L'émotion romantique et la fièvre de restauration ont fait négliger à quel point la ruine est plus qu'un vestige du passé en voie de disparition. La ruine est en réalité une construction symbolique qui s'impose dans le paysage au moment où elle est considérée non plus comme un amas de pierres mais comme un reste du passé, qu'il s'agisse d'honorer les bâtisseurs, de rappeler les usages, ou encore de conserver ou de rétablir le souvenir d'événements mémorables. Les ruines sont des objets dont la valeur ne se définit pas exclusivement à l'aide de critères esthétiques ou épistémologiques. Il s'agit de lieux de mémoire dont la valorisation, qu'elle soit propre à certains groupes sociaux particuliers ou concerne la société à part entière, est négociée de même qu'elle est - tout comme l'esthétique et l'épistémologie elles-mêmes - sujette au changement historique. Aussi c'est dans ces différents aspects que réside la nature politique des usages des ruines - objet d'analyse de ce présent volume.
Par
Albrecht Burkardt, Jérôme Grévy Chez
PU Rennes
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