Rohan reconnaît le seigneur de guerre à la photo qui est sur le mur à l’instant où celui-ci pénètre dans la pièce, le rubis dans la main, à l’évidence enchanté de sa beauté. L’homme est borgne, doté d’une grosse tête et d’une large carrure, et sa poitrine est bombée comme sous la poussée d’un coeur qui ne craint rien ni personne.
« Je suis venu voir celui qui m’a apporté ce présent », dit-il, tout sourire, en s’approchant de Rohan. « Vous pouvez emmener le garçon », ajoute-t-il, et il tend le bras pour une poignée de main.
Mais cette main, Rohan ne la prend pas, incapable de masquer ses sentiments, et l’homme cesse brutalement de sourire. Ses serviteurs, rassemblés derrière lui, se figent : la main tendue reste suspendue dans le vide. Rohan l’aurait giflé que l’insulte n’aurait pas été pire. Tout le monde attend, le rubis luit entre les phalanges de l’autre main. Cette pierre précieuse est associée au courage. Le courage de rechercher la vérité en toute circonstance. De regarder un tyran dans les yeux. Ce monde de chaos, de méchanceté et de destruction, où le sang des innocents ne compte pas, lui convient tout à fait, ainsi qu’aux gens de son espèce.
Extraits
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