Avant, il se sentait ignoré par Guillaume, son père, rejeté par les adultes et ce qu’il appelait « le système », méprisé ou craint par les autres jeunes. Avant, il ne loupait pas une occasion de se faire mal voir, et ses bêtises allaient crescendo. Bien peu auraient parié sur son avenir – à commencer par le juge pour enfants, persuadé que le gamin avait tout du voyou génétiquement programmé.
Avant, Nathan avait la haine. Il se sentait mal dans sa peau. Seul. En colère. Profondément malheureux.
Mais tout ça, c’était avant le Mistral. Un passé récent qui lui paraissait pourtant tellement lointain qu’il se demandait parfois si tout cela n’avait pas été qu’un mauvais rêve.
Nathan connaissait aujourd’hui une deuxième vie. Réconcilié avec son père, il vivait dans une relative harmonie avec lui et sa compagne, Luna Torres. Il entretenait une relation respectueuse et complice avec sa grand-tante, Rachel Lévy. Il poursuivait même un parcours scolaire qui, sans être brillant, se déroulait sans accroc. Et, par-dessus tout, il vivait le grand amour avec Nirina.
La jeune fille, véritable perle rare, à la fois intelligente, intègre, généreuse et tolérante, apportait à Nathan une mesure et une sérénité qui n’étaient pas, au départ, les points forts du garçon.
Une seule ombre entachait ce tableau idyllique : l’absence de sa mère. Celle-ci s’était réfugiée dans une communauté spirituelle au Népal après la mort de sa meilleure amie dans un accident de montagne dont elle se sentait responsable. Depuis huit ans, Nathan n’avait plus de nouvelles d’elle et vivait douloureusement ce qu’il ressentait comme un abandon cruel.
Quand le facteur sonna chez Guillaume pour remettre un colis au nom de Nathan, l’adolescent fut surpris. Il n’avait pas passé de commande, Noël n’aurait lieu que dans deux mois et son anniversaire était passé depuis longtemps. Quand il ouvrit le paquet et qu’il en sortit un pull-over aux couleurs flamboyantes, il comprit qu’il s’agissait d’un cadeau, même si aucun mot ne l’accompagnait.
Spontanément, il pensa que Nirina avait voulu lui faire une surprise. Certes, c’était un peu maladroit – le pull était trop petit pour lui –, mais tout à fait dans le genre de la jeune fille. Il décida donc de faire honneur au cadeau et, après avoir passé le vêtement en se contorsionnant, il téléphona à sa petite amie et lui donna rendez-vous au Bar du Mistral.
Quand Nirina vint le rejoindre à la terrasse du café, le garçon ouvrit son blouson pour lui montrer son nouveau pull.
– Merci pour la surprise !
– Quelle surprise ? s’étonna Nirina.
La jeune fille comprit immédiatement la méprise. Elle hocha la tête avec amusement.
– Tu crois vraiment que j’aurais pu me tromper sur la taille à ce point-là si je t’avais offert un pull ? Comme si je ne te connaissais pas !
– Euh… Non, bien sûr. Mais tu aurais pu penser que c’est la mode : les fringues près du corps, genre David Beckham, tu vois ?
Extraits
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