Comment devenir un dieu vivant

Un poème-objet qui a le poids d'un songe et la ferveur de la vie. Robert Desnos, poète surréaliste, pose ses mots avec simplicité et légèreté. C'est l'espoir, l'esprit de résistance et la vitalité qu'il porte tranquillement du bout de sa plume.

Chagall l'accompagne, à sa gauche, bleu, sans lourdeur non plus. Un plongeon, une acrobatie, entre le rêve et la réalité, entre la nuit et le jour.

C'est un beau poster en somme, imprimé sur un papier épais, à coller au mur ou pour orner une bibliothèque, et se souvenir d'être "demain matin / plus vivant / plus vivant qu'aujourd'hui", parce que ça arrive de l'oublier.

A l'image de cette collection, ce petit guide se veut , immédiatement applicable dans votre quotidien. Il délivre un ensemble d'outils concrets, faciles à expérimenter et utiles pour appréhender au mieux les éventuels passages à vide de votre vie. Proposé par une infirmière qui a longtemps travaillé auprès des personnes dépressives et anxieuses, il aborde sans complexité ces troubles nerveux, déculpabilise le malade, l'aide à mieux comprendre ce qui lui arrive et lui offre, au final, quelques conseils et techniques pour apaiser ses souffrances.

Mais bon, n'attendez pas qu'il vous révèle de nouvelles méthodes mais il a le mérite de recenser les plus douces, toutes celles qui peuvent, avec plus ou moins de réussite, selon ce que vous êtes, diminuer votre douleur et vous conduire, avec le temps et la patience, vers une probable guérison.

Cet ouvrage a le mérite de prendre la personne dans sa globalité et de ne jamais dissocier le corps et l'esprit et rappelle combien il est important, pour la personne fragilisée, d'accepter ce qu'elle est sans culpabilité ni honte. C'est d'ailleurs une première étape vers la guérison. Car souvent, la névrose débute lorsque l'être humain refoule ses émotions, est une réponse à la souffrance. Aussi est-il nécessaire d'être à l'écoute de soi pour mieux comprendre justement la nature de ses souffrances.

Après avoir survolé les différents types d'anxiété et de dépressions, l'auteur propose des solutions pour guérir sans médicament, avec un effet un peu culpabilisant d'ailleurs : « On ne peut pas avaler chaque jour un produit toxique et s'attendre à rester en bonne santé », mettant le lecteur en garde contre les effets nocifs des benzodiazépines et des antidépresseurs qui ne peuvent être qu'une aide ponctuelle et limitée, ne réglant en rien les problèmes psychologiques.

Tour à tour sont ainsi présentés sommairement les thérapies cognitives et comportementales, la luminothérapie, la relaxation, la technique « Alexander » pour corriger sa posture et limiter les tensions musculaires, les massages, les étirements bienfaisants ou les activités sportives qui stimulent la circulation sanguine et éliminent les toxines, voire encore l'hydrothérapie, les exercices de respiration … bref, de quoi prendre des notes avant d'aller chercher plus loin, plus profondément de quoi il en résulte.

Avec un dernier chapitre dont l'auteur aurait pu nous faire grâce tant sa mièvrerie est grotesque : la  quête de spiritualité. «  Dieu nous accepte tels que nous sommes. Il est toujours prêt à pardonner nos erreurs […] Lorsque vous serez devenus authentique, vous verrez à quel point Dieu est bien réel. Il vous demande d'aller à Lui comme de petits enfants. Il n'est nul besoin de rendre cela plus compliqué. »

Après cela, on regrette même la lecture de l'ouvrage…

Certains pensent que Dieu existe et veille sur chaque être, d'autres expliquent que Dieu est une invention pour rassurer les Hommes. Certains croient en un seul Dieu, d'autres en une multitude de figures protectrices.
Aucune réponse n'est la bonne, chacun doit avoir sa propre opinion. Dieu est sans cesse défini, réfléchi, interrogé, depuis des siècles. Peu importe la croyance ou l'absence de croyance, Dieu et la religion font partie de l'Histoire des Hommes.

Dans , chaque phrase énonce une pensée ou un point de vue sur Dieu et permet de réfléchir sur ses propres croyances et celles des autres. Il est en effet important de comprendre les opinions des autres pour fonder son idée propre. Grâce à des illustrations qui jouent sur les oppositions et les différences, Jacques Després interroge par l'image, soutenant ainsi les réflexions philosophiques d'Oscar Brenifier. La question de Dieu est un album philosophique qui propose avec simplicité une réflexion à poursuivre.

Lundi ! Lendemain de 15 août à Notre Dame de Paris.

Sur les conseils du surveillant de la cathédrale, Gérard, le sacristain, profite de la tournée qu'il effectue pour ré-alimenter les stocks de cierges, pour observer du coin de l'œil la « bombe », objet de l'alerte signalée par talkie-walkie.

