Les conflits de société préparent (ou expliquent en
profondeur) la déliquescence de l'Etat et les conflits armés qui
en constituent l'étape dramatique et ultime. En Côte d'Ivoire,
loin de la légende dorée d'un "avant 1990 où tout était bien" et
supposé irénique, le retour sur l'histoire des cinquante ans de
notre pays montre bien les tensions qui existaient du temps du
monopartisme : tandis que, à l'extérieur, on s'extasie encore
sur le "miracle ivoirien" des trente premières années, l'histoire
des "faux complots", des révoltes du Sanwi, du Guébié, et des
coups d'Etat (ratés ou réussis) est bien là, attendant d'être
totalement documentée et mise à disposition. Car ces
événements sont nôtres, depuis 1960 jusqu'à 2010. Cette
histoire est celle d'un Etat postcolonial, fragile dans sa
substance même comme le montre la crise post-électorale qui
vient de déboucher sur un conflit sanglant dont les acteurs ne
sont pas qu'Ivoiriens, tant s'en faut. Le colloque
d'Abengourou, tenu en mars 2010 et dont nous présentons ici
les résultats, nous introduit dans les diverses dimensions des
conflits qui surgissent en Afrique de l'Ouest depuis 1960. La
crise ivoirienne en est un condensé dramatique.
Par
Pierre Kipré, Aké G-M Ngo Chez
Editions L'Harmattan
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