Lune blanche

Fé, le héros, est un garçon comme il en existe des tas. Il a des parents unis et aimants, une grande sœur, il aime jouer au foot avec Jesse et Hamid, ses deux meilleurs copains et dessiner des oiseaux dans son cahier à images. Mais Fé a la particularité d'avoir été adopté. Sa vraie maman, sa mère zéro, a fuit la Bosnie en guerre. Il ne se sent pas différent, puisque sa sœur, Bing, est elle aussi adoptée. Elle, elle vient de Chine et ne sait rien du tout de ses parents. Parce que dans sa famille les origines et les différences n'ont jamais été un tabou, Fé ne s'interroge pas sur son passé. Jusqu'à sa rencontre avec Maud qui vient d'emménager dans sa ville et surtout dans sa vie. A force de questions simples et naturelles, elle l'incitera à chercher cette mère rêvée et cauchemardée, désirée et redoutée.

Oxford, décembre 1650. Anne Green, accusée d'infanticide, vient d'être pendue. Son cadavre est livré à la Faculté de Médecine afin d'y être disséqué. Un des étudiants, Robert, s'apprête à assister à cette leçon d'anatomie, lorsqu'il croit voir bouger la morte. Bègue, il ne peut pas se faire comprendre facilement, mais les médecins présents constatent rapidement, eux aussi, des mouvements oculaires chez le cadavre. Des signes de vie chez la jeune femme, le signe d'une volonté divine ? N'avait-elle pas clamé son innocence en se remettant à Dieu pour juger du crime dont on l'accusait?

Inspiré d'un fait réel qui défraya la chronique dans l'Angleterre du XVIIè siècle, ce très bon roman visite tour à tour deux consciences : celle d'Anne Green, qui tente de se réveiller, et celle de Robert, qui lutte pour vaincre son handicap. Il montre comment fonctionnait la société de l'époque, où la noblesse et la bourgeoisie avait tout pouvoir, mais il montre également les débuts de la médecine moderne.

Un roman à lire, absolument !

Que la ville est bruyante ! Et pourtant, bébé dort...
Mais qu'est-ce qui provoque tous ces sons qui tonitruent, sonnent, claquent, crient, s'entrechoquent ? Chaque double page présente la cause d'un des bruits. Plus les pages s'enchaînent, plus les bruits sont nombreux. De quoi donner le tournis ! Nous suivons cette chaîne décroissante de chiffres : dix klaxons tonitruant, neuf portables sonnant, huit chiens aboyant... Mais loin de diminuer ou de s'annuler, chaque bruit s'ajoute au précédent dans une joyeuse cacophonie ! Et dire que bébé dort pendant tout ce temps !
Les illustrations très colorées, dont la couleur qui domine est le rouge, donnent un véritable coup de fouet au récit. Les tons criards montrent ainsi la force que peut avoir le bruit ! On retrouve avec plaisir le joyeux fouillis de la ville si bruyante, c'est vrai, mais si agréable à observer. Et nous apprécions de regarder intensément les détails de chaque page.
Voici un album qui donne envie de sortir et de regarder partout autour de soi, tout en étant attentif aux sons, même les plus ténus.

Parfois, il ne reste plus que le silence pour crier sa souffrance et son mal-être. Parce qu'on ne peut plus faire autrement, parce que les papas et mamans loup n'ont plus le pelage doux, mais des dents pointus, des crocs déchirants le cœur. Parce qu'il n'y a plus la moindre place pour un petit sourire. Et il n'y a rien à dire. Non, Madame, je vous assure, rien à dire. Les loups ne sont pas toujours des loups et les bleus de l'âme passent comme les nuages noirs au fond de mes yeux.
Mais la dame persiste et, petit à petit, les doigts de l'enfant murmurent des mots sur le papier. Et si la parole n'est pas encore présente, elle attend au bord des lèvres, prête à être délivré.

Cet album très subtil, suggère finement les choses. Le dessin baigné de rouges et de bordeaux est également d'une grande délicatesse. Benjamin Lacombe a su parfaitement capter ce silence insupportable par des traits fins, le regard triste et compatissant des oiseaux, le décor réduit à son minimum.