Ensemble blanc immaculé qui met en valeur des formes avantageuses, assise religieusement sur une chaise près de la chapelle de Notre-Dame-des-Sept-Douleurs, en intense prière, la « bombe » fait indubitablement partie des plus remarquables spécimens féminins que le personnel de la cathédrale ne manque pas de repérer et de se signaler pour le plaisir des yeux !

Quelques instants plus tard, la cathédrale est évacuée et les fidèles sont remplacés par une armée de policiers, d'enquêteurs et de magistrats : la « bombe » s'est écroulée de sa chaise, sans un mot, sans un cri, ayant définitivement quitté le nom des vivants.

A l'issue d'une enquête totalement bâclée par le Commandant Lantard, les soupçons se portent sur un jeune illuminé qui a créé quelque remue-ménage au cours de la procession de la veille.

Empêtrée dans des contradictions personnelles et des difficultés à travailler dans un milieu machiste, la toute jeune substitut Claire Kauffmann n'a pas assez de bouteille pour s'opposer à Lantard qui la conduit droit à des conclusions que le suicide du jeune illuminé permettra d'entériner faute de contradiction.

Mais ces conclusions n'arrivent pas à convaincre Jacques Kern, l'un des prêtres de Notre Dame, un être chétif que la maladie a réduit à un « ectoplasme en habit de curé d'un mètre quarante huit  pour quarante trois kilos ». Et c'est auprès de l'un de détenus condamné à perpète qu'il visite régulièrement que le Père Kern va trouver la force et la motivation pour entreprendre, lui, l'homme diminué, la recherche de la vérité.

 Il y a tout ce qu'il faut pour réussir dans ce roman : de la lubricité sous les nefs de Notre Dame, un flic macho, grossier et incompétent, des prélats que rien ne préoccupe plus qu'éviter des vagues autour du navire phare de la chrétienté à Paris, une substitut trop tendre, une morte dont les formes auraient pu la promettre aux couverture de magazines, un prêtre terrassé par la maladie et la culpabilité, … Bref, rien n'y manque !

Jour après jour, du lundi au vendredi, les chapitres nous mènent à un final qui tarde à devenir inéluctable ce qui ajoute au plaisir de la lecture, laissant ainsi tout loisir pour imaginer toutes les fausses pistes possibles. Et c'est vrai que le fait d'avoir imaginé faire reprendre l'enquête bâclée par le policier par un prêtre malingre et maladif est une option lumineuse.

Derrière une pelote finement démêlée, la foi en la Justice de Dieu et celles des hommes trace son chemin dans les arcanes et la noirceur de l'âme humaine qui peut aussi s'habiller de vêtements religieux.

Un vrai bon polar qui se goûte sans retenue.

Dans le tome un de (Dupuis), l'héroïne - une anti héroïne plutôt, car elle n'est guère flamboyante et n'affronte pas des situations extraordinaires - me fait irrésistiblement penser aux protagonistes des films de Mike Leigh. À l'instar de son confrère Ken Loach, le cinéma de Mike Leigh regorge de personnages tout sauf glamours, cabossés par la vie et plongés dans les ennuis jusqu'au cou. 

La Chronique BD, avec 

Sans doute pénibles à côtoyer au jour le jour, ils se révèlent profondément attachants dans leur volonté farouche de s'en sortir, avec de l'humour (on est en Angleterre) et quelques pintes (on est en Angleterre) pour se donner du courage. Lewis Trondheim au scénario et Stéphane Oiry au dessin nous proposent donc de suivre Maggy, une jeune femme un peu enrobée, accro à la bière autant qu'à la cigarette, et chômeuse depuis deux ans. 

Trois jours avant Noël, Maggy est aux anges, car sa voisine de palier vient de lui trouver un emploi chez un détective privé. Mais une fois franchie la porte de l'agence dudit privé, elle déchante : le bureau est minable, et le maître des lieux, Anthony Wight, est en train de cuver son whisky. 

Décrochant le téléphone à sa place, elle prend un message farci d'insultes et lardé de menaces. Puis elle reçoit la dame d'à côté qui veut savoir si l'enquête menée pour retrouver son canari avance un peu. Bref, elle prend des initiatives pour se rendre indispensable à son patron, quitte à magouiller pour tirer sa propre épingle du jeu. Ainsi, elle se rend dans une animalerie pour acheter un canari - quoi de plus semblable à un canari qu'un autre canari ? - et toucher la récompense en prétendant avoir retrouvé celui de la vieille dame. 

Pourtant, dès le lendemain, la voilà au chômage technique : Wight est à l'hôpital après un sévère tabassage par des inconnus, que Maggy imagine être les auteurs du coup de fil vindicatif de la veille. Fouillant dans le portefeuille du détective, elle y trouve des tickets pour une salle de jeu. Sous leur apparente banalité, voilà sans doute ce que recherchent les mystérieux agresseurs : ces petits bouts de papier auraient-ils une valeur cachée ?... 

