L'indicible de la nuit

EVELYNE M

22/05/2024 à 12:42

L'auteur de ce livre, qui s'était attaché dans un précédent et magnifique roman "La vie par défaut" à mettre en scène le lien , dans la famille Pratola ,entre une mère non aimante et un fils adulte, sur fond de non-dits et d'héritage transgénérationnel, poursuit sa "saga familiale en mettant cette fois-ci en lumière, le lien entre le père Antonio et le fils, Federico.
Le père ,Federico, ne s'est jamais remis du traumatisme vécu alors, que communiste, il avait été déporté à Buchenwald. Ce survivant de camp de concentration, mutique, hanté par le passé , n'a jamais pu aborder le sujet avec son fils ni avec sa famille.
Ce roman, d'une force inouïe, décrit avec maestria comment l'horreur vécue par une génération peut impacter la suivante, même d'une manière génétique, puisque le fils sera à la fois touché psychiquement et dans sa chair.
Dans ce livre, Jacques Fabrizi, par le biais d'une très belle écriture ciselée , excelle à inscrire la petite histoire, celle vécue à l'échelle d'être humain, dans la Grande Histoire, en particulier celle du nazisme et de la déportation.
La relation entre le père et le fils, les non-dits, l'impossibilité de transmettre puisque le père se taira jusque dans la tombe est d'autant plus forte que Federico, le fils, médecin, parcourt le chemin du souvenir sur fond de pandémie Covid, au plus fort de la crise, avec une gestion gouvernementale chaotique, avec sa cohorte de décès innombrables et un confinement d'une population entière., toile de fond qui renvoie en écho à "un autre confinement", celui des déportés du nazisme.