Jean Bernard, dit " Cœur-de-cuir " admire Nabokov et Trotski. Normand, c'est, dès le lycée, un militant de base, un fantassin musclé du trotskisme prêché par Pierre Lambert. Il veut soulever sa province. Mais comment " mettre le feu à la plaine " sous la pluie ?
Poète, boxeur et fanatique, sentimental et misogyne, Cœur de Cuir vit mal ses " contradictions ". Il ruine méthodiquement sa vie. Mai 1968 ne l'électrise pas. Castro ne le fascine guère, il vomit la Chine de Mao. Alors que faire ?
La Révolution, pardi, mais avec qui ? Tandis que ses " camarades " meurent, trahissent ou se recyclent aux sommets du syndicalisme et de l'Etat. Cœur de Cuir fulmine dans son coin. Exclu du lambertisme comme " aventurier petit bourgeois ", il devient un rebelle sans cause, un soldat à jamais perdu.
Trente ans après 68, ce roman drolatique est aussi un témoignage. On y entend les derniers cris d'un naufragé.
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