Sexualité. Leur en parler, c'est prévenir

Introduction

En matière d’éducation sexuelle, nous fonctionnons encore sur le mythe de la sexualité naturelle : « Je me suis bien débrouillé(e) tout(e) seul(e), il/elle fera comme moi ».

Les parents qui cherchent à construire l’avenir de leurs enfants laissent souvent la sexualité dans l’ombre, estimant que la nature, dans ce cas précis, est suffisante, alors qu’elle a dû être maîtrisée pour le reste de notre vie sociale. L’école ne fait que renforcer cette optique en ne proposant qu’une réponse organique et mécaniste à une demande d’ordre psychologique et sociologique, de rapport aux autres, de normalité, d’images du corps.

En France, la sexualité est l’objet d’une attention grandissante, de débats dans les médias, dans les milieux littéraires et scientifiques. À cela de nombreuses raisons dont une nous paraît centrale : la notion de sexualité s’est beaucoup élargie et recouvre maintenant une façon d’être, de communiquer, de se réaliser comme homme ou femme dans le couple, la famille, le célibat, le travail. On assiste à une redéfinition des rôles hommes/femmes en même temps qu’une commercialisation à outrance du sexe. De plus, des notions aussi couramment répandues que celle de désir sexuel dépassent maintenant largement le seul groupe des hommes. On pourrait même dire que désirs et plaisirs sont devenus des revendications générales. Mais de ce débat, les adolescent(e)s sont absent(e)s [1] . Qu’on ne leur prête pas de sexualité, ou qu’on l’assimile à celle des adultes [2] , ou qu’on estime qu’ils doivent faire leur expérience seuls, ils n’ont pas droit à cette parole. Ils n’ont droit qu’à des mises en garde (attention à la grossesse, aux mst [3] , au sida !). Pourtant chacun(e) est prêt(e) à reconnaître l’importance des premières relations sexuelles. Non pas seulement en termes d’accidents (mst, grossesses non désirées) de troubles du désir, du plaisir, de violence et de soumission... mais tout simplement en termes d’épanouissement, de construction d’une vraie relation.

« Tant que l’on ne trouve pas ses propres réponses à la sexualité, tant que nos choix sexuels ne s’accordent pas à ces réponses, la sexualité risque de se vivre par procuration, c’est à dire qu’elle risque d’être influencée par les autres et parfois même vécue pour les autres [4] . »

Alors pourquoi cette frilosité en matière d’éducation sexuelle ?

Nous allons essayer dans un premier temps de répondre à cette question, puis de vous faire partager les résultats d’une recherche issue de vingt années d’éducation sexuelle auprès d’adolescents qui nous ont amenée à mettre en forme ce que pourrait être un programme d’éducation à la sexualité.

Notes du chapitre

[1] ↑  Quoique la lecture puisse sembler quelquefois plus fastidieuse, nous avons choisi de faire apparaître le sexe social (le genre) des personnes dont nous parlons ; que le lecteur ou la lectrice sache de qui nous parlons dans une problématique, où, on nous le concèdera la différence des sexes est particulièrement importante.