#Roman francophone

Cherche jeune femme avisée

Sophie Jomain

Quand il voit débarquer dans son cabinet la ravissante, mais ô combien extravagante, Gabrielle Géris, Adrien de Bérail est loin d'imaginer qu'il se laissera convaincre de l'embaucher comme baby-sitter. Veuf et très accaparé par son métier d'avocat, il lui faut de toute urgence une personne capable de prendre soin de ses deux chérubins, Paul et Sophie, tout juste âgés de neuf ans. C'est donc en dépit de ce que lui crie la raison qu'il accepte sa folle candidature. Une personnalité audacieuse et un toupet incroyable pour un petit mètre soixante sur talons... Qui sait ? La jeune femme pourrait bien se révéler être la perle rare...

Par Sophie Jomain

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Genre

Littérature érotique et sentim

 

 

 

 

 

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Gabi ne donnait pas cher de la peau de ce pigeon si elle le laissait là. Il pourrait se faire bousculer, écraser, attaquer par un chien ou kidnapper par… par… un faucon ! Non, non, et non. Sa conscience était formelle, on n’abandonne jamais un oiseau transi de peur sur un trottoir, c’est mal – et encore moins sous le prétexte d’être du genre à tout exagérer, alors qu’il n’y avait aucun risque pour qu’un rapace fasse une entrée théâtrale en plein Paris. Cela dit, ça ne faisait pas l’ombre d’un doute : ce pigeonneau était en très mauvaise posture. Il était recroquevillé, tremblotant et clignait des paupières en alternance sans discontinuer. Droite gauche, gauche droite. Pour un peu, Gabi en aurait eu le tournis. La pauvre petite bête avait dû rater son premier envol.

La jeune femme soupira, attendrie. Il était si mignon avec sa petite tête grise et sa collerette irisée. D’aussi loin qu’elle se souvienne, avec les animaux, elle avait toujours eu l’âme d’un saint-bernard. Elle avait grandi à la campagne et, enfant, lorsque son grand-père annonçait qu’il allait tuer un lapin, elle se levait la nuit pour ouvrir les cages et les laissait filer. Pour les poules, elle faisait la même chose, mais les gallinacés n’ayant pas inventé le fil à couper le beurre, elles ne bougeaient pas d’un pouce et finissaient fatalement dans une casserole. Quant aux pigeons… ma foi, elle n’avait encore jamais eu affaire à un pigeon et finalement, ça ne changeait pas grand-chose au problème : elle ne pouvait pas l’abandonner ici.

Gabi resta un moment immobile devant lui en se demandant ce qu’elle devait faire. Elle avait rendez-vous dans moins d’une demi-heure Faubourg-Saint-Honoré et si elle faisait un détour chez le vétérinaire, il y aurait de fortes chances pour qu’elle arrive en retard. Or, elle ne pouvait en aucun cas se le permettre, il y avait un boulot à la clé.

En dépit de ses diplômes qui, hélas, n’avaient strictement aucun rapport avec le poste en question, elle savait qu’elle ne pourrait compter que sur sa taille de guêpe, ses jambes galbées, sa bouche en cœur et ses yeux de biche pour décrocher le job. Car elle reconnaissait en toute honnêteté qu’elle ne savait rien du métier de réceptionniste/standardiste, et encore moins quand celui-ci était à pourvoir dans le milieu du droit, puisque c’était un célèbre cabinet d’avocats qui recrutait. Tout ce qu’elle pourrait offrir en accord avec cette fonction était une plastique impeccable façonnée par vingt ans de danse de salon, et un sourire éclatant pour accueillir d’éventuels clients.

Pour être retenue, Gabi avait mis le paquet et dépensé ses dernières économies dans une toilette qui aurait suffi à éblouir n’importe quel directeur un peu trop coincé. Elle portait une robe rouge à pois blancs, de style années cinquante, cintrée à la taille, évasée, retombant juste au-dessous du genou, et décolletée juste ce qu’il fallait. Sa poitrine n’était pas particulièrement imposante – un honorable bonnet C –, mais elle avait le mérite d’être haut perchée, ce qui, dans cette tenue, faisait son petit effet ; recherché, du reste.

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