#Roman jeunesse

Le Manoir, Saison 1 Tome 3 : Alisandre et le Cercle de feu

Evelyne Brisou-Pellen

Deux nouveaux pensionnaires se présentent au manoir en deux jours ! D'abord Alisande, une jeune fille ravissante, qui arrive... en barque ! Elle ne veut pas dire d'où elle vient, mais elle est marquée par le souvenir d'un incendie et se sent terriblement coupable. C'est suffisant pour que Liam ait envie d'en savoir plus. Le second, Désiré, semble moins tourmenté. Il a toujours le sourire et sait se faire apprécier de tous. Le docteur Roy leur attribue une chambre à l'étage des fantômes blancs. Pourtant...

Par Evelyne Brisou-Pellen
Chez Bayard

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Editeur

Bayard

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Lecture 9-12 ans

1

Je courais pieds nus sur la route caillouteuse, affolée. Ma tête sonnait «C’est ma faute! C’est ma faute!» Je ne savais plus vraiment de quoi je parlais. Je ne voulais pas me rappeler, je me sentais le cœur brisé.

Je fus arrêtée par un fleuve. J’ignorais qu’il y en avait un si près de chez nous, je ne l’avais jamais vu. J’avais juste une certitude: je devais le franchir. Si je passais de l’autre côté, tout irait mieux.

Malheureusement, il n’y avait aucun pont en vue, et il n’était pas question de traverser à pied, l’eau paraissait profonde. Je vis alors que je n’avais pas de chaussures, pas de bagages, et rien à manger. J’étais vêtue de deux longues tuniques superposées, une noire dessus, une blanche dessous. La blanche m’évoquait vaguement quelque chose, la noire rien, et elle me faisait peur. Je l’enlevai et la jetai dans les fourrés.

La blanche était sanglée par une ceinture de cuir, et une grosse clé y pendait, au bout d’un lacet. Ça me fit un choc. Cette clé, c’était Clary qui me l’avait donnée. Elle n’aurait jamais dû, je n’en voulais pas! J’étais sûre qu’elle portait malheur. D’une main nerveuse, je tentai de la décrocher.

Mais impossible de desserrer le nœud!

Tant pis, il y avait plus urgent, je ne pouvais pas rester un instant de plus sur cette rive. Je repris ma course le long du fleuve, cherchant des yeux un moyen de le franchir.

Au bout d’un moment, je finis par m’arrêter, à bout de souffle, pliée en deux. Une voix m’interpella alors:

–Montez!

Devant moi, il y avait une barque! Le passeur, qui la manœuvrait à l’aide d’une perche, était un vieux barbu, sale et laid, rebutant. Je n’avais aucune envie d’embarquer et, d’ailleurs, je doutais qu’il ait la force de faire franchir à sa barcasse les remous du fleuve. J’allais refuser... quand je m’aperçus que j’étais déjà sur la barque! Je voulus aussitôt redescendre, mais l’avant se souleva, me jetant sur le fond. Apeurée, j’agrippai le bord pour me redresser. Le fleuve était agité de tourbillons sombres aspirés par ses profondeurs boueuses...

Puis plus rien. Le trou noir.

Je me réveillai au moment où la barque accostait au milieu d’iris d’eau. Combien de temps avions-nous navigué? Je n’en avais aucune idée. De la brume flottait sur le fleuve, je ne voyais plus l’autre rive, tout était silencieux. Je m’inquiétai:

–Où sommes-nous?

Le passeur me désigna quelque chose, mais je ne vis que des troncs d’arbres noyés dans le brouillard. Je m’alarmai:

–Vous ai-je demandé de m’amener ici?

Pour toute réponse, il m’ordonna d’un geste de descendre. Oppressée, je posai le pied sur la mousse qui tapissait la berge. Aussitôt, le vieux taciturne poussa sur sa perche pour écarter sa barque de la rive.

Comme je restai plantée là, incertaine, il pointa de nouveau le doigt en avant d’un air sévère, et mima avec le poing de frapper à une porte. La brume s’effilochant, je distinguai alors la silhouette d’un petit château, deux élégantes tourelles encadrant un toit affaissé par l’âge. Je me mis en marche, mal à l’aise de sentir son regard dans mon dos. Je ne savais ni où j’étais, ni où j’allais.

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12/06/2014 403 pages 15,90 €
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