Un album qu'on ne peut oublier et qui se garde longtemps, longtemps…

En surmontant l'épreuve du feu, Frédéric, allias Croco à rejoint la Meute ; Cobra et Chacal, deux skinheads en mal d'affection et de repères qui pour s'occuper, brûlent des caves d'immeubles populaires, se droguent, dessinent des croix gammées et échafaudent des plans de vengeances…
Frédéric n'est plus seul maintenant, ils peut compter sur ses amis, ses potes, ceux qui l'accuseront d'un crime qu'il n'a pas commis…Parce qu'il n'était pas sur les lieux le soir de l'attaque entre clans. Croco était avec sa grand-mère, Pépita, en Andalousie. Il était même en train de sauver de Kenza, d'une jeune Berbère clandestine en fuite avec son père Béchir. Croco va aussi offrir le dernier plaisir à Pépita en l'emmenant le long du Guadalquivir, le fleuve de sa jeunesse et de sa belle histoire d'amour. Frédéric n'est pas un saint pour autant, ni un démon. Frédéric se cherche, tente, rate et tâte le terrain et finalement bascule du bon côté de la vie.
Stéphane Servant, connu pour ses collages/découpages et ses albums nous offre avec Guadalquivir un premier roman en forme de parcours initiatique tout en réflexions et finesse d'esprit. À suivre.

Alors c'est vrai ce que raconte Grand-frère ? Le Che habite au 7e étage de cet immeuble ? Et si le Che fait si peur aux Trois mauvais qui rôdent depuis quelques jours dans la cité, peut-être pourra t-il m'aider ? C'est ce que dit Grenouille en sonnant au hasard chez Monsieur Ernest qui habite au 7e. Mais de Che baraqué prêt à tout casser pour protéger Grenouille et sa famille, que nenni. En face d'elle, seulement un vieux monsieur qui a beaucoup voyagé, et qui veut lui raconter ses parties de pèches à l'espadon au large du Golf du Mexique ainsi que sa mémorable rencontre avec un homme très courageux du nom d'Ernesto Guevara !
Si pour la petite Grenouille rien ne semble s'améliorer, pour ses deux compagnons, Paulo et Vincent, cette rencontre sera décisive. En effet, en écoutant les récits du vieux monsieur , (qui n'est autre qu'Ernest Hemingway, rien que ça !), les deux enfants vont à leur tour s'armer de courage et de persuasion et, avec quelques copains, parviendront à aider leur amie.
Un texte court qui permet aux jeunes lecteurs (une dizaine d'années) de connaître qui était réellement Che Guevara de façon ludique et détournée.

Maud Flynn vit dans un horrible orphelinat. Miss Kitteridge, la superintendante, se moque que les filles dont elle a la charge soient heureuses. Lorsque deux personnes se rendent à l'orphelinat pour ramener chez elles une petite fille, Maud est contrainte de rester cachée pour éviter de troubler le choix. Mais, au plus grand étonnement de tous, Maud est choisie par les sœurs Hawthorne, deux vieilles femmes aux caractères très opposés. Robes différentes chaque jour, bains à volonté, nourriture abondante : toutes ces bonnes choses font maintenant partie du quotidien de la petite fille. Seulement les vieilles femmes ont un secret. Maud ne va pas tarder à en être informé...
Ce roman se lit d'un bout à l'autre avec un intérêt croissant. Maud est un personnage très attachant auquel nous nous identifions sans difficulté. Ses comportements et ses émotions sont très réalistes et nous apprécions de suivre ses aventures. Quant aux adultes, ils sont tous très différents : les personnes qui semblent gentilles ne le sont pas forcément et inversement. Dans ce roman, le bien et le mal ne sont pas des notions tranchées... Comme dans la vie. Et c'est ce qui rend cette histoire si captivante ! Au fond, qui sait comment nous, nous serions comportés, à la place de Maud ? Ferions-nous preuve d'autant de courage ?

Et là, d'un coup, tout s'arrête ! Mais quand on dit que TOUT s'arrête c'est au sens strict du terme. C'est un peu comme si vous preniez une photo de ce qui vous entoure, que tout se fixe, mais vous êtes le seul à le savoir.
Au début vous n'y croyez pas et, après un petit moment, vous commencez à comprendre que c'est grâce à vous que les gens dans la rue ressemblent à des statues de marbre, que le pigeon là, devant, se retrouve figé entre le ciel et le bitume et que les premières grosses gouttes du verre d'eau n'ont pas encore éclaboussé la cliente que le serveur maladroit vient de servir…

Si pour vous, tout ceci est totalement impossible, sachez que pour ce pauvre Côme, c'est la réalité et le début de bien des désagréments.
Mais, posséder ce si grand pouvoir, finalement, à quoi cela peut bien servir quand la jolie Sophie ne vous regarde même pas ! Côme ne va quand même pas lui dire son secret, déjà qu'elle trouve que les garçons de sa classe ne valent pas la peine, il passerait en plus pour un fou…

Le Magicien du temps qui passe d'Eric Sanvoisin est un agréable roman où l'on se laisse à imaginer à ce que nous ferions bien dans pareille occasion. L'on aurait aimé, quand même, un peu plus d'action et de rebondissements et des dessins à l'intérieur du livre un peu moins… comment dire… laids. Ce n'est pas très gentil ? Certes, mais Sophie dans le roman est sensé être la plus belle fille du collège… je vous laisse découvrir !