Les carcérales
Les héros de ce roman sont adolescents. Rodrigues est très amoureux d'Aurélie, et le soir de la fête de la Musique, après avoir assisté à son concert, il croit avoir enfin l'opportunité de gagner ses faveurs. Elle est ivre, lui beaucoup moins et d'interprétations malheureuses en confusion des genres, ils vont avoir une relation sexuelle. Amour pur et passionné pour lui, viol avec violences pour elle. Nous suivons alors le parcours judiciaire de Rodrigues, le chemin médico-légal d'Aurélie, spectateurs de son désespoir, son incompréhension et son sentiment d'injustice à lui mais aussi de son drame psychologique, sa colère et sa douleur à elle. Nous les accompagnons jusqu'au procès, auditeurs et témoins de l'issue de ce parcours saisissant.
Dans un style tout à tour très cru et subtil, parfois imagé jusqu'à la poésie, soulève de vrais débats sociétaires autour de la sexualité, de la liberté de dire non, de la condition de la femme. Elle ne fait pas l'économie d'un réel questionnement philosophique, autour du concept de vérité, par exemple. L'univers carcéral est dépeint avec justesse et sobriété. Tout ceci étoffé de personnages attachants, fragiles, atypiques et denses, sur lesquels l'auteure parvient à nous faire poser un regard bienveillant et exempt de jugement. Les carcérales est un roman intelligent, donc, qui ne prétend pas donner des réponses mais a le mérite de poser des questions essentielles, notamment au public auquel il s'adresse.
05/06/2011 - 12:05