Abandonnez-vous sans complexe à cet œcuménisme culinaire, à un voyage des saveurs et des couleurs qui accompagne le grand cousinage de l’humanité. Laissez-vous pénétrer par l’amour et le respect des fruits de la Terre, de cette Terre-Mère qui nous donne la vie. Avec pour viatique, le De Honesta Voluptate et Valetudine, « Du plaisir honorable et de la santé », écrit avec délectation par l’humaniste gastronome italien de la Renaissance, Bartolomeo Sacchi dit Platine. Façon de rappeler qu’il faut se défier de l’oubli des corps autant que du mépris de l’idée. Vous aurez naturellement à cœur de choisir des produits de saison, suivant en cela le gastronome Grimod de la Reynière qui affirmait : « Les jouissances prématurées sont toujours, et dans tous les genres, des jouissances imparfaites. » Un repas de tendresse partagée sera aussi l’occasion de goûter au jus de la treille. Cet autre fruit de la Terre qui fait danser les papilles, capture des émotions, et dont la vinification évoque souvent la métaphysique. De grands crus sont élevés au grade de valeur canonique, mais on se gardera d’ignorer des cépages plus modestes qui peuvent surprendre et savent être bons compagnons. Entre marmites et casseroles, n’hésitez pas à mettre votre grain de sel et à laisser s’épanouir votre créativité. Devant les fourneaux la routine est souvent un crime. Le bon cuisinier saura donc s’écarter de tout dogmatisme, jouer d’alliances inédites et exalter de nouvelles saveurs.
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