Maggy Garrisson, sur

BDfugue.com

Et Maggy Garrisson est-il bien un polar ? Tous les codes sont respectés, les éléments constitutifs de ce genre sont bien présents, mais agencés par Lewis Trondheim, maître de l'ironie grinçante, et cela change tout. Un détective privé, des hommes de main, un patron de bar, une femme-flic... Autant de personnages que rencontre Maggy au fil d'un parcours souvent chaotique et toujours surprenant. Grande gueule, lucide vis-à-vis d'elle-même et des autres, terriblement fûtée, cette femme veut qu'on l'accepte telle qu'elle est. 

Malheureusement, son besoin d'être aimé n'est jamais payé de retour, ce qui entretient chez elle une forte tendance à l'auto-dépréciation.

Cette ambiance cafardeuse n'est pourtant jamais pesante, grâce à l'humour qui est constant : il faut voir comment Maggy se débarrasse des malfrats qui veulent récupérer les fameux tickets, en menaçant de tout casser, à commencer par elle. Affectant l'indifférence et maniant le sarcasme avec brio, elle les désarçonne complètement ! Autre scène d'anthologie, l'investigation qu'elle mène dans un bar auprès de clients mâles, avec une méthode... bien particulière !!! 

Maggy Garrisson nous promène de Londres à Brighton d'une façon très réaliste grâce au dessin puissamment évocateur de Stéphane Oiry (mention spéciale à l'encrage), et sans temps morts du fait des savoureux dialogues de Lewis Trondheim. Have a nice trip !

Un beau jour, un lion arrive dans une petite ville et déambule dans ses rues, motivé par l'achat d'un chapeau. Jusque là, rien de bien étonnant. Là où l'affaire devient proprement loufoque, c'est lorsque les riverains, terrifiés par ce gros matou à cheveux longs, s'échinent à le chasser.

Notre présumé prédateur prend la fuite et trouve refuge, par le plus grand des hasards, chez la seule personne raisonnable du coin : une fillette prénommée Iris.  Celle-ci va s'efforcer de dissimuler la présence de son nouvel ami à ses parents et, franchement, ce n'est pas chose aisée... Et vous, comment cacheriez-vous un lion?

est un petit livre sans prétention, et pourtant... Pourtant il est joli, avec ses crayonnés enfantins riches en couleurs. Pourtant il est rigolo, grâce à , qui y a mis son humour un peu décalé, exquis et so british !  Pourtant il est tendre, dans ce qu'il raconte d'amitié et de douceur.

Pourtant il est simple, à travers son histoire intelligente, claire et épurée. Pourtant... Pourtant... Pourtant il est parfait ! Alors vous pouvez passer à côté de ce petit bijou, faire fi de notre enthousiasme, ignorer cette trouvaille littéraire et faire sans. Pourtant... Pourtant vous auriez tort !

Une fois encore, Palmer Eldricht et ses terribles stigmates… un monde de drogues, aux pouvoirs nuisibles, déclenchant une réflexion mystique totalement folle - et une série de questions ontologiques qui ne le sont pas moins.

A mon sens le meilleur roman de Dick, pour ce qu’il flanque de trouille, d’inconfort et de déploiement d’imaginaire aussi tordu que délicieux. Team D-Liss ou Team K-Priss choisis ton Dieu, camarade.

Mais sache une chose : tu n’es pas au bout de tes peines.

Nous sommes à Paris en 1095. Fabre, jeune garçon de 14 ans travaille avec son père comme forgeron. Lorsque le pape Urbain vient à Clermont pour dire une messe, Fabre traverse une grande partie de la France pour venir l'écouter. Emerveillé par les paroles du pape, il décide alors de partir vers l'Orient et de devenir l'un des pèlerins de la première croisade contre les Sarrazins. Son père, son amie Mathilde et le moine Aubin l'accompagneront dans ce périple ...

est un véritable hymne à la tolérance et à l'amitié entre les peuples.

Anne Pouget, en situant son récit à l'époque des premières croisades réussit à faire découvrir au lecteur une page importante de l'Histoire du monde mais également à transmettre des notions de partage et d'ouverture sans toutefois tomber dans le simplisme.

La naïveté touchante et la soif d'apprendre du héros permettent de s'identifier rapidement à lui et de le suivre pas à pas avec beaucoup d'intérêt pour une aventure hors norme à la rencontre de différentes cultures.

Si Dieu le veut - Inch'Allah est donc un roman parfaitement réussi sur le fond et la forme où se mêle Histoire, aventures et émotions. Un livre passionnant et utile à mettre entre toutes les mains ...