Avant-propos à l’édition de poche
Et aujourd’hui... en 2010
J’ai décidé de ne rien changer à cet ouvrage qui, pour moi, témoigne de l’avancée de ma réflexion sur la médiation familiale en 2000-2001. Au cours de ces neuf années qui séparent la parution de cet ouvrage et son édition en livre de poche, mon exercice professionnel s’est orienté vers l’animation de groupes d’analyse des pratiques de médiateurs familiaux sur toute la France. Cette expérience m’a enrichie et j’aurai à écrire demain l’évolution de ma pensée sur la pratique de médiation familiale. Cependant je ne renie en rien ce qui pour moi a fait fondement dans ce premier ouvrage ; j’aurai à l’affiner, le préciser, à explorer de nouvelles pistes perçues, trouvées, à la faveur des rencontres. Ce qui pourra évoluer également dans l’écriture d’avenir, ce sera de penser et d’élaborer autour de notions différentes à articuler : sujet et objet, cadre et processus, je et nous, séparation et lien, dedans et dehors, égalité et inégalité, demande et besoin...
Certes, ce qui a changé entre 2001 et 2010, c’est la professionnalisation du médiateur familial. Ce métier, je tentais de le décrire, de lui donner forme, telle une « artisane », dans ce premier ouvrage, et lorsque s’est profilé l’idée de l’institutionnalisation, je ne l’ai pas appelée de mes vœux, du moins pas ainsi (Création du conseil consultatif de la médiation familiale, diplôme d’état, accréditation des praticiens en poste par la validation des acquis de l’expérience, prestation de service octroyée par la caisse d’allocations familiale, multiplication des formations dans les instituts de travail social…). Mais c’est là un débat que je ne mènerai pas ici : celle du politique et de l’inscription de la médiation familiale dans la société.
Aujourd’hui comme hier, la pratique et la méthode s’inscrivent dans une vision politique et citoyenne qu’aucun médiateur familial ne doit ignorer, tant il est, dans l’exercice de sa fonction, à frôler la fragilité. La légitimité des médiateurs familiaux ne découle pas uniquement de la reconnaissance institutionnelle ; elle est octroyée par les sujets qui font appel à eux ; elle se constitue et s’actualise dans l’inquiétude éthique en situation ; elle se confirme dans l’écriture et la conceptualisation des pratiques et dans leur transmission. C’est ce que je m’efforce de faire à mon tout petit niveau… car plus j’avance dans la réflexion sur la médiation, et plus je m’aperçois que je ne sais rien.
Extraits
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