Les séminaristes strasbourgeois en Mai-68. Le Livre Blanc

Mai-68 a fait couler beaucoup d'encre et suscité de nombreuses interprétations parfois contradictoires. Les anniversaires successifs n'ont pas vraiment gommé l'image très médiatisée d'une violence illustrée par les barricades parisiennes et les charges des forces de sécurité. On s'est moins intéressé à la province et à ce qui se vivait de façon sans doute très minoritaire dans le catholicisme de gauche et le christianisme social de cette époque. Un regard plus attentif à ce qui s'est passé dans ces lieux de fermentation intellectuelle qu'étaient alors les facultés de théologie catholique et protestante dans l'Université de Strasbourg et le grand séminaire réserve nombre de surprises. Les multiples croisements entre les aspirations d'une jeunesse assoiffée d'idéal et les débats idéologiques passionnés de l'après-guerre ont trouvé là un terrain propice à une réflexion approfondie refusant la manipulation dont elle était accusée et, en même temps, condamnée à ne pouvoir que balbutier son propos. Le " Livre Blanc mai-juin 1968 de la Faculté de théologie catholique de l'Université de Strasbourg " n'a connu qu'une diffusion restreinte et demeure comme une borne milliaire dans l'effort de conscientisation de Mai-68 en Alsace. Les pages de ce mouvement débordant le politique ont été progressivement tournées, chacun des acteurs emportant avec lui un peu de ce patrimoine insaisissable... sauf à en témoigner.