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Histoire internationale
PRÉFACE
6 août 1945. 8 heures 15 du matin. Trois B29 américains traçaient dans le ciel d’Hiroshima. Les Japonais en alerte depuis l’aube, n’eurent pas d’inquiétude. Même si la ville n’avait encore jamais subi de raids aériens depuis le début de la guerre, ces avions n’étaient pas assez nombreux pour engager un bombardement dangereux. Ils se trompaient. L’un de ces trois bombardiers, baptisé Enola Gay, transportait dans ses soutes une bombe de 4,5 tonnes d’un nouveau genre. Une bombe à l’uranium d’une puissance équivalant à 15 000 tonnes de TNT. C’était la première fois dans l’histoire de l’humanité qu’un engin d’une telle capacité avait été conçue afin de détruire une population civile. L’état-major américain l’appelait Little Boy.
La bombe explosa en l’air, à 580 mètres d’altitude. Une immense bulle de gaz incandescent de plus de 400 mètres de diamètre se forma en une fraction de seconde émettant un puissant rayonnement ; dessous, les températures augmentèrent en quelques instants de 4 000 degrés. Sur terre, le feu se déclenchait déjà. Le passage de l’onde de choc pulvérisa tout, provoqua des vents de plus de 800 km/h. Puis un champignon, fait de poussières et de débris de toutes sortes, entama une ascension de plusieurs kilomètres dans le ciel. Hiroshima n’était plus qu’un immense brasier et les victimes furent innombrables.
Innombrables en effet, puisque même 65 ans plus tard, il est impossible de chiffrer correctement le nombre de vies arrachées par cette bombe. Combien d’âmes abritait alors Hiroshima ? Nous l’ignorons. Les archives de la ville ont toutes été détruites par le bombardement. En outre, si Hiroshima avait été partiellement évacuée au début de la guerre, des centaines de réfugiés des cités voisines, victimes des raids aériens américains, y avaient trouvé asile sans être recensées. Quant aux corps, ils furent incinérés en masse. Toutefois, oser affirmer que Little Boy fit environ 100 000 morts, n’est pas un abus. Certains diront que les morts d’Hiroshima n’ont pas été plus nombreux que ceux causés par les bombardements des alliés sur Hambourg et sur Dresde. Pas plus nombreux, non plus, que ceux occasionnés par les trois raids américains sur Tokyo, entre février et mai 1945. Ils ont raison. La différence, et elle est de taille, tient en une chose : il fallut plusieurs jours, des centaines d’avions et des milliers de bombes pour détruire presque totalement Hambourg, Dresde et partiellement Tokyo. Là, un avion, un pilote et une bombe suffirent pour rayer Hiroshima de la carte.
Politiques et historiens se sont naturellement interrogés sur les raisons qui avaient conduit le gouvernement américain à approuver un tel bombardement. Officiellement, le président Truman et son état-major avaient souhaité frapper fort parce qu’ils n’entrevoyaient pas la fin du conflit avant 1946. L’opération « Downfall » impliquait une guerre à outrance qui envisageait trois débarquements bien plus importants que celui de Normandie dans l’archipel et les morts américains mais aussi japonais en auraient été autrement plus nombreux. La bombe atomique sur Hiroshima devait être le moyen le plus efficace pour mettre un terme à une guerre qui, du côté des alliés, s’avérait trop coûteuse.
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