Jusqu'aux années 1980, la question de l'exil hors du bloc soviétique a été peu étudiée en France, notamment en raison des difficultés d'accès aux sources. L'atmosphère de Guerre froide a longtemps délégitimé toute critique du système soviétique. Mais les craquements puis la chute du bloc de l'Est, le recouvrement de leur souveraineté par les Etats d'Europe médiane - pour lesquels renouer avec les exilés a fait partie d'un processus de recomposition indispensable - et la présence en France d'acteurs de cette émigration appelés à témoigner de leur expérience ont changé la donne. En faisant appel à des universitaires de France et de l'ensemble de la région concernée, avec une volonté de brassage des générations de chercheurs, ce volume a l'ambition d'étudier ces exils en France et leur relation avec la société française. En quoi ont-ils pesé sur les représentations que la France s'est faite du bloc soviétique ? Comment ont-ils contribué à créer des savoirs sur leurs pays d'origine ? Comment ont fonctionné les réseaux entre exilés et décideurs français ? Autant de questions qui reviennent à apprécier le poids réel de ces groupes, au-delà des affirmations qui les vouaient "aux poubelles de l'histoire" ou des processus qui ont visé à les légitimer ou à les délégitimer au nom de schémas simplistes. Ce sont les Polonais, les Roumains, les Tchèques, les Sud-Slaves et les Hongrois exilés, dont l'action et la production sont suivies dans cet ouvrage.
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