Infâme. Abject. Atroce. Odieux. Horrible. Ignoble. Tragique. Ahurissant... Monstrueux. Malgré ce foisonnement d'épithètes, l'impossibilité de rendre fidèlement ou de qualifier l'enfer qu'ont traversé ces infortunés demeure là. Toute entière. Chaque souffrance méritant une "obligation morale de se souvenir d'un événement historique tragique et de ses victimes afin de faire en sorte qu'un événement de ce type ne se reproduise pas" , il convient de revenir sur certains aspects de ce qui est aujourd'hui connu par beaucoup de Rwandais comme Inzira ndende : la longue marche. Plus de 2 000 kilomètres à pieds à travers le Zaïre (plus tard le Congo-Brazza, le Gabon et le Cameroun) . La longue marche, le "long trajet" débute bien avant les forêts du Zaïre et a une cause. Il n'est pas question d'en faire la narration tout en faisant fi du contexte qui prévalait avant ce drame. Il n'est pas non plus question d'abonder dans la version unidirectionnelle des victimes. Le réfugié n'a pas, un bon matin et sur un coup de tête, décidé de se rendre loin de ses terres. Ceux qu'on désigne comme ses bourreaux ne l'y ont pas non plus invité. Osons un autre son de cloche en répondant, avec recul, aux questions de tous ceux qui suivaient et subissaient sans rien comprendre.
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