#Roman francophone

Génération H

Alexandre Grondeau

Sacha, Jo et leurs amis appartiennent à la Génération H. Amateurs de skunk, de double zéro, de pollen, de charasse ou d'aya, ils passent leurs journées à fumer des deux ou trois-feuilles, à tirer des bangs, à se faire tourner des shiloms et des pipes en tout genre. Un été au milieu des années 90, la petite bande part sur la route explorer toutes les facettes d'un nouveau style de vie alternatif qui s'offre à elle dans un road trip haschisché et musical. Allant de festivals underground en free parties, de sound systems en soirées improbables pour bons beaufs de base, ils parcourent une France enfumée traversée par un vent de liberté qui balaie tout sur son passage. En stop ou à pied, portés par le son des nouvelles musiques urbaines qui explosent (hip-hop, techno, ragga dancehall...), ils font les quatre cents coups, enchaînent les rencontres inattendues, les expériences mystiques et amoureuses, découvrent les joies de la vie de nomade, surmontent mille et une galères, en usant et abusant des spécialités cannabiques locales. Guidés par leur soif de vivre à cent à l'heure, et grâce à leur amitié indéfectible, ils brûlent leur jeunesse comme un spliff de weed et écrivent l'histoire d'une nouvelle France où la consommation de haschisch et d'herbe se généralise et s'intègre totalement à sa culture. La Génération H a enfin son roman. Faites tourner.

Par Alexandre Grondeau
Chez La Lune Sur le Toit

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Genre

Littérature française

Prologue

La vie peut commencer et finir dans un nuage de fumée haschischée. J’aime à croire qu’une rencontre, au hasard d’un voyage, peut changer une existence, celle de cette jeune femme en noir par exemple. Le regard doux, la démarche hésitante au moment de rentrer dans un wagon déjà occupé par cinq garçons aux cheveux gras. essayant de ne rien laisser paraître de son trouble devant nos sourires complices, elle alla s’asseoir contre la vitre et porta son regard au loin sur le quai en feignant de nous ignorer.

— La fumée ne vous dérange pas ? demanda Johan au moment d’allumer sa cigarette.

— Non.
satisfait de la réponse il fit claquer son Zippo et alluma d’une grande bouffée une cigarette roulée d’Amsterdamer. L’odeur délicate et poivrée du tabac hollandais emplit le wagon de seconde classe qui se mit en marche. en 1995 nous baisions déjà avec des capotes, mais nous fumions encore dans les lieux publics, et le CD n’avait pas encore remplacé la cassette. Le mp3 n’existait pas, les téléphones portables non plus. Le smartphone et l’iPad étaient encore totalement inconnus. Le temps ne passait pas si vite. Julio appuya sur son petit lecteur Philips noir, et une voix faiblarde commença à déchirer le silence gêné du moment.

— Vous aimez les Doors ?

— Heu, oui, plutôt.
La voix de la belle trentenaire était mal assurée et son regard toujours fuyant. était-elle déstabilisée par cette question anodine ou, portée par une étrange intuition, inquiète pour le déroulement de son trajet ? La voix de Jim Morrison implorait le chaland, le suppliant de lui indiquer le bar à whisky le plus proche. il fallait se saouler. La femme ne semblait pas comprendre où le chanteur maudit voulait en venir. Je suivais le rythme diabolique de John Densmore et les envolées électriques de Ray Manzarek, mes mains battant la mesure. Nos airs entendus n’étaient pas discrets et elle 
sortit un livre de son sac à main, bien calé entre son genou et le mur, décidée à ne plus nous prêter attention. Mathieu en décida autrement.

— C’est intéressant ?
— Pardon ?
— Le livre que vous lisez, il est intéressant ?

Non. elle comprit qu’elle ne pourrait pas nous ignorer. Nous aimions parler – est-ce un mal ? – et il fallait être bien élevé avec une personne dont nous allions partager la vie pendant plus de dix heures. elle ferma son ouvrage comme pour se rappeler le titre de l’histoire d’amour qu’elle avait projeté de terminer le temps de rejoindre son fiancé. elle se sentait idiote d’être mal à l’aise ainsi, face à une bande de gamins attardés amateurs de rock psychédélique, et se résolut à montrer sa maturité afin de nous calmer.

— Pas vraiment, mais ça passe le temps.

— il parle de quoi ?
Mathieu avait décidé d’engager la conversation mais il ne reçut aucune réponse car les portes automatiques du compartiment s’ouvrirent pour laisser apparaître un homme en uniforme gris usé et au képi siglé sNCF. Le contrôleur observa d’un air suspicieux la drôle d’équipe qui occupait notre compartiment. son nez fut attiré par l’odeur de la cigarette de Johan et son ouïe ennuyée par
Alabama Song.

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01/02/2013 320 pages 18,00 €
Scannez le code barre 9782953883411
9782953883411
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