Première partie
L’enfance, la jeunesse,
l’émigration et l’exil
(1775-1798)
L’enfance et l’adolescence à Perpignan
(1775-1793)
François de Fossa est né le 31 août 1775 à Perpignan dans une famille honorable de la bourgeoisie locale. Le baptême « selon rit et forme de notre Sainte Mère Église, Catholique, Apostolique et Romaine »de « François de Paule, Jacques, Raymond, né le susdit jour, fils légitime et naturel de Mr François Fossa avocat en la Cour, Professeur en la Faculté de Droit, et de dame Thérèse Beauregard, son épouse… »a eu lieu le même jour.
Son père a 49 ans ; plus tard Thérèse rappellera à son frère combien il était fier de cet enfant qui allait perpétuer le nom des Fossa. Il est entouré de son parrain et de sa marraine, le « Sieur Jacques Beauregard chirurgien Major de l’Hôpital militaire de Collioure et la demoiselle Marie Thérèse Fossa qui n’a su signer », l’oncle maternel et la toute jeune sœur de François de Paule.
Les deux beaux-frères se voient rarement ; ils profitent du repas pris en commun pour échanger leurs impressions sur les dernières nouvelles arrivées de Paris. Depuis la création du « Chemin de la Poste » par les ingénieurs de Louis XIV les nouvelles circulent très vite grâce « à la splendide chaussée, faite avec la solidité et la magnificence qui distinguent les grands chemins de France »comme l’écrira Arthur Young, admiratif, en 1788 à son retour d’Espagne, agréablement surpris après « les routes misérables de la Catalogne, œuvres de la nature en quelque sorte ».
Ces nouvelles arrivées de la capitale ont provoqué une discussion passionnée entre les deux beaux-frères ; elles sont le sujet de conversation de tout Perpignan. Un pays a réalisé le rêve que portent tous les philosophes : les colons Anglais d’Amérique du Nord, révoltés, viennent de proclamer leur Déclaration d’Indépendance. Ils ont fondé une démocratie sous le nom d’États-Unis d’Amérique, avec l’aide des Français et des Espagnols, leurs alliés.
Cette « Déclaration » a provoqué l’enthousiasme des Français éclairés dont font partie les parents du nouveau-né et leurs amis.
Les deux hommes se félicitent de l’avenir radieux qui semble promis à leur pays, cette France dont ils sont si fiers, devenue le « Phare du Monde », où Louis XV, anciennement « le Bien Aimé », a enfin laissé sa place depuis un an a son petit fils Louis le Seizième, tout juste âgé de 20 ans qui porte les espoirs du pays.
Comme tous les bourgeois et les nobles perpignanais ils se sentent totalement Français ; c’est d’ailleurs dans la langue française, devenue universelle, qu’ils sont fiers de s’exprimer. Ils le font naturellement et avec beaucoup d’aisance.
Si, vu de Paris, Perpignan est déjà l’Espagne, il y a bien longtemps que les Comtés catalans du Nord ont été annexés au Royaume de France (le 7 Novembre 1659, sans d’ailleurs que leurs habitants soient le moins du monde consultés !) ; depuis cette date les élites de Perpignan ont été totalement francisées.
Extraits
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