Préface à la 2e édition
Monique Soula Desroche
La visée de cet ouvrage est de situer l’analyse de groupe dans la pratique psychanalytique tout en délimitant sa spécificité radicale.
Depuis sa première parution, la place de l’analyse de groupe est mieux intégrée au champ de la psychanalyse. Il ne s’agit plus de prouver ou de défendre une position, mais de continuer à enrichir la compréhension des processus groupaux dans toute leur complexité.
Cette recherche est donc toujours d’actualité dans la dynamique des échanges, des débats, des réflexions, des critiques, remarques et confrontations, des annotations, et des notes de lecture. Les concepts et la théorie vivent aussi dans la mise à l’épreuve de la pratique thérapeutique qui en confirme la dimension rigoureusement psychanalytique. Mise à l’épreuve d’une autre façon par les enseignements pour des master de psychologues cliniciens et par deux promotions de cycles de formation d’analystes de groupe : ceux qui découvrent cet espace analytique peuvent s’appuyer sur le socle d’une pensée qui anticipe et ouvre de nouvelles voies à la clinique psychothérapeutique.
L’espace de l’analyse de groupe et la dimension sociale de la psyché deviennent évidentes ainsi que la groupalité psychique.
Fondé sur le travail analytique avec des patients, la conceptualisation est clinique avant d’être théorique, s’inscrivant dans la tradition d’auteurs tels que Bion et Foulkes en Angleterre, ou Pichon-Rivière en Argentine. Cela crée un rapprochement, nous invitant à dépasser les differences et à les intégrer dans un enrichissement mutuel, traversant les cultures.
Le texte revu et augmenté se réfère aux avancées théorico-cliniques de publications parues ces dix dernières années. Parmi celles-ci on remarque plus particulièrement des séminaires tenus par Bion à Los Angeles, à New York, à São Paolo, à Paris, et à Rome où l’image de ce grand psychanalyste, cher à l’auteur, apparaît très proche, vivante, humaine, en contrepoint de ses ouvrages d’une lecture parfois difficile. On constate combien les hypothèses et les concepts présents dans ses premiers travaux sur les groupes continuent à être pensés et élaborés jusqu’à la fin de sa vie.
Des références nouvelles aussi de Salomon Resnik, de René Kaës, d’André Green, de Claudio Neri notamment apportent une nouvelle clarté et une nouvelle vigueur aux développements théoriques et à la compréhension clinique de l’analyse de groupe. Par ailleurs cet échange avec les concepts de collègues étaye et dynamise l’élaboration clinique. Il en résulte un travail complexe, impliquant, ouvert, et stimulant qui donne différents points de vue de lecture.
Un des apports les plus originaux reste certainement celui de l’incorporation, en référence aux travaux de Nicolas Abraham et Maria Torok sur la transmission intergénérationnelle. Décrits à l’origine comme des mécanismes compensatoires et des automatismes, comme des ratés de l’introjection, suite à des traumatismes intolérables, les incorporats se révèlent comme un puissant instrument d’analyse des phénomènes de groupe, permettant une approche directe des manifestations archaïques.
Extraits
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