires, est un univers clos où les jeunes filles interprètent des œuvres derrière des grilles de fer lors de concerts prisés par les Vénitiens.

Déchirée entre son amour pour la musique et ses premiers émois amoureux, notamment pour Paolo, le frère de Prudenza, Ilaria est consumée par de nouveaux sentiments, un feu intérieur qui transforme son existence. Sa relation avec Paolo et son attachement à Prudenza ajoutent des couches de complexité à sa quête personnelle.

Léonor de Récondo capture l'essence de cette époque, où Venise, bien que déclinante, reste une ville de palais, de théâtres et de carnavals. L'auteur nous transporte avec une plume poétique et sensible dans un monde où la musique est une évasion et une passion dévorante. Ilaria, à travers ses expériences et découvertes, incarne cette dualité, cherchant à concilier son amour pour le violon et les affections humaines.

Une ode à la musique et à la féminité, où l'apprentissage et les émotions se mêlent pour donner vie à un personnage attachant. L'histoire d'Ilaria, entre solitude et découvertes, nous tient en haleine jusqu'à un final explosif, semblable à un feu d'artifice, symbolisant sa passion pour la musique et la vie.

Nous sommes en 1865 aux Etats-Unis, la guerre de Sécession vient à peine de finir, quand Scébanja décide de revenir à Canetown, dans le village qui l'à vu naître mais où il était esclave durant toute sa jeune vie. Vous l'aurez compris, Scébanja est Noir et être Noir à cette époque, dans un petit village du sud des Etats-Unis, bien que l'esclavagisme ait été aboli, c'est extrêmement difficile.
C'est d'autant plus difficile que, Scébanja durant son absence de Canetown a gagné de l'argent et qu'il revient en tant qu'homme libre pour acheter une ferme dans cet endroit, qui malgré tout, lui rappelle son enfance…
Et les hommes blancs du coin, voient d'un mauvais œil, eux qui n'ont plus d'argent, la guerre les ayant ruiné, ce grand Noir, cet ancien esclave acheter la terre de leur ancêtres. Alors, certains d'entre eux, vont signer un pacte avec le Diable et à cette période, le Diable c'est une organisation connue sous le nom de Ku Klux Klan dont les idées racistes commencent à peine à se propager et qui promet aux villageois, que de grés ou de force ils pourront récupérer leurs terres…

Ce roman s'appelle et nous le devons à Pierre Pelot auteur, à la bibliographie impressionnante de plus de 150 livres en presque 35 ans de carrière qui va du fantastique adulte au roman d'aventure jeunesse.
En fait, Les croix en feu, n'est pas réellement une nouveauté puisque les éditions de l'Atalante Jeunesse ont la bonne idée de ressortir ce texte déjà paru au début des années 90 et qui était épuisé depuis…
Sans rentrer dans un débat sur les différentes situations actuelles de racisme ambiant et dont toutes les fameuses « communauté » semblent touchées. Je pense sincèrement que ce livre devrait être lu également en classe, de part le message qu'il fait passer mais aussi et c'est quand même quelque chose d'assez important de part sa réelle qualité littéraire, ce qui est toujours un plus…

Bien éloignée de l'univers de l'édition parisienne, totalement extérieure à ce microcosme si particulier, je me suis demandée si ce roman, en apparence caricatural mais avec un avertissement suffisamment évocateur pour qu'une part de vécu y soit assurément associée, reflétait ou non une certaine réalité d'un milieu suffisant et dédaigneux, où l'écrivain est soit minable, soit hautain ou asocial, en tout cas peu sympathique ; où l'amour des livres et de la littérature reste secondaire, où les intérêts financiers priment sur la qualité d'une ligne éditoriale, où intrigues vénales, coups bas et bassesses en tous genres gravitent autour d'une œuvre, où les diffuseurs règnent en toute puissance, font et défont le succès d'un auteur.

Sans doute, au vu des anecdotes, de certains commentaires trop acerbes et inspirés pour être totalement imaginaires, ce roman s'inspire-t-il d'une réalité (bien peu glorieuse) mais reste  pourtant, je l'espère, avant tout une farce satirique, féroce et parfois dérangeante, pas toujours drôle mais bien rythmée, alerte et distrayante dans l'ensemble.

(qui a lui-même participé à la création malheureuse d'une maison d'édition avec Olivier Bardolle, publicitaire richissime) n'épargne personne :  de l'éditeur à l'attaché de presse, en passant par l'écrivain, le critique, toute la chaîne du livre passe et trépasse, même les blogueurs, dont l'intégrité et l'absence de parti pris ou de copinage avec les maisons d'éditions pourraient être louées, prêtent pourtant ici à sourire, semblent inutiles et vains, assez piètres et ridicules même. « Ces jeunes gens aux dents longues, critiques autoproclamés aux lectures incertaines, à la grammaire et à l'orthographe approximatives, qui pullulent sur le Net et prétendent désormais modeler l'opinion » (ça fait plaisir ! ! !)

Alors, effectivement si cet univers du livre, qui me fait tant rêver, depuis ma province lointaine, ressemble, même de loin, aux Editions Double-Cisse, je suis heureuse aujourd'hui d'en être éloignée et encore préservée. Une indépendance précieuse et fragile, certes, mais qui, à l'issue de cette lecture, ne me procure pas, non plus,  forcément une quelconque légitimité à pouvoir rendre compte objectivement de l'intérêt du livre. Mais puisque je l'ai lu (en entier) et que l'on me permet  quelques impressions, je me lance.

Elie Benarous, écrivain et libraire-galeriste vend sa petite affaire pour devenir le directeur éditorial de la maison Double-Cisse, créée et financé par un entrepreneur fortuné, détestable et plutôt vulgaire, du milieu de la conserverie alimentaire (« j'ai enculé Justin Bridou »), amateur de citations latines « piochées dans les pages rose du petit Larousse », poète à ses heures et lecteur d'écrivains assez grotesques, suffisants et susceptibles. « Je suis un brillant poète, un entrepreneur sans merci et un homme de fer capable de résister à tout : j'ai toutes les qualités […] Tu as devant toi un héros nietzschéen. »

Contraint d'abandonner certaines valeurs, de défendre une ligne éditoriale déplorable (avec des titres minables tels « Emile verra Rennes » ou « Quatre balles dans le Dubuffet »),  de supporter un patron intrusif et inculte (à propos de Tabucchi : « la littérature japonaise me fait profondément chier »), le narrateur parvient néanmoins à placer un écrivain un peu talentueux au catalogue de la maison. Au prix de nombreux déboires et de renoncements, Elie se forme au métier et dépeint sans détours ce milieu hostile et méprisant, avant tout commercial et avide où la qualité d'un livre se mesure à sa force de vente et là, tous les coups sont permis, plus ou moins honnêtes, parfois pervers, souvent osés, à peine exagérés ( ?),  pour placer en tête de gondole un produit de consommation hautement périssable et duper le lecteur, même averti.

Dans cette chaîne du livre, tout le monde trompe tout le monde, prête à moqueries et sarcasmes, même si en définitive, le narrateur reste le plus digne, échappe plutôt bien à la caricature brutale et corrosive des autres protagonistes.

Un roman ambivalent, où l'on rit franchement à certains moments (l'épisode sur le salon du livre est assez hilarant) mais qui ôte toute illusion au lecteur, lui-même étrillé dans ce processus de désacralisation du monde littéraire français.

Nul ou presque n'échappe à la raillerie et cette tonalité appuyée peut aussi déplaire et lasser au final.