Orwell victime Amazon

Les récriminations des auteurs contre ChatGPT, basé sur l'intelligence artificielle, se sont finalement changées en une action collective, aux États-Unis, pour violation du copyright. Deux écrivains ont porté plainte, en Californie, estimant que OpenAI, qui a mis au point l'outil, a exploité des œuvres pour entraîner la machine, sans autorisation ni compensation.

Voici quelques années déjà qu’Amazon est devenu le terrain de jeux de quelques fripons : ils se plaisent à usurper des identités pour se remplir les poches, grâce à de fausses publications. Une nouvelle victime est à porter la la liste déjà significative : Mitzi Szereto. Elle a récemment découvert qu’on s’appropriait son nom pour publier des livres érotiques bon marché sur Kindle.

Les outils qu’Amazon met généreusement à disposition des auteurs ont encouragé l’essor de l’autopublication. Depuis 2007 et la sortie du Kindle, une solution permet de vendre en numérique ou papier — avec impression à la demande pour ce dernier. Mais en dix ans, les arnaques de tout poil ont germé dans l’esprit de petits malotrus, qui ne reculent devant rien.

L’autopublication apporte des outils de contrefaçon les plus stupéfiants : actuellement, George Orwell fait l’objet d’une prolifération de textes illégitimes — oscillant entre le faux et le réécrit. Depuis quelques semaines, ces textes se commercialisent sur la plateforme, avec peu de perspectives pour endiguer le flux. 

Sans eux, le conflit entre Amazon et Hachette n'aurait probablement pas bénéficié d'une couverture médiatique aussi importante. En se payant une pleine double page dans le New York Times début août, plus de 900 auteurs ont attiré l'attention sur les pressions commerciales d'Amazon pour obtenir de meilleures marges sur les ventes, et réduire le prix du livre numérique. Et leur action ne s'arrêtera pas là, promettent-ils.

On pouvait concevoir que pour servir ses intérêts, Amazon passe outre la déontologie essentielle qui consiste à citer correctement un auteur, quand on veut se servir de l'argument d'autorité. George Orwell en a fait les frais dernièrement, « comportement éminemment contestable », souligne Bertrand Legendre, professeur à Paris 13 - Villetaneuse, spécialiste des politiques éditoriales. Ce qui n'empêche pas le romancier de voir clair, estime-t-il, quant à la réalité de la consommation culturelle. Entretien.

Vous avez dit dans une interview que vous désiriez écrire à propos du passé, comme vous l'avez fait dans Los Informantes (Les Dénonciateurs). Pourquoi